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Des courtes & des brèves

Perceval_aelis
Citation:
Garde à moi.

Oui-da, un méandre intellectuel où je vous retiens prisonnier contre rançon. Ramenez-moi votre corps, que je vous libère de votre âme. - là, entendez un ricanement digne d'une créature des enfers-.
Sanguienne ! Il faudrait pouvoir transmettre des messages ainsi, avec sa voix, ou une transcription de la voix.
Savez-vous que j'ai croisé lors de notre départ, un oiseau très coloré qui parlait avec nos mots.
Il ne tenait pas de conversation, mais semblait apte à reproduire des mots entendus. ça serait une idée pour transporter des messages... vocaux. Je suis certaine que vous me prenez pour une cinglée, mais cet oiseau, je l'ai bel et bien entendu. Brièvement mais entendu.

Mon héritage ne peut me combler, ni combler l'absence de force forcée qui en découle, d'ailleurs ce n'est qu'une infime part, juste des objets tel l'ichtus que vous portez à votre cou.
Pour le moment, je n'ai pas encore bien appris à m'en servir, j'effectue quelques moulinets qui ont néanmoins l'heur de servir à effrayer les corbeaux dans les champs.
La chance étant que ma mère était de petite constitution (je me demande comment un si petit bout de femme pouvait susciter autant de crainte) sa bâtarde ne se trouve pas tant lourde ou trop disproportionnée rapport à ma stature.
Néanmoins, Minah m'entraîne avec la masse d'arme, je vous avouerai que c'est laborieux et que pour l'instant à part des membres douloureux, il n'y a guère de résultat.
Ce qui me chagrine et qui parfois me prête au découragement c'est la dextérité dont fait preuve ma soeur alors qu'il lui manque un bras.
Cela pique un peu de jalousie mes sentiments à son égard, en vérité et sans rien vous celer, parfois j'envie en mon for le fait qu'elle ait été adoptée.
Je n'ai aucun mérite à être la fille de ma mère, mais elle, a été choisie pour ses vertus et même pour ses défauts.
Je le sais. Je suis ridicule.

Sachez le, je n'accorde pas facilement mes affections, elles sont rares, peut-être par égoïsme, exclusivisme, ou simplement je n'ai nul besoin d'être très entourée. Est-ce une chance pour eux et vous, je ne sais, vous avez pu le constater, je ne vous ménage pas.
Tout de même, je me dois de vous dire, que vous c'est encore différent, je vous accorde mon sentiment et ma fiance alors que vous m'êtes étranger. Vous êtes la première personne dont le lien n'est pas issu de ma famille, ou du fait qu'Izaac soit mon précepteur, un lien qu'à moi finalement.
C'est ce qui me le rend si important.

Pour cette personne que vous avez aimé, le lui avez-vous dit ? Ma curiosité est certainement mal placée mais j'aimerai bien si vous le souhaitez que vous me contiez la manière dont vous l'avez rencontré, comment avez-vous su qu'elle comptait pour vous, avez-vous eu les symptômes que vous m'avez décrit ?

Non, ne faisons nullement projet de notre mort, il est déjà tant complexe de vivre.
Vous ne souhaitez pas m'empailler ? Pourtant je ferai un chouette épouvantail, je vous l'assure.
J'espère juste que vous avez oublié une lettre à un de vos "empailler" ou sinon, vous avez l'étrange souhait de ne pas m’empaler (ce qui m'arrangerai grandement aussi, je ne vous le cache pas).
Pour Arles, je vous avais prévenu, ils sont étranges en Provence, mais la ville, comment est-elle ? Belle ? Grande ? Majestueuse ? Ou bien affreuse, exiguë, puante ? Je n'ai jamais visité Arles, et je me demande à quoi peut ressembler cette cité.

Actuellement, nous avançons péniblement mais inexorablement, quelques cols ont été franchis après avoir longé le Léman et je suis bien contente de n'avoir pas eu à le faire en plein hiver. Nous avons traversé une cité moribonde, où les chiens efflanqués y traînaient leur carcasse.
Certains trouvent ce genre de voyage ennuyeux mais moi je ne puis me lasser de ces paysages.
C'est au seuil du jour que j'y préfère ma route, quand la brume enlace les flans de montagne, agrippant aux branches roussies des arbres, j'aime l'air frais qui picote le visage, fouette mes poumons telle une nouvelle naissance.
Le pas est encore gourd de sommeil, les hommes cheminent en silence, alors que les chevaux laissent échapper des volutes de vapeur de leurs naseaux. Il y a une certaine poésie rustique que j'apprécie fortement.
L'instant où Dieu, nature, bêtes et hommes sont dans une symbiose totale.

Vous auriez du rebrousser chemin, oui. Et venir avec moi.

Déos vous veille.
A mon Jehan de sa dévouée Abeille.

P.S. : Pour la rime seulement ? Voilà qui me chagrine.

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Perceval_aelis
Citation:
Me pardonnerez-vous de vous avoir causé quelque peine ? Vous apprendrez tout de mesme que je me suis inquiété de ne pas voir Vinçu me revenir aussi rapidement qu'à l'accoutumée. Je suppute devoir m'y habituer maintenant que la distance entre nous est vouée à s'allonger, certainement d'un millier de lieues encore si ce n'est plus, jusqu'à ce que vous soyez à portée de torgnolles du fameux chef.

Apprenez aussi, d'ailleurs, que j’ardoie de rebrousser chemin comme jamais. Le périple s’est mué en je-ne-sais-quoi de fastidieux et blessant pour le cœur. Pas qu’Arles soit laide*, bien qu’elle grouille d’une populace que je n’arrive à saisir et à laquelle tout attachement me semble impensable, mais j’en suis à me repentir d’avoir fait promesse de venir. Déjà, ce n’est qu’idées faciles, que discussions plates, que défense d’adultère et autres sympathies, dans toutes les rencontres faites ou presque – voyez comme je suis loin de pouvoir vous remplacer mesme si l’envie avait été là –, et puis Jeanne, qui n’est d’ailleurs pas du tout souffrante, tient plus de la bordelière que de la femme. Elle réalise l’exploit d’avoir un dru dans chaque nouvelle ville, chaque point de rencontre en rase compagne (à se demander comment elle n’est pas déjà vingt fois grosse) tout en m’assommant de jalousies ridicules puisque Kaghan ne lui offre pas, je présume, l’affection qu’elle pense mériter. Encore que pour estre aimé, je crains qu’il ne fasse estre aimable, soit.



Et Kaghan lui-mesme… Comment vous avouer que j’en suis déçu ? Je ne suis pas certain de ce que j’ai vu en lui, quelque chose de meurtri et de différent qui devait éveiller considération et compassion, peut-estre, en plus de la foule de choses qu’il y avait à apprendre de sa culture. Mais c’est que dernièrement, à chaque rencontre, il se trouve soit en grande discussion sur la fornication (vous vouliez un exemple de ce que je n’irais pas vous confier : ce que j’apprends de pratiques sur ce sujet en fait partie), soit me révèle des choses passées qui me font demander s’il est sain d’esprit et, pire, s’il ne mérite pas en plein les épreuves et afflictions qu’il a eu à subir et subi encore.



Passons là, je vous vois affligée de la lecture déjà.



Il me faut admettre que je ne suis pas certain de vos mots. Un oiseau qui parle avec nos mots ? Si vous me permettiez de douter, je me demanderai si vous n’aviez pas découvert les joies des boissons fermentées. Et vous ne vous laisseriez pas abuser par un tour de charlatanisme, il me faut donc croire. Mais comment connaist-il les mots, s’il ne les entend pas assez pour tenir conversation ? Les apprend-t-il comme une mélodie ? Et n’est-ce que les mots, qu’il sait imiter ? Si oui, et admettons que nous en trouvions un, que nous parvenions à lui faire dire, s’il est incapable de feindre votre voix à la perfection, je crains n’y voir que peu d’intérest.



J’entends ce que vous en dites, de votre héritage, mais bien qu’objets qui ne compensent rien, vous pouvez deviner l’existence de votre mère à travers eux ou, au moins, vous avez un support à vos souvenirs. Beaucoup ne peuvent en dire autant.

Il me vient l’envie de votre apprentissage : l’on devait m’enseigner le lancer de couteaux (avouez que, bien que ce ne soit pas un art du combat noble, ça a le merveilleux avantage d’assurer une distance relative entre les combattants, bien qu’il me semble penser que c’est plus offensif que défensif… Soit) mais je crains que cela ne soit compromis.

Vous n’estes ridicule en rien. La jalousie est naturelle, elle peut parfois mesme pousser à s’améliorer en regard de l’autre. C’est ce que l’on en fait qui peut, ou pas, poser souci. Minah est plus bien vieille que vous d’ailleurs, n’est-ce pas ? Elle a eu le temps de faire ses preuves mieux que vous possiblement, vous ne devriez pas vous attarder à jalouser ses qualités et le chemin qu’elle a parcouru, ce serait vous retirez de l’énergie pour développer les vostres. Entrainez-vous donc plus dur et réjouissez-vous d’avoir une sœur qui puisse vous apprendre. Ou mieux, soyez fière de l’avoir à vos costés, je peux vous assurer que vous ne vous sentiriez pas meilleure si vous la pensiez inférieure à vous en tout.



Autant je ne crois pas que la rareté fait la valeur en général, autant pour vous, il ne serait pas inadéquat de l’affirmer. Et, si, je me sens chanceux, il me faut mesme dire que je ne vois pas en quoi vous ne me ménageriez pas. Vous avez éveillé ma curiosité, aiguisé une réflexion, vous ouvrez sans mal, m’offrez votre temps, votre mine, parfois vos attentions, et en contrepartie, je n’ai qu’à subir de troublants, quoique charmants, labyrinthes de l’esprit. Bon, et quelques menaces d’empaillements… Voyez comme c’est minime !



Et là encore la souvenance me fait défaut… Je ne suis pas certain de lui avoir dit. L’image floue de délires fiévreux m’est restée, nous allions en Bretagne, d’hiver peut-estre, trempé jusqu’à la chaisne, je m’étais trouvé souffrant. Et puis, des lettres, pas aussi longues que celles que je vous livre mais parfois tout aussi complexes à écrire. Elles sont perdues, mon carnet n’existait pas encore, aussi le grand comme le petit de cette histoire est en grande partie perdu… Je ne l’ai pas aimée en la voyant, quoiqu’elle a attiré irrésistiblement mon regard.

Des herbes. Sur le marché. Je vendais, pour manger. Elle a tout pris, s’est blessée, aussi. Vous allez trouver ça ridicule je pense mais jusqu’au lendemain, où nos routes se sont croisées de nouveau, je n’étais pas certain de ne pas avoir songé trop fort. Les écus au creux de ma bourse étaient bien réels, pourtant, mais c’était si étrange. Elle avait quelque chose de fantomatique. Sa voix n’était qu’un murmure. Et qui a des yeux d’argent, franchement ?

D’ailleurs, en vous écrivant, je me rends compte combien il se pourrait qu’elle ne soit qu’une chimère de bout en bout. Qui ne se souvient si peu d’une personne aimée, jusqu’à ne pas savoir s’ils ont eu, ou pas, ce moment entre soulagement et frayeur intime où on avoue, au moins un peu, qu’on a le ventre et les yeux tout plein de l’autre, jusqu’à ne pas savoir si des mains se sont effleurées ? Admettez, ça n’a aucun sens. La fin mesme de l’histoire n’a pas de sens. Des feuillets plein de lettres et puis le néant. Vous voyez ?



Enfin.



Je ne sais ce que je vous ai écrit, mais soyez rassurez, non, je ne souhaite ni vous empaler, ni vous empailler, et si vous pouviez préservez votre intégrité physique en dehors de ça, je vous en serais mesme reconnaissant.

Dans combien de temps votre péril sera-t-il terminé ? Au moins pour atteindre votre destination, j’entends ?



Garde à vous,

Jehan.



*Arles sent le sel et l’huile, beaucoup. Le bois qui meurt, un peu. Le fond de l’air est trop doux et quand on se tait, le chant des mats prend le relais de la conversation. Les gens parlent haut, parfois de fenestre à porte, et je ne comprends pas toujours ce qu’ils disent mais ça ne me dérange que peu, j’essaye de m’inventer des histoires dans les lacunes de compréhension, avec leurs intonations pour mélodie. Les enfants vont tressauter les pavés de leurs pas pressés, partout, quelques-uns, parfois les côtes maigres, s’ébattent encore près des fontaines. Le ciel est trop bleu, pas assez dérangé, comme toujours nettoyé par ce vent qui s’infiltre partout quand il se lève. Les marches du parvis sont tièdes aujourd’hui et il y a des ombres étranges jetées dans les petites alcoves dont sont flanquées les portes de cathédrale. Des saints, je crois, s’y cachent, au frais.

Leur lice est immense, décorée d’enfilades d’arches plus hautes que deux hommes.

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Perceval_aelis
Citation:
Elisabeth,
Le temps vous a manqué, le mien est passé.
Je prends route pour le Grand Est.
A mon retour, l'affaire se doit d'être diligentée.
J'en remets désormais ma vie à Dieu.
Amicales huguenoteries.

Perceval


Citation:
Maddie,
Je m'excuse. Je suis partie comme une sauvage.
Je tâcherai de me garder en vie, toi aussi t'as intérêt. C'est obligatoire !!
Aucune de nous deux n'est autorisée à trépasser.
On ne s'est pas dit au revoir.
Tu me diras ton voyage ?
Tout un tas d'affection (pas d'infections, hein !)

Percie

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Perceval_aelis
Citation:
Garde à moi.

Je vous pardonne tout, vous le savez bien. Je vous affectionne tout à plein et rien, je le pense, ne pourrait entacher l'airain de mon sentiment à votre égard.
Pour ce qui est de ma négligence à vous répondre, c'est mon pauvre corps qui m'a lâché sous le coup de la fatigue. les entraînements et les longues chevauchées dans le mordant du froid ont eu raison de ma carcasse qui se vautre sous ma pelisse et je dors toute bottée et blottie contre ma Minouche.
Il faut que je m'endure. Encore et encore.
Inlassablement.

Pour mon péril, comptez trois mois de voyage pour nous y rendre, tout en traversant des villes et des contrées qui sont de moi ignorées jusqu'à même leurs noms.
Une pensée affreuse vient de me tenailler la tripe, et si nous ne nous revoyons pas ? Et si durant tout ce temps je deviendrai telle votre chimère dont vous n'êtes assuré de son existence tant son souvenir s'est transformé en éther. Je ne veux être rayée ainsi de votre existence par le simple caprice d'une affliction.
Je vous le mande, gardez précieusement vos carnets, je crains plus de disparaître de votre mémoire que de subir le Moissonneur.

Vous souhaitez rebrousser chemin ? Où irez-vous ? Sous bonne escorte au moins ? Retournerez-vous en Savoie ? Est-ce vous que l'on a blessé ?
Ce que vous me contez là me laisse sans voix, cela tombe bien, vous n'avez pas à m'ouïr.
Je ne sais que dire tant je n'ai rien de commun avec les personnes que vous me décrivez, ils sont hors de ma compréhension. Je n'ai jamais été confronté à cela, ou peut-être n'y ai-je jamais prêté attention.
De ce blond, je me suis toujours défiée, c'est que j'ai du mal avec les caractères changeants, inégaux, ils m'inquiètent. Je n'en ai pas peur, juste que la méfiance nourrit mon humeur de manière fort désagréable.
Je pense qu'il est inutile que j'épilogue là dessus, vous savez ce que je pense de ce genre de comportement outrancier.

Pour l'oiseau, ne m'accusez point de pratique que je réprouve . Vous le savez bien, je ne bois que des herbes infusées, et des herbes que je cueille moi-même. Là, un mélange à part égale de fleurs de camomille, d'écorce de saule, de prêles et de fleurs de tilleul, très bon contre les refroidissements.
La maladie a touché quelques soldats, et mon père aussi, qui n'était guère très vaillant ce jour.
L'oiseau, ai-je dit, a le plumage vif, un bec un peu courbe, il a l'oeil intelligent et semble prompte à la pitrerie, il transportait un message, peut-être est-ce un oiseau natif de Valachie, je n'en avais jamais vu.
Je ne sais si son langage est spontané et que c'est en l'entendant qu'il le reproduit (peut-être que la musicalité de nos sons lui plaisent) ou bien que l'oiseau apprend savamment des bribes de nos langages qu'il répète.
Je ne sais s'il est conscient ou non des mots qu'il use. C'est pour moi un mystère.
De ce que j'ai entendu, il a une voix forte et plutôt grossière qui roule les "rrrr", je ne pense pas qu'il puisse imiter le timbre et les différence de nos voix.


Pour moi vous m'êtes rare et précieux à la fois. Alors closons là ce sujet.


Vous êtes allé en Bretagne ? Comment est-ce ? Avez-vu pu voir ces paysages malgré l'intempérie dont vous avez été victime ? J'ai beaucoup voyagé avec mère mais la Bretagne c'était tabou. Il faudra pourtant que j'y aille un jour, j'ai une poignée de cendre à y jeter, ma mère souhaitait par là, je le pense, retrouver la terre qui l'a vu naître. Viendriez-vous avec moi ? C'est un projet pour dans long, je ne sais pour combien de temps me durera ce périple ci avant d'en commencer un autre.
J'aime la manière dont vous décrivez la ville, est-ce un port ? Il me semble que la cité borde le Rhône, et pour cette immense lice, je crois que c'est le reste d'une vieille époque, lorsque la Rome de Jules César avait la part belle sur le monde connu.
Leur verbiage doit être d'Oc, mais un Oc légèrement différent de celui que je connais. C'est très mélodieux à l'écoute et le phrasé se fait parfois très imagé chez le populaire.

Vous me manquez, je l'ai jà dit mais le redis car ça me tanne de l'intérieur, comme une sorte de chagrin silencieux qui n'en est pas vraiment un.

Déos vous veille
Votre dévouée Abeille

P.S. : Vous n'avez point signé "votre" Jehan, vilain que vous êtes.

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Perceval_aelis
Citation:
Je vous écrirai plus tard dans le détail, mais trois mois ? Six mois rien que pour cheminer, et Déos seul sait combien de temps vous serez sur place ! Si vous doutiez encore de la vivacité de mon regret, soyez-en pleinement assurée maintenant.

G.


Citation:
Tant bref est votre billet que je m'en inquiète.
Allez-vous bien ?
Demain nous serons à L., si notre cher capitaine (Azharr, si c'est jà pas un nom circonstancieux) ne change pas d'avis.
Je crois que nous y restons un jour, nous attendons une lance qui doit nous rejoindre. J'ai grande hâte de découvrir cette ville, il paraît qu'elle est de toute beauté et qu'un lac longe la cité.
J'y espère trouver quelques documentations en français sur le spinozisme, religion qui m'intrigue par leur pensée et leurs rites. Un compagnon de mon père en est un mais je me méfie de cet étrange étranger affublé d'un turban.
Je ne sais l'influence qu'il peut avoir sur mon père. Bonne ou mauvaise, il sera bien temps de s'en apercevoir.

Déos vous veille
Votre dévouée

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Perceval_aelis
Citation:
Je vous écris tout à l'heure plus en avant. Je ne dirais pas aller bien, non, mais pas de quoi vous inquiéter, soyez en certaine.
Azharr, le prince ?

Et vous m'en direz plus, je vous en prie, je n'ai jamais ouïe-parler de L. et très peu des spinozistes.

Bien à vous,

G.



Citation:
Perceval,

Aussi aimable que votre mère. Au moins je suis bien sure que vous êtes bien de son engeance.
Nous verrons donc cela à votre retour.

Amicalement

Elisabeth

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Perceval_aelis
Citation:
Salvé Percie

Ah tu es partie de Genève ? Et dans quel sens ?

Sinon pour le reste, ne t'en fais pas, j'ai la peau dure et la lame solide.
Prends soin de toi où que tu ailles et à très bientôt.

Je t'embrasse
Mad


Citation:
Maddie,
Vers l'est. Nous avons passé Luzern.
Et toi ? Ton voyage ?
Donne-moi nouvelle, peau dure ou pas.
Je t'embrasse aussi.

Percie

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Perceval_aelis
Pas de Vinçu cette fois, mais un messager. On comprend aisément pourquoi en constatant la taille inhabituelle du pli. À peine protégée par du papier ciré, une petite boule de cuivre ajouré en motifs réguliers, de taille à tenir dans la paume, est jointe à la missive. Elle révèle un mécanisme ingénieux une fois ouverte : trois cercles maintiennent à l’horizontale, dans n’importe quel mouvement de la boule, une petite coupelle destinée à recueillir des braises. La pomme à chauffer n’est pas très richement ornée, il n’y a guère que le fermoir frappé d’un ‘A’ qui la distingue réellement.*




Citation:
Vous m’excuserez, je ne saurais pas vous dire combien il m’est difficile de vous écrire, cette fois. Des feuillets usés ont jonché la paillasse de l’auberge, allant contre l’économie que j’en fais d’habitude, de peur de manquer. On croirait le bureau d’un tabellier devant un testament toujours changeant. Cela n’adoucira pas l’attente, je présume, mais permettez de vous inviter à trouver de quoi vous tenir un peu plus au chaud pour le reste du voyage, joint à ceci.

Vous allez me trouver sot, et il me faut admettre que ce sera très mérité : pour une raison qui m’échappe, je n’avais jamais considéré qu’il faudrait qu’il s’écoule tant de mois avant que nous puissions nous encontrer de nouveau. Et la réponse, nacohet funèbres à mes oreilles, a eu l’heur de me repousser dans les bras d’une réalité froide : je ne reverrais pas votre visage avant, au mieux, que l’été réchauffe nos terres, peut-être même pas avant que les feuilles se lassent une nouvelles fois d’estre pendues aux branches. Pas avant, non plus, que l’enfant par curiosité duquel j’ai suivi Kaghan jusqu’ici ne vienne au monde. Pas avant que les traits de votre visage soient rendus flous de mon manque de mémoire.


Alors, au lieu de noircir des pages pour vous, j’en ai noirci pour moi. Des esquisses qui vous rendent, vous me pardonnerez j’espère, presque laide de mon inhabileté bien qu’elles aient le mérite d’exister, des descriptions un peu alambiquées qui je ne suis plus certain de savoir lire. Ces deux derniers jours se sont égrenés dans la frayeur, je n’ai jamais tant eu les entrailles prises de soubresauts à l’idée que quelqu’un fuit mon esprit. Combien j’aimerais vous rassurer pourtant, mon Abeille. Combien j’aimerais vous écrire à longueur de pages que rien, jamais, ne pourrait vous arracher à ma souvenance, mesme si ce serait d’un prétentieux inutile. Non, je suis réduit à vous faire serment que toute l’ingéniosité qui est mienne sera mise à disposition du besoin de se rappeler.

Peut-estre prenez-vous maintenant conscience que je n’employais pas le terme de tare légèrement ?



Ceci vous étant confié, apprenez que je ne crains en rien ne pas vous revoir, la volonté fait que je ne peux décemment pas l’imaginer, aussi soyez sereine. D’une manière ou d’une autre, nous nous retrouverons. J’ai une partie de votre héritage, dois-je vous le rappeler ? Quel homme serais-je si je faillais à ma promesse de vous le retourner ? Sachez d’ailleurs que j’en prends grand soin, qu’elle ne soit ni piquée ni noircie quand elle recouvrera sa plage légitime contre vous.



D’ailleurs, nous ne nous inquiétons possiblement pas de ce qui pourrait arriver de vrai. Ces prochains mois, vous aurez tout le temps de vous lassez mille fois de mes mots, de mes questions. Le manque s’atténuera peut-estre lentement, feu laissé sans attentions, vous en serez libérée sans heurts, sans mesme vous en apercevoir. Aussi, je vous le répète, soyez sereine.



Bien.



La Bretagne… Quelque chose me dit que vous aimeriez. J’y ai été accueilli plusieurs mois, quoique cacochyme pour une grande partie de ce temps. Elle a une beauté rugueuse, sauvage, pleine de sel mais d’une façon qui n’a rien à voir avec celle d’Arles. Là où la côte provençale sent ce qui stagne, herbe de mer pourrissante souillant les eaux, chaleur poisseuse un peu partout, la bretonne sent la vie. Les mers moussent de rage contre les rochers comme si elles voulaient conquérir les terres. L’air colore les joues, découvre des coins de poumons vierges, creuse dans les corps pour les rappeler vers le vivant. Je suis certain, que vous aimeriez. Cela attendra, cette escorte, si vous en voulez encore quand l’heure sera venue. Pensez au présent, ne durcissez pas trop sous les rigueurs interminables de la route, aussi. Les trop longs voyages rendent silencieux, parfois, taciturnes, l’épuisement jusque dans les moindres recoins de l’esprit, comme si nous étions enveloppés dans une brume opaque à tout instant. Echappez-vous en, de temps à autre. Et plus que tout, prenez garde à vous, je prie avant le sommeil pour que vous ne preniez pas mal mais si cela devait arriver, la quinine calmera les fièvres et la thériaque vous apaisera. Je vous en ferais parvenir au plus vite si vous deviez ne pas en trouver, cela remettra peut-estre votre père et les militaires d’aplomb.



Mais racontez-moi, pour l’instant : Luzern est donc belle ? Avez-vous eu le luxe d’y flaner ? D’arpenter les berges de ce lac ? La brève halte vous a-t-elle donné l’occasion de vous reposer un rien ? Estes-vous toujours aussi impatiente d’en découdre ? La stratégie a-t-elle d’ailleurs changer pour appréhender Khan ? Une Sophie, Sophia, ou autre chose, très rousse, m’avait parlé de projets de tenter de l’amadouer ou de le charmer en sus de la plus traditionnelle approche.



Les chemins ont été repris, ici. La capitale m’a permis de trouver des échoppes plus fines, et donc ce que je voulais vous faire parvenir, aussi en suis-je content malgré la lassitude qui me prend le corps. Arles et son grand port ont été quittés. Nous arriverons à Marseille demain, mais quelque chose résiste, dans mon giron et dans le calme. Des fantasmes plein d’idiotie me prennent, de rejoindre Genève, de marcher dans vos pas de là. Je dois avoir trop de temps avec moi-mesme.

Garde à vous,
Vôtre, Jehan ou pas.


*Préambule de l'auteur de la lettre
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Perceval_aelis
Citation:
Garde à moi et il le faudra bien.

Ce soir nous passons en Germanie, nous nous arrêterons à S., on serre les dents, on serre les rangs.
C'est un des points risqués de notre voyage, nous verrons bien demain, si tous, répondent à l'appel.

Mille fois merci pour mes petits doigts, soyez loué pour votre prompt secours à mon égard. J'avais oublié mon escaufaille à l'Ostal paternel en Savoie, j'ai crains un instant de perdre mes phalangettes dans les grands frimas qui s'annoncent vers ces terres lointaines. Pour dire le vrai, je préfère le vôtre, le mien est fort laid à voir et n'a pas la même valeur à mon coeur.

Néanmoins je vous en veux, et vertement ! Je me suis causée tracas et soucis, et vous ai maudit de ne pas m'avoir dit le pourquoi de la brièveté de vos billets, ensuite je vous ai maudit de votre bénignité à mon endroit qui n'a fait que décupler mon sentiment de culpabilité, puis je me suis maudite de vous avoir maudit pour votre injuste prime malédiction...
Hmm je crois que je me suis moi-même perdue dans ma propre explication.
Vous me gâtez. Et moi ? Je me trouve une bien indigne amie, mais je vous dois un médaillon avec mon portrait et si vous êtes sage, je vous ramènerai une tête de Khanards, ça sera très seyant au dessus de votre cheminée et du plus bel effet lorsque vous recevrez.
Si, si, je vous l'assure !

Je vous en veux mais je vous pardonne, voyez comme je suis bonne avec vous. Puis, je vous l'ai jà dit, tout de vous est vite absout et pardonné.
Je ne vous trouve point sot, bien au rebours, faites donc preuve d'indulgence envers votre personne. J'apprécie grandement la finesse de votre esprit et ce que vous pensez sottise n'est peut-être là qu'un effet de nos plaisants échanges qui creusent un fossé de plus en plus large jusqu'à nos prochaines retrouvailles.
Je ne sais si tout est clairement exprimé.
Néanmoins si vos frayeurs se font trop grandes, priez, apaisez votre esprit, cessez donc de vous tourmenter.
A trop vous agiter dans l'eau, elle se trouble, quiet elle retrouve sa clarté.
Et dites vous que si vous m'oubliez, moi j'ai de la mémoire pour deux.
Et n'escomptez pas vous échapper de ma souvenance ainsi.
J'avoue tout de même que cela me causerait grande peine d'être rayée de votre souvenir comme un rebus impropre à y être retenu.

La Bretagne me plait, ce que vous m'en décrivez me fait penser à ma mère. Une beauté saumâtre, au verbe qui claque comme un ressac, impérieuse, insaisissable. Et nous irons ensemble, ceci est promesse.

Pour Luzern... voilà un sujet qui fâche. Et bien non, mÔssieur Azharr a décidé qu'on ne s'y arrêterait pas. J'en ronchonne encore. Moi qui me faisait une joie de découvrir le pont de la danse des morts, et le pont de la chapelle, et son rivage verdoyant, et... et merde-zut-flute-crotte ! Je boude.
Je suis toujours impatiente d'y arriver mais encore plus maintenant d'en revenir, faute à vous. La stratégie me semble bancale, je ne suis point experte, c'est juste mon ressenti, l'impression qu'un simple aléa puisse balayer cela avec facilité.
La chose très rousse (attention, je vais me vexer là, plus rousse que moi ? Mieux rousse que moi ?) c'est Sophio, apparemment médecin bien que je pencherai plus pour le médicastre agrée en charlatantisme. De ce que j'ai compris elle souhaiterait offrir au grand Khan une couverture en poil de gens.
Non, pour l'amour de Déos, ou mieux, pour l'amour de moi, ne me demandez pas ce que j'en pense... par pitié... affligée ne serait même pas l'once du ressentiment qui a pu me traverser.

Pardié ! Vos fantasmes sont miens, je les partage, entre coeur et raison. N'en faites rien, je préfère ma peine au chagrin. Peine de la distance au chagrin d'apprendre qu'il vous soit arrivé malheur sur le chemin. Moi, je ne puis reprendre ma parole, ce que je dis, je fais, alors je poursuis ma route.
Bien que l'idée me sois très plaisante (séduisante même), que feriez-vous ? Si je ne me trompe, vous n'êtes pas homme de guerre, je l'ai vu à vos yeux, ces choses là ne sont pas faites pour vous.

Si un jour vous apprenez le lancer de couteaux, vous me l'enseignerez ?

Oui, vous êtes mon Jehan, tout à plein.

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

P.S. : Peut-on aimer à presque treize ans ?

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Perceval_aelis
Citation:
Ecrivez-moi quelques mots pour dire que vous et les vostres allez bien, je vous en conjure.


Je n’accepterais aucun remerciement de vous qui me pardonnerez si promptement, aussi ne parlons plus de ce que je vous ai fait parvenir. Usez-le souvent, et restons-en là.

Vous me permettrez je pense de vous dire que j’aimerais autant que vous vous absteniez de me ramener la teste de quoi ce soit aussi sage que pourrais-je l’estre : vous n’aviez pas tort, chère amie, j’ai autant de goust pour les natures mortes que pour la guerre. Oserais-je tout de mesme défendre que je trouverais toujours à estre utile si je devais vous rejoindre ? Je ne le crois pas, ce serait m’accrocher à un espoir qui manque de décence.


De vrai, ma faiblesse parle à ma place. Je ne sais encore tracer les contours de ce pourquoi cette attente me semble aux lisières du surmontable. La crainte n’explique pas tout, du moins je le suppute. Mais las, je ne vous écrirai plus à ce sujet.


Je suivrai dévotement vos conseils, chercherai l’apaisement et prierai d’autant plus. Cette dernière habitude m’est encore un peu étrangère, les mots ne se fixent pas encore tout à fait aussi le bréviaire que j’avais fait composer avant de quitter Genève m’est bien utile. La reliure en sera polie à force de rencontre avec mes mains, lorsque nous nous reverrons.


Ne vous vexez pas : elle est presque trop rousse, vous estes tout juste la bonne dose de roux, soit. Eh bien, une couverture en poil de gens, ce qu’il ne faut pas lire… J’ai cru qu’il y avait une véritable stratégie derrière cette idée moins congrue. Ne revenait-elle pas de l’est quand elle s’est trouvée à Genève ? Je croyais qu’elle avait eu l’occasion d’étudier la question et de fomenter un plan sérieux qui tienne la route, hormis l’assommer de chants de femmes faux, ce pauvre Khan. Admettons que tout Homme désire quelque chose qu’il n’a pas, que ce chef est un Homme, la stratégie de Sophio avait une base tangible, dans la négociation. Enfin, soit.


Soyez priée de me réfuter si je me trompe mais vous aimez déjà. Feue votre mère, votre père, votre presque-sœur, votre précepteur : ne sont-ils pas tous chers à votre cœur ? Vous n’avez pas treize ans et vous aimez. La question ne se pose pas. Celle que je poserai, par contre, est de savoir quand ce ‘presque’ ne sera plus d’actualité ?


Gardez-vous,


Votre Jehan.


N. B. : comment pourrais-je refuser de vous transmettre quelque savoir en ma possession, voyons.

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Perceval_aelis
Citation:
Je me suis gardée.

Je vais bien. Ou à peu près.
Nulle armée encore de rencontrée mais notre venue cause émois et remous.
Les autres villes sont en alarmes, ça embauche du soldat à tour de bras, ça milice à tout va.
Et moi, le seul dol que j'ai croisé ce sont les miasmes de l'armée.
J'ai quicher du renard toute la matinée. J'ai même vomi du vide, ce couillon de gastre ne s'était pas rendu compte qu'il n'y avait déjà plus rien à déblayer.
En bref de Schaffhausen je n'ai vu que ma couche et mon vomissoir (j'hésitais avec dégueuloir, qu'est-ce que vous en pensez ?), vous parlez d'une escapade enrichissante culturellement parlant !
Demain sera meilleur... ou pire, notez bien.

Vraiment ? Point de tête à accrocher au dessus de votre cheminée ? Peut-être préférez vous un bras ? Une main ? C'est beaucoup moins encombrant, certes, et l'on peut mieux la conserver avec un peu d'ingéniosité.
Ce n'est que taquinerie, vous avez autant de goût pour les natures mortes que pour la guerre et cela je le sais. Je trouverai bien, soyez assuré, quelques bêtises locales à vous offrir.
Oui-da, vous pouvez vous défendre, sachez seulement que je ne souhaitais pas vous piquer de la sorte, vous me serez toujours utile, oui parce que si vous venez, je ne vous prête pas, c'est moche, je sais, je suis une vraie égoïste. Pour me dédouaner, je vous dirai que ce n'est qu'avec vous. Cela limite un peu le péché, non ?

Votre faiblesse ? Vous supputer ?
Dites ! Ne pointez pas du doigt une chose en me disant par la suite que vous ne m'en parlerez plus. C'est un peu court jeune homme, et vous me connaissez assez pour savoir que je ne vais pas laisser ceci impuni.
Laissez moi juste bouder un peu. Voilà. J'ai boudé.
Cela ne sera pas exempt d’explication, croyez-moi.

Pour la prière, je vous dirai, faites selon vos inspirations, laissez vous guider par un texte, ou employez vos mots, le silence même, la respiration sont une sorte de prière. Faites comme cet enfant qui récitait son alphabet et dont le pasteur intrigué lui demanda la raison, le garcelet lui répondit un peu honteux qu'il ne connaissait aucune prière mais qu'il espérait que l'Unique forme les mots de son oraison avec les lettres qui lui envoyait.

Peut-être que ceci vous y aidera :
" La lutte est inachevée,
Au dedans comme au dehors,
Mais Ton aide est assurée
Et je suis toujours plus fort. *"



Pour mes cheveux, l'Unique me jugera pour cette intolérable orgueil. Ai-je vraiment écrit ceci ? Imbue que je suis de la rouille qui couronne ma caboche. Pour la stratégie de Sofio, allez savoir avec ces barbares, tant que l'on ne m'y laisse pas en gage, elle peut bien faire tout ce qu'elle souhaite avec les poils des autres.
Peut-être est-ce là faire preuve de "virilité", à savoir qui a le plus de poil que l'autre (je risque d'être bien mal barrée du coup).

Mon Jehan, vous me faites passer pour sotte, soit. Je le sais fort bien que l'on puisse aimer sa mère, et son père, et tout le reste puis vous avez oublié l'amour inconditionnel que je porte à Déos. Je parlais d'autre chose. De l'amour porté à quelqu'un qui n'est ni Dieu, ni sa soeur (non pas la soeur de Dieu, la soeur de soi !), ni le souvenir de sa mère... bref à un garçon quand on est une fille et à une fille quand on est garçon.

En gros, est-ce que pour aimer quelqu'un je dois être une femme ? Avec des seins et des menstrues ? (oui ne dites rien, je le sais je suis une incorrigible poétesse) et pourquoi toutes ces choses me travaillent l'esprit sans cesse ces derniers temps. Peut-être suis-je en plein délire, d'ailleurs, est-ce que je suis réellement entrain de vous écrire, ou est-ce que je crois que je suis entrain de le faire ?
Je demanderai à Minouche (elle, elle a des seins et des menstrues) ça doit être un truc de fille-femme, vous ne devez pas savoir.
En fait, c'est certain, c'est cette intempérie du gastre qui me fiche toute ma raison de traviole. J'y verrai plus clair demain. J'espère.

Mon presque s'achève au mois de décembre, c'était un contrat à durée derterminée.
Le cinq pour être précise.
Rien ne va plus.Impair gagne !

D'une Abeille à son Jehan
Toute en fièvre et mal allante !

P.S.N.B. : Je voulais dire un truc... mais je ne sais plus quoi. Il est temps que je me repose un peu. Faites juste attention aux miasmes, y en plein le courrier. Méfiez-vous !


* Vers tirés du psautier romand
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Perceval_aelis
Citation:
Dégueuloir, définitivement.


Votre missive est très pleine de fluides corporels, tout de mesme, j’en serais presque choqué. Pour les miasmes, je m’en accommoderais bien s’ils parviennent à leurs fins, disons que ce serait une illusion comme une autre d’estre près de vous. Je ne me répandrais pas en conseils, déjà vous devez avoir des médecins dignes du titre à portée et puis je ne sais rien que vous ignoriez sur le sujet, ce serait condescendant. L’un dans l’autre, recevez mes prières de vous reposer et de prendre soin de vous comme il se doit.


C’est étrange mais sous vos doigts, mon manque d’intérest pour la guerre me semble quelque chose duquel estre honteux. Une qualité en creux. Un défaut, donc. Histoire de virilité, je présume. Comme les poils. Autre qualité en creux. En somme, je ne dois pas estre très homme. Cela s’assortit assez bien à mon impression de ne pas estre assez.


Votre péché n’est pas du tout limité, repentez-vous donc ! Enfin à tout dire, je n’en suis pas certain : a-t-on le droit à la possessivité, un peu ? Admettez que ça semble trop inné et tentant pour estre exempt de tout bas instinct, de garder pour nous ce que l’on apprécie.


Mais, non, le tour du sujet est fait, les explications n’ont pas lieu d’estre.


Quant aux prières, je récite souvent et puis cela devient plus comme une sorte de conversation. Un rien à sens unique, soit, j’essaye de trouver l’apaisement et la sagesse entre mes propres mots. Etrangement, cela soulage quelque chose, bien que je ne sois pas certain que ce soit vraiment correct de discourir ainsi avec Déos.


Je ne m’excuserais pas, loin était de moi l’idée de vous faire passer pour quoique ce soit. L’amour est, je crois, un peu le mesme partout. Le cœur reste inchangé, le sentiment module selon la personne qui a notre affection, selon notre relation avec elle. Ce que je voulais écrire, donc, c’est que vous estes équipée pour aimer, peu importe qui, peu importe la façon. A mon sens, la question serait surtout de savoir s’il on peut aimer bien, lorsque l’on est jeune, lorsque l’on est, dans votre cas, encore fille. Et ça, je ne sais pas, du tout.


J’entends votre questionnement, ceci étant dit. Vous parlez d’amour amoureux, déjà, qui porte en lui le potentiel du charnel, s’il n’y est pas toujours complétement attaché. Et le charnel est là dans le but d’enfanter. Et pour enfanter, il faut ne plus estre fille. Soit.

Mais admettez que ce n’est pas le réel but de l’amour partagé, qu’importe la relation qui le porte. Sauf erreur de ma part, aimer, c’est estre rendu heureux par l’autre et vouloir le rendre heureux, s’il on pouvait résumer cela de façon grossière. Et je ne vois pas pourquoi l’on serait limité dans cette recherche ? Vous me laissez dans le doute.


Par contre, j’ai une hypothèse pour ce qui est de la raison pour laquelle tout ceci vous tracasse. Loin de moi l’idée de sembler savant sur le problème (j’ai bien appris que les femmes fuitaient du sang à Genève, autant dire que j’étais très ignare), mais vous approchez du moment où ces changements risquent fort de ne plus tarder. Aussi vous posez des questions autour ne peut qu’estre naturel.


Le cinq décembre, je l’écris.


Garde à vous,

Votre Jehan.

N. B. P. S. : Trop tard pour me méfier, je n’avais pas la bouche couverte, ni les doigts gantés !

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Perceval_aelis
Écriture hâtive, peu appliquée.


Citation:
Mon Jehan, juste pour ne pas vous inquiéter, je vais bien.
J'ai dormi une partie de la journée, de Konstanz je n'ai vu miette, ou rien de bien précis.
La maladie perdure, j'ai pu garder mon repas presque entier dans mon ventre. La fièvre stagne.
Nous devrions reculer ou démanteler l'armée selon la Reine bourbine, nous on avance quoiqu'il arrive.
Advienne que pourra. Je vous tiendrai au courant par pigeon express si je ne puis vous écrire plus amplement.
Prenez soin.
Abeillement vôtre.

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Perceval_aelis
Citation:
J'attends de vos nouvelles avec autant d'impatience, mes pensées et mes prières sont à vous. Allez savoir si ce sont vos miasmes ou l'obsession de mon esprit, mes entrailles se retournent à la moindre odeur de nourriture.
Espérons que cet entestement ne vous sera pas maléfique.

Garde à vous, toujours,
G.

P. S. N. B : avez-vous remarqué comme c'est mignon, les chenilles ?

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Perceval_aelis
Citation:
Attention aux miasmes !

Voilà ce que j'aurai dû mettre ! Sottarde que je fais, sottarde que je suis. Mettre un avertissement à la fin ! Sérieux !
La tête plein de vide, voilà ce que je suis. Si cela vous console, vous aurez un peu de moi en vous.
Nenni, cela ne vous consolera point lorsque vous raquerez vos boyaux dans votre dégueuloir (oui je l'adopte).

Qu'est-ce une qualité en creux ? Quelque chose qui tiendrait de l'inutile ? De l'impropre ?
Est-ce cela qui transparait dans mes mots ? Vraiment ? Est-ce à dire que moi, j'aurai plus de virilité que vous ?
Vous êtes déjà entrain de délirer avant d'attraper mon dol, la moustache ne viendra pas siéger sous mon nez !
Foi de moi !
Le courage ce n'est pas la virilité, la guerre ce n'est pas la virilité, les poils ce n'est pas la virilité (et les poils j'trouve pas ça joli !). La guerre c'est juste un métier, au même titre que forgeron, ou orfèvre, ou encore boulanger. On peut apprendre à le faire, et puis ça peut aussi se transmettre de génération en génération.
Il y a des gens doués pour leur métier et d'autres qui ne sont pas fait pour les pratiquer.
Vous ne pensez ne pas être assez ? Assez quoi ? Qu'aimeriez-vous plus être ? Pas plus grand, je présume, vous l'êtes bien assez.

Oui, je me repends, que croyez-vous, je suis bonne huguenote. Mais j'assume cet égoïsme à votre égard.
Et de vous avoir à moi, même si ce n'est pas la réalité, c'est mon petit morceau de bonheur, quelque chose qui m'appartient à moi seul.
Et puis si vous ne voulez pas me donner d'explication sur le sujet dont vous avez fait le tour, soit. Je m'y plie, si tel est votre souhait.

Oui l'amour amoureux, voilà ce que je voulais dire, est-il sûr que le charnel doit s'y mêler ? les sentiments sont choses complexes, si en plus on y ajoute les troubles de la chair comment peut-on se sortir de ce bouzin là ? D'habitude je comprends du premier coup mais ces affaires sont pour moi un imbroglio insaisissable. Je suis finalement qu'une gamine qui en sait trop et qui n'a rien vécu. C'est détestable.

Mon Jehan, j'ai du hier abandonner ma lettre, on sonnait au dehors le boute-selle et fissa on a du mettre les voiles.La situation est toujours instable pour notre armée, et je dirais que la mienne ne s'est guère améliorée, sauf que j'ai pu garder l’entièreté de mon repas, frugal, un peu de pain trempé de vin doux et par la suite une infusion camomille.

Malheureusement je n'ai pas pu tenir longuement sur mon ardennais, la fièvre m'a rattrapée et telle une ennemie invisible, m'a terrassée, j'ai fini mon voyage allongée sur un charroi, le dos couvert de sueur et une douleur à chacun de mes membres, qu'un troupeau de barbare me serait passer sur le râble que s'en aurait été pareil.
Là je suis à Ravensburg, d'ailleurs je serai bien en peine de vous raconter quoi que ce soit sur cette ville. Nous sommes sous ses remparts, ça n'a pas l'air trop moche vu de ma tente. J'espère quand même que je pourrais bientôt vous satisfaire avec quelques récits qui ne sentent pas le dégueulis, paraît-il que je n'en ai plus pour longtemps.
De la maladie j'entends, pas de ma vie !

Et vous ? C'est quand votre prochain round pour la vieillesse ? Si je peux m'autoriser une prédiction, vous n'êtes pas fils de l'été, ni même du printemps, je mise sur l'automnal, voir mieux, tout comme moi, un hivernal. Dites-moi que je n'ai pas été mauvaise !

Oh ? Un pigeon. C'est votre écriture, j'en reconnais son alambiqué (et à chaque fois c'est comme si à l'intérieur on me pinçait le coeur). Attendez, je lis.
Bien... en général ce sont les femmes enceintes qui ont ce genre de désagrément, je ne pense pas que ce soit le cas. Et pour moi, je vous dirai que l'odeur ne me dérangeait pas spécialement, c'était juste mon gastre qui ne supportait rien en son dedans. Si les odeurs vous sont désagréables, je vous conseille la menthe poivrée, en infusion. Pour les miasmes, c'est faute mienne, je m'en excuse, pour vos obsessions, je n'y peux guère, je crois.

Vous êtes dans mes pensées. Souvent.

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

S.A.M. : Ben quoi, on n'est plus à une lettre près, non ? Pour les chenilles, y en a des mignonnes, et y en a des laides. Les cocons sont assez moches mais ingénieux. Les papillons, j'aime assez, on dirait des petites pensées de l'Unique. Mais, ce n'est pas encore leurs saisons ? Les chenilles sont pour le printemps.

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