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[RP] Dix petits courtisans

.elle


    Et l'appât fut englouti... Sourire intérieur de la rose irradiant sous couvert d'un savoir-vivre et d'une bonne tenue juste ce qu'il fallait d'irréprochable pour être hors de la zone d'alerte des régisseurs ducaux. Cela dit la réaction avait surpris la florale s'attendant à un peu plus de virulence peut-être, à moins que l'information ne soit déjà connue en fait ce qui faisait d'elle une employée conscencieuse et une galante soucieuse de ses consoeurs.
      C'est justement cela que je voulais profiter d'exposer puisque vous m'en donniez l'opportunité.
      Nous sommes... peu comme vous venez de le dire et je ne pourrais satisfaire certains membres, ce qui...
      ne serait pas bon pour l'Aphrodite

    Les iris herbacées allèrent de l'un à l'autre en reprenant rapidement une gorgée de prune, aussi douce au gout que brulante en gorge avant de poursuivre.
      Je n'ai pas de demoiselle en tête vous m'en voyez navrée votre grâce
      Je peux cependant essayer de trouver quelqu'un, retourner voir la dernière maq... femme pour qui je travaillais
      Sait-on jamais...

    La liqueur de prune revint une fois de plus chatouiller le palais de la rose, verre précieux caressant subtilement l'ourlet de ses lèvres, alors qu'elle détaillait le moindre détail de la part des propriétaires, un clignement de paupière, un battement de cils, un haussement de sourcils, quelque chose qui trahirait un ressenti sur tout ceci.
    "Elle" glissait un pied dans la porte ouverte d'une confiance toute relative, de ce qui semblait vouloir y ressembler, et si l'homme face à elle pouvait impressionner de sa prestance, la florale se méfiait bien plus du paradoxe que représentait une duchesse aux pieds nus.
    Possiblement à tort ? Peut-être...

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Merci JDMonty
Axelle
"....de l'enfantement prochain de Gygy."

S'il y avait une seule personne en qui la manouche avait confiance au milieu des employés de l'Aphrodite, une seule personne à qui elle aurait pu, à qui elle avait offert son amitié, c'était bien Gygy. Alors, à l'annonce, quelques secondes s'écoulèrent avant que la nouvelle ne percute les méandres de sa cervelle pour s'y étaler et prendre toute sa dimension. Et quand enfin, tout le sens des paroles de la galante aux yeux de feuille face à eux fut bien ratissé et compris, la manouche tordit son cou, faisant sinistrement craquer ses vertèbres, signe pour qui la connaissait d'un profond agacement.
« Idiote » La sanction fusa d'un sifflement étrangement aigu des lèvres manouches.

Si Justin se contre-fichait de ces affaires toutes féminines, la manouche ne s'en souciait pas davantage, bien qu'une putain digne de ce nom aurait dû savoir comment s'épargner de ce genre de désagrément qui, à n'en pas douter, les mettait dans la moise. Et si la grossesse était un vilain moment à passer, que dire d'après, quand le chiard serait pondu ? Gysèle aurait-elle seulement assez d'argent pour se payer une nourrice ? La première déception était déjà lourde. Mais la seconde...

Dans l'éclat vif de son jupon, la manouche se posta à la fenêtre laissant le noir de son regard, aussi fâché que déçu et attristé, planer sur la ruelle grouillante à ses pieds. En fait, du manque à gagner pour l'Aphrodite, la Casas se moquait pas mal. Le couple ducal saurait bien retomber sur ses pattes pour remplir les caisses, avec ou sans Gysèle. De toutes façons, avec ou sans les bénéfices de l'établissement, ils étaient déjà riches à ne plus savoir quoi faire de leur argent. Non, ce qui la minait, était que la rousse, après les déclarations d'amitié couchées sur le papier, ne vienne même pas la trouver pour lui parler. Fallait-il vraiment qu'elle apprenne la nouvelle par une autre bouche que celle de la concernée ? Au hasard d'une conversation ? Décidément, les femmes, toujours, irrémédiablement, la décevraient. Porteuses de mots mensongers, de promesses truquées et de fidélité aussi volatile qu'un feu de paille.


Inspirant profondément, échouant à camoufler la colère sourde et froide qui serpentait sournoisement dans ses veines, sans se retourner, la voix manouche claqua, retrouvant tout son rauque, et encore plus.


Oui, c'est bien. Faites cela. Si vous avez fini et si mon époux n'a plus rien à vous demander, nous vous libérons. Pourriez-vous dire à Gysèle que nous l'attendons ? Maintenant.
Bakhtan
Justin se moque bien qu'une courtisane soit enceinte. Il maudit intérieurement une fois de plus Flavien qui devrait gérer tout cela en interne sans que lui ou Axelle doivent s'en soucier.

Il remarque la contrariété que Axelle éprouve, il commence à bien la connaître et, ne connaissant pas le lien entre les deux intéressées, se dit que sans doute la nouvelle d'un enfantement interpelle plus une femme qu'un homme.

C'est Axelle qui le sort de ses pensées et lui rappelle sans même s'en rendre compte du pourquoi de cet entretient, ils cherchaient à la base à en savoir plus sur la disparition du gérant. Ils découvrent qu'une courtisane va manquer à l'appel mais Elle propose de se renseigner auprès de ses anciennes connaissances, voilà qui ne fera qu'ajouter à sa gloriole dans le fichier de l'Aphrodite, surtout si elle réussi à engager quelqu'un.


Si vous avez des relations qui peuvent aboutir à un engagement, vous avez quartier libre. Les jours où il fait un peu plus calme à l'Aphrodite, si vous pouviez nous harponner quelques recrues, nous vous paierons les dépenses qui en découleront avec une prime pour vous cela va sans dire.

Comment ramener sur le tapis le cas de Flavien, l'air de rien sinon en faisant le pont avec ce qui vient d'être proposé pour motiver la courtisane à chercher des recrues.

Et si jamais vous croisez le gérant, vous lui direz que le pourcentage qu'il touche sur chacun de vous, à partir du moment où c'est via vous qu'une nouvelle recrue intègre le navire, que ce sera vos gages à vous, qu'il faudra majorer.

Je compte bien entendu sur votre discrétion au sujet de cette information
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.elle


    Etrangeté des réactions, opposition aussi, autant l'un semblait ne ressentir ni chaud, ni froid, tout juste une potentielle contrariété, autant savoir Gygy grosse semblait fortement toucher l'autre. Pour quelle raison restait un mystère de plus qui entourerait autant Gysèle que la duchesse et qui n'avait en soi pas d'intérêt direct pour la rose.
    Inclinant la tête aux propos d'Axelle, les iris herbacés dévièrent donc vers le duc d'Aunou écoutant ce qu'il avait dire, un indescriptible et presque imperceptible sourire naissant aussi vite qu'il disparut sur les pétales labiaux à l'évocation du gérant et de la perte de ses commissions à son profit.
      A votre convenance vos grâces...

    Rassemblant les pans de sa robe, "Elle" se leva du siège qui lui avait été offert après avoir terminé la liqueur, glissant jusqu'à la console pour y rendre le verre finement ciselé le déposant avec délicatesse.
      Je préviens Gysèle de votre souhait de vous entretenir avec elle.
      Duc... Duchesse...

    S'inclinant légèrement tout comme à son entrée, la florale pris sans attendre congé sortant sans un mot supplémentaire, tout juste un regard pour l'un comme pour l'autre avant d'effacer sa silhouette derrière la porte ouvragée.

~Couloirs de l'Aphrodite~
    Les méandres du lieu parcourus ne virent point poindre la flamboyance de la galante tatouée, et un membre attendait la rose depuis déjà quelques minutes, il n'était donc pas de bon ton de poursuivre ses investigations.
    Interpellant Justine qui avait reçu sur ses indications son client, elle lui donna alors la mission de trouver Gygy pour lui délivrer le message des dirigeants dans les plus brefs délais, et si comme pour elle, Axelle et Justin restaient évasifs sur qui avait donné l'information, ne pas être celle qui lui annonçait être attendue dans le bureau de la direction lui allait très bien.
    Mais sur l'heure, il était temps de rejoindre en replaçant une mèche rebelle, l'invité qui avait réservé ses services au sein de l'Aphrodite.

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Merci JDMonty
Gysele
Et c'est dans ta chambre que Justine vient te trouver Gygy. Occupée à repriser une robe qui ne supporte pas le petit ventre qui commence à se voir. Par réflexe, dès qu'un membre de l'Aphrodite s'approche de toi, tu fais toujours en sorte qu'un objet se glisse entre son regard et ton ventre. Mais là, assise dans le fauteuil, les jupons du vêtement froissés sur tes genoux, tu ne risques pas vraiment d'être vue par la demoiselle. Tu songes tout de même depuis plusieurs jours à en parler à Axelle, mais entre tes va et vient entre Paris et Limoges, ton espoir de voir cet enfant se décrocher de ton ventre, tu continues de repousser toujours un peu plus cette entrevue.

Ignorant tout de la raison de cette convocation, tu remercies Justine et attends qu'elle soit sortie pour te relever et abandonner ton travail. L'aiguille est épinglée dans un bout d'étoffe et tu regardes autour de toi pour trouver un accessoire qui pourrait planquer la bosse de ton ventre à tes patrons. Le dire à la manouche oui, mais certainement pas devant son mari. C'est un châle qui vient finalement recouvrir tes épaules et se croiser sur ton ventre. Qui pourra te reprocher d'être frileuse ?

Un léger stress monte en toi, tu n'as jamais été adepte des entretiens et surtout tu ignores si tu seras seule, ou pas, si tout le monde a déjà été convoqué ou pas et si oui, pour quelle raison tout à coup tu devais les rencontrer. La curiosité l'emporte quand tu refermes la porte de ta chambre et t'éloignes vers le bureau des patrons. Le cœur s'accélère légèrement et bientôt tu te mets à triturer les franges de ton châle comme un grigri réconfortant. De tous, tu es de toute manière coupable de cacher ta grossesse. Et si ce n'est pas de ça qu'il s'agit, tu as bien d'autres secrets gardés depuis quelques mois. Au fond, tu espères juste qu'aucun ne sera à révéler maintenant, car tu n'es pas prête et tu n'as absolument pas préparé ton texte. Tes pas s'arrêtent devant la porte, tu toques et entres quand on te le permet. Place à l'improvisation.


    - Vos Grâces, bonjour !

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Axelle
Si elle avait écouté avec attention chaque mot s'échappant de la bouche de son époux, mémorisant la sanction posée sur la tête de Flavien, la manouche n'avait pas bronché, les yeux noirs fixés sur la rue où deux gamins crottés jouaient avec un petit clebs, bâtard de toute évidence tant sa gueule était étrangement mouchetée et ne ressemblait à rien d'autre qu'à ce qu'il était était, un chien des rues. Sa vigueur, pourtant, à courir après la balle loqueteuse que les deux mômes lui balançaient aurait pu faire pâlir ces lévrier aux pattes trop longues et au museau trop pointu qui s'arrachaient à prix d'or au Louvre. Les rires éclataient, piaffant de bonne humeur dans la boue à peine sèche de ce début de printemps. Ça riait, oui, jusqu'au moment où ça braillerait, le nez morveux et les yeux détrempés. Avec la marmaille, ça finissait toujours par des pleurs. Qu'elle soit pleine de poux ou chaussés de bas de soie, le résultat ne variait jamais. Il suffisait de le savoir. Amen.

Alors que la porte se refermait sur la courtisane aux yeux de feuille, la manouche eut un instant envie de se glisser dans les bras de son époux, de fermer la porte du bureau à clef et de laisser là galantes engrossées, chapardeuses à la bouche dégoulinante d'insolence et regards bleus trop curieux. Et si elle ne le fit pas, ce ne fut que de s'interdire cruellement de seulement regarder le Faucon.

Le silence s'installa quelques minutes. Assez longues pour que les pas s'annonçant dans le couloir lui fassent déjà regretter cette sagesse imbécile qu'elle s'était imposée. La seule voix de Gysèle, résonnant avec nonchalance dans le bureau suffit à l'agacer, si tant était qu'elle ne le soit pas déjà suffisamment.

La manouche ne broncha toujours pas, le regard accroché sur le joyeux trio en contrebas, alors que sa voix rauque et basse s'échappa avec un calme inquiétant de ses lèvres.


Qui est le père ?

Pas de bonjour, la manouche s'en contrefichait presque autant que de savoir qui avait bien pu engrosser la rousse. Si tant était que cette dernière le sache elle-même. Oui, la question n'était que pur prétexte pour annoncer, sans perdre davantage de temps, la couleur. Plus noire que ses yeux, sans aucun doute, quand intransigeante et sans la moindre concession envers qui la décevait, elle n'était que ronces et venin. Sale bête.
Gysele
Qui est le père ?

Et merde. Tu blêmis et instinctivement ta main se glisse sur le dossier de la première chaise venue. Ton regard passe de Justin à son épouse qui elle s'évertue à ne pas te regarder. Pourtant, tu détectes immédiatement l'humeur d'Axelle et ton cœur semble faire quelques embardées dans ta poitrine. Ok. C'est le moment de ne pas être maladroite et de réussir à apaiser la lionne qui couve sous l'allure faussement calme de la manouche. Si tu ne cesses de passer de l'un à l'autre c'est que tu ne sais pas vraiment à qui tu dois t'adresser. Aussi finis-tu par baisser le minois tout en malmenant un fil effiloché de ton châle qui finira par disparaître complètement si tu continues de le malmener ainsi. Par où commencer ? Déjà, tu ignores que tu as fait les frais d'une vengeance d'Eldearde, tu ignores qu'elle a fait subtiliser tes potions contre des fausses pour te mettre en mauvaise situation. Les éponges et tout le reste n'ont pas suffi mais comme tu ne sais pas ce qu'il s'est passé, tu n'es même pas en capacité de dire "c'est pas d'ma faute !". Et même cette excuse n'aurait pas été suffisante, car tu aurais pu t'en débarrasser, de cette chose... si seulement... Tu arrêtes là tes pensées pour te décider à parler enfin, toujours sans relever les yeux. Et si tu n'es pas certaine de qui est l'enfant, tu es sûre d'à qui il appartient désormais.

    - Mon mari est le père.

Voilà que les conseils de Zolen paient. Arry t'a dit de mettre en avant ton époux, de ne pas laisser le doute abîmer son ego et de préserver la fierté masculine. Bien ! Voilà qui était fait.

Un coup d’œil vers le couple ducal et tu finis par redresser le menton, pas trop haut, mais assez pour les observer tous les deux. Finalement l'anthracite se pose sur celle qui s'était faite amie et tu t'adresses à son profil fermé.


    - Axelle, j'allais te le dire. En réalité, j'espérais qu'il ne s'accrocherait pas. Je suis désolée que tu... non. Que vous l'appreniez par quelqu'un d'autre.

D'ailleurs, maintenant que tu y réfléchis, tu t'interroges. Qui t'a dénoncée ? Quand ? Pourquoi ? Tu as oublié que les yeux et les oreilles sont partout dans un tel établissement. A croire que tu es l'éternelle mauvaise élève de l'Aphrodite, celle qui ne fait que des conneries et qui se retrouve régulièrement dans le bureau des patrons. Cela faisait longtemps que tu n'avais pas fait un tour dans leur bureau d'ailleurs et tu observes la pièce d'un coup d’œil circulaire, te remémorant d'autres moments passés avec le gérant quelques mois auparavant. Prise en faute, tes mains se croisent devant ton ventre comme pour en atténuer le léger renflement et tu poses finalement la question qui te brûle les lèvres.

    - Qui vous l'a dit ?

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Axelle
Bingo, en plein dans le mille. Le clebs avait eu un mouvement trop brusque, renversant l'un des moutards. Le second, plus vif, s'était précipité pour récupérer la balle et refusait maintenant de la partager. Et ce qui devait arriver arriva. Fatalement. Les premiers hurlements montèrent entre les murs de la capitale, perforant les tympans d'un aiguë agaçant. Une femme échevelée, au tablier de travers déboula et, pour réinstaurer un semblant de calme, hurla plus fort encore que les mioches, les attrapant tous deux par le bout de l'oreille, ne parvenant qu'à redoubler les pleurs, alors que d'une savate piteuse, elle chassait le chien à grands coups de pieds malhabiles. Instinctivement, la manouche attendit que la femme se casse la figure, l'espérant presque, mais ne vit que le chien filer dans des jappements aussi apeurés que tristes de voir son jeu si brutalement brisé. Il n'y avait plus rien à regarder, plus rien à espérer, et Gysèle s'était tue. Il n'était jamais bon que la manouche ouvre le bec quand son humeur était au plus noir et, sans le moindre doute, aurait-elle dû laisser Justin prendre le relais, le temps que l'orage passe. Il finissait toujours par passer. Enfin, parfois. Mais elle n'en laissa pas le temps à son époux. Et le regard toujours planté sur la rue désormais déserte, dos volontairement tourné, elle s'accapara le furtif silence.

Je ne savais pas non plus que vous étiez mariée.
Vous. Oui. Vous. Histoire de remettre chaque chose à sa place. Remarquez, ça ne devrait pas m'étonner alors que vous n'avez pas pris la peine de répondre à l'invitation de mariage que nous vous avions envoyée. Je suis bien naïve parfois.

Et lentement enfin, elle se retourna, le visage fermé, le regard coupant. Ne vous trompez pas. Ce n'est pas à vous de poser les questions. Et reprenant les mots que Justin avait énoncés face à « Elle » laissa tomber d'une voix où la fatigue pointait. Vous plaisez-vous à l'Aphrodite? Nous avons eu quelques réclamations au sujet de Flavien, avez-vous à vous plaindre de lui?
Gysele
Ton regard s'égare sur la scène qui se joue dehors et un instant tu te laisses aller à la contemplation de cette vie extérieure. Cette mère qui hurle, ça pourrait être toi, tout comme l'a été ta mère avant toi. Sauf que la tienne, n'aurait peut-être pas essayé de te sauver d'un clébard et t'aurais peut-être même poussée dans sa gueule pourvu que tu lui fasses une bouche en moins à nourrir. Tu revois en ces deux gosses, ton frère et toi et un court instant tu t'égares sur un souvenir passé d'aventures menées aux coins des rues des Miracles avec Louis-Marie sur tes talons à la vie à la mort.

Tu clignes finalement des paupières pour revenir à ce qu'il se joue dans le bureau et le nœud dans ta gorge descend dans ton ventre au vouvoiement imposé par Axelle. Quand t'étais-tu inquiétée d'elle la dernière fois ? Quand avais-tu pris de ses nouvelles ? Avais-tu seulement réalisé l'importance de l'invitation au mariage de la manouche ? Non. Tu n'es qu'une petite écervelée égoïste, tu as simplement oublié de répondre que tu ne pouvais pas t'y rendre et tu as constamment remis à plus tard les courriers à envoyer à ton "amie". Une amitié non entretenue ne peut s'épanouir et une amitié mal engagée risque la rupture. Là, ça casse. Axelle vous remet à la case départ d'un "vous" particulièrement tranchant. Tu ouvres la bouche pour la contrer puis abandonnes. Qu'aurais-tu à lui dire pour ta défense ? Tu ne penses pas que cette duchesse là aime les fausses excuses, autant ne pas empirer ton cas. Tes épaules s'affaissent légèrement comme par acceptation. Dans le bordel de ta vie, tu as oublié les essentiels et on vient de te le rappeler d'une façon très peu agréable.

Tu n'as pas le temps d'encaisser qu'elle daigne enfin te regarder. Tu ne sais si c'est mieux en réalité. Ton air impassible dissimule un vrai malaise et ce qui est épatant avec toi, c'est que plus tu es gênée, plus tu es fière. Tu n'aimes pas être piquée et il n'est aucun doute que la patronne sait le faire d'une main de maître. Tu n'auras pas la réponse à ta question et tu ne peux t'en formaliser car déjà une autre requête vient raviver quelque fantômes qui t'en laissent pantoise un instant. Depuis la disparition du gérant, tu n'avais pas vraiment eu l'occasion d'en parler avec les patrons. Entendre finalement la raison de ta convocation ici t'en décrochait un chouia la mâchoire et tu mis donc quelques secondes de trop pour répondre.


    -...Je me plais à l'Aphrodite, bien sûr. Et je n'ai jamais eu à me plaindre de lui...si ce n'est sa soudaine disparition qui m'a semblé...Malvenue pour...la gestion de nos soldes et de l'établissement.

Car tu lui en veux un peu au gérant. Tu n'as pas compris pourquoi il s'est volatilisé soudainement sans même une lettre ni un mot. Tu pensais l'avoir connu un peu mieux que ça. Mais tu sais combien les hommes sont doués pour disparaître et tu avais fini par laisser couler jusqu'à ce que Flavien soit remis sur le tapis d'un entretien particulièrement désagréable. Les hormones ne t'aident pas, Axelle est furieuse, Justin semble aussi intransigeant que son épouse et on vient encore te parler de ce gérant déserteur, voilà qui avait de quoi te mettre les nerfs en pelotes !

    -Que vos Grâces me pardonnent si je pose à nouveau une question mais, pourquoi parle-t-on de Flavien ?

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Bakhtan
Son regard se pose sur Axelle, elle prend directement la parole, elle ne semble pas commode la manouche pour le coup, cette histoire de polichinelle dans le tiroir en plus... Il se souvient de quelques bribes de conversations entre les époux, mais ne se souvient plus du lien entre les deux femmes.

Pas qu'il est lâche, mais pour le coup, il préfère laisser faire son épouse. Une courtisane mariée, voilà qui n'est pas banal, à moins que le mari soit un cocu heureux de ne pas avoir à faire son devoir conjugal.

Il regarde Gysèle et l'imagine le ventre rond, prend seulement conscience que ça va faire tâche à l'Aphrodite, dés que ça va se voir il va falloir l'écarter. Ce n'est pas vraiment une bonne publicité que de mettre sous le nez des clients les risques qu'ils encourent à frapper à cette porte.

Elle avait invité Gysèle à leur mariage? Voilà qui aurait pu tuer Germaine s'il avait passé au crible la liste des invités. A l'idée, un sourire se dessine sur ses lèvres. Et il doit se retenir de ne pas éclater de rire quand il l'entend reprendre à son compte, ses questions, tout du moins la façon détournée de grappiller l'air de rien des informations.

Et là, il rebondit, daigne ouvrir la bouche.


Les chiens ne font pas des chats! Si l'enfant est du gérant, vous avez conscience, que cela, va se voir?

Il ne sait pas pourquoi, mais il n'a pas envie de se montrer commode avec Gysèle, sans doute car il en sa claque de tourner en rond, et de ne rien apprendre de plus sur la disparition du gérant et de voir Axelle courroucée, n'aide pas à la sérénité.

Flavien nous a laissé son carnet, celui dans lequel, il consigne un peu tout, vos gages justement, et il me semble que vous nous êtes apparemment plus redevable que l'inverse. Je peux également lire son emploi du temps dans ce carnet, et j'ai pu constater que quelques semaines après l'ouverture de l'établissement, il vous rencontrait ponctuellement, à intervalle régulier!

Curieux, qu'il n'ai pas fais ça avec vos collègues, si vous pouviez m'expliquer ce que vous faisiez ou complotiez avec lui?

De plus, j'ai pu lire quelques annotations de sa part à votre sujet peu flatteuses! Comme s'il ne voulait pas vous garder parmi nous, peut-être savait il déjà pour...


Montre de la main son ventre, avec un visage fermé, bien décidé de mettre aux abois la courtisane afin de tirer d'elle plus d'informations qu'avec ceux qui l'ont précédée.
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Gysele
C'est ta fête Gysèle et plus cet entretien avance, plus tu en prends pour ton grade. A présent, c'est Justin qui prend la relève et c'est au prix d'un effort particulièrement difficile que tu parviens à ne pas avoir l'air hébétée devant eux. Tout ça ? Tu encaisses et tentes d'assimiler tout ce que le Big Boss vient de te balancer et tu ne parviens pas à refréner une crispation de tes doigts sur l'accoudoir de ton fauteuil. Tu commences à avoir des fourmis dans les jambes, signe de ton soudain désir de te barrer. Pourtant, une enclume semble posée sur tes cuisses et tu restes là, particulièrement silencieuse, enfoncée dans ton assise.

Tu ne te rappelles pas avoir jamais été redevable à l'Aphrodite. De une parce que dès ta rencontre avec Axelle tu avais mis les choses au clair en disant ne pas vouloir t'endetter. De deux, tu t'étais évertuée à ne pas consommer plus que le strict nécessaire et de trois, tu es travailleuse et tu n'as jamais fait ta capricieuse quant aux clients alors que tu aurais pu. Toi qui pensais être bien considérée, toi qui t'imaginais voir tes efforts en terme de comportement et de tenue récompensés, te voilà complètement abasourdie en découvrant que non seulement on veut te faire croire que tu as vendu ton corps pour que dalle, mais qu'en plus... d'après ton cher Flavien, tu n'étais pas un bon élément ? Ainsi donc, le métisse voulait te congédier ? Tu ne te l'étais pas imaginé alors qu'il semblait jouir de ta compagnie agréablement. Ton nez se fronce en te remémorant les propos du patron et si jusque là tu n'avais même pas envisagé la possible paternité du gérant, le réaliser en même temps que découvrir ses pensées à ton sujet avait l'effet d'une bombe dans ta caboche agacée. Un fil est d'ailleurs arraché à ton châle. C'est que tes pensées auront eu raison de ton calme physique et tandis que tu observes ce bout d'étoffe entre tes doigts, tu finis par esquisser une moue mécontente avant de redresser le minois vers eux. OK. A ton tour de te défendre.


    - Hé bien, hé bien, cette journée aura été instructive pour tout le monde on dirait ! J'vois que vous savez faire preuve de gratitude envers vos employés, peut-être devriez-vous vous proposer en galant vôtre Grâce, pour me montrer combien vous feriez mieux que moi...

Bon, tu es énervée, Gygy et tu enchaînes d'ailleurs.

    - ...Donnez-moi une seule preuve qui prouve que je vous suis redevable. Une seule et je vous accorde de me retirer ma dernière solde. Que vous ne m'aimiez pas est une chose, mais vous n'avez pas l'droit de dire que je vous dois quoi que ce soit, car jusque là, j'me suis occupée de tous vos clients et je les fais revenir aussi. J'ne dors presque pas ici, j'mange presque pas vot' nourriture et j'bois pas votre vin si il n'est pas payé par un client. Alors venez pas essayer de m'arnaquer.

Cette fois, c'est vers Axelle que tu te tournes, furieuse qu'elle laisse ces propos se faire sur ton dos.

    - P'tain je savais bien que c'était une connerie de venir ici. Les paroles n'ont plus d'valeur.

Et parce que t'en as aussi après le gérant avec qui tu pensais avoir lié davantage que vos corps en catimini, parce que tu es comme une bête blessée et acculée de toute part, tu enchaînes sur lui en te relevant pour te pencher un peu sur le bureau.

    - Votre cher Flavien m'a sautée un bon nombre d'fois si vous voulez tout savoir. Il vous dira tout de mes compétences. Et il n'est pas au courant de mon état. Je vous dis que le père est mon mari un point c'est tout. Maint'nant, si vous l'permettez je vais me retirer et faire mes affaires. Il n'est pas question que j'reste ici si ma présence n'est pas souhaitée, voyez comme j'suis arrangeante !

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Axelle
Elle ruminait, la manouche. De prime abord, pourtant, elle n'avait rien qui puisse faire penser à un bovin. Quand il arrivait qu'elle soit comparée à un animal, petit jeu ordinaire auquel elle-même s'abandonnait régulièrement avec une évidente bonne humeur, lui était tombé sur le museau la fouine, ou bien plus simplement, la bestiole. Sobriquet qu'elle avait trimballé dans ses bagages jusqu'à son départ d'Embrun. Aujourd'hui, si les fouines, belettes, ou autres mustélidés avaient quitté son bestiaire personnel, elle avait parfois tout d'une chatte, ronronnant tout contre le torse de Justin, ou, nouveauté toute fraîche, dragon. Pourtant en cet instant, elle était vache, jusque dans le regard. Alors, elle ruminait, oui, en grinçant des dents.

Mais si elle se hérissait à l'ingratitude de Gysèle qui, après l'avoir dédaignée, crachait maintenant sur cette main tendue des mois auparavant, elle grinça à l'insolence que la rousse vomit sur son époux. Si la manouche était irascible, soupe au lait et intransigeante, elle finissait toujours plus ou moins à s’accommoder et oublier les remarques désagréables qui pouvaient lui être adressées. Mais il en allait tout différemment dès lors que l'on cherchait à piquer ceux qu'elle aimait.

Ses doigts blanchirent sur la soie écarlate qu'elle froissa d'une poigne mauvaise, refrénant difficilement l'envie de gifler l'insolente donzelle, ne trouvant un semblant de repos que dans la pensée qu'il ne servait à rien de se salir les mains sur une joue qui, malgré les espoirs placés en elle, ne finirait que comme elle était née. Putain dans les bas quartiers de Paris. Naïve qu'elle avait été de vouloir voir dans ce visage autre chose qu'une réalité pourtant évidente.

Elle n'avait qu'envie de la voir disparaître, emportant dans son sillage les confidences et les moments joyeux. La voir disparaître, oui, mais pas n'importe comment. Qui de Gysèle ou de Flavien avait raison dans cette histoire de dettes ? Si la gitane ne plaçait plus la moindre confiance entre les mains de la rouquine, elle n'en plaçait guère plus dans celles du gérant qui avait disparu dans un claquement de doigts. Mais finalement, elle se moquait pas mal de savoir lequel des deux était de bonne foi. D'autant plus qu'en l'absence du gérant, il était impossible d'avoir le fin mot de l'histoire. Elle voulait voir Gysèle partir, vite. Vite au point de refuser de s'enliser dans des discussions stériles , mais surtout sans que l'Aphrodite n'ait à pâtir des pleurnicheries d'une catin, que celles-ci soit justifiées ou mensongères. Aussi, d'une voix toute travaillée à être blanche, annonça-t-elle sur un ton qui n'admettait pas de discussion.


Baste. Je payerai vos dettes envers l'établissement, vous aurez votre solde complète.


Et sans en dire davantage, la chose étant entendue, retourna à la fenêtre, son regard plongé dans la rue à présent vide signifiant que pour elle, l'entretien était clos.
Bakhtan
Justin de se retenir d'éclater de rire, on aura tout vu, une courtisane qui propose à un duc d'endosser le rôle de courtisan. C'est qu'il n'est pas duc par le hasard de sa naissance, bien qu'issu d'une bonne famille, il ne doit rien à personne, son titre, c'est à lui seul qu'il le doit.

Et pour lui, l'Aphrodite pour une fille comme elle, c'est une chance inespérée. Certes son physique aura été en grande partie son sésame pour entrer dans la maison, mais quand on est dans ce qui se fait de mieux à Paris, qu'on vient de nulle part, encore faut-il savoir y rester.

Et à ce stade de l'entretient, la Gysèle, pour lui, manque d'intelligence. Même si quand on parle de son ardoise, elle sort les griffes, la bougresse.

Ce n'est pas qu'il regarde à quelques écus, mais pourquoi Flavien, s'il l'avait vraiment troussée comme elle semble le clamer, n'a pas plutôt minimiser son ardoise. sarcastique, il reprend la parole.


Il faudrait que nous mettions la main sur notre gérant sauteur pour pouvoir, d'un l'informer qu'une de ses courtisanes attend famille, et de deux qu'elle conteste son cahier de comptes. Mais comme nous ne sommes pas dans le besoin, et qu'il est hors de question que tu débourses quoi que ce soit Axelle. Nous mettrons de côté cette dette.

Afin qu'on ne dise pas que nous sommes des ingrats, et que nous vous avons jeté à la rue avec votre rejeton à venir, bien que nous ne puissions pas vous garder ici, vu votre état qui pourrait faire fuir pas mal de clients. C'est bien connu, si les messieurs aiment à planter des graines, ils n'aiment pas qu'on leur rappelle certains désagréments qui en découlent.

Que l'enfant soit de Flavien ou non, si vous voulez le confier à des religieux dés sa naissance, nous paierons sa pension. Et si il devait être de lui, je le prendrai comme neveu, qu'il ait des chances de s'en sortir plus tard.


Il faudra qu'il explique à Axelle le pourquoi de cette proposition d'être le parrain d'un rejeton de Flavien car, bien que métisse, il n'en est pas moins son demi frère.

Avez-vous un endroit ou attendre votre délivrance? Sinon, je sais que ma mère dans ses bonnes œuvres pourra vous aider et vous diriger vers des gens de confiance. C'est je pense tout ce que nous pouvons faire pour vous.

Ouvrant le tiroir de son bureau, il en sort une petite bourse qu'il jette en face de Gysèle.

Prenez cela. Ca pourra vous être utile et c'est en quelque sorte vos gages. Si vous croisez maître Lucas, dans votre déménagement, dites lui que nous aimerions le voir.
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Gysele
La déception est immense, mais l'humiliation l'est plus encore. Fière Gysèle, tu ne comprends ni la réaction d'Axelle, ni cet acharnement des deux à faire de toi une fille ingrate et endettée. Oui, tu sais que tu as un sale caractère, que tu ne réfléchis pas toujours avant de parler, que parfois tu es impulsive et maladroite, mais jamais tu n'as été retorse ou manipulatrice, ni envers tes amis, ni envers tes employeurs. L'Aphrodite t'avait accueillie, oui et tu t'étais efforcée d'en être digne, d'en parler avec fierté et grand bien autour de toi. D'y faire venir des clients et à tous ceux qui le demandaient, tu répondais qu'une belle âme t'avait aidée à y entrer.

Un pincement te titille le palpitant, car cette situation actuelle est en partie de la faute de Flavien. Lui qui disparaît sans laisser de traces et qui a visiblement menti sur bien des sujets. Tu te repasses en mémoire vos entrevues, tu te souviens du carnet qu'il tenait, mais tu ignorais qu'il y mettait de mauvais points à ton sujet. Jusque là tu t'étais inquiétée pour lui, tu craignais qu'il lui soit arrivé quelque chose de mauvais, même si ton orgueil te poussait à jouer les méprisantes. Il t'avait promis tant de choses, tu devais être l'actrice principale de l'Aphrodite, il avait joué de ton ambition et aujourd'hui à trop remuer le passé, il n'y a que les saletés qui en remontent.

Tu es loin du rôle principal, Gygy. Tu es loin d'avoir gagné à ce jeu. Drapée de ton insolence, tu écoutes sans vraiment te concentrer. Ton regard finit par être interpellé par la bourse que sort Justin et le geste finit d'enfoncer le clou dans ton ego. Tu attrapes l'objet, le soupèses d'un geste expert et finis par articuler d'une voix amère.


    - Merci pour votre générosité, vos grâces.

L'ironie est à peine masquée. Tu es soudain très lasse et tu refuses de répondre à tout ce qui t'a été demandé avant. Tu ne laisseras personne s'occuper de toi en dehors de ta famille et de ton époux. On oublie trop souvent que même une catin peut avoir une âme et une fierté.

    - Je n'aurai pas besoin de votre aide. J'peux me débrouiller.

Tu reposes la bourse à contrecœur. Sûrement la regretteras-tu dans quelques heures. Et sans plus un regard vers les patrons, la putain blessée que tu es sort de la pièce, enveloppée d'une carapace d'insolence et de mépris. Tu rejoins le couloir qui mène aux chambres et, en passant devant celle de Lucas, tu viens y coller l'oreille comme pour t'assurer qu'il s'y trouve. Puis, croyant avoir entendu un bruissement, tu viens y toquer trois fois. Tu es contrariée et tu peines à moduler ta voix quand tu te mets à parler.

    - Lucas ? Tu es là ?

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Lucas.

Une goutte d’eau retomba dans le bain du Maître. La tête en arrière, les yeux fermés, Lucas Dentraigues profitait d’un instant de détente. Quelques heures auparavant, il avait fait part à Justine, la petite femme de chambre rousse de l’Aphrodite, de son désir de se prélasser dans l’eau, de détendre ce corps dont il abusait parfois. Si le Menu Dentraigues comportait une offre de massages, le galant n’avait pas encore trouvé icelieu celle qui pouvait lui rendre la pareille? Rose? S’il avait demandé à la florale de détendre les muscles de son corps, nul doute que toute trace de relaxation se serait liquéfiée sur la table de massage pour faire place à l’indécence d’un partage d’expérience entre galants.

Justine lui avait alors proposé de se rendre aux étuves mais Le Maître avait mis en branle l’arrogance de son côté « J’abuse et je le sais mais je suis Lucas Dentraigues ». La petite soubrette se chargea donc de faire monter les seaux d’eau chaude dans la chambre du Maître, remplir ce bain dont le galant utilisait avec certaines des dames qui requéraient ses services. Oui, le galant recevait dans sa chambre. Il réservait ce privilège à un petit groupe d’entr’elles. Entrer dans la chambre du Maitre était un privilège, n’avoir pas besoin de frapper était une hérésie pour toute…ou presque.

Les remous de son corps dans l’eau parfumée délivraient une symphonie agréable à ses oreilles. Le parisien aimait la sensualité de l’eau. Elle pouvait tout aussi bien lui inspirer une profonde relaxation comme en l’instant présent qu’un éveil des sens du côté « Maître » de sa personne. Le petit ruban de velours noir qui maintenait habituellement ses cheveux noués en catogan trainait à quelques pas de là sur le sol. Des flaques d’eau s’était formées sur la céramique au sol lorsqu’il était venu chercher quelques gouttes d’une fragrance composée pour lui à la Lyre d’Eurydice. Il les avait ajoutées dans son eau pour contribuer, par leur arôme, à ce moment de détente. En cet instant, il était comme le lion d’Afrique qui se faisait dorer au soleil: arrogant, imposant, sur de lui et pouvant s’offrir un moment de paresse parce qu’il le méritait bien.

Un verre de Figeac dans la dextre, une pipe délivrant ses perfides volutes de fumée de l’autre, trois petits coups à la porte frappés vinrent sortir le Maître de sa léthargie. Décidément, Justine pouvait se montrer d’une insolence sans nom par son insistance. Si cela se poursuivait, Lucas n’aurait pas d’autre choix que de demander son renvoi. Enfin…lorsque Flav referait surface. le Dentraigues était d’un naturel prudent en règle général et le directeur de l’Aphrodite avait réussi à gagner sa confiance: pour l’amener ici, pour pousser plus loin leur collaboration. Le Maître s’était-il fourvoyé? L’homme l’avait-il dupé? Si oui, il faudrait qu’il remédie à la situation, d’une façon ou d’une autre, quitte même à payer la Comtesse pour cela. Après tout, une nuit fort plaisante n’était pas un prix cher payé pour revoir son investissement. Les pensées du Maître se rembobinèrent alors en arrière: investissement, Flav, Justine, coups à la porte. La voix qui suivit le détrompa. Non, ce n’était pas Justine. La soubrette ne se serait pas permise de l’appeler par son prénom. Cette voix lui était familière et pourtant il mit un moment avant de mettre un visage sur celle-ci. Gysèle? Que venait-elle faire ici? La galante aux cheveux roux n’était pourtant pas de celles qui le visitait. Quand au tutoiement, il irrita son oreille et lui fit avaler la gorgée de vin qu’il avait en bouche. Oui, il piquait. Un peu. Il manquait d’un peu de corps.


- Gysèle?

Des ondes concentriques se formèrent à la surface de l’eau laiteuse et savonneuse. Le Maître porta son verre de cristal à ses lèvres, tira deux fois sur sa pipe. Le halo de fumée se dissipait alors qu’il répondit:

- Soyez la bienvenue. La porte est ouverte.

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