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[RP] Juillet de menthe

Alphonse_tabouret
Vélin porté à l'attention de Dôn s’accompagne d’une tige de menthe fraiche.


Citation:
Nombril,



Vous ne voyez peut-être point monter juillet depuis Saint-Front mais il est une date en approche que vous ne sauriez contrarier ; votre frère est né le neuf du mois, et j’aimerais au sujet de cette célébration, vous demander faveur.
Montfort est un garçon qui se livre bien peu, je ne vous l’apprends pas, pourtant il est apparu à la faveur d’une conversation, une chose qu’il ne possédait pas et n’osait demander; l’image de sa mère.
De tous ici, vous êtes la seule à savoir la trouver. De tous ici, vous êtes la seule à pouvoir m’aider. De tous ici, vous êtes la seule à pouvoir lui offrir ce que le destin lui a refusé.
M’aiderez-vous, Nombril ? Trouverez-vous portrait assez fidèle pour être mère, assez petit pour tenir près du cœur ?
Dôn, respirez s’il vous plait. J’ai terriblement besoin de vous.


Kabiten.


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Don.
Citation:
Kabiten,

Quelle admirable journée ! Vous m'apportez l'extase, et l'idée de la voir s'étendre en vous accordant mes services est un ravissement de plus. D'un brin, vous rendez visibles les parfums, fumées douces s'échauffent et viennent combler mon ciel d'une jouissance universelle. La menthe s'échappe et avec elle, je m'évade.

Il est tout à fait possible qu'en échange d'un pareil présent, je vous accorde le mien.
Seul obstacle nous permettant d'accomplir si jolie transaction : Sorties me sont refusées. Vous allez devoir, j'en ai bien peur, vous débrouiller par vous-même.

A la Pinardante, je détiens une chambre. Dans cette pièce, où il vous faudra pénétrer, se trouve un guéridon. Prenez garde, ne faites pas le moindre bruit, si jamais vous deviez vous y rendre par effraction. Je précise cela, car seul mon époux possède la clef et que le meuble évoqué, est le témoin principal de mes tendres années perdues. Enfant, je possédais déjà cette table, et fort branlante, elle peut s'écrouler si de délicatesse envers elle, vous manquez.
Munie d'un casier, elle renferme un coffret en bois de rose, que je tiens de ma mère. De notre mère. Et enfin, au coeur de cet écrin, protégeant le secret de mes lettres : Quatre portraits.
Deux d'entre eux représentent créatures masculines, mais pour que vous ne vous trompiez guère, des deux restants, Eponine est la plus brune, à la langueur marquée.

J'ai confiance.

Dôn.


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Alphonse_tabouret
La table est telle que Dôn l'a décrite.

Dans la chambre aux volets clos, la lumière est assourdie, pénombre aux quelques éclats que laisse passer l’irrégularité du bois en rideau aux fenêtres ; l’une d’elles dessine au front d’Alphonse une étrange sirène dénuée de bras mais aux cheveux semblables à une flamme d'algues.
Il s’est fait silencieux, voleur assermenté, et s’il a forcé la porte de la chambre trop facilement pour être grisé de son méfait, il demeure aux veines l’étrange exaltation des lieux que l’on ne connait pas. Le parfum de Dôn n’y flotte pas, notes effacées par les semaines d’un internement qui l’éloigne du lit, mais le nez trouve sans mal celle de l’époux qu’il n’a pourtant jamais approché d’assez près pour en trouver la note par lui-même ; sueur des accablantes chaleurs juillettistes frôle les broderies d’un arôme plus fauve, entêtant, et la silhouette de Théodrik, faite de songes, étire son absence aux draps chiffonnés de la couche.
Les doigts saisissent le tissu, le portent à l’attention d’un appendice curieux et y noient les poumons durant quelques secondes avant de rejoindre la silhouette fragile d’un guéridon marqué par le temps ; coffret entre les doigts éventre ses secrets et aux pupilles félines, quatre portraits côtoient une pile de lettres, résumant en images et en mots, les angles nivelés d’une vie toute entière.

Alphonse sait ce qu’il cherche, et si comètes passent d’une figure à l’autre, le ciel se fend d’un éclair bleu au berceau soyeux d’une chevelure noire ; à l’acéré d’une écume solaire Pelotine croise son regard au sien.

Ainsi, c’est toi…

Faust a le même vertige aux prunelles, ces champs d’infini où se mêlent les tragédies et les soleils d’une vie, et aurait-il trouvé dix portraits différents qu’il aurait su d’instinct que c’était celui-là ; tendron a une mère.






Citation:
Nombril,



Sur la pointe des pieds, j’ai gagné votre chambre, et il me faut avouer que ce fut nouveauté que de me rendre dans celle d’une femme sans entretenir le droit de l’y déshabiller.
Ainsi, vous êtes devenue une première fois.


Dôn, aujourd’hui, pour moi, vous avez cédé souvenir ; pour vous j’ai risqué mon nez à croiser votre époux. Ne l’y ayant vu pour encaisser sa dime, vous trouverez, sitôt sortie de Saint Front, de quoi payer ma dette à la peau de votre âme ; grelots de Bruyère vous espèrent où Brune m’attendait.

Oserais-je vous dire que malgré nos efforts, il vous en reste encore un à faire?
M’aideriez-vous à lui trouver papier pour l’envelopper ? Une anecdote que vous seule connaissez, quelques mots sur elle, un souvenir qui les rapprochera, elle et votre frère. Tribut me semble indispensable à un tel emballage ; permettez qu’en échange, je vous troque un des miens.

Ma mère aimait Dieu, bien au-delà de tout et j’ai longtemps cru, en la voyant prier aux heures de la journée, qu’Il était sa seule source de joie. Austère, les cheveux toujours tirés, la tête toujours baissée, elle parlait peu et avait les doigts rivés à son chapelet pour expier tout pêché à venir ou bien déjà consumé. Oiselle, elle picorait plus que ne mangeait, et s’astreignait souvent à dévorer des graines plutôt que de la viande ; peut-être est-ce finalement d’elle que je tiens mon manque d’appétit.
Un matin de Noël, à ces heures où l’on sait le monde éveillé malgré le ciel obscurci, attablé à la table du petit déjeuner, j’avais devant moi, un bol de lait fumant ; peau s’y était formée et je ne savais qu’en faire, quand son doigt a plongé à la coupe et l’en a extirpé pour le mettre à sa bouche.
Son sourire fut discret et l’éclat à ses yeux, passager, mais durant quelques instants, une infime parenthèse, ma mère avait dix ans et se régalait d’un geste, d’un gout de son enfance ; ses yeux gris m’ont regardé, son doigt s’est posé à ses lèvres et dans un silence de brillance, m’a couronné complice d’une de ses gourmandises.
Ni mon frère, ni mes sœurs et surtout pas mon père, n’ont jamais su pourquoi au 25 décembre, l’on nous trouvait tous deux les premiers attablés, mais à chaque fois, devant mon nez, bol de lait était clair et sa bouche sentait le sucre des confiseries.


J’ai confiance.
Kabiten.


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Don.
Les heures passent.
Dôn contemple le temps, le vent, elle s'imprègne des dernières brises prisonnières de Saint-Front. Valse s'impose au sinus, entraînant quelques poussières du pollen que juillet offre chaleureusement.
Aujourd'hui, ses premiers pas en extérieurs lui sont offerts. L'envie première sera à combler au plus vite : retrouver son cadet, descendance aux traits potelets mais à l'odeur lactescente. Ensuite, un baquet, de l'eau et pour cette fois, aucun foulard. Gorge se verra épargnée tant le désir de barboter se fait fort.

Mais avant.
Avant tout cela, écrire et surtout offrir.
Le temps estival lui permettra de puiser en son cœur les souvenirs d'une mère envolée.


Citation:
Skabell,

Vous avez l'art et la manière d'offrir à une dame le délicat plaisir de ressentir ce qu'est un organe gonflé de fierté. Flattée d'être une première, j'aimerais pourtant me permettre d'exiger. Il me serait bon de rester l'unique; vous le savez, j'ai un terrible problème avec l'exclusivité. N'allez plus visiter le lit des dames sans qu'elles n'y soient, c'est entendu ? Je connais votre propension à désapprouver mes ordres, celui-ci me paraît bien surmontable.

Alphonse, il me fait plaisir de pouvoir vous aider.
De ma mère, je n'ai pu effleurer que le dernier épisode de sa vie. Son allure et sa droiture faisaient d'elle une femme respectée. Prônant l'ordre et la justice, elle a excellé de nombreuses années en tant que juriste, au sein de notre merveilleuse Bretagne. Vous avez pu plonger dans l'univers qui me fut offert les premières années de mon existence.

Eponine, plus communément connue sous le patronyme de Pelotine m'a mise au monde à Rohan, et ma venue fut un événement désastreux, un bouleversement irrémédiable. Je crois que Nicolas l'ignore, mais je suis considérée comme la première pierre de l'illégitimité. Cette femme, cette mère, que tout le monde imaginait pieuse et dévouée avait osé penser à elle. Avait osé répondre aux envies de son corps. Une rumeur a grondé dès qu'elle eut dévoilé les rondeurs indiquant ma naissance prochaine. Il s'est murmuré que l'enfant serait le fruit d'une liaison interdite. N'ayez crainte, Kabiten, je compte bien vous épargner les détails précis de cette aventure qui n'est autre que la mienne, mais il me fallait bien survoler pour en venir à l'exil de Pelotine. Rejetée, reniée, désapprouvée, notre mère a pris route pour la Bourgogne, où j'ai pu vivre les prémices de mon destin. C'est entre le pays des druides et celui du bon vin que Nicolas a vu le jour. Je l'ignorais encore, il y a quelques années, mais mon petit frère fut rapidement écarté avant d'être confié à l'entourage d'un père dont nous ne partageons pas le sang.

Elle était belle, ma mère.
Les heures nocturnes se voyaient occupées à supporter les tourments d'une Nymphe perpétuellement insatisfaite de son apparence. Accablée face à tous ces miroirs de fortune que nous trouvions sur la route, elle se vêtait d'étoffes élémentaires. Simplicité ne retirait en rien sa joliesse et son choix se portait essentiellement sur les tons incarnats.
Elle était belle, ma mère.
Créature incandescente, et pourtant si effacée. Un jour resplendissante, le lendemain... Éteinte. Mais de sa tristesse, j'ai oublié les traits. Seuls les parfums me reviennent en mémoire.
Fiole surmontée d'une bossette renfermait le plus délicieux des arômes. Accordée à sa robe, ar rozenn-aer. La senteur des coquelicots.
Je passais mes soirées à observer la chrysalide de mon bonheur. Si certaines femmes, dont Izea - sa soeur - détenaient cette beauté éclatante que les dames du monde se permettent d'envier sans retenue, Eponine n'était pas de celles-ci. Il fallait la scruter pour la voir naître. Et mon regard n'enfant n'a pu suffire. Je décelais alors de simples portions, de courtes bribes d'épanouissement. Installée tout près du guéridon que vous avez su trouver, je dévorais chaque geste d'elle, souhaitant peut-être sans le savoir dérober ce temps que nous allions perdre bien vite. Grappiller ces délices et me remémorer bien des années plus tard, de quelle manière elle se parfumait. D'un doigt, elle accueillait fragrance encore liquide et venait déposer à quatre endroits ces perles de félicité. Au sommet de son front pour commencer, à ses lèvres elle continuait et faisait cesser ce bref rituel par une ligne de sa gorge jusqu'au centre de chacune de ses clavicules.
Le sillon de Talion. Voilà ce qui me reste de cette mère éphémère: Une chimère exhalée, une table bancale et quelques fleurs des champs.

Ne m'en veuillez pas de n'avoir su exprimer bien plus.
Je n'ai désormais que ces souvenirs et ceux que l'on a bien voulu me dire. Si Nicolas souhaite en savoir davantage, il saura.

Dôn.


_________________
Alphonse_tabouret
Citation:
Nombril,




Ainsi soit-il; vous porterez l’apanage des lits vides et s’il me vient, un soir d’ivresse, un désir de parjure, je dessinerai à l’oreiller quelque visage à la craie pour me tenir compagnie.


Vous avez offert l’image, les mots, et l’arôme d’un souvenir, c’est au-delà de tout ce que j’espérais, et c’est, je pense, plus que Montfort n’a jamais imaginé.
Nous avons donc désormais pour le célébrer, présent et écrin.

Il ne manque plus qu’un ruban auquel nouer le tout, et vous m’accorderez, Dôn, que les lettres de mon prénom ne lui conviennent en rien. Tout ici vient de vous, de votre immense cœur, de votre indéfectible affection pour votre frère cadet ; tout au plus, dans cette histoire, pourrait-on me féliciter d’avoir su discerner le lit du guéridon.
Alors Nombril, une dernière faveur, et celle-ci, sans contrepartie. Un dernier don de vous.
Permettriez-vous à votre prénom de parfaire l’ensemble ? Que votre mère et son souvenir soient vos précieux cadeaux à votre précieux frère, et que, s’ils les reçoivent de ma main le jour de son anniversaire, ce soit à votre alphabet seulement?

Kabiten.



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Don.
Citation:
Skabell,

Vous ne seriez guère ce que j'estime pouvoir nommer "ami" qu'un refus serait venu couronner une modestie qu'il est préférable d'appliquer en tout temps d'une vie.
Mais vous l'êtes Alphonse. Le nombre d'années n'a rien à voir avec un bel échange et ses affinités. J'ai perdu tant, au fil des ans ! Mais j'ai gagné aussi.

Permettez que je vous nomme désormais Enor ? Triomphe des temps présents.
Pour vous, belle victoire terrassant mes ivresses passées, j'accepte. Oui, j'accepte.

Dôn.

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Alphonse_tabouret
Citation:
Nombril,


Ce n’est point mon anniversaire et vous me faites à moi aussi, précieux cadeau. Ami, c’est de fait un triomphe que je vous promets de chérir; qu’Enor me couronne désormais d’avoir gagné votre affection quand je n’espérais que votre attention. C'est tout ce qu'il me fallait pour m'assurer l'escale au fil des océans.

Merci de tout, tellement.

Enor


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