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[RP] Tel est mon destin

Isaure.beaumont
Le RP se déroule le 1er juillet RP mais prendra quelques semaines HRP pour cause de période estivale: bonnes vacances ! Bon jeu !


[Premier jour de juillet, la date de sa vie]


Aussi fervente – surtout lorsque cela l’arrangeait – aristotélicienne était-elle, Isaure n’en était pas moins pétrie de croyances, souvent païennes quand elles ne germaient pas dans son esprit fertile. Ces dernières années, elle prit conscience qu’il était une date qui revenait inlassablement dans sa vie : le premier jour de juillet. Et il était toujours l’affaire d’un homme.

Ainsi, elle était devenue épouse et femme ce jour-là, immédiatement propulsée sans le savoir future mère. Quelques années plus tard, sa route avait croisé celle d’Odren, cet homme qui avait réveillé chez elle ce volcan éteint depuis des millénaires, avait ébranlé ce cœur ensommeillé. Et puis Dédain avait fait son entrée, l’honorant d’une couronne seigneuriale, quand les deux précédents l’avaient honorée bien différemment.

Le premier juillet rimait avec union : l’union de deux époux, l’union de deux coeurs amants, l’union d’un suzerain et de sa vassale. Mais aujourd’hui était un autre jour : elle se verrait unie à Dieu. A tout jamais. Sans retour possible. Il n’était pas question d’homme mais du Créateur.

Revenue la veille, Isaure s’était précipitée au couvent de Saint Front dans l’espoir de pouvoir rencontrer Dana. Mais les portes étaient restées résolument closes et la chance de la fois dernière ne s’était pas représentée. Elle avait donc regagné l’église où elle s’était changée et où, malgré la fatigue et la faiblesse de son corps, elle avait passé la nuit en prières, à la seule lueur d’une bougie.

L’aurore l’avait vue regagner ses appartements périgourdins où elle goûta une petite heure de repos avant de se contraindre à quelques ablutions pour enfin revêtir une aube immaculée. Isaure sortait à peine d'une longue maladie qui l'avait presque conduite six pieds sous terre et portait encore les stigmates de ses longs jours de fièvre et de diète. Son visage n'avait pas encore recouvré ses rondeurs et son teint charmant. L'habit qu'elle avait enfilé ne la mettait pas en valeur, pas plus que les kilos manquant à l'appel. Il lui faudrait encore quelques semaines de repos et de gavage pour retrouver sa silhouette d'avant.

Elle prit de nouveau la direction de l’Eglise. Son inquiétude croissante lui avait fait perdre toute notion du temps, aussi arriva-t-elle avec plus d’une heure d’avance sur les lieux. Elle pénétra dans l’édifice saint, s’assura que chaque chose était à sa place, que tout était en ordre. Elle ressortie, s’impatientant déjà. Elle fit les cents pas sur le parvis et abandonna bientôt la place pour aller se promener dans le cimetière qui entourait la maison de Dieu. Elle s’arrêtait devant les tombes les plus vieilles, tuant le temps en essayant de déchiffrer les inscriptions sur les pierres tombales penchées. Elle essayait d’imaginer la vie de ces gens d’un autre temps, s’interrogeant sur leur destinée, leurs choix, leurs doutes et leurs peines. Avaient-ils vécu heureux ? Les mains effleuraient la pierre moussue, comme si elle pouvait entrer en contact avec eux. L’exercice était concluant car bientôt, Isaure se laissa aspirer par son occupation, sans plus penser pour quelques longues minutes au moins au tournant que prendrait bientôt sa vie.
Bientôt Nicolas serait là. Bientôt, la cérémonie débuterait.



Spoiler:
Toute ressemblance entre le titre et celui d'une chanson d'une diva québécoise est purement fortuite.

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Octave.
[28 juin]

Elle ne viendra pas. Elle garde en tête son idée, elle retourne à Périgueux. Pas une seconde elle n'a pensé à lui confier Caia. Pas une seconde elle n'a envisagé de venir le voir. Non, elle est passée, si près, et repartie, déjà. Il enrage. Il grogne. Il soupire. Il sourit. Elle a hâte de le revoir. Mieux, elle n'est pas fâchée. Une première.

Deux jours. Il lui reste deux jours.


[Sur la route]

A peine a-t-il laissé derrière lui son Comté, son trône et sa couronne, que le Beaupierre se sent pousser des ailes. Trop rares sont les moments où il peut quitter ses terres, en rejoindre d'autres. Les occasions sont aussi futiles que divertissantes. Mariage, joutes... ordination. Ce dernier n'a rien de futile, ni rien d'amusant.

Dans sa tête, résonnent encore les paroles d'Alphonse, ses conseils, ses idées. Résonnent encore aussi ses échanges avec Arseline, sa vie en Armagnac, sa guerre, ses alliances, ses décisions, ses votes, ses devoirs...

Le fessier encore endolori par ses premières et dernières joutes, il parcourt avec peine mais sans relâche les lieues qui le séparent d'Isaure. Isaure... sujet de nombre de ses conversations, particulièrement ces dernières semaines. Isaure, dont il avait cru ne plus jamais revoir les traits, dont il avait parfois espéré ne plus jamais revoir les traits, dont il crevait de ne pas revoir les traits, là, maintenant.

Bien sur, qu'il galopait vers Isaure. La peur lui nouait les tripes, lui serrait la gorge, et le fier Comte n'avait plus en cet instant le charisme du stratège de l'Alliance contre la Memento, ni même l'aura du blagueur du conseil armagnacais, l'allégresse du showman des tavernes. Ne restaient qu'une mine inquiète, une mèche ternie par l'incertitude, et une grimace à chaque fois qu'un de ses mouvements entrainait le frottement de ses vêtements sur les multiples coupures, légères mais pénibles, qu'il avait ramenées de Guyenne.


[Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet]


Il n'avait pas dormi. A chaque heure sa décision. Minuit, il fait demi tour. L'air de rien. Il fera le mort. De toute façon, elle n'osera jamais venir en A&C pour l'engueuler. Si ça se trouve, elle ne saura même pas qu'il est encore en vie.

Une heure : il prend un bain. Il étudie les vêtements qu'il a embarqués dans sa course folle, tente de les défroisser. Il se coiffe. Il veut être aussi présentable qu'il pense l'être dans ses souvenirs.

Deux heures : il se décoiffe, remballe tout. De toute façon, elle ne l'aime pas, elle l'exècre, elle a menti, elle s'en fout de le revoir, elle ne veut juste pas être seule. De toute façon, qu'est-ce qu'il y connait aux femmes Rick Hunter Alphonse ? réponse, rien. RIEN. Il a eu tort de mettre de telles idées dans la caboche du Beaupierre. Si elle l'aimait, ça se saurait !

Trois heures : de nouveaux plis sont apparus sur les vêtements de nouveau étendus. La mèche finit par ne plus savoir comment se foutre, et de toute façon, au vu des cernes qui se creusent sous le regard du commingeois, ça ne se remarquera même pas. Mais on s'en fout qu'elle l'aime ! Lui, il l'aime ? Il l'aime, il l'adore... Plus que tout, il l'aime, c'est beau comme il l'aime*. Alors il faut le lui dire. Il ne peut pas rester avec ça sur la conscience.

Quatre heures : N'importe quoi ! Il peut très bien rester comme ça ! Y'en a plein qui n'avouent jamais rien ! Si elle l'envoie chier, il ne pourra même plus faire semblant d'être son ami ! La Vérité sera là, toujours là, entre eux, un peu comme la distance entre Périgord et Comminges. Baste, suffit de tout ça. En plus, est-ce vraiment sur qu'il l'aime ? Elle l'agace, quand même. Un peu, beaucoup, passionnément...!

Cinq heures : Mais l'agacerait-elle autant s'il ne l'aimait pas ? Hein ? On vous le demande ! Cette ordination, ne serait-ce pas justement parce qu'elle empêcherait Isaure de se marier, que ça fout le Beaupierre dans une colère noire ? SUFFIT.

Cinq heures quinze : Il est dehors, il est beau, froissé, mais élégant. Dans cette tenue qu'elle lui connait, la copie de celle qu'il a portée au couronnement, un peu améliorée, un peu délestée des tissus d'hiver, pour de plus légers, assortis à la saison, un peu reprise maintenant qu'il a pris un peu de poids, un peu de muscle, quelques mois de sédentarité en somme. Alors... Saint Font ? Une cathédrale...


Premier jour de juillet, Saint Font

Il est tôt, bien trop tôt. Dans la cathédrale, il arpente. Il s'assied. Il prie. Pour Elle, pour lui, pour Dana aussi, qu'il sait non loin. Qu'il ne peut aller voir. Il s'assoupit. Se réveille en sursaut, cherche et trouve un coin plus discret pour s'assoupir de nouveau, coincé dans un confessionnal. Et puis... et puis il l'entend avant de la voir. Il n'ose sortir. Il reste là, épiant à travers la découpe de la porte, écoutant à travers un rideau, se faisant invisible.

Il est encore temps de fuir...

Lorsque les pas menus de la brune s'éloignent, il envisage de prendre la poudre d'escampette. Remontant l'allée, il vérifie le parvis. Elle n'y est plus. Il longe le mur, il ne sait plus ce qu'il fait là, il reviendra à dix heures, l'air de rien. En faisant le tour, afin de l'éviter, il tombe dessus. Comme ça, sans crier gare, elle est là, devant lui. Un ersatz d'elle en tout cas. Il ne se rappelait pas qu'elle était si mince, si frêle... Il tend la main, sans s'en rendre compte.


Isaure... que vous a-t-on fait ?

Quelques pas, et il est devant elle. Baissant les yeux, la tête, plus aucune interrogation désormais, plus rien d'autre que cet air qu'il connait si bien sur le minois de la dame de Saint Peyrus. C'est déjà ainsi qu'il l'avait vue, la toute première fois. Inquiète.

Isaure, je suis là.

Comme il l'avait été, la première fois. Comme il ne l'avait pas été, la dernière fois. Et il l'embrasse, au bord d'une tombe, scellant leur amitié d'un baiser. Il n'en sera plus question, désormais. Tout ou rien. Tapis. Tu suis ?


* Michel Berger - La Groupie du pianiste
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Isaure.beaumont
Cette voix. Elle l’aurait reconnue entre toutes. Fallait-il qu’elle l’ait invoqué si fort pour que son imagination le dessine aussi nettement devant elle en pareil jour ? Elle n'avait douté à aucun moment de sa venue, mais elle ne s'était pas attendue à le voir apparaître si tôt. Éblouie par le soleil en pleine ascension, elle plaça une main en visière au-dessus de ses yeux plissés et le regarda s’avancer vers elle. Il était beau dans la lumière de juillet. Bien plus que dans ses souvenirs. Et son cœur s’emballa, semblant répéter en boucle le nom de celui qui venait d’apparaître.

Oc-tave Oc-tave Oc-tave Oc-tave Oc-tave Oc-tave Oc-tave

En quelques enjambées, il l’avait rejointe et déjà l’embrassait, avant même qu’elle ait pu prononcer un mot, esquisser un geste ou même compris ce qui se passait.

Grand dieu ! Grand dieu ! Grand DIEU ! Mais que fait-il ! Il allait embrasser mon front et a dérapé, n’est-ce pas ? Oui, c'est cela, il a dérapé, c’est là la seule explication plausible! Un tout petit dérapage. Tout petit ! De rien du tout. Du front aux lèvres. Comme cela arrive souvent, n’est-ce pas ?

Sous la surprise, elle avait écarquillé les yeux et au lieu de les fermer pour profiter de la douceur de l’instant, elle les laissa s’agiter dans leurs orbites, au rythme de son cœur. Raide, elle tâtonna à l’aveugle à la recherche de la croix de pierre qui devait être juste à côté. Elle voulait la toucher pour s’assurer de la réalité de l’instant. Elle voulait sentir sous ses doigts la rugosité de la matière, dur contraste avec la douceur du baiser offert par erreur. Et quand enfin les lèvres se séparèrent, elle se recula d’un pas, pantoise, le souffle court et le teint ravivé par le sang qui avait coloré ses pommettes. Elle bredouilla quelques mots, comme si elle cherchait à s’excuser.

La Beaumont semblait perdue, bousculée dans sa tête et son cœur. Tout s’emmêlait, tout perdait son sens. Elle le fixa de longues secondes, l’esprit embrouillé, les sens troublés. Et sans réfléchir plus avant, folie pour folie, elle combla le court vide entre eux. Maladroite, elle lui écrasa le pied, le blessé bien entendu. Elle grimaça une moue d’excuse avant de réduire un peu plus l’espace entre leurs deux visages, venant heurter au passage le nez d’Octave du sien. Dieu qu’elle se sentait bête en cet instant.

- Pardon ! Souffla-t-elle avant de venir goûter ses lèvres dans un baiser plus curieux, plus fiévreux, vibrant d’une tendresse et d’un désir mal contenus, sans pour autant oser le toucher. Les yeux clos, l’évidence lui apparut d’autant plus claire. Elle la frappa, la sonna. Elle ricocha et résonna dans tout son être. Vérité troublante. Certitude terrifiante. Elle l’aimait. Mal, mais elle l'aimait. Il lui avait plu au premier regard. Elle l’avait estimé aux premiers jours. Elle l’avait aimé au premier mois.

La soudaine révélation reconnecta son cerveau et elle brisa brutalement le baiser, se reculant totalement. Un pli soucieux barrait son front et l’agitation s’empara d’elle. Elle esquissa quelques gestes, chercha ses mots, butant sur certains.


- Je vous…. Je vous aime ! Je dois… Je suis totalement perdue. Il faut… Rien n'a de sens ! Vous.. Nous… C’est absurde! Il est l’heure que j’aille relire le déroulement de la cérémonie… je... Dieu m'attend... Je ne fuis pas ! N’oubliez pas le baptême de Caïa cet après-midi ! D'accord. Je fuis totalement.

Elle le contourna, le bouscula. Elle se prit les pieds dans une racine, se rattrapa de justesse à une tombe, s’égratignant la main. Elle se retourna pour s’assurer qu’il n’avait pas vu. S’empourpra quand elle comprit qu’il n’avait rien raté de la scène. Puis se cogna le genou gauche dans la croix suivante tandis qu’elle regardait en arrière. Elle lâcha quelques jurons et reprit la direction de l’édifice religieux avec la ferme intention d’aller se réfugier dans la sacristie où elle comptait se remettre de ses émotions et calmer le rythme effréné de son cœur. Dieu l’éprouvait. Dieu la testait. C’était la seule explication logique.

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Octave.
MondieuMondieuMondieu ! Qu'a-t-il fait ? Comment s'est-il retrouvé là ? Elle va le gifler. Le renvoyer. Il va la perd... Tiens. Rien à voir ce baiser, avec celui reçu d'Alvira.. Etait-ce donc si doux, un baiser ? Si chaud ? Et ce bruit ! Mais quel vacarme !

Ah non... au temps pour lui, c'est le sang qui lui vrille les tempes, envoyé bien trop rapidement par un coeur complètement emballé. Elle s'éloigne. Il garde ses yeux fermés, il ne veut pas voir arriver la baffe. Il refuse de voir sur ses traits la déception, la colère, le dégout !

Ouch. Il dessille. Elle est bien plus proche qu'il ne le pensait. Elle est aussi bien plus maladroite qu'il ne le pensait. Elle en est touchante, Isaure, à bégayer ses gestes, à cogner et à escalader. Elle est minuscule aussi, et il l'aide. Parce qu'elle y revient. Elle ne lui en veut pas. Elle ne le rejette pas ! Peut être... peut être l'aime-t-elle, finalement ?


Mais...

Elle bafouille. Elle regrette. Elle s'enfuit. Elle s'ENFUIT ? Dans tes rêves, Isaure, dans tes rêves. Crois-tu qu'il aura fait tout ce chemin - mental, sentimental, et kilométrique - pour que tu lui rendes son baiser avant de courir te réfugier dans ton église ? C'est non.

ISAURE !

La voix de stentor du Beaupierre, celle qu'il réserve habituellement à ses conseillers au Castel d'Auch, celle qui fait accourir Prévot ou Capitaine dans la minute, résonne dans le cimetière, se cogne aux tombes, s'atténue au fil des mousses, zigzague jusqu'à la brune.

En quelques enjambées, il l'a rejointe. Une Beaumont en fuite contre un Beaupierre dopé aux hormones ? Aucune chance. L'oeil brillant, les lèvres encore au gout d'Isaure, la mine échauffée et l'oreille bourdonnante, il tend son bras, et doucement, lui attrape le poignet, la forçant à s'arrêter, la retenant au dehors de cette cathédrale. Il se rappelle qu'elle était là, à son propre baptême, il se rappelle combien il était heureux de rejoindre alors la famille aristotélicienne. Il ne peut empêcher, là tout de suite, d'en vouloir à cette même famille aristotélicienne d'essayer de lui voler la jeune brune qui, il le sait, est celle qu'il lui faut. Il est hors de question de la laisser entrer.


Vous avez besoin de soleil, Isaure, restez là.

L'ombre ne te va pas, elle t'éteint, elle t'étreint, alors que c'est à lui de s'occuper de ça. Ne vois-tu pas comme tu fais exactement la bonne taille pour te nicher dans ses bras ?

    C'est un peu une déclaration que je vous fais car il est temps je crois,
    Quand certains rêvent de nations de soule ou de vrais combats
    Moi c'est vers vous que je tend les bras
    Quand ça ne va pas
    Ma cervelle et mes sentiments
    Je vous les donne
    Ils sont pour vous
    Le reste on en reparlera
    Pour vivre avec vous
    Vous êtes mon chez moi
    Mon premier et mon second choix
    Mon rêve absolu qui ne tarit pas
    Je vous dois mes premiers frissons
    Et mes premiers coups sur les doigts
    Mais pour un mot une chanson
    J'aurais donné n'importe quoi
    Malgré tous mes démons
    Les menottes que j'ai aux bras
    Si je vous quitte pour de bon
    Le lendemain je cours vers vous
    Le reste on en reparlera
    Le reste on en reparlera...


Maintenant qu'elle lui fait face, avec ses cernes, avec son angoisse, avec ses failles, ses peurs, ses certitudes... Maintenant qu'elle est là, il n'y a plus de doute possible. Comment a-t-il pu si longtemps s'aveugler ? Et elle... Isaure, comment peux-tu douter encore ?

Partons. Nous reviendrons pour quatorze heures. Nicolas ne sera pas venu pour rien. Oh Isaure, s'il n'y avait cette histoire de ban, je vous dirais qu'au lieu d'une ordination, c'est un mariage que nous pourrions célébrer !

Rien d'excessif. Isaure est celle qui l'aura fait vibrer depuis le premier jour. De colère, d'impatience, de frustration, d'incompréhension, de dépit, d'amitié, d'amour. Octave, considéré par beaucoup comme un homme un peu vif, prompt à l'emportement, à l'emphase, ne l'est jamais tant que lorsqu'elle est là. Que ceux qui le prennent pour un original attendent de les voir ensemble, ils verront quel homme elle fait de lui.

Isaure, vous ne serez pas prêtre. Vous serez ma femme. Vous serez bien plus heureuse à la lumière du jour qu'à l'ombre d'une église... Vous ... M'avez rendu mon baiser. Cela veut forcément dire quelque chose, même à vos yeux ! ...Venez... Ne me laissez pas seul, pas maintenant. Je remercie Dieu de vous avoir fait débouler sur mon chemin. Je remercie Dieu de m'avoir ouvert les yeux. Je vous remercie Dieu pour l'amour que je vous porte. Mais je doute que le prix de tout ça soit de vous abandonner à Lui... Il serait bien trop élevé...

La porte de la cathédrale, derrière eux, ressemble soudain à un monstre. Prêt à avaler sans vergogne les prémices d'une histoire qui mérite mieux que deux baisers dans un cimetière mal entretenu. Le soleil t'attend Isaure Beaumont... Comment lui préférer l'ombre ? Et si tu tiens tellement à l'ombre, regarde celle que le Comte projette sur ton air perdu alors qu'il vient récupérer son dû. Ce baiser que tu viens de lui voler. Jamais deux sans trois, parait il.
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L_aconit
Immobile sur la chaire la plus haute de Saint Front, Faust Nicolas regarde, sans esquisser le moindre geste, la moindre protestation, l'échange Isaure- Octave. Aurait-il bougé, fait craquer de son poids le bois de l'édifice magistral où il se perchait pour donner les sermons à ses fidèles, que tout aurait été suspendu. Brisé. Interrompu. Il n'avait rien raté de la course d'Isaure, de la main sur le poignet fin, sur les prétentions d'Octave à prendre Isaure plutôt que de la lui laisser. Les bleus restent sensiblement fixes, arrimés au duo et à ses tempêtes, ancres spectatrices, tenue en respect des fracas de la surface. Peut-être qu'à ce moment là, le jeune évêque a une pensée pour Archibald.

    Tu en as mis du temps, Octave Beaupierre...


Viens demain, à l'ordination d'Isaure. Lui avait-il dit. Surpris, peut-être déçu, Alphonse avait tiqué.
Octave ne l'a pas réclamée pour femme, alors, c'est à Dieu qu'elle revient. Chacun a eu la liberté de ses choix.


- Dix heures -

* Dong Dong Dong *


Un petit enfant de choeur, aidé de trois de ses frères , sonne les cloches de Saint Front. L'église ouvre ses portes. Nicolas a revêtu une tenue de cérémonie d'un blanc éclatant, souligné d'une étole verte. La couleur de l'espoir. Les portes de l'église , immense église qui lui prévaudra plus tard l'honneur d'être élevée en cathédrale, s'ouvrent sur un temps radieux où une légère brise tient en respect la chaleur lourde de juillet.
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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, Exorciste de Rome
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Isaure.beaumont
[Avant 10 heures]


A quelques pas du porche, alors qu’elle avait ralenti l’allure se pensant presque hors d’atteinte, il l’avait rattrapée et retenue. Elle essaya de se dégager de l’entrave octavienne, les yeux rivés sur les siens. Elle allait protester et le sommer de la lâcher quand il prit la parole, l’invitant fermement à rester sur place. Evaluant une dernière fois la distance entre eux et la porte, à peine quelques pas, elle reporta son regard sur le Beaupierre. Raide comme un piquet, elle l’observait, attendant qu’il brise le silence qui les enveloppait. Pourtant, aussi muet fut-il, il lui sembla que les yeux du comte lui délivraient un message, que tout son être lui chantait une déclaration.

Sombre idiote. Ce que tu peux être stupide, ma pauvre fille! Ne cesseras-tu jamais de te bercer d’illusions ? Ce que tu vois là, ce n’est que l’orgueil d’un homme qui vient de réussir à embrasser la future religieuse que tu es, rien d’autre ! N’est-ce pas l’éclat de la victoire qui illumine son œil ? Qui le rend plus beau encore ? Plus désirable toujours ? Je te hais Beaupierre ! Je te hais, je te hais parce que j’ai goûté à tes lèvres, j’ai espéré une seconde de trop. Tu me condamnes à vivre avec ce souvenir. Tu me contrains à chérir en vain cet instant où mon cœur a bondi pour la dernière fois. Plus haut que jamais.

Il lui parlait et elle fixait ses lèvres, captant les mots sans d’abord les comprendre. Mais une fois la brume de sa compréhension franchie, ils enflèrent dans son esprit avant d’éclater et de l’étourdir. Ma…quoi ?! Elle arracha son regard d’Octave pour le porter sur la main emprisonnée. L’annulaire était vierge d’alliance depuis bien longtemps déjà, mais Judas avait gravé leur union dans sa chair, là, dissimulé sous les doigts du Beaupierre qui enserraient délicatement le poignet ourlé du châtiment d’un époux qui n’avait rien de miséricordieux.

Octave avait-il le pouvoir de guérir les blessures d’un hymen cruel ? N’était-il pas magicien en cet instant pour faire disparaître la marque disgracieuse ? Elle releva le nez vers lui, les yeux brillants et le cœur valsant au gré d’une tempête de sentiments emmêlés. Il chavirait, il s’enivrait. Elle bouillonnait de bonheur et frémissait de colère. Les émotions la submergeaient, la bousculaient, la frappant aléatoirement. Elle avait envie de rire, de pleurer. De le frapper puis de l’embrasser. De le chérir pour mieux le haÏr. De lui résister pour enfin lui céder.

Et le baiser acheva de la plonger dans le chaos des émotions. Elle s’ébranla.


- Foutremouille, Octave de Beaupierre ! Je vous interdis de m’ordonner ! Vous entendez ?! Je vous l’interdis !

C’est la colère d’abord, qui s’invita entre eux. Premier temps, première mesure. Ne paraissait-elle pas plus assurée ainsi ? La main libre s’arrima à son col dont elle froissa le tissu entre ses doigts crispés.

- Et que ferai-je quand vous aurez cessé de m’aimer ! Quand je serai devenue pour vous un fardeau ! Quand vous m’aurez chassée de votre cœur et remplacée dans votre couche ! Le cœur n’épouse pas, Octave ! C’est la raison qui le fait !


Elle le secouait faiblement, et son assurance s’était brisée en allant, la colère avait laissé la place aux craintes isauriennes. La voix ne tremblait-elle pas sous l’émotion ?

- Faut-il que vous ayez perdu la vôtre ?!
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Octave.
Je crois que vous ne comprenez pas, Isaure. C'est moi qui vous interdis de vous ordonner !

Elle était facile celle-là, et elle fuse. Sans attendre qu'elle ait fini. Cependant, il sourit, le Beaupierre. Il sourit niaisement. Plus la voix d'Isaure s'élève et plus le sourire s'élargit. Mais ce qu'elle lui a manqué, cette voix qui grimpe dans les aigus quand elle s'énerve ! Cette voix qui l'insulte constamment, qui passe toujours à côté de l'intention, qui imagine toujours le pire.

Si l'instant n'était pas si important et si grave, il lèverait les yeux au ciel, comme souvent lors de leurs disputes. Mais non, son regard ne quitte pas celui d'Isaure. Il le suit dans sa promenade sur le poignet qu'il tient toujours, il remonte quand elle lui fait de nouveau face. Le Beaupierre, à vrai dire, ne s'attendait à rien. Il avait tant douté de sa réaction, qu'il n'avait rien anticipé.

Cependant, maintenant qu'il est face à elle, maintenant qu'il sait le gout des lèvres d'Isaure et la chaleur de ses baisers, qu'il a senti contre lui l'empressement d'un corps qui jusque là lui était inconnu, maintenant, il est d'autant plus déterminé que lorsqu'il s'était trouvé sur ce parvis quelques heures plus tot.


Vous recommencez ! Vous présumez !

Isaure, tu as commis une erreur. Si tu ne voulais pas de lui, alors il fallait le frapper, pas l'embrasser. Maintenant, Isaure, il sait. Il le sait comme toi. Et tu n'as plus aucune chance de l'éconduire.

Isaure Beaumont Wagner... Vous êtes la première et la seule que j'aime. S'il en est un de nous deux dont le coeur varie, je puis vous assurer que ce n'est pas le mien. Ne lis-tu pas dans son regard la détermination de celui qui aura mis des mois à s'avouer seulement ses sentiments ? Crois-tu qu'il s'en découvrira d'autres ? S'il est une couche qui n'a jamais été partagée, c'est là encore la mienne. Je ne vois pas pourquoi elle le serait par quelqu'un d'autre que vous, puisque jusque là, elle n'a fait que vous attendre. Ca, c'est dit. Le coeur n'épouse pas Isaure. C'est tout mon être qui vous veut. Coeur, âme et raison.

Après tout, il a eu plusieurs semaines pour y réfléchir. L'élan, s'il n'était que sentimental, se serait éteint face à tous les arguments que le Beaupierre avait su opposer à sa découverte. Tout en desserrant l'étreinte autour du poignet, il l'attire à lui. Il baisse un peu plus la tête, ne la quittant pas des yeux, ne relachant pas la prise. Il sait qu'elle peut encore fuir. Il devine que ce serait un gâchis terrible.

Je n'ai rien perdu. J'espère bien au contraire y gagner. Une compagne, une épouse, une alliée... J'espère gagner des lundis de tempête, et des ciels bleus du samedi*. Je vous connais Isaure, je ne viens pas ici naïf et niais. Je nous connais. Je nous veux.

Son second bras s'en vient saisir la main au col de la brune. Qu'elle est belle, vue d'en haut, menue silhouette dans sa robe trop grande, trop blanche, trop sale de ses balbutiements. Tu ne peux plus fuir, vas-tu t'abandonner...?

Isaure... Voulez vous bien m'épouser ? voulez-vous bien faire de moi un homme heureux, à défaut d'être tranquille ? Voulez-vous m'accorder l'honneur de vous appeler ma femme ? Le plaisir de vous faire sourire, celui de vous faire crier ? La joie de vous voir chaque jour et de retrouver après chaque séparation ? Le bonheur de vous entendre rêver de l'impossible et de vous voir réaliser l'impensable ?

*Rendons à Alphonse son dû. La référence est là.

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Isaure.beaumont
Le regard rivé sur lui, intense et brûlant, elle essayait de se concentrer sur ce qu’il lui disait. Elle fut incapable de réagir à ses propos tant elle luttait contre l’envie impérieuse de venir goûter sa peau tendre, là, au creux de son cou, contre le désir irrépressible d’y nicher son nez et de s’enivrer de son odeur pour cent ans, pour mille ans, pour toujours. Mais elle résista et la main se resserra un peu plus sur le tissu emprisonné entre ses doigts crispés tandis qu’elle l’écoutait enfin plus attentivement.

Il l’aimait. Le minois s’illumina à ce nouvel aveu. A l’évocation de la plus probable variabilité de son cœur, son nez se fronça et… Que… Quoi ? Elle ne put éteindre à temps le mouvement de surprise quand il avoua son inexpérience. Ainsi Octave n’avait jamais tenu aucune femme entre ses bras ? Elle le considéra étrangement, un long instant, ne sachant quel jugement former. Si son regard fut tenté de glisser plus bas, là où, pensa-t-elle, se dissimulait peut-être un horrible cas de bicorbitie. Elle s’abstint cependant, happée par la suite de son discours.



- Et si… Elle s’obstinait. Mais je… Elle se cherchait des excuses mais que pouvait-elle bien encore lui opposer ?

IL poursuivait, elle l’écoutait. L’émotion l’étreignait, lui avait-on déjà fait plus belle déclaration ? Octave éclipsait l’ensemble prétendants passés, il affadissait les vieux amants et enterrait le fantôme d’un époux honni.

Elle fondait sous son regard et le soudain rapprochement de leurs corps la grisa.


- Mais je n’ai rien à vous offrir… quand j’ai tout à gagner.

N’était-ce pas inéquitable, pour un mariage raisonnable ?
Veuve et pécheresse, elle ne pouvait lui offrir un corps vierge de toute caresse, de tout frisson, de toute grossesse et un cœur exempt de blessures, de désillusions, de doutes et de mensonges. Bâtarde, elle n’avait qu’un nom entaché par sa condition à associer au sien. Quant à ses richesses, si elle ne manquait de rien, elle ne pourrait rivaliser avec les possessions du Beaupierre.

Et sa main sur la sienne, chaude, masculine, rassurante, acheva de troubler son esprit et ses sens.. Les doigts fins libérèrent le tissu pour venir s’enchevêtrer à ceux du Beaupierre. Et quand il réitéra sa demande, elle baissa les yeux. Comment pouvait-elle refuser quand il réunissait tout ce qu’elle attendait d’un homme. Octave remplissait tous les critères qu’elle avait donnés à Dana, presque un an plus tôt. Et si elle avait imposé à Cassian de devenir Duc et à Archibald de devenir digne d’elle en apprenant le maniement des armes, les lettres et le combat tout en devenant noble afin de pouvoir prétendre à sa main, elle ne voyait rien chez le Beaupierre qui puisse justifier un refus catégorique.



- Oui … Non…. Mais oui…. Mais !… Et Dieu ?

Oui, et Dieu dans tout ça. Qu’en pensait-il ?

    Dieu, Père tout puissant, si vous attendez de moi que j’épouse cet homme, faites-moi signe. Dites-moi ce que je dois faire ! Maintenant. Tout de suite.


Et elle ferma les yeux. Forts. La mâchoire crispée, elle attendit fiévreusement le signe, qui peut-être ne viendrait jamais. Que ferait-t-elle alors ?


Mais l’envolée des cloches sonna le glas de ses doutes, de ses tergiversations. Dieu avait donné sa réponse, la rappelant à la réalité. Il était l’heure d’avancer vers son destin. Ramenant la main du Beaupierre vers ses lèvres, elle la baisa tendrement.

- Me pardonnerez-vous, Octave, d’offrir mes premiers vœux au Très-Haut ? Je… Je vous aime mais ce serait le trahir que de renoncer maintenant. Et ils se sont tous déplacés pour cette raison. Ils seront tous là pour m’entendre les prononcer. Je ne peux pas les décevoir.

Elle l’aimait. Elle l’avait dit. Dans un souffle. Elle avait mis un mot sur ses sentiments et ses joues s’étaient colorées.

- Mais si vous acceptez de me partager avec Lui, Octave de Beaupierre, et si vous m’acceptez avec tout ce que j’ai de plus mauvais et de plus beau, avec mes fantômes et mes secrets, alors je serai celle que vous voudrez que je sois : votre épouse, votre amie ou votre alliée. Ou tout à la fois. Je vous réserverai mes sourires, mes larmes et mes soupirs. Je vous offrirai mes colères et mes joies. Je tremblerai pour vous, Octave. Je mourrai pour vous ! Je me réjouirai de tous vos succès, je panserai la moindre de vos blessures. Je tiendrai votre main dans la tempête, je serai vos yeux et vos oreilles. Je veux partager vos jours et vos nuits. Je veux baiser vos tempes grisonnantes et chérir vos premières rides. Je veux vivre et mourir à vos côtés. Je veux étouffer de fierté chaque fois que je poserai le regard sur vous, je veux suffoquer de bonheur toutes les fois où j’entendrai vos pas dans le couloir, je veux sentir mon cœur éclater au son de votre voix. Encore. Toujours. Je vous veux, tout entier. Je vous désire de tout mon être. Je vous fais le serment de vous aimer, d'être vôtre jusqu'à mon dernier souffle, et au delà. Et je…


Elle voulait tant. Elle voulait tout. Le souffle lui manquait. Et la voix s'éteignit pour laisser parler son regard.


A bout de souffle d’avoir tout débité, avec passion, avec ferveur, avec angoisse. Et s'il changeait d'avis, s'il s'était fourvoyé ?


    Dites-moi juste que vous serez là. Toujours. Et qu’enfin le bonheur m’ouvre ses bras. Je veux reposer contre votre cœur.

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Octave.
Elle a dit oui ! Elle a dit OUI ! C'est à peu près tout ce que retient dans l'instant le Beaupierre. Elle a dit oui... Tout au long de la tirade essoufflée d'Isaure, il avait douté, il avait attendu, sans respirer, qu'elle termine, qu'elle trouve une feinte, qu'elle lui oppose une fin de non recevoir, que le cerveau Isaurien, dont on sait qu'il recèle des trésors d'imagination, n'invente une raison sortie de nulle part et qui empêcherait ce oui qu'il attend avec impatience et anxiété.

Et vous ferez de moi un homme comblé.

Il termine sa phrase, ne lui laissant plus aucune possibilité d'échapper à la promesse qu'elle vient de lui faire et qui lui a vrillé le coeur et les tripes plus surement que tout autre chose. Comment avait-il s'interroger ainsi, se retourner les sangs pendant des jours, des semaines ? Comment avait-il pu douter, Octave, après son entrevue avec Alphonse, douter que ce soit Elle, qu'il n'y ait qu'Elle.

Lui qui avait abandonné il y a des années toute idée de mariage, de vie à deux, de vie de famille, qui avait posé un mouchoir sur cet espoir de trouver un jour celle qui le ferait exister réellement, qui le secouerait, le ferait ressentir une telle palette d'émotions en si peu de temps... le voilà convaincu que sans Elle, il ne serait qu'amputé d'une partie de lui.


S'il faut vous partager avec Dieu pour vous avoir à mes côtés, soit.

Il lâche les mains de la brune, descend le long de sa taille, qu'il pourrait quasiment enserrer tant elle est fine, tant ses mains à lui sont larges, et la saisissant, il la soulève, sans effort, pour la placer face à lui. Pour en faire son égale. Pour la regarder dans les yeux, pour mieux voir les couleurs qui sont venues redonner vie au visage tant aimé, et il lui sourit, de ce sourire si franc, si sincère, qu'il en est presque enfantin.

Vos voeux ne promettront rien qui m'empêche de profiter de vous. Et je mets une option sur les prochains. Mieux vaut prévenir que guérir. Puis nous irons voir Dana. Je ne doute pas qu'elle sera surprise, et heureuse, mais surprise...

A peu près aussi surprise qu'un caillou, probablement, puisqu'à part les intéressés, personne jusqu'à présent n'aura douté un instant que ces deux là finissent un jour au bras l'un de l'autre.

Et il faudra préparer la suite, Isaure. Je refuse de laisser passer encore des mois sans vous appeler ma femme.

Il entend sans les voir les premiers coches, les premiers chevaux qui arrivent à proximité de l'église - puisqu'il parait que ce n'est pas encore une cathérale - et bientot, les invités d'Isaure seront arrivés, le moment sera brisé, et il lui faudra la partager, non plus seulement avec Dieu, mais avec tous ceux qui font d'elle ce qu'elle est. Alors, avant que l'instant ne disparaisse, avant qu'il ne doive la laisser et rompre ce contact, qu'il ne laisse s'échapper ce corps qui sera bientot, il l'espère, sien pour le reste de sa vie, il la rapproche encore un peu, et l'embrasse comme il n'aura jamais embrassé personne.

Avec toute la passion qu'il ressent, l'enthousiasme de l'amoureux, l'envie de l'adolescent, la sagesse du trentenaire, le désir du fiancé, l'amour qu'elle lui inspire... avec la langue, donc, et leur souffles entremêlés, longuement. Lorsqu'il la dépose sur le sol, lorsqu'il s'en éloigne, d'un pas, il sourit toujours. Les cloches ont fini de résonner, et désignant l'édifice du regard, il lui offre son bras.


Allons-y, on va vous attendre... et vous direz encore que c'est de ma faute.
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Isaure.beaumont
Elle l’avait attendu des années. Toute une vie. Plusieurs vies en une même. Elle l’avait attendu tout ce temps sans savoir qui il serait, et avait cru le reconnaître en d’autres. Mais son âme, elle, avait toujours su et l’avait reconnu au premier regard, aux premières disputes, aux premières absences. Bien avant aujourd’hui, bien avant qu’elle n’accepte l’évidence.

Et il était là devant elle. Fort, beau, parfait. Il la soulevait, l’élevait jusqu’à lui. Encore un peu et il lui offrirait les hautes lumières.

- Que sont quelques mois de plus quand vous avez attendu tant d'années avant de vous manifester enfin !

Leurs chemins s’étaient effleurés dix ans plus tôt, sans vraiment se rencontrer. Ils avaient vécu des vies parallèles dans le campement du Roi Frondeur, avait défendu la même cause, avait partagé les mêmes valeurs. Peut-être l’avait-elle croisé, sans doute l’avait-elle dédaigné.

Qu’il se rassure cependant. Il n’y aurait pas long à attendre. La Beaumont n’espérait pas de longues fiançailles, loin de là. La patience n’était pas sa principale qualité surtout quand elle sentait au travers du tissu les mains de l’être aimé, qu’elle se troublait sous son regard, qu’elle frissonnait sous la caresse de son souffle chaud. Et ce baiser qui la chavira, qui la transporta acheva de lui faire perdre la tête : elle pourrait fuir avec lui, là, dans l’instant, pour aller prononcer sous un ciel étoilé leurs serments éternels tandis qu’on lierait leurs mains dans un rite païen. Elle s’abandonnerait à lui dans le fouillis des herbes folles pour sceller leur destinée commune. Et elle….

Mais Octave déjà la redéposait dans la réalité et lui indiquait le chemin de la raison. Le Beaupierre remplissait de façon exemplaire son rôle de garde-fou. Il était le parapet face à ses excès, son espoir dans le brouillard, son courage dans la défaite. Dès le premier jour.

Elle posa sa main sur le bras offert, mais lui fit face.


- Tout est toujours de votre faute, Octave de Beaupierre. Vous devriez le savoir désormais.

Elle lui offrit alors LE sourire. Celui qui désertait bien trop souvent son visage, celui qu’il avait souvent cherché à faire naître, celui qui leur avait valu leur plus longue dispute lors des noces royales et du couronnement. Il était franc, tendre, heureux et plein d’espoir.

Elle glissa enfin sa main dans la sienne, doucement, et l’entraîna à sa suite dans l’église. Elle ne la lâcha qu’au moment de se signer et se dirigea d’un pas qu’elle voulait assuré vers la chaire la plus haute d’où présidait Nicolas. Elle ignorait alors qu’il avait été le témoin de leurs aveux.

-Nic…Monseigneur, le bonjour. Je vous présente Octave de Beaupierre. Enfin vous savez… Octave. Je.. Il…

L’assurance fondit dès que son regard croisa celui de Nicolas, si jeune et pourtant si inquisiteur. Peut-être se sentait-elle un peu coupable de l’abandonner à sa solitude quand elle prenait la direction d’une vie à deux.

- Je renonce à embrasser la vie religieuse, Nicolas. Je suis désolée… Je… Il… C’est-de-sa-faute !

Voilà ! Tout était de la faute d’Octave. C’était lui après tout qui venait la détourner de la voie qu’elle pensait encore sienne ce matin.

- J’aimerais cependant, si vous le voulez bien, prononcer mes vœux mineurs. Vous pourrez compter sur moi, un peu. Je ne vous abandonne pas tout à fait. S’il vous plaît…
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L_aconit
Le jeune évêque resta de marbre, du moins en apparences, car s'il était en réalité déçu de cette issue, ce n'était que par compassion pour son ami éploré, un Archibald qui pour cent raisons distinctes n'aurait jamais eu cette Isaure pour épouse...

Il détailla Octave, cet octave auquel il avait impoliment laissé lettre morte aux premières lignes sentant le reproche ignorant. Les petites remontrances sur la réclusions de sa soeur étaient toujours une mauvaise, très mauvaise entrée en matière pour lier conversation avec le frère désoeuvré. Pour autant, cet Octave là ferait un époux des plus convenable, d'autant qu'il avait posé ses cojoones dans la balance pour venir foutre en l'air sa cérémonie d'ordination, et cela valait bien un peu d'admiration muette.

Il regarda Isaure. Comment aurait-il pu lui dire non? Elle qui n'était toujours pas rentrée dans les ordres alors qu'elle en parlait depuis des mois, des années sans doute, prouvait là qu'elle n'était pas prête à faire ses voeux au seul bénéfice du Divin. Et Nicolas était confesseur. Et oreille attentive. Il connaissait les rumeurs sur le passé de la jeune brune, veuve d'un époux cruel et maltraitant, qui était-il pour la priver d'un remariage dans les règles de l'art, avec un bon parti qui la regardait comme une tarte aux fruits en pleine disette...


Soit.

Dit-il simplement, le visage toujours un peu fermé.

A une condition.

Que vous, l'un comme l'autre, ne me parliez plus jamais de ma soeur, de sa condition et de mes décisions envers elle, en tant que frère et qu'évêque.


Un sourcil implacable s'éleva. Oui. même au cérémonial d'Isaure, montfort parvenait à être projeté au devant de la scène. Dejà des pas se faisaient entendre dans l'allée, et les bleus voguèrent de l'un à l'autre, suspendus à leur sentence qu'ils n'attendirent pas. Dana, dans une histoire visiblement aussi passionnelle que subitement publique, n'était qu'une quantité négligeable qui sans doute était loin, très loin dans leur esprit à l'instant T. Qu'auraient-ils à dire?

Bien ! Nous sommes d'accord. Commençons cette cérémonie !

Dit-il en joignant les mains, un sourire chassant l'austérité juvénile de son minois. Il descendit de sa chaire et invita octave à prendre place, tandis qu'Isaure devrait le suivre dans a nef. Il ne manqua pas de murmurer au passage au Beaupierre quelques mots.


- C'était moins une mon vieux.
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Chapelain de l'Ostel Dieu à Paris, Evêque de Perigueux, Exorciste de Rome
(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Archibald_ravier
Ainsi passent les heures au rythme entêtant des battements de son cœur. Boum boum boum boum boum. Un pas. Un pas. Un pas. Un pas.
Un but. Arriver avant que la cérémonie ne commence.
Il avait promis d'être là, avait espéré tout ce qu'il pouvait qu'elle renonce à prononcer ses vœux, mais il avait promis d'être là. Alors il serait là. Tel est son destin.
En plus, y'a même pas de cathédrale où cacher ses prières, puisqu'il parait que pour le moment c'est encore une simple église. Juste un peu d'or autour de sa voix ? Ça doit être le lambig breton, ça. Ça vous raucit* la voix en moins de temps qu'il ne faut pour dire "Garou".
Et il avait réussi. Il avait même réussi l'exploit d'amener Arnauld avec lui, et de trouver le temps de prendre un bain pour se décrasser puis de passer ses plus beaux vêtements, la chemise rouge taillée et cousue par Mayeul et une paire de braies presque neuves, ses bottes dépoussiérées et il avait même peigné un peu ses cheveux.
Pour résumer, on pouvait dire qu'il ne savait pas du tout qu'il volait des feux d'étés aux sombres hivers
Des pluies d'automne aux étés indiens, et que son ventre serait bientôt un petit festival de terres gelées et d'arides déserts.
Là, tiens. Juste maintenant, quand les cloches ont sonné, qu'il arrive pile poil à temps pour voir LE sourire, et cette main encore trop maigre se glisser dans celle du rival.

C'est le moment de connecter les neurones, Archibald, et d'admettre la défaite.
Il tourne les talons. Un pas. Deux pas.
Demi tour.
Il avait promis d'être là.

Il claironnait depuis des semaines qu'Isaure aimait Octave, et que lui n'aimait plus Isaure (une de ces deux assertions est fausse, saurez vous deviner laquelle ?) Il fallait qu'il soit là. Il fallait qu'il soit enjoué et heureux pour son amie, qu'il tape dans le dos d'Octave et qu'il soit bon prince, bon perdant, même si on allait célébrer aujourd'hui des noces au lieu d'une ordination.
Après tout, il venait pour voir Isaure lui être retirée à tout jamais, et s'il était tout à fait honnête, il savait depuis un moment que l'aventure était finie pour lui. Il préférait donc voir la brune amoureuse d'un bon parti, quand bien même fusse-t-il puceau - oui, Alphonse a cafté à Nicolas, qui a cafté à son pote un soir trop arrosé - plutôt que surjouant le bonheur et la foi, s'encroutant dans le mensonge à perpétuité.

Allez. Prends ton courage à deux mains et entre. A leur suite. Sois le premier à les féliciter, chaleureusement. Entre, Archibald, merde. Reste pas en haut des marches, là, à écouter les voix à l'intérieur sans les comprendre. Tu sais bien qu'elle demande à Nicolas de les marier, là tout de suite. Qu'est-ce que ça change de l'entendre de sa bouche ? Hein ?
Garde le sourire, reste affable, genre bon perdant. Souviens toi comme tu revendiquais ouvertement que tu n'avais rien à perdre dans cette aventure, que le pire qu'il puisse t'arriver c'est de finir vassal d'une princesse, et d'avoir de beaux souvenirs.
Ben voilà. T'es pas encore vassal mais il parait que ça va vraiment se faire. Et les bons souvenirs, tu les as. Ils sont beaux, ces souvenirs, tu as raison. Tu t'en souviendras longtemps. Même si pour le moment ils se teintent d'aigre doux, tu peux y croire, bientôt ils retrouveront la douceur du miel et l'exquise couleur de ses joues lorsque tu lui récitait le credo sous la lune.
Ne reste pas là, bon dieu ! Entre, on te dis !

Mais non. Il reste là. Planté dans l'ouverture, les bras ballants. Immobile. Statufié.



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*Oui, c'est un néologisme personnel.
n.b : toute présence de paroles d'une chanson dont le titre ressemble à celui de ce RP n'est absolument pas fortuite et entièrement la faute de JD Isaure.

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Octave.
Ce sourire... il pourrait disparaitre dans ce sourire. Il efface tous les autres, les demi, les étirés, les timides, les boudeurs. Il donne raison à tout ce qui vient de se dire, il octroie à force à tout ce qu'il adviendra. A la source de ce sourire, Octave pourrait puiser la force de toute une vie. Ainsi, c'est donc ça que ça réclamait, un tel sourire ? Une déclaration ? S'il avait su...

Perché au sommet d'une montagne de bonheur et de félicité, bercé par le plaisir de la regarder, lové dans le souvenir si frais de leurs baisers, guidé par la chaleur de sa main dans la sienne, il la suit à l'intérieur de l'édifice. Il ne peut plus rien arriver d'affreux maintenant.

Perché sur sa chaire, les attendait Nicolas. Le Beaupierre, lachant pour quelques secondes la nuque d'Isaure, le profil d'Isaure, la silhouette d'Isaure, du regard, le pose sur le Prélat qui les toise de sa suffisance. Octave étudie le Montfort. Ils se sont croisés rapidement il y a des mois de ça, et il avait reçu un courrier de sa main, désagréable. Probablement l'avait-il été en retour également, parce qu'il attendait toujours les réponses aux deux suivants.


Que vous, l'un comme l'autre, ne me parliez plus jamais de ma soeur, de sa condition et de mes décisions envers elle, en tant que frère et qu'évêque.


Si le sourcil de l'évêque se hausse, que dire de ceux du Beaupierre ? Octave allait ouvrir la bouche, et répondre vertement au Montfort qu'il ne lui appartenait pas de décider de quoi il souhaitait parler à qui, qu'on ne décidait pas pour lui de ce qui était une priorité ou pas, demander si l'interdiction concernait également des nouvelles de sa santé, qu'alors on lui permette d'aller la voir, qu'on s'assure qu'elle ait ses missives...

Il allait répondre vertement à celui qui a gardé sa place en chaire, de manière à les regarder du haut de sa suffisance. Et Octave de se faire son idée sur Nicolas, à cet instant. Un petit con. Il en connait, des jeunes hommes de cette sorte, son vice-comte en est un. Trop jeune. Trop de pouvoir. Trop de responsabilités. Trop de reproches. Trop de tout trop tôt. Le sourire de l'enfance a quitté leurs visages à peine la majorité atteinte, les décisions et la gestion de leurs charges leur ont mangé l'innocence, le rire, ont avalé leur naiveté, leur candeur et leur enthousiasme. Martin aussi parait arrogant. Le Coquelet d'Armagnac s'entendrait probablement très bien avec l'Evêque. Mais Octave connait son neveu, à défaut de connaitre Nicolas, et il sait, que derrière le masque l'enfant n'est souvent pas tout à fait mort. Que te faudrait-il, à toi Montfort, pour retrouver l'allant de ceux de ton âge ?

Et Octave, sous la pression combinée du regard d'Isaure et de cette interrogation restée silencieuse, se tait. Ce sera bien la première fois qu'on ne l'entendra pas répondre à une question, qui lui est de plus directement adressée. Il ne dit rien. Et par là même, ne s'engage pas à respecter cette condition. Tu apprendras peut-être, Nicolas, si vos routes se recroisent, qu'un Beaupierre ne baisse pas les bras si facilement.

Ne relevant pas la remarque murmurée au passage, le Comte reporte son attention sur celle qui les réunit ici. Il repère sur le minois de la brune qu'elle aussi, elle considère cette condition comme tout à fait temporaire. Le temps d'une cérémonie en sorte. Cérémonie qui d'ailleurs ne devrait pas tarder à commencer, si tant est que les invités se décident à arriver, et qui séparent le couple tout neuf. A regret, il s'éloigne d'elle, et se retourne pour rejoindre l'allée et une place d'où il pourra la mirer, encore et encore, lui qui a du mal à croire qu'enfin, Isaure et lui sont tombés d'accord sur quelque chose, et que cet accord va durer toute une vie, s'il plait à Dieu.

Ce faisant, il aperçoit une silhouette, qui se découpe dans la lumière matinale qui leur arrive de la porte. Elle ne lui est pas inconnue, mais il ne reconnait pas tout de suite Archibald. Qui que ce soit de toute façon, il est temps de prendre place. Il lève le bras dans un geste d'invitation et lance :


Et bien avancez ! Vous ne verrez rien du fond et vous bloquez l'entrée !

A se demander comment il parvient à construire une Alliance du Sud avec un tel sens de la diplomatie.
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Dedain
    Certains destins se jouaient loin encore alors qu’à l’aurore, mauvais Seigneur avait à honorer ses bons serviteurs. Il n’était pas question de diviniser ou rendre grâce, trop d’humains défauts entraient en corrélation pour ne jamais réussir à atteindre la perfection. Pour autant, quelques liens magnifiés se tissaient allégrement, en ce besoin naturel qu’a l’âme de s’entourer de fortunes semblables. Les saints sacrements seraient rendus bientôt – du moins Navailles le croyait-il toujours – nouant sur la toile de sa vassale quelques fatidiques nœuds coulants. La consécration de la religion, c’était une petite mort, c’était un abandon. L’on n’avait plus assez foi en l’homme pour s’en détourner et préférer mieux trouver en d’autres gracieux girons de salvateurs bienfaits.
    Noldor était lui-même un fervent croyant, évidemment.

    Ce jour, alors, il a fait route en compagnie de la Marquise de Nemours. Récemment revenu de rhénane retraite lui ayant permis de goûter à nouveau à la simplicité de n’être que lui-même et plus offert tout entier au service d’une royale couronne, il s’adonne à l’indicible joie de se rappeler l’existence des carcans étroits que sont les devoirs d’amitié.
    Là, les parvis sont franchis, les huis traversés, pour révéler au bout de l’allée sanctifiée Beaumont minois. Rejoignant le rang, l’Hivernal indique à sa comparse, désignant du glabre menton l’honorée de l’instant.


    Regardez-la donc…Elle a toujours le teint si hautement sublimé. Voilà bien quelques fiertés que peut retirer un heureux Suzerain.

    C’était risible à observer, quand on voyait bien que celle qu’il avait fait Saint-Peyrus semblait aussi émaciée que lui, aussi rigidement cerclée de froids ennuis.
    C’était risible, mais l’Ascétique n’était pas toujours raisonné.

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Lucie
A quel moment, sous quel prétexte, Isaure va-t-elle faire volte-face ? Avançant aux côtés de Navailles, la marquise, sarcastique en pensée, absolument sûre du fait que jamais la dame de Saint-Peyrus ne prendra le voile, envisage les scénarios possibles à cette journée. Les bougies ne brûleront pas assez bien, l’encens ne sentira pas assez bon. Elle aura trop chaud sous sa robe blanche et se pâmera. Un invité manquera et elle ne pourra vraiment, vraiment pas se donner à Dieu sans ses yeux pour la regarder. Avec la fantasque Beaumont, tout est possible, tout est imaginable. Tout, sauf son ordination.

Levant les yeux à la remarque de Dédain sur le teint de sa vassale, elle secoue légèrement la tête. Elle ne semble pas en bonne santé et pourtant, pourtant… Il y a, c’est vrai, quelque chose à ses joues, à ses yeux, qui la rend belle là où la Josselinière, un peu mauvaise, l’a toujours trouvée quelconque. Rejetant d’une main le voile qui couvre son visage, dévoilant une peau dorée par le soleil, des épaules nues à la surface desquelles quelques tâches de son prennent leurs aises, elle l’observe avec plus de soin avant de murmurer en retour :


- Vous vous félicitez du teint de votre vassale ? C’est bien curieux. Mais enfin, vous avez, raison, Isaure est jolie aujourd’hui.

La chose dite, la marquise s’arrête au niveau du Beaupierre.

- Octave, bonjour ! Faites-nous un peu de place, vous voulez bien ? Demande-t-elle d’un ton à la légèreté forcée, ses traits figés par trop de soucis, trop de chagrins qu’elle n’arrive pas à fuir en dépit de ses efforts pour, toupie s’agitant follement, ne jamais s’arrêter à ses sentiments.

Et la jeune femme, une fois assise, de demander, plus doucement, avec plus de compassion - car les malheureux frappés par l'amour méritent bien cela :


- Alors ? Allez-vous lui déclarer votre flamme ? Ça serait sans doute l’excuse qu’elle attend pour ne pas prononcer ses vœux.

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