Octave.
Contexte
Les jours s'enchainaient et se ressemblaient. Le tas de courriers grandissait d'heure en heure. Au conseil, la mauvaise volonté de certains était compensée par le dévouement des autres, mais l'absence de ceux partis combattre là aussi se faisait ressentir. Et le nouvellement Comte ne pouvait multiplier les heures de la journée, ce qui le laissait régulièrement frustré, agacé, cerné.
Dans ces moments là, il se rendait en taverne. Souvent, c'était pour rire, plaisanter, se moquer et profiter des présents sans plus penser à ce qui l'attendait au Chateau. Parfois, c'était pour organiser quelques renforts, demander de l'aide. Et depuis quelques jours, il profitait de la présence de Madeleine pour parler de celles qu'il avait laissées partir en Périgord et pour qui, sans que personne en Armagnac ne s'en soucie, il s'inquiétait.
Enfin, après des mois sans croiser personne avec qui en parler, après des mois à ne pouvoir compter que sur les courriers des intéressées pour savoir ce qu'il se passait vraiment là-bas, il avait pu confronter les versions.
Dana était folle. Folle à enfermer, ce que son frère avait pris le soin de faire. Octave avait écrit à Nicolas. Sans réponse depuis, il ne savait pas ce qu'il en était réellement. Quant à Isaure... Isaure avait été annoncée morte. Puis malade. Les courriers qui lui parvenaient étaient décousus, mal écrits, par une enfant et un semi analphabète...
Et il se trouvait que ces jours ci, Lucie et Madeleine n'étaient pas les seules à connaitre les périgourdines qui préoccupaient tant le Beaupierre. C'est ainsi qu'Octave et Alphonse avaient fini par aborder le sujet autour d'une bouteille, due par le premier au second, en remerciement d'un ravitaillement en provenance de Toulouse.
Imaginez autour d'une table, une pucelle blonde, une maquerelle qui vient d'enfanter, un puceau qui porte une couronne un peu lourde, et un brun tranquille, le sourire en coin, la bouteille bien en main. La discussion tourne autour des sous entendus graveleux de Gysele et d'Alphonse, de l'éducation à refaire du Comte et d'Astride. Elle dévie, se détourne et revient, toujours, sur Isaure et Dana.
Octave ne se souvient plus vraiment de la conversation exacte. Ce qu'il en a retenu, c'est qu'Alphonse, narrant une anecdote se déroulant dans une taverne de Périgueux, lui a fait prendre conscience d'un fait qu'il avait jusque là, et on se demande toujours comment, complètement occulté. La révélation avait frappé le Beaupierre comme la foudre frappe un clocher, et il était resté sonné plusieurs minutes, avant de quitter l'endroit, complètement paumé.
Et maintenant ...
Il avait espéré prolonger la conversation le soir venu, mais Alphonse n'était pas resté. Le public présent ne se prêtait de toute façon pas à la chose. Octave avait fini par discuter avec Madeleine, aucunement surprise par ses confidences, mais dont les conseils finissaient toujours par perturber le Filleul plus qu'ils ne l'aidaient.
C'est ainsi qu'après avoir ramené sa marraine au Chateau, au lieu de grimper les étages jusqu'à ses appartements, le Comte avait repris le chemin de la ville. C'est à une heure tardive, et en espérant qu'Alphonse n'a pas encore pris la route, qu'Octave s'en vient frapper à la porte de sa chambre, après avoir remercié le tavernier de l'avoir conduit là.
Il n'a aucune idée de ce qu'il va bien pouvoir dire. Mais il a une impression d'inachevé. L'épiphanie n'est pas complète.
Alphonse ? Alphonse vous êtes là ?
_________________
Les jours s'enchainaient et se ressemblaient. Le tas de courriers grandissait d'heure en heure. Au conseil, la mauvaise volonté de certains était compensée par le dévouement des autres, mais l'absence de ceux partis combattre là aussi se faisait ressentir. Et le nouvellement Comte ne pouvait multiplier les heures de la journée, ce qui le laissait régulièrement frustré, agacé, cerné.
Dans ces moments là, il se rendait en taverne. Souvent, c'était pour rire, plaisanter, se moquer et profiter des présents sans plus penser à ce qui l'attendait au Chateau. Parfois, c'était pour organiser quelques renforts, demander de l'aide. Et depuis quelques jours, il profitait de la présence de Madeleine pour parler de celles qu'il avait laissées partir en Périgord et pour qui, sans que personne en Armagnac ne s'en soucie, il s'inquiétait.
Enfin, après des mois sans croiser personne avec qui en parler, après des mois à ne pouvoir compter que sur les courriers des intéressées pour savoir ce qu'il se passait vraiment là-bas, il avait pu confronter les versions.
Dana était folle. Folle à enfermer, ce que son frère avait pris le soin de faire. Octave avait écrit à Nicolas. Sans réponse depuis, il ne savait pas ce qu'il en était réellement. Quant à Isaure... Isaure avait été annoncée morte. Puis malade. Les courriers qui lui parvenaient étaient décousus, mal écrits, par une enfant et un semi analphabète...
Et il se trouvait que ces jours ci, Lucie et Madeleine n'étaient pas les seules à connaitre les périgourdines qui préoccupaient tant le Beaupierre. C'est ainsi qu'Octave et Alphonse avaient fini par aborder le sujet autour d'une bouteille, due par le premier au second, en remerciement d'un ravitaillement en provenance de Toulouse.
Imaginez autour d'une table, une pucelle blonde, une maquerelle qui vient d'enfanter, un puceau qui porte une couronne un peu lourde, et un brun tranquille, le sourire en coin, la bouteille bien en main. La discussion tourne autour des sous entendus graveleux de Gysele et d'Alphonse, de l'éducation à refaire du Comte et d'Astride. Elle dévie, se détourne et revient, toujours, sur Isaure et Dana.
Octave ne se souvient plus vraiment de la conversation exacte. Ce qu'il en a retenu, c'est qu'Alphonse, narrant une anecdote se déroulant dans une taverne de Périgueux, lui a fait prendre conscience d'un fait qu'il avait jusque là, et on se demande toujours comment, complètement occulté. La révélation avait frappé le Beaupierre comme la foudre frappe un clocher, et il était resté sonné plusieurs minutes, avant de quitter l'endroit, complètement paumé.
Et maintenant ...
Il avait espéré prolonger la conversation le soir venu, mais Alphonse n'était pas resté. Le public présent ne se prêtait de toute façon pas à la chose. Octave avait fini par discuter avec Madeleine, aucunement surprise par ses confidences, mais dont les conseils finissaient toujours par perturber le Filleul plus qu'ils ne l'aidaient.
C'est ainsi qu'après avoir ramené sa marraine au Chateau, au lieu de grimper les étages jusqu'à ses appartements, le Comte avait repris le chemin de la ville. C'est à une heure tardive, et en espérant qu'Alphonse n'a pas encore pris la route, qu'Octave s'en vient frapper à la porte de sa chambre, après avoir remercié le tavernier de l'avoir conduit là.
Il n'a aucune idée de ce qu'il va bien pouvoir dire. Mais il a une impression d'inachevé. L'épiphanie n'est pas complète.
Alphonse ? Alphonse vous êtes là ?
_________________