Samael.
I gotta roll, can't stand still
Je dois m'agiter, je ne peux pas rester planté
Got a flamin' heart, can't get my fill
J'ai le cur en feu, je n'arrive pas à me rassasier
Eyes that shine burnin' red
Des yeux qui luisent d'un rouge vif
Dreams of you all through my head
Des rêves de toi plein la tête (1)
Je dois m'agiter, je ne peux pas rester planté
Got a flamin' heart, can't get my fill
J'ai le cur en feu, je n'arrive pas à me rassasier
Eyes that shine burnin' red
Des yeux qui luisent d'un rouge vif
Dreams of you all through my head
Des rêves de toi plein la tête (1)
Le brouhaha ambiant accompagne brune et roux dans leur avancée en plein cur de la Cour des miracles. Le lieu commence presque à être familier, les venelles sont reconnues, certains chemins sont parcourus sans réfléchir. Les Miracles ont adopté Magdelon comme l'on ferait dun enfant abandonné, et bientôt loiselle se sentira plus chez elle que dans la ferme qui la vue grandir en Berry. Et celui qui marche à ses côtés ny est pas pour rien. Son museau se relève pour observer le fil de la mâchoire, les cheveux roux descendant le long du torse, du dos, le nez droit et les émeraudes brillantes. Ce visage, brunette a appris à laimer, à en apprécier les traits, les expressions, les tourments qui viennent le balayer lorsque son double est absent ou quand un truc ne tourne pas rond, ou plutôt carré. Car en son esprit, toute logique est contraire aux autres. De toute façon, cest ce qui lui plaît, ce qui provoque ce regard posé sur lui, bide vrillé de le savoir à ses côtés, cur serré de ce sentiment qui ne cesse de grandir en elle, de pousser comme une herbe folle.
Nonchalamment, sous la cape du roux et à labri des regards indiscrets, dans la ruelle traversée, le bras de la petite se glisse à la taille du mâle plus grand quelle. Sa main sagrippe à sa hanche, suivant les mouvements de balancier dus à leur marche. Ses billes sombres viennent chercher son regard, le captant en un sourire discret, révélant une incisive. Samaël est son opium, son radeau de survie lui permettant dappréhender la chienne de vie qui se destine à elle. Et par son regard, ce sont toutes ces pensées que brunette essaie de faire passer, alors que son corps se colle à lui pour sentir sa chaleur plus près, plus près.
All I ask for, all I pray
Tout ce que je demande dans mes prières
Steady-rollin' woman gonna come my way
C'est qu'une femme au solide déhanchement vienne à ma rencontre
Need a woman gonna hold my hand
J'ai besoin d'une femme qui me tienne la main,
Won't tell me no lies, make me a happy man
Qui ne me raconte pas de mensonges, qui fasse de moi un homme heureux
Gotta move you, now, babe, babe, move, you move
Je dois te faire bouger bébé, bouge
Push, push, babe, push, babe, push, babe
Pousse, bébé, pousse
I'm gonna get you groovin', now, gonna get you groovin', now
Je vais te faire prendre ton pied
Tout ce que je demande dans mes prières
Steady-rollin' woman gonna come my way
C'est qu'une femme au solide déhanchement vienne à ma rencontre
Need a woman gonna hold my hand
J'ai besoin d'une femme qui me tienne la main,
Won't tell me no lies, make me a happy man
Qui ne me raconte pas de mensonges, qui fasse de moi un homme heureux
Gotta move you, now, babe, babe, move, you move
Je dois te faire bouger bébé, bouge
Push, push, babe, push, babe, push, babe
Pousse, bébé, pousse
I'm gonna get you groovin', now, gonna get you groovin', now
Je vais te faire prendre ton pied
La flamboyante chevelure au vent, le regard océan en alerte, le menton relevé fièrement et le torse bombé, Rouquin effectuait un retour aux sources fier comme artaban, minette au bras, prunelles sombres fixées sur lui.
Oui Magdelon se trouvait être la première demoiselle à ne pas être traînée de force dans la piaule de Samael, à coups de pieds ou par les cheveux, non, c'est avec un regard et un sourire de c'est la mienne, ma petite à moi que fièrement il gratifiait les passants, main possessive et rassurante venant appuyer dans le dos de celle qui avait réussi contre toute attente à pénétrer dans la bulle quasi inaccessible du fol.
Fragile, elle l'était bien que décidée et volontaire, lorsqu'elle relevait son petit nez pointu comme si elle défiait la vie et ses malheurs et s'émerveillait de la dernière connerie pondue par le zig.
Certes, elle n'avait pas les courbes et la grâce des putains qu'il avait pour habitude de trousser, ni même l'arrogance et l'assurance de ces femmes de mal vie qu'il fréquentait et qui trop souvent se montraient vulgaires.
Jamais la petite ne ronchonnait ou lui reprochait son monde qui ne tournait pas rond ou lui imposait une vision des choses que son esprit rocambolesque ne pouvait analyser.
Jamais, elle ne le jugeait ou ne le contredisait dans ses théories sans queue ni tête et pour cela et leur intérêt commun pour les bestioles en tout genre, un couple de chats à marier et la mort tragique d'une araignée, Samael l'aimait.
D'un amour profond et naïf, il apprenait le désir par les sentiments, l'attente exquise et la découverte de leurs sens, non Pucelle n'était pas de celles qu'on tronche sur un coin d'une table d'un tripot mal famé.
Ses mirettes accrochèrent celles de la demoiselle et y plongèrent comme aspirées dans une spirale d'émotion que nul langage ne pouvait décrire.
Il resserra son étreinte et la pressa contre lui, rabattant sa large cape afin de la protéger du froid et de la pluie.
Brissel comme à son habitude était gris, froid et dégueulasse mais il n'en avait cure et là ou un autre pouvait être géné de trimballer sa donzelle dans un coin si minable du royaume au lieu de chercher le romantisme bucolique de la campagne, au contraire le zig était fier de partager avec elle une partie de lui, moche ou jolie, il s'en foutait, tant que la petite était heureuse.
Semblables à deux gosses, ils passèrent devant l'étalage d'un marchand et c'est d'un geste rapide et habile que Rouquin rafla un sucre de canne pour quelques pas plus tard, l'offrir à Brunette.
Tu as faim ?
Le temps se suspend lorsque les émeraudes de Samaël accrochent son regard, s'y amarrant. Étrange comme en un claquement de doigts une vie toute entière peut basculer. La jeune fille si solitaire à son arrivée en Limousin n'aurait pas cru s'amouracher ainsi, aussi profondément et viscéralement. Et pourtant, pucelle a fini par accepter ce que son cur et son corps lui crient depuis quelque temps, laissant Rouquin entrer dans sa bulle, à pas de loup. Il fait maintenant partie d'elle, entièrement, et inexorablement, la place qu'il prend grandit au plus profond de son âme. La découverte du sentiment amoureux auprès d'un être comme lui ne peut pas mieux tomber. Spontané, impulsif, aux idées décalées, tout en lui saccommode à l'oiselle qui évolue dans un monde bien à elle.
Par son étreinte, la frêle silhouette se presse à la sienne, cape les recouvrant d'une enveloppe protectrice, les plongeant tous deux dans un monde rien qu'à eux. Brunette ne perçoit même pas le geste escamoteur qui fait apparaître dans la main aimée le sucre de canne, et sa vision soudaine lui arrache un rire amusé. D'une main menue aux doigts fins et aux ongles rongés par l'angoisse perpétuelle, le présent change de propriétaire pour s'y lover. Non, pucelle n'a pas faim, n'a jamais trop faim, en témoigne son corps maigrichon que Samaël apprend à aimer, malgré ses blessures et ses marques indélébiles. Il veut la nourrir, de brioche chaude, de lait, de viande... et maintenant de sucre de canne. Et rien que son sourire désarmant l'amène à porter la friandise à ses lèvres pour y goûter.
- - J'ai...
Mais l'oiselle ne finit pas sa phrase, emportée par la bousculade qui se crée autour d'eux et qu'ils n'ont pas vue venir. Le sucre de canne vole au sol et Magdelon le suit des yeux, l'esprit s'accrochant à de menus détails qui la font rapidement se déconnecter de ce qui l'entoure. Un autre mouvement de foule l'éloigne du Rouquin, le détachant de sa chaleur rassurante, l'embarquant au milieu de la cohue qui s'est formée. Il lui semble prendre quelques coups de coudes, l'un même vient effleurer la côte qui se remet à peine après avoir été fêlée en plein de cur de Paris, plusieurs semaines auparavant. Un grognement passe ses lèvres et d'un geste sec et brusque, brunette repousse le gonze qui vient de lui ficher une chiquenaude au passage. La finesse, Magdelon ne connaît pas, et même avec des gars deux fois plus grands et beaucoup plus costauds, ce qui lui vaut souvent les torgnoles ramassées dans la trogne. Pucelle est un papillon qui aime se brûler les ailes à la lumière vive. Brissel fourmille de visages inconnus, et rapidement Samaël disparaît de sa vision, ses mirettes balayant la foule pour tenter de capter les mèches rousses introuvables. Sans réfléchir, son corps se met en mouvement pour le retrouver, ne réalisant pas trop que ses pas la mènent dans une totale direction opposée.
(1) Black dog Led Zeppelin
RP écrit à deux !