Don.
Quatorzième jour du mois de juin
Touche-moi
Touche-moi
Tentacules amères se transforment en doux bras de mère, de père, de frère, d'amant. Qu'importe le rôle tenu par Archibald en l'instant, il est le bon. Et il est bon de le sentir contre elle. Poupée de chiffon, elle se laisse choir contre cette belle protection, il offre ce qu'elle réclame à tous depuis longtemps. Il offre l'étreinte et l'émotion. N'est-ce pas ce qu'elle désire sans cesse, "trop d'attention" ?
Bercée, les pleurs viennent et meurent contre le tissu recouvrant l'épaule du Ravier. Chemise inondée, elle se retrouve dans la peau des ascendants Maëlweg, de cette défunte dont tout le monde lui parlait, elles ne font plus qu'un et c'est là qu'elle réalise. Les choix, la folie de ces derniers et les pleurs. Succession dévénements logiques, sa vie semblait tracée. Pourrait-elle en finir de la même façon ? L'histoire du baquet n'est pas si loin. Abdomen cachait sans doute bien des secrets, mort ou naissance serait à envisager. Pelotine disparaissait sous cette étendue de rouge, Dôn portait pour l'heure les couleurs précédées par l'incident.
La senestre s'agrippe à la nuque adorée, les doigts se mêlent aux mèches brunes. Le visage lui, vient s'enfouir au col à sa portée et du bout des lèvres elle ne résiste plus. Elle baise. Elle baise cette peau, plus chaude que la sienne. Elle baise ce grain, aux effluves jalousées. Citron, ou Bergamote peut-être ? On s'y perdrait. Est-ce elle ? Cette pureté évoquée par un Alphonse dont elle n'a encore pu lire les mots couchés ? Senteur salvatrice, ainsi délivrée serait-elle la clé ? la véritable ? Troublées, les lippes s'assagissent et un bref recul est entamé. Ses bleus qui n'ont rien perdu de leur humanité, dévisagent l'assiégé, dont la stupeur devait être reine en ses pensées.
Faisceau de lumière vient trancher son échine, quand Kerdraon, au contraire se voit éblouie. Les pupilles se contractent sous l'exposition à laquelle Dôn ne s'attendait pas. Elle pourrait partir en courant, évincer son visiteur le repoussant contre un mur trop abîmé de l'avoir vu souffrir et attendre. Elle n'en fait rien, elle se contente de rester là, dans ses bras, le regard posé sur lui avant de réitérer l'enlacement malaisé.
Serre-moi, embrasse-moi, touche-moi, ne m'abandonne pas.
Mourir, elle veut mourir.
Ou vivre, plus que jamais.
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