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Des courtes & des brèves

Perceval_aelis
Citation:
Mien,
En l'ensemble, je vais bien, en détail... c'est chose plus complexe.
J'ai probablement à vous conter. Pas maintenant. Pas tout de suite.
Je ne suis point prête encore.
J'attends votre lettre et Vinçu, juste de quoi rehausser la couleur de mon humeur, ranimer la chaleur que vous instillez en mon âme, en mon sein par vos mots.
Deux jours et nous arriverons à Snagov, de là nous prendrons repos pour une semaine et nous aurons dix jours de marche jusqu'au fameux campement du Khan.

Vôtre.

P.S. : Quel est votre nom de famille ?

_________________
Perceval_aelis
Le feuillet déplié révélera un étui rude de papier chiffon renfermant le fameux petit poisson promis, nageoire dorsale mué en bélière.



Citation:
Si Vinçu ne fait défaut, vous recevrez, avec mes souhaits d’une treizième année couronnée de succès dans vos entreprises et de sagesse récompensée, de quoi décorer votre mine selon votre foi.


Parole, je tiens. Mine mienne continuera de noircir du feuillet, à périodicité variable, pour vous donner à lire. Et s’il doit advenir concrétisation de ce souhait collant de sombre, vous serez prévenue, toujours.


Voyez-moi tout à la fois rassuré de vous savoir bientost arrivée, en santé encore, et navré de cette distance qui gaste votre humeur autant qu’elle rend la mienne grise. Ma disposition se fait plus roide encore. Je suis gourd jusqu’au ventre, tout m’est indifférent. Ce n’est pas mal à corriger, pour l’heure, en cela que l’absence de chaleur atténue la douleur.


Vous longiez le grand Danube, je me contentais de la Vienne. Ecartés de mes compagnons de route, le chemin vers Limoges s’est allongé à n’en finir que demain. L’envie d’arriver n’est pas plus présente que celle de continuer ma route dans l’apaisement de la solitude. La mort, temporaire soit-elle, de la nature, n’aide pas à allumer en moi l’enthousiasme, je crains. Tout ce qui s’y passera, s’il s’y passe quoique ce soit, vous sera conté. Renseignement sera pris pour ces réformés, si des nouvelles d’eux auraient à vous plaire.


Du pelage d’ours vous devriez reconnaistre couleur et poil sans mal, au moins. Mais las, tant que la chose remplit son office.


Et me voilà encore à vous écrire de manière décousue, sans liens doux entre les sujets abordés… Il me semble que comme vous, je n’ai point le cœur à écrire. Votre cape fourrée d’ours vous aura inspiré un repliement sur vous-mesme. Votre sentiment de solitude passera, je le crois, il est de ces effets, quand les intérests des autres sont si loin de nos vies intérieures. Comme si ame amie n’existait pas, n’existerait jamais.


Si la différence est là, cependant, elle ne vous retient pas d’aimer : exemple est de votre sœur, ce me semble ? Envers laquelle vous ne devriez peut-estre pas estre trop dure. N’est-ce pas un instinct faible mais humain, de vouloir accommoder réalité, présente ou future, afin qu’elle soit plus vivable ? Moins déchirante ? Moins absolue ? La mort des aimés est grand puit noir dans les tripes, toujours affamé et toujours vide. Espoir fou s’y niche avec une facilité décourageante.


J’attendrais vos nouvelles, de conversation tenue avec votre père et de toutes ces autres choses que vous évoquez.


Garde à vous,


Gabriel Enial.

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Perceval_aelis
Citation:
Pépé,

Je suis bien arrivée à Snagov, avec tout l'équipage.
On est entier (pour le moment) et fort fatigué. On se les gèle.
Nous partons pour le campement du Khan dans environ une semaine.
J'aimerai bien prêcher, toi, tu fais comment Pépé ?
Comment tu choisis ce que tu vas dire et comment tu rends ton prêche intéressant ?
Comment peux-je apprendre ? Comment laisse-tu les rêves te parler ? Je ne les entends point, suis-je mauvaise huguenote, ma Foi n'est-elle pas assez forte encore ?

Tu sais, le Léman me manque, les montagnes, surtout grimper en haut du Salève. Toi et Maddie aussi.
Beaucoup. Trop. Je pense à vous, souvent. Tout le temps, même si je le dis pas.
Et comment sont les nouvelles de l’Helvétie ? Les crétins de romains se tiennent bien ? (vous leur foutez un peu sur la gueule comême ?)

Perceval qui t'affectionne tout à plein.

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Perceval_aelis
Citation:
Zulma,
Je me trompe peut-être mais je crois que nous sommes faites du même métal.
En tous les cas, j'ai apprécié ce que j'ai pu voir de vous.
Peux-je vous demander s'il vous serait agréable de me montrer quelques passes d'armes afin que je puisse m'améliorer, et si vous en avez l'expérience, m'initier à l'arbalète, Minah refuse tout dret et prétend que c'est l'instrument du diable.
Je ne vous mande point d'abandonner le service du Prince, juste si vous avez le temps et le souhait de le faire.
Amicales huguenoteries.

Perceval

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Perceval_aelis
Citation:
Bonjour jolie dame Perceval,

Je voulais savoir si on peut bosser à la mine, le temps de partir? Il me semble avoir vu qu'il n'y aura pas de départ avant le 15 environ.
Est ce que vous écrirez à votre groupe pour lui dire avant? Je ne voudrais pas rester en plan et ne pas vous suivre.

Amicalement

Calico



Citation:
Calico,
Êtes-vous "la" Calico de la Graille-Sainte-Boulasse, chevalier de Bouillon, dite "Sauterelle" ?
Vous pouvez travailler. J'avertis toujours mes co-lanciers à l'avance afin que chacun prennent dispositions et nécessités.
Avez-vous en suffisance de provende ?
Je me tiens à disposition.
Amicales Huguenoteries.

Perceval.

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Perceval_aelis
Pépé Izaac a écrit:
Mon petit, je suis bien aise de vous savoir en bonne santé. Iic, il fait frais et je m'endors doucement. J'ai fini votre petit pot de confiture et c'était bien délicieux.

Bien à vous,


Citation:
Chère Jolie Dame,

Oui je suis le chevalier Sauterelle de Bouillon. Je me tiens à votre disposition. Merci pour votre réponse.
Concernant la bouffe, j'ai ce qu'il faut pour le moment.

Amicalement
Calico



Citation:
Salutations,

en effet dans le tas grouillant et informe dont le Prince s'est entouré, vous ne me paraissez pas de la pire engeance.

Je n'y connais rien en arbalète, mais notre Capitaine se débrouille, il n'aime pas se salir les mains. Vous pourriez lui demander, il adore faire partager ses connaissances.

Pour l'épée, je vous attends demain au lever du soleil devant les écuries de l'armée.

Zulma



Citation:
J'y serai !

Perceval


_________________
Perceval_aelis
Accompagnant un petit colis surprise.


Citation:
Bien peu de chose pour le plus précieux à mes yeux.
Une lettre suivra.

Tendres pensées.

Votre Abeille



Citation:
Vous me voyez touché (sans jouer sur les mots) jusqu'à l’embarras, de cette grasse attention. Droit de me fustiger vous est accordé d'avance, de ma futilité pour un don matériel, mais la réception a mué aroidement en ardoiement. Quoique pour ma défense, je soupçonne devoir ce réchauffement de poitrail à ce que le cadeau soit une manifestation de vous plutost qu'à son contenu propre. Par contre, il semble qu'un chat (qui, au vue de sa bedonnance, a mangé une partie des sucreries envoyées) ait suivi votre généreux pli.
Aviez-vous, dans votre grande prévoyance, prévu cette caillasse pour faire fuir d'éventuelles bestes opportunistes ? Notez que cela n'aura fonctionné qu'une fois (j'admets, mon tir a plus heurté le parquet que la chair), la chose est revenue à moi, l'oeil torve et le miaulement agaçant, heureusement calmé par le don des reliefs de mon repas.
Voulez-vous que je vous fasse confectionner une toque avec son pelage ? La fourrure n'est pas noble mais soit, il a le poil immaculé et fourni, l'effet vous plairait peut-estre.

Je ne sais ce qui me manque le plus, à cette heure, vos mots ou votre présence, quoique je n'ai jamais eu le loisir de m'habituer à cette dernière. N'est-ce pas étrange, de souffrir d'une absence lorsqu'on a à peine su la présence ?

Las. J'attends votre missive, sans patience.


Douces pensées
et garde à vous toujours,

Votre Jehan.

P .S : vous estes parvenue à me faire pécher par gourmandise, ayez honte !




Citation:
Mien,

Lettre promise, lettre due.
Chose dite, chose accomplie, c'est ainsi que je suis, n'est-il pas ?
A vous dire le vrai, ce courrier m'est difficile, j'avoue qu'il agite en ma conscience une tribu d'émotions hétéroclites que je n'arrive pas à maîtriser pleinement.
Je vais, tout du moins essayer, ne point entrer dans mes travers coutumiers et m'éparpiller en grappe de sujets disparates, et ainsi vous perdre dans le méandre de mes écrits. Vous risqueriez de sombrer.
J'ai longuement balancé, en résulte le tard de ma réponse, sur certains points à vous celer. Vous le savez, je ne peux me résoudre d'omettre ou mentir sur ce que j'ai à vous écrire, j'espère juste que ma franchise ne vienne pas entacher votre humeur trop sombrement.

Me voilà bien ennuyée que ma bénignité vous cause tant de dol.
Embarrassé dites-vous ? Guère plus que moi à recevoir votre présent.
Il est vrai qu'embarras n'est point le juste qualificatif pour cet émoi, je dirais plutôt un embrasement, un incendie intérieur à un point tel que j'ai cru que mon propre palpitant avait fondu dans ma poitrine.
Étrange sensation, vraiment.
Vous m'avez donné la réelle impression d'être un être spéciale, à part, qui comptait.
Je souhaitais simplement que mon cadeau vous procure le même sentiment, le même bonheur, d'être différent, juste important pour une personne, en l'occurrence, je.

Savez-vous que vous avez été le seul, oui-da, je pèse bien ce mot là, le seul, à me souhaiter mon anniversaire.
Ce jour là, et les autres.
Mon père s'est probablement encore trompé dans la date et Minouche ne connaît point son jour, comment pourrai-je exiger d'elle qu'elle se souvienne du mien.
J'ai mangé mon chagrin comme l'on mange de la cendre, à m'en étouffer, en silence, amère.
Votre sibylline écriture et votre si précieux (magnifique, rare, somptueux... non, en fait, il n'y a pas de mot) présent furent la seule joie, l'unique éclaircie dans cette nuit sans fin qu'est ce voyage.

Un chat dites-vous ?
Voilà qui est guère étonnant, ils pullulent ici, j'en ai un, blanc et au poil abondant.
Il est bon chasseur et m'a débarrassée de quelques nuisibles qui me grignotaient ma provende (nuisibles adoptés par Minah lorsqu'elle en trouve un bout, vous vous en doutez bien).
Néanmoins, comme tous ses congénères, il est un peu (beaucoup) flemmard, pour ma part je trouve les furets - que ma mère élevait pour la chasse au lapin dans les terriers - ainsi que les belettes - surnom dont on avait affublé ma mère - bien plus efficaces pour la chasses aux rats et autres souris, ce sont des bestioles bien plus mordantes et moins affectueuses que les félins, qui, étrangement, ont au moins la qualité d'apporter une sorte de compagnie réconfortante donc, point de toque pour ma tête.

Les cailloux portent chance et empêche de se faire brigander en chemin (sûrement parce que ce sont eux que l'on doit caillasser).
Pour ce qui est des douceurs, je n'ai point honte du tout, vous avez sûrement besoin d'un peu de sucre en ces temps froidureux, et au Diable ces foutus péchés !

Snagov est une cité étrange, je ne saurais vous la décrire avec précision, la ville entière semble ensevelie sous la neige, les rues pataugent dans la boue, le tout macérant dans un air humide, venteux.
Y a du quêteurs crotteux, du grotteux ambitieux, de la noblesse pécheresse, des dindes en froufrous en manque de... je-ne-veux-pas-savoir-quoi, des déviants, des réformés, des taiseux, des causants, des cuculs la praline, des bretons, il y a ce qu'il se fait de mieux, et ce qu'il y a de pire.
Pour l'heure le françois y est majoritairement parlé, c'est plus aisé, mais question dépaysement c'est râpé.

Je ne suis guère sortie, la maladie m'ayant séquestrée dès mon arrivée, point comme la dernière fois, nous avons fait (la maladie et je) dans plus d'élégance, point de vomissure qui salisse la vesture, juste un corps comme en fracas, et les poumons écrasés d'un poids et en feu à chaque quintes de toux.
Et même s'il y a un léger mieux, je ne suis point encore rétablie. J'ai eu droit ce soir à ma troisième visite chez le médecin ce soir, qui m'a tout de même traité pour la glairette mais n'a pas encore réussi à trouver l'autre mal qui me ronge.

La fatigue, le froid peut-être ?
Le moral qui s'étiole de ne point être en votre présence et aussi grandement par ce que j'ai à vous dire.
Je vais tailler dans le bref.
Ma dernière entrevue avec mon paternel servait à me "proposer" une alliance.
Une alliance à mettre dans une paire d'années à mon doigt, si les accords sont trouvés.
Voilà ce qui me causait tant de tracas, et de le coucher là... c'est pire encore.
C'est donner presque une consistance, une réalité si cruelle que je me sens perdue.

Avec ce projet, le temps me presse, il me faut vous voir au plus vite, je glisserai alors mes bras à votre col, et vous emprisonnerai de toutes mes forces, ainsi me nourrirais de votre présence et comblerais toutes les failles causées par cette odieuse absence.
Veuillez excuser, ma main tremble un peu, la tristesse est au bout des cils, prête à éclore.
Pardonnez mon émotion.

Nous partons dans deux jours, et je suis terrifiée, non par la mort mais par la crainte ne plus vous revoir, pour une raison, ou une autre, de ne plus recevoir nouvelles de votre part, pour une raison ou une autre.
Je dois encore prendre mes dispositions, en cas de...

Prenez soin car au delà des terres, des montagnes et des eaux, il y a un être qui vous chérit.
Déos vous veille car tel est ma prière.
Votre abeille .

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Perceval_aelis
Citation:
Ainsi vous estes et ainsi vous estes aimée.

Point de méandres cette fois, le lit de vos écrits est resté un, sans trop de bras sinueux. Et étant donné son contenu, je dois dire que je vous suis reconnaissant de ce flot facile à suivre. Jà, sachez que votre franchise m’a, au contraire, tiré de cette état de balancement et d’incertitudes. Il était su que la situation se présenterait, le repère temporel qui vient s’ajouter à la chose met du concret là où il ne demeurait qu’un flou désagréable.

Si alliance vient à se faire, nous aurions donc deux années devant nous. Bien assez pour que vous reveniez à moi, tête et corps sains puis, s’il nous est permis, peut-estre assez pour avoir quelques mois de présence partagée. Je ne sais si l’heure venue, nous trouverons que c’est bien peu. Vérité présente est que cela me semble source d’ébaudissement suffisante pour supporter distance actuelle et, j’espère, future.

Votre émotion, mesme si elle n’est que lue (relue, tant de fois que je patine des doigts les bords des feuillets), me serre ventre et gargamel. Dois-je vous dire que, sous les cendres, projet de vous rejoindre palpite toujours dans un repli de ma pensée ? Je pourrais réunir une escorte, d’une façon ou d’une autre. Ne serait-ce que pour vous retrouver à mi-chemin, lorsque l’heure du retour aura sonné ? Sachez au moins que j’aimerais estre à votre flanc pour apaiser la maladie qui ose vous assaillir. Votre médecin n’est-il pas compétent, pour ne pouvoir ni vous guérir ni identifier ce qui vous empoisonne le poitrail ? Ce pourrait-il que vous soyez faible de mélancolie ou d’une fièvre qui tient plus à la détresse de l’ame que celle du corps ?

Ma tripe se tord à toute heure quand votre malestre (et maintenant, le mal qui occupe sans droit votre corps) se rappellent à mon bon souvenir, aussi vous ne saurez jamais mon ravissement de vous savoir réchauffée par mon présent. Qui vous était dû de longue date : abeille devait jà estre poisson. Je serais tenté de vous faire parvenir mille petites choses encore si je ne craignais pas de gater tout à fait l’effet. Et que l’impression soit confirmée : à moi, vous estes unique et comptez plus que je ne me permettrais de l’avouer autrement que par litotes maladroites ou indirectes. Et, oui, votre cadeau a eu un effet similaire, quoiqu’à peine plus intense que celui que vos lettres produisent en temps normal. Il a été simplement décuplé par les longs jours qui le séparait de votre dernier courrier.

Je me prends à penser, dans l’attente, que vous m’oubliez peut-estre, et quoique ma raison s’en réjouisse, tout le reste s’en trouve tiraillé sans espoir de repos. Puis revient à ma souvenance la fiabilité constante de votre caractère, et, de confiance, le pli douloureux est lissé. Et celui que vous avez de ces non-souhaits d’anniversaire aura bientost disparu lui aussi, quand sœur et père auront pallié à l’oubli. Si Minah ne sait son jour, en a-t-elle fixé un par convention, d’ailleurs ?

Las.

Vous allez vous moquer : je ne sais plus ce que vous avait écrit de ma situation. J’ai rejoint une amie au moins, par ma foi, lourd à porter : Sulpicia. Icia dans ma bouche, tant je trouve le prénomination ingrate. Je n’avais jamais porté attention à la physionomie des femmes au ventre gros de vie, croyez que tout en elle semble habité d’un apaisement tranquille dont rien ne viendrait à bout ? Passons.

Elle m’a fait parvenir un pli alors que, par pechs et combes, les détours en sus, je rejoignais tant bien que mal Limoges, seul. Cité qui, ce me semble, se fait nid de bien des péchés, tant qu’elle soit belle, quelque chose d’élégant dans les batisses effilées. Je dois mesme reconnaistre l’ouvrage de la cathédrale, quoiqu’il semble odieux d’engloutir tant de ressources dans ces pierres. C’est à une trentaine de lieues, je crois, que je me trouve, village au nom de Bourganeuf. Il a encore quelque chose de méridional, à mes yeux, dans les façades. Les tours sont coiffées de petits chapeaux coniques, tout est très pierreux, très calme aussi.

J’y ai fait une paire de rencontres dignes d’intérest, quoique l’une d’elle n’a pas été sans me remplir d’un trouble mauvais. La paire était mariée, d’ailleurs, bien que nous avons surtout échangé séparément. L’homme passe pour huguenot quoiqu’il n’en soit pas à la revendication et nous avons discouru de la taxe épiscopale qui touche le diocèse limousin, si je ne fais pas erreur. L’échange m’a valu gain d’une « pitou », pas certain de l’orthographe, petite chose noire qui tourne sur elle-mesme sans but particulier. Œuvre d’un Arnauld Cassenac qui hypnotise des poules en plus d’estre un menuisier de talent.

L’épouse m’a affirmé, elle, que nous avions eu rencontré, jà. À Limoges. Je ne sais comment, vraiment, puisqu’à mon esprit, Limoges m’était inconnu jusqu’à quelques semaines en arrières. Pis encore, nous nous serions trouvés dans une rue bordelière et j’aurais failli à lui porter secours. De vrai, vous le savez vous-mesme, courage n’est que peu dans mon essence, aussi cette partie-là est bien moins surprenante que le reste. Elle a eu la délicatesse d’affirmer estre convaincue que je ne faisais que passer, mais tout de mesme. Je n’arrive pas à relier les lignes de cette scène avec les notes de mon carnet. Jeune matrone semblait certaine de mon identité, au moins autant que je le suis de ne pas lui voir de motif pour un mensonge. Anomalie étrange.

Passons.

Abeille mienne, quittez tristesse et terreur, je vous en conjure. Elles ne peuvent que vous faire dépérir de l’intérieur. Soignez ame et corps avec autant de précautions que vous m’inviteriez à le faire et reprenez foi : la nuit ne saurait durer toujours, encore moins pour les justes.

Plus que jamais garde à vous,

Vôtre.


P. S : puisque le vôtre semble ressembler au mien, ou plutost l’inverse, je pense garder la compagnie de la bestiole malapprise, cela nous fera quelque chose de commun dans l’environnement. Elle (quoique c’est un il, ce me semble) a l’utilité de réchauffer mes bottes, en plus de ses talents (tout est relatif) de chasseur, aussi les deniers de nourriture dans son bec ne seront peut-estre pas trop perdus.



Citation:
Gardée, je le suis bien.

Savez-vous mon tendre ami, que vos courriers ont eu l'heur de me rebiscouler ?
Point ne suis-je encore tout à plein curée de cette intempérie, mais il est à noter que mes dispositions se sont nettement améliorées, jusqu'à teinter mes joues d'un rose presque oublié, la morosité s'est dissipée et même s'il me reste un peu de malenconie due à votre absence, je vais beaucoup mieux.
Laissez-moi échafauder l'hypothèse que nos courriers rapprochés y sont pour quelque chose.
Vous êtes ma médecine.

Un diagnostique a pu enfin être posé, tous les médecins ne sont pas médicastres ès charlatanerie.
C'est une Tarraconensis Malum (ou "un"), si ce n'est pas un nom barbare pour un mal ! Je vous dirai qu'elle me cause encore de petites tracasseries, le corps garde des courbatures, légères mais bien ennuyeuses lorsque l'on doit empaqueter ses affaires avec la rigueur nécessaire pour tout caser et ne point alourdir la charrette dans le même temps.

Nous partons ce soir. C'est acté. Mon pli sera peut-être plus bref que de coutumier.
J'ai grande hâte d'en finir, j'espère que nous l'aurons du premier coup.
J'ai souri à lire votre évocation de venir me rejoindre, j'ai presque envie de vous dire oui.
Non, en fait l'envie de vous dire oui est presque cinglante si ma raison ne tempérait pas tout cet émoi que vous me causez (un vrai chamaillis dans ma poitrine, mon ventre et ma tête).
Auriez-vous une forte escorte ? Garderiez-vous prudence sur les chemins, useriez-vous plutôt la voie fluviale ?
Le désir de vous revoir se fait toujours plus grand au fil du temps qui s'allonge, il en est presque palpable, parfois tout juste supportable. Je ne suis point une papillonneuse, je suis constante en tout (au grand détriment de la fantaisie, je vous l'accorde), et en l'affection que je vous porte, plus que tout.

Certains d'entre nous parlent de rester et s'installer ici après l'affaire, d'autres d'aller jusqu'en Alexandrie, le voyage me plairait assez, mais Minouche et je avons l'idée, si cela est possible en question de temps, de participer au mythique tournois de Genève.
Oui, je le sais, vous allez me dire que c'est encore un truc où on se marave la tronche pour que dalle, je vous laisserai panser mes plaies si vous me donnez votre consentement.
Pour dire le vrai, je crains qu'il nous manque le temps pour y être en mars, j'ai néanmoins le droit de rêver n'est-ce pas même si ce qui m'importe le plus meshui c'est de vous rejoindre, vous revoir, nous retrouver.

Par la malepeste, le temps me fait défaut pour achever mes lignes, il nous faut nous préparer à monter, je vais faire ma barbare et tailler dans le bref. Veuillez pardonner par avance le côté abrupt de ce pli, je ne puis tarder plus.

Jehan mien, soyez toujours précautionneux en vos pas, Déos vous veille.
Je vais suivre votre conseil, et m'abandonner aux paroles d'un poète perse
"La nuit n'est peut-être que la paupière du jour."
Tendres pensées.

Votre dévouée Abeille

P.S. : Je crains qu'en ce Cassenac vous n'ayez rencontré le concepteur cinglé de la machine diabolique de Minah. Posez-lui la question.

Re P.S. : La Pitou ? Si c'est l'objet auquel je pense, c'est un jeu pour drolissous que je connais uniquement sous son nom d'oc " baudufa " et dont le but est de duré le plus longuement en tournant.

P.S. ter : Vous ai-je dit que vous me manquiez ? Non je ne l'ai pas dit assez. Je le redis. Vous me manquez !

_________________
Perceval_aelis
Citation:
Court, ce pli le sera aussi, moins que le prochaine j'espère.

Jamais assez gardée, à mon sens, ce qui n’aura cesse de me navrer.

Et savez-vous que je m’en vois soulagé ? Bien que protestation doit estre faite : vous estes votre propre médecine, humeur aura suffi à remettre corps en branle et essence curative aura fait le reste. Gardez-vous de trop forts émeuvements autant que faire se peut, au moins jusqu’à l’heure de l’affrontement sonné, que vous soyez dispose et purgée du mal en entier. D’ailleurs, vos leçons d’armes, si elles ont perduré, se sont-elles bien passées ?

Mes prières vous accompagnent, que la réussite soit rapide et sans heurt, que vous reveniez tous (ou du moins ceux qui ne s’installent point en ces contrées) émerveillables d’avoir réussi là où d’autres avaient échoué.

Je vais rentrer à Bourg pour faciliter les préparatifs et la réunion de bonnes et fortes volontés. Promesse est faite que je ne ferais pas le sot imprudent : départ ne sera amorcé qu’en conditions raisonnables. À savoir par quelles voies : nous verrons. La descente du Danube me plairait mais encore faudrait-il trouver navire et capitaine en accordance.

Pour que vous puissiez assister au tournoi (et consentement je n’ai pas à vous bailler bien que soins, soutien et légère désapprobation vous soient promis), ne faudrait-il pas que victoire il y ait avant que l’aube de 1466 ne se profile ? Si cela n’arrive pas, je pourrais faire chemin jusqu’en Valachie et me joindre à ceux qui feront route jusqu’en Alexandrie, si vous en faites partie.

Et pour vous répondre, sans dessus-dessous :

Cassenac je n’ai pas rencontré, l’un de ses clients seulement, un Arri ? Mais question sera posée, quelques missives avaient jà été échangées au sujet de mines et de poules. L’ai-je écrit dans le précédent pli ? Bon.

Drolissou je dois encore estre un peu, le tournant a quelque chose qui concentre la pensée avec calme. Et puis, elle est noire.

J’ose espérer que vous l’écrivez plus que vous le dites, votre manque ! Oreilles esbaudies que seraient celles de votre Minah (je présume), si non !

Gardez-vous, chère abeille,

Vôtre.

_________________
Perceval_aelis
Citation:
Bref sera ce courrier, tout comme le pigeon qui accompagne ce pli.
J'ai préféré garder un peu Vinçu pour lui accorder quelques répits.
Voilà trois jours que nous sommes engagés sur ce chemin qui n'est encore sur aucune carte, je ne sais si nous ouvrons la voie ou si simplement les gens du coin ont plutôt souhaité rester discret sur celle-ci. Nous avons à nouveau rejoint le Danube et suivi son tracé vers l'est pour finalement arriver à la mer noire qui s'ouvrait devant nous et qui n'a de noir que le nom. Elle est bêtement bleue, quoiqu'un bleu sombre mais comme toutes les autres mers (et même mon lac) lors de temps mauvais.
Nombre de bretons se trouvant dans l'armée qui nous accompagne ont semblé comme... émus par la vue de la flotte, vrai que j'ai aussi pensé aux eaux lacustres de mon Léman mais rien de comparable.
Là nous sommes au milieu de nulle part, et franchement, sans mentir, c'est nulle part.
Pas de chemin, pas âmes qui vivent, rien. Pas même une maisonnette isolée.
Juste de la dense forêt, de la neige et encore de la neige.

Je me suis un peu enflammée dans ma dernière lettre, je me croyais presque curée, le rose aux joues, la mine haute, et le corps plus souple.
Et bien non. Paf dans ma face, il m'a fallu sortir mon bon vieux dégueuloir et me voilà sur mon canasson aussi fraîche qu'un poisson oublié à marée basse en été.
J'ai pu manger, mais n'ai rien pu garder en mon gastre, le médecin m'avait quelque peu prévenue et m'avait conseillée de prendre du maïs avec moi, plus digeste en potage.

De vous savoir prochainement en route me ragaillardie un peu même si je sais le voyage long, sinueux et périlleux, je prie pour qu'aucune traverse ne viennent vous retarder, ou pire...

Jà je vous laisse, j'ai besoin de prendre repos, entre le voyage et mon intempérie qui ne me laisse guère de répit, je suis obligée de limiter mes déperditions d'énergies. Mais il me fallait vous tenir aux nouvelles, elles ne sont pas si mauvaises, je suis encore vive et fort résistante malgré tout.

Recevez mon indéfectible affection.
A Déos je vous recommande en toutes mes oraisons.
Votre dévouée Abeille.



_________________
Perceval_aelis
Citation:
Mien,
Nous sommes arrivés au campement du Khan.
Priez pour nous.
Demain, ou le jour d'après.
Qui sait. A Déos je m'en remets.
Tendres pensées.

Vôtre

_________________
Perceval_aelis
Citation:
Brièveté sera imitée ici.

Corps se porte-t-il mieux ? Je vous confie que j’aurais pensé la ferveur de mes prières plus efficace, déception puérile s’il en est. Je vais continuer à espérer que celles pour une victoire prompte seront plus brillantes dans leur succès. L’impression de retenir mon souffle me vient, maintenant que vous estes si proche (et ce me semble pourtant, plus loin que jamais) du dénouement.

Nous faisons route lentement, mais, quoique non point épargnés des dangers, tous vont bien. Nouvelles vous seront contées plus tard dans le détail.



Que Déos soit avec vous, à ces heures plus que jamais.

Gabriel.

_________________
Perceval_aelis
Citation:
Mien,
Sans courtoisie je vais faire court.
Je ne vous raconte pas le bousin où nous sommes, enfin si, du coup.
Le 22 nous avons été repoussé plus loin, cette nuit nous avons mené chamaillis au campement du Khan, à notre net avantage, notre armée détenant dès lors le statu quo, nous avons essuyé quelques pertes, et moi je n'ai ni touché, ni été touchée, soyez en rassuré.
Saine et sauve, je suis.
Seulement, malgré les assez lourdes pertes du côté barbare, leur armée tient encore debout, pire, leurs morts se relèvent et réintègrent l'armée qui dès le matin, se retrouve intacte.
Y croyez-vous ? Se battre contre des ombres seraient plus aisé.
Il me rappelle l'histoire de ces pauvres Danaïdes qui devaient à l'infini remplir un tonneau au fond percé.

Nous y verrons plus clair demain matin après les combats, nous avons l'avantage d'avoir obtenu le statu quo sur le campement et encore nombre de forces vives.
En ces heures de doute, je prie l'Unique, pour qu'Il nous éclaire, et nous indique la voie à suivre.
L'Unique est raison. Point il ne faut que l'oublie.
Qu'Il veille sur vous.

Votre Perceval.

P.S. : Je ne suis plus malade, tout du moins les symptômes se sont atténués.

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Perceval_aelis
Citation:
Morts relevés ? Mais par quelle oeuvre maligne... ?

Je suis à l'aube du départ, encore, aussi ne vous écrirais-je rien de plus que l'assurance de mes prières ardentes, toujours.

Donnez encore de vos nouvelles, je répondrais moins sommairement, promesse est faite.

Vostre.

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Volkmar
Citation:
Perceval,

    Il semblerait que Deos vous garde, puisqu'à cette heure, vous devez être en Orient, à mener un groupe au combat.
    Calico m'en a touché mot. Si vous en éprouviez le besoin, vous pouvez compter sur elle. Elle est fiable, tient sa parole, et sa lame est sûre.

    Elle vous a décrit courageuse, et vous savez vous faire apprécier.
    J'imagine, puisque vous n'avez pas écrit, que vous n'avez pas eu nouvelle de Guise.

    Je ne sais pas vraiment pourquoi j'écris cette missive, à vrai dire. Sans doute parce que je n'ai personne d'autre à qui écrire, que le sommeil n'est pas venu me chercher, et qu'à cette heure, les prières ne m'apportent guère de réponses.

    Il y a à Toulouse, un hôtel ayant appartenu à feu votre mère, en même temps qu'à moi. La cave en a été bien vidée, et elle en avait elle-même vidé la quasi totalité de ses biens. Mais, ayant pour ma part décidé de quitter Toulouse, je ne veux décider de le céder sans vous en proposer les clefs.
    Je comprendrais que vous n'en vouliez pas, vous n'auriez sans doute rien à y faire.

    Bon courage, et bonne chance.



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