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Des courtes & des brèves

Perceval_aelis
L'écriture y est malhabile, les lettres légèrement déformées à certains endroits.

Citation:
Je vais bien. Ne vous inquiétez point.
Je ne sais si j'aurai l'heur de vous lire ce soir, je l'espère.
Prenez soin, tel est mon souhait.
A vous, toujours.

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Perceval_aelis
Citation:
M'avez vous jà oublié ou mes miasmes ont eu raison de vous ?
Si tel est le cas, je m'en excuse par avance.
Je m'étais faite une promesse, celle de vous écrire chaque jour.
Hier j'y ai failli. La situation y était complexe et je ne voulais pas vous inquiéter outre mesure.
Je vous détaillerai tout dans une prochaine missive. J'ai peu de temps.
Je souhaitais juste m'enquérir de votre état et vous informer que je me suis curée, j'ai repris quelques couleurs et forces.

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

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Perceval_aelis
Citation:
Je me suis offert un dégueuloir pour vous faire honneur mais je ne vais pas mal, ne vous en faites pas.

Demain, je vous réponds comme il se doit, promesse est faite.

Prenez soin de vous, je vous prie,

G.

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Perceval_aelis
Citation:
Les promesses non tenues provoquent chagrin et inquiétude.
J'espère blâmer le pigeon et non la plume.
Prenez soin puisque je ne puis.
P.

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Perceval_aelis
Citation:
Blamez-moi, je ne suis qu'une plaie chauffée à blanc depuis trois jours, tous mes membres sont rompus d'un mal que je ne m'explique pas. Si les vidanges gastriques se sont interrompues rapidement, la fièvre s'acharne. Je dicterai la suivante.

G.

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Perceval_aelis
A noter, écriture différente.

Citation:
À en croire les signes du mal, soit ce ne sont vos miasmes qui ont eu raison de moi, soit vos miasmes mélangés aux miens donnent d'étranges résultats. Faut encore que je trouve un médecin digne du nom.

Mais passons.

J'ai peine à vous relire, veuillez excuser mes éventuels oublis. Une qualité en creux : un défaut. Ou une particularité qui n'a aucune fonction probante. Le manque de poils, sans estre, enfin je crois, un horrible défaut, n'est tout de mesme pas bien normal pour mon sexe et mon age, pour l'exemple.
Je ne suis pas certain d'adhérer à vos affirmations. Le courage est une qualité importante, prisée pour ma gent. Estre capable de défendre soi et les siens l'est tout autant. Aussi, si vous avez raison, la guerre est un métier au mesme titre que les autres -quoique l'on peut présumer qu'il soit officié de moins nombreuses années-, savoir se battre doit faire partie de la panoplie masculine. Et bien que je ne sois pas totalement gauche encore, le savoir me manque.

Pas assez... Pas assez tout un monceau de choses, tout dépend des yeux qui constatent. Pas assez avenant, pas assez amical, pas assez savant, pas assez fort, pas assez tactile, pas assez autre chose. Mais las, nous avons tous nos manquements, qu'importe.

Il s'y mele souvent, maintenant est-ce là un devoir, sauf pour concevoir, je serais tenté de vous dire non, sans pouvoir affirmer quoique ce soit. Lorsque je demande qu'on me décrive le désir, c'est peint comme quelque chose d'irrésistible, d'irrépréssible, pas toujours lié à une quelconque affection mais possiblement aggravé par cette dernière. C'est bien le problème, à mon sens, les deux sont tant liés que je pense que beaucoup ne font pas la différence, à voir les soucis que rencontrent les gens. Ils se trouvent beaux, désirables, alors ils se disent qu'ils s'aiment, et après un moment, quand la passion s'est consumée, découvrent qu'ils n'avaient rien en commun, qu'ils non rien à se dire, qu'ils ne s'entendent, dans tous les sens du terme, pas. Puis c'est le déchirement parce que l'un trouve quelqu'un d'autre de beau, de désirable, maintenant.
Ne vous en faites donc pas, l'imbroglio me semble généralisé. Vous comprendrez certainement mieux lorsque vous serez victime de ces afflictions.

Vous me perdez, attendez... Je serais un an plus vieux en février, le 18. Vous aviez donc raison, hivernal. Hiver finissant, mais tout de mesme.

Et le désagrément présageait la maladie je présume, ou était-ce un effet de mon esprit à vous savoir souffrante, Deos seul sait. Les odeurs ne me troublent plus, quoiqu'il en soit.

Où estes-vous maintenant ? Allez-vous bien ? Et les vostres ?

Garde à vous,

Votre Jehan.

V. J. M : Admettez que j'anticipe. Elles sont toutes mignonnes, mais d'une façon propre. Certaines sont belles de laideur et d'ingéniosité de leur anatomie. Les papillons c'est tout autre chose, fragilité éphémère. Tout le monde pourrait convenir de leur beauté, du fascinant de leur vol désordonné.

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Perceval_aelis
Enroulées à l'intérieur du pli bref, deux écorces de cannelle.

Citation:
J'aurai préféré blâmer le pigeon !
Par la male peste, curez-vous.
Râpez un peu d'écorce et laissez infuser dans un lait tiède (de chèvre de préférence, plus digeste pour le gastre), une demi-tasse chaque demi-heure jusqu'à amélioration. Buvez à petites gorgées.

Je vais bien ne vous inquiétez point.
Nous reprenons la route mardi, en lances disparates.
Là j'ai peu de temps, menant la lance, je dois faire preuve d'organisation. J'ai presque terminée, je dois encore annoncer mon plan de route à Azharr, les autres courriers ont jà été lancé.
Néanmoins je voulais vous écrire un petit, pour vous rassurer et pour réchauffer mon coeur bien froid ces derniers jours. Vos lettres me sont si précieuses, je suis plus effrayée à ce que ce lien ténu qui nous lie se rompe que de mourir.
Je vous écrirai plus amplement demain je l'espère.
Prenez du repos, et même si vous ne m'écrivez longuement, juste, dites moi que vous allez bien, cela m'évitera de me ronger les sangs.

Déos vous veille car tel est mon souhait.
Votre dévouée et inquiète petite Abeille.

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Perceval_aelis
Écriture une nouvelle fois distincte mais la signature reste bien la sienne.


Citation:
C'est qu'aucun médecin ne semble pouvoir me recevoir avant jeudi. Je n'en puis plus, mon sang ardoie sous ma peau et si j'arrive à faire baisser la fièvre, le matin elle bat de nouveau à mes tempes, plus vigoureuse encore. J'ai le projet de voyager plus à l'ouest pour trouver de qui consulter proprement. En attendant, je suis votre conseil.

Ne m'invitez donc pas à ne pas m'inquiéter pour vous, c'est peine perdue, ne le savez-vous donc pas ? Vous avez donc scindé l'armée finalement ? Le voyage en sera-t-il réellement plus sur ?

Comme je vous suis reconnaissant de prendre le temps de quelques mots mesme pressés. Ne vous troublez pas si vous ne pouvez m'écrire plus longuement dans l'immédiat, croyez bien que je patientrais.

Le lien ne se rompera pas, du moins pas selon ma volonté, ne vous rongez donc pas quoique ce soit. Faites-moi la faveur de prendre cette énergie pour vous occuper de vous avec conscience.

Mille fois garde à vous,

Votre Jehan.

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Perceval_aelis
Citation:
Mille fois je me garde, croyez le bien.

Je ne sais si ce courrier vous parviendra, je crains que le dernier envoyé fut intercepté par les teutons, c'est que Vinçu m'est rapidement revenu les plumes en désordres, semblant tout irrité et sans nul courrier de réponse.
Même le ruban que je lui avais noué en signe de paix n'y était plus.
Le connaissant j'espère bien que quelques doigts allemands furent lardés !
Je tâcherai de restituer au mieux son prime contenu.

Il est étrange que je craigne plus votre vie que pour la mienne. Votre péril me semble si insidieux, perfide, il s’infiltre en vous et je ne peux rien y faire, juste prier, voilà un bien amer réconfort.
Ma raison tente de m’apaiser, je sais que les traverses de Déos sont là pour affermir notre foi et nous rendre plus fort mais mon coeur ne peut s'y résoudre, il est noué à la tripe en ce qui vous concerne et vous savoir si mal allant m'est douloureux. Je suis si loin de vous, je me sens si inutile, j'aimerai être à votre côté ne serait-ce que pour être une présence, douce, amusante peut-être ? Je m'assurerai que vous preniez bien vos médications, que vous buviez en suffisance et mangiez de quoi vous rebiscouler tout à plein.
Oh et je veillerai à votre repos avec l’âpreté d'une Gorgone.

D'après ce que vous me contez, l'homme doit avoir du poil au menton, sous le nez, dans les oreilles, au pattes, un peu partout, il doit-être courageux, doit savoir se défendre, défendre sa future veuve et son futur orphelin.
Donc si je suis votre logique, une femme doit garder son foyer, broder au coin du feu, fabriquer du môme, repriser leurs maillots.
Alors si vous n'êtes pas assez, est-ce que moi je suis trop ?
Voulez-vous mon avis ? Mes yeux vous trouvent à ma convenance. Je ne vais pas faire l'étal de vos qualités.
Elles me plaisent. Voilà tout et je vous l'avais jà dit ce me semble.

Oui le désir m'est étranger, enfin devrais-je dire m'est encore étranger, puisque pour vous, il n'y a aucun doute sur le fait que ces tourments me prendront en leurs nasses.
Vous avez peut-être résumé avec justesse les relations humaines, ou du moins ce que j'en vois, rythmé par la passion. De cette dernière je m'en méfie, elle peut entraîner l'homme à se dépasser mais tout autant le traîner dans une fange immorale.
Y avez-vous songé parfois ? Au désir, à la passion ? Ou votre aversion pour les contacts a toujours pris le dessus ? Avez-vous jà embrassé ? Même garcelet, de ces baisers qui n'en sont pas vraiment.

Pour moi, nous reprenons la route, chaque jour se ressemble lorsque nous sommes en rase campagne.
Les gestes empreints d'habitude, les mines sont moroses, les nouvelles nous parvenant de Smerderevo ne sont pas des plus avenantes et parfois, dans le creux de la nuit, lorsque l'espoir se fait la malle pour être remplacée par un doute, j'ai l'impression que tout est vain en ce que nous faisons.

Où allez-vous à l'ouest ? N'allez point trop loin, cette distance est jà assez cruelle, je la creuse pour deux, n'allez pas encore ajouter la vôtre. Voyagez-vous toujours avec votre équipage ? Dont ce blond dont je ne peux m'accommoder. Allez-vous mieux depuis notre dernière lettre ? La cannelle vous a fat quelques effets ?
J'ai hâte de vous lire, d'avoir de vos nouvelles.

Je vous joins un peu de lecture, j'ai trouvé quelques écrits spinozistes. Certains passages me semblent nébuleux à un point tel qu'il me faudra probablement faire appel à une aide extérieure pour les entendre.


Déos vous veille, puisque je ne le peux.
Votre dévouée Abeille.



Sur un feuillet attenant, la même écriture appliquée, stricte et ordonnée de Perceval.


Citation:
Pensum spinoziste


• Dieu n’est pas hors du monde : Dieu est Nature, Substance infinie, produit de sa propre création.
• La Nature est tout ce qui existe, dans l’infini des possibilités.
• La Nature est constituée de deux attributs perceptibles par l’homme : l’étendue et la pensée.
• La Joie permet d’approcher la Liberté, la Tristesse en éloigne.
• L’Idée existe non seulement en tant que descriptive de l’objet, mais aussi en tant qu’elle-même : elle est sa propre Vérité, sa propre perfection.
• L’affect est l’apport d’un objet ou d’un sentiment à l’individu : il est bon (et apporte la Joie) ou mauvais (et apporte la Tristesse).
• Le bien et le mal n’existe pas : Dieu ne pense pas, il est.
• La morale est humaine. La Nature ne connaît que le bon ou le mauvais, relativement à un sujet et à une situation donnée.
• La Nature est éternelle, par ce qu’elle est, et chacun de ses composants conséquemment.
• Un objet est par essence constitué de l’infinité des attributs de la Nature, indissociables les uns des autres.
• Le corps et l’esprit sont parallèles entre eux, conséquemment à tous les attributs d’un même objet, en tant que mode de l’Etendue et mode de la Pensée de l’humain.
• L’homme libre naîtra au sud, viendra du nord, se nourrira à l’est, et montrera le chemin aux sages qui l’auront attendu. Ce non-messie viendra un jour car c'est statistiquement inévitable.
• L’homme ne peut se définir par lui-même : il est ce que l’affect extérieur fait de lui. L’homme libre choisit les affects auxquels il se livre pour améliorer son conatus, sa puissance de vie.
• La liberté d’être ce que l’on est provoque la joie, à condition de n’être pas entouré d’esclaves : le spinoziste aime la liberté des autres autant que la sienne.

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Perceval_aelis
Citation:
J'ai pu consulter et me porte beaucoup mieux. Quelque faiblesse résiduelle qui sera vite envolée, les fièvres et les souffrances ne me torturent plus.

Une missive plus étoffée suivra celle-ci.

Mes pensées,

J.



Citation:
Voilà qui m'est agréable à lire et qui me réjouis pleinement.
J'attends votre lettre avec une impatience démesurée
(je sais, c'est péché mais c'est bien le seul que j'ai dans cette cagade !).
Prenez soin, je l'ordonne.

Votre Abeille

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Perceval_aelis
Citation:
Je ne suis pas certain que mille fois soit assez. Tentez donc deux mille, je vous prie, et nous verrons ce qu’il en est à partir de là.


Vous faites bien de m’expliquer la mésaventure de ce pauvre Vinçu, il me semblait de bien mauvaise disposition dernièrement et j’ai cru son escapade reliée à des envies de liberté. Ou, qui sait, de famille. Les pigeons forment-ils des familles, pensez-vous ? Au sens que le père demeure avec la mère pour prendre soin des oisillons ? Passons. Je lui ferais faire une minuscule armure de cuir.


Vous ouvrez votre missive sur un sujet qui a le don de m’écarteler. Les frayeurs que je vous inspire, mal allant, me donnent de la culpabilité. Aucune émotion négative ne pourrait se vanter de vous estre souhaitée par moi. Je voudrais que vous ayez l’esprit en paix à tout moment, que vous soyez libre de souci à tout moment, alors me faire père d’un tracas en vous, je voudrais ne pas le souffrir, jamais.

Mais il me faut admettre que quelque chose m’est agréable dans ce que vous vous rongiez les sangs à mon endroit. C’est mal, n’est-ce pas ? Si égoïste, de désirer que vous me vouliez du bien, mesme juste un rien. Quand cela me vient, je me sens si mal, je voudrais pouvoir consumer la source de ces mauvaises pensées, les assainir. Et puis qu’incapable de réaliser mon vœu, il me vient encore quelque chose de coupable dans la gorge. Tout cela pour vous écrire qu’il ne faut vous sentir inutile de rien, qu’il ne faut pas souhaiter d’estre là pour me soulager de votre présence. Vos forces vitales, votre énergie, vous devez les conserver pour vous et les vostres. Je puis vous assurer que d’une façon ou d’une autre, je m’en sortirai toujours et qu’au moins pour vous épargner tout trouble, je prendrais toujours soin de moi.


Et puis, il faut épargner mon imagination, amie ! Comment vais-je faire pour ne pas me figurer votre visage mué en celui d’une créature fantastique – peut-estre féroce mais pas monstrueuse, je n’y parviendrai jamais – tout auréolé de couleuvres cuivrées, crocs de louve découverts entre les lèvres au moindre affront. Vous allez me trouver étrange, mais l’image ainsi gravée sous mes paupières n’est pas déplaisante. Je suis presque certain qu’inspirer un peu de crainte vous plairait, aussi.


Vous peignez un bon portrait. Je ne suis pas certain qu’une femme doive toujours estre complémentaire à l’homme dans chaque action. D’ailleurs, il faudrait que je le relise correctement mais les textes réformés, et le peu du Livre des Vertus qui est resté dans ma souvenance, ne dicte pas de conduite divisée selon le sexe, l’enfantement mis à part, n’est-ce pas ? Et des femmes-épouses font bien la guerre, mesme sans la toison poilue qui convient à la gent masculine.

Serait-ce une question de sang ? De vocation ? Mh. Vous me faites me poser des questions encore inédites, tenez. Cela n’arrive pas si souvent.


Mais notez tout de mesme que vos yeux me trouvent à leur convenance aujourd’hui seulement. Quand vous serez pleinement femme, il est possible qu’ils se posent avec plus de plaisir sur un homme comme ils devraient estre. Puis les extrémités attirent les autres extrémités ? Il se pourrait aussi que ce ne soit qu’une façon de faire, que ce ne soit pas une réalité absolue, comme pour la complémentarité des roles… J’y réfléchirai encore.


Le doute est permis, bien évidemment. Vous pourriez vous trouver exempte de désir mais cela n’est pas la norme, d’observation. Il est sain d’en avoir, pour répandre son sang dans le monde. Plus pour les hommes que pour vous, je crains, mais tout de mesme. Donc il serait mieux que vous en ayez, le moment venu, dans l’idéal pour celui qui devra vous donner des enfants. Vous estes encore jeune pour aborder ses sujets et j’ai si peu à en dire ; c’est égal, je réponds.

J’y ai songé parfois, pour l’entendre correctement j’ai posé des questions, souvent. Vous vous doutez donc que j’en ai écouté quelque unes, des explications sur le sujet. Et la seule qui m’a paru un tant soit peu familière, c’est la comparaison entre l’envie d’un corps et l’envie de nourriture quand la faim vous a tenaillé le ventre des jours entiers.

J’écris familière parce que je pense l’avoir ressenti, mais comme un écho lointain, et surtout sans que cela ne soit relié au moins acte réel. Comme une curiosité exacerbée, dont le manque de satisfaction pique la peau, les entrailles, fait mal.


Et, oui, j’ai jà embrassé, et donné (ou reçu, je ne sais plus) quelques baisers, aux lèvres. Tous les baisers sont vraiment des baisers, allons, du vassalique au passionné. Pour le symbole ou pour le contact.


Où estes-vous aujourd’hui ? Où serez-vous demain ? Quelles nouvelles vous parviennent ? Que faites-vous quand vous avez un instant de repos ? Dormez-vous bien ? Apprenez-vous encore à manier la masse, ou qu’était-ce d’autre ? Minah se porte-elle bien ? Et votre père ?


Je vous écrirais bien que jamais rien n’est totalement vain. Ou que tout l’est toujours. Mais je vais me contenter de vous intimer de ne pas vous décourager, quoiqu’il advienne. Les choses sont ainsi faites, quelques fois, que l’on ne peut que dire qu’il devait en estre ainsi. Tentez au moins de vous remémorer pourquoi vous vouliez tant rejoindre ces terres, pourquoi vous vouliez le défaire, ce Khan, peut-estre que cela apaisera le doute. Ou confiez en les projets de Deos. Ou les deux.


Pour ma part, je rejoindrais Montpellier, je crois. Ou peut-estre la Savoie de nouveau. Ou Genève. Mais je demeure à Arles encore quelques jours. Que vous dire ? Je ne vois personne que les chalands quand je quitte l’auberge. Je ne parle à personne sinon pour des échanges de nécessité pure. Il n’y a plus, ces derniers temps, que l’envie de vos lettres. Je voudrais vous écrire des dizaines de feuillets pour que vous m’en répondiez autant, que j’ai à vous lire un peu chaque jour entre chaque retour de Vinçu, mais je ne suis de toute façon pas très économe de vos mots, je les dévorerai tous sur l’instant sans penser à la faim du lendemain.


Et non, je suis seul, désormais. Kaghan s’en est allé rejoindre un amant, ce qui a l’heur de lui faire oublier entièrement le fantasme de désir et d’attachement qu’il pensait avoir pour moi.


Bien, maintenant que toutes les affaires personnelles ont été couverte, penchons-nous sur ce que vous avez joint à votre pli.


Vous n’avez pas tort, certains passages sont ardus, bien que chaque déclaration soit concise, les implications sont nébuleuses, à mon esprit au moins, parfois.


Par exemple, cette histoire de bien et de mal inexistants…

Pardonnez-moi, ma chandelle se meure, j’écrirai la suite demain. Je ne peux pas avoir la patience de tout vous envoyer au matin, de peur de retarder une éventuelle réponse de votre main, mesme si elle ne devait faire qu’une ligne.

Gardez-vous,

garde à vous,

Deos vous garde aussi,


Votre Jehan.

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Perceval_aelis
Glissé dans une petite bourse de velours noir, un objet ovale, simple et lisse dont l'inscription à l'écriture alambiquée allemande orne le "pile" au métal d'une couleur cuivrée où l'on peut lire :

Perceval
Abeillement vostre


La "face" lorsque l'on tourne le médaillon, puisque s'en est un, s'orne d'un émail à la trombine rousse pas totalement déconnue du lecteur, puisque c'est l'auteur même de la lettre qui s'y trouve. Le portrait est ressemblant, ou pas, selon un point de vue, tout personnel il en va de soi.

A la patte de Vinçu, un nouveau ruban noir siège impérieusement.


Citation:
Si mille fois ne vous suffisent pas, à deux mille je m'y plierai afin de vous combler.

Je ne sais par où, ni comment, ni par quoi commencer.
Je crains qu'il ne me faudra écrire une autre missive pour ne point trop alourdir cet envoi que j'ai agrémenté d'un objet promis à demi-mot il y a un temps.
Voyez jà, j'ai décoré du ruban Percevalique votre ramier si prompt et tenace à l'ouvrage, je lui ai même poutouner la tête et il ne s'y est même pas opposé !

Je commencerai par le plus important ! Je vous remercie grandement, vous m'avez offert par vos lignes les premiers sourires de ce jour (je suis à la chandelle, pour vous dire comment le jour fut long meshui).
Elle a magnifié ma journée de manière si agréable. Parfois je vous maudis, tout bas, en secret, de laisser trop de jours s'interposer entre votre réponse et je.

Savez-vous ? Je me suis toute reconnue en vos mots, la torture de s'imaginer que mon état puisse vous procurer quelques angoisses; l'égoïsme étrange, conflictuel voir contradictoire d'éprouver quelques plaisirs sournois à vous savoir en ces états que je cause et cette impossibilité à atermoyer ma réponse car l'envie de vous lire y est si forte qu'elle emplit ma journée en pensées disparates.

Nous avons quitté hier la ville de Passau avant d'entrer en le territoire autrichien sur la pointe des pieds (faudrait pas réveiller quelques armées somnolentes, n'est-ce pas ?), c'est là que j'ai fait faire le médaillon en un temps record je dois bien le dire. Néanmoins, je le trouve peu ressemblant, ai-je vraiment cette moue moqueuse ou triste ? (Minah m'a dit que j'avais une moue motriste...) Et puis j'ai une mine de déterrée alors que je suis certaine que le grand air me rehausse de frais mon teint. Enfin bref !
Je tenais à vous l'offrir, avant que vous n'ayez chassé le moindre souvenir de moi de votre mémoire.
La prochaine fois je légenderai " Ceci est Perceval-à-peu-près ".

Passau est plaisante, bien vivante (si l'on parle le teuton), on l'appelle la ville au trois rivières, car elles se rejoignent en ce lieu, il y a nombre de forges, et les épées sont belles et de bonne facture, l'alliage de qualité, il paraît que les lames y sont réputées, pour en avoir testé une, elle était agréable en main, et semblait fiable assez, tant est si bien, que je l'ai acheté et j'ai remarqué qu'un loup courant y était gravé en guise de signature, il apparaît que c'est commun aux forges de la cité, une sorte de garantie.
Puisque c'est réellement ma prime lame que j'ai acheté de mes deniers (enfin, écus plutôt) je l'ai nommée "Gabriel" comme le nom d'un des purs qui devinrent archanges, il représente la tempérance.
Quoi de mieux à offrir pour vaincre la colère ? Oui, peut-être suis-je un brin ironique.
Faudra juste que j'affine ma technique, Minouche est trop bourrin pour m'enseigner la finesse de l'escrime.

Nous étions en ce jour en rase cambrousse, juste après Linz, vu l'armée qui amassait des forces, je n'ai pas jugé bon de nourrir leur inquiétude et d'avoir à ramasser mes dents. C'est assez de semer mes compagnons à tout bout de champ. D'ailleurs, demain nous aurons deux jours à chasser l'ennui, dans l'attente d'un comparse qui n'a pas su s'accrocher au charroi à temps (pire que des gosses !).
Le ciel s’alourdit de nuages lourds, et les journées se font de plus en plus courtes, l'hiver vient.
Demain nous serrons dans le Steiermark en la ville de Rottenmann, j'y prendrai du repos et vous raconterai si la place est plaisante.

Suis-je une de ces extrémités et vous l'autre ? Et pourquoi mes yeux iraient se poser avec plus de plaisir sur des hommes comme ils devraient être ? Ce ne sont pas mes yeux qui vous ont vu mais je le crois sincèrement c'est mon esprit, mon âme peut-être qui vous ont trouvé au milieu de la masse. C'est troublant comme sentiment, je suis loin et me sens proche de vous dans le même temps. Parfois, plus proche que les gens qui me côtoient chaque jour, avec qui je mange, je voyage. Mais je n'échangerai pour rien au monde cette proximité tant elle m'est douce.

Pour les baisers ? Comment était-ce ? Si affreux que je me les imagine ? Genre tout mouillé, dégoulinant ? Je n'ai jamais baisoter lèvres à lèvres, poutouner oui, sur la joue, parfois, lorsque je suis bien familière de cette personne, toujours des femmes, peut-être une fois pépé 'zac mais il sent trop la mule, et quand j'étais garcelette, mon père, bien avant que ma mère ne cède à la mort, voyez, ça date.
Parfois, je me demande comment sera le premier mien. Avec qui. Comment. Peut-être l'homme qu'on m'aura décidé en mari ? Ou bien je ne le connaîtrais jamais... (si je meurs, ou si j'ai un mari sans bouche -erk-).

Je manque de temps et je dois tant vous raconter, l'espèce de machine infernale qu'on a livré à Minah, les nouvelles de ma famille, les questions sur votre état de solitude, vos projets, ma pensée sur le pensum, un autre texte à vous remettre sur le spinozisme et des questions encore (oui ça n'arrête pas et dans ma tête c'est bien pire, tenez-le vous pour dit) sur Kaghan et qu'est-ce ? Un amant ? Une amante plutôt, non ? Ou bien est-ce encore une expression qui veut dire une chose différente sous un ton ironique qui m'échappe totalement ? Cela ne serait pas la première fois.

Déos vous veille,
Votre dévouée Abeille

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Perceval_aelis
L'écriture est désordonnée, nerveuse, l'on sent la pression agitée de la plume sur le papier, le délié se fait étriqué, grêle, la main a tremblé.
C'est à peine si l'on peut reconnaître l'austère et sévère écriture de Perceval.


Citation:
J'ai quelque chose à vous dire.
De prime importance.
Vous allez probablement m'en vouloir, ou même ne plus vouloir continuer nos échanges.
J'en prends le risque, je ne sais mentir (sauf à moi-même, l'évidence était là... j'avais tout en main, et j'ai rien vu) et pire, je ne saurai faire dorénavant comme si de rien n'était.
Je ne suis qu'une sotte ! Oui une vile sottarde qui se croyait plus maline que les autres de mon âge, qui pensait que le savoir du livre éclipsait le savoir de la vie.
Je n'avais rien vu, ou peut-être je faisais comme si...
Stupide créature ! Je ne veux point écrire cette lettre mais je ne peux ni ne veux rien vous celer et ne pourrai continuer sans vous l'avouer.
Gabriel, je crois bien... enfin... je suppose, les preuves et tous les renseignements pris sur le sujet m'indiquent que je suis... c'est juste horrible, je ne veux pas que cela brise le lien entre nous.
Je vous aime. Voilà tout. Je vous aime comme quand on est amoureux.
Cela me tricote l'esprit, j'ai le coeur tout serré par la crainte de ne plus recevoir de vous ne serait-ce qu'une ligne.
Prenez soin de vous, toujours.

Votre Abeille

_________________
Perceval_aelis
L'écriture est presque trop soignée, les lignes trop arrondies, les points d'encre de fin de palabre trop sombres. Tout goûte le temps pris pour tracer chaque mot, certains copiés pour la énième fois,à en croire le propre trop éclatant du feuillet. Du moins, de sa partie haute : le tracé fini par se délier un rien, on devine presque les reprises de souffle entravé dans les courbes tuées, angulaires, dans la ponctuation trop abondante, dans les phrases trop courtes, dans les suppliques répétées à l'envi.Le messager est, lui, aussi dodu, plumeux et apprivoisé qu'à l'habitude quoique la moindre tentative de le nourrir se soldera en échec.


Citation:
Perceval,

Soyez déjà rassurée : vous aurez toujours à me lire, tant que mon esprit me le permettra. Et mesme quand il m'aura quitté, peut-estre vous écrirais-je des délires de vieillard cacochyme, de grandes envolées sur la nécessité du pain trempé dans le lait pour épargner mes dents rongées par le temps et la pourriture. Et vous serez couronnée de cuivre, point encore d'argent, quand vous me lirez, quand vous serez lassée de mes élucubrations.

Il ne me semble pas que vous ayez, quant à cette question ou le reste, projetter de la manière la plus vraisemblable, l'effet que vos mots auraient sur votre destinataire.

Perceval,

Il me faut vous demander si vous estes certaine de ce que vous avez tracé. Votre main tremblait, n'est-ce pas ? Peut-estre étiez-vous agitée ? Fièvreuse ? Quelqu'un vous aurait mis cela en teste ? Vous savez que les gens ont parfois des idées étranges. Ne prenez pas cela comme une mise en question de votre jugement, je vous en prie. Je le sais juste et loin des passions. Ceci étant : aussi réfléchie, bien apprise, intelligente que vous soyez, il est facile de se fourvoyer dans ce domaine.

Que vous m'aimiez, oui-da, ce ne serait que malhonnesteté d'oser le nier, bien que j'ai la tentation pernicieuse de vous dire que je ne mérite déjà pas votre affection pourtant qu'elle me remplit d'orgueil.

Mais que vous m'aimiez ainsi... Vous devez faire erreur quelque part. Vous estes bien plus maligne que les filles aussi jeunes que vous, ne vous trompez pas sur cela. Et observatrice, vous l'estes tout autant. Mon amie, vous auriez remarqué, en vous, la chose anormale.

Ne vous fiez pas aux signes que je vous ai décris un jour, je n'y connais rien, allons. Et ne vous fiez pas à ce que l'on aurait pu vous dire, personne ne connait votre coeur, votre ventre, allons.
Ne vous fiez à personne, donc. À rien non plus, d'ailleurs. Pas mesme à votre coeur, pas mesme à votre ventre : ils sont traistres eux-aussi.

Ne vous troublez plus, faites-moi en la faveur. J'ai du vous écrire quelque idiotie qui vous a mis cela sous la plume. Pardonnez-moi, si vous pensez que je peux encore obtenir votre pardon, mais ne vous troublez plus, je vous en prie.

Tout va bien.

Voilà.


Votre Jehan.

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Perceval_aelis
Le tracé est rasséréné mais ne suit pas encore son austérité coutumière. Il y a sous les mots une certaine maîtrise, ou tout du moins un semblant de maîtrise. Ici et là, en éparses traces, le délié se raidit. Le point, la virgules se font évasifs, suivant un peu l'esprit pensif de celle qui les a tracé, la trahissant de ses doutes, de ses incertitudes.
Puis le bien rangé fait place à un léger chaos, l'émotion prend en otage l'auteur, et les mots se font maux, en courbes irrégulières, en lignes incertaines, la main a perdu en fluidité c'est aisément visible, tout comme une certaine arythmie dans le débit. Tantôt rapide, tantôt lent, tout y est fluctuant.


Citation:
Gabriel,

Je suis rassurée.
Ou presque.
Quel effet aurait dû avoir mes mots sur vous ? Je ne sais.
J'ai juste eu la crainte de vous perdre, et cette crainte là est si démesurée que je ne sais pas à quel point mon aveu peut vous embarrasser.

Je suis juste une gamine avec son sentiment un peu encombrant, je m'en excuse, je ne puis vous assurer de rien. Je n'ai aucun comparatif.
Il se peut que mon ventre et mon coeur me mentent puisque vous me dites que cela se fait parfois.
Il se peut que vous m'ayez induite en erreur ou que j'ai mal interprété vos explications sur le sentiment amoureux.
Il se peut que je me sois fourvoyée par les explications d'autres.
Il se peut que mon jugement se soit faussé.
Sachez juste que personne ne m'a mis d'idées en tête, et que vous n'avez écrit aucunes idioties et que vous n'avez à mander aucun pardon pour mes troubles. Ils sont miens.
Je souhaite aussi que vous cessiez de croire que mon affection n'est pas méritée, serait-ce à dire qu'il y a hiérarchie entre nous ? Et que je, sois plus légitime en vos affections ? Je ne puis m'en persuader.

Alors oui-da, ce foutoir intérieur (parce que s'en est bien un) n'est peut-être que le fruit de ma grande ignorance en matière des affections amicales et amoureuses, je n'ai jamais eu réellement d'ami avant vous (à part une mule à pépé Izaac qui m'aimait assez pour ne pas vouloir me mordre, mais peux-je décemment vous comparer à cette carne ?), je ne sais où se trouve la frontière entre ces deux états n'y ayant jamais mis un pied.
Tout ce que je sais c'est que votre absence me rend triste, que vos lettres me rendent heureuses.
Vous me direz que c'est bien peu, et probablement en allez rire.

Non. Ce n'est pas tout.
Votre image soulève en moi une vive émotion, un ras de marée qui fourmille dans ma poitrine et qui d'un coup se fracasse à l'intérieur et me laisse avec un souffle manqué, une palpitation ratée, un bref instant où mon coeur se sent à l'étroit et il bat avec plus d'intensité comme s'il cherchait à briser la cage où il se trouve enfermé.De penser à vous, me noue la tripe à la gorge. Je m'inquiète de vous, je vous souhaite près de je et je maudis la distance qui me tient éloignée de vous chaque jour. Vous occupez une grande partie de mon esprit et ne pas recevoir de nouvelles de vous pendant quelques jours m’enlise dans une profonde mélancolie.
J'ai ignoré et tu ces symptômes, c'est jà tant effrayant de m'attacher à quelqu'un, c'est encore pire quand ce sentiment s'enracine profondément dans chacune des particules de mon être.

Il est tard. Je divague sûrement, je ne suis même pas certaine que ce que je viens d'écrire ait un sens. J'ai trop cogité, je me sens perdue, je le suis probablement d'une certaine manière.
Alors demain... je ferai comme si...
- aucun aveu n'avait été fait
- aucune de ces lignes écrites.

Tout va bien ici aussi.
Tout va bien et c'est mieux ainsi.

Ne vous inquiétez pas. Ce n'est rien.
Veuillez m'excuser de tout ce remue-ménage.

Perceval.


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