Maryha
- Like a Virgin
J'ai réussi ma traversée du désert, je ne sais comment j'ai réussi,
Je ne savais pas à quel point j'étais perdue,
...
J'étais battue, incomplète, je m'étais fait avoir, j'étais triste et déprimée
Mais tu m'as fait me sentir, oui, tu m'as fait me sentir :
Brillante et nouvelle !
Maryah ... se marier ! Quelle idée bizarre, saugrenue même !
Pourtant c'était nécessaire. Il fallait qu'elle prouve à son fils que quand elle disait qu'elle ferait TOUT pour lui, c'était bien Tout !
Et quand elle disait qu'elle avait les moyens de lui offrir la famille qu'il n'avait pas eue,
Et qu'elle trouverait le moyen de payer son couteux enseignement dans les voies de la chevalerie, oui ...
Il y avait un temps pour le dire, et il y avait un temps pour le faire.
La vie n'avait pas été tendre avec elle, mais elle s'y était faite. Plus amère, plus froide, plus blasée, plus connaisseuse aussi et bien moins confiante, mais tout ça lui avait permis de survivre. Certaines personnes disaient qu'on se faisait à tout, elle en était la preuve vivante. L'esclavage, les clans, le mercenariat, les poisons, l'espionnage, les agressions, les guerres, tout ça s'était passé, mais ce temps était passé, révolu.
Parce qu'au bout du compte, ce qui comptait, ce n'était pas tant son avenir, que celui de son fils.
Pour lui, elle avait mis un pied dans une église,
Pour lui, elle s'y était même confessée,
Pour lui, elle avait quitté ses compagnons du Clair Obscur,
Pour lui, elle allait déposer les armes,
Pour lui, elle aurait parcouru le Royaume, et lui aurait aussi décroché la Lune.
Le fait de voir que Niallan n'était pas en mesure d'agir comme un père, l'avait conforté dans son devoir de devenir une bonne mère, non ... une excellente mère ! Elle compenserait une fois, dix fois, cents fois ! afin qu'il ne connaisse jamais les affres qu'elle avait subis. Son fils serait sa renaissance, et tant pis s'il fallait que les promesses qu'elle lui avait fait, soit les portes de son tombeau !
Elle en avait discuté avec lui, elle allait le faire. Elle allait prendre un mari. Un homme responsable et soucieux de sa famille, qui aurait à cur (et à écus sonnants & trébuchants) de leur offrir une vie confortable, assurant des revenus généreux et stables, et se comportant en gentil homme, afin que Percy bénéficie de la meilleure éducation possible.
Pour cela, elle devait apprendre à ne plus être elle.
Plus belle, plus soignée,
Moins bavarde, moins bravache,
Plus classique, plus discrète,
Moins guerrière, moins impulsive,
Plus épouse, plus mère ...
Et comme elle se plaisait à le dire, on n'attrapait pas des mouches avec du vinaigre. Aussi le premier changement, le plus simple certainement, quoique ... serait son physique. Il fallait qu'elle abandonne sa cape d'ours, ses braies de cavalière, ses armes de justicière. Elle devait ressembler à une femme, frêle, fragile, douce, délicate.
Bien sûr, elle n'aurait jamais pu y arriver seule, alors l'aide de Jeni avait été acceptée avec un grand OUI.
Dans sa chambre d'auberge, la bridée avait fait préparer un bain chaud, en attendant l'arrivée de Jeni et tous ces trésors. Elle retira ses braies, sa chemise poussiéreuse, ses bas blancs devenus gris, ses bottes usées, et nue comme un ver s'observa dans le psyché. Son visage était fin, sa peau un peu trop colorée pour le royaume de France, dorée quand elle était propre, et un peu de poudre blanche ne serait pas du luxe.
Descendant les mains sur ses épaules, elle s'arrêta sur une cicatrice datant de la guerre d'Anjou, deux ans plus tôt. ça, ça ne s'effacerait pas. Elle descendit davantage sur sa poitrine et serra les mâchoires, en caressant du bout du doigt sa marque au fer rouge, héritée d'un passé d'esclave qu'elle n'avait jamais vraiment accepté, jamais vraiment digéré. Il faudrait vraiment que son mariage arrangé stipule le refus de relation charnelle. Aucun homme ne voudrait de ça !
Sa poitrine était ronde et ferme, son ventre creux et musclé, reflétant les heures d'entrainement et de combat. De ci de là, quelques marques, quelques cicatrices, rapportaient les douleurs d'un temps passé.
Elle se tourna de profil et sourit à ses jolies courbes, un peu maigres pour l'époque, mais qui savaient à coup sûr exciter les amants d'un soir ... Les amants ! ça aussi c'était bel et bien fini ! Une femme mariée se refusant au devoir conjugal, ne pouvait clairement pas s'offrir à un autre homme. Question d'honneur.
Une fois de plus son regard se figea sur une cicatrice à la cuisse, rencontre l'année passée toujours dans la guerre d'Anjou, d'une lame peu sympathique. Baissant les yeux sur ses petits pieds, elle repensa aussi à sa rencontre avec une armée en Bourgogne, qui des années plus tôt, avait failli la laisser paralysée à jamais !
Ce corps n'avait plus l'attrait de ses 15 ans, peau alors fraiche, courbe légère. Toute la silhouette de la bridée semblait s'être endurcie avec le temps et les années, comme son caractère : plus froid, plus dur, plus intransigeant.
C'est à ce moment là, que des coups retentirent à la porte d'entrée. Maryah sauta dans le bain, déversant de l'eau de part et d'autre, et s'enfonça dans l'eau jusqu'au menton :
Entre Jeni, c'est ouvert ... entre donc ...
Et voilà, la séance de torture relooking, allait pouvoir commencer. Alors Maryah se rappela de ce que sa mère lui disait quand elle n'était encore qu'une très petite fille, et qu'elle lui tressait les cheveux : " souviens-toi Mai Ha, il faut souffrir pour être belle ... ".
Elle allait faire peau neuve, elle allait devenir belle et sophistiquée, elle allait changer.
En fait, elle allait juste accepter sa condition de femme ...
Alors pour son mariage, elle serait comme vierge.
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