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[RP] EGLISE d'AGEN : St Jean le Pauvre

Eloin
Quelques heures après le passage de Gabrien, l'église de Saint-Jean le pauvre reçu une nouvelle visite.
Tout juste revenue des joyeuses festivités des royales épousailles de Sa Majesté, puys du couronnement d'icelle, la cistercienne pourprée était venue s'installer à Agen. Enfin, elle avait acquis ce précieux statut de pasteur de la Foy récemment instauré comme condition indispensable par Sa Sainteté pour devenir évesque, après s'estre arrangé avec le prieur de Sainte-Illinda pour en gérer l'abbaye quelques temps. L'effort avait payé, et elle avait pu remplacer Sa Sainteté au diocèse agenais. Elle avait donc arrêté sa monture au pied de l'église, tandis que le fidèle Gabriel allait inspecter la maison de l'évesque en vue de préparer son arrivée. L'endroit était beaucoup plus petit que le palais archiépiscopal de Bordeaux, mais elle s'en satisferait très bien, elle avait bien vécu des années dans le petit presbytère de Montmirail, qui n'était en fait qu'une seule pièce séparée en deux par un rideau accroché aux poutres du plafond !

La porte de l'église poussée, faisant ainsi entrer un rayon de l'éclatant soleil de cette belle mais froide journée, l'abbesse gagna l'autel de son pas lent mais assuré par la canne qu'elle ne quittait plus depuys longtemps, et fit le tour du choeur. Une grimaçe luy échappa lorsqu'elle constata que la poussière avait envahi le lieu, mais elle n'en fut guère étonnée. Un bon coup de chiffon sur les statues et un bon balayage du sol aurait tôt fait de redonner un bel aspect à l'intérieur du lieu saint.

D'un air songeur, Eloin laissa sa main libre courir sur la pierre dure et froide de l'autel, des images luy revenant en mémoyre, autant de souvenirs qu'elle laissa, pour une foys, prendre le dessus sur sa raison. Et de murmurer quelques mots que seuls, luy et le Très-Haut entendraient.


Tu vois, mon cher Thibauld_, j'ai tenu promesse, Agen n'est point abandonnée...
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Illustrations Religieuses
Eloin


Vas sonner les cloches, Gabriel, je te prie. N'hésites point à tirer bien fort sur la corde, que tout le pays agenais nous entende !

Avec un grand sourire, le jeune Gabriel, acolyte de l'abbesse depuys plusieurs années, s'élança vers le clocher pour s'acquitter de sa mission. Un moment plus tard, le mélodieux carillon de l'église de Saint-Jean le Pauvre brisait le silence de l'édifice.

Eloin gagna la sacristie pour revêtir l'habit de cérémonie, puys vérifia que tout était prêt : l'eau bénite dans la vasque à l'entrée de l'église, le livre des vertus sur le lutrin, le pain et le vin pour la communion sur l'autel, les cierges sur les bougeoirs et les braseros allumés pour réchauffer un tant soit peu l'intérieur.

Une foys que tout fut mis en place, le nouvel évesque alla ouvrir en grand les portes de l'église, et se posta sur le parvis afin d'accueillir les fidèles.

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Illustrations Religieuses
Isaure.beaumont
- Allons à la messe Pierre, voulez-vous ?

La question, qui n’en était pas une, sonnait plus comme une injonction qu’une invitation. Elle ne le priait pas de venir, elle lui imposait. Cela faisait d’ailleurs partie des nombreuses règles qu’elle lui avait imposées, quelques jours après la conclusion baveuse de leur contrat oral.

En véritable matriarche, la Beaumont inspecta sa petite troupe sur le départ, s’assurant de l’ordre de leur mise et de la propreté de leurs ongles. On ne plaisantait pas avec le Très-Haut, et encore moins avec ses fidèles qui épieraient le moindre de leurs gestes. Aussi chacun se devait d’être présentable et discipliné. D’une main ferme mais sans aucune rudesse, elle vint frotter la commissure des lèvres du jeune Arnoul, replacer une mèche rebelle de Caia. Elle se tourna ensuite vers Pierre et s’autorisa à réajuster le col de ce dernier.


- Bien, allons-y !

Elle s’empara des deux mains enfantines, traçant inexorablement leur route vers l’église. Le son des cloches, appelant les fidèles à la messe, les accueillit. En quelques foulées supplémentaires, ils avaient passé les portes de l’église et libérant les enfants de son emprise, elle vint plonger une main dans l’eau bénite pour se signer puis fit signe aux deux enfants et à Pierre de l’imiter. La joyeuse petite troupe rejoignit bientôt les premiers rangs pour s’y installer : Caia à sa gauche, Arnoul à sa droite et Pierre à côté du jeune garçon.


- Restez debout jusqu’à ce qu’on nous invite à nous asseoir. Et je veux vous entendre chanter, tous. Vous faites partie du tous, Pierre, bien évidemment.

Elle fronça un instant les sourcils.

- Enfin, sans les paroles… pour vous, bien entendu. Mais vous savez fredonner, alors vous fredonnerez !
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Eloin
Elle avait attendu un long moment, plus longtemps que d'ordinaire, pour voir arriver quelques vieilles bigotes penchées sur leurs cannes, et une noble famille. Pour une première messe après des semaines de silence dans l'église paroissiale, ce n'était point si mal, décida l'abbesse, avant de refermer les portes et de gagner l'autel, derrière lequel elle se plaça. Elle étendit les mains en signe d'accueil, puys entama l'office.

Lo bonjorn à tous et toutes. Je me nomme Eloin Bellecour, Cardinal-Evêque d'Agen & Rectrice de l'ordre cistercien, entre autres charges religieuses.

Je vous souhaite la bienvenue en l'église de Saint-Jean le Pauvre, pour cette première messe qui, je l'espère, signera le renouveau de la spiritualité dans ce diocèse.

Et pour bien commencer cette nouvelle ère, je vous invite à réciter avec moy la prière du pardon.



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Illustrations Religieuses
Pierre...
Et deux pas derrière la dévotion incarnée, le grand muet traînait sa longue carcasse, débordant d'un entrain des plus inexistant. De toutes les clauses du contrat, celle d'assister à la messe était bien la plus gonflante, et de loin. Plus que celle de ne pas picoler, qu'il contournait de toute manière avec la bénédiction de la princesse (avait-il droit à trois ou cinq verres ? Il ne s'en souvenait plus, et les dépassait avec largesse quand l'envie lui prenait). Plus que celle de ne pas se vider les bourses au bordel, qu'il comptait également ignorer dès qu'Isaure tenterait de se blanchir la peau à la sève de pavot et serait bien trop pétée pour s'apercevoir de son absence. Mais la messe... La messe !

Le taiseux s'attendait presque à prendre feu en passant les portes de l'église et, voyant que rien n'arrivait, songea que la combustion divine aurait été un meilleur sort – plus rapide en tout cas – que celui qui l'attendait. Mourir d'ennui était long, et presque douloureux physiquement. Au moins autant que le petit orteil contre le pied d'un table.

Pierre esquissa un geste agacé pour se débarrasser de la Beaumont qui triturait son col comme s'il n'était qu'un môme de plus dans sa ménagerie, alors qu'il la dépassait lui-même de plus d'une tête. Il se signa de mauvaise grâce, se demandant en fronçant les sourcils combien de doigts dans le nez étaient allés se rincer dans la flotte bénite.


… Vous faites partie du tous, Pierre, bien évidemment. Enfin, sans les paroles… pour vous, bien entendu. Mais vous savez fredonner, alors vous fredonnerez !

Le muet leva les yeux au ciel, comme en quête de la réponse à la question divine. Isaure comprendrait-elle un jour ?

Alors que commençait l'office, le garde du corps se fendit d'un bâillement, et lorgna la vieille peau qui lançait les festivités comme si tout était de sa faute. Pourquoi avait-il fallu qu'elle ne fasse pas comme les autres curés, glandouiller derrière l'autel, la panse pleine de vin de messe ?



14/03/1466 19:53 : Votre présence à la messe n'a pas fait bouger votre foi d'un iota. Sans doute votre acédie carabinée qui vous empêche de cheminer sur le chemin de Dieu...

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Avatar : AaronGriffinArt
Hazell
La gamine roulait souvent une épaule, ou l'autre, ou les deux. Les coutures près du corps de la petite robe qu'Isaure lui avait faite faire était peu habituelles pour Caia, voire même pas du tout, elle qui était plus habituée aux habits plus pratiques et moins serrés. Et la blondine en sentit une gêne qui la grattait à quelques endroits. Pour autant, elle n'avait pas fait d'histoires lors de l'habillage et retenait ses plaintes, heureuse de ressembler ainsi un peu à la Beaumont et à Agnès, et puis surtout, par expérience, elle était pleinement consciente du danger que pouvait représenter une contestation auprès de la brune : si Caia lui pointait sa taille avec une moue plaintive pour lui indiquer que ça lui serrait trop, Isaure le comprenait, les yeux brillants et avec un sourire de joie désarmant, qu'elle voulait qu'on lui rajoute des ceintures et des noeuds et des boucles et des froufrous et la serrer encore plus, tout en la félicitant pour cette idée qu'elle n'avait pas eue. Il valait donc mieux ne rien dire et ne rien risquer d'aggraver.

Il en fut de même pour le bain, et la séance de brossage des noeuds dans ses cheveux peu soignés, que la gamine subit en silence sans rien laisser paraître malgré le grand inconfort, fort de ses nombreuses maltraitances passées qui étaient tout de même pires que cela. Et puis, Caia avait été anesthésiée par les promesses d'Isaure lui disant qu'elle sentirait le jasmin comme elle. Elle n'y croyait pas vraiment, comment pourrait-elle sentir aussi bon que la Beaumont ? Et pourtant, quelque part dans son coeur de huit ans, sans qu'elle le comprenne pourquoi, elle avait envie de connaître la réaction d'Arnoul, en la voyant, suite à cette préparation cauchemardesque. Alors elle était restée sage.
Pour cette fois.

Caia avait agité la main, lorsqu'Isaure la lui avait prise, jusqu'à ce qu'elle lui échappe, pour agripper sa manche entre ses petits doigts, comme elle préférait. Le ton avait été sans réplique lorsque la brune leur avait signifiés qu'ils allaient à la messe -bien qu'elle ne savait pas ce que ça signifiait vraiment-.
Chemin faisant, son regard avait tendance à regarder vers le sol, car elle se demandait, un peu perturbée, comment elle arrivait à marcher sans voir ses jambes, cachées sous le tissu de la robe. Elle ne voyait pas ses pas se faire, et pourtant elle avançait, apercevant seulement de temps en temps un bout de chausses qui disparaissait aussitôt.

Et la muette se rendit compte de l'entrée à l'intérieur de manière assez brutale.
Le changement de température, d'abord, les bruits assourdis, résonnants, ensuite, l'odeur aussi, de l'encens, de la pierre humide, de la cire. L'ombre dans lequel ils s'étaient enfoncés, tout de suite émaillée par des explosions de lumières discrètes. Caia ouvrait grand les yeux en tournant son regard partout, impressionnée, terrifiée, émerveillée. Les vitraux étaient des brasiers immobiles de mille couleurs, les colonnes plongeaient vertigineusement tout là-haut si loin pour se joindre, les lueurs des cierges formaient des constellations dorées et floues. Il y avait tant de détails dans la pierre, partout. Il y avait une présence invisible et imposante qu'elle ne saurait définir. Subjuguée, elle ne comprit pas lorsqu'ils s'arrêtèrent devant le bénitier et qu'Isaure lui demanda de faire comme elle. N'ayant rien vu, elle fit ce qui lui sembla le plus logique à faire : elle plongea la main dans l'eau et en but une gorgée.

Caia fut un peu déçue de ne pas être à côté d'Arnoul pour jouer avec lui, alors qu'ils prenaient place parmi les premières rangées, séparés qu'ils étaient par Isaure. Elle écoutait à peine la voix d'Eloin résonner partout autour d'eux, comme si elle n'était pas que devant, mais aussi à côté et derrière, son regard continuant à se perdre ici et là dans ce lieu qu'elle ne comprenait pas, bien que des impressions familières commençaient à ressurgir, des images distordues, des réflexes abîmés. La muette resta lèvres closes, regardant Pierre pour voir comment on faisait pour fredonner lors de la première prière. Et finit par bâiller comme lui, pour faire pareil.

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Arnoul.
Si la préparation de Caia pour la messe avait été une véritable épreuve à traverser, celle d'Arnoul l'avait peut-être été également, mais pas exactement pour les mêmes personnes. En effet, il avait d'abord refusé de laisser sa cape à la maison, ainsi que Martin, avait cédé, au bout de longues, longues minutes d'argumentaire à coup de "Non, je ne veux pas. - Si, tu veux !", à l'idée d'abandonner Tinta-Martin-Tamarre le temps que durerait la cérémonie, et avait voulu s'échapper pour ne pas avoir à subir une nouvelle messe, se heurtant toujours à la silhouette massive de Pierre, qui n'avait certainement même pas eu le temps de l'apercevoir tant chaque fois, il se résignait un peu plus tôt. Si la pertinence de la présence du "garde du corps" pour repousser les méchants aux salamandres n'avait pas pu être prouvée, on pouvait au moins affirmer qu'il avait fait avorter une petite demi-douzaine de tentatives de fugue.

Il faut dire qu'Arnoul n'avait pas, comme Caia, la chance de ne pas savoir à quoi s'attendre. Papa adoré s'était chargé, avant Isaure, d'entamer l'éducation religieuse de son petit bâtard, histoire que, malgré son refus catégorique de se livrer aux us et coutumes ridicules tels que la révérence avant de s'asseoir - a-t-on idée d'inventer pareille sornette, et à quoi cela peut-il servir, à part à donner une raison aux parents de frapper leur progéniture à coup de chope ? -, il ne finisse pas en Enfer lunaire. Et ainsi, le garçonnet s'était retrouvé en Enfer terrestre : la messe. Le cauchemar des enfants. Un moment, très long, très immobile, où se lever est interdit, où parler est interdit, où se tortiller est interdit, où sortir est interdit. Un avant-goût de la prison, avec les regards noirs de l'adulte accompagnant quand, pour tuer le temps, le petit pied venait s'écraser à intervalles réguliers sur le bois du banc d'en face, tandis que les grands yeux observaient la mémé qui accusait les secousses, tentant de deviner à quel moment elle allait se retourner pour maudire des sourcils le parent irresponsable qui ne savait décidément pas tenir son gosse.

A cet instant toujours, le gosse était tenu. Par la main. Et mené, presque traîné, jusqu'à l'édifice qui allait tous les tenir prisonniers pendant ces si longues minutes. Arnoul n'y aimait rien, ni les vitraux trop colorés, ni les murs trop sombres, ni les tableaux trop effrayants, ni les voûtes trop bavardes, ni l'eau trop froide qu'il fallait pourtant se mettre dessus - pratique qui faisait partie des plus grandes aberrations de la vie, avec les devoirs, les interdictions de sortie, les tavernes sans brioche et la pluie -. Et pourtant, pourtant, la mine était moins butée qu'à l'habitude, et il ne prenait pas cet air de martyr qu'il aimait à afficher quand on le contraignait à tâche qu'il rebutait. Et la raison à ce changement se trouvait à deux pas de côté de lui, et marchait le nez planté au sol. Parce que c'était bien la première fois qu'il allait à l'église avec Caia, et cette simple présence ouvrait des milliers de possibilités de distraction. Il était sûr qu'elle n'y était jamais entrée ; et alors, il pourrait lui faire découvrir lui-même tout ce que renfermaient les grands murs de pierre, et ils s'inventeraient des fantômes et autres créatures fantasques certainement cachées dans chacun des recoins sombres du bâtiment. C'est porté par cette idée qu'il se laissa emmener jusqu'à l'intérieur, où évidemment, il faisait froid, où évidemment, il faisait noir, où évidemment, il fallait baisser le ton. Sitôt sa main lâchée, il s'approcha, presque inconsciemment, de Caia, et observa Isaure s'asperger. Quand la fillette alla à son tour à l'eau bénite, pour en avaler une gorgée, Arnoul fronça le nez, et lui glissa :

C'est pas comme ça que il faut faire.

Mais, ceci corrigé, il se garda bien de lui montrer l'exemple, et préféra passer outre l'obligation, se contentant de suivre sa « noble famille » jusqu'aux bancs de bois qui n'avaient rien de confortable, où tous ses plans tombèrent à l'eau quand il se retrouva, pour son plus grand malheur, coincé entre Isaure et Pierre. Et en plus de ça, il leur était interdit encore de s'asseoir. Décidément, cette messe commençait très, très mal. Tout le temps que dura l'introduction, il resta planté, immobile, les yeux en colère fixant le sol devant lui, muet lui aussi, excepté pour quelques commentaires marmonnés de temps à autre :


Moi je suis pas ton ami, moi.

Moi je l'aime pas pêcher. Le poisson, ça pue.

Je sais même pas c'est quoi la réssimion et l'asbolution !


Et de conclure sur un gros, gros soupir.
Combien de temps avant qu'il ne craque ? Les paris sont ouverts !

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Eloin
Je vais vous lire une partie de l'Hagiographie de Sainte Guilberte de Walburghe, dicte la Moche. Poursuivit la moniale en faisant quelques pas pour rejoindre le lutrin où trônait le Livre des Vertus, après avoir fait signe aux fidèles de s'asseoir.

    Guilberte était une jeune femme incroyablement laide. Le peuple ignorant vit dans ce état l'intervention du Sans Nom, tant elle n'était point le reflet de sa mère ou de son père. D'ailleurs, sa laideur était telle, qu'on la parquait dans une tour du château familial.

    Mais la jeunesse de Guilberte la poussait à l'aventure, à la découverte et aux amours. Elle tenta, par maintes fois, de s'échapper de sa tour, mais chaque fois elle fut ramenée manu militari chez ses parents. Sa frustration Guilberte la comblait par la lecture du Livre des Vertus, de la Vita de Christos et de celle d'Aristote. Tant et si bien qu'à la parfin, elle devint érudite en la chose religieuse, et ses parents, bien embêtés d'avoir une fille si laide qu'ils ne pouvaient la marier, songèrent à l'offrir à l'Eglise en tant que religieuse.

    Mais survint un événement qui bouleversa la vie de la région d'Evreux. La peste, noire et mauvaise, frappa les habitants. Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés. Et chaque jour apportait son lot de morts et de désolation. Des familles entières qui périssaient du jour au lendemain. En moins d'une semaine, la ville avait fermé ses portes, s'était coupée du monde et vivait dans la peur. Guilberte vit ainsi son père dépérir et sa mère le suivre. Peu à peu, le château se vida de ses servants. La jeune femme priait toute la journée, implorant la clémence du Très Haut. La tristesse lui brûlait le coeur, la colère aussi, car elle ignorait pourquoi le Très Haut agissait ainsi, avec tant de fureur contre ses enfants.

    Mais la foi est un long chemin, qu'il faut parcourir pieds nus, parfois sur des cailloux coupants. Guilberte le savait et elle savait aussi que le doute était un des passages vers une Foi plus grande. Dans sa tristesse et sa colère, elle puisa la force pour aimer le Très Haut à nouveau. Il lui fallut du temps, mais qu'est ce que le temps pour une œuvre telle ? Que sont les jours et les mois, si on cherche à atteindre la grâce ?

    Un matin, convaincue de ne point être détestée par le Très Haut et que la peste n'était point de Sa main, mais bien une épidémie inhérente aux choses de l'époque. Guilberte se vêtit alors pauvrement, quitta ses chausses (laissant apparaître son pied étrange, car elle en possédait un avec un sixième doigt de pied) et se rendit dans la ville, pour enterrer les morts et apaiser les mourants.

    La ville semblait vide, mais derrière chaque volet, on pouvait entendre un souffle, ou apercevoir un regard apeuré. Inlassablement, la jeune Guilberte de Walburghe, portant un voile sur son visage pour se protéger de l'odeur, traînait seule les morts et les enterrait. Jours après jours. Sans jamais tomber malade. Sans jamais ne faiblir. Et priant en pleine rue, chaque jour.

    Alors, la rumeur se répandit: une jeune femme combattait seule la peste. La fille du seigneur, qui de ses frêles bras assistait les mourants et apaisait leurs âmes. Très vite, chacun souhaita la voir, la toucher, prier avec elle. Et ils se jetaient à ses pieds si étranges pour les embrasser et les baiser. Inlassable, imperturbable, Guilberte, poursuivait son œuvre. Et ceux qui avaient eut la chance de toucher ses pieds, ceux-là étaient sauvés. La peste les ignorait.


Eloin referma le livre, posa son regard sur la petite assemblée, et déclama le sermon.

Guilberte était fort moche, et cela luy causa beaucoup de tord dans sa jeunesse, car, par simple ignorance, elle fut repoussée par le peuple et par ses parents, mesme si ceux-ci l'aimaient.

Mais le dessein du Très-Haut est impénétrable, et ce que tout le monde voyait comme une tare, Dieu en fit un élément de guérison, en accordant à Guilberte Sa Grace.

Ce texte nous enseigne qu'il ne faut point juger l'autre sur son apparence, mais apprendre à le connaître, car il se peut qu'il ait en luy des qualités insoupçonnées !


La moniale retourna alors derrière l'autel, et entama le Credo qu'elle espérait bien voir repris en chœur par les paroissiens.


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Illustrations Religieuses
Eloin
Après le Credo, venait logiquement le rite du partage. Alors, l'abbesse fit signe à Gabriel d'apporter le nécessaire depuys la sacristie. Il y avait là un bon pain aux graines acheté à l'un des boulangers de la ville, et une pleine cruche de vin de bordeaux. D'ordinaire, elle servait de la bière de Sainte-Illinda, mais hélas, depuys un bon moys, l'atelier de brassage était à l'arrêt, il avait fait trop froid pour pouvoir brasser et le redémarrage des cuves prendrait du temps...

Eloin invita tous ceux qui le souhaitent à se faire servir un morceau de pain et une timbale de vin.




Mercè à vous tous d'estre venus à cette messe. La prochaine aura lieu en la cathédrale de Bordeaux, pour la célébration de Pâques.

En attendant, n'oubliez point de voter aux élections municipales et paroissiales !

Allez en paix !

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Illustrations Religieuses
Ombeline33
La belle Ombeline pousse la lourde porte de l'église.
Elle cherche du regard le curé Manu_rcs.


Messire le curé Manu_rcs, vous êtes là ?!

Ne le trouvant pas, elle s'assoie sur un banc de l'église. Elle écrit une lettre pour le curé, puis va la déposer dans la boite aux lettres.

Citation:
À Manu_rcs Date d'envoi Le 09 Mai 1466 à 21h34
Objet demande pour se marier Expire le 10 Juin 2018

bonsoir messire le curé Manu_rcs,

Cela fait presqu'un mois que je vous ai dit que Max_im_us et moi souhaitons nous marier. Nous attendons votre réponse pour que vous puissiez nous marier dans votre église.

Cordialement.
Ombeline


Bon, j'espère qu'il va me répondre ce coup-ci.

La belle Ombeline retourne s'asseoir sur un banc pour regarder les vitraux. Le lieu est apaisant et semble bien calme...
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Eloin
Passée à l'église prier comme elle avait coutume de le faire plusieurs foys dans la journée, l'abbesse remarqua une jeune femme assise sur un banc, en pleine observation des vitraux en cet instant illuminés par les rayons du soleil, mettant ainsi en valeur les scènes illustrant différents passages du Dogme Aristotélicien.

Le bruit de sa canne martelant régulièrement le sol pavé de dalles noires et blanches, la moniale se rapprocha de la paroissienne, et s'installa près d'elle.


Bonjorn. J'espère ne point vous déranger. Je vous ais vue là, j'ai pensé que vous souhaitiez peut-estre discuter... Mais si vous préférez rester seule, je m'en irai.

Sa voix n'était qu'un murmure, parce qu'elle était suffisamment proche pour ne pas avoir besoin de parler fort, et parce que l'endroit était vide et donc dépourvu de bruit parasite.
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Illustrations Religieuses
Ombeline33
Le temps avait passé.
La belle Ombeline est assise sur un banc de l'église. Elle est tirée de sa méditation par le murmure d'une religieuse qui vient s'asseoir près d'elle. Ombeline lui sourit pour la saluer, puis son sourire retombe lorsqu'elle lui explique en lui chuchotant son souci.


Bonjour sœur Eloin. Cela me fait plaisir de vous voir. Peut-être que vous aurez des réponses à me donner. J'ai un souci avec Manu_rcs, le curé d'ici. Voilà, je vous explique. Max_im_us et moi, nous souhaitons nous marier à l'église. Alors j'ai écrit au curé la première fois le 18 avril et je l'ai relancé une seconde fois le 9 mai. Pas de réponse. Donc, est-ce qu'il s'est blessé à la main pour ne pas pouvoir prendre une plume pour écrire ? Je l'ai attendu ici au cas où il passerait rendre visite à ses fidèles, pis il n'a pas l'air de venir non plus. Arf. Donc, j'en viens à me demander s'il a vraiment les compétences pour marier les gens ? Pis c'est pareil avec Max, le curé ne lui répond pas à lui non plus. Mon fiancé a besoin de se confesser. Pas de réponse. Donc voilà.

La belle Ombeline soupire du peu d’intérêt qu'a le curé à remplir sa fonction correctement.
Elle regarde la religieuse, espérant une réponse de sa part, sinon Ombeline sortira de l'église...


Si j'ai écrit en violet, c'est parce qu'en rose ce n'est pas très lisible et donc pas agréable pour les lecteurs.
Donc rien à voir avec l'humeur de ma poupée et même si là elle se sent contrariée.

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Eloin
L'abbesse presta donc une ouïe attentive à la réponse de la jeune femme, qui avait justement une requête à formuler. Elle hocha la teste, avant d'apporter une réponse.

Le père Manu_rcs gère surtout la cure In Gratebus, de fait. Il avait relégué la célébration des offices Res Parendo et des sacrements à mon prédécesseur, feu monseigneur Thibauld_, et j'ai tacitement repris les choses ainsi depuys mon installation à Agen.

Je puys célébrer vos épousailles avec sieur Max_im_us si cela vous agrée. Et je puys également le recevoir en confession, soit à l'église, soit à la maison diocésaine, selon sa convenance.

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Illustrations Religieuses
Ombeline33
La belle Ombeline écoute attentivement la religieuse. Elle lui sourit pour lui répondre.

J'en ferai part à mon fiancé, et je vous tiendrai au courant. Je vous remercie beaucoup d'être venue m'écouter. A plus tard sœur Eloin.

Ombeline se lève gracieusement, et elle quitte l'église à pas de loup.
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Ombeline33
La belle Ombeline revient dans l'église afin de parler à Eloin, la religieuse. Elle s'assoie sur un banc, et patiente en silence...
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