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Et si, Aixe offrait sa seigneurie ?

[RP] Rien de moins que l'Aixecellence

Eldearde
Fantasque, primesautier, indiscipliné, le Comte d'Aixe ne s'encombrait jamais de cette subtile prudence, de cet esprit de conduite qui de nos jours est resté tant à cœur à la haute société, sous le nom presque sacré de convenance. Aujourd'hui encore, Zolen avait fait montre de tout le pittoresque de son caractère en s'offrant de prendre vassal en la personne d'un jeune italien débarqué d'hier et que le duo de fâcheux garnements ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Il est vrai que le verbe sûr, le parler accompli, la tête assurément bien faite et les gestes teintés d'une rare distinction, le sieur Alzo ne pouvait distiller qu'une bonne impression. De plus, mari roublard avait sans doute perçu l'opportunité de faire, de cet octroi de fief survenu comme un cheveu sur la soupe, un possible sujet de réconciliation -ou du moins de déviation- avant que l'épouse blessée ne brise, une fois encore, toutes les soucoupes du salon.

Et en effet, quand, d'une paume diaphane, Kierkegaard flatte le chanfrein poussiéreux du frison mâchonnant son avoine, elle ne songe pas aux aléas d'un mariage en dents de scie, tutoyant des abîmes auxquels l'amour s’abîme. Il n'y a que l'indubitable rugosité de ce crin étrillant la pulpe trop fine de ses doigts et la proximité didactique de l'oeil énorme et plein que la bêtise fait profond et un poil mélancolique.

Danyhel Alzo aurait été fou de refuser pareille proposition survenue au pied levé entre le gueuleton et le sieston de la digestion. Or Danyhel Alzo n'était pas fou. Il y avait même fort à parier que sa sombre boîte crânienne se révélerait aussi garnie que le corsage de la grosse Sophie. En cela Arry, bien que fin que comme du gros sel, savait faire preuve d'un flair démentiel, débusquant derrière le masque anodin du quidam le probable potentiel. Chose suffisamment rare pour être soulignée, Eldearde avait pour une fois toute confiance en son prompt jugement et n'opposait aucune réserve au choix du mari entreprenant voire un tantinet impudent. L'affaire était donc quasi-actée en cette fin de journée, l'accord mutuel ayant été prononcé et la demande d'octroi dûment rédigée par le poignet tatillon de la maîtresse de maison. Demeurait cependant une question.

Le premier coup des vêpres réveille une campagne déjà somnolente, de cette léthargie qui succède aux bacchanales estivales, Nature ayant épuisé toute son énergie démente en couleurs, en fruits et en pétales. Prométhée et Nekuia, scellés et ferrés, bercent de leurs soupirs lassés l'étamine de la robe féminine, s'agitant parfois d'un remous de crinière ou d'un sabot martelant la terre. Le coche sans prétention est lui aussi paré à débarouler la pente douce des collines rougissant sous les caresses d'un soleil rasant : Zolen avait émis le souhait de les accompagner lors de cette petite virée à but tout pédagogique, embarquant peut-être même la talentueuse Marche et leur non moins sagace loustic. Lorgnant régulièrement vers la grande porte de la cour, Kierkegaard patiente à la bride de ses canassons du jour, l'invité ne devant plus tarder à se radiner pour dessiner d'une longue chevauchée les pourtours du Comté : ainsi Alzo, fort de la découverte de toutes ces belles choses, pourrait choisir sa seigneurie en connaissance de cause.

Oui, bien que cela paraisse étonnant, il arrivait aux Zolen d'être bienveillants.

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[Blason en construction]
Danyhel
    « Vous serez alors son visage et sa voix. »


Assit au bord du lit suffisant qu'il louait depuis son arrivée en terre Limousine, Alzo nouait le dernier bouton du pourpoint nuit, alors qu'en écho trébuchaient les mots de la Comtesse. Lourds de sens pour un homme sage prenant le moindre signe pour une évidence. Discret de nature, le voilà pourtant embarqué dans une folie plus grande encore que les Jardins de Arles portant son nom. Première folie en terre Impériale. Et fluctuante. A Limoges toute fois, l'Alzo n'avait point cherché à se faire connaître ; préférant se laisser charmer par les pierres froides et farouches des bâtisses, plutôt que par des cœurs.

Danyhel Alzo était fou ; fou de conquérir des sommets que son père ne voyait que dans un brouillard sombre. Fou faire doré le nom italien des siens devenus poussières. Fou, d'une vie Françoyse qui le verrait évoluer - ou régresser. De cette proposition survenue comme un chevalier dans la pénombre sur un champ de bataille, il n'avait que peu réfléchit. Non pas par souhait de richesse. Non plus par souhait de noblesse ; l'éducation avait sommes toutes déjà tout d'une tête à la petite couronne. Mais plus et bien par désir de s'encrer au monde, faisant naître de papier et de sûreté les rêves enterrés du défunt paternel. S'il lui avait léguer cet amour décadent des chiffres, il lui avait transmit au sang, ses songes les plus secrets au détour de rares élans d'affections tardives.

Enfilant les gants fourré, bienvenu en cet fin d'été devenue aussi pluvieuse que venteuse, Danyhel laisse un regard en direction du centre de la ville. Il était temps. Les premiers coups des vêpres allaient bientôt se faire entendre, et le couple allait attendre. Offrant un coup de talon dans les flans de la monture après avoir prit soin de bien fermer les gants à ses poignets, la route jusque Aixe serait rapide, autant que promise à une certaine attente. Étalon brisant le froid, Alzo laisse les ombres du château se dessiner à ses billes curieuses ; différents des châteaux italiens, de ce monde qu'il n'avait finalement que jamais connu. Souriant légèrement à cette pensée lointaine qu'était la petite demeure de la famille, le cavalier passe les grandes portes de la cour, après surveillance d'usage si nécessaire.


    Dame Eldie. Un bien beau château que voici.


Pied à terre, dextre offrant une ultime caresse à la monture, Alzo s'approche de la maîtresse des lieux. Enrobé dans une de ses éternelles tenues sombres et d'argent, il était prêt. Prêt à faire le tour d'un Comté et ses villages, ses fiefs. Dont l'un, qui serait sien par la grâce folle.

    Espérons que la Lune nous offrira quelques lueurs de soleil supplémentaire.

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    Merci JD Eldie ♥
Arry
    Kierkegaard et Zolen n’étaient, par principe, jamais d’accord sur rien - surtout quand il était question de leurs fréquentations respectives -, et plutôt que de tenter de s’entendre - ne serait-ce que pour épargner nerfs et tympans de leur entourage - Monsieur & Madame brise-jumelles s’évertuaient à nous jouer et rejouer toutes les versions de scènes de ménage. En long, en large, en travers, en bruyant et surtout en très vulgaire. Mais puisque tout principe digne de ce nom se traînait au derche son lot d’exceptions, Rital juste débarqué en bouseux Limousin avait malgré tout rajouté son prénom à la (très) courte liste des (mal)chanceux parvenus par on ne sait quel miracle à s’attirer tant les faveurs d’Eldie que celles de son emmerdeur de mari. Considérant que Comtesse était réputée être une associable de base à tendance snobinarde qui préférait se noyer dans du bouquin soporifique à souhait que de taper bavette à de pauvres mortels et qu’Arry ne supportait généralement que la compagnie de donzelles – de préférence âgées de moins de trente piges et dotées d’un physique agréable à sa mirette -, on ne pouvait qu’applaudir mimines et petons conjoints la performance de l’Azlo. Sans faute pour l’heure, bravo gars.

    Fidèle à sa réputation d’anti-conformiste bordeline à l’extrême, le Zolen avait troqué les sempiternels : « Salut, ça va ? Comment vous vous appelez ? Vous nous venez d’où ? » débités par tout péquenaud en mal d’inspiration tentant d’amorcer une conversation avec une trogne inconnue, contre un : « Vous voudriez d’un fief en Limousin ? » lâché avec un flegme tout propre au bonhomme. Que Dame Prudence aille donc se faire empailler chez les turcs, Arry devenait totalement sourdingue quand elle s’essayait à lui glisser recommandations à l’esgourde. Joueur invétéré et provocateur patenté, foutue tête brûlée aimait à miser sur l’improbable, se barrer à trente-quatre lieues des sentiers battus et bien marquer sa différence avec cette tripotée de coincés du bulbe de nobliaux trop frileux pour concéder vassalité à qui n'était ni famille ni ami et ne s'était esquinté la langue en fayotage des mois si ce n'est des années durant en vue d’obtenir le Saint Graal. D’façon, Zozo était déjà suffisamment mégalo pour se dispenser d’un vassal prompt à lui toiletter l’arrière-train à tout va.

    Danyhel Azlo remplissait, à vue de pif, tous les critères officieusement établis par son futur suzerain et, de fait, il était plus qu’évident qu’il ne serait qu’un atout pour Aixe et ses résidents par intérim :
    - D’un, il convenait à Kierkegaard.
    - De deux, il convenait à Kierkegaard.
    - De trois, il convenait à Kierkegaard.
    - De trente, il convenait à Kierkegaard.
    On l'aura pigé : Arry aura surtout et avant tout choisi l'italien pour faire plaisir à sa dimzelle et tenter de récupérer une poignée des points de confiance bousillés suite à ses frasques à répétition. Et c'est également pour les jolis yeux de sa femme qu'il renonça à son programme glandouille au plumard pour prendre part à cette expédition.

    Alors même s'il se radina un poil à la bourre, il se radina. Avec son rejeton en bonus. Et malgré son aversion pour les canassons, il s'était résolu au dernier instant à abandonner le confort du coche pourtant préparé à son intention, pour finalement monter à dos de l'un d'eux, trop fier d'exhiber le porte-mioche qu'il avait lui-même confectionné : à savoir une nappe rosâtre et malencontreusement tâchetée de miel qu'il avait demandé à une domestique de lui nouer solidement autour du torse une fois Nathaniel plus ou moins correctement calé contre lui. Bon, parce qu'il était le digne fils de ses relous de parents, Zolen dernier né avait un peu braillé au début, mais depuis que sa daronne avait fait irruption dans son viseur, il avait cessé de se ruiner les cordes vocales pour dégainer son mignon sourire à cinq quenottes et demi. Putinasse de comédien, té. L'humeur bonne et l'oeil pétillant de filouterie, son géniteur ouvrit sa grande jappe une fois à hauteur des deux autres cavaliers du jour :

    Vous comptez reluquer mon Château pendant longtemps encore ? On a d'la trotte à parcourir et j'ai d'jà les crocs. Magnons.

    Et histoire de rassurer Mère Couveuse, il s'empressa de signifier à son épouse que, non, il n'allait pas laisser choir son précieux moutard :

    Oh, et n'vous faîtes pas de bile, Kierkegaard, j'vous rendrai votre fiston entier à la fin d'la balade. On commence par les Farges ?


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Eldearde.k
Futur vassal a fort belle allure quand, à dos de palefroi, il franchit l'épaisseur des murs.
Danyhel s'habillait de cet élégant lointain que revêtent les hommes mystérieux, de cette profondeur de champ qui dilue le sujet dans la totalité de l'image révélée à nos yeux. L'expression "se fondre dans le décor" prenait, avec lui, tout son sens, puisque, où qu'il se tienne, l'environnement accueillait volontiers sa présence. L'incongru du titre énoncé, que Comtesse avait elle-même quémandé, croque sourire au tissu trop fin de ses lèvres, à l'instar du compliment léger qui célèbre, du château d'Aixe, la beauté.


Le bonsoir vous va Alzo. Hm, oui, un bel ouvrage que celui-là. Bien que je sois encore déçue par les volumes proposés. On manque de place, on étouffe, on n'a aucune intimité, gouaille l'ironique châtelaine qui se perd toujours aux dédales de son propre domaine. Dextre blafarde monte flatter l'encolure du bidet lorsque que le cavalier en descend, posant pied à terre tout à fait lestement. C'est une fringante monture que vous avez là. Je vous avais fait préparer mon meilleur frison, ne sachant si vous possédiez bête de selle ou non. Du coup, ce sera un peu de repos bien mérité pour Prométhée.
Longe est tendue au palefrenier et l'équidé s'éloigne docilement, roulant des hanches et chassant les taons de quelques balancements de queue nonchalants. Croisant, sur sa route, congénère en service, un désordre de crinière agitée fait son office, salut cagnard d'un patachon à l'autre. L'autre, d'ailleurs, ignore tout de l'honneur que ses reins subissent : ce n'est rien de moins que le Comte en personne qu'il trimbale à son dos, assorti de son héritier de loupiot.

Comme toujours à la vue des deux âmes qui animent la sienne, faiblarde Kierkegaard sent poindre cette putinasse de chaude lueur, quelque part entre le plexus et le coeur, si bien qu'elle en oublie le coche harnaché pour que dalle et le possible péril du porte-chiard expérimental. Père et fils Zolen avaient véritablement le don du rusé stratagème, de l'efficace mise en scène, de la manœuvre matoise et exécutée sans peine qui pouvait prétendre réduire à néant l'hystérie d'une daronne pas franchement sereine. Bajoue satinée est effleurée de quelques doigts amoureusement tendus, sagace moutard ayant vitement percuté que se mettre môman dans la poche ne constituait jamais un effort superflu.

Entier ET vivant, si cela n'est point trop demander, réplique Mère poule à l'indécrottable gausseur en enfourchant sa haquenée. Va pour Les Farges. Allons gaiement...du moins autant que faire se peut. Après tout ce n'est qu'un bout de Limousin boueux.
Ou l'art de vendre sa came.



Pourtant, ce soir, Limousie fait l'étalage de tous ses charmes.
Parée d'un camaïeu de vert, du céladon tanné des bords de rivière au sinople herbeux des vastes luzernières, le bovin pays déploie toute la naturelle splendeur qu'un début d'automne n'a point encore vieillie. Traître campagne s'applique à faire mentir limougeaude aigrie qui ne se peut mirer la longue étendue de prairies qu'à travers le prisme d'une plaie béante aux sanguinolents replis.

Mais quand, les paupières à demi-closes, elle offre ses cheveux aux sautes du vent qui souffle à sa rencontre, Eldearde oublie un peu. A mesure que s'étire la chevauchée au fil des chemins terreux, elle ne perçoit plus en Zolen, lorsqu'une oeillade curieuse ou un coude tortueux lui offre le spectacle de son profil gaillard, que l'homme-enfant qu'elle aima dès le premier regard, avec tout ce que cela suppose de désespérément niaiseux et jobard. L'ombre des peupliers d'argent, balayant la silhouette comtale, disperse d'un même temps la brume de souvenirs méchants qui, souvent, empêche l'épouse blessée que de le voir vraiment. Lui, l'être de joies et de tourments façonné, qui porte tout contre son palpitant la chose la plus pure que le Monde puisse tolérer.

Mais déjà, à l'embouchure d'un sentier, le bourg des Farges, brun et tassé, à la façon d'une vieille paysanne dont les mains auraient pris la couleur de la terre mille fois retournée. Bien qu'elle ait potassé son sujet et malgré tout son piètre bagou, Kierkegaard ne peut transformer en seigneurie rêvée ce qui n'est finalement qu'un sombre trou; mais vaille que vaille, haridelle s'improvise guide touristique pour son compagnon de balade le plus exotique. Et que je te dégaine quelques lieux supposément historiques à l'instar de ce semblant de chapelle qui tient à peine debout. Et que je te récite les bouquins avalés de la veille en te traînant de partout.

Et quelle vue imprenable sur la vallée de la Vézère, hein ? Là, en contrebas, sur la rive droite, c'est le village du Cheylard, qui a presque cinq-cent ans. Son château est, assurément, une belle bâtisse : bien que plus récent, il n'a rien à envier à ceux de Sauvebœuf et de Fleunie. Le sol, quant à lui, donne du bon blé, dit-on et...
Bla bla bla.
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[Blason en construction]
--D.alzo
Minérales effleurent le frison préparé ; monture que l'on conte par delà bien des frontières, mais qui n'avait jamais su attendrir l'esprit Alzonien. L'attention toute fois était touchante, digne de ce qu'avait montré la Comtesse jusque présent. Dextre à l'encolure de son étalon, une sourire écarte quelque peu les lippes de l'italien dans une inclinaison du minois.

    C'est une bien belle bête que voici. Je gage qu'elle soit parfaite pour bien des occasions. Mais il me faut habituer Eole à ces terres.


Déjà arrivait Zolen, dans une brouhaha qui lui était propre et lui sied tel un cavalier sombre. Tournant les talons, il remit pied à l'étrier ; il était temps de prendre les chemins d'Aixe. Amusé en silence par l'échange concernant l'enfançon, il garda Eole dans le chemin.

L'étalage de la nature offrait à l'Alzo, le profond sentiment d'avoir pioché la bonne ville. Non pas – uniquement - juste grâce au couple Contesque, mais bien parce que tout ceci lui laissait le plaisir de s'imaginer évoluer icelieu. Maddalena aurait aimé, autant que ces terres Françoyse dans lesquelles elle s'était perdue à vivre une seconde vie. A cette pensée, les billes se fendirent d'une mélancolie pinçant même le coeur. Empêtrer dans les souvenirs de la douceur mère, le sentier mène au bourg des Farges. Redressant le visage, l'italien inspecte chaque points présentés d'Eldearde. Il ne peut d'ailleurs que remarquer la chapelle ; bancale. Plissant le regard, l'idée lui vint que si, terre fut choisie, il ne manquerait de donner du sien, remettant en bonne voie les faibles bâtiments.

    Est-il possible, de faire consacré la chapelle ? Fut la seule question à venir.
Zolen
    Jusqu’ici, le partage des tâches opéré entre les époux Zolen semblait correctement fonctionner : Eldearde vantait les attraits plus ou moins avérés de leurs terres à l’Azlo tandis qu’Arry veillait scrupuleusement à ce que son agitateur de mouflet à l’équilibre précaire ne s’éclate pas le pif par terre. A grand renfort de sottises distillées à l’esgourde gamine, d’onomatopées puériles et de grimaces à la noix, Nathaniel avait fini par pieuter, la trogne poupine écrasée contre le torse paternel et la bavouille s’étalant sur le pourpoint de son géniteur (y’avait vraiment pas à chier, la classe, c’était une histoire de famille). M’enfin, maintenant que son rejeton avait rejoint les bras de Morphée, ne restait plus grand-chose à foutre au trublion de Comte, hormis grogner après son bourrin, reluquer sa nana – ce qu’il faisait déjà inconsciemment & approximativement toutes les deux secondes trois quarts - et évidemment, venir saper tout le travail d’apprentie baratineuse de leur charmante guide touristique. Parce que bon, s’il était certain que Kierkegaard aka Stephanie Bern avait dû éplucher tous les papelards à disposition traitant d’Aixe et ses alentours, ça crevait les oreilles qu’elle forçait sévère sur l’extrapolation. Fort heureusement, le Rital était suffisamment courtois pour ne pas lui faire remarquer qu’elle s’acharnait à vouloir lui refourguer de la camelote. Quant à l’ex-Régnant, la moquerie gentillette lui chatouilla les lippes tout du long de son laïus et il aurait sans doute dégainé railleries à la pelle si l’italien ne l’avait pas pris de court en causant de cette chapelle qu’il avait à peine effleurée de la mirette. Son sourire canaille claqua précocement au profit d’une mine ébaubie.

    - La.. chapelle ?

    Un bref coup d’œil est jeté en direction de l’épousée, le genre de coup d’œil qui braille silencieusement du : « Nan mais il est sérieux là ? ». Et ouais, sérieux, Dany l’était, vraisemblablement pas encore au fait de la fichue réputation d’hérétique que le maître des lieux pouvait – à tort ou à raison – se payer. Arry retint difficilement un rictus nerveux et se recomposa prestement façade joviale. Futur vassal aurait tout loisir de découvrir plus tard et par lui-même les moult tares qu’on associait aisément au turbulent couple limougeaud. Pour l’heure, on prêtait bonne figure.

    - Sûr qu’on peut se débrouiller pour la faire consacrer. On connaît la meilleure diaconesse du Royaume. Au besoin, elle réglera ce détail en moins de temps qu’il ne me faut pour siffler du nougat.

    Inutile de préciser que la diaconesse en question transpirait l’angevinité, se coltinait nombre de péchés au compteur et avait plus d’un grain d’incrusté dans le bocal. Clairement inutile. Ce qui importait par contre, c’était de pousser l’Azlo à s’intéresser à autre chose qu’à du monument de culs-bénis, quitte à en rajouter une tartine sur les défauts des lieux et/ou à en inventer pour en venir plus rapidement à la prochaine étape de la visite guidée.

    - M’est avis que c'est pas le bon endroit pour vous épanouir ici, Azlo. Tout s’barre en charpie et ça refoule le fadasse. Sans compter que les gus du coin tirent des faces si sinistres que ça m’étonnerait même pas qu’ils aient déjà tenté de se saccager les veines au fil à coudre. Donc à moins que ma femme n’ait davantage d’arguments foireux à débiter pour défendre ce patelin, on ferait mieux d’aller voir ailleurs.

    Et parce qu’il venait tout de même de d’érafler salement le joli portrait des Farges précédemment dressé par Eldie, nigaud de mari adressa à celle-ci un petit sourire faussement contrit.

    - Mais vous méritez un bon treize sur vingt pour la présentation, Kierkegaard. Voire même un quatorze pour ne pas avoir soupiré outre mesure en causant de votre Limousin adoré, ironisa-t-il, l’œil pétillant de filouterie. Tentons une autre seigneurie, je suis sûr que vous pouvez mieux faire.
Eldearde
Les rênes de cuir sont broyées entre les serres d'une dextre agacée quand cavalière, pif froncé et dents serrées, se concentre en soufflant comme un buffle enragé : il s'agit de déterminer lequel des deux spécimens aura l'honneur de se bouffer le fiel féminin en premier. Le métèque qui nous pond des questions à chier après un exposé de qualité ou l'abruti de mari qui s'applique à fouler du peton tout le talent éminemment manifesté pour donner au lieu un semblant d'attrait ?
Sérieux dilemme, s'il en est. A ceci près qu'Alzo, ne concevant pas encore l'état de dégénérescence mentale du couple comtal, risque de virer inquiet voire franchement effrayé par l'ampleur des dégâts si l'un des proprios ouvre sa grande jappe sans avoir préalablement choisi le filtre adéquat. Arry l'a visiblement compris puisque, ravalant le "putinasse" qui lui arrache probablement la trachée, le bougre étale une mine affable et enjouée, de celles qu'il ne déballe que deux fois l'année. Bigre, elle s'en serait voulu de ruiner ces douloureux efforts chichement déployés.

Du coup, Comtesse ventile et lorgne son moutard endormi, vision hautement croquignolette qui possède, parmi ses nombreuses vertus, celle de faire redescendre les nerfs d'une mère indécemment niaise, comme retombe une mauvaise mayonnaise. Le sourire qu'elle fait alors péter n'a rien à envier à celui du fourbe épousé, tout comme son discours soigneusement policé pour la survie de leur projet de vassalité.

Dans le cas où les Farges auraient votre préférence, vous disposeriez de chacun de ses recoins et en feriez ce que bon vous semble. Si vous entendiez consacrer la chapelle, nous pourrions vous mettre en relation avec qui de droit, cela va de soi.
Appuyer les dires du maître en son domaine de la voix aimable d'une sage épouse maniable : Check.
Balancer du regard rassurant, l'air confiant et paternaliste, en bonne petite nobliaute de service : Check.
En résumé, parler pour ne rien dire et exploser les compteurs de la fatuité : Check.

Néanmoins, la dyade de mirettes qui s'écrase -plutôt qu'elle ne se pose- sur Zolen gouailleur se révèle nettement moins bienveillante et, dans le dos de l'italien en pleine contemplation de l'église croulante, Eldearde mime en silence l'agonie d'une pendaison violente. Nul besoin de préciser que la communication n'a jamais été leur fort et que le dialogue n'explique en rien le maintien miraculeux de ce mariage amoureux.

Quatorze sur vingt pour l'exhibition d'une came qui n'en vaut même pas cinq...C'était inespéré ! Quitte à se coltiner qu'un bout de Limousin, vous auriez pu choisir vos terres avec un peu plus de soin. Si par "mieux faire" vous entendez "transformer à la faveur de quelques prodiges rhétoriques vos bouges miteux en eldorado merveilleux", c'est mort, j'vous préviens. Malgré les suggestions de béatification de Dédain, je ne change pas encore l'eau en vin.
Parce que oui, ce sont les possessions d'Arry quand ça l'arrange et les leurs quand ça la démange. D'un léger outrage du talon aux flancs du canasson, l'haridelle réduit l'espace qui la sépare de ce sourire fripon et ajoute, juste assez haut pour se faire entendre du facétieux polisson :
Quatorze, c'est aussi la note que je vous avais mis pour la performance de cette nuit... Ô mensonge ! Ô calomnie ! Car s'il est un sujet sur lequel horripilant doublet s'accorde, c'est bien celui-ci. M'enfin, il paraît que tous les coups sont permis.

Ainsi Dany est-il friand des lieux saints et autres maisons de Dieu, véritables viviers à dévots où pullulent curetons et pigeons ? Soit. Il devait bien y avoir une tare quelque part. Et puis il se trouve que Kierkegaard a sous l'aile de quoi satisfaire cette menue passion.
Meilhac, au point du jour, semble consumée par le halo rasant d'un soleil énorme et rubicond. Ni une ni deux, Eldearde tire le bigot apatride jusque devant son principal argument de vente, à savoir l'église rutilante au clocher si particulier puisque partiellement recouvert de bardeaux de châtaignier.

Qu'est ce que vous dîtes de ça ? A l'intérieur, vous tomberez nez à nez avec un retable vieux de trois-cent ans, à côté de la châsse d'une Sainte dont j'ai paumé le nom...mais une Sainte tout de même, hé. Et, pour couronner le tout, incrusté au mur nord, un cippe gallo-romain finement taillé ! Est-ce que je serais pas en train de vous gâter ? déclame l'encyclopédie sur pattes, pas peu fière de son petit bijou de seconde zone.
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[Blason en construction]
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