Amedee.le.lion
4 juillet de l'An 1465, Château des Marquis ...
Malgré la chaleur poisseuse du dehors, fraîcheur éternelle et encens d'Orient embaumaient la grande salle. Au centre de la pièce se dressait le Trône noir, intimidant, taillé à même le roc d'un météore tombé en Valachie à la veille de la bataille de Questenberg. Face à lui étaient disposés quatre bancs de bois, sobres mais confortables. Un tapis de pourpre dessinait un semblant d'allée centrale. Le mur du fond, comportant la cheminée, était orné des blasons de l'armorial du cru. Les vitraux filtraient les rayons de l'astre solaire.
En ce jour, à marquer de sa pierre, le Marquis d'Arlon adoubait trois Barons et entendrait de surcroît certains voeux religieux.
Alors que tous les hôtes de la cérémonie furent conviés à pénétrer les lieux destinés à l'office, Amédée le Lion patientait en son donjon que tous soient présents pour faire son apparition. Ajoutant les dernières corrections à son discours, buvant un verre pour se donner de l'entrain, se préparant à une entrée en scène un brin plus solennelle qu'à l'accoutumée. Sa vêture en revanche ne témoignait d'aucune rupture : finement taillée certes, mais aussi haut en couleurs que puisse l'être un austère nuancier de gris.
En préambule, sur l'échiquier d'Arlon, un Fou avait pris un Cavalier. Deux Tours avaient besoin de voir leurs positions renforcée.
Comme partout, en cette ère plus maudite que renaissante, les disparitions et autres défections de vassaux semblaient monnaie courante. La terre se dépeuplait et les bras manquaient à tous les chantiers. Le temps glorieux des cathédrales touchait à sa ruine. Pourtant, l'irréductible fief renégat se maintenait encore à son apogée. Son projet étant de s'étendre en Artois comme alentours, de compter au rang des plus grandes puissances de Haute et Basse Lotharingie, le Marquisat avait besoin de Barons forts eux-aussi.
Or certains compagnons s'étaient révélés méritants au cours d'épiques batailles. D'autres avaient pour eux le mérite du sang.
Ainsi s'avancèrent nos météores, ceux qui firent le feu et le fer dans le sillon d'Arlon.
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