Luckylolotte
Après avoir effectué son travail au bureau de Tribun, Lucky partit en direction de la plage, avec sa fille dans les bras.
L'automne était bien là certes, mais l'air était encore chaud et propice pour une belle balade sur le sable fin.
Elle déambula donc, dans les rues de La Rochelle, en direction de l'Océan. En chemin, elle croisa un jeune sieur égaré, cherchant une chemise, elle lui indiqua une boutique mais se décida finalement à l'accompagner, pour être plus sûre qu'il arrive à destination.
Une fois là bas, elle constata que la boutique était fermée, mais rassura le Sieur Guillaume, en lui conseillant de laisser un petit mot que normalement un tisserand du village, s'occuperait de le contacter.
Elle le quitta, non sans lui avoir fait juré de lui donner des nouvelles ou même de passer la voir à son office.
Puis elle reprit le chemin de la plage. Elle y arriva peu de temps après.
Le soleil était toujours haut dans le ciel et malgré la légère brise marine, une douce sensation de chaleur l'étourdit un peu.
Sa petite Eve, qui avait dormi tout du long, se réveilla en sursant, sans doute par le bruit du ressac sur la plage, ou par les cris stridents des mouettes, perchées sur les rochers.
Lucky lui sourit et Eve, hésitant d'une moue adorable, se résolut visiblement à sourire à sa mère.
Lucky la serra fort dans ses bras et se rendit vers son endroit préféré, un beau carré de sable fin, non loin de l'eau mais toujours abrité par les branches colossales d'un pin parasol bleuté.
Elle déposa une petite couverture et s'y installa du mieux possible.
Se couchant sur le dos, elle prit Eve contre elle, tout contre son ventre et lui caressa doucement les joues. Elle lui murmura :
Et voilà ma toute douce merveille, ta première visite à l'Océan ! Tu sens comme ça sent bon, tu entends ces bruits qui te bercent lentement. C'est ça l'Océan, mon ange !
Eve sourit à sa mère, et sa petite mèche brune se mit à virevolter, ce qui ravit Lucky et la fit éclater de rire.
Elle venait de se dire à elle-même : si tu avais les cheveux de ton papa, ce genre de problèmes n'arriverait pas. Oh, mais quelle teigne je suis, moi qui suis si bien avec lui.
Elle reprit son sérieux et recoiffa doucement mais hélas vainement l'épi rebelle de sa progéniture.
Elle ferma les yeux et ses pensées partirent à la dérive.
Ses songes embarquèrent à Lyon avec le souvenir douloureux de Lulu, sa mère adoptive, agonisant devant ses yeux, victime malgré elle d'une maladie honteuse ..
Ils accostèrent ensuite à Tulle, Xam, son petit frère de coeur, était là devant elle, elle pouvait lui sourire, le toucher, lui dire qu'il comptait tant pour elle. Elle se souvint que son amour des rapaces en général et des faucons en particulier, elle le tenait de lui.
Ils prirent ensuite le cap pour le sud, Labrit et Mimizan ... un feu de camp, Lise et Lélie, ses amies si loin aujourd'hui, faisant la farandole alors que Condor, qu'elle avait rencontré le matin même en taverne, hantait déjà son esprit et se trouvait non loin, seul sur la plage, n'osant s'approcher d'elle.
Ils échouèrent enfin à La Rochelle, chez elle désormais. Muze et Cyra la regardaient et lui souriaient, heureux de s'être retrouvés. Kiriell, aux portes de la Mairie, lui faisait un signe de la main, scellant ainsi leur douce amitié, elle y répondait d'un sourire sincère et dévoué. Et puis Vesperia, Loulouu son meilleur ami sans doute, et tant d'autres, des Rochelais purs ou simple visiteurs de passage, Isalyne et Appollon, Kahhlan et Obakhan, ils étaient bien tous là dans sa nouvelle vie.
Elle sortit doucement de sa torpeur, quand la petite main d'Eve vint se poser sur sa joue. Elle lui sourit.
Mon petit ange .. Maman est là .. Je serai toujours là ma puce, et je ferai de toi une belle personne, comme ton papa peut l'être, comme je le suis sans doute à ma façon. Et un jour, quand tu seras plus grande, quand tu auras écumé La Rochelle de fond en comble, quand tout simplement tu auras grandi, je me raconterai à toi .. tu seras tout, absolument tout.
Eve gazouillait de plus belle, légère et insousciante comme tout nouveau né qui se respecte.
Lucky la berca doucement et lui chantonna une comptine secrète, celle que Lulu et ses autres mamans lui chantaient le soir, tandis qu'elle se lovait au fin fond de son grand lit, dans sa chambre minuscule mais ravissante au dernier étage du bordel lyonnais le plus courru :
Ma poupée chérie
Ne veut pas dormir
Ferme tes doux yeux
Tes yeux de saphir
Petit ange d'or
Tu me fais souffrir
Dors poupée, dors, dors
Où je vais mourir
- Il faudrait, je crois
Pour te rendre sage
Un manteau de soie
De jolis corsages
Tu voudrais des roses
À ton clair béguin
Des bijoux d'or fin
Et mille autres choses ...
Eve s'endormit, Lucky essuya une larme du revers de la main. Elle se leva prudemment, ramassa la petite couverture, et s'en retourna.
Elle rejoignit la ville lentement, laissant ses rêves et ses souvenirs reprendre posséssion de son âme, se réinstaller tout au fond de son ventre. C'était leur place et c'était pour eux, par eux, grâce à eux qu'elle avait à tout jamais cette force de vivre et se battre pour être heureuse.
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L'automne était bien là certes, mais l'air était encore chaud et propice pour une belle balade sur le sable fin.
Elle déambula donc, dans les rues de La Rochelle, en direction de l'Océan. En chemin, elle croisa un jeune sieur égaré, cherchant une chemise, elle lui indiqua une boutique mais se décida finalement à l'accompagner, pour être plus sûre qu'il arrive à destination.
Une fois là bas, elle constata que la boutique était fermée, mais rassura le Sieur Guillaume, en lui conseillant de laisser un petit mot que normalement un tisserand du village, s'occuperait de le contacter.
Elle le quitta, non sans lui avoir fait juré de lui donner des nouvelles ou même de passer la voir à son office.
Puis elle reprit le chemin de la plage. Elle y arriva peu de temps après.
Le soleil était toujours haut dans le ciel et malgré la légère brise marine, une douce sensation de chaleur l'étourdit un peu.
Sa petite Eve, qui avait dormi tout du long, se réveilla en sursant, sans doute par le bruit du ressac sur la plage, ou par les cris stridents des mouettes, perchées sur les rochers.
Lucky lui sourit et Eve, hésitant d'une moue adorable, se résolut visiblement à sourire à sa mère.
Lucky la serra fort dans ses bras et se rendit vers son endroit préféré, un beau carré de sable fin, non loin de l'eau mais toujours abrité par les branches colossales d'un pin parasol bleuté.
Elle déposa une petite couverture et s'y installa du mieux possible.
Se couchant sur le dos, elle prit Eve contre elle, tout contre son ventre et lui caressa doucement les joues. Elle lui murmura :
Et voilà ma toute douce merveille, ta première visite à l'Océan ! Tu sens comme ça sent bon, tu entends ces bruits qui te bercent lentement. C'est ça l'Océan, mon ange !
Eve sourit à sa mère, et sa petite mèche brune se mit à virevolter, ce qui ravit Lucky et la fit éclater de rire.
Elle venait de se dire à elle-même : si tu avais les cheveux de ton papa, ce genre de problèmes n'arriverait pas. Oh, mais quelle teigne je suis, moi qui suis si bien avec lui.
Elle reprit son sérieux et recoiffa doucement mais hélas vainement l'épi rebelle de sa progéniture.
Elle ferma les yeux et ses pensées partirent à la dérive.
Ses songes embarquèrent à Lyon avec le souvenir douloureux de Lulu, sa mère adoptive, agonisant devant ses yeux, victime malgré elle d'une maladie honteuse ..
Ils accostèrent ensuite à Tulle, Xam, son petit frère de coeur, était là devant elle, elle pouvait lui sourire, le toucher, lui dire qu'il comptait tant pour elle. Elle se souvint que son amour des rapaces en général et des faucons en particulier, elle le tenait de lui.
Ils prirent ensuite le cap pour le sud, Labrit et Mimizan ... un feu de camp, Lise et Lélie, ses amies si loin aujourd'hui, faisant la farandole alors que Condor, qu'elle avait rencontré le matin même en taverne, hantait déjà son esprit et se trouvait non loin, seul sur la plage, n'osant s'approcher d'elle.
Ils échouèrent enfin à La Rochelle, chez elle désormais. Muze et Cyra la regardaient et lui souriaient, heureux de s'être retrouvés. Kiriell, aux portes de la Mairie, lui faisait un signe de la main, scellant ainsi leur douce amitié, elle y répondait d'un sourire sincère et dévoué. Et puis Vesperia, Loulouu son meilleur ami sans doute, et tant d'autres, des Rochelais purs ou simple visiteurs de passage, Isalyne et Appollon, Kahhlan et Obakhan, ils étaient bien tous là dans sa nouvelle vie.
Elle sortit doucement de sa torpeur, quand la petite main d'Eve vint se poser sur sa joue. Elle lui sourit.
Mon petit ange .. Maman est là .. Je serai toujours là ma puce, et je ferai de toi une belle personne, comme ton papa peut l'être, comme je le suis sans doute à ma façon. Et un jour, quand tu seras plus grande, quand tu auras écumé La Rochelle de fond en comble, quand tout simplement tu auras grandi, je me raconterai à toi .. tu seras tout, absolument tout.
Eve gazouillait de plus belle, légère et insousciante comme tout nouveau né qui se respecte.
Lucky la berca doucement et lui chantonna une comptine secrète, celle que Lulu et ses autres mamans lui chantaient le soir, tandis qu'elle se lovait au fin fond de son grand lit, dans sa chambre minuscule mais ravissante au dernier étage du bordel lyonnais le plus courru :
Ma poupée chérie
Ne veut pas dormir
Ferme tes doux yeux
Tes yeux de saphir
Petit ange d'or
Tu me fais souffrir
Dors poupée, dors, dors
Où je vais mourir
- Il faudrait, je crois
Pour te rendre sage
Un manteau de soie
De jolis corsages
Tu voudrais des roses
À ton clair béguin
Des bijoux d'or fin
Et mille autres choses ...
Eve s'endormit, Lucky essuya une larme du revers de la main. Elle se leva prudemment, ramassa la petite couverture, et s'en retourna.
Elle rejoignit la ville lentement, laissant ses rêves et ses souvenirs reprendre posséssion de son âme, se réinstaller tout au fond de son ventre. C'était leur place et c'était pour eux, par eux, grâce à eux qu'elle avait à tout jamais cette force de vivre et se battre pour être heureuse.
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