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[RP] Une Corleone aux enchères.

Vivia
Sur la place, certains jouent des coudes pour être aux premières loges, après tout il paraît que c'est un événement, enfin c'est que certains racontent. Il paraît qu'aujourd'hui une Corleone va être vendue en esclave au plus offrant. Il paraît même que c'est la fille d'un Barbier Fou, ou même d'un Boucher Fou qui aurait sévit à la Cour des Miracles des années durant. Il paraît qu'il exerçait cette science obscure sur des corps vivants et que la Prévoté n'aurait jamais retrouvé cet aliéné...Il paraît même qu'il dépeçait les enfants vivants pour observer leurs organes en action, qu'il éventrait les femmes enceintes pour contempler de plus près, comment était fait cet organe de Vie. D'autres horreurs furent répandues des semaines durant dans les ruelles crasseuses et putrides de la Cour, la vérité fut déformée, amplifiée mais parfois elle se fit juste et cruelle. L'annonce avait volontairement été diffusée, clamée pour amasser le plus de monde sans prendre en considération que cette propagande pouvait, attirer d'autres indésirables.
Si cette vente apparaissait comme une victoire pour la Justice, en réalité, il n'en fut rien. Aucune preuve ne fut trouvée à l'encontre de la Corleone, et ce malgré ces interrogatoires et ces rumeurs qui circulèrent des mois durant après qu'ils l’eurent relâchée. Il ne s'agit que d'une façade et si la pendaison ne pouvait être envisagée, la Justice elle-même trouva une parade pour réduire à néant l'esprit et la liberté de celle, dont ils furent incapable d'exécuter le père pour ses actes odieux et immoraux.

Ainsi, entre trois autres lots et produits parfois exotiques se nichait une Sicilienne, dont le nom était au bord de toutes les lèvres. Parmi ces deux blondes au teint hâlé, l'une pouvait se prévaloir d'un teint naturel tandis qu'une autre, l'avait gagné à la sueur de travaux réalisés sous un soleil irritant. Pourtant, si certains furent amenés à croiser la Sicilienne alors qu'elle venait d'installer son cabinet à la Cour, nul doute qu'ils seraient, à ce jour, presque incapables de la reconnaître.

Pieds et mains liés par des fers, la Corleone revêtue de vulgaires haillons est méconnaissable. Sous ce froid qui lui mord les lippes et saisit ses diverses plaies, les traits sont usés, creusés et ce regard autrefois vifs et passionnés par ses écrits est éteint. Ses formes autrefois criantes de féminité se sont asséchées, comme l'on gommerait d'un simple geste les traits hasardeux d'une esquisse trop charnelle. De cet héritage féminin et maternel, la Sicilienne ne conserve désormais que se teint qui se fane et se blanchit sous ces isolements répétés et sous cette crasse tenace qui recouvre ses formes amaigries. Alors que la foule crache et vocifère et que cette puanteur environnante étreint ses narines, les iris de la Corleone restent de marbre, incapables de se détacher de cette foule. Pourtant, elle ne cherche pas à dévisager, à observer ou à contempler ces futurs acquéreurs, non, son esprit brisé se contente de ce rien, de ce vide qui flotte au delà de cette masse informe et néfaste.

Lentement, une main ferme vient à se poser contre sa tignasse pour la contraindre à bouger son visage. Lasse, elle laisse cette main saisir désormais l'arête de sa mâchoire et écarter ses lippes pour avouer l'état de sa dentition comme si cette information pouvait rassurer ces acheteurs, comme si cette bonne dentition pouvait balayer d'un revers de main toutes ces interrogations que sa maigreur pourraient engendrer. Sous cette douleur qui lui saisit les gencives, Vivia réalise un mouvement de recul comme pour se convaincre qu'elle était encore vivante et tenace. Sous cet affront, la tignasse blonde est tirée, contraignant alors l'herboriste à étouffer une énième supplique. Devant le spectacle et cette résignation, la foule se réjouit. Ils ont devant eux, une Corleone docile, brisée par la Justice, humiliée et rabaissée au rang d'esclave. Pourtant, cette haine, cette honte, Vivia se contente de la laisser couler...

Entre ses tempes, le chaos s'installe tandis que des crachas lui parviennent jusqu'aux chevilles. Soulagée, elle paye enfin pour ce que son père a commis, pour ce Mal qu'il lui a transmis, pour cette voix, cette passion qui de temps à autre est tellement prenante et entêtante, qu'elle ne peut que se résoudre à l'assouvir. Elle se revoit pousser cette porte alors qu'elle n'était âgée que de neuf ans, croiser le regard de cet enfant assis sur cette chaise et dont le haut de son crâne était entaillé. Elle revoit cette horreur, ce père présent aux côtés de môme, trifouillant dans cet amas laiteux sans éprouver une once d'empathie et de conscience. Elle revoit ce traumatisme, cette douleur dans son regard enfantin, celui-là même qu'elle su étouffer des années durant comme s'il s'agissait d'une vérité trop lourde à porter et à assumer. Pourtant, ce passé finit par lui éclater au visage lorsque les maréchaux apprirent que la jeune femme s'était installée à la Cour. Sous ces interrogatoires, sous ces preuves, sous le nom incalculable de ces disparus et de ces divers témoignages attestant de l'horreur dont était capable le Boucher Fou, la mémoire de Vivia finit par s'éclaircir et par s’agrémenter de nouveaux tourments. Coupable, elle l'est assurément car dans la génétique transmise par son père, s'était nichée un Mal qui telle une nécrose rongeait ses dernières réticences. Tout comme Lui, elle avait voulu comprendre ce corps humain, tout comme Lui, elle se sentait capable pour la Science de franchir ces limites immondes...

350 écus en mise de départ pour la Corleone. Voici, la fille du Barbier Fou..Certains le connaissent sous le nom du Boucher Fou qui au nom de la Science, éventra, disséqua et découpa des femmes, des enfants, des mères et ce, alors qu'ils étaient encore vivants ! Nous connaissons tous ces horreurs, nous les avons entendus, nous avons pour certains croisé au détour d'un cul de sac les travaux..ou plutôt les cadavres que ce Fou avait dépecé. Si nous n'avons pu voir cette ordure au bout d'une corde, la Prévoté nous offre en compensation sa fille...soupçonnée de suivre cette voie paternelle ! Nous vous en offrons un bon prix...400 écus ici ! 415 écus par là...

Les enchères montent mais qu'importe, seul raisonne entre ses tempes ces propos que cette ordure vocifère à haute voix. Devant eux, la Corleone est exhibée. Les haillons sont baissés pour avouer sa poitrine menue et ronde, ses miches sont quant à elle saisie par cette même main grasse pour en attester de la fermeté et les bras et les jambes sont malaxées pour en assurer la qualité musculaire...Pour la première fois, Vivia réalise qu'elle n'est plus qu'un animal que l'on vend aux enchères, une chèvre qui finira les deux pattes arrières bloquées dans une botte pendant que son acheteur fait son affaire. Mais, en réalité, ce qu'elle craint, c'est de n'être qu'un exécutoire à la folie et à la rage d'un homme dont sa famille ou un proche aurait pu être enlevé par son père..

Comment en était-elle arrivée là...Comment était-elle passée d'une herboriste et d'un barbier respectable en ça...Cet amas de chair qui ne tient debout que par la simple volonté de ses muscles et de cet instinct de survie. Comment avait-elle pu survivre à ces mois d'emprisonnements et de maux pour finir aux enchères à côtés d'autres esclaves..Sous le poids de cette douleur, sa gorge déjà asséchée par le froid et la faim se serre et son regard, vide de tout...finit par croiser le regard d'un homme dont les traits lui évoquèrent, de façon abstraites, le goût et l'odeur de vapeurs d'opium..Voici le reflet de la Déchéance..

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Dante.tommaso
Les brumes automnales qui se répandaient sur les pavés de la rue étaient annonciatrices de l’arrivée du froid mordant et des premières gelées. Pourtant, malgré cette ambiance presque surréaliste, le vénitien s’était retrouvé au milieu d’une vieille cour à plonger la tête dans un baquet d’eau glacée. Il lui fallait tout ça pour éveiller l’homme qui dormait en lui laissant enfin la bête prendre du repos. Cette nuit avait encore été l’une de celles dont il se souvenait avec parcimonie. Depuis que l’armée lui était tombée sur le râble avec femmes et enfants et que de cette tragédie, il avait été privé de celle qu’il devait épouser, le Dante d’autrefois avait refais surface, entrainant l’homme dans des frasques journalières dont il se repaissait avec délectation.

Redressant le buste d’un coup de rein, le vénitien fit voler une gerbe d’eau avec sa tignace avant d’enfiler sa chemise par-dessus la chair de poule qui le saisissait. Sortant des effluves de la nuit, il s’étira longuement avant de rattraper au vol une donzelle qui venait à sa rencontre en lui fonçant dessus.


- Pourquoi pars-tu si tôt messire ?

- Parce que tout a une fin bella et que je ne tiens pas à être là lorsque ton époux rentrera de sa garde. Figure-toi que je tiens un tant soi peu à mes abattis et que les geôles ne m’attirent pas plus que cela ces derniers temps…

La main du vénitien se glissa sur la nuque de la charmante brune avant de la lui bloquer pour l’attirer contre ses lèvres qu’il croqua avec gourmandise, se délectant d’une perle de sang qui vint poindre à la commissure de la bouche tentatrice avant de lui murmurer.

- Tu as un gout exquis, dommage que les réjouissances doivent prendre fin. Je suis certain que ta peau serait agréablement fascinante sous le poids de mes coups de fouet…

Mais déjà Dante repoussait le corps encore chaud qui s’était lové contre lui avant de glisser sa cape sur sa tenue débraillait. Ses doigts remirent en ordre sa chevelure désordonnée puis sautillant sur les pavés, il s’échappait dans la froidure du matin brumeux.

Les pas se firent vifs dans le petit matin comme pour s’éloigner de cette âme qui se perdait un peu plus chaque jour dans les bas-fonds de la capitale. Tripots, femmes, boissons et opium, voilà les quatre mamelles qui dominaient l’existence du vénitien, l’entrainant toujours plus loin dans le vise et la dépravation. Mais avait-il envie de changer, là était la question. Lui qui avait commis les pires péchés dont celui de chair avec sa propre sœur avait-il assez de raison pour revenir sur le droit chemin ? Et en parlant de chemin, Dante déboucha sur la place où se tenait une foule agitait comme il n’en n’avait plus vue depuis des années.

Tirant sur sa chemise entrouverte sur son torse afin de rendre sa tenue quelque peu passable aux yeux des habitants du quartier, il se fraya un chemin afin de voir ce qu’il en était. Et de découvrir le spectacle hors du commun qui se tenait là, au milieu des curieux et autres badauds qui jamais n’oseraient s’approcher de la blonde qui glaçait sur place. Levant le regard sur elle justement, Dante eut un choc, comme un souvenir fugace du visage tant aimé de sa sœur qu’il avait vénéré durant des mois pour finir par la trahir, l’abandonnant à son triste sort alors qu’il lui avait juré de ne jamais la laisser.

De sa main droite, il la passa sur ses lèvres comme pour en effacer les traces laissés par les baisers de cette volage enfant qui, il y avait de ça quelques minutes encore, s’agrippait à son cou afin de le retenir encore puis d’un mouvement sec de la tête, il fit signe au bonhomme qui tenait la foule en haleine.


- En voilà un gibier que tu nous présentes-là l’ami mais dis-moi, crois-tu qu’elle vaille le coup d’investir une bourse d’or ou bien l’animal est daubé et ne demande qu’à mourir dans un coin parce qu’excuse-moi mais l’a pas l’air bien résistante ta bestiole…

Des rires fusèrent de la foule ainsi que des grognements et l’on put voir des hochements de tête. Dante s’approcha d’un peu plus près afin de retenir l’attention de la foule. Après tout, il en avait vu pas mal des femmes se vendre sur les marchés, là-bas en Orient, et il savait que s’il voulait éviter de faire trop monter le prix, il devait rendre la « chose » moins attirante qu’elle ne l’était. Parce que oui, Dante s’était mis dans la tête d’acquérir la blonde à moitié morte qui semblait le regarder sans le voir. De son côté, il était attentif aux moindres de ses gestes.

Prenant les devants, il glissa ses doigts dans la chevelure claire avant de tirer les mèches vers l’arrière, faisant mettre à sa merci ce visage qui, une fois débarrassé de sa saleté, lui paraîtrait plus coutumier, bien qu’il l’était déjà vaguement… D’ailleurs, le vénitien fit un effort supplémentaire afin d’essayer de se remémorer là où il l’avait déjà vu… avant de comprendre… S’humectant les lèvres, il reprit d’un ton plus sûr de lui.


- Et puis c’est bien beau de nous la vendre comme la fille du boucher Fou, qui plus est une Corleone mais rien ne nous l’assure… après tout, elle n’a pas son pedigree de noter sur sa peau…

Le souvenir de Vivia et des Corleone… Rodrielle… il ne pouvait pas faire ça à la tatouée. Que penserait-elle de lui s’il laissait l’un des membres de la famiglia finir aussi bassement dans le caniveau sans lever le petit doigt. Et lui, serait-il encore capable de se regarder dans le miroir s’il ne sortait pas la Corleone de ce beau merdier ? Et puis le souvenir des vapeurs d'opium à Paris, elle... lui... ces caresses au cœur de l'interdit lorsqu'elle était la maîtresse du Courcy avant qu'il ne la lui enlève... Pas le temps de réfléchir plus longtemps, Dante devait tout faire pour vaincre les barrières du rougeot qui s’offusquait de ses paroles.

- 450 écus mes bons messires, pour vous délecter de ce beau spectacle que vous aurez chez vous…

Dante fit un pas en avant et souleva l’une des mains de Vivia.

- Tu dis qu’elle est elle-même soupçonnée d’avoir tuée mais si on l’achète, est-ce que tu garantis qu’elle ne viendra pas nous égorger dans not’sommeil ?

Dans la foule, des murmures de peur s’élevèrent et les gens commençaient à reculer. L’affaire semblait bien engager et Dante ravit du petit effet qu’il avait fait…

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Vivia


Une voix masculine s'élève parmi la foule, apaisant alors la hargne de cette horde le temps d'un instant. Lentement, les iris d'ambre se posent sur cette silhouette qui s'avance et dont les traits finalement se font plus précis. Fronçant les sourcils, la Corleone fouille dans cet esprit brisé, dans cet amas de lambeaux désarticulés, cette vapeur d'opium qui tel un fil d'Ariane, la conduit à cette scène, à ce souvenir où son corps s'était acculé contre le sien, le temps d'une ivresse salvatrice. Oubliant alors ces rires et ce brouhaha qui se répandent, les iris de l'herboriste se ferment. Enfermée entre ses tempes, l'esprit de la Corleone n'entend plus les mots qui s'échangent en dehors, ne compte désormais que cette chaleur qui s'éveille, s'anime et remonte le bas de ses reins alors qu'elle étreint ce fil d'Ariane pour mieux Le percevoir, pour mieux se gorger de ce bien être qu'elle ressentait à ce moment-ci. Ce soir là, c'est insouciante et envieuse, que l’érudite s'était nichée contre Lui alors que son esprit encore noyé dans le déni se délectait de cette absence de culpabilité et d'héritage. Autrefois, ce chaos n'existait pas encore. Ses journées se résumaient en des soins médicaux, des ordonnances banales et quelques activités licencieuses où ses talents et sa discrétion lui permettaient de maintenir les prisonniers en vie alors que la vérité leur était extirpée à coups de lacérations et de maux infâmes. Mais la vie est ainsi faite...La roue tourne...

Soudain, le fil d'Ariane s'ébranle alors qu'un contact se perd dans sa chevelure dont les reflets autrefois dorés s'étaient éclaircis jusqu'à blanchir par endroit sous ces sentiments d'angoisse et de peur qui l'étreignirent des mois durant. Lentement, elle reconnaît ces flagrances de luxure, de déchéance et d'abysse qui se dégagent de cette puanteur environnante. Finalement, elle prend le risque d'ouvrir les yeux et de voir, peut être, ces traits, ces flagrances et cette chaleur se dissiper comme s'il n'avait s'agit que d'un mirage, d'une énième fourberie orchestrée par un cerveau trop éreinté pour être lucide. Pourtant, il n'en est rien. Cette fraîcheur qui endolorie ses extrémités et lacère ses joues est bien présente, tout comme Dante qui s'empare désormais de sa main pour asseoir un discours dont les nuances et les subtilités lui échappent encore. Relevant le menton, elle observe alors cette main ferme posée contre son poignet dont la chaleur se repend, telle un poison le long de son bras. Dubitative, perplexe, l'herboriste l'observe tandis que cette chaleur se dissipe en son sein jusqu'à la contraindre à humidifier ses lippes.

Puis alors que ses iris se détournent vers la foule, Vivia est happée par cette crainte que ces regards lui renvoie. Regarde les. N'est-ce pas ce regard que tu avais asséné à ton père lors que tu l'avais découvert avec ce môme ? Entre toi et ton père, ils ne font aucune différence. Observe cette crainte, tu les dégouttes. Tu les effraies. Et ils ont raison n'est -ce pas ? Asphyxie. Sous cette voie qui se perd entre ses tempes, la Corleone sent son palpitant vriller au rythme de ses pensées incohérentes. Elle ne peut pas les voir, elle ne veut pas voir en eux ce qu'elle craint déjà. D'un geste, elle se dégage de l'emprise rassurante du Vénitien pour exercer une pression contre sa tempe. Crainte. Angoisse. Haine. Sans qu'elle ne puisse maîtriser quoique ce soit, le visage de la Corleone se fait plus froid alors que l'échine se fait plus fière et imposante. De cette créature meurtrie et vide, il ne reste que cette carcasse qui s'anime et s'avance.

De ses lippes, s'échappent une vapeur, une assurance et un Mal qu'elle n'aspire qu'à déverser sur ces charognards. Et comme pour appuyer les propos de Vénitien, le venin est déversé ...
Il suffira d'une seule inattention pour que je vous échappe...Une seule erreur et j’exercerai sur votre famille, un sort encore pire que celui que mon père réservait à ses expériences. Si vous croyez être effrayé juste en l'écoutant...C'est que vous n'avez encore rien vu. A la différence de mon père, la maréchaussée n'a jamais retrouvé le moindre de mes travaux...

Soudain, un coup violent de martinet est porté contre l'échine de la Corleone pour l'inviter à mettre un terme à cette menace et sous cette morsure qui sous le froid et la puissance ravive ces stigmates encore fraîches, les jambes de la Corleone cèdent et le souffle se coupe brutalement. A genoux, les mains ferrées contre le sol, l'animal se fait haletant alors que son dos se tord légèrement comme si ce simple mouvement pouvait dissiper cette douleur qui lui semble avoir déchiré son épiderme. Pourtant, alors que les mèches blanches se perdent contre l'échine ensanglantée, la Corleone se redresse de nouveau avec difficulté, étouffant à travers une morsure contre sa lippe inférieure la plus infime des suppliques.

Ne soyez pas effrayé, voyons.. Inutile, les gueux croisent leurs regards et la peur qu'ils s'offrent et se renvoient ne fait que se répercuter sur les motivations et les bourses de certains acquéreurs, qui prudents et aimant envers leur famille laissent sous entendre d'un geste las et écœuré, qu'ils ne surenchériront pas. Les possibilités sont moindres désormais pour cet esclavagiste qui pour se rattraper, est contraint de revoir ses objectifs à la baisse.

Bien, avec cette Corleone, vous avez également ces effets...Une besace contenant des plantes médicinales et d'étranges vélins, deux chevalières en or et un anneau en acier brut ! Que dites-vous d'un tout à 300 écus? Sauf si vous préférez que l'on fasse de lot séparé ! Dites-moi vos prix.

Sous l'annonce, le regard de la Corleone se teint d'inquiétude. Dans cette besace se trouvait toute sa vie, des souvenirs de sa mère aux recherches de son père. Tous ses travaux, ses propres expériences, ce à quoi elle a voué sa vie et sa passion était contenu dans cette simple besace qu'elle portait quotidiennement en bandoulière. Elle ne pouvait s'en séparer, elle ne pouvait voir ces années de lecture, d'apprentissage et de sacrifice partir au plus offrant au risque d'être refondu ou simplement exposé comme un vulgaire trophée, comme si toute sa vie n'allait être désormais qu'une occasion pour certains de converser sur ces trésors qu'ils ont récupéré du Boucher Fou..Aussitôt, son regard se tourne, suppliant vers Dante alors que la brûlure que l'on venait de lui asséner ne semblait être qu'un Mal infime comparé à ce qu'il s'apprêtait à faire... C'est tout ce qu'il me reste...d'Eux...de Moi...

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Stradivarius.
    La Cour des Miracles.
    Ça fait longtemps. J'ai jamais le temps de bouger mon cul en ce moment. Trop surchargé de taf à Toulouse. Là j'peux me permettre de glander, je suis juste que Capitaine. Un Capitaine ça sert à rien, ça glande, ça fout le bordel en taverne et ça fait chier les petits gueux qui veulent devenir soldats. Suffit de leur dire qu'ils ont pas la taille réglementaire pour les faire tiquer. Et après, on s'amuse à faire des lancers de nains. C'est poilant. Pas pour le nain en question. Mais en tout cas, nous, on se gausse bien. Bref, je reviens enfin dans la Capitale qui pue. Celle où le purin se morfond avec la vase bucolique du caca des gens dans la rue. Là où les cadavres pullulent au même endroit où les gens viennent faire la manche, un bras en moins. Ouais, c'est là même où les gens prennent les bras des cadavres pour tenter une greffe à la con. Ça tient jamais. Quand tu veux serrer la pince à un de ces gus, tu te retrouves avec un bras sur les bras. Tu sais jamais quoi en faire, en plus. Pour ça que je touche plus personne. Trop dégueu. Pourtant j'en fais des choses dégueux quand je viens à Paname. Mais là. C'est à en jeter son petit déjeuner par les fenêtres d'une maison. Oui, je gerbe dans les maisons plutôt que dans les rues. Faut pas déconner. Faut pas tout salir comme ça, aussi. Bref, ouais, c'est la Cour des Miracles. Là où se trouve mon Hôtel de la Liberté, avenue Saint-Denis. Hôtel qui doit prendre la poussière et les toiles d'araignée. Je suis sûr que les gens ne s'y entraînent plus. Ils vont courir la gueuse et la catin. Bande de cons.

    Je suis donc avec Matson.
    Une balade dominicale, même si on est pas dimanche. On est quel jour? J'en sais rien, je m'en branle. Une petite conversation entre amis sur les bien-fondés de l'univers et les conséquences de l'oligarchie administrative dans le secteur du crime. Une organisation qui se fonde sur la bienséance, le tout fondant de bonnes tueries. Ça me manque, cette petite vie décousue. Je me suis trop rangé. Le retour aux sources. Ça fait respirer. Ça fait du bien. Dans tous les cas, ici, je peux emmerder tout le monde sans qu'on me fasse bien plus chier qu'à Toulouse. Je peux faire le con tout en passant inaperçu. Il se passe toujours des trucs à la Cour des Miracles. Toujours des choses extraordinaires. Un peu comme quand l'Inquisiteur était venu pour libérer les rues de l'emprise du Malin. Il avait tout cramé, ce con. C'était marrant. Et, au moins, on pouvait avoir chaud sans devoir allumer la cheminée. Économie de bois. C'est que ça coûte cher à Paris, ça. Il y avait aussi quelques baston entre gominés de divers clans. Un gars qui se cachait sous un masque pour pas se faire choper. Bref, il y en a des histoires dans le coin. Ça manque de piquants en ce moment, quand on a goûté à tout cela. Bien que, là, pour le coup, il y a un petit attroupement fort sympathique. Ce peut être éventuellement intéressant. Généralement tout le monde se fout de tout, à moins que ça ait un intérêt fort pour la communauté. Une mise à mort? Une décapitation à la hache émoussée? Un écartèlement par des poneys vieux? Allons voir.


    - Que se passe t'il encore?
    - Je ne sais, Robert. Je crains encore que ce ne soient des choses peu convenables.
    - Matson, osez rire un peu afin de vous dérider.
    - Je vais tenter, Robert. Je vais tenter.


    Et là.
    C'est le drame. J'écoute un peu le brouhaha. Je visualise le tableau. Tiens, y'a quelqu'un là-bas, derrière le brailleur. Une femme. Elle me semble pas si inconnue. Mais qui est-elle? Elle me rappelle quelqu'un. Je vieillis, j'ai le cervelet un peu mou en ce moment. Trop occupé par des choses beaucoup plus intéressantes dans la vie. Tu sais, on fait pas toujours ce que l'on veut. Je ne deviens pas sénile pour autant! Ou un peu, certes. Mais qui est-elle? Merde. J'ai un trou de mémoire. Faut dire qu'elle semble si crade. Un peu de toilette ferait pas de mal. Serait-ce une pustule sur sa joue? Un molard? Une tâche? J'ai la vue qui défaille, aussi. C'est peut-être la raison pour laquelle je me suis arrêté de tuer des gens. C'est pas pratique quand on voit que dalle. Bref, si je comprends bien, il s'agit d'une vente aux enchères. Pour une esclave. J'en ai rien à foutre des esclaves. Ça ne sert à rien, et ça coûte toujours plus cher que prévu. L'investissement en vaut jamais la chandelle. Je préfère payer des pécores, les rémunérer, ils s'achètent leur bouffe eux-mêmes. Ainsi que les fringues et le logis. Manquerait plus que ça, tiens. Bon, là où on est fourbes, c'est qu'on leur verse un salaire, mais c'est nous qui leur louons le logis, leur vendons la bouffe et les fringue. Moralité, on doit même leur faire des avances sur salaire, donc on finit par jamais les payer. Ça, c'est la classe.


    - Allons, partons. Ce n'est qu'une crasseuse.
    - Je crois qu'elle était venue à l'Hôtel, il y a quelques temps, non?
    - Elle me rappelle quelqu'un, oui... mais ce doit être insignifiant.
    - Ce n'est pas une Corne de Lionne? Ou une famille dans ce goût là?
    - Une Corleone? Hm.
    - Oui, une Corleone!
    - Mais c'est élémentaire, mon cher Matson! Une Corleone!


    Oui!
    C'est vrai! Celle qui m'a fait me dessécher dans mon bureau en pleine conversation exponentielle! Oui! Vivia! C'est vrai. Ça fait longtemps. Merde! Une esclave? Boaf. C'est bien mérité pour elle. Et bam. Je devrais me casser et ne pas chercher à comprendre. Chacun sa merde après tout. Je vais pas aller me mêler à ces histoires. Et si? Remarque, une esclave c'est toujours pratique pour récurer les chiottes. Hm. 450 écus? 300 avec des bijoux? Comment ça marche les enchères, au fait? Je comprends pas trop. Ça doit monter, pas baisser normalement. Non? Si je mets 100 écus sur le tapis, j'aurai l'air con? Bon, est-ce que ça vaut le coup. Elle est tout de même vachement frêle la morue. Mais c'est tout de même une Corleone. La fille de mon barbier. Je faisais beaucoup d'affaires. C'était intéressant. D'autant qu'elle me rappelle ma nièce à la con qui est morte en Bourgogne. Que dirait Asphodelle si j'achète ça? J'ai déjà ramené ma fille, la bouche en coeur, je lui ai imposé. Maintenant je devrais lui imposer ça? Si je la ramène avec un sac plein d'oignons et de poireaux, ça devrait passer. Réflexion. Allez. Faut réfléchir. Ça passe vite les enchères, généralement. Je devrais en imposer! Est-ce que j'ai de l'argent? Pas trop. Je suis un peu à sec. Ouais, ça se rentre aisément l'argent. Je devrais tenter. Juste pour la mémoire de l'autre tâche de barbier. Au pire, elle me remboursera. En lavant les chiottes. Ouais. Elle dormira dans l'écurie. Allez, je tente.


    - Mille écus et mon cheval Eusaias pour la moche!

    Et bam!
    Prend ça dans la gueule petit asticot. Personne l'aura.
    Machiavélique.


    - Robert! Ça n'a pas de sens!

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Dante.tommaso
Alors que ça partait dans la bonne direction, faire baisser le prix et réduire à néant l’envie d’acheter la blondine par n’importe quel souffreteux en mal de domination, Dante vit arriver sur le devant de la scène un homme en mal de sensations, un Emmerdeur mal faisandé qui se la jouait grand seigneur en mettant sur le tapis une somme colossale et un canasson qui plus est !

Les paupières du vénitien s’abaissèrent histoire de garder le calme avant la tempête. D’un coup, il le savait pour avoir déjà joué sur les marchés aux esclaves d’autres contrées, que ce corniaud venait de réduire à néant ses chances d’emporter le gros lot. Il lui fallait agir et rapidement alors tout à sa verbe de marchand de rien, il leva la main, dodelina de la tête et se fit siffleur comme le serpent qui s’annonce juste avant de planter ses crocs empoisonnés dans la chair tendre de sa victime tout en tentant de vous hypnotiser longuement.


- Alors là, voilà un acheteur qui ne lésine pas ! Bravo messire, vous jouez dans la cour des grands…

Et le vénitien se mit à applaudir avant de se courber légèrement afin de saluer l’audace dont l’homme faisait preuve avant de reprendre.

- Personnellement, j’aurais gardé ma vieille carne sachant qu’elle me sera certainement plus reconnaissante que cette donzelle qui, si j’en juge par son regard, se fera une joie de vous désosser les omoplates avec douceur.

Dante offrit un sourire à la foule qui se moqua gentiment des dires et des acteurs. Il ne fallait pas trop en demander non plus à ces badauds qui, de toute façon, n’étaient là que pour le spectacle qu’on leur offrait, les changeant de leur triste quotidien. D’aucun, et de ça il était certain, n’aurait assez de tripes et de bourses pour s’offrir une esclave.

Les doigts du vénitien qui s’étaient perdus dans la blonde chevelure auparavant glissèrent sur la nuque de Vivia qu’ils serrèrent légèrement tentant de l’apaiser un peu dans tout ce capharnaüm que représentait cette animation. Mais le temps filait et il lui fallait répondre à cette offre vulgaire. Et le visage du marchand se tourna dans la direction du geôlier qui avait les mirettes qui brillaient déjà d’écus dorés.


- L’ami… puisque les enchères semblent s’élever, je ne peux faire moins donc j’offre la modique somme de 1500 écus, une monture dans celles qui m’appartiennent et je renchéris avec un bien que vous choisirez vous-même directement au comptoir vénitien des halles. Ce comptoir dont je suis l’heureux propriétaire détient quelques trésors que j’ai ramenés des divers voyages tels que de la soierie, de l’hermine, de l’osterin ou même du cendal ou du samit qui nous viennent de l’Orient. Si vous ne savez pas quoi faire des tissus, nous ferons venir un tailleur qui vous fera une tenue… inégalée…

Dante observa le gardien et se retint de soupirer. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour arriver à ses fins surtout pour une pourriture. Mais il était hors de question pour le marchand de se voir ravir la blondine alors il reprit, le visage fermé et convaincu de ce qu’il disait.

- Bah... bredouilla le gardien un peu paumé par tant de largesse.

- Comme je vois que vous hésitez, je peux vous offrir à la place des tissus un vaste choix d’armes qui sera du plus bel effet à votre ceinture. Non seulement elles sont magnifiques mais en plus, vous pourrez en avoir l’utilité et vous glorifier d’être le seul possesseur d’une telle épée dans tout Paris.

Cette fois-ci, Dante faisait appel non plus à la cupidité mais à l’orgueil du bonhomme. Il semblait être de ceux qui aimaient être regardé et avec le métier qu’il faisait, il ne devait pas attirer les foules alors quoi de mieux que de détenir quelque chose d’unique en son genre. D’ailleurs, il devait lui rester quelques épées ramenées d’Orient et même des Balkans pour Rodrielle à une certaine époque et dont il n’avait pas eu le temps de les lui faire parvenir avant que cette dernière disparaisse quelques temps… C’était là une bonne idée… une idée qui défiait toute concurrence et si le fourbe sur son cheval renchérissait, Dante lui réfléchissait déjà à comment lui rabaisser son clapet !

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Vivia



Parmi ce chahut, une seconde voix masculine, tout aussi familière, se fit entendre. Elle connaît ce timbre, cette folie, ce sadisme condescendant et pédant qui s'élève et impose le silence de ces paires. 1000 écus et un canasson ! Salaud ! Comment osait-il ! Lui qui avait fournit les cadavres à son père et qui avait vendu ses services pour lui octroyer sa protection, se permettait de se jouer d'elle en faisant remonter l'enchère au risque de faire d'elle une esclave tout aussi aliénée que son acquéreur ! Fronçant les sourcils, la Corleone, impuissante, devient l'objet d'une haine imperceptible, qui lentement et sournoisement se dissipe jusqu'à étreindre ses poings et emballer son palpitant. Penses-tu que ce soit Stradi ou Stavis qui se joue de toi à cet instant ? Ce salaud ne t'achètera que pour le plaisir de te voir courber l'échine, astiquer ses latrines, lui servir de repose pied ou de pot de chambre...Tu connais cette enflure et son esprit dérangé. Tu sais que pour lui, l'existence des autres en dehors de celle de son épouse, n'est qu'un jeu. Après tout, il est de notre espèce...

Sous ce risque que ce Roy des Fous lui fait courir, le corps de la Corleone se raidit et s'avance jusqu'au bord de l'estrade alors que sa gorge, autrefois serrée, s'anime d'un mal plus vorace.
Stradi ! Espèce d'enflure ! Je vais te …. Pas le temps de finir que ses chaînes sont tirées vers l'arrière pour rappeler à la Corleone sa condition d'esclave et de servitude, puis sans attendre que ces menaces ne fusent de nouveau, un bâillon suintant est fourré dans la gueule de l'herboriste.

Ferme ta gueule, esclave avant que l'on te coupe la langue pour de bon! Les mots du geôlier lui parviennent aux oreilles alors que le corps déjà usé est invité à s'agenouiller par une vive pression contre cette flétrissure imposée par la Prévôté Royale. Intérieurement, le corps boue d'une haine vorace alors qu'elle imagine ces corps, être dépecés, démembrés...émasculés..Longtemps que tu n'avais pas éprouvé une telle haine, que tu ne m'avais pas fait frémir par de si douces pensées...Tu jubiles hein ? Avoue que tu prends plaisir rien qu'en imaginant ce Mal... Tais toi. Je ne suis pas mon Père. Pourtant, tu as le bas ventre qui s'échauffe rien qu'en imaginant ces atrocités. Ton père aussi, a finit par trouver son plaisir ainsi et crois-moi, la médecine n'était qu'un prétexte pour assouvir sa soif de connaissance et de sadisme.

Alors qu'entre ses tempes, les pensées anarchiques lui cause des acouphènes, la Corleone réalise que la main de Dante est posée contre sa nuque et que la pression qu'il exerce pour la rassurer, a un tout autre effet. Surprenant. Déroutant. Lentement, le regard se fige sur la foule alors que le goût acre et putride qui s'écoule du bâillon lui vrille les tripes et la gorge, la contraignant à retenir, malgré elle, des spasmes qui n'aspire qu'à lui faire rejeter cette puanteur qui tapisse son palais et le fond de sa trachée. Vivement que tout cela se termine qu'elle puisse gerber une bonne fois pour toute...Tu me payeras ça, Stradivarius...

1500 une fois....1500 deux fois...1500 trois fois  ! Adjugé, vendu pour le marchand. Nous nous arrangerons pour les armes plus tard. Je passerai à votre boutique. D'un geste, la Corleone est invitée à se relever et ses fers lui sont retirés pour être remplacés par un lien tressé qui, désormais, enserre ses poignets. Comme une vulgaire chèvre, la voilà vendue à Dante. Et alors que son lien et son intégrité sont confiés, la Corleone réalise, enfin, la portée de ce simple geste. La Prévôté l'avait destituée de ses droits, de sa condition et de sa liberté...Désormais, elle était la propriété ou plutôt la chèvre de Dante et si elle ne connaissait que peu cet homme, une inquiétude nouvelle venait à étreindre son esprit déjà très occupé...Vu le prix investi, il lui semblait inconcevable qu'il la libère aussi facilement...

Perplexe, ses iris emplis d'une haine qu'elle peine à extérioriser, se contentent de suivre le moindre de ces faits et geste pour y déceler la plus infirme de ses faiblesses...juste au cas où...juste parce qu’elle avait déjà prévenu que c'était ce qu'il risquait de se passer si on venait à l'acheter...

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Stradivarius.
    Héhé.
    J'ai bien fait de participer. Ce genre d'activité n'a pas de prix. Ça me fait sourire. Si seulement ils savaient, tous, ce qui trône dans ma tête. Ils pensent à la frénésie du moment. La joie de surenchérir. La peau qui prend la chair de poule. Les poils qui s'hérissent. L'angoisse de voir l'autre con te rembarrer au moindre instant et le marteau qui sonne le glas de la défaite. Ben. Techniquement, moi j'en ai rien à foutre. Et ça, tous pourront le goûter à loisir au moment venu. Mais pas de suite. Il faut laisser se pavaner. Laisser planer les choses. Laisser à l'autre le loisir de goûter à sa suprématie. Sa puissance. La salvatrice saveur de la victoire magnifique et rondement menée malgré la dépouille de quelques milliers d'écus et d'autres trésors soporifiques. On le sait tous, il ne sert à rien d'amasser des richesses en ce monde. On peut crever demain, et laisser tout en suspens, ou pour que d'autres en profitent à notre place. Franchement, je vais pas laisser grand chose à ma fille. Encore moins à un marchand d'esclave que je devrais rajouter sur ma liste personnelle de personnes à occire dans l'atroces souffrances sulfureuses. Allons, j'ai passé l'âge de ces conneries. J'ai passé l'âge de vagabonder dans les affres de la société et commanditer des choses malsaines que mon cervelet m'entrave à, pourtant, faire régulièrement. Plus depuis quelques temps, mais toujours là, au fond de moi, dans une cave de mon système limbique. Trêve de songes, appuyons un sourire franc en direction de l'acheteur et applaudissons.


    - Bravo, bravo! Quelle surenchère! Quel toupet fantastique! Quel brio! Merveilleux! Superbe! Génial! Vous avez gagné, me battant à plate couture.

    Il s'en faut de peu.
    Pour être heureux, ou malheureux.

    - Je ne participais là que pour faire monter les enchères et faire perdre un peu plus d'argent que prévu par le premier sous-fifre qui s'en accommoderait. Oui. Une Corleone vaut bien plus que trois cents écus. Il m'aurait fait souffrance de la voir partir à moins. Et il m'en est heureux de voir un homme se décatir de bien des lots pour se vêtir d'une Corleone de chair et d'os. Les amis de la famille restent toujours des rubis bien plus onéreux que le prix de l'or. Je sais, à présent, qu'elle a bon prix.

    Et oui.
    L'amitié est un mot étrange pour moi. Quand on y regarde plus près, je n'ai pas d'amis. Aucun ami. Rien. Uniquement des connaissances intéressantes. De la famille. Peut-être des gens qui sont de l'autre famille et que je dois côtoyer avec distinction, plus ou moins. Mais des amis, à vrai dire, je ne sais réellement et concrètement ce que c'est. Autant le dire, j'aurai pu m'accaparer de l'offre de la petite esclave Corleone pour la libérer de joug de l'emprise du mal. Mais pourquoi ne pas simplement énerver un peu l'acheter et l'inscrire, lui aussi, sur la liste des mécréants à faire disparaitre? D'une pierre deux coups, j'aurai gardé ma tune et j'aurai rendu la monnaie de sa pièce à la petite fille du Barbier. Éventuellement, c'est la classe. Après, je m'en fous, je suis en vacance dans le coin pour quelques jours. Je ne vais pas y rester ad vitam aeternam. Manquerait plus que ça, après tout. Bref, je continue d'applaudir et de sourire pour ensuite détourner mon regard vers la jeune Vivia qui semble bien vénère de sa mère. Hey! J'y peux rien moi, c'est pas moi qui l'ai foutu dans ce merdier après tout. D'ailleurs, comment est-elle arrivée là? Si elle avait des ennuis, elle savait comment me contacter. Si on ne fait pas fonctionner son réseau privilégié, je ne peux rien y faire. Uniquement un petit clin d'œil appuyé en sa direction, puis de faire tourner mon corps et lui présenter mon dos en guise de respect. D'une main jetée en l'air, grinçant des bottes pour s'en aller se divertir autre part. Parler d'un air goguenard.


    - Jamais j'aurai dépensé mille écus et mon canasson Eusaias pour ça.
    - Vous me ferez toujours halluciner Robert.
    - C'est élémentaire, mon cher Matson. Allons donc nous abreuver dans un troquet. Que diriez-vous de "La Souillonne du Bas-Côté"? On dit qu'il y a, là-bas, un Madiran fantastique.
    - Je doute que le nom soit à la hauteur de sa réputation...


    Tout le monde sait, pourtant.
    Je suis ruiné depuis bien des années. Et ouais, gros.

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Montparnasse.
La cours s’agitait, des échos, des murmures. Il y régnait une ferveur inhabituelle qui avait fini par faire sortir Montparnasse de sa torpeur. Écoutant les cancans des catins et autre récit de bonnes femmes, il comprit qu’une vente aux enchères aurait lieu dans la cours.
Pas de quoi l’intéresser plus que ça.
Allongé sur dans le lit d’une catin, Montparnasse se faisait dorloter par quelques filles choisit avec soin, principalement des blondes. Il se terrait dans son trou depuis son altercation musclé avec quelques italiens en colère... Bourré de chanvre et d’alcool, il se remettait doucement de ces blessures.
Et alors qu’il s’emparait d’une bouteille en matant les croupes de ces compagnes d’un soir, attroupés à la fenêtre, il se figea en entendant leur murmure : « La fille du barbier fou il parait… ». Son sang se figea, la bouteille lui échappa des mains et se brisa dans un bruit caractéristique, éparpillant le liquide carmin au pied du lit.


- Vous avez dit quoi ?
- Euh… qu’une vente s’organise…
- Non mais pas ça… Le nom, le nom de celle que l’on vend ?
- Euh… Je sais pas une Corleone je crois, la fille d’un barbier…
- ….MERDE !


Les filles le regardèrent étrangement, les insultes était rare sur les lèvres du galant qui veiller à toujours conservé calme et respect en toute circonstance. Il s’avança vers le bord du lit et grimaça lorsqu’il dut se lever. Il faut dire que son anus avait très récemment fait la connaissance d’une lame et que de cet amour naissant était née quelques difficultés à se déplacer... De vie à trépas il n’en avait fallu que peu, mais les mauvaises graines sont tenace, et Montparnasse s’était accrocher à la vie comme une moule sur son rocher. Pas de commentaire sur cette comparaison douteuse je vous prie.
Enfilant chemise et braies en grimaçant, Montparnasse se saisit de sa béquille et sortit aussi vite qu’il put dans la rue. Ce qui, dans son cas, signifié qu’il perdrait une course contre un escargot… Mais passons.
Les cicatrices sur ces mains le lançaient. Graver respectivement d’un MC et d’un CL on pouvait dire sans jeux de mot que Montparnasse avait les Corégones dans la peau, et c’était au secours de l’une d’entre eux qui boitait... Ironie quand tu nous tiens.
Montparnasse n’avait aucune rancœur pour ce qui s’était passé à Limoges quand quatre Ritales lui était tombé sur le coin de la gueule, il estimait avoir mérité son sort, et ne leur portait pas plus rigueur que cela, après tout il aurait réagi de la même façon dans la situation inverse…

Arrivant au pied de l’estrade branlante qu’on avait monté pour l’occasion, il remarqua que les enchères avaient déjà commencé, et que deux hommes si affronter. Les sommes mis en jeux était élevé et jamais Montparnasse ne pouvait rivaliser avec eux.
De toute manière il n’en avait pas l’intention.
Son regard était fixé sur la jeune femme qu'il peinait à reconnaître. Cela faisait plusieurs mois qu’il ne l’avait pas vue. Depuis son arrestation...
Jamais elle n’avait parlé de cette vente dans ces lettres.
Son regard croisa enfin le sien et sut. C’était bien elle. Plus sale, plus maigre, plus amoché, mais la lueur de rage et folie qu'il voyait au fond était la même.
Elle. Son amie d’enfance. La première qui avait pris soin de lui, celle à qui il avait avoué pour la première fois son attirance hors normes, sa confidente. Elle l’avait aidé de nombreuse fois, elle le soignait quand il revenait la gueule en sang de ces combines douteuse. Elle faisait partit des piliers de sa vie au même titre que Claque son frère et Océane sa muse. La vie à un certain sens de l’humour vous ne trouvez pas ?

1500 écus ! La vente avait pris une joyeuse envolée. Montparnasse dévisagea l’heureux propriétaire. Il voulait graver chacun de ces traits dans sa mémoire. Il n’avait jamais croisé l'homme aux miracles avant. Il devait en savoir plus sur lui. Il devait savoir tous de lui. En commençant par son noms jusqu’à ces plus sombre secret. Chaque homme à un prix, une faiblesse. Il devait trouver la sienne afin de libérer son amie de cet état d’esclavage dans laquelle elle s’était fourrée…
Il ne put s’empêcher de sourire en repensant à sa conversation avec Fanette. La vie d’une Corleone gâché contre une autre sauvé.
L’équilibre du bien et du mal.
La dualité de cette contradiction enfermée dans le corps trop efféminée d’un galant de l’Aphrodite.
N’aie crainte ma belle. Je ne peux rien faire là, dans cette cours. Mais je te retrouverais…

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