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Quel est le point commun entre un dragon et une abeille?

Daedra_
Paris, capitale du Royaume de France. Ville aux hautes murailles et aux rues tortueuses, centre du commerce septentrionnal et du passage des foires de l'Artoi à la Champagne jusqu'aux Flandres ... A ce qu'on lui avait dit. De tout ça, il n'en connaissait que les noms. Trop longtemps parti, trop longtemps exilé, le monde, envolé, n'était plus à sa portée, du moins en ce moment. Tout apprendre: connaître un univers, se refondre dans une société qui ne l'accepterai peut-être pas, sortir du désert ... ou y rentrer à nouveau. La guerre l'emporta dès son retour, le maintenant tête baissée dans ce quotidien de flamme et d'acier qu'il ne connaissait que trop bien. Noble désargenté rejeté par la bonne société, soldat n'ayant pour seul habit que son armure et ses armes pour seuls amies,la précarité et la solitude était ses deux maîtresses avec lesquelles il se couchait le soir. De retour de campagne d'Italie, il avait préféré fuir l'emprise de sa famille pour gagner la France. Ses pérégrinations depuis Milan le conduisirent jusqu'à Paris, où il espérait pouvoir vendre le résultat de ses rapines, trésor de guerre, fruit du pillage des belles cités italiennes et qui était là, plus que l'honneur, le véritable motif des petits soldats comme lui.

Après avoir claqué son maigre pécule pour la réservation d'un chambre tout aussi maigre dans une des auberges crasseuses de la basse-ville, il se dirigea vers les ruelles marchandes, tentant de repérer quelques forgerons ou receleurs de métaux. Son accoutrement, il le savait, n'était certainement pas sans attirer le regard sur lui. Car en effet, qui se baladait dans les rues de France avec un casque gravé de l'aigle impérial ? Mais il n'en avait cure. Il n'était pas là pour être aimé mais pour grossir sa bourse. Au fur et à mesure de sa marche, il quittait les rues pavées, et le chemin devenait terre battue. Aux belles et élégantes lignes de pierre succédaient terre et boue. Les sombres établis se substituaient à présent aux belles échoppes et boutiques. On se serait subitement cru ailleurs. Seul le haut béfroi gothique à quelques pas de là indiquait qu'il était toujours à Paris. D'ailleurs, en regardant bien, d'autres signes lui indiquait qu'il était à Paris. De là où il était il pouvait voir les tours de Notre-Dame, le clocher de Saint-Germain et la Seine coulait à quelques encablures de là.

En jetant un regard circulaire tout autour de lui, il repéra une petite forge isolée qu'il résolu de pénétrer. Aucun signe ni enseigne n'indiquait que la masure de pierre et de chaux était un établi de forgeron, néanmoins le bruit du fer battant le fer était un signe caractéristique qui ne pouvait tromper. Le feu qui rôtissait dans le fourneau produisait une belle flamme. Le forgeron était là, torse ruisselant de sueur sous un tablier de cuir vieilli, plongant dans l'eau froide le fruit de son labeur qui, au contact du liquide émit un épais nuage de vapeur qui emplit toute la pièce avant de rapidement disparaitre.


'jour. dit le visiteur d'un ton rauque. Bien qu'il parla ainsi français, son accent trahissait certainement une origine étrangère.

Vous achetez et revendez ? Combien me donnez-vous pour ça?

Il sorti une épée qu'il posa sur une table non loin. L'arme avait les allures d'une épée à une main, bien que plus petite et un peu plus large. La garde, d'un métal doré et composée d'un pas-d'âne circulaire, formait un S pour protéger la main. Un oeil expert y eut pu voir là la patte de fabrication Helvète. Sur le bas de la lame était gravé l'emblême d'un dragon tricéphale flanqué d'une inscription: Valyriae. Ignis Sanguisque.

Katzbalger, "Etripe-chat". Une épée pour combats rapprochés ou de rues, pratique pour les ... disparitions, si vous voyez ce que je veux dire. Acier, fabrication germanique.

Il posa ainsi son baluchon à même le sol, qui produisit un bruit de ferraille une fois à terre. Marchandons.
Perceval_aelis
N'est-il pas un rufe, un personnage mal dégrossi ?
Probablement.
Ou simplement n'a-t-il point pris garde à la silhouette statique calée pile dans un endroit que la lumière semble éviter.
Une carcasse longue, fine, enveloppée d'une cape sombre qui ne paie pas de mine.
A première vue, un damoiseau, jeune assez, de ceux qui ressemblent aux étudiants désargentés.

Un léger mouvement, un frisson d'étoffe, à côté de la soldatesque invasion l'on manifeste sa présence.
D'abord, c'est la tête avec lenteur qui se tourne vers le fâcheux importun, l'ample capuchon qui lui recouvre une partie de la flamboyante crinière dévoile un visage aux traits fins, au museau pointu qui jurent avec l'austérité de sa mine, et deux billes acérées viennent détailler l'homme de pied en cap.
La moue pincée, la réplique claque, sèche.

" Permettez. J'tais là, en pr'mier ! "

La voix est basse, avec quelques intonations graves et dénote un léger accent dont on peine à situer la provenance tant il est subtil.
De deux enjambées, elle se rapproche, l'oeil courroucé toujours fiché dans celui de l'étranger, serrant contre elle un paquet, la raison de sa venue soigneusement emballée dans une serge épaisse, une lame forgée de ses propres mains qu'elle souhaitait soumettre à un jugement plus professionnel que le sien, encore novice en la matière.

Si l'allure d'un jeune minet se prête à une distance raisonnable, l'affaire se corse lorsque la jeune Montjoye se trouve plus proche, comme une ambiguïté en filigrane qui féminise d'une manière sibylline sa figure.
Est-ce les sourcils trop fins, ou les cils trop longs ?
Ou bien est-ce la bouche aux lèvres un peu pleines dont la courbure - une des rares dans la cartographie corporelle de Perceval - garde une grâce un peu enfantine.
Jà le nez se fronce, il y a quelque chose qui retient son intérêt, toute son attention.
La senestre dégante la dextre, et le bras s'allonge légèrement, laissant entrevoir le noir profond et richement brodé de soie encore plus sombre d'une manche élégante qui tranche avec la pâleur froide de cette main aux doigts sans fin, à la tournure délicate malgré les ecchymoses postées sur ses phalanges que lui causent le travail du fer.


" Qu'est-ce c'la ? "

L'index indique nettement la marque du dragon tricéphale.
L'intonation de sa voix s'est faite plus douce à la question.
Cette marque, elle la connait, et pour cause, il orne le bas du testament de sa mère par un scel doré, celui d'Arnarion.

_________________
Huguenote.
Daedra_
Grande et mince, la silhouette fine se mouvant dans le noir induisait ses yeux en erreur et seule sa voix trahissait une appartenance à l'ordre féminin. La mystérieuse créature venait de l'interrompre, l'interpellant depuis l'ombre et clamant son droit, lui sommait de faire retraite.

Z'êtes qui ? Claqua-t-il d'un ton sec et un peu abrupt, caractéristique du soldat bourru prit sur le fait par un visiteur un peu trop curieux. Bien que désargenté, son ascendance nobiliaire tout autant que son orgeuil de spadassin le faisait la regarder avec une lueur d'arrogance dans les yeux. Ses pupilles brunes roulèrent ça et là, scrutant de haut en bas l'apparition tentant, par un relexe bien naturel, d'accrocher son regard sur quelques parties de son physique.
La demoiselle était jeune et rousse, et sa peau pale légèrement rosie par endroit lui donnait un air triste. Toutefois son regard venant appuyer l'intonation de sa voix tranchait avec le reste en lui conférant une sorte d'assurance, que devait exprimer un caractère bien assumé et volontaire.

Sa voix se radoucit quelque peu en voyant l'intérêt qu'elle portait pour sa babiole et voyant par l'épée qu'elle portait, le même intérêt que lui pouvait avoir.
Ça ? dit-il en soulevant l'épée. Ça, c'est l'avenir de l'escrime. Il regarda avec amour la lame puis la garde. Son regard s'assombrit en voyant l'index de la jeune femme indiquant le dragon incrusté dans l'acier.

Rien du tout. Dit-il d'un ton soudainement plus tranchant. Affaires familiales. Pourquoi ?
Perceval_aelis
Z'êtes qui ?
" Perceval. "

Comme si cela était une évidence.
Laconique réponse et indifférence au ton prétentieux et bien trop fat qui claque à son oreille.
Il n'y a nul mépris dans cette posture presque éthérée, c'est juste sa manière d'être, elle qui a tant de mal à décrypter et à interpréter les sentiments exprimés par ses semblables.


Ça ? Ça, c'est l'avenir de l'escrime.
"J'entends mais.. "

Le doigt pointé trouve enfin son utilité et l'amorce d'une réponse à son questionnement.
Bien que le ton tranchant aurait dû lui donner l'indication qu'elle allait se fichtre dans un beau merdier, Perceval n'est pas de celles qui en prennent garde, comme dit plus tôt, notre bestiole ne s’alarme guère de ces petits signaux.
A l'abrupt de l'étranger, elle oppose une sorte de passivité observatrice, comme si d'un coup, d'un seul, l'épée y perdait en intérêt tandis que le soldat y gagnait en attention.

Le visage buriné par le soleil est finement détaillé, de toute apparence, elle y cherche quelque chose qu'elle ne trouve pas.
Depuis les légères rides qui s'accumulent en pattes d'oie sur le côté des yeux coutumières des gens profitant du grand air, jusqu'à la commissure des lèvres, en passant par le menton piqué de barbe.
Perceval essaie de superposer l'image laiteuse et cardinalice sur la physionomie tannée de l'aventurier.
Tout est passé au crible et quand enfin le bleu acier croise le fer avec les pupilles sombres, c'est ainsi qu'elle se sent prise sur le fait, dans l'obligation de répondre.
En tapant dans le mille.


" Z'êtes d'la famille d'Arnarion ? "

Ou un foutu crevard qui arpente les champs de bataille afin de dépouiller quelques nobles cadavres ?
_________________
Huguenote.
Daedra_
Qu... comment connaissez-vous mon père?!

Son sang ne fit qu'un tour à l'appélation du nom honnit. Avec le temps et frustration, dame misère lui il avait appris ce qu'était la haine, et celle-ci était vouée à son père. Son père qui le bannit, son père qui l'affubla d'un sobriquet qui devait rester son nom, lui enfin qui l'a maintenu exilé à l'autre bout du monde.

Dans sa hausse de tension soudaine, il avait esquissé sans le remarquer un pas vers le jeune femme et sentit sa main prête à saisir son col. Entendre le nom de son père dans un endroit pareil était de loin ce à quoi il s'attendait. Les fantômes des souvenirs faisaient monter la pression sanguine, ce qui lui fit battre la tempe. Il sentit ses yeux frétiller de colère. Il avait fait exprès de venir en France depuis l'Italie pour fuir la tyrannie paternelle et voilà qu'elle se rappelait à lui.

Il se resaisit néanmoins. Le sang continuait à battre, mais la fureur retombait en son for intérieur. Il remit l'épée dans son foureau, occulant le blason familial.


Je ne savais pas qu'il enverrai ses espions pour me suivre jusqu'ici. Dit-il d'un ton sec et cassant.

Il loucha à présent sur l'épée emballée que portait la jeune femme. Et d'un ton méfiant de circonstances, il dit enfin. Après m'avoir soustrait au monde, souhaite-t-il me soustraire à la vie ?
Perceval_aelis
Ah ça ! Elle ne l'a pas vu venir, le voilà soudain tout vinaigre, et elle, drapée d'exquise ingénuité, ne comprend pas de suite qu'elle touche là au sensible de l'escogriffe.
Malgré toute l'attention qu'elle porte à offrir un museau lisse d'émotion, Perceval ne peut contenir un mouvement de surprise qui imprime un léger pli dans ses lèvres.
Le plus flagrant, par contre, se déroule dans son regard, qui se jette curieux à l'assaut de ce rude faciès cherchant des points de ressemblances alors que tout paraît dissembler père et fils.
Prise à son étude, notre bestiole n'a pu anticiper l'approche avec célérité, et se retrouve avec l'étranger presque sous le nez.
Dans sa poitrine la toquante cavale et sans pour autant ciller le moindre, la voilà inquiétée par cette distance réduite.

Derrière eux, le forgeron a cessé de marteler, intrigué peut-être par l'esprit échauffé du soldat, ou un brin nerveux par l'idée que l'on pourrait s'égorger dans sa forge.
La jeune Montjoye tourne vers lui son minois juvénile, plus pour se soustraire à la proximité un peu trop direct qui s'est installée à son insu avec le bâtard que par souci de communication avec le proprio des lieux.
La voix claire, ordonne avec un certain calme.


" Continuez. "

Sans en avoir l'air, furtive, elle creuse à nouveau un écart entre eux d'une manière imperceptible tandis qu'avec régularité le forgeron frappe le fer.
Le regard de glace s'accroche aux billes qui la menacent, une lueur sagace agite la prunelle de la pucelle.


" J'me demande qui d'nous deux vous insultez avec vos déductions ? Vous ou je ? "

Et de marquer une légère pause, en même temps qu'elle observe ses réactions.

" Je, en m'pensant médiocre espionne, qui dévoilerait les arcanes d'son jeu sans prudence, pire, médiocre homicidaire volontaire, prenant l'risque d'rater le dépêchement voire se faire occire à la prime occasion..."

Y-a-t-il l'ombre d'un sourire moqueur qui se glisserait à ses lippes ?
Même pas, la demoiselle n'a pas vocation à la raillerie, elle énonce les faits, recoupe les hypothèses de manière détachée.


" Et vous, en avançant des raisonnements peu réfléchis, vous montrez l'étroitesse d'votre esprit. Pourtant, z'avez l'air plus fin qu'ça. "

Et pour couper court à tout échauffement inutile et aussi pour ne point répondre à son questionnement :

" Votre lame. Combien ? "

_________________
Huguenote.
Daedra_
Et alors que le battement du fer indiquait que forgeron avait reprit son travail, le jeune coq se calma un peu. A la réflexion, il se sentait un peu ridicule d'avoir agit de la sorte. Son père était certes capable d'envoyer des espions et même des assassins, mais il était homme d'Eglise, il ne pouvait occir son propre fils. A la vérité, s'il l'avait retenu tout ce temps hors du monde, ce n'était pas pour l'y effacer à présent qu'il était de retour.

Un bruit bourru fut son seul mot d'excuse à destination de la jeune femme. De tout évidence, elle connaissait son père, mais au vu de sa réaction, pas au point d'être une de ses soudards impériaux. Si elle connaissait son père alors elle savait aussi que son tempérament n'était pas des plus placides et que le sang chaud coulait dans la famille.

Il fit un pas en arrière, laissa à son interlocutrice l'espace intime qu'elle avait précédement perdu. Elle voulait à présent obtenir son épée. Il n'était pas contre, après tout, une vente comme une autre ... Lame au clair sortie à nouveau de son carcan de cuir durci, il prit la garde en inverse pour maintenir l'estoc au sol.

D'un ton professionel, il entreprit le marchandage.
Lame en fer forgé, pas d'âne en cuivre couché d'or et poignée de bois cuiré. Prix du marché, 100 écus. Majoration de 25 pour le blason, soit 125 écus.

Il lui tendit et lui lança d'un ton interrogatif. D'où connaissez-vous mon père ?
Perceval_aelis
Une légère moue accueille ce qui sert d'excuses, l'homme est fruste, et la demoiselle peut encline à apprécier les ronds de jambe, elle accepte donc sans rechigner.
L'attention préférant se tourner vers un sujet nettement plus intéressant.
L'épée.

Avec un soin particulier, Perceval pose son arme emmaillotée dans la serge épaisse sur l'établi, laissant échapper une lame étonnement fine.
D'un ample mouvement elle rejette les pans de sa cape derrière elle, afin d'assurer plus de liberté à ses bras, découvrant ainsi le reste de sa silhouette un peu sèche recouverte d'une vesture masculine sobre et d'excellente facture.
Les mains délicatement prennent possession de l'épée convoitée, apprécient son poids avant de glisser un regard expert sur la lame.
Les azurites se redressent jusqu'au providentiel vendeur, le détaillant pour y chercher une confirmation.


" Helvète ? N'est-ce pas ! "

Pour avoir fait ses premiers pas dans une forge genevoise, elle en reconnut la qualité, bien qu'elle eut un léger doute, les forges allemandes étant elles-aussi de bonnes réputations et fournissant des armes de premiers choix.
L'examen reprend, d'un geste sûr de la main droite, les doigts effleurent le plat dans toute sa longueur, la pulpe de l’index s'aventurant même à tester le tranchant.
Rabaissant sa garde lentement pour fixer ses yeux sur lui une nouvelle fois, opinant doucement, satisfaite de son inspection.


" 125 ? L'affaire est faite ! Parole donnée n'peut être r'prise. "

Et pour la première fois, la lippe s'étire dans un bref sourire un brin rusé.
Négocier ? Pardieu non !
Une lame de cette qualité à ce prix là, il faudrait être fou pour ne pas payer.
La carcasse se met en branle, une jambe passe légèrement en retrait tandis que le haut du corps se tend dans une posture d'attaque classique, elle s'essaie à quelques mouvements vifs.
La jeune Montjoye se trouve être finalement gracile à l’exercice, le corps souple, réagissant avec nerfs aux assauts imaginaires.
Puis comme se rappelant à son devoir, elle rabaisse la lame et reporte son intérêt sur le soldat.

" Vot' père ? "

Les prunelles le quittent un instant, cherchant un refuge pour permettre à son esprit de fouiller sa mémoire.

" Arnarion, blond, cardinalice, trente pompons, baptême, Paris... "

Le ton monocorde énonce les mots qui paraissent discordants entre eux et qui n'on de sens que pour elle.

" Une fois, qu'ques jours 'vant qu'ma mère n'décède. J'avais six ans. "

Ainsi dit, cela paraît anodin et bénin comme rencontre, quelque chose de furtif et en dépit de sa nature qui reste plutôt secrète, elle lui livre une confidence.
Après tout, c'est son fils.


" Mais... les deux pupilles appuient une oeillade emplie de curiosité, elle sonde sa réaction avant de reprendre, ... ils échangeaient nombres courriers entre eux.
L'sceau d'vot' père figure d'ailleurs au bas d'son testament, en tant qu'témoin. "


Et de pousser sa réflexion plus en avant.

" C'la m'paraît étrange connaissant la nature papiste d'vot' père et celle très réformée d'ma mère.
Malgré la lecture faite d'ces courriers, J'n'ai jamais compris la nature d'leur relation, s'ils étaient amis ou ennemis... "


L'étripe-chat est reposée et la main se porte à son escarcelle, une bourse en est sortie et tendue au Borgia.

" V'là cinquante écus, si vous m'accompagnez, j'vous donnerai l'reste. "
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Huguenote.
Daedra_
Le jeune femme rejette sa cape, l'oeil du soldat scrute et se pose. Vesture sobre mais de qualité à n'en point douter. La créature ne devait pas être coutumière de l'ombre dans laquelle elle évoluait, ici, dans la minuscule forge, mais devait appartenir à un autre ordre. Ce pourrait-il qu'ils fussent là tous deux, rejetons de haute lignée reléguée au cul des basses fosses de la société?

L'épée change de main. Elle glisse et fend l'air en un chant silencieux. La voilà en posséssion d'un autre maître, pour elle peut-être plus agréable que l'actuel qui désire si ardemment l'abandonner.


Helvète. Répondit-t-il d'un ton assuré. Côté germain.

La langue précédement scellée se délie, mais réflexe est du côté militaire. Petite, mais redoutable. L'a servi à étriper de l'italien fat et imprudent. La lèvre légèrement se retrousse, le rictus se forme en coin, un petit sourire cruel se dessine à l'évocation silencieuse d'un probable souvenir.

Vous savez vous en servir ... pas commun pour une femme. A la vérité, cocasse était cette apparition, lui qui n'avait vécu que dans un monde d'hommes, soudards braillards, violents et sans avenir. Déjà vu, mais pas commun.

Faites attention avec ça. C'est pas un jouet. Rajouta-t-il. Qu'importe qui est vot'Dieu, duel engagé coupe de l'aide divine. C'est votre adversaire ou vous. Comprenez ? Katzbalger ... étripe-chat comme bagarre de chat: un seul survit, l'autre crève.

L'attention monta aussi soudainement que la tension avait baissée. Le visage militaire se détendit, animé soudain par ce qui semblait être un intérêt commun. Bougez pas, j'ai mieux dit-il en se saisissant de son baluchon qui, ainsi soulevé et rabaissé, croustilla du bruit de la ferraille contenue. La main plongée au plus profond du sac de toile en sortit un étrange objet. De la taille des gros poignards, celui-ci était pour autant d'aucune forme connue sur cette partie du continent sinon de celle d'une ample serpe, mais dont la lame au lieu de décrire une courbe se plantait en angle droit. La poignée quant à elle était d'un bois laqué et sculpté. Les adroites entailles décrivaient un visage incrusté dans le bois.

Couteau d'Afrique, de la tribu des Mangbetu.

Mais l'ombre de son père, encore une fois, le ramene à la terre. Voilà qu'il en sait plus sur son géniteur. Précieuses informations sur un homme qu'il ne connait absolument pas.

Il haussa des épaules et dit d'un ton indifférent.
Pour moi c'est clair. Votre mère et lui étaient amants, c'tout. D'ailleurs s'ils se connaissaient d'avant votre naissance, moi j'aurai des doutes. Il savait que cela serai fort peu probable vu l'effort qu'avait employé ledit parternel pour cacher au monde son bâtard, mais cette pensée scandaleuse entourant son père, lui faisant du tort en parole, ne pouvait que le réjouir. Il sourit de nouveau de son rictus cruel.

Bourse tendue, bourse récupérée. Les cinquante écus furent les bienvenus et allèrent se déverser en tintant, et la maigre tirelire de nouveau pleine, prit des rondeurs joviales.


Je vous suis. Dit-il enfin, tout en balançant un écu sur l'établi du forgeron, dérangé pour rien.
Perceval_aelis
Sa mise en garde est accueillie avec une nonchalance indifférente.

" Allons ! Ai-je l'air d'jouer ? "

La question n'en était pas une, et n'attendait aucune réponse, d'ailleurs son attention se laisse capter par un objet singulier que lui présente le soldat.
Une arme comme elle n'en a jamais vu de ses yeux, ni même touché, à peine effleurée peut-être au détour d'une lecture sous un gribouillage grossier d'un aventurier quelconque narrant son épopée dans la plus noire des Afriques.


" Intéressant... "

Le mot résonne platement sur sa langue, il en est même frauduleux tant il ne dépeint pas avec quel intérêt avide elle détaille la lame, la cambrure étrange du métal qu'elle suit presque amoureusement avec son doigt, telle la caresse d'une amante à l'homme convoité.
Jà en sa tête, elle se voit tenter de reproduire pareille arme, parce qu'elle est fascinée par la nature morbide qui se dégage d'un pareil objet.
Tant est que notre délicieuse bestiole en a occulté jusqu'à la présence inopportune du Borgia qui finalement se manifeste à elle.


Pour moi c'est clair. Votre mère et lui étaient amants, c'tout. D'ailleurs s'ils se connaissaient d'avant votre naissance, moi j'aurai des doutes.

Ah si l'Abeille était animal à s'amuser de ce genre de gaillardise, elle en aurait ri, mais ri à gorge déployée, à s'en taper les cuisses et s'en sécher les larmes.
Sauf que la Montjoye n'a aucun humour.
Zéro ! Niet ! Nada ! Que dalle !
Le mufle se relève subitement, l'acier se plante dans les billes sarcastiques, le front imprime un pli d'interrogation.


" Des doutes sur... ? "

La colombine enfant doit faire un effort, le temps que l'idée s'infiltre, se glisse jusqu'à sa compréhension, fasse un lien entre le début et l'insinuation graveleuse.
Loin de s'en offusquer, c'est avec un raisonnement froid qu'elle met en faux son allégation.


" J'ai les yeux d'mon père, et non ceux du vôtre. Allez vous chercher une soeur ailleurs. "

Délicatement, elle lui rend l'arme aux formes curieuses, rabattant sa cape sur ses épaules, elle se tourne vers le forgeron et l'alpague en oc tandis qu'elle récupère ses deux lames.

" Matèu ! Vendrai mai tarde ta la espasa.* "

L'homme se contente d'un mouvement de tête, puis continue son labour alors que Perceval avise le soldat.

" Si vous m'suivez, y a trois points à vous acquitter, énonce lentement, en premier, donnez-moi vot'nom, en deux, pas d'inconv'nance 'vec moi s'non j'vous fais rendre gorge et en trois, planquez moi c'foutou morion, vous voulez nous faire étriller l'boyaux par l'populaire ? L'parisien peut s'montrer chatouilleux 'vec l'étranger. "

Du museau, elle désigne l'endroit où l'aigle impérial se trouve poinçonné, si dans les rues chalandes, on n'y prête guère attention, dans les venelles étroites et hantées par les gagne-petits ça sera une autre histoire, le populeux s'enflammant plus rapidement qu'un brandon lors des fêtes de la Saint-Jean.

*Mathieu, je viendrai plus tard pour l'épée
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Huguenote.
Daedra_
Sa pique reste sans écho. Muette, imperméable, aussi dénuée de fantasie qu'une porte, la rousse ne paraissait pas faire grand cas de sa tentative d'humour. La blague, il est vrai, est plus chez lui davantage de l'ordre de la grasse histoire que les marins ou les soldats se racontent sous le pont d'une caraque ou un feu de camp que celui de la raffinerie que les nobliaux nomment "traits de l'esprit".

Je n'ai pas les yeux de mon père. S'empressa-t-il de dire. Et une soeur j'en ai déjà une. Jamais vu, trop proche des jupes du paternel. A son tour de n'avoir pas l'humour réceptif. L'histoire est trop mêlée de rancune, de haine et de frustration pour qu'il en vint à en rigoler.

La jeune fille lui rend son coutelat, qu'il range rapidement avant d'ajouter devant le visible intérêt qu'elle y porte.
Les esclaves en avaient sur eux, l'a fallu leur retirer pour pas qu'ils songent à commettre un acte stupide. 'Sont comme des enfants, faut faire attention à eux. Ainsi dévoilà-t-il un fragment de la véritable raison qui lui valu son exil au bout du monde.

Elle est pas gênée, celle-là. Pense-t-il alors à l'écoute des conditions générales d'utilisation. Il s'attendait presque à ce qu'elle lui demande de cocher une case "lu et approuvé". C'était elle la débitrice et voilà qu'elle imposait des restictions ... Il grogna, encore une fois.

Un. Comment s'appellait-t-il. La première question était déjà délicate. Commune pour la plupart, d'une facilité déconcertante pour l'immensité de la population, mais ardue pour lui-même. Lui fallait-il répondre par le sobriquet que lui a si généreusement donné son père et qui, tel un matricule de bagnard était gravé dans sa peau jusqu'à se substituer à son réel prénom ? la donzelle n'avait pas besoin de savoir plus. Et ce sobriquet, il le garde comme un défi lancé face à la tyrannie paternelle.

Daedra. Répondit-t-il simplement.

Deux. Pas d'inconvenance. Les yeux roulent à nouveau sur la forme féminine, les pupilles scrutent de bas en haut de manière peu discrète. Il ne s'attarde pas et hausse des épaules. Hmpf. Il n'y avait rien à craindre de ce côté. 'Devriez vous couvrir encore plus, on risque de deviner vos formes. Dit-il de manière ironique.

Et de trois. Le morion. Si ce n'était que ça ... il ôta donc le lourd casque de fer, dévoilant ainsi une chevelure brune qui tomba jusqu'aux épaules, retenue par un catogan. Tout en esquissant un roulement de la tête digne d'une célèbre annonce pour produits cosmétiques, il dévoilà une de ses oreilles. Celle-ci était percée et un petit os blanc poli à l'extrémité pointue la traversait de part en part.

Le casque porté sur le côté, il leva les yeux vers la rousse et grogna de nouveau.
C'est bon, là ? Je dois aussi retirer mes braies parce qu'impériales?
Perceval_aelis
" Daedra ? "

Le nom roule sur sa langue, comme un mot d'une provenance étrangère, au goût exotique, comme un ressac qui vient frôler une roche calcaire pour la première fois, entre douceur et âpreté, notre jeune Perceval essaie de se l'approprier, de le rendre coutumier dans sa diction qui oscille toujours entre l'Oc et la batoille helvète.

" Daedra... c'vot' vrai nom ? "

Un temps d'arrêt.

" J'n'aime guère les surnoms, ils dénaturent l'lien que l'homme a à Dieu. "

Rajoute sur un ton presque détaché, l'oeil fiché sur lui avec froideur.

" Un peu comme l'esclavage... "

Parce que cela est en totale contradiction avec les principes et l'éthique des enseignements de sa religion.
La jeune héritière ne peut s'empêcher de le jauger non sans une certaine curiosité.
L'homme est l'antagonisme de son père, son plus parfait négatif.
L'un tant brun de poil et de peau que l'autre est hâve et insipide, l'un versé dans le métier des armes, à faire rendre l'âme, l'autre dans la religion à sauver -en théorie- les mânes.
Semblant se rappeler ce qu'il vient de dire plus tôt, elle y répond, de sa manière, énonçant avec détachement un constat.


" Certes point les yeux d'vot père...

Elle poursuit sa prospection, et glisse ses pupilles incisives sur l'ourlet de ses lèvres et les arrête un instant à l'angle que forme la joue et le nez, l'endroit exact qui se creuse lorsque l'on étire un sourire, sous la pommette.

... mais bien d'aut' choses. Jà, juste dans vot' manière d'sourire bien qu'la vôt' soit plus canaille, 'ssi la forme d'vot' lippe est similaire ainsi que lorsqu'vous plissez l'front quand vous montrez d'l'intérêt...

Numéroté, pointé, étiqueté, classifié.
Elle aurait fait une adversaire de ramponneau redoutable si elle n’exécrait pas les jeux d'argent et de hasard qu'elle trouve marqué du sceau du démon.
Car même lorsqu'elle ne semble pas regarder, la Montjoye étudie, décortique, et délie l'invisible, en fait des déductions.


... entre autre... "

Crucifié, sans échappatoire.
Néanmoins, à l'instar du Borgia, elle n'a pas la pique cruelle consciemment, c'est juste ainsi qu'elle est.


" C'est bon là ! "

Qu'elle répète afin de signifier le départ en rabattant la capuche sombre sur le cuivré de sa chevelure.

" Suivez-moi. "

La démarche n'est pas féminine, pourtant loin d'être dénuée de grâce, elle est rapide, silencieuse et l'on peut voir dans la manière souple de se mouvoir que le corps est rompu à l'escrime.
A plusieurs reprises, Perceval doit revenir sur ses pas, ayant perdu le soldat, la faveur étant aux nuages chargés d'humidité rendant les venelles sombres comme à la nuit tombante, bien que la journée ne fut pas si avancée.
L'obscurité absorbe la haute silhouette dont parfois juste le museau pâle se détache en une tache plus claire.
Une porte, suivi d'un long couloir anonyme, d'une traversée dans un des passages escamotés, puis une autre ruelle et des escaliers pris à la volée.
Une main délicatement accroche le bras de l'étranger au détour d'un énième crochet et attire à elle l'égaré dans un murmure.


" Non par ici... "

Les doigts s'en délient aussi vite que possible, la promiscuité ne pouvant être tolérée par la jeune fille.
Le dédale s'achève devant une porte quelconque, une ancienne échoppe dont les fenêtres ont été condamnées, l'enseigne y est méconnaissable, elle se brinquebale pitoyablement prête à s'en détacher d'un moment à l'autre.

A l'intérieur, dans le capharnaüm de la pénombre qu'agitent les meubles à l'abandon, règne une odeur doucereuse aux relents âcres, celle des vieux cadavres en décrépitudes.


" Oh, c'que vous sentez... c'est hmm l'truc d'ma soeur, elle collectionne les bestioles crevées. Gaffez-vous d'pas marcher sur un bout d'Marthe. N'bougez pas, j'allume. "

Qu'elle lui dit en le faisant entrer, faudrait pas qu'il lui écrabouille un petit protégé décédé de Minouche, sinon elle allait encore lui faire la gueule.
Plus loin, là où elle s'est déplacée, un peu de bruit, celui du froissement des lames lorsqu'on les pose, et du frottement patient d'un briquet à amadou afin de faire paraître finalement la lumière falote d'une lampe.
La clarté médiocre peine à dessiner les contours de la pièces qui paraît accidenté par un bric-à-brac poussiéreux, elle se diffuse maigrement sur les pans de la silhouette juvénile.


" Nous s'rons mieux en haut. "

La lippe se pince, dessinant un trait horizontal sur son visage.
La rousse ne bouge pas, frappée par le fait qu'un étranger, un homme de suroit s'apprête à fouler l'intimité de sa demeure sans qu'elle ne sache réellement ses intentions.
Il est armé, habitué aux combats, et bien qu'elle sache manier le fer, Perceval n'est pas certaine d'avoir les ressources nécessaires pour prendre le dessus.


" Laissez vos armes usuelles en bas, et n'prenez qu'vot sac. "

Dehors, gronde le tonnerre, l'orage s'approche et avec, enfle le regret de l'avoir invité.
Tel le renard dans le poulailler.

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Huguenote.
Daedra_
Son nom, au contraire de son trait d'esprit, semble davantage faire de cas chez elle. Et la façon dont elle l'interroge ne fait que remuer le couteau dans la plaie. Il avait détesté ce nom, il l'avait honni et maudit, mais il lui restait indéféctiblement lié comme si un jumeau diabolique s'était planté dans son âme. La frustration monte, les joues prennent une couleur de cuivre, les lèvres se pincent. Voilà qu'elle évoquait la religion pour s'y cacher, chose qu'il avait toujours détesté.

Je me fous de votre Dieu. Les mots claquèrent d'un coup sec. Je n'ai pas de nom. Celui-ci m'a été donné contre ma volonté ... et s'il n'était pas aussi négligent, il ne laisserai pas les nantis s'abreuvoir du sang de la terre tandis que les miséreux répandent le leur dans les sillons.

Il scruta la jeune femme. Visiblement elle ne semblait pas connaître la dureté du monde réel. La vie n'était pas dans les idéaux et dans les bouquins, la vie était de sang et de larmes, et lui n'en avait que trop goûté, et l'amer écho de sa propre histoire lui surgit devant les yeux. Le soleil écrase, le fouet s'élève et claque, dans un bruissement de chaînes des troupeaux d'hommes et de femmes sortent du ventre béant d'un lourd navire. Le sang gicle, les cris sélèvent. Parmi eux, un enfant, les cheveux en batailles, la peau sale et les vêtements en haillons. Des chaînes sont attachées à ses poignets. Il est perdu, il est en larmes, il cherche un appui qui ne viendra pas. Alors, silencieusement, chagrin devient rage, les larmes se ravalent. il maudit son père.

J'y ai donné. Réponds-t-il alors en revenant à la réalité. Son enfance est loin d'avoir été une partie de plaisir et bien peu sont les fils de la noblesse à avoir porté les fers et supporté le fouet. C'était pour lui, qui avait connu l'esclavage dans ses plus innocentes années,d'un naturel déconcertant que de traiter à son tour. Toutefois il n'avait pas prit plaisir à exploiter l'homme noir.Il ne voyait de cet affreux spectacle que le profit qu'il pouvait en tirer. Et sans père ni mère pour lui montrer le sens du monde, il avait dû suivre l'enseignement des colons et maîtres sur les îles, pour qui l'africain n'égalait pas même la pire des raclures humaines.

Après un parcours incertain dans le dédale des ruelles de la basse-ville parisienne, il fut introduit dans une baraque à l'aspect abandonné. L'odeur saisissait les sens à peine entré. Mais elle n'était pas grand-chose par rapport à celle dans laquelle il avait évolué. L'estomac, habitué, est solide et ne se renverse pas. Au contraire, il regarde, scrute et furète, attrapant une quelconque bestiole crevée au passage.

Etrange collectionnite. Pourquoi garder des carcasses d'animaux? C'est une artiste, votre soeur? J'aime pas, c'est glauque. 'me rappelle du vieux Alfredo, marin portugais. Il collectionnait les doigts des esclaves trop vieux pour en faire des trucs d'art. Il revendait le reste aux cannibales des côtes. Je lui avait dit qu'il était taré. Mais son frère était pire, il collectionnait les yeux qu'il foutait dans du vinaigre ... l'avait eu ça d'un vieux chaman. 'Parait que ça fortifie les performances nocturnes ou un truc du genre.

Il attrapa un écureil mort et l'observa, jouant un peu avec ses pattes. Vous savez, tous ces trucs païens que vot'religion n'aime pas, l'énergie du vent, tout ça. Jamais cru à ces conneries d'esclaves et de vieux marins ivrognes.

A son invitation, il se débarassa de ses armes non sans grogner une énième fois. Sur une table poussiéreuse non loin,il laissa son morion, posa son épée ainsi que son poignard. Il se saisi de son sac qu'il passa par-dessus son épaule.

Vous pensez que je vais vous aggresser? J'aurai eu tout le loisir dans la forge ou dans la rue. L'ai pas fait. Je suis pas un violeur non plus. Pouvez avoir confiance.
Perceval_aelis
Ah ! Daedra.
Nom barbare, blasphématoire.
L'oeil d'acier l'étreint un instant, lui, tout entier, dans cette pénombre intimiste.
Si proche et si loin à la fois, si semblable et dissemblable.


" M'violer ? Saugrenue idée... "

En vérité, elle n'y a pas songé, cela ne l'avait pas effleurée, la crainte première étant plutôt tournée vers un délit plus pécunier, voire meurtrier.
On égorge la gamine, on met à sac la demeure afin de mettre la main sur quelques objets de valeurs et les écus promis, probablement cachés en une cassette remplie de quelques autres comparses d'or ou d'argent.


" C'juste d'la prudence. J'n'ai pas fiance en l'homme qui blasphème en ma maison. "

Le premier étage est rejoint par un petit escalier, sombre et étroit, elle y a pris les devants, creusé la distance entre elle et l'étranger, le couloir étriqué est suivi pour aller dans la pièce principale où une large table annonce jà la fonction du lieu.
Une cuisine qui n'a guère goûté ces dernières années à son utilité première, il y a bien quelques victuailles ci et là comme pour en attester son office, témoignage incertain mais à bien y regarder, il semblerait que l'action même de cuisiner n'a pas été perpétré depuis des lustres, nulle odeur de ragout, nul fumet de mijotage, ni même l'insigne parfum d'un rôtissage lointain, ne règne que l'effluve curieux de diverses plantes.
La lumière y est plus présente, mais un brin terni par le temps alourdi de l'orage, qui grogne plus proche maintenant, striant parfois le ciel d'une zébrure électrique.

Silencieuse notre demoiselle le laisse s'installer sur un des bancs qui jouxtent la table, se défaisant de ses gants et de sa longue cape de voyage qu'elle plie avec un soin particulier et repose sur une chaise, puis défait quelques boutons de son pourpoint noir pour s’acquitter un peu de la chaleur.
C'est lorsque la pluie entame sa clameur régulière contre les toits et les pavés, entraînant dans son sillon des cris désabusés des quidams surpris par l'onde mouillée que Perceval descelle les lèvres.


" Qu'est-c'qui vous est arrivé pour en v'nir à détester Dieu d'la sorte ? "

La question lui brûle les lèvres depuis un sacré moment, enfin elle s'en délivre.
Prunelles à nouveau sur lui, intriguées.

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Huguenote.
Daedra_
Blasphémer ? Un sourire de glace s'étend sur le visage tanné. Dame misère avait trop tôt apprit à l'enfant qu'il a été que Dieu, sinon son idée, n'existait pas ou alors plus. Et les hommes comme son père qui s'en constituaient les pontifes, avait remplacé le divin sur le trône de l'humanité.

Un furtif regard se lance vers les prunelles de la rouqine tandis que la voix se fait amer .

Dame, je suis bâtard de cardinal. Mon existence toute entière est un blasphème à la face de l'Eternel. A peine sorti du ventre de ma mère, mon père lui-même me jeta hors du monde afin de me dissimuler au regard de votre prétendu Dieu ... J'ai été enlevé, entassé dans un navire avec des centaines d'autres rebus de la société. - Le ton monte, la voix se fait plus intense - j'ai été enchaîné, parqué et marqué au fer rouge tel du bétail ! ... J'ai été emmené contre mon gré loin, à l'autre bout du monde au milieu de personnes que je ne connais pas, au milieu de personnes que je ne comprends pas, qui ne m'aide pas, qui n'en ont rien à foutre d'un gamin qui n'a que ses larmes pour confidentes ! Tout ça pour avoir eu l'affront de naître dans ce foutu monde !

Il venait de se lever. Sans s'en rendre compte, l'évocation de son passé, l'avais mis dans un état de colère noire. Ses mucles tremblaient sous la pression sanguine. Au prix d'un immense effort, il se calma, puis se rassis. Un geste de la main vint signifier à le jeune femme qu'il était désolé de s'être à nouveau emporté.

Pourquoi donc, devrai-je honorer un Dieu absent? Ne lui laissant pas le temps de répondre, il enchaîna. L'avez-vous jamais entendu ? Ne trouvez-vous point ça étrange que, pour un Dieu aimant il soit si loin de ses enfants? J'ai eu le loisir de lire le Livre des vertus, vous savez ... n'est-il pas surprenant que pour un Dieu vivant, votre Très-Haut qui a multiplié les apparitions et autres déclamations à son peuple au cour des anciens âges, se trouve à présent frappé de mutisme quand on le supplie et qu'on l'invoque?

Il soupira. Votre Dieu est mort, Dame. Si toutefois il a existé. Ne prenez donc pas ombrage d'un simple blasphème qui ne peut venir à ses oreilles closes.


Il s'arrêta un instant, puis repris. Mais le divin existe... Oui, je l'ai vu. J'ai découvert Là-bas d'autres voix, d'autres chemins. Et ceux qui les empruntent ne se perdent jamais car ils sont en étroite relation avec le monde d'à côté. Et les âmes du Lointain nous écoutent et murmurent à l'oreille du vent. Et parfois viennent à nous.

Sur ce, il sortit de sa poche un objet à la silhouette ovale. C'était une pièce de bois, et les gravures sur sa suface convergeaient pour former un visage à l'allure maléfique et au sourire cruel. C'est le masque de Legba, messager des âmes par-delà la porte. Les indigènes croient que cette amulette permet de relier les deux mondes.
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