Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP]La facilité c'est le talent qui se retourne contre nous*

Euphorbe
Le chat. Le chat perché. C’est ainsi qu’on la surnommé depuis quelques années. D’un oiseau, elle était devenue félin mais de chassée, était-elle devenue chasseur ? Rien n’est moins sur. Et elle détestait qu’il soit conjugué au féminin, trop vulgaire à son gout. Respirant silencieusement, elle glissa son regard des pavets au sous face de toit qu’elle devinait plus qu’elle ne les vit et s’arrêta finalement sur la croix ornant la façade. De fonction purement terrestre et en rien spirituelle puisqu’elle n’avait, comme toutes ses voisines, qu’un rôle constructif, la forme barrée n’en accrocha pas moins l’esprit de la jeune femme et ses souvenirs anciens mais si nouveau pour l’amnésique qu’elle a été.  La dualité menaçait de la reprendre. S’était de plus en plus fréquent et de plus en plus pénible, lui faisant presque regretter ses quelques mois durant lesquels, son elle intérieur n’était qu’un trou noir profond ou un rideau blanc pur, bref, le vide complet. A croire qu’elle n’était jamais capable d’être satisfaite et sereine. Mais elle se savait partial et peu honnête car cet état la privé alors du principal et pour rien au monde, elle ne voudrait revenir en arrière.

Reprenant son observation, elle laissa son regard évaluer les aspérités du mur, ici un bout de charpente que le temps à travaillé et fait dépasser légèrement, là un trou abandonné par un morceau de torchis depuis longtemps balayé par le vent et la pluie normande. Elle aimait ce type de construction, presqu’autant que les pierres bretonnes, car il n’y avait rien de plus simple à escalader. Surtout pas un temps pareils. Une brise fine et marine lui lécha les narines, apportant son lot d’iode et de fraicheur. Après les chaleurs de la journée, elle était plus que bienvenue.

A nouveau, l’Auvergnate se concentra sur la bâtisse, coincé entre ses voisines, elles-mêmes coincées entres les leurs et ainsi de suite, maison après maison, rue après rue. S’était bien ici. Dans la journée, quand les températures engourdissaient encore la population, elle était venue faire son repérage habituel, se donnant ainsi une dernière chance de reporter la mission si celle-ci s’avérait trop risqué ou infaisable. Car, c’est vrai, la Scopio avait prit gout à cette adrénaline provoqué par la peur et par le risque. Elle aimait ces décharges vous secouant les nerfs et vous électrisant l’esprit. Mais elle n’en était pas folle pour autant, pas accro non plus. Toute mission avait ses risques, à elle de bien les évaluer. Dernier coup d’œil aux alentours, elle n’avisa qu’une âme qui vive, un chat, un autre, fait de quatre pattes et de moustaches celui-ci. Tranquille sentinelle surveillant son territoire, rythmant le temps par ses mouvements lents de queue, en balayant le tonneau sur lequel il s’était installé aussi digne qu’un roi sur son trône.

Poliment, elle le salua.
Et cru même un instant, qu’il en fit autant.

S’avançant jusqu’à la paroi vertical, elle vida son esprit de toutes pensées cohérente ou non, respira longuement et s’étira les doigts. S’était là son rituel. Alors seulement, l’ascension pu débuter, ne s’aidant pour se faire que de la clarté d’une demi-lune et de sa mémoire. Des deux fenêtres du rez-de-chaussée, aucune n’avait été négliger dans leur fermeture, elle les avait vérifié et des trois de l’étage, une fut éliminé car condamné et s’était par l’autre que l’unique lueur de bougie de la soirée s’était éteinte. Par chance, la dernière était entrouverte. Merci, l’été. Merci la chaleur. Ainsi, elle n’eut aucun mal à se glisser par l’ouverture, amortissement son arrivée sur le plancher. Immobile, elle guetta les bruits de le demeure. Rien. Pas de pas, pas de grincement, pas de jappement, ni même de ronflement. Calme absolue. Restant ainsi de longue seconde, celle que l’on surnommé avant l’Oisillon se remémora es instructions de son commanditaire. Elle était sur qu’il s’agissait d’un homme – les femmes étaient beaucoup plus précise dans des détails secondaires – et tout aussi sûr que le nom utilisé était un faux. C’était généralement toujours le cas. Mais la sommes des informations données étaient conséquente, bien plus importante que celles reçues habituellement. Presque un jeu d’enfant. Presque. Se redressant finalement, elle traversa la pièce à pas lent, devançant ses jambes de ses mains pour être sûr de ne rien percuter. Gagnant le couloir puis la pièce voisine, la jeune femme prit toute les précautions du monde pour entrouvrir le battement, ne pouvant pourtant éviter un fin grincement, comme murmure. Nouvel immobilisation. Nouvelle attente. Nouvelle écoute. Rien. Les propriétaires ou locataires du lieu dormaient du sommeil des justes.


«  - Bonne nuit ... »

Ses paroles ne furent pas plus hautes qu’un souffle et un sourire lui dessina le coin des lèvres alors qu’elle pénétrait enfin dans le cœur de sa venue. Le noir complet du couloir avait laissé de nouveau place à la pénombre et les iris verts d’eau eurent besoin de quelques secondes d’acclimatation. « Chambre au centre de l’étage sur la façade côté rue. Ramenez-moi le sceau du Lion normalement entreposé dans un coffre sur le bureau. » Aucun doute, pour connaitre ainsi l’endroit, son client était un intime de ses victimes. Là encore, s’était un fait récurant. Mais comme à chaque fois, Ellis avait la même réflexion « Sympa l’ami ». Avisant enfin le meuble, elle entreprit alors de le fouiller lentement, à la recherche du fameux coffret. S’était presque trop facile.

Leçon n°1 : Toujours se méfier de ce qui est trop simple.

*J-P Sartre

_________________
Dante.tommaso
[ Rouen - Capitale Normande et Capitale de l'ennui - ]



Le retour sur les terres de France s'était fait depuis quelques semaines déjà et Dante était déjà passé à Paris afin de remettre à jour les stocks et consulter les comptes du comptoir Ceresa. Il avait beau avoir une grande confiance en Anselme et son frère, il se devait quand même d'être là et de montrer qui était le maître. D'ailleurs, ces quelques jours dans la capitale lui offrirent le loisir de changer certaines petites directives. Cela avait du bon de surprendre son monde et Dante adorait ça.

Au bout de quelques semaines, quand tout fut en ordre, le vénitien pensa enfin à des choses moins terre à terre. Et ce fut ainsi qu'il prit la direction de Rouen. La ville n'offrait rien de plus que Paris mais il y avait là bas quelqu'un qu'il se devait de voir. Dante avait choisi d'y prendre ses quartiers d'été afin de venir obscurcir le ciel de la de Courcy. Cette femme avait le don de lui mettre les nerfs à fleur de peau depuis des années et comme il n'avait pas encore décidé à quelle sauce il allait la bouffer, cela méritait qu'il se concentre un peu sur cet état de fait.

Peu de temps avant son départ de Paris, il avait donc envoyé son homme de loi afin qu'il lui trouve un pied à terre dans la capitale normande. Le vieil homme s'était exécuté sans soucis majeurs étant donné que le vénitien avait la bourse bien remplie et les prétentions peu élevées… n'avait-il pas dit "juste un coin qui ne fasse pas bouge et où je puisse m'y reposer". L'histoire fut ainsi vite réglée et l'emplacement choisi ne fut donc pas trop excentré du cœur de la ville. Le vénitien pourrait ainsi se déplacer à loisir et fréquenter les auberges à outrances.

Et Dante investit donc la place ! Sa curiosité quant à savoir pourquoi cette chère mère ne se souciait guère de sa progéniture grandissait au fur et à mesure que le temps passait. Il savait très bien où était le fils de cette dernière puisque depuis des années, il l'avait pris sous son aile mais il avait du mal à comprendre le fin mot de cette histoire. Peut être était-elle tout simplement vénale et ses enfants "bâtardisés" ne pouvaient que l'empêcher d'accéder toujours plus haut ou bien justement, le fait qu'ils soient nés bâtards dérangeait son époux actuel. Bref l'affaire s'obscurcissait de jour en jour mais le vénitien ne lâchait pas le morceau. Quelqu'un avait-il déjà vu Dante se désintéressait de ce qui le motivait ? Que nenni. Pire qu'un pitbull, le gaillard ne lâchait jamais l'affaire quitte à aller fouiller dans les tréfonds d'un passé qu'on tentait d'oublier. D'ailleurs, il avait déjà découvert quelques petites perles sur la marquise et cela alimentait son quotidien. Trop d'oisiveté faisait ressortir tous ses travers.

Tout en vaquant à quelques activités parfois peu légales, il fallait dire que c'était intéressant de voir que les tripots comme la contrebande faisaient des heureux dans les villes portuaires, Dante cherchait donc à confronter la dame afin de… de quoi au juste ? La mettre dans son lit ou bien abuser de sa position ou bien ? Le vénitien n'avait toujours pas décidé du sort qu'il lui réservait mais la vengeance avait une saveur glacée et il n'oubliait pas comment elle l'avait traité bien des années plus tôt. Rancunier ? Assurément et même pire que ça et du coup, il passait ses journées dans son nouvel appartement afin de trouver une solution.

Pourtant, à trop être enfermé, Dante avait rapidement broyé du noir. Ses vieux démons étaient revenus à la charge aussi le vénitien avait pris la poudre d'escampette ce soir-là afin de trouver consolation entre les cuisses avenantes d'une catin pas trop moche et des litres d'alcool qui lui feraient chanter l'âme. A ce petit jeu, il avait des années d'expérience et rien de mieux que du licencieux pour ouvrir l'esprit et chasser les nuages noirs. Mais l'heure se faisait tardive aussi, en chantonnant et en titubant, il trouva la force de rentrer chez lui… enfin dans cet appartement sans vie qui était devenu sa tanière. Et c'était en se posant la question de savoir s'il n'allait pas la transformer en garçonnière qu'il ouvrit la porte en essayant de ne pas faire trop de bruit. Le voisinage n'aimait pas être réveillé en pleine nuit puis sur la pointe des pieds, il s'était dirigé vers sa chambrée sans faire attention à quoi que ce soit. Laissant tomber sa veste, sortant sa chemise de son pantalon, il l'ouvrit en grand sur son torse, essaya de la passer par-dessus la tête et comme cela ne fonctionnait pas, se laissa choir sur le lit qui lui tendait les bras afin de piquer un bon roupillon. Et les heures tournèrent, tournèrent jusqu'à ce que des tambours viennent à se fracasser contre les parois de son crâne.

Relevé d'un bond, Dante leva le nez en direction du plafond tentant bon grès mal grès de saisir l'heure avancée qu'il était puis il ferma les yeux, bâtit des paupières, grimaça et se stoppa net en retenant sa respiration. Quelque chose n'allait pas dans ce lugubre appartement, quelque chose qui était différent. Un grincement avait atteint ses esgourdes mais pas que… Le nez se relevant à presque japper à la lune, le vénitien se mit à humer l'air qui l'entourait et pour le coup, il dégrisa très vite. Les battements de son cœur se mirent à galoper et résonner dans sa poitrine, son sang ne fit qu'un tour, il avait trouvé ce qu'il clochait. Un parfum, une odeur… quelque chose de différent voletait dans la pièce comme si…

Se laissant couler au pied du lit, un pied nu et l'autre botté, il ne chercha pas à comprendre et retira la botte restée afin de pouvoir se déplacer plus aisément et il se rendit dans la grande pièce. Caché derrière le grand bahut, il continua à humer l'air environnant. L'odeur se faisait plus persistante et soudain, il perçut un mouvement dans le bureau, pièce attenante à la grande salle. Se faufilant dans l'ombre, Dante se cala contre le mur pour mieux observer avant de faire entendre sa voix un peu plus éraillée que l'ordinaire par l'alcool et la fatigue.


- Besoin d'aide ou bien tu trouves ce que tu cherches ?
_________________
Euphorbe
Et. Merde.

Telle fut sa première pensée. Vulgaire mais vrai. Redressée par la stupéfaction de s’être fait avoir, aussi droite qu’un « I » au garde à vous et le souffle retenu, elle n’esquissa plus l’ombre d’un geste. Paupières closes et froncées à l’image du reste de son faciès, la féline tenta de localiser sa – plus tout à fait – victime dans la pièce. Derrière elle, c’est une certitude. Guère difficile puisqu’en face, c’est un mur aveugle. Mais la brièveté de la remarque mêler à l’effet de surprise ne l’aider pas à localiser plus précisément l’homme – puisqu’aucun doute là-dessus – il s’agissait bien d’un homme. Le timbre de voix, comme les fourmillements qu’un instant, la tonalité avait provoqué dans un creux de son être, ne lui permettait pas d’hésiter sur la question. Ce constat, d’ailleurs, lui troubla plus encore l’esprit et il fut d’autant plus difficile pour elle retrouver son sang-froid.

Le silence s’installant, l’Auvergnate guetta les bruits. Elle perçu sa respiration lente, signe qu’il était lui-même serein. L’écho de son parfum mêlé à celui, plus entêtant de l’alcool rance, lui agaça les narines et trouvèrent une résonnance dans ses souvenirs. La sonnette d’alarme se déclencha en sourdine, signale qu’elle n’eut ni le temps ni l’envie d’écouter. Ce n’était pas le lieu et encore moins le moment. Quelques choses, elle devait trouver quelques choses. Juste avant d’être déranger, la Scopio avait enfin trouvé sa commande dans un petit coffret, à présent ouvert dans son ombre. L’excitation de la victoire avait été fatale à sa vigilance. C’est une leçon qu’elle avait pourtant déjà apprise, Orius ne cessant de lui répéter que son enthousiasme la perdrait un jour. Ne restait plus qu’à espérer que cette nuit n’était pas le jour dit. Le distraire, détourner l’attention du bougre, voilà sa priorité.


« - En fait … Non. L’on m’a promis qu’une parure de perle très élaboré se trouvait ici. Dans cette pièce … »

L’insolence. La fausse désinvolture. Le calme de façade. Tout était encore possible parce qu’elle lui tournait toujours le dos. En parlant, sa main gauche agita quelques feuillets dérangés par sa première fouille. Ce geste n’avait qu’un but, attirer le regard de son compagnon non désiré, capter son attention, pendant que sa droite – la plus habile - essayé d’accrocher discrètement le seau entre sa peau et sa ceinture, sous sa chemise, pile sous le nombril. C’était un coup de bluff, un pur coup de bluff, qui n’avait qu’une chance sur cent ou mille d’aboutir. Mais s’était bien le seul qu’elle avait de peut-être sortir de cet endroit sans perdre sa soirée. Et en dernier recourt, peut-être pourrait-elle l’échanger contre sa main ou sa vie.

« - … et je ne trouve rien. Je crois que l’on ma mentit. »

L’objet désiré en place, la Scélérate déglutie, essayant de trouvait au fond de ses tripes, le courage qui fuyait à grande vitesse. Elle imaginait son mentor actuellement prêt de ses fils, eux endormi, lui probablement encore éveillé à l’attendre. C’était toujours ainsi quant elle sortait « travailler ». Elle se voyait, entrant en silence dans la chambre anonyme louée pour la nuit, affronter son regard qui, de l’interrogation à la colère, n’aurait besoin que de quelques secondes pour la percer à jour. S’en suivrait leur isolement, à l’écart des garçons, pour l’interrogatoire et probablement une ou deux gifles bien senties. Là, à l’instant même, elle en rêverait presque, de ce châtiment. Presque. Mais pour les recevoir, elle devait se sortir de ce traquenard. Et pour les éviter, elle devait garder son butin. En temps normal, la jeune femme aurait bloqué sa prise dans la bande lui enserrant la poitrine mais, dans le cas présent, impossible d’esquisser le moindre mouvement dans ce sens sans risque d’être deviner par l’homme. Le ventre était le second endroit le plus sur. Généralement, quand on fouille un tiers, on tâte ses côtes, ses flancs, souvent ses chevilles, parfois son dos aussi. Rarement son ventre. Une chance sur cent.

«  - Je n’ai rien. Alors que diriez-vous d’en rester là ? »

Retournée vers lui, nonchalamment appuyer sur le rebord du bureau, elle tenta de le détailler malgré la pénombre ambiante. La tête légèrement incliné sur le côté, dans cette pose assurée qu’on lui avait enseigné, elle perçue sa taille, sa carrure, son allure débraillé. Les alarmes s’animèrent de plus belle. Le fourmillement de son bas-ventre aussi. Elle remonta son inspection sur son visage. Là, c’est son estomac qui se crispa. Moitié dans l’ombre, moitié dans un rayon de lune, elle ne vit tout d’abord que le tracé de sa mâchoire et le dessin de sa bouche, croyant deviner aussi l’ombre d’une barbe naissante. Elle ne cachait pas son inspection, il devait se savoir observait. Alors, que son mouvement fut volontaire ou non, il livra à son regard le reste de son visage. Reflexe incontrôlé, les yeux vert-d'eau s’ouvrir comme des billes effarées. Ce visage, elle ne pouvait que le reconnaitre maintenant que ses souvenirs lui été revenus, car c’était bien lui …

Le Vénitien.
Et merde …

_________________
Dante.tommaso
La brume s'obstinait à vouloir rester figée dans son esprit et chaque parole prononcée par la jeune femme qu'il avait en face de lui résonnait comme des tambours. Grimaçant légèrement, Dante mis ses doigts contre l'une de ses tempes afin de la masser longuement. Ecouter devenait absurde, réfléchir s'avérait impossible et pourtant, il lui fallait reprendre les rênes de la situation avant que cela n'échappe à tout contrôle.

- Des perles dis-tu…

Sa propre voix n'était plus vraiment proche de celle qu'il avait d'ordinaire. L'alcool avait fait des ravages et cela se sentait. La tessiture avait pris des graves et rendait les paroles de Dante plus graves et profondes que d'ordinaire.

- Tu crois que l'on t'a menti moi je puis te le confirmer. On t'a pris pour ce que tu sembles être, une grande naïve on dirait…

Tandis que Dante tentait de se redresser afin d'imposer sa grande stature à la jeune voleuse, il mit la main sur le chambranle de la porte car le tangage de l'appartement n'avait rien à voir avec le celui du "Phoenix" ou de l"Esperanza". Un comble pour quelqu'un qui avait le pied marin. Mais là n'était pas la question. Pour l'heure, échapper aux effets des effluves d'alcool et de fumée illusoire, voilà ce à quoi pensait le vénitien. Et cette rencontre ne l'aidait pas car il devait trouver des forces pour faire face à la situation alors qu'il n'en n'avait plus.

Dante tenta une approche, certes lente et pathétique mais il glissa un pied puis le second dans la direction de la voleuse qui ne trouva rien de mieux à faire à cet instant-là que de se retourner. Se concentrant alors avec ferveur, il réussit tout de même à croiser le regard de la jeune femme puis les traits d'une finesse saisissante pour enfin saisir au passage de ses pupilles brumeuses une mèche d'un blond outrageant qui lui en rappelait bien d'autres. Et le cœur au bord du gouffre, ne se préoccupant absolument pas de son cerveau, se mit à battre la chamade et à tambouriner contre les tempes… Dante inspira profondément alors que sa mémoire lui imposait des images de celle qui n'avait pas revue depuis quatre ans et pour cause… à trop vouloir jouer, il lui avait brisé les ailes et l'âme réduisant à néant ce petit oisillon tombé du nid bien trop tôt. Jamais elle n'aurait dû croiser la route du vieux loup, jamais il n'aurait dû saisir l'occasion de trouver la rédemption en clouant les ailes de la jeune fille à peine sortie de l'enfance… Soudain l'air vint à manquer au vénitien et il le chercha désespérément jusqu'à tirer sur le col de sa chemise débraillée tout en déglutissant bruyamment.

Baissant la tête afin de ne pas montrer à cet adversaire qu'il était un tantinet déstabilisé par cette ressemblance, Dante tenta de porter sa dextre vers l'avant afin que cette dernière agrippe le bord du bureau à son tour. Et force fut de constater qu'il ne s'était pas cassé la gueule pour faire les quelques pas, il s'enhardit en relevant le menton.


- Tu crois vraiment qu'on va en rester là alors que tu pénètres chez moi sans y être invité, que tu fouilles dans mes affaires sous un prétexte fallacieux et que tu fais comme si de rien n'était ?

Le vénitien vint à pousser son pied droit vers l'angle du bureau afin de se rendre au plus près de cette voleuse qui risquait bien de devenir rapidement sa proie. Malgré le fait qu'il ne soit pas au mieux de sa forme, il n'allait pas se laisser faire et si la demoiselle voulait sortir de là en un seul morceau, il allait falloir qu'elle se montre bien plus convaincante qu'elle ne l'était jusqu'à maintenant. Et telle une biche prise au piège, Euphorbe vint à ouvrir de grands yeux en voyant Dante s'avancer légèrement dans la lumière. Un sourire de satisfaction presque malsaine se dessina alors sur la bouche du Ceresa trop heureux de voir le subtile changement de situation se dessiner à l'horizon. Si la voleuse avait voulu compter sur sa chance et jouer avec lui, ils allaient être deux. Même complètement torché, Dante avait la faculté de revenir sur terre facilement et ça, ses ennemis s'en souvenaient encore. Le corps du vénitien se tendit par-dessus le bureau pour venir humer l'air qui entourait la voleuse, se régalant de cette crainte qu'il devinait sous ses prunelles verdâtres.

- Et que me proposes-tu en échange de ma… comment dire… générosité à te laisser partir et sortir de ma vie comme si tu n'avais jamais existé ?

A peine ses mots prononcés que Dante ferma ses yeux une fraction de seconde. Il se rappelait ses paroles prononcées bien des années auparavant… le ramenant encore à cet oisillon qui n'avait pour se défendre de lui que sa douceur et sa générosité. Si seulement il avait pu la laisser partir elle aussi… les doigts de Dante s'avançaient dans le noir pour essayer d'attraper le bras de la voleuse et la retenir, elle aussi… le passé, le présent, tant d'images qui se mélangeaient pour ne faire qu'une pour son plus grand malheur…
_________________
Euphorbe
Cette voix bordel, et ce parfum !

Si les fragrances n’avaient jusque-là, qu’effleuré ses souvenirs, la résurgence de ces derniers semblaient amplifié leur capacité au point dans devenir entêtant. L’approche masculine n’y était probablement pas inconnue non plus. Les yeux baissés, l’Euphorbe n’évaluait que leurs pieds - deux bottés, deux nus – incapable encore de l’affronter, lui et son regard. Merde. Merde. Merde. Et re-merde ! De tous ses pores, elle espérait chasser Ellis au tréfonds d’elle-même, la faire se taire et disparaitre. Pour ce soir au moins. L’oisillon n’avait pas ça place là, là tout de suite, à l’instant présent. Pourtant, c’est bien elle qui grappillait du terrain depuis quelques minutes et menacer de gagner la bataille.

Merde. Quatre ans et rien.
Merde. Quatre ans pour rien.

Qu’importe les entraînements et les épreuves, peu importe les études de leur histoires et les conclusions prisent. Oublié les bonnes résolutions, tout semblait s’évanouir dans un air de sable agité par une légère brise. Pourtant, dans un sursaut d’orgueil dont même Ellis n’était pas dépourvu – aider par le reproche la piquant au vif-, la Perchée parvient à reprendre le contrôle d’une partie de ses pensées et sauva les apparences en adoptant une pause faussement alanguie, le regard dans le vague, de celle faisant croire à votre interlocuteur qu’on l’écoute gauchement, que notre intérêt n’est qu’à moitié à lui. Souvent frustrante, parfois vexante. En vérité, son esprit flambé. Naïve, elle l’avait effectivement été. Comme à l’époque, sans changement. Trop confiante. Pas assez méfiante, c’est vrai. Pourtant, venant de lui, le constat la blessa d’autant plus.

Les vieilles blessures ont la vie longue et facile.

Furieuse, elle trahit son sentiment en serrant les bords du bureau - sur lequel elle était toujours appuyée - à s’en faire blanchir les jointures. Heureusement, l’obscurité fut son amie et masqua ce signe. Afin d’être sûr de pouvoir compter sur sa voix - cette traitresse la snobant souvent en se cassant à l’instant où on la souhaiterait ferme et menaçante – l’Auvergnate lui fila un petit avertissement en se raclant doucement la gorge.



« - Y croire, pas vraiment, mais j’aurais essayé. N’auriez-vous pas été déçu que je ne le fasse pas ? »


Soupçon d’audace parfaitement ridicule et nerveux. L’avait-il reconnu ? A tout moment, l’Euphorbe s’attendait à réentendre ce prénom oublié un temps et inutilisé depuis des longtemps. Son regard reprit un peu de courage et s’aventura sur l’ombre des jambes, remontant en lacet vers la ceinture et les bords de chemise s’en échappant. Il n’alla pas au-delà de ce tissu de bonne facture, clair et froissé, et offrant une échapper à son esprit qui tenta de partir sur la pente rassurante de la composition et l’âge du vêtement. Drôle de pensées en pareils situation. Puis les mots s’infiltrèrent par ses tympans. La phrase prit son sens difficilement. Et le souvenir de leurs doubles quatre années auparavant lui perça le cœur, lui amenant la bile aux bords des lèvres.

Il n’avait pas changé.

Alors, la gifle partie, avec toute la force de sa colère et de sa peine. Mouvement réflexe et irréfléchi car c’était trop, beaucoup trop. La résonnance de ses terme avec ceux passé fut la goutte en surplus pour le vase plein qu’était déjà ses nerfs tendus à vif. Quelques secondes hors du temps suspendirent dans les airs, son étonnement – et probablement celui de son ancien mentor. Sa réflexion peina à remettre ses rouage en marche, refusant de réaliser ce qu’elle venait de commettre. Ce qu’elle perçu en premier vu la fin de l’écho du claquement de sa paume sur la joue masculine. Puis vient le souvenir, déjà, du contact de ses doigts sur la barbe dru, bien que naissante – elle en était sûr à présent. Dans ses songes les moins avouables, elle en avait rêvé. Mais nullement ainsi. Jamais ainsi. Ou rarement. Surprise, elle observa ses phalanges - devinant plus qu’elle ne vit - le rose les colorants à présent. C’est d’ailleurs leur chaleur qui termina le cycle de remise en route de son esprit ralentit.

Oh mon Dieu !

La colère avait laissé place à l’étonnement, puis à une peur mêler à de fierté et soulagement. Oui, elle avait osé. Enfin, elle avait osé. Mais à quel prix ? A présent, l’Euphorbe le savait, il lui fallait fuir. Tentant le tout pour le tout, espérant mettre à profit le reste de ses instants gâchés - oubliant la commande et son trésor toujours coincé à sa taille - la jeune femme essaya de se dégager du magnétisme de l’imposante silhouette et d’imiter son animal-emblème. Se dégageant le bras d’un mouvement sec, la Perchée, les deux mains sur le torse vénitien, tenta de le contraindre à reculer, priant pour que cet alcool qu’elle percevait depuis le début soit son alliée. Elle n’avait pas besoin de beaucoup, d’un pas en arrière, peut-être deux. Juste quelques centimètres lui offrant un début de liberté. Si elle atteignait la porte, elle le savait, viendrait le couloir puis deux options : la fenêtre par laquelle elle était venue – cette bouche inconnue de l’enfer – ou l’escalier. La rapidité et le risque. Ou la prudence et la lenteur. Qu’importe, d’abord, elle devait se tirer d’ici. Et là encore, son ami le plus fourbe fut son propre corps, insouciant du Danger, le réclamant presque.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)