Isaure.beaumont
[Jour 1]
Le verdict était tombé. Le marteau sétait abattu : impitoyable. Et si sa tête ne devait pas rouler jusquaux pieds dOctave, elle devait voir sa liberté entravée, pour trois jours après avoir déambulé dans les rues de la capitale périgourdine pour sa marche de la honte et avoir dû manger en public dhonteuses pâtisseries locales. Enfermée dans sa lugubre cellule rose à lheure où les honnêtes gens partageaient leur déjeuner, Isaure devrait attendre le lundi suivant, que sonne de nouveau le douzième coup de midi, pour retrouver sa liberté perdue. Jetée dans sa prison humide, sans ménagement, elle était tombée à genoux dans la paille souillée et avant même quelle ait eu le temps de se relever, la porte claqua derrière elle.
- Vous navez pas le droit ! Vous navez pas le droit !
Elle sétait relevée péniblement, ne sarrêtant de contester que lorsquune toux ly contraignait.
- Le procès était truqué ! Vous navez pas le droit de me détenir ! Cette détention est illicite ! Vous navez pas le droit ! Octave vous le fera payer ! Il viendra et démontera votre réquisitoire ! Il me fera sortir dici ! Et Cassian également ! Et mon suzerain tout autant ! Même Archibald, le fera !
Elle continua un long moment à tambouriner contre la lourde porte de bois, inébranlable. Et si elle obtint réponse, ce ne fut que le cri lugubre du vent, errant dans les couloirs déserts de la prison périgourdine. A moins que ce nait été le cri sordide dun détenu, contraint depuis bien trop longtemps au silence?
[Jour 2]
Elle navait pas fermé lil de la nuit, incapable de trouver le sommeil. Les bruits étranges de la prison, lincessant courant dair qui traversait sa minuscule cellule, lodeur pestilentielle de lurine mêlée aux étrons, la compagnie dérangeante des rats et des souris, linsoutenable promiscuité de la salle de torture depuis laquelle montait dhorribles cris et larmoiements , avaient eu raison de son sommeil. Les yeux cernés, recroquevillés dans un coin, elle avait refusé toutes les chouquettes périgourdines quon lui avait servi pour repas. Si elle avait passé le premier jour à crier son innocence, à hurler linjustice de la justice, à clamer haut et fort quil était honteux de la traiter ainsi, elle passerait cette journée là à tenter de fuir. Les yeux rivés sur la minuscule fente qui lui servait de fenêtre, elle réfléchissait à la façon de sy introduire. Il faudrait quelle casse tous les os de son corps pour y passer. Quà limage des rongeurs, elle aplatisse tout son corps pour sextraire de cette miséreuse retraite forcée. Oubliant cette idée, elle commença à tester la robustesse ses murs. Certaines pierres bougeaient : en les retirant une par une, peut-être pourrait-elle ouvrir un passage sur lextérieur ? Mais où était-elle seulement ? A quelle hauteur ? Tout le jour fut occupé à fantasmer des plans dévasion. Doit-on préciser quaucun chevalier servant ne vint la délivrer ?
[Jour 3]
Son sauveur . Dieu existait encore. Nicolas était là, et elle crut un instant quil allait la faire sortir. Elle était au bout de sa vie : allongée sur la paille, le corps secoué par cette toux devenue incessante et le sifflement de lair dans ses bronches, elle sétait redressée quand elle avait reconnue sa voix dans les couloirs. Cette arrivée lui donna quelques forces insoupçonnées, et elle se précipita contre la lourde porte, le nez collée à la grille par laquelle elle pouvait voir dans le couloir, mais également sur la salle de torture en face.
- Nicolas ! Nicolas, vous êtes là ! Grand dieu, je nattendais plus personne. Sortez-moi de là.
Les doigts agrippés à la grille, comme elle laurait fait au confessionnal, elle le suppliait déjà.
- Cest rose ! Trop rose ! Sortez-moi de là, mon bon Nicolas ! Ils ont voulu mempoisonner avec leurs chouquettes, je ny ai pas touché ! Et cette vue ! Cette vue, Nicolas ! Cest insoutenable, ne me laissez pas croupir ici !
Nous étions dimanche. Elle ne devait sortir que le lendemain.
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Le verdict était tombé. Le marteau sétait abattu : impitoyable. Et si sa tête ne devait pas rouler jusquaux pieds dOctave, elle devait voir sa liberté entravée, pour trois jours après avoir déambulé dans les rues de la capitale périgourdine pour sa marche de la honte et avoir dû manger en public dhonteuses pâtisseries locales. Enfermée dans sa lugubre cellule rose à lheure où les honnêtes gens partageaient leur déjeuner, Isaure devrait attendre le lundi suivant, que sonne de nouveau le douzième coup de midi, pour retrouver sa liberté perdue. Jetée dans sa prison humide, sans ménagement, elle était tombée à genoux dans la paille souillée et avant même quelle ait eu le temps de se relever, la porte claqua derrière elle.
- Vous navez pas le droit ! Vous navez pas le droit !
Elle sétait relevée péniblement, ne sarrêtant de contester que lorsquune toux ly contraignait.
- Le procès était truqué ! Vous navez pas le droit de me détenir ! Cette détention est illicite ! Vous navez pas le droit ! Octave vous le fera payer ! Il viendra et démontera votre réquisitoire ! Il me fera sortir dici ! Et Cassian également ! Et mon suzerain tout autant ! Même Archibald, le fera !
Elle continua un long moment à tambouriner contre la lourde porte de bois, inébranlable. Et si elle obtint réponse, ce ne fut que le cri lugubre du vent, errant dans les couloirs déserts de la prison périgourdine. A moins que ce nait été le cri sordide dun détenu, contraint depuis bien trop longtemps au silence?
[Jour 2]
Elle navait pas fermé lil de la nuit, incapable de trouver le sommeil. Les bruits étranges de la prison, lincessant courant dair qui traversait sa minuscule cellule, lodeur pestilentielle de lurine mêlée aux étrons, la compagnie dérangeante des rats et des souris, linsoutenable promiscuité de la salle de torture depuis laquelle montait dhorribles cris et larmoiements , avaient eu raison de son sommeil. Les yeux cernés, recroquevillés dans un coin, elle avait refusé toutes les chouquettes périgourdines quon lui avait servi pour repas. Si elle avait passé le premier jour à crier son innocence, à hurler linjustice de la justice, à clamer haut et fort quil était honteux de la traiter ainsi, elle passerait cette journée là à tenter de fuir. Les yeux rivés sur la minuscule fente qui lui servait de fenêtre, elle réfléchissait à la façon de sy introduire. Il faudrait quelle casse tous les os de son corps pour y passer. Quà limage des rongeurs, elle aplatisse tout son corps pour sextraire de cette miséreuse retraite forcée. Oubliant cette idée, elle commença à tester la robustesse ses murs. Certaines pierres bougeaient : en les retirant une par une, peut-être pourrait-elle ouvrir un passage sur lextérieur ? Mais où était-elle seulement ? A quelle hauteur ? Tout le jour fut occupé à fantasmer des plans dévasion. Doit-on préciser quaucun chevalier servant ne vint la délivrer ?
[Jour 3]
Son sauveur . Dieu existait encore. Nicolas était là, et elle crut un instant quil allait la faire sortir. Elle était au bout de sa vie : allongée sur la paille, le corps secoué par cette toux devenue incessante et le sifflement de lair dans ses bronches, elle sétait redressée quand elle avait reconnue sa voix dans les couloirs. Cette arrivée lui donna quelques forces insoupçonnées, et elle se précipita contre la lourde porte, le nez collée à la grille par laquelle elle pouvait voir dans le couloir, mais également sur la salle de torture en face.
- Nicolas ! Nicolas, vous êtes là ! Grand dieu, je nattendais plus personne. Sortez-moi de là.
Les doigts agrippés à la grille, comme elle laurait fait au confessionnal, elle le suppliait déjà.
- Cest rose ! Trop rose ! Sortez-moi de là, mon bon Nicolas ! Ils ont voulu mempoisonner avec leurs chouquettes, je ny ai pas touché ! Et cette vue ! Cette vue, Nicolas ! Cest insoutenable, ne me laissez pas croupir ici !
Nous étions dimanche. Elle ne devait sortir que le lendemain.
Titre by Jidédônamour
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