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[RP] Le temps d'un chagrin

Kaghan
C'que j'aime dans les courriers, c'est cette petite excitation quand on ouv' le pli. On s'd'mande c'qu'not' correspondant nous a répondu. La réponse d'ma jumelle en ma main, j'suis tout sourire avant même d'l'voir lu. La dernière let' parle d'mon fils, ce bébé si précieux que la chance m'a offert. Donc forcément, sa réponse ne peut qu'être bonne et parlant d'lui ! Swan est au mariage avec Oan, Wilson est avec les ch'vaux, j'vais donc m'installer tranquil'ment au bureau, préparant d'jà de quoi écrire.

J'vais lui répond', je le sais, je fais tout le temps ça quand j'ai le temps. Pis ça m'évite de met' trop d'temps à renvoyer les messagers si j'r'ponds l'jour même ! Profitant qu'Swan est pas là, j'vais bourrer et allumer ma pipe, 'vant d'm'installer définit'v'ment au sol, en tailleurl.

L'sourire aux lèv', j'pose enfin mes yeux sur le contenu de la let'.



    Limoges, le vingt deuxième jour du cinquième mois de l'an de grâce mille quatre cent soixante six

    Loulou,

    J'ai reçu avec un bonheur infini l'annonce de la naissance de ce petit miracle qu'il me tarde de rencontrer, et la question ne se pose même pas je serais honorée d'être la marraine d'Oan bien sur.
    Je n'ai pas répondu à ton autre lettre mais c'est un peu sans importance à vrai dire, nou en rediscuterons... plus tard mais sache que je suis plus que touchée que tu ai accepté ma demande, je ne t'en aurais pas voulu de dire non, mais je te veux auprès de moi d'une façon ou d'une autre pour me marier, parce que c'est pour ça.


HANW ! Elle va s'marier ...

J'tire un coup sur ma pipe, imaginant d'jà quel genre d'cérémonie ça peut êt'. J'ai participé qu'à un seul mariage dans une église ... Et j'suis entré que très rar'ment dans une église d'ailleurs ! Au mariage d'Chocotte, j'étais clair'ment trop occupé r'faire gaffe à c'qui s'passer. J'rais p'têt dut. Et si j'ai des choses à faire ? Bah ! J'suppose qu'on s'entrain'ra avant. Ma chérie va s'marier ... Au p'tain ...

Soufflant un p'tit nuage de fumée, j'r'prend ma lecture.



    Mais... ce n'est pas la raison de mon courrier...

    Loulou... je sais pas comment je peux te dire ça sur papier, mais quelqu'un dont tu ne connais rien vient probablement vers toi pour t'apporter cette nouvelle si elle ne t'es pas déjà parvenue.
    Et si tu ne sais pas je ne veux pas que ce soit un inconnu qui te l'apprenne...
    Kag si tu as ton fils dans les bras assied toi.
    C'est à propos de Yohanna... Elle n'est plus Chris...


Mes sourcils s'froncent, l'souf' me manque. J'ferme les yeux, l'temps d'me ressaisir. Et j'pense à Susi, à cette let' qu'elle a eu et à ce silence qui répond à mes prop' vélins. Mais na ... Na ils ont tords. Tous. C'pas possib' ...

Au bruit d'ma pipe qui tombe sur le bois, j'baisse la tête. J'me suis même pas aperçut qu'l'air me manquait au point qu'j'en ai ouvert la bouche ... Un goutte s'écrase sur mes braies.

Qu'es c'que ... ?

Mes prop' doigts s'posent sur ma joue, et je sens un sillon humide. J'déglutis, et prend mon courage pour finir la lecture du sinistre message.




    J'imagine que tu peineras à le croire même venant de moi, mais... ce jeune homme que j'ai vu avait Sasha...


Na pas ça ... C'est faux. C'est impossib'. Elle se sépare j'mais de sa hache ... Maman ... Ce chien l'a dépouillé. Ce type a osé voler la hache de ma mère !



    Il se nomme Trinita et dit que Yoh l'avait adopté, j'aurais tendance à le croire, il semble aussi écorché que toi quand elle t'avait pris sous son aile.

    J'aurais tant voulu ne pas t'écrire pour te dire tout ça, et surtout avoir le courage de le faire avant mais je ne savais pas comment t'annoncer l'impensable.


L'impensab' ? Nan, c'est juste au cauch'mar. Un cauch'mar qui dure d'puis des jours.



    Il est surement proche de Dax à présent, j'y arrive pour être à tes cotés d'ici une semaine si tout va bien.

    J'arrive Kaghan, ancre tes pensées sur Oan et... j'arrive.

    Je t'aime.

    Ta jumelle.

    Eud



Lent'ment, j'pose le parchemin. Mon r'gard s'plante dans l'vide, et j'ai aucune idée du temps qui passe autour d'moi.

Après un trou noir de plusieurs heures, dénoncé par les bougies fondues et éteintes, mon âme s'r'connecte à mon corps. J'me lève, et mon corps entier est raide d'une trop grande immobilité. J'laisse le courrier là, sans la force de reposer les yeux dessus. J'attrape mon arc, mon carquois plein, et j'sors d'la yourte.

Une seule pensée m'vient en tête, une unique. Ce rat, ce ... Trinita, à dépouillé ma mère. Et il va payer.

M'approchant d'mes bêtes, ma main lib' passe sur le flan de Daïn*, en guise de salutation avant de le monter et de laisser là les aut'.

Üldeekh** ...

Dax n'a pas b'coup d'entrée. Qui que soit ce type, s'il me connait et vient pour m'annoncer ça, il ira aussi voir Susi, donc passera par le Béarn. Donc ne passera pas par les cours d'eau. Ce qui m'arrange.

J'prends la direction la plus logique, m'arrêtant sur un point un peu en hauteur 'vec vue sur l'ch'min. Là, j'descends d'ma monture, et m'installe, arc en main. Même si je dois rester des jours ici ... Je buterai ce fumier.

Personne n'a le droit de voler cette hache ...


*Guerre, nom de l'étalon
**Partons

_________________
Eudoxie_
"La vérité souffre bien le besoin, mais non la mort." (Proverbe Allemand)

Lettre ? Retrouvailles ? Dur...

Juin 1466, Dax



Il n'est plus douloureux que de savoir la peine d'une personne et d'en être le porteur, surtout quand il s'agit de quelqu'un que vous considérez comme une partie de vous-même, un double masculin, un jumeau diabolique.
Il était celui là et la dernière missive qu'elle lui avait fait porter quelques jours plus tôt l'aurait sans doute détruit, dans quel état retrouverait-elle son loulou, la question lui avait travaillé l'esprit tout au long de la route.

Et Dax se profilait enfin devant la roulotte, le regard noir scrutant les pÄturages, Le paysage, vallon et coteau pour tenter d'apercevoir une yourte, sa maison, celle qu'il lui avait dit avoir construit pour Wilson et lui et surtout le petit Oan.
Après avoir pris quelques renseignements à droite à gauche en ville, l'étrange maison du "boulanger" comme on lui avait nommé son frère fut trouvée et le vago stoppé au devant, ne voyant guère de mouvement, encore moins de signe de vie.

La bestiole commençait à se demander si le blondinet n'avait pas fait une connerie après avoir reçu sa lettre, elle le savait capable de tout, mais pas avec ce miracle que Tangra lui avait enfin accordé, non impossible.
Eudoxie s'apprêtait à entrer dans la yourte sans y être invitée quand un petit homme avec un chapeau de paille sorti de dieu seul sait où grimpé sur un poney à priori, et vint demander ce qu'on faisait là si on était perdu.

Bah oui tiens on s'est perdu... pauvre nouille, il finit enfin par se présenter sans doute rassurer par son gros ventre et la lumière fut, Bertrand, Eud avait eu quelques éléments sur lui et après un moment de discussion, elle savait enfin à peu près où trouver celui que l'orthézienne était venu voir.
Prenant le temps de se mettre au point avec Soren qui avait tenu le convoi depuis Limoges, elle n'eut pas à expliquer qu'elle devait retrouver son autre seule, qu'ils auraient besoin de n'être qu'eux deux, d'un baiser tendre elle le laissa en lui conseillant d'en profiter de se reposer.

Une colline, il avait fallu que ce soit sur une colline au dessus du chemin qu'il avait décidé de se planter pour dieu seul sait quoi faire avec cheval et arc, concentré comme il l'était, il l'avait même surement pas vu arriver derrière lui.
Prenant le temps de reprendre son souffle en le maudissant de l'avoir fait crapahuter jusque là enceinte de huit mois, la petite brune l'avait observé un instant, avec son masque Eud ne pouvait pas deviner l'expression de son visage, mais le fait qu'il ai maigri depuis la dernière fois et qu'il avait les traits tirés, en revanche ça l'onénarrable pouvait le voir.

Loulou...

Ne pas lui faire peur, ce serait quand même couillon de se prendre une flèche, alors l béarnaise ne l'avait pas touché et était restée à deux ou trois pas de lui, lui laissant juste entendre sa voix et vu qu'il n'y a qu'elle qui l'appelle ainsi...

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Kaghan
'Près le soleil, la lune était v'nu me veiller. Comme une sœur inquiète, elle m'avait tenu compagnie en silence toute la nuit. Quand elle fut trop fatiguée, elle laissa sa place au soleil. Et ils échangèrent, 'core ... Et 'core. Plusieurs fois, quand mes yeux brulent trop, je ferme les paupières. Quek'secondes, ou minutes, ou heures. J'en sais rien. Je sais pu ... Je sais même pas c'bien d'temps j'suis rester là.

Mes articulations se sont endormis, je sens même plus leur douleur. Mon corps fonctionne au ralenti.

Wilson était venu, il s'était posé là, près de moi. J'ai reconnu son odeur et sa présence. Ses mots ne m'ont j'mais atteins. Ses gestes ont secoués mon corps, d'plus en plus fort. j'en suis même tombé, mais j'me suis contenté d'me rassoir en tailleur face à la route. Et il est repartit, emmenant Daïn 'vec lui. J'crois même qu'Swan avait tenté sa chance, elle aussi. Elle m'a parlée, mais j'ai pas répondu. Elle a crié aussi, mais j'ai pas écouté. J'ai aucune idée de combien de fois elle est venu, ni du temps qu'elle a passé là. Moi, je voulais juste le voir arriver.

Trinita ... Le voleur de hache.

A chaque fois que j'y pense, j'me d'mande à quoi il ressemb'. Et je me dis que je m'en fou au fond. Je tirerai sur chaque homme armée d'une hache que je verrais passer sur ce chemin. Et je fixe la route, sans ciller.

J'attend cet homme, ou la mort. Le premier des deux qui arrivera. Je suis épuisé, même sans bouger. J'crois qu'la nature elle-même à tenté d'me faire bouger d'là. Couvrant ma peau de petits boutons. De l'irritation du temps, aux piqures d'insectes, passant par les morsures rougeatre du soleil.

Au bout d'un moment, et j'ignore bien quand précisément, une voix me parvient. Comme un murmure porté par le vent. Un surnom qu'une unique personne me donne, celle qui m'a écrit cette let'. J'cligne des yeux.

Ai-je rêvé ... ?

'Vec lenteur, j'tourne mes vertèbres fatiguées, basculant la tête vers ce qui me semb' êt' une apparition. Ma vision flou n'm'aide pas à s'voir si je délire ou non. Par réflexe, mes doigts s'ressèrent sur mon arc. J'me rends compte seul'ment maint'nant que ce peu de mouv'ment m'est difficile, et douloureux. Rien qu'ma respiration est forcée, comme ci mes côtes n'ont pas la place pour se gonfler d'air. Et mon cœur est lent, tel'ment lent ... Si lent qu'pour la première fois d'ma vie, j'suis incapab' d'traduire mon instinct.

Danger, ou pas ?

Avec l'autorisation de Jd Swan et Jd Wilson pour les actions de leurs personnages.

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Eudoxie_
"Tristesse : la fatigue qui entre dans l'âme. Fatigue : la tristesse qui entre dans la chair." (C.Bobin)

Loulou ? Ombre ? Faiblesse...

Il était là devant Eud et pourtant celui qui venait de se tourner semblait n'être que l'ombre de son autre, la peau marquée, brulée par le soleil, une pâle copie décharnée, fatiguée, et qui pourtant trouvait le moyen encore de bander son arc vers elle.
Un mouvement de recul connaissant ses capacités d'archer, et craignant tout autant sa dextérité à lui mettre la flèche entre les deux yeux que la fatigue qui lui ferait lâcher la corde sans en avoir conscience.

Chris... pose ton arc c'est moi...

Une petite brune en trouille totale, à croire qu'une malédiction s'était abattue sur elle, que tout le monde avait décidé de lui faire la peau, Marseille... Paris... et maintenant ici...
Pourtant bien qu'effrayée de cette pointe la visant, Eudoxie inspira fortement pour s'approcher de celui qui la menaçait, de celui qu'elle voulait rassurer, de celui qu'elle voulait cajoler, réconforter, à qui elle voulait tout faire oublier.

Kaghan...

Piqure de la flêche sur son ventre trop proche, la béarnaise s'agenouilla vers lui avec tout le mal qu'on peut s'imaginer dans le dernier trimestre de sa grossesse, et donc avec la grâce et la délicatesse d'un pachiderme ou d'une baleine échouée sur le rivage.
Lentement senestre se posa sur la flèche pour l'empoigner et éviter tout drame inutile d'un faux mouvement, dextre filant vers le visage pour faire descendre de ses doigts les éléments du masque kaghien sur sa gorge, enveloppant la joue dévoilée de sa paume.

Loulou, je suis là...


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Kaghan
Pour un rêve, il est drôl'ment réaliste. Et les ondes que je reçois n'm'indique aucune menace directe. Je la laisse s'approcher, me toucher. Mes muscles se détendent, et je fini par baisser mon arc, allant même jusqu'à lui faire rejoind' le sol. Un faib' sourire est offert alors à la brune, dont j'arrive enfin à met' un nom sur le visage.

Ma chérie.

Une main s'pose sur la sienne, la pressant 'vec douceur ent' ma paluche et ma joue. Mon aut' se pose sur son vent', comme un pardon pour le deuxième présent. J'ferme les yeux un instant, le temps de réaliser mes actes.

Je t'ai pas reconnu ... Excuse moi ...

Dans un effort, et une grimace traduisant mes raideurs et ma douleur, j'me penche sur elle, l'enlacer et lui communiquer mon état. L'étreinte est probabl'ment la plus faib' qu'j'lui ai j'mais donné, sans même la force de l'embrasser ou de la serrer.

L'émotion me submerge, réalisant qu'si elle est là, ici, c'est pour l'contenu de sa let'. 'Lors c'tait vrai ... Vr'ment. H n'est plus, ma mère est partie. Yohanna est morte, et moi j'attendais un courrier de sa part, pour leur donner tord à tous. J'ai donné de faux espoirs à Susi, et à mon prop' cœur. C'est pas eux qui me mentaient ... C'est moi qui avait tord de pas les croire. Mais qui voudrait croire ça ? Qui pourrait croire ça ?! Venant d'une inconnue qui n'a même pas osé m'écrire à moi.

Il a fallut que se soit ma sœur de cœur rencont' par pur hasard cet aut' type. C'lui qui l'a dépouillé. Et si ... Et si elle ne l'vait j'mais rencontré ? 'Lors je s'rais t'jours là bas, chez moi.

C'ment j'ai pu ... Rire, sourire et ... Et êt' heureux 'lors qu'elle était pu là ... ? C'ment j'ai ... C'ment j'ai pu viv' tout simpl'ment, sans même lui 'voir dit au r'voir ? Elle est ... Et moi je ... J'lui ai écris ... J'lui ai juste écris ... Plein d'fois et elle m'a j'mais répondu. C'ment j'pu n'rien voir ... Elle, elle se s'rait déplacé et moi je ... J'étais juste chez moi, heureux chez moi ...

Ma gorge sèche m'fait mal, mes yeux m'brulent 'core, comme l'reste d'mon corps. Je ressens chaque parcelles de ma peau qui s'éveille. Qui démange, qui brule, qui pique. Et j'ai même pas assez d'énergie pour pleurer. J'ai même pas assez de force pour pleurer pour elle, pour ma mère ... 'Près tout c'qu'elle a fait. Mais qu'est-ce qui va pas chez moi ?

J'me suis donné une mission. Celle de venger maman, de reprend' sa hache pour qu'elle puisse la récupérer quand Tangra aura décidé qu'il est temps r'elle de se réincarner. Et actuellement ... J'ai échoué. J'suis désolé ...
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