Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Je suis Camille, au cœur brûlé.

Don.
Ses paroles


"Consacrer mon existence au soulagement des âmes, et aussi, des corps souffrants. Avec... Avec désintéressement.
Je marche dans la lumière du seigneur. Ni l'âge, ni la maladie ne m'arrêteront.
Je ne peux que me dévouer, sang et eau. Chair et cœur. Mais mon esprit lui, ne vous tolère plus. Il ne tolère plus."



Une main tremble, elle se pose délicatement sur la pierre face à elle bravant la rigueur du temps. Les rigueurs intérieures. Ici, il n'y a plus qu'elle et la matière. Et ce souffle, latent. Ses yeux pourraient être hagards, perdus, il n'en est rien, il faut voir pour le croire. Elle doit voir, pour s'y croire.

Elles n'ont laissé à la pauvre femme qu'une chemise de nuit, simple, sans cordons. Que pensaient-elles la voir faire ? Attenter à ses jours ? Mais pourtant, c'est bien la nuit que délires et pleurs jaillissent sans prévenir, pas là, pas maintenant, pas si vite.
Au milieu des geignements, des cris et des plaintes subsistent toujours l'essence des autres. Chaque paroi transpire, mais reste droite. Que disait donc sa belle Bretagne ? Que souillure n'était guère tolérée, que la mort était préférable. C'était faux, Dôn l'avait toujours certifié. Il faut survivre à l'appel des trombes, du déluge qu'importe si la corruption vous considère.

Fissures, brèches du mur sont caressées. La grande absente se fait attendre, lumière ne peut réverbérer. Le contre-jour n'existe plus, sans son autre pour contrebalancer.
Ses ongles s'imprègnent, cloison poreuse ne peut que subir les assauts incessants d'une attaque calculée. Dôn griffe, lacère, érafle frénétiquement. Sa tête est vide, il y a de grandes chances pour qu'ici, elle le demeure.


décolorées.


"Niobide, je n'ai plus rien à cacher, l'organe enserré se voit visé, il saigne. Se consume.
Je suis Camille, au cœur brûlé."

_________________
Archibald_ravier
[9 juin]

Allez vous faire foutre !

Il marche à grande enjambées dans le cloitre, une sœur sur les talons, une autre glapissant qu'elle va chercher la Mère supérieure immédiatement.


Qu'elle aille se faire foutre aussi !

Ça couine et ça piaille derrière lui, mais il s'en fout. Il s'en contrefout, et tout le monde peut bien aller se faire foutre. Il marche et il cherche.

C'est ici sa cellule ? Non ?


Il secoue une porte close, puis une autre. Pivote sur ses talons, ivre de colère.


Elle est où, bordel ?

Pour un peu, il secouerait aussi la sœur.

Je m'en contrecarre de c'que Monseigneur a dit. Qu'il aille se faire foutre avec la Mère ! Dana ! DANAAAAAA !
_________________
Don.
Neuvième jour du mois de juin. Visite d'Archibald.



Il faut sourire. Il faut sourire c'est mieux pour oublier la grimace. Est-ce une grimace là ? Non non ! Vois, je ne fais que sourire ! Il m'est bon de sourire au miroir, il m'est bon de rire, les dents bien en avant.

Mutin, le visage pâle fait toujours face à ce mur lacéré d'il y a deux jours. Mimiques d'enfant sont empruntées, quand devant la paroi Dôn s'enchante et sourit sans arrêt. Il n'y a pas plus fou que d'enfermer une âme prête à s'envoler. l'Oiseau est en cage, et s'y colore des barres dorées.

Je te dis que tu es très jolie ainsi. Pourquoi s'entêter à vouloir blondir, blanchir, délaver ! Voilà ce que tu fais, Dana tu délaves ! Et que va t'il rester ? Aquarelle d'humeurs, délayer c'est tuer ! Cesse de tuer !

Manchote active son ablation, à coups de moignon sa chevelure est repoussée en arrière. Sans coiffeuse, elle improvise et s'imagine assise devant son reflet. Il semble flatteur tant elle étire ses lippes. Pourtant, rien n'est vrai. Si stature reste la même, l'allure fait peur. Mèches brunes sont en désordre et diffuse une image bâclée de ce qu'est la véritable Kerdraon.
Soudain, la silhouette se redresse. Un son lui revient, elle n'a rien perdu des souvenirs qu'ils soient lointains ou proches. Ravier. Ravier !

Danaaaaaaaa... Danaaaaa. Haaa... Dana.

Le nez déjà naturellement épaté vient se fondre contre la porte. Ecrasé il lui permet ainsi, d'approcher au mieux ses deux bleus. Billes s'ouvrent vers l'extérieur, grâce à cette petite trappe située presque au sommet de la lourde. Le bois est épais, et l'escalade impossible, mais sur la pointe des deux pieds, il est simple d'atteindre ne serait-ce qu'un peu de vision salutaire. Si cette cellule n'a pas de barreaux, tout est prévu pour que la séquestration y soit totale, tant que même par la minuscule ouverture, on ne peut y faufiler que trois doigts. Ce qu'elle fait.

Ils s'agitent et invitent le perturbateur à s'approcher.

Danaaaa, Dana est là !

Cette dernière se met à rire, d'un éclat franc. Pourtant la voix qui s'en suit n'est que cynisme et rancoeur.

Oui. Danaaaa, Danaaaaa. Celle qu'on emporte avec soi, pour mieux lui dire d'aller se faire foutre.
Va t'faire foutre Dana, va t'faire foutre ! Ouais ! Va t'faire foutre !

La danse des phalanges continue, la voix repousse mais le corps appelle.
Ravier, je suis là.

_________________
Theodrik
Dimanche 10 juin.


Le jour du repos n'en promet aucun. Depuis deux jours, Brynjar avait été confié à Thomas, pour son propre bien. Et Théo avait beau se répéter qu'il n'y avait là que bon sens, il n'en avait pas moins envie de revenir sur ses pas et de récupérer son unique et vénéré rejeton. Il n'avait aucune idée de l'état dans lequel il retrouverait son épouse et seul le risque de blesser son fils suffisait à l'en tenir éloigné. Dans sa poigne, il fit tourner la clef confiée par Nicolas tout le long du trajet jusqu'à la piaule indiquée par le Montfort. Il n'en franchit pas la porte, s'y arrêta. Le long couloir semblait mener au plus terrible de ses cauchemars : un monde où Dana ne serait plus là, où Dana ne serait plus Dana. Il ne pouvait pour autant plus se planquer derrière l'illusion qu'encore elle était partie, et qu'elle reviendrait, qu'ils butineraient avant la prochaine dispute insensée.

Il avait la clef, c'était sa femme, et pourtant, il hésita.


Dukke ? Je vais ouvrir. Je vais entrer, ça n'est que moi.
_________________
Don.
Dixième jour du mois de juin, Théodrik.


Un. Un. Deux.
Il y a deux pas. Encore trois. Viens. Avance.

L'obscurité vous pousse à développer vos sens. Si celui de l'odorat l'était naturellement, l'ouïe nécessitait quelques entraînements. En si peu de temps, il lui avait été pourtant simple d'apprendre à détecter qui venait en approche, et à quelle cadence. Nicolas semblait léviter, il avançait timidement, comme si venir la visiter était un supplice à repousser. Salomon, lui, n'avait pas le droit d'entrer, mais fidèle à son sens de la désobéissance il traînait souvent derrière la porte et chantait pour le bon plaisir de sa génitrice. Chaque peton s'annonçait guilleret, car par chance cet enfant n'avait rien hérité de la mélancolie, responsable des malheurs actuels. Frère Grégoire, venait quant à lui, proposer à boire, du vin plus précisément. Que pouvait-elle faire de mieux, que boire ? Boire à s'en noyer l'esprit.
Aujourd'hui, Grégoire n'était pas venu, et les pas venaient là, sans qu'elle ne puisse déterminer qui s'approchait, et ce qu'on pouvait bien lui vouloir. Jusqu'à cette voix.

D'abord, elle ne répond pas. La honte la submerge. Ses membres sont aussi cotonneux que les nuages imposés à sa tête. Sa bouche se met à trembler et le silence s'impose quelques instants. Ils sont brefs heureusement, et bien vite elle tente de se ressaisir.
A chacune de leur rencontre, Dôn panique. Elle panique, et ne sait quels mots utiliser. Parfois, il lui arrivait même de retenir quelques larmes, quand à l'angle d'une rue elle apercevait son homme, la peur de le décevoir par les mots empruntés lui tenait les entrailles. C'était terrible.
Aujourd'hui, cette peur est décuplée. En plus de n'avoir rien à lui dire, rien à expliquer, elle n'était pas présentable. Il était difficile de l'estimer jolie, tant son aspect était négligé. Sa perte de poids dévoilait aux yeux observateurs, combien sa grossesse serait complexe à mener. Là, salie et sans artifices inutile de vouloir tricher. Il ne pourrait qu'avoir peur et la trouver hideuse.


Une fois la porte ouverte, il ne vous faudra plus que trois nouveaux pas, pour m'atteindre.
Je ne bouge pas.


Elle ne bouge pas. Elle n'ose plus et reste prostrée au sol, contre le mur opposé à l'entrée. Sa senestre, encore abîmée par le sort infligé à la caillasse dès le premier jour, vient balayer quelques poussières imaginaires, espérant voir son époux s'agenouiller à ses côtés. Quel autre choix s'offrait à lui de toute façon ? Aucun meuble n'était à proposer, pour qu'à défaut de l'esprit, le corps se repose.
_________________
Archibald_ravier
[Neuvième jour de juin. Corps à corps sur porte close]


Et l'huis de recevoir un autre corps, de plein fouet, de l'autre côté.

Dana !


Il secoue la poignée, qu'il sait pourtant verrouillée. Et saisit les trois phalanges, là, toute colère brusquement envolée.

Je suis là, marraine.

Il les caresse, les trois phalanges. Il les baiserait, s'il ne craignait de passer pour un soupirant à éconduire.
A la place, il se tourne vers la sœur qui l'a suivi, s'étonnant de la trouver encore là sur ses pas.


Alors ma sœur, elle arrive avec la clé, votre Mère Supérieure, ou elle a vraiment été se faire foutre avec Monseigneur ?

Puis il se hisse sur la pointe des pieds, glisse un regard là où s'agitent les trois preuves que sa marraine est encore en vie, à défaut d'être vivante.


Et puis, vous, si votre mari vous avait foutue un peu plus, on en serait ptet pas là.

Archibald, précurseur dans l'invention du concept sur l'hystérie féminine.

Appuyé de tout son corps au bois de l'huis, il récite mentalement son credo, fait appel à Dieu, à tous les saints qu'il connait, pour que la mère sup se radine assez vite avec sa putain de clé.
Parce que sinon, il se sentait capable de revenir avec n'importe quel outil de fer assez lourd pour dégonder la porte et entrer.
Il avait besoin de la voir. En entier. Maintenant.


Clé. Maintenant, ma sœur !

_________________
Don.
Neuvième jour du mois de juin. Visite d'Archibald.
Dansons, joue contre joue.


Peau à peau qui lui permet d'étouffer quelques sanglots. Personne ne la touche ici, personne n'ose ou n'en détient l'autorisation et ça lui fait mal, tellement mal. Mais n'avait elle pas déjà trop abusé de la vie, pour avoir le droit d'être épargnée, de ne plus souffrir ? A trop forcer de portes, on en récolte une épaule démise. A trop mal aimer, on s'en écorche l'organe roi.
Il était ici, l'ami. L'était-il pour elle, l'était-il pour lui ? Essayait-il lui aussi de s'accrocher à une âme plus perdue que la sienne, avec pour seul espoir de s'en sortir vivant ? Thomas était celui là, pour elle. Folle, elle s'accrochait à lui, à l'espoir de le sauver et de s'extirper de cet enfer, par la même occasion. Mais Levrat fut sourd, les appels laissés sans réponse, ou seulement celles qu'elle n'espérait guère. Il aurait été si bon de l'entendre lui dire un simple "oui". Qu'il accepte, qu'il puisse se laisser aller à quelques sourires et permettre à Dôn d'ouvrir les yeux, et ses bras. Ce ne fut guère le cas. Cendres de lui, n'effleuraient même pas le frais minois d'une Roykness en désarroi.
A son tour, une chance lui était promise, peut-être qu'à Ravier, elle pourrait accorder le salut. Peut-être qu'il fallait prendre sur soi, ménager ses semblables et comprendre. Ou faire comprendre.


Je ne sais plus ce qu'est le bonheur d'une vie harmonieuse. Non, c'est vrai Archibald, je n'ai voulu vivre que pour moi. Égoïstement, je dois ressentir l'épouvantable afin de voir le beau, surmonter, survivre. Jamais je ne peux me contenter de vivre, dans la logique et le réalisme. Pourquoi dois-je me confronter à tout ça ? Vous savez Archibald ? C'est la même raison qui vous pousse à venir me voir, n'est-ce pas ? Vous ne savez plus vivre sans Isaure, vous errez, vous êtes en perdition. Vous ne pouvez pas vous résoudre à prendre cette vie, qu'elle vous offre sans votre accord. Je suis le maillon. Je suis le lien. Mais il est rompu, il a déjà cédé.

Elle rit. Elle rit parce qu'en plus de se lancer dans un aparté totalement indigeste, elle croit en ce qu'elle déverse et cette révélation personnelle semble la réjouir.

Oui ! Archibald ! La clef il nous faut la clef ! Et ensuite, nous attendrons votre providence. La mienne fut un leurre évident. La votre se fait encore attendre. Trouvez la clef !
_________________
Archibald_ravier
Neuvième jour de Juin. Oh, putain !


Une gifle.
Cela le frappe de plein fouet.
Elle est folle.
Bon Dieu, elle est vraiment folle.

Il s'accroche, pourtant, éperdument. A ces trois bouts de doigts qui dépassent la frontière ténue entre la folie, et dehors. Entre la folie, et lui.

Je me contrefous d'Isaure, Marraine. Elle va mieux. Elle ne va pas mourir au cas où ça vous intéresse.

Il repousse les doigts, pourtant, sans les lâcher. Il repousse et se hisse.
A son tour de jeter un œil à l'intérieur de la cellule. A la recluse.


Et bah, c'est pas ben gai chez vous !

Et Nicolas pensait vraiment la guérir de la folie en la laissant seule là dedans ?
Il n'y avait qu'à la voir, seule, échevelée, flétrie, meurtrie. Fallait vraiment être con pour espérer guérir les gens en les enfermant là dedans.

Il recula d'un pas, et se tourna vers la sœur, toujours là.


Donc, la clé, j'peux me la carrer profond, c'est ça ? Vous pouvez être certaine qu'Monseigneur en entendra parler !

Il devait avoir l'air vraiment menaçant, parce que la nonne finit par pousser un petit glapissement étouffé et déguerpit.

Merde.

Il prit le temps de se composer un sourire, et se tourna de nouveau vers l'huis clos, et le regard qu'il croyait deviner, tout en haut.


J'crois que c'est cuit pour la clé aujourd'hui, Marraine. Mais j'reviens très vite, pas demain, mais lundi, ou mardi, et j'aurais une brosse et de quoi vous natter les cheveux ! On peut pas vous laisser comme ça, vous r'semblez à rien !


Il se hisse à nouveau, se plaque et observe par l'interstice.

C'est une promesse, marraine !


Et de tourner les talons, pour s'enfuir. Lâche.
_________________
Don.
Neuvième jour du mois de juin. Visite d'Archibald.
Joue contre... Bois.








Une gifle.
La jugulaire est frappée, coupée par le souffle s'absentant.
Il se tire. Il se tire, oui. Là, après l'avoir touchée, presque embrassée. Il se tire. Il ose fuir alors qu'elle vivait à nouveau, en ces quelques attouchements simples, doux, tendres et pourtant bercés par les tourments.
Elle encaisse, et entend seulement ce qu'elle souhaite entendre. Bribes de phrases.

Isaure va mieux.
Merde.
Je reviens très vite.
Promesses.

Qui croyait encore aux promesses ? Même Thomas avait oublié à quoi elles pouvaient bien servir. Personne ne sait tenir serment, personne n'est fait pour s'y lier. On y cède, seulement, lors de quelques instants de sérénité ou de transe mal assumée. On aime, on jure et puis on s'écorche.
Il vient, caresse et se barre.
Il embrasse, jure, et disparaît.
Il t'aime, puis crache.
La fin est toujours la même, sauf pour les personnages d'un conte ou d'un roman. Ils osent. Le courage accueille et embrasse ceux qui s'accordent un accomplissement audacieux.


Cours Archibald ! C'est ça ! Casse-toi ! Je n'ai pas besoin de toi ! Je n'ai besoin de personne ! PERSONNE !

Le corps se laisse choir, la main chute avec lui, glissant en accord avec une joue souillée de larmes, contre l'huis abandonnée d'un Ravier trop peureux pour continuer l'affrontement.
Elle pleure. Celle qui jamais ne veut céder aux larmes. Qui était parvenu à faire cela ? Théodrik en malmenant son palpitant. Gwilherm en crevant. C'est tout.

Aujourd'hui, les pertes n'arrachent plus rien, c'est seulement la déraison qui s'en mêle. S'emmêle, et entraîne avec elle, l'eau salée de quelques paupières désormais closes.


Gwilherm... Gwilherm ?
Mon fantôme. Brizh.






Brizh : Esprit égaré.

_________________
L_aconit




11 juin.


- Une visite pour votre sœur.
- Personne. Je ne veux personne. Dana a déjà reçu de la visite ces deux derniers jours. Elle n'en a été que plus nerveuse.
- Dois-je donner une autre explication?


La main se fige sur le vélin que le religieux noircit depuis près d'une heure. Lèvres se crispent, la nuque se tend. Colère revient se loger sous le palais, elle qui, soigneusement nichée dans le coeur, s'evertue pourtant à se faire petite.



- Dites-lui d'aller se faire..
- monseigneur !
- ...
- Je... Je vais reconduire le visiteur.
- C'est ça. Faites donc. Et que personne ne visite Dana sous trois jours. Au moins. même Archibald. Et Théodrik. Surtout Théodrik. Criez à la garde épiscopale et qu'on le foute aux fers s'il s'essaye.


Il leur avait donné une clef. Geste coûteux pour le jeune évêque gardant solidement la frénésie sossorale sous clef depuis sa dernière crise de démence. Regrettait-il ce don? Absolument. Chaque jour, chaque heure, Nicolas songeait à changer sa tendre et tempétueuse moitié de cellule. Le couvent, bien que bien gardé par les soeurs, n'était pas à l'épreuve des ires, des regrets, des gestes irréfléchis de ceux qui n'y demeuraient pas prisonniers. Si Dana semblait, au contraire de guérir, cultiver sa folie, les visiteurs donnaient l'assaut par trop fréquemment pour espérer un repos véritable.

Les rituels étaient toujours les mêmes. Trois fois par jour, Nicolas se rendait au couvent, près de l'église. Une fois à l'aube, après ses prières, toutes tournées vers cette soeur égarée depuis près d'un mois, le frère cadet apportait à la recluse ses courriers, soigneusement lus, vérifiés. Tous courriers jugés sensibles, prompts à réveiller les tourments de la jeune femme étaient renvoyés sans état d'âme à l'expéditeur. Brûlés parfois.

Lorsque le soleil atteignait le zénith, Faust retournait porter à Dôn sa soupe, son pain, et prier avec elle, lorsqu'elle l'acceptait. Il gardait ce moment pour vérifier sa santé physique, lui administrer les drogues et potions visant à calmer le feu de son esprit, à forcir sa santé et celle de l'enfant qu'elle portait. S'il était jeune, Faust était néanmoins un érudit confirmé qui excellait dans l'art de la botanique et de l'apothicairerie. Ses cours dispensés à l'Ostel Dieu attiraient de plus en plus de jeunes gens, prêts à étudier à ses côtés pour soigner plus tard les souffreteux des campagnes et de Paris. Chaque préparation faisait l'objet d'une application sacerdotale et fervente, dédiée uniquement à l'espoir de guérir sa soeur de sa possession.

Au soir, il revenait pour s'assurer qu'elle était couchée, que sa fièvre n'apparaissait plus, et lui apporter un godet de vin avec une écuelle de bouillon de poule au pain trempé. Dans une résignation teintée d'amertume, vidait lui-même son pot de chambre, refermait délicatement l'huis et rangeait la clef à son cou, autour d'une chaîne d'or.

Ainsi se suivaient les journées du prélat, qui n'encourageait rien qu'il n'autorise lui-même, décisionnaire de tout de par son pouvoir d'évêque et son amour inconditionnel de la souffrante Dana . A Isaure, Ordre avait été donné de mentir quelques temps, le temps qu'elle même se guérisse et sorte de sa convalescence. Le pouvoir qu’exerçaient les jeunes femmes l'une sur l'autre était trop appuyé pour être minimisé.

Geôlier et soigneur, frère et gardien, montfort en devenait irascible, colérique, renfermé, et la dureté qui le grignotait et le figeait face à ces responsabilités assombrissaient chaque jour un peu plus son solaire tempérament.

Dextre reprit le cours de ses notes au claquement de porte annonçant la sortie de la religieuse. Inlassablement, Nicolas étudiait la folie de la Kerdraon et consignait ses notes dans un journal, recoupant ses observations, échafaudant des suppositions, et raturant parfois, déchirant même d'un geste rageur des pages entières lorsqu'aux yeux bleus, marées étaient en crue. Les mots s'entassaient pêle mêle parfois, ratifiés de notes soulignées.







La conception de la folie frénétique supporte différentes facettes. Surnaturelle, elle est sensible aux facteurs extérieurs et irrationnelle. Démoniaque., la victime est jouet du démon. La possession démoniaque est avérée. Elle vole complètement l'usage de la raison en troublant l'imagination et l'appétit sensible. La possédée est "assiégée" (obsessus) c'est-à-dire envahie par l'esprit malin qui se meut en elle, y agit et y parle à son gré et transforme complètement sa personnalité. En proie à une très grande souffrance, à la fois physiologique et spirituelle, aujourd’hui elle présente un état d'extrême agitation .

Tremblements.
Acrobaties et contorsions diverses.
Cheveux ébouriffés ou en flammes ; cris,

blasphèmes ou propos incohérents.
et ce ne sont pas là des spéculations personnelles. Les observations rejoignent celles d'Arnaud de villeneuve et d'avicienne. La maladie de tête résultant d'un déséquilibre
humoral, le tempérament en conditionne les manifestations. Dana est d'une complexion colérique. Démon a insufflé la maladie, le ventricule
antérieur des passions
de l'âme, notamment la passion amoureuse et la tristesse
excessive, l'ont rendue folle. Théodrik.

    Elle a avoué .
Glissade dans le baquet. Prétexte.

Alternance visible du couple frénésie-léthargie.

La frénésie est due à un mélange de sang et de bile qui monte au cerveau et provoque
une inflammation des méninges. Les symptômes : fièvre élevée et durable, altération du pouls, décoloration des urines, rougeur du visage et des yeux, céphalées, insomnies, agitation, agressivité, hallucinations, délire. La frénésie; mouvance. "Dana est une grande marée."

prémices , trois mois.
Délire important puis "frénésie froide". la léthargie est due au flegme qui monte au cerveau. Tremblante, abattue, amnésique et délirante.

Semaine prochaine, si améliorations, promenade surveillée.

_________________

(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Don.
Treizième jour du mois de juin
• Une plume et du vélin •





Citation:
Trois heures.



Quatre heures.



Six heures.



Huit heures.



Midi.



Seize heures.



Minuit





(Toutes les écritures, lisibles :

Spoiler:
Nous devons nous leverJ'erre sans but, dans cette pièce trop petite pour réfléchir. Si j'ai toujours aimé les espaces chaleureux, et donc souvent restreints,
je dois bien admettre qu'ici, il me serait bon d'obtenir espace plus vaste.
J'ai entendu dire que les autres pouvaient avoir le droit de sortir quelques heures.
Peut-être qu'à moi aussi cela arrivera.
Que faut-il faire ? Supplier Nicolas
? Il ne m'entend pas.
Qu'importe ce que je peux claironner,
il ne pose sur moi que regards indélicats de pitié.
Est-ce qu'un jour il a su m'aimer!
Parce que si j'ai bien compris une chose ici,
c'est qu'il faut apprendre et rien n'est inné.
Il a su, ne sait peut-être plus.
Je vais lui montrer la voie, aujourd'hui j'ai en moi assez d'espoir pour cela.
Il va être temps, nous allons prier.
Nicolas s'accorde pour ne pas m'imposer les matines. Laudes sont néanmoins obligatoires, même si je n'ai pas la moindre envie de m'y plier je songe à me faire plus docile. C'est très certainement ce que l'on me demande, sans le traduire de façon claire.
Fermer les yeux et penser à la poésie m'aide grandement, je parviens même à y trouver assez de beauté pour m'y perdre complètement, à chaque mot prononcé.
C'est enfin terminé. Doué, veux-tu bien me pardonner pour avoir osé penser ailleurs ?
Il faut manger.
Je n'ai pas faim.
J'ai sans cesse l'envie de rendre, l'enfant ne bouge pas, il crèvera.
Je devrais manger.
J'entends des pas.
Un.
Deux.
Cent.
Combien sont-ils ? Que font-ils ? Je m'ennuie.
J'ai mal. J'ai faim. J'ai froid.
Je suis fatiguée...
Théodrik, venez me chercher !
Je crois que Deirdre/Noise bouge.

_________________
Archibald_ravier
[Quatorzième jour de juin]


Lâche.

Lâche il avait attendu, lâche il avait cédé devant l'évêque et sa garde. Lâche.
Mais à présent, il avait la clé.

Il avait la clé, il avait le cran.
Il avait du fil, il avait chapardé chez Isaure brosse et peigne. Il avait râlé jusqu'à ce qu'on lui fournisse une bassine d'eau tiède et un linge sec ("Quoua ? Monseigneur vient à peine de partir pour Paris et vous refusez déjà d'aider sa soeur ? Je vais lui écrire i-mé-dia-te-ment !").

Cette fois ci, il était là. Il avait la clé. Il ne partirait pas.
L'huis le terrifiait bien plus que ce qu'il trouverait à l'intérieur.

Il toqua à la porte.


Marraine ? Je vais entrer, j'ai la clé. Je viens natter vos cheveux, comme promis.

Et vous débarbouiller, parce que je suis certain que personne ne vous l'a proposé, et que j'ai promis de le faire.

Et, sortant de sa poche la lourde clé fournir par l'épiscopal-pote, il la fit jouer dans la serrure.

_________________
Don.
Quatorzième jour du mois de juin
Entre et reste là




Un son lui vient. Pénible à l'oreille, il vient l'extirper, sans surprise, d'une mélancolie apprivoisée. Bercée par les cris venant des salles attenantes, le temps n'a plus d'importance, le sable peut s'écouler, s'entasser ou même briser les parois de verre, rien ne viendra ébranler les heures discontinues et supportées par Dana.
En ce jour, elle est forte. Du moins, c'est ce qu'elle croit. Tout s'écroule lorsque enfin, elle entend sa voix.


Archibald ! Ouvrez vite ! Ouvrez vite ! Je vous en prie, dépêchez vous, a drugarez Doue*! Vous êtes là ! Je n'y croyais plus !

Inutilement, sa chevelure est ramenée en arrière, et ses joues pincées. Entre pouce et index, l'esseulée presse la chair espérant ainsi arborer un teint rose, signe de bonne santé. Le buste est bombé vers l'avant. L'Hôte de fortune inspire profondément, et se prépare à accueillir l'ami tant attendu. L'Affreuse aux mèches hirsutes, à la frange malpropre et aux pieds souillés n'ose plus bouger. Immobile, au centre de la pièce, on devine uniquement le léger mouvement de sa poitrine, indiquant qu'elle maîtrise sa respiration pour ne pas pleurer. Tout est sujet à la faire craquer, d'une sombre pensée à la visite potentiellement délétère de Ravier et pourtant elle s'accroche et ravale l'angoisse en boule située au beau milieu de sa gorge, pour respirer. Bras le long du corps, pieds liés, et menton dressé, elle est disposée à le laisser entrer. Qu'il fasse, qu'il pénètre. Vas-y Archibald...

...Je suis prête.


*Dieu merci.

_________________
Archibald_ravier
Quatorzième jour de juin


Il a le coeur battant. A tout rompre. Il a posé l'eau, le linge, son sac. Il se tient prêt. Il ne sait pas bien à quoi. Va-t-il devoir la ceinturer pour l'empêcher de fuir ? Faire face à une avalanche de coups ? A un effondrement marrainal ?

Il pousse la porte, et elle est là.


Dieu tout puissant !


En trois enjambées il traverse l'espace qui les sépare et la serre contre lui, comme une enfant.

Dana !

Et il la berce contre lui, lentement.
Oublié, le linge. Oublié, le débarbouillage, les nattes, lui rendre visage humain. En quelques instants, il oublie pourquoi il est venu. Le but qu'il s'était donné pour ne pas s'effondrer.
Oh, il se reprendra bien vite. Surement.
Mais là.
Là, il la berce contre lui, et il lutte pour que ce qu'il pense ne franchisse pas la barrière de ses lèvres closes. "Qu'on-t-il fait de vous ?"
Qu'ont-il fait d'elle, la joviale et gironde Dana ? Où est passée sa marrainadorée ? Qu'est devenue la femme de Théodrik ?
Il ne reste qu'une ombre. Amputée, mutilée de bien plus qu'une prothèse absente. Échevelée, sale, hagarde.
Il la serre contre lui, à l'étouffer.

Et derrière lui, la porte ouverte sur le soleil de juin.

_________________
Theodrik
10 juin.


Pour la première fois depuis l'accouchement, Théodrik avouerait volontiers combien la peur l'enserre. Le court silence qui fait suite à sa phrase lui coupe le souffle. Il se convainc qu’il n’y est pour rien, mais quand la permission lui est accordée et qu’il passe la lourde qui les séparait, la culpabilité lui revient comme une grande paire de gifles dans la poire. Face à lui, elle semble si petite, éclairée du rayon de lumière échappé de la porte. Elle s’est repliée et Théo voudrait se boxer lui-même la trogne quand il reste immobile. Il voudrait gerber cette attitude qui lui donne l’air de s’en foutre, quand son palpitant douille à voir les traits creusés de son épouse. Sorti de sa torpeur, il achève de deux pas de ses grandes cannes la distance les séparant. Il se baisse, réduit sa longue morphologie à une position identique à celle de Dana, près d’elle. Peut-être qu’ainsi, il aura moins peur. Peur pour elle, pour le moutard qu’a cru bon de se manifester quand rien ne tournait plus rond. Peur pour son monde, prêt à chavirer. D’un bras, il enlace la rachitique, naturellement. Elle n’a plus rien de la jeune femme qu’il a connu, qu’il a convoité, qu’il a malmené de ses maladresses et de ses absences. Il avait eu peur de ne plus l’aimer, plus autant, d’être repoussé par la folle qu’on lui dépeignait. De cette hantise, plus rien ne persistait, une fois l’épouse blottie à son épaule. Parce qu’il y a quelque chose dans ce corps, à cette tête, qui irrémédiablement lui intime le désir de la sentir contre lui. Même coiffée avec un pétard et préparée à la lépreuse de Brissel. Elle a besoin d’aimer et il a besoin d’elle. Et ça touche au divin.
Quand sa gorge se dénoue, il prend le soin d’articuler doucement, comme s’il craignait qu’un mot trop haut lui fasse perdre le semblant de lucidité qu’il croit déceler.


Vous vous rapp'lez, ce soir où j'vous ai promis d'vous tenir ? D'être le pilier et vous les branches qui nous élèvent ? Au d’là de la chance que j’avais de vous p’loter les hanches c’te fois là, j’y croyais. J’pensais pouvoir étouffer vos peurs, bouffer vos angoisses et vous scotcher d’la joie au regard.

Et il n’a pas voulu la voir au sol, sa femme. Il a plongé dans le déni quand tout semblait indiquer que son état se détériorait. Et si ç’avait été une maladie physique, il n’aurait pu s’en prendre qu’à Dieu. Mais Dieu n’avait rien à voir avec ça, et c’est dans un baquet qu’elle avait voulu se noyer.

J'ai échoué, dukke. J'ai échoué et vous l'payez. J'avais pas vu... J'avais pas vu que c'était vous, le pilier.

Il n’a pas voulu la voir sur le sol.
_________________
See the RP information <<   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)