Thyna Jour après jour, Thyna se baladait. Cétait sa façon de réfléchir, de comparer, de se tenir de longs discours pour essayer de voir clair dans ses envies, mais aussi de laisser revenir en elle le goût de la vie.
Elle avait arpenté les routes du sud depuis la Gascogne jusquau Toulousain et même si parfois elle avait été tentée de rester, chaque fois elle avait fini par repartir. Elle avait même été promener son insatisfaction en Provence.
Finalement elle avait conclu que sa terre dadoption serait le Languedoc. Oui, mais où dans le Languedoc ? Vaste province aux ambiances diverses et dont certaines pouvaient la retenir.
Depuis quelques jours, elle était à Carcassonne et elle prenait le temps de simprégner des odeurs, des bruits propres à ce lieu impressionnant. Ce quelle navait pas encore fait cétait rencontrer des gens. Ça restait difficile pour elle. Elle avait peur de sattacher, peur du regard des autres quand ils voyaient ses cheveux prématurément blanchis.
Alors, elle passait le plus clair de son temps en forêt, seule avec les oiseaux, se contentant dentendre au loin le bruit des cognées des autres bûcherons. Puis quand ses mains nen pouvaient plus de manier la hache, elle rentrait chez elle en prenant les petits chemins qui sentaient bon la noisette. (expression qui n'est pas de moi ^^) Elle prolongeait le plaisir en cueillant fleurs des champs et herbes diverses tout en marchant.
Puis un jour, ses pas lamenèrent près dun moulin un peu à lécart du village. Il était magnifique. Non loin de là, il y avait une maisonnette comme on en voyait dans les contes pour enfants. Une de ces maisons qui vous donnent envie dentrer en hiver pour vous réchauffer près de lâtre et en été pour bénéficier de la fraîcheur des murs de pierre.
Mais elle ne bougeait pas, elle restait là silencieuse tenant ses fleurs dans les mains, fascinée par la beauté des lieux, ayant une furieuse envie dapprocher ... sans oser le faire
Thyna Thyna écoutait la jeune femme, lobservait discrètement. Ses yeux étaient aussi bleus que sa chevelure frisait le rouge.
Quelques mots retinrent son attention.
Un cabinet médical
un futur cabinet médical. Ces mots lui en rappelèrent dautres. Dame Cambaba lui avait dit dans une de ses lettres, quune personne de Carcassonne se destinait à devenir médecin et quelle amassait des simples.
Se pouvait-il que par le plus grand des hasards, elle soit en présence de Xandrya ?
Mais la future médecin continuait de parler, voulant savoir si sa visiteuse involontaire se plaisait à Carcassonne, ce quelle faisait de ses plantes.
Thyna choisit de répondre dabord à la question la plus facile.
Elle baissa les yeux vers son bouquet de fleurs des champs, y plongea le nez un bref instant, revint à son interlocutrice.
Ce que je fais de ma cueillette de fleurs ? Quand jarrive dans la petite chambre que joccupe à lauberge, je les mets dans un vase mais les fleurs des champs dans un vase, ça meurt très vite et il faut les renouveler rapidement. Chaque jour je me dis que je devrais les laisser au bord des chemins pour quelles vivent plus longtemps mais chaque jour je craque en les voyant et chaque jour jen emporte un peu avec moi pour me tenir compagnie.
Thyna sourit. Cétait vrai quelle navait pour compagnie que les oiseaux et les fleurs, mais ça, elle nallait pas le dire à une inconnue. En était-elle malheureuse ? Pas forcément. Avoir de la compagnie humaine, cétait aussi avoir des peines, des chagrins, des désillusions, connaître des trahisons et tout ça pour de rares joies.
Elle ajouta
Si vous naimez pas les promenades dans la campagne, je peux cueillir pour vous et maintenant que je sais comment arriver jusquici, je viendrai les déposer sur le rebord de la fenêtre.
Maintenant quelle avait répondu à la question facile, restait celle qui létait moins. Se plaisait-elle ici ?
La jeune femme qui lui avait posé la question eut un petit rire un peu rauque. Thyna sourit
Si je me plais ici ? Je ne le sais pas encore. Jy suis venue il y a déjà quelques semaines. Pour moi cétait une étape au milieu de mes pérégrinations. Mais finalement jy suis restée plusieurs jours avant de continuer ma route. Je voulais aller voir ailleurs dans lespoir de trouver ce que je cherche.
Elle sarrêta de parler. Au fond, savait-elle elle-même ce quelle cherchait ? Sans doute voulait-elle limpossible ? Peut-être voulait-elle retrouver le passé ? ou alors voulait-elle se créer un avenir ?
Les yeux fixés sur lhorizon, elle reprit
Depuis plusieurs semaines, je marche beaucoup, je traverse des pays très différents, des villes qui ne se ressemblent pas ou qui, au contraire, se ressemblent trop. Et curieusement, mes pas mont ramenée ici
Elle sourit
Allez savoir pourquoi !
Cest alors quelle fut invitée dun signe de tête à suivre son hôtesse. Intriguée par la maisonnette, elle la suivit sans se faire prier. Lorsque la porte souvrit, au lieu davancer, elle fit un grand pas en arrière.
Une puissante odeur danis lavait prise à la gorge. Il lui fallut quelques instants avant de pouvoir entrer. Mais alors, ce fut comme si elle était entrée dans la caverne dAli Baba. Sauf que les bijoux étaient des odeurs et les écus des couleurs.
Elle resta la bouche ouverte détonnement, subjuguée par le spectacle qui soffrait à elle. Partout des plantes séchaient et offraient au regard les diverses nuances de leurs couleurs. Les sens étaient à la fête dans la petite maison. Le nez de Thyna ne savait comment faire pour identifier chacune des odeurs.
Cependant, lune delle prit le dessus
la lavande
des bouffées de souvenirs remontèrent à la surface, de même que des larmes venaient sinstaller dans le fond de sa gorge.
Pour interdire à ses émotions de passer, elle ne trouva quune seule parade
Je ne vous ai pas encore dit
je mappelle Thyna.
Thyna Xandrya
cétait bien le nom que dame Cambaba avait mentionné dans son courrier.
Thyna sourit
Oui, je verrai si ça me convient. Mais peut-être ne suis-je pas faite pour rester trop longtemps à la même place.
Elle haussa légèrement les épaules dans un geste un peu fataliste
Lavenir nous le dira.
Puis elle tendit son bouquet à Xandrya
Vous pouvez déjà avoir celles-ci, jen cueillerai dautres pour moi quand je retournerai vers la ville.
Tout en parlant, Thyna continuait à regarder les plantes avec intérêt. Elle commençait aussi à identifier dautres parfums que lanis et la lavande. Il lui sembla reconnaître du thym et du céleri.
Elle avait grande envie de sapprocher des plantes pour les humer mais elle nétait pas chez elle et elle se retint. Elle se rendit compte qu'elle se sentait bien dans la petite chaumière, là, au milieu des plantes. Cela l'interpella. Elle aurait désormais un sujet de réflexion lors de ses longues marches.
Son hôtesse venait de sasseoir sur le bord de la table qui trônait contre le mur et elle lui expliquait que le comté payait les plantes mieux quelle.
Thyna sourit
Je ne cueille pas pour gagner des écus, je cueille parce que jaime composer des bouquets, jaime assembler les couleurs des fleurs et jaime les odeurs.
Mais si vous y tenez, vous pouvez me donner de quoi acheter un morceau de viande au marché. Ça me suffira très bien
Thyna Pendant que la flamboyante était partie chercher un morceau de viande, Thyna se sentit plus libre de sapprocher des plantes. Ce quelle ne manqua pas de faire.
Elle regardait, humait, emprisonnait dans sa mémoire les nouvelles odeurs quelle découvrait. Certaines lui étaient familières mais dautres pas du tout. Certaines amenaient un sourire sur ses lèvres, dautres lui faisaient faire la grimace quand ce nétait pas carrément un pas en arrière.
Là, au milieu des plantes, elle oubliait le temps, la solitude. Elle pensa fugitivement quelle devrait se tourner vers un métier dans lequel on ne soccupait que de plantes. Mais cela existait-il seulement ?
Elle neut pas le temps daller plus loin dans son questionnement. Son hôtesse revenait avec un morceau de viande bien emballé dans un linge. Sage précaution que Thyna apprécia à sa juste valeur surtout lorsque Xandrya évoqua les loups.
Elle lui sourit
Merci beaucoup, cest gentil davoir pensé à protéger la viande. Je vais me régaler ce soir.
Elle suivit du regard la direction de lEst quon lui indiquait. Elle saperçut quil y avait là un début de sentier qui avait échappé à son attention.
Aaaahhh, très bien, merci. Comme il se fait tard, je vais aller au plus court et rentrer par là.
Elle empoigna le bout de viande, sourit à la future médicastre
Merci pour
Elle sarrêta. Comment dire à cette femme qui se tenait devant elle, ce quelle avait ressenti dans la petite chaumière ? Comment expliquer ce quon ne comprenait pas soi-même ?
Du coup, elle fit un grand geste du bras qui englobait le moulin, la maisonnette, le paysage
Pour tout ça. Je reviendrai peut-être
Elle sourit
Même si vous navez plus de viande.
Puis elle prit le chemin du retour, serrant précieusement sa viande contre elle. Ses pensées, plus gaies quà laccoutumée, avaient des envies de projets, des envies davenir tout simplement
Tom
Marchant sur ce qui semble être un chemin, il cherche la propriété où se dressera dans un futur très proche un cabinet médical. Il regarde un bâtiment imaginant déjà le cabinet médical rayonnant au milieu de cet espace verdoyant. Il prend la direction de cette propriété et une fois arrivé sur les lieux il senquiert de la présence de quelquun.
Ohé ! Il y a quelquun ?
Je cherche la propriété où un cabinet médical va ouvrir.
Il commence à faire le tour des lieux dans l'espoir de trouver âme qui vive, savoir où il se trouvait. C'est à cet instant qu'il voit inscrit en toutes lettres devant lui "Cabinet médical de Xandrya non opérationnel". Il sourit puis se dirige vers la porte. Il frappe trois fois avant d'attendre qu'on vienne lui ouvrir.
Ah ! personne
Tom retourne en ville en se disant qu'il repasserait un autre jour
Tom
A son retour en ville pour quitter son armure, un peu chaude pour la saison, Tom décida de revenir à la propriété. Il trouvait étrange que personne nétait là. Et sil était arrivé quelque chose. Quelque chose de grave !! Toutes ses pensées le rendaient de plus en plus angoissé. Empruntant le même chemin il avançait d'un pas alerte. Comme pour justifier son retour il se répétait que de toute façon une promesse est une promesse et qu'il devait la tenir. Mais en réalité c'était l'inquiétude qui le poussait à revenir aussi vite.
Tous ses voyages, ses errances lavaient bien entrainé pour soutenir une marche aussi intense. Apercevant au loin le bâtiment il se mit à marcher encore plus vite.
Pour se motiver il se mit à murmurer
Une lieue à pied ça use, ça use,
une lieue à pied ça use les chausses.
Deux lieues à pied ça use, ça use,
deux lieues à pied ça use les chausses
...
Bien que cette chansonnette fût censée être amusante, il gardait cet air inquiet qui le rongeait à l'intérieur. Lorsqu'il vit qu'il arrivait à la propriété, il s'empressa d'aller frapper à la porte de la grange et il se pencha aussitôt pour regarder à l'intérieur, sans même penser qu'il pourrait déranger. Sa seule crainte était de voir un corps inanimé sur le sol.
Sur un ton inquiet il lança
Y à quelqu'un ?
Tout va bien ?