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[RP] Cadeau de Dieu. Cadeau du Diable !

Danyhel
Si l'arrivée de Vittorina avait elle même fait gronder la colère de l'Alzo, ces derniers jours n'avaient pas été de bonnes augures pour elle. Au-delà du simple fait qu'elle s'amusait à tester la patience, et les nerfs du jeune homme, elle s'appliquait tout particulièrement à vouloir le reprendre à tout va. A cela, un malheureux après midi, Danyhel avait perdu son sang-froid lorsqu'un imbécile doublé de crétin des alpes y avait mit son grain de sel. Suffisamment bien placé pour que cela ne fasse réagir la Firenze, supposément honteuse de la situation. Et comme une couche supplémentaire, elle s'évertuait à placer Vittorio à tout va ; lui ne ferait pas ainsi. Lui, ne dirait pas cela. Lui, ne penserait pas comme ceci. Lui, était disparut en mer, et avait confié la vie de sa fille qu'il fallait de toute évidence reprendre à nombreux point, à Danyhel. N'en déplaise à la jeune fille ; n'en déplaise à ceux qui côtoyait la florentine de près ou de loin. Agacé par les agissement de la Fragile, Alzo lui avait indiqué ; « Nous parlerons, ce soir. A Aixe. » Il était temps. Temps de remettre en ordre, un bon nombre de point. Cependant, la colère devait passer en second plan ; il le savait, Vittorina était une tête forte, mais derrière les grands airs, la fragilité du cœur suivait au galop. A de simples mots, les Alzo pouvaient en venir à scandale. Ce qui n'était point le bienvenu en les terres du couple Zolenien.

Assit derrière le bureau, minérales ne décrochent de la porte ; la frappant de la froideur dont les billes étaient capables au-delà du charmant bleuté, elles attendaient l'entrée de la jeune femme. Mains jointent en une boule, l'index se joue de l'autre, faisant tourner encore et encore, la chevalière qui était l'honneur et le seul héritage encore palpable des siens. En était-elle seulement digne ? Ou bien plaçait-il nombres espoirs vains en le peuple d'Alzo ayant encore la tête sur les épaules ?

    Faites la entrer.

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    Merci JD Eldie ♥
Vittorina
Le dit soir était venu. L’heure du règlement avec.
Si elle avait un moment espéré que les affaires du domaine Zolen primeraient sur la discussion promise plus tôt dans la journée, à la façon dont le lys florentin se fit cueillir à peine les portes de la propriété passées lui gâchèrent tout espoir.
Sans un mot, on la guida vers la salle de travail où Danyhel avait pris l’habitude de s’enfermer, et l’invita à patienter juste devant la lourde porte. Un temps qui lui parut infiniment court pour tenter de se préparer à quelques défenses. Mais un temps qui lui fut suffisamment long pour se repasser le fil des événements qui la conduisirent là, sur le banc des accusés.

Qu’allait-il lui reprocher au juste ?
- En premier lieu sans doute, le murmure de l’étranger à son oreille. C’est cela qui mit le feu aux poudres de Vérone. Ne lui avait-il pas déjà donné l’occasion d’apprendre son point de vue à ce sujet ? Ne lui avait-il pas déjà fait clairement entendre que ce comportement que l’on prêtait facilement aux femme de moyenne vertu et à celles que l’on payait grassement ne devait en aucun cas lui être apparenté ? Si, deux fois si.
- Lui reprocherait-il ensuite son comportement en général ? La florentine n’était pas un caractère à proprement parler. Elle avait su se montrer courtoise, polie, bien sous tout rapport, tout ce qu’on attendait d’elle finalement, mais face à son propre sang, elle n’y parvenait pas. Chaque fois que l’occasion se présentait pour elle de se taire et de faire bonne figure, elle ne la saisissait pas et tentait bien malgré elle de provoquer une réaction. En cinq ans, il avait changé, et elle le lui avait reproché, encouragée par des restes de sens enivrés, grand mal lui en avait pris. Mais à son souvenir, elle avait quitté un Danyhel faisant montre d’un peu de sympathie à son égard, ce qu’elle n’avait pas retrouvé en arrivant à Limoges. Sans doute que de passer de simple cousine à peine éclose, à fardeau en plein épanouissement avait quelques peu changé la donne, qu'elle était devenue tracas aux dépens de tout le reste, mais elle ne l’acceptait pas. En manque d'un repère depuis la disparition du seul homme de sa vie, elle n'avait gagné en échange que l'autorité seule, et cela elle ne voulait l'accepter non plus.

Vittorina s’apprêtait à s’engager un peu plus dans sa réflexion quand la porte du bureau s’ouvrit pour présenter un domestique dont elle n'avait pas encore réussi à assimiler le nom. Elle aurait voulu le sonder sur l'état d'humeur de son cousin, mais il avait l’air grave des mauvais jours et le regard si bas qu’il aurait certainement pu y perdre un oeil ou les deux, et dans un silence entendu, lui laissa le passage pour aller affronter son juge. Etait-elle déjà condamnée ?
Une profonde inspiration, le menton relevé, Vittorina Alzo avait l’intention de se montrer digne. Mais digne ne signifiait point insensée. Et si l'expression mettre de l'eau dans son vin lui laissait un non goût au palais, c'est bien ce qu'elle comptait faire, car si elle portait en haute estime les religieuses, et rêvait bien souvent à retrouver Florence, elle n’avait aucun dessein à finir en couvent, et c’est là une promesse qui avait déjà brûlé les lèvres de l'héritier Alzo.

Porte fermée doucement par ses soins, la fiorentina se laissa encore une ou deux secondes dos à la tempête avant de faire face. Le front haut, mais le regard incliné, inutile de chercher à croiser le sien, qu’elle devinait braqué sur elle. Du plus beau des cieux naissait la foudre. Avait-elle seulement envie d'y lire colère et mépris ou pire encore ? Aurait-elle seulement le courage de le supporter ?
Les mains jointes l’une à l’autre sur le devant de sa robe de velours, dans un souci d’y canaliser toute la tension palpable, le reste de son corps ne transpirait d’aucune nervosité, et son visage avait reprit le reflet de la candeur, loin bien loin de l’insolence dont elle avait su faire preuve plutôt.

Oserez-vous juger un ange ?
Danyhel
Le ton avait été sec. Et il le resterait. Quand bien même il tentait de mettre un peu de douceur dans ce bleu limpide ;la flamme brûlante de rage ne s'était pas éteinte. Pulpe d'index presse la lippe supérieur alors que la silhouette féminine entre dans la pièce. Elle savait. Car elle n'était pas sotte. Et pourtant elle avait poussée le vice et les limites de la patience dont il était pourtant doté. L'allure était de ceux que rien ébranlait, si ce n'était lorsque la famille se voyait touchée d'un contre courant. Le silence est troublé par les pas furtifs de l'Alzo rejoignant l'ébène conforte l'idée que cette soirée marquera un tournant dans les prochains événements liants les cousins. Les minérales se posent sur le minois de porcelaine fragilisé par l'écho d'un mauvais moment à passer, constatant qu'à aucun moment, elle ne le regardait. Il hésitait entre hurler, ou contenir cette colère montante. Elle savait. Il le voyait. S'enfonçant dans le siège dans une longue inspiration, l'Alzo disperse dextre et senestre aux accoudoirs de celui-ci.

    Votre père, m'a demandé de prendre soin de vous. Chose que j'ai naturellement accepté. Vous êtes de mon sang, et je n'aurais pu me regarder dans quelconque reflet si je vous étiez encore tel une veuve au bord du port de Brest, livrée à vous même et votre chagrin. Je vous ai proposé un toit ; celui de mes suzerains. Arry et Eldearde Zolen. Comte, et Comtesse d'Aixe qui dans leur extrême bonté et leur bienveillante confiance en moi, vous on cédé une chambre en leur terre. Je, suis disposé à prendre soin de vous, pareil à une sœur. A veiller à vos intérêts. A vous placer auprès de la Marquise de Nemours, afin de n'en tirer que des avantages dans les plus hautes sphères de ce monde. Et vous. Vous agissez comme… Une enfant gâtée. Et je gage que vous l'eusse été. De part votre père, au moins. Car lui et moi n'avons jamais pensé de la même façon quant à l'avenir de notre famille. Vittorio est homme à croire que nous pouvons accéder à tout ce que notre coeur nous dicte. Et je pense, comme le pensait mon défunt père et notre cher oncle Benvolio, que notre tête est meilleure direction à suivre. Au milieu de cela, vous avez reçu l'éducation de la condition qui est la nôtre, mais point aussi poussée que la mienne, que celle de votre frère, ou de vos cousins.


L'agacement se fait ressentir au fur et à mesure que le flot de parole se disperse dans la pièce. L'Alzo quant à lui, fixe d'un effroyable regard de prédateur en mal de patience la jeune femme qui lui fait face, assise ou non.

    Le destin de notre famille est entre mes mains à présent. Autrement dit, très chère. Votre parcours se veut et se doit d'être observer. Vous parvenez à vous montrer courtoise, charmante, polie, agréable compagnie. C'est ce qu'il en ressort lorsque l'on vient à me parler de vous. Pourtant ce n'est point l'image que je reçois de vous, et pour tout vous dire Vittorina, seul ma raison m'empêche de vous secouer comme un vulgaire paria.

    Il y a quelque chose que vous devez comprendre. Plus vous agirez de façon insolante, hautaine et désagréable comme vous le faites ces derniers temps, à vouloir m'apprendre ce qui est convenant ou non, à vouloir me reprendre alors que… Pardonnez moi mais, il me semble ne pas avoir besoin de votre aide, et plus l'envie de vous envoyer entre les murs d'un couvent de Florence me prend aux trippes. J'ai démontré plus d'une fois à Vérone être un homme fiable, puisque l'humeur n'était pas changeante suivant les personnes qui se trouvaient en face moi. Vous, en revanche, agissez tel un enfant frappant du pied selon ses caprices. Que tentez vous de faire, en agissant de la sorte ? Vous souhaitez me tenir tête ? Est-ce, cela ? Car je vous le dis, vous n'y parviendrez pas. Et vous risquez très fortement d'avoir à faire, à une plus sombre colère que celle que je tente de contenir à votre égard. VOUS, n'êtes pas en mesure de me reprendre. VOUS, n'êtes pas en mesure de me faire passer pour un bourreau. VOUS…
    A cet instant, Danyhel se redressa, paumes de mains vivement appuyées sur le bureau à son devant. Vittorina Gloria Alzo allez retourner à votre place, et cesser de vouloir jouer à des jeux qui ne vous sied point. Vous n'êtes pas à la hauteur de la méprise des ces nobles Françoys, ni à la hauteur de vous en prendre à votre aîné, et tenez le pour dit : à votre chef de famille. Celui qui veillera à vous marier, à vous voir enfanter. Celui qui vous entretiendra jusqu'à épousailles.

    Du reste, que je n'ai pas à vous reprendre, sur quoi que ce soit. Ou séjour à Aixe se verra écourté. Il n'est pas question que ma propre cousine, tente de faire mauvaise figure, pouvant porter préjudice aux Comtes.

    Me suis-je bien fais comprendre ?

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    Merci JD Eldie ♥
Vittorina
« sous mon masque de fer
des larmes qui lacèrent
mes anciennes blessures * »



Souviens toi de ces jours d’été, allongée dans les hautes herbes, tu contemplais le ciel, rêveuse, et tu jouais à voir ce que Dieu dessinait à travers les nuages.

C’était sa parade pour supporter l’insupportable.
Digne, elle le laissa se vider de son fiel sans montrer, en premier lieu, aucun signe de faiblesse, sans broncher, gardant toujours une stature bien droite et fière malgré la dureté des mots qui n’avaient pour but que de lui faire courber l’échine. Elle n’était pas insensible à ce qu’elle entendait, c’était même un crève coeur que de se voir dépeindre de la sorte, de ne point s’y reconnaître mais de n’avoir aucun droit de rectification sur le portrait sans provoquer de nouveau l’ire de l’artiste.

Souviens toi les vignes de ton grand-père, les jardins fleuris de ton enfance, le sourire de ta mère, souviens toi les masques de Venise, porte le tien !

S’échapper en pensées, revenir à des moments doux, se raccrocher à autant de souvenirs qui savaient faire résonner en elle la paix que les ignominies entendues bousculaient avec acharnement. Là se trouvait son salut. Mais le discours était tenace, long, bien ciblé, la jeune femme avait de plus en plus de mal à laisser couler toutes les gronderies sans que cela ne l’atteigne, et un à un, les griefs forçaient les barrières de ses pensées.

Souviens toi .. souviens toi … souviens toi que c’est la volonté de ton père, Vittorina
Souviens toi de maudire ce jour où tu as pris la plume !


Les yeux toujours obstinément ancrés vers le bas, à s’accrocher sur les détails des tapis qui jonchaient le parterre, Vittorina en venait à craindre que celui-ci ne s’effondre sous elle, tant le poids des reproches l’écrasait. Il n’y avait guère que son propre procès qui se jouait ici à huis clos, l’accusation se portait tant sur ses agissements à elle que sur les erreurs de son père, mais elle était aujourd’hui seule responsable puisqu’elle, elle était là. Ses mains, désormais passées dans son dos, trahissaient tout le courroux dont il la gonflait. Ses doigts se crispaient et ses ongles s’enfonçaient dans sa chair, tandis que sa chevalière lui tenaillait l’auriculaire. Plusieurs fois, elle avait été prête à ouvrir la bouche pour se défendre, mais toujours elle s‘était ravisée.

Il n’a pas tort sur tout, adoucis toi, sois ce que l’on attend de toi, sois juste toi
Le cri de ta naissance valait le sien, tu n’es pas son pion ! Maudis le !
Tu le savais Vittorina, tu y as consenti, tel est ton devoir et celui de ta naissance, il ne cherche que ton bien.



Sa gorge se bombait au rythme d’un souffle nerveux, à l’intérieur, son coeur hurlait encouragé par autant de rancoeur. Elle était tiraillée entre son ombre qui lui chuchotait de se révolter, de nier point par point tout ce dont il l’accusait, de lui renvoyer en face ses propres vérités…. et sa raison qui l’implorait de garder le silence, de ne rien répondre, qui l’appelait à la prudence dont elle était pourtant dotée.Et puis la fin du supplice, enfin ! …
Oui elle avait bien compris qu’elle n’était rien, qu’il était tout. Oui, elle avait bien compris qu’il était en position de force et qu’elle n’était là qu’une agnelle prête à être sacrifiée sans aucun remord sur l’autel du devoir. Oui, elle avait bien compris tout ça et plus encore.


Dieu aura eu pour Contes la pitié qu’il n’aura pas eu pour toi !
Dieu n’est qu’amour pour toi, prie Vittorina, ne te laisse pas guider par la malfaisance
Oui prie Vittorina !! Prie sans la foy !! Et demande à le faire à Florence ! vous serez tous deux débarrassés l’un de l’autre !



- Ho capito bene, Signore** finit-elle par dire simplement, comme si elle pouvait vraiment répondre autre chose.

Au prix d’efforts surhumains, elle avait réussi à ne faire couler aucune larme qui pourtant menaçaient tant l’affront avait fait déborder la source. Elle était brisée, résignée. Tout en elle n’était plus que cendres et désolation. Tout en elle s’était éteint. Elle avait choisi. Faible, elle avait capitulé sans vraiment mener bataille, si ce n’est contre elle-même.


c’est la colère de la honte, repens-toi et reprends-toi
c’est la colère de l’injustice
Pleurer te fera du bien et te libèrera
Oui pleure ! Mais pas tout de suite, ne lui fais pas ce plaisir


Touchée, coulée. Try again ?


* Mélissa Mars
** J'ai bien compris, Messire
Danyhel
Paumes contre le bureau, Alzo tente de souffler le calme à la colère montée en puissance. Il savait, que la vie des jeunes femmes n'était pas de tout repos. Que leur guerre était plus grande encore que bien des batailles sanglantes. Il savait, que Vittorina n'échappait point à la faille. Il savait, qu'il devait faire preuve de clémence envers elle. Et pourtant, ces derniers jours n'avaient été que gâchis incessant. Lui, tentait de repousser le loup solitaire qui grondait depuis tant d'années ; il se savait inconfortable à la vue de sentiments, ou d'affection que le monde possédait pourtant. Et si Maddalena avait été présente, elle aurait bien détourné son fils du regard si dur qu'il posait sur cette cousine, aussi femme qu'il était homme. Minérales gardent l'emprunte d'un brasier, alors qu'un soupire finit par échapper du contrôle masculin.

    Que vous soyez courtoise, est une bonne chose. Que vous soyez pétillante, l'est tout autant. Comprenez vous seulement ce qu'implique le fait d'être parfois trop, ouverte au monde ? Avez-vous déjà vu une Comtesse par exemple, prendre un casse croûte avec le premier inconnu venu, parce qu'ils auront bien échangé la journée durant ? Voyez-vous, de faite, prenons quelque chose de plus parlant, votre cousine, son Altesse Royale ! Échanger des chuchotis ; se laisser guider par des hommes dont leurs avis ne sont pas les bienvenus ? Comportez vous en femme dont les barrières ne sont pas susceptibles d'êtres franchis par n'importe qui. Et ces barrières, mettez les également à votre façon de vous comportez à votre égard. Si j'interviens, c'est que cela est nécessaire. Point pour vous, comment m'a t-on dit déjà… Ah oui, pour vous couvrir de honte. La honte, vous revient si vous trouvez le moyen de contredire la mise au point qui vous est dût. Vous une Alzo, par Dieu ! Nous sommes ici en France, et nous sommes entouré, dois-je vous le rappeler, d'Altesse Royale, de Marquise, de Comtesse, et leur égal masculins. Pas dans la ferme du coin.

    J'écrirais à la Marquise, sous peu. Nous allons devoir la visiter. Rapidement.


Le regard se pose sur Vitorina, donc les billes ne rencontraient jamais les siennes.

    Comment imaginiez vous votre vie ici, Vittorina ?


Et si la question était étrange, elle n'en était pas moins réelle.
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    Merci JD Eldie ♥
Vittorina
Tout en elle s’était tu. Plus rien ne résonnait en son for intérieur, ni sa raison, ni sa déraison.
Si l’aveu de capitulation de la florentine n’avait pour autant pas signé sa sortie de scène comme elle l’aurait souhaité, il lui permit au moins de se défaire de toute la tension coléreuse qui s’était emparée d’elle, de dissiper toutes les contractions auxquelles elle s’était accrochée pour faire face à la douleur. Toute sa souffrance s’évapora pour ne finalement laisser place qu’à un sentiment d’immense épuisement, une profonde lassitude tout aussi bien physique que psychique, et quelques écorchures vives dans le creux de ses mains.
Il lui restait encore à écouter, mais les propos si elle les entendait, ne semblaient plus l’atteindre outre mesure. Ils glissaient comme tombe la pluie sur une coque imperméable. Seuls quelques mots réussirent tout de même à trouver le chemin pour s’ancrer en son esprit. La suggestion de barrière se mua alors en volonté de remparts qu’elle devrait construire un à un. Entre elle et les autres. Tous les autres.
Il aura suffi d’un voyage, d’une traversée, seule pour mettre à mal une partie de ce qu’on lui avait inculqué toutes ces années durant. Peut-être que le séjour chez la marquise bourguignonne lui ferait du bien et lui rappellerait ce à quoi on s’attend de sa part. Ou peut-être pas. Elle venait à douter à présent. Sa nature profonde était-elle a l’opposé de son devoir ?


Comment imaginiez vous votre vie ici, Vittorina ?

La question la surprit tellement que l’italienne en oublia de se forcer à l’ignorer et leva ses pupilles pour confronter enfin les minérales. Impossible de savoir comment elle devait l’interpréter mais elle sonnait si vraie, pouvait-elle se permettre d’y répondre en toute franchise ?
Ses paupières lourdes se fermèrent quelques secondes pour replonger dans ses souvenirs récents.
Qu’avait-elle sincèrement imaginé ?
Au départ rien de plus que ce que sa condition ne lui permettait, un cadre clair, un devoir simple, et un avenir tracé, et cela lui convenait. Puis au fur et à mesure de son périple, de villages en villages, et au fil des rencontres, elle avait rêvé une vie bien plus simple, en dehors de toute pression, faites de petits plaisirs, et d’instants de bonheur innocent. Etait-ce si mal ?
Séparée du reste de sa famille, de tous ses amis restés en Italie, elle s’était aussi imaginé retrouver un appui solide en la personne de son cousin, une béquille, un soutien, mais n’avait finalement trouver que le bâton qui la brisa.
Le silence n’était pas la réponse attendue, Vittorina le savait, alors du bout des lèvres, elle laissa fuiter ses mots dans une langueur monotone d’où ne ressortait aucun ressentiment, mais juste un triste constat, passant tout de même sous silence, ses envies de contradictions
.

Je ne sais ce que je m’imaginais de ma vie ici, en revanche, je sais ce que je ne m’imaginais pas.
Je sais vos douleurs, je savais vos humeurs, je n’ai rrien oublié de ce qui vous hante, mais …
Silence.
Je suis arrivée ici, seule, abandonnée de mon père, de mon frère. Mes amis, ceux que je considère comme faisant partie intégrante de moi, sont loin, là-bas en Italie, je ne me plains de rien, ou du moins j’espère ne pas donner cette impression, mais je ne pensais pas devoir en plus me confronter à un mur de glace.
Si l’envie vous a pris de m’envoyer en couvent, demandez moi combien de fois me suis-je rretenue de vous prier de me renvoyer en Toscane, vous laissant le nom de cette famille à vous seul. Mais vous ne voyez rien, n’entendez rien, si ce n’est le bruit de mes erreurs, car pour cela vous êtes attentif. En cela, feu notre oncle vous aura bien guidé. Vous lui ressemblez bien plus que lui-même.


Sur ces derniers mots, Vittorina sentit sa voix dérailler brusquement et s’interdit de continuer plus. De toutes façons, elle en avait déjà dit assez. Sûrement trop même. Perdue pour perdue, autant s'alléger de tout ce qui lui pesait si lourd depuis des jours. Et maintenant, elle était prête à assumer la sentence.
Danyhel

    Et comment pourrais-je ?


La question avait fusée à peine Vittorina avait-elle cessée de parler. Il avait entendu, il avait attendu. Les billes clairs n'avaient quant à elles, point lâché du regard la principale intéressée du moment car, s'il était dur, s'il était froid, personne ne pourrait l'en changer. Il avait été façonné ainsi, depuis sa plus mauvaise enfance. Les pertes à fracas avaient construit non plus un, mais bien plusieurs murs protecteur au coeur en pleine reconstruction. Il se savait également attentif aux erreurs, car ce sont bien souvent cela que les malotrus retiennent d'une personnalité ; a t-elle bien agis ? Que dit-on d'elle ? Il se refusait à tout cela. Car elle était Alzo, et du plus profond de l'Italie, dans la rue où la maisonnée Alzonienne se dressait encore, on ne se permettait jamais de contredire cette famille.

    Je suis tout disposé à vous écouter, Vittorina. Si seulement vous ne vous braquiez pas en ma présence. Pensez-vous que je n'ai point vu ? A chaque entrée, vous devenez plus sombre. Et si ma personne vous semble de glace, il en a toujours été ainsi, et cela, vous ne pourrez le changer. Je connais bien mes tords, mais acceptez le fait, que c'est un fardeau que de porter à bout de bras, une famille désunie depuis des années. Vous, comme moi, êtes la seule famille encore debout, ou tout du moins, manifeste. Je ne vois rien, car vous ne voulez rien me montrer. Je n'entends rien, car vous ne me laissez rien entendre. Rien de moins que des contrariétés. Est-ce, trop vous demander que de comprendre que certaines personnes agissent ainsi, car ils sont ce qu'ils font ? Que d'autres répondent d'une façon, car c'est là, leur phrasés ? Vous ne laissez rien paraître, si ce n'est à des inconnus qui se permettent par la suite, de me jeter la pierre à nos discutions. Je ne suis pas votre ennemi, contrairement à ce que vous pouvez penser Vittorina. Le temps nous a changé, tout deux et fort heureusement ! Nous ne pouvons plus manger en secret dans la cuisine à l'abris du regard de Lucia, ni même faire pester Signore Antonio. Nous sommes adultes, et sous le poids bien faible de notre nom ici, en France, nous devons nous construire. Et ce fait, de ne plus êtres les jeunes gens de Vérone ou de Florence devrait nous offrir la possibilité de nous écouter. Là, vous l'avez fait, comme je le fais. Mais du reste, de notre vie de tout les jours. Je suis votre cousin, celui qui vous avait offert ce jeune chiot à vos huit ans, puis qui avait prit votre défense lorsque vous étiez souffrante à quelques repas dominicaux.

    Si vous ne me confiez pas, Vittorina, je ne puis deviner vos maux, vos pensées, vos joies ou même vos peines.

_________________


    Merci JD Eldie ♥
Vittorina
« Mon coeur susurrE
Mon âme murmurE
Sous mon armurE
Je me fissurE » *






Il pleuvait.
Si elle devait être parfaitement honnête, si en cet instant bien précis le Très Haut lui-même ordonnait sa confession sans tour ni détour, combien de fois s’était-elle mise à sa place ? Jamais. La réponse ne s’offrait ni une ni cinquante nuance de gris, ne trempait dans aucun mélange suspect de gris clair et gris foncé, c’était tranché. Avait-elle au moins déjà essayé de lui servir autre chose qu’une soupe à la grimaces ou des paroles lissées, se cachant derrière des formulations toutes faites et des regards esquivés ? Une fois, peut-être deux, puis comme lui, en réponse au marbre, elle s’était fermée, sans scrupule aucun à user de son masque figé, faussé. Se pouvait-il que les torts soient partagés ?
Quel gâchis.

Il pleuvait.
Esprit confus et embrouillé pour corps comme anesthésié. L’italienne ne s’était même pas sentie choir sur la chaise qui faisait face au large bureau derrière lequel Danyhel soufflait le chaud comme le froid. Les mots l’avaient d’abord brisée au point de l’insensibiliser, puis les noms venus des ruines de son passé semblaient vouloir souffler sur une braise cachée sous la cendre. Et des images doucement lui revenaient en souvenirs tendres. Les grandes confidences sur des ambitions démesurées, les discussions mouvementées autour d’oeuvres dont ils voulaient juger la beauté, les jeux de cartes pour tromper les soirées d’ennui et tuer l’insomnie. Et puis Neve**, ce bichon bolonais qui lui avait léché les joues et le bout du nez à peine fut il déposé dans ses bras. Ils s’étaient adoptés l’un l’autre au premier instant, et Vittorina n’avait pas hésité longtemps avant de lui trouver un nom inspiré de son poil immaculé.
Danyhel n’était pas son ennemi non, mais pourquoi les deux images de lui avait-elles tant de mal à se superposer ? Etait-ce une main tendue ou juste le jeu d’une raison perdue, le fruit d’une réflexion tordue ?
Quel gâchis.


    Mi dispiace... **


Elle était désolée oui. Désolée de décevoir ses attentes. Désolée de l’ambiance détestable dont elle était sans doute responsable. Désolée d’être faible. Désolée de n’être qu’elle, avec tout ce qu’elle pouvait offrir, le meilleur comme le pire.

    Vous devez avoir raison sur beaucoup de choses, et j’en suis navrée. Si je vous ai offensé, sachez que ce n’était pas l’effet désiré. Je vous ai en haute estime et … je suis désolée. Mon parler aura largement surpassé mes pensées, et j’en suis désolée.

Oui, il pleuvait désormais.
Bien qu’à l’abri des éléments dans cette bâtisse cossue, l’Alzo savait qu’au dehors il pleuvait.
Les carreaux étaient pourtant propres, tâchés d’aucune cloque d’eau. Mais elle en était persuadée, il pleuvait.
Sans doute une petite fuite venue du toit. Il faudrait qu’elle le lui dise, car en l’absence des Comtes, il avait la responsabilité de tous les tracas. La florentine devait manquer de beaucoup de chance pour se retrouver pile en dessous, pour que cela vint lui mouiller la joue. Mais il pleuvait, elle en était convaincue, cela ne pouvait être rien d’autre.

Une envie de toile blanche à barbouiller d’autres couleurs, que celles du gris, du noir et de la rancoeur.



* Mélissa Mars.
** neve = neige
** Mi dispiace = je suis désolée
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