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[Rp] Comme la chute d'une mauvaise blague

Ansoald
Ailleurs


La curiosité est le premier des vices. Il goûtait la nouvelle avec convoitise, qu'elle soit d'or, d'air, d'encre ou de chair.

Il se tenait perché au-dessus des eaux claires d'un bénitier. Il mirait sa face stigmatisée par des brûlures reçues lors d'un combat de rues. Il tentait, sans trop y réussir, de trouver de l'agrément à ce nouveau visage. Bel âtre que voilà! Narcisse crachat dans l'eau et le mollard se logea dans l'oeil droit. Il avait, toujours, accordé bien trop d'importance à l'opinion des autres, des femmes et de quelques hommes en particulier, mais pas seulement. Ce candide était en perpétuelle quête de sens. Ce n'est pas pour rien qu'il traînait souvent autour des églises, à la sortie des tripots et bordels. Christos voudrait-il encore de lui dans sa couche?

La mort de Yohanna le frappa comme un coup de poing reçu du ciel dans le plexus solaire.


Mon père! Mon père!

Un diacre, vêtu de gris de la tête aux pieds, déboula dans l'allée centrale comme un cabri en liberté. Il manqua, de peu, de s'éborgner en cafouillant un signe de croix sur sa face, mais cela n'arrêta pas sa course. Une bande de fidèles, embusquée sur un banc, se retournèrent, ahuris. Qui osait troubler la conversation des prieurs?
Le curé sortit à la hâte de la sacristie, grand et sec comme un vautour de messe. Il foudroya son assistant du regard, sans succès. Le diacre claquait des mains, faisant grand tintamarre.


_Mon père! Mon père! Yohanna de Chambertain! La Baronne Noire! L'extravagante! La ribaude! La dévergondée! La ribouldingueuse! Elle est morte! Elle est canée! Envoyée ad patres! Pschiiit, finie, terminée, hoplà, dans la caisse!

_Quelle joie! Louons celui qui a payé son billet! Enfin, je veux dire, louons le Seigneur!


Et le bon curé de se précipiter pour se pendre à la corde et de sonner les cloches à faire trembler les murs. Partout, ce n'est qu'effusions et embrassades, cotillons et cris de réjouissances.
Seul, Ansoald, abasourdi, les guibolles flageolantes, la mine au carré et les lèvres tremblantes, se tient au bénitier comme on s'accoude au comptoir après un coup de schlass.


Putain...

Est tout ce qu'il lâche, en hommage funèbre. Le deuil le rend stupide, comme à beaucoup. Le coeur met du temps à s'habituer à l'encombrante présence. Surtout qu'elle y danse, qu'elle y boit, qu'elle y fume sans vergogne, et si tout ce qu'elle est se conjugue désormais à l'imparfait, présente elle demeure, à jamais.
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Susi
Dax, chez Kaghan

Elle est épuisée. Mais Kag était parfait. Il sait ce qu'il faut faire alors que son esprit à elle est si embrouillé. Il est le grand frère ce jour-là. Celui qui agit et qui ne tombe pas. Elle s'en veut même d'avoir cru de but en blanc la missive de Nemyt. Elle s'en veut d'avoir laissé le venin la submerger totalement.
Et c'est tellement plus facile de ne pas y croire.
Et c'est surement plus facile d'attendre une lettre que de pleurer la mort de leur mère.

Alors Susi opine du museau comme une gamine qui vient d'avoir un gros chagrin quand il dit qu'ils vont écrire à leur mère. Elle se laisse consoler dans les bras tendres et apaisants de son frère. Elle l'enlace, elle aussi. Dans cette étreinte qui lui redonne la force d'y croire. Kag lui redonnait l'espoir, il était un bon remède pour le moment. Mais elle ne voyait pas qu'elle lui transmettait en échange le doute, ce poisson qui aillait s'insinuer doucement et surement en lui. Elle aurait pu rester des heures ainsi, que le temps s'arrête dans une bulle protectrice.

Merci Kag. quand les bras la lâchent. Car Susi a toujours pensé qu'il fallait remercier ceux qui nous font du bien et que ce réflexe ne l'avait pas quitté.

Pas un instant elle ne l'abandonna du regard. Ne pas briser ce lien, car surement, alors, son cœur lui dirait qu'elle l'avait senti, qu'elle n'avait pas douté parce qu'elle avait eu se présentement d'un malheur, d'un terrible malheur, bien avant de lire la lettre de Nemyt. Mais peut-être, comme le disait Bou, c'était juste le malaise du départ précipité de Kaghan. L'idée n'arrivera même pas jusqu'à sa conscience, elle bloque tout, pour s'en remettre à son frère qui sait, qui est fort et ne tremble pas. Elle regarde la main de Kag qui file sur le vélin, cette main qui ne trompait pas, il était certain de lui, ou le montrait ainsi.

Elle lut chaque mot.
Petite moue à " Susi l'a cru". Mélange de honte et de dépit. Puis opine à chacune de ses œillades.

Et dit lui de revenir. Ouais, Voilà. Parce que dans son état seule l'étreinte de sa mère sera l’antidote du poisson qui s'est insinué en elle.

Une longue inspiration parce que le temps allait être long avant d'avoir une réponse et que jusque-là, il allait falloir continuer de vivre. Et c'est à ce moment qu'elle vit Wilson et qu'elle le salue d'une sorte de sourire qui monte difficilement et dont le regard n'arrive pas à l'accompagner.

B'jour. Un peu marmonné, parce que ces derniers jours ont semblé être des semaines pour Susi et que son frère a réussi à l’apaiser et que les tensions retombent. Elle avait suivi la missive jusqu'à ce que la porte se referme. Puis elle s'affaissa doucement, se laissant glisser mollement sur le coussin, pour finir par s'allonger à bout de force. Elle ferma une seconde les yeux... enfin ce qui semblait être une seconde pour elle.


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J'édite toujours au moins 10 fois mes textes, donc attendrez 10 minutes avant de lire
Eudoxie_
“Deux choses me remplissent d'horreur : le bourreau en moi et la hache au-dessus de moi.”(Stig Dagerman)

Indicible ? Couperet ? Hache brisée...

***Montargis, début mai 66***


Les propos du jeune homme étaient hachés, ironie du sort, mais étonnement compréhensibles au final, pourquoi et comment, ça n'avait au final pas d'importance pour la petite brune, tout ce qui lui importait c'était le résultat.
La hache n'était plus, les cicatrices promises ne seraient jamais réalisés, si cela n'avait été le résultat d'un funeste destin, probablement que la bestiole en aurait été soulagée mais pas là... non pas là.

Le désarroi et la peine de Trinita lui serrait le coeur, plus qu'elle ne l'aurait voulu sans doute, mais savoir que cette affliction toucherait sous peu son jumeau diabolique si ce n'était déjà fait... la nausée lui serait montée comme un rien.
Le chapeau réajusté enclencha un mouvement de recul chez la béarnaise, ne pas s'imposer, elle même préférait la solitude quand elle n'était pas bien, se laissant couler dans ses addictions, parfois dangereusement.

Je... si tu n'as pas averti Kaghan veux-tu que je le fasse ou si tu vas quand même aller le voir ?

Lèvre mordillée et long soupir, la béarnaise se prit à vouloir porter conseil au gamin, qui n'en était plus vraiment un en fait et portant la main sur son godet se mit à boire.
Ci fait, le dos se posa lourdement sur le fond de sa chaise en réponse à une main glissant sous son ventre, regardant de ses perles noires le petit blond.

Tu devrais aller le retrouver, ça va être aussi dur pour lui que pour toi, vous pourriez vous soutenir mutuellement.
Je dois aller le voir prochainement, mais je ne peux pas t'accompagner malheureusement, j'ai des choses à régler ici.
D'après sa dernière missive il est à Dax, si tu veux je peux lui annoncer ta venue en lui écrivant qu'en penses tu ?


Aider à sa façon, conseiller, proposer, que pouvait-elle bien faire d'autre ? dire qu'elle était désolée de tout ça ? Etait-ce vraiment utile et puis il y a des évidences qu'il est stupide d'énoncer.
Ecrire pour lui à Kaghan était une façon de lui porter son aide, et apprendre, si ce n'était déjà le cas, la nouvelle par quelqu'un d'autre qu'une inconnue ne serait-il pas moins rude, et connaissant Kag plus plausible, quoique même là. Et accessoirement le chapeauté face à elle savait-il écrire aussi.


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Trinita
Citation:
Je... si tu n'as pas averti Kaghan veux-tu que je le fasse ou si tu vas quand même aller le voir ?


Pourquoi me demande t-elle ça ? Même dans la douleur, je peux pas m'empêcher d'être un tant soit peu méfiant. Yohanna m'a mis en garde plusieurs fois contre ça. Elle m'avait racontée une histoire assez amusante, dont les trois personnages sont un oiseau, une vache et un loup, et la morale est "celui qui te met dans la merde ne le fait pas forcément pour ton malheur, et celui qui t'en sort ne le fait pas obligatoirement pour ton bonheur". J'ai ensuite était forcé de comprendre cette morale quand elle m'a obligée à avaler ses potions dégueulasses pour me soigner.

Citation:
Tu devrais aller le retrouver, ça va être aussi dur pour lui que pour toi, vous pourriez vous soutenir mutuellement.
Je dois aller le voir prochainement, mais je ne peux pas t'accompagner malheureusement, j'ai des choses à régler ici.
D'après sa dernière missive il est à Dax, si tu veux je peux lui annoncer ta venue en lui écrivant qu'en penses tu ?


Je soupire. En effet, qu'en pensais-je ? Une voila une question qu'elle est bonne ! Avant La rencontre, je me suis toujours battus seul. Que l'ennemi soit physique ou non. Mais ça, c'était avant. Maintenant, je possède ce qui va faire de moi mon avenir. J'ai le matériel qui faut pour être Son successeur. La hache. Qu'aurait t-elle fait ? Qu'elle question. Kaghan est son fils. Mon frère. Elle avait hâte de nous présenter. Il sera peut être un allié ... Une planque ...

D'accord. Ecris lui. Annonce à Kaghan la ...

Merde. Toujours pas. Le corps sans vie lui revient en mémoire.

Annonce lui la ... Ma venue. Et le fait que maman soit ... Qu'elle est ... Partit ...

Bordel !! Je sens mes larmes monter. Hors de question. J'ai assez chialer devant une inconnue. Il faut que je souffle. Que je contrôle ma respiration. Je sais plus ou j'ai lu ça. Je sais même pas si ça fonctionne. Je prend quelques pièces dans ma poche que je pose sur la table. Me levant, je n'ai pas encore était capable de prendre mon air détaché. La blessure refuse de se refermer.

J'ai rien pas de projet actuell'ment. Ecris c'que tu veux à qui tu veux

Mes larmes s'échappent de nouveau. Personne d'autre qu'Elle ne m'aura autant fait rire, ne m'aura autant protégé, câliné ... Et personne ne peux se vanter de m'avoir fait autant pleurer.

Dax, me voila.
Eudoxie_
“Il n'y aura pas de bonne façon de le dire”

Yohanna ? Kaghan? P'tain.

***Limoges, mai 66***


Le jeune blondinet rencontré quelques jours plus tôt avait repris sa route, sans doute vers Dax, ou ps, Eudoxie l'ignorait et sa vie avait fait qu'elle ignorait bien ce qu'il était advenu de Trinita quand le petit groupe avec Soren et Carla avait quitté la région parisienne, changé pour certains indubitablement.
Les lieues avaient défilés sous les sabots des chevaux et les roues de la roulotte sans que la petite brune ne trouve le courage d'écrire à son jumeau diabolique, sans trouver comment lui dire les choses, et c'est après une visite sur la sépulture d'un ami que la béarnaise prit une profonde inspiration pour faire ce qu'elle aurait du faire déjà.

Il n'y aura pas de bonne façon de le dire de toute manière...


    Limoges, le vingt deuxième jour du cinquième mois de l'an de grâce mille quatre cent soixante six

    Loulou,

    J'ai reçu avec un bonheur infini l'annonce de la naissance de ce petit miracle qu'il me tarde de rencontrer, et la question ne se pose même pas je serais honorée d'être la marraine d'Oan bien sur.
    Je n'ai pas répondu à ton autre lettre mais c'est un peu sans importance à vrai dire, nou en rediscuterons... plus tard mais sache que je suis plus que touchée que tu ai accepté ma demande, je ne t'en aurais pas voulu de dire non, mais je te veux auprès de moi d'une façon ou d'une autre pour me marier, parce que c'est pour ça.

    Mais... ce n'est pas la raison de mon courrier...

    Loulou... je sais pas comment je peux te dire ça sur papier, mais quelqu'un dont tu ne connais rien vient probablement vers toi pour t'apporter cette nouvelle si elle ne t'es pas déjà parvenue.
    Et si tu ne sais pas je ne veux pas que ce soit un inconnu qui te l'apprenne...
    Kag si tu as ton fils dans les bras assied toi.
    C'est à propos de Yohanna... Elle n'est plus Chris...
    J'imagine que tu peineras à le croire même venant de moi, mais... ce jeune homme que j'ai vu avait Sasha...
    Il se nomme Trinita et dit que Yoh l'avait adopté, j'aurais tendance à le croire, il semble aussi écorché que toi quand elle t'avait pris sous son aile.

    J'aurais tant voulu ne pas t'écrire pour te dire tout ça, et surtout avoir le courage de le faire avant mais je ne savais pas comment t'annoncer l'impensable.
    Il est surement proche de Dax à présent, j'y arrive pour être à tes cotés d'ici une semaine si tout va bien.

    J'arrive Kaghan, ancre tes pensées sur Oan et... j'arrive.

    Je t'aime.

    Ta jumelle.

    Eud



Ecrite cette foutue lettre était enfin écrite, ne pas relire, laisser partir tel quel ou jamais elle ne l'enverrait, le cavalier reçu des instructions précise pour ne faire aucun arrêt et aller au plus rapide jusqu'en Gascogne.
La nouvelle ferait mal, la rencontre avec le jeune blond aussi surement, Eud connaissait suffisamment son autre pour savoir que l'accueil risquait d'être mouvementé, surtout pour une chose.... la hache, SA hache.

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