Alphonse_tabouret
Juin 1466
LOstel-Dieu jette sur la Seine une ombre pleine, flanqué aux abords de Notre Dame, imposant aux maisons lentourant, la couleur unie des tuiles de ses bâtiments : nombreux, ceux-ci se succèdent en couloirs allongés et sil en a déjà regardé les vagues depuis les hauteurs de la cathédrale, jamais encore Tabouret na posé le pied à linstitution.
Jardin réservé à dautres et désormais serre propice aux pousses silencieuses dun arbre aux feuilles blanches, lensemble se découvre au matin de juin, à lexamen dun il curieux tout autant quattentif ; les heures délavées ont cédé leurs courbes aux noires mâchoires des anciennes amertumes, se sont heurtées aux serments écorchés et dévoilent désormais consommées, lincandescence dun ciel bleu à de rares plumes cotonneuses. Midi ne va pas tarder à sonner aux cuivres épais de la cathédrale et quelque part, Faust à ses parfaites lèvres, respire le même air que lui.
Les infirmières croisées ont tracé les derniers pas du ponton à la terre, indiquant, les mains prises par de vastes linges propres aux impeccables pliures, la file dattente des citadins ; Montfort, ce jour est aux auscultations et cest à la grappe de souffrants quil sajoute sans leur prêter attention.
Juin a des airs de janvier ; reflet au confessionnal de Saint Front, Alphonse, mains dans les poches au mur du dispensaire, abolit le temps au décompte des minutes, pampres de pensées résolument perdues à une impatience de plus en plus chahutée, à linsupportable proximité quil faut encore museler, et en découvre la délicieuse douleur à lécoute dun appétit contrarié. Dans le ventre, racines senroulent sur elles, frôlent les contreforts de poumons incapables dencore se satisfaire du simple oxygène, avides des senteurs premières, de celle de lépi, de la peau, de la bouche, et le cur agité martèle déchos le plexus dun rythme animal dont les crocs luisant transpercent un sourire à damner chaque ange égaré aux pierres ; Faust et ses bleus regardent au même horizon que lui.
Le couloir sembue dune poignée de patients qui ségrènent au bruit dun rideau que lon tire à la discrétion des consultations et des murmures inaudibles berçant le silence troublé aux dortoirs de patients déjà alités. A tendre loreille, lon peut percevoir le hoquet dune larme, une prière chuchotée plus rapidement quune autre, car si lon soigne à LOstel-Dieu, lon y implore tout autant, lon y fait les miracles comme les oraisons aux entêtants parfums des baumes et des baisers saints qui cueillent le front des condamnés dun dernier au revoir ; vie et mort sur une même plaine zèbrent chaque mur dun soupir de piété.
En ces lieux, Alphonse pourtant toujours si soucieux daccorder lhumeur à lenvironnement quil découvre, se sent charlatan, flibustier au cur tonitruant quand ceux qui lentourent se décomposent de douleurs ; au milieu des afflictions, il abrite au rigoureux grillage de ses noirs, les océaniques élans qui dévastent laorte de fleur de sel, dépices dorient, de soleil égéen.
Faust est là , sa voix vient de percer au-delà de la confidence et sature lâme dune envie aux éclats plasmatiques, feu et lave réveillés perçant la sagesse des jais dune oblique captivée.
Écume meurtrière a porté la nouvelle jusquau temple dune Gorgone cadette, et sous le voile ophidien, coulent deux larmes de ravages.
Surs morcelées à la main du marin la font dorénavant fille unique.
Surs morcelées à la main du marin la font dorénavant fille unique.
Midi crevant londe conclut une presquheure dattente et aux bruits quil perçoit, Faune étire sa silhouette en quittant lappui du mur qui le reçoit ; le froissement des vêtements, le bruit de la plume, la dernière recommandation. Dans quelques secondes, le rideau sera rabattu, délivrant de sa gueule sombre la silhouette reconnaissante de lun et la compassion première de lautre.
Dans quelques secondes, anonymat brisé déclats, quelle que soit la douleur, lon respirera.
Cinq.
Quatre.
Trois.
Deux.
Un.
Eindelijk *
So messed up I want you here
Je veux que tu perdes la tête
And in my room I want you here
Et je veux que tu sois dans ma chambre
And now we're gonna be face to face
Maintenant on va se retrouver face à face
And I'll lay right down in my favorite place
Et je vais aller me coucher dans mon coin préféré
I wanna be your dog, The Stooges
*Enfin
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