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[RP] Tu mens tellement mal

Octave.
Il avait mal au dos. Terriblement mal au dos. Il s'était réveillé ce matin, courbatu, sur un banc devant chez lui, la rosée lui chatouillant la barbe, le corps endolori, la truffe fraiche et le cheveu humide. Ou l'inverse. A l'intérieur, ça avait probablement dormi tranquillement, sans même se soucier de ce qu'il devenait, boudant du sommeil de la Juste, on ne savait toujours pas pour quelle raison.

A l'aube, le Comte avait donc du prendre le chemin du Chateau, dans ses fringues de la veille, passablement agacé, toujours sans idée du motif de l'ire isaurienne, l'impression d'avoir pris 10 ans dans la nuit, ankylosé qu'il était. Il ne pouvait décemment pas se présenter au Conseil ainsi, et avait donc pris le parti de passer par ses appartements privés au Chateau avant de s'y rendre. Un coup d'eau fraiche et de peigne plus tard, dans des vêtements propres, il se sentait déjà mieux. Le soleil commençait à illuminer les alentours, et le moral du Beaupierre remontait en flèche.

Restait une question en suspens. Isaure et lui avaient enfin mis le doigt dessus la veille : ce qui manquait à leur histoire pour lui faire tenir la route. Octave, blindé de dossiers en attente, n'avait pas le temps de retourner à Saint Bertrand pour revenir et y repartir ensuite. C'est donc tout naturellement qu'il convoque sa future femme, un peu trop habitué à le faire avec ses conseillers.


Citation:
Isaure,

    Nous devons discuter de notre histoire. Nous devons combler les blancs, et la rendre crédible. J'ai bientot rendez vous avec la Hérauderie pour déclarer notre famille.

    Pourriez-vous me rejoindre au Chateau ? Vous pourriez ainsi en profiter pour visiter. Je vous attendrai dans mes appartements, que l'on vous indiquera.


Octave

    PS : J'espère que vous avez bien dormi.


Hélant un garde pour faire remettre la missive le plus rapidement possible, par pigeon, il s'attable enfin devant les chartes et autres traités qui l'attendent. Il ne verra pas les heures passer, et pourtant, déjà, la course du soleil s'est inversée.
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Isaure.beaumont
Elle était mal lunée. Terriblement mal lunée. Elle n'avait presque pas fermé l'oeil de la nuit, et l'oreille désespérément tendue, elle avait guetté les bruits de pas qui trahiraient le retour du maître des lieux. En vain. Elle s'était tournée, retournée. Avait eu froid. Avait eu chaud. Elle l'avait maudit puis l'avait espéré. Il s'était imposé sous ses paupières, l'avait narguée de son sourire et chaque fois s'était évanoui sous les baisers ensorceleurs d'une beauté rousse. L'oreiller avait recueilli ses larmes sèches et ses cris silencieux. Et enfin, à bout de force, elle s'était assoupie. Cinq minutes ? Vingt-minutes ? Une heure ? Toujours est-il qu'aux premières lueurs du jour, elle s'était réveillée avec la sensation d'avoir vécue la nuit la plus longue de sa vie et ne s'était pas sentie beaucoup plus apaisée. Elle s'était redressée sur sa couche, le corps las, l'esprit fatigué. Au fond de la pièce, elle avait trouvé la couche de Caïa vide. Ou pas tout à fait. En lieu et place de sa - nouvelle - fille, se trouvait un Bleuet ronflant, lové dans les draps frais abandonnés depuis quelques temps par l'enfant. Elle s'était levée, avait jeté pudiquement un drap sur ses épaules avant de s'enrouler dedans pour couvrir sa chainse puis s'était aventurée dans la maison silencieuse. Pas de trace de Caïa ! Légèrement inquiète, elle était alors venue gratter à la porte de la chambre qu'Octave était censé occuper. Sans réponse, elle avait osé la pousser, le coeur battant: vide ! Elle était vide...

Si Caïa n'avait pas disparu, sans doute se serait-elle lamentée, peut-être aurait-elle refait ses malles dans la foulée. Une fois habillée, elle était partie à la recherche de l'enfant, avait écu la ville, aidée du flair infaillible de Bleuet. Elle l'avait retrouvée. Un courrier l'avait trouvée. Une convocation ?

C'est ainsi qu'elle se retrouva à Auch, dans le château comtal, en direction des appartements du comte, à suivre un garde dans les couloirs afin d'y être introduite. Et avant qu'il n'ait le temps d'informer le comte de sa présence, elle le bouscula sans manière et fit son entrée elle-même:


- Me prenez-vous pour une de vos conseillères à trousser ?! Bonjour, mon amour. Vous claquez des doigts et je dois accourir ?! Vous vouliez savoir si j'avais bien dormi ? Et puis-je savoir qui me demande réellement ? Mon supposé fiancé ou le comte d'Armagnac et de Comminges.

Un regard alentour pour embrasser le décor. S'il voulait l'impressionner, c'était raté... Bon, pas tant que cela maintenant qu'elle le regardait lui, dans ce décor, là si séduisant, si désirable. Elle détourna le regard, s'obligeant à regarder partout autour, ne le fixant que brièvement.

- Sérieusement ! Octave de Beaupierre ! Vous me convoquez ?! Je suis là. Vous me convoquez alors que vous auriez pu venir me trouver ce matin pour m'en parler directement ? Je vous ai attendu ! AH PARDON ! Vous n'étiez pas là ! Je vous ai espéré! Vous n'êtes jamais rentré ! J'ai désespéré ! Et vous, Octave ! Comment a été votre nuit, hein ? J'ai terriblement mal dormi. Délicieuse ? Flamboyante ?! RAVISSANTE ? N'est-ce pas ainsi que vous la trouviez, ravissante ?!


Puis elle ajouta, plus doucement, comme lassée:
J'ai retrouvé Caïa, si cela vous intéresse ! Elle a terminé sa nuit sur les remparts !
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Octave.
Il l'entend avant de la voir. Cette douce voix qui résonne à ses oreilles avec comme des accents de déjà-entendu... Il connait les trilles et vrilles, il sait que bien, avant même la fin de la phrase, la douce voix se sera faite aiguë, jusqu'à casser les dernières syllabes. Par Dieu qu'elle lui avait manqué !

Il se retourne, bien sur, un sourire niché au coin des lèvres, l'oeil rieur, sachant pertinemment que ça ne va pas arranger ses affaires, mais bon sang, vous l'avez vue quand elle s'énerve ?

Regardez la... L'azur de ses yeux qui se trouble comme pour annoncer l'orage. On pourrait y lire les éclairs qui précèdent le tonnerre de reproches.

Qu'elle est belle !

Regardez la, avec cette mèche là, qui s'échappe et frémit au rythme de ses récriminations... Avez vous vu ?

Comme elle est belle...

Il n'entend rien de ce qu'elle raconte. Ses lèvres bougent, il le voit bien. Sa bouche, superbement dessinée, qui s'agite, s'agite... Il la voit, cette ligne de la machoire, mouvante, dont il sait qu'elle dessine le profil parfait... le profil d'Isaure...

Comme elle est belle...

Elle parle, elle parle, et lui n'entend que les battements de son coeur et le bruit de ses pas qui le rapprochent d'elle. Il distingue maintenant clairement ses traits, les frémissements des ridules, il sent le souffle de sa respiration, entre deux mots, et les effluves de son parfum qui s'évapore avec la ferveur de l’argumentaire.


J'ai retrouvé Caïa


Rassuré sur la seule chose qui aurait pu arrêter son geste, le seul nom qui aurait pu le stopper net dans son élan, alors il cède, sans même avoir essayé de lutter, sans penser une seconde à ce qu'il est en train de faire.

Parce qu'elle est belle...

Alors il la cueille, au moment où elle est lasse, quand l'énervement a laissé place à autre chose, quand la pulsion au creux de son cou menace de se taire. Il l'enlace, il l'enlève, l'emporte, l'embrasse, l'embarque à travers le bureau, à travers le salon, à travers une pièce dont il ne sait pas à quoi elle sert. Jusqu'à sa chambre. D'un coup de pied, il en claque la porte, et la posant au sol, desserre le baillon de son baiser, pour mieux la regarder.


Juste pour qu'il n'y ait pas de malentendu... ce n'est pas pour cela que je vous ai demandé de venir... Même si, là, maintenant, il ne se souvient plus vraiment du motif de la convocation... Très mauvaise idée... Vous êtes si belle... Venir ici...

Une très mauvaise idée... Mais si délicieuse. Un peu comme le gout des baisers d'Isaure, à l'aulne desquels il aura bien du mal à ne pas s'abreuver, alors que le cou de la jeune femme, devant lui, le nargue et l'attire. Quand sa taille crie à ses mains de venir la rejoindre. Quand la gorge d'Isaure est un vibrant appel à s'y promener, du bout des lèvres, du fond du coeur...
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Isaure.beaumont
Sous le couvert de cette carapace de glace, derrière cette façade religieuse, battait un cœur. Un cœur pétri de croyances et de préjugés. Un cœur oscillant entre vice et vertu. Un cœur aussi passionné qu’effrayé, un cœur tourmenté qui ne connaissait pas la demi-mesure. Et Dieu savait qu’il ne battait que pour Octave. Qu'il avait été façonné pour lui, et qu'il avait attendu vint-six ans pour battre enfin. Véritablement.

Alors, il suffisait d'un regard, d'un contact, d'un baiser pour que trébuche sa colère, pour que s'essouffle sa rancœur. Pour un temps, pour un instant. Elle essaya bien de protester, de lui reprocher son inattention, mais elle se perdit au goût de ses baisers, à l'étreinte de ses bras. Chaque fois qu'il laissait parler son amour, qu'il laissait son désir le contrôler, les baisers d'Octave n'avaient rien de ceux d'un amant balbutiant, allant jusqu'à faire oublier à Isaure l'aveu formulé.Ils savaient cueillir le frisson, propager l'envie et abolir la raison.

Un pas, deux pas, et déjà ils étaient là, dans cette chambre, sans qu'elle n'ait rien vu venir. Les rôles semblaient s'inverser: n'était-elle pas la timide et innocente Isaure quand il se faisait si assuré, si empressé ? Ne redevenait-elle pas l'adolescente à l'aube de sa quinzième année, le coeur plein d'espoir, la tête pleine de rêves, avant même que les mains judéennes ne l'aient faite ployer ?


- Qu'est-ce q...

Elle savait pertinemment. Ils en avaient parlé. Ils en étaient venus aux mêmes conclusions.

- Mais il fait jour ?!

ll n'y avait pas d'heure pour l'amour. Elle le savait. Mais la clarté du jour dévoilerait son corps, dévoilerait son être. Elle mettrait en lumière ses stigmates, révélerait ses secrets. Et s'il ne l'aimait plus après l'avoir mise à nue, corps et âme ?


- Ils vont savoir... Ils m'ont vue entrer !

Allez, cherche encore des excuses Isaure.

- Et puis, vous ne m'avez pas écoutée ! Vous ne m'écoutez jamais !

[...]

- Les rideau sont ouverts !

[...]

- Nous allons froisser vos draps !

N'était-elle pas presque touchante, avec ses inquiétudes, la Saint Peyrus ? N'était-elle pas mignonne la Beaumont à tenter de se dérober à son désir dans un flot de paroles ?
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Octave.
Non, il ne l'écoutait pas. Il n'écoutait plus que les battements de son coeur, qui répondaient aux siens, il n'écoutait plus que le bruissement de ses cheveux, qu'il repoussait au fur et à mesure de la découverte du cou gracile d'Isaure. Il n'écoutait plus, et de toute façon, s'écoutait-elle ?

Au diable les draps, les rideau et le reste, qu'en a-t-il à faire, le Beaupierre, quand devant lui se tient la femme de sa vie, celle qu'il a attendue si longtemps ? Joignant le geste au manque de parole, il la soulève, de nouveau - qu'elle est mince, qu'elle est légère, il va vraiment falloir lui faire reprendre corps - et s'en vient les froisser, ces draps, sans vergogne ni scrupule, allongeant la brune.

Comme les gestes lui viennent naturellement ! C'est pourtant la première femme qu'il touche, la première qu'il effleure de ses doigts abîmés, qu'il caresse du regard, qu'il embrasse de tout son être. La première dont il se nourrit ainsi de l'odeur, dont il s'abreuve de la simple présence, dans cette chambre, à cette heure.

Qu'importent les rayons d'un soleil tardif, Isaure, quand ce sont tes courbes qu'ils caressent ? Ne vois-tu pas comme ils subliment tout ? Ne vois-tu pas, dans le regard de ton fiancé, tout ce que tu lui inspires ?

Et sans avoir eu besoin de le lire dans un manuel, ni de le demander à ses amis, Octave se lance à la découverte de celle que bientot il pourra appeler sienne. Sans la quitter du regard, il la rejoint. Rien ne presse, et il profite de chaque seconde pour mieux l'apprendre.

Petit à petit, d'une des quatre mains qui s'affolent, les étoffes rejoignent le sol. Si tu as peur Isaure, de ton corps ainsi dévoilé, alors plonge en lui : tu ne trouveras nul jugement, nul reproche. Toutes les marques sont signes d'une vie que tu as vécue et qui t'auras finalement amenée là, dans ses bras. Il ne peut que les aimer.

Pas une parole ne s'échappe de ses lèvres, et pourtant elles racontent sur la peau de son aimée tout ce qu'il aurait à dire. Aux frissons qui les parcourent tous deux, l'on peut penser qu'elles sont entendues. Il n'oublie rien, il veut tout savoir, tout deviner, tout voir, tout savoir d'Elle.

D'amoureux en amant, d'aimant à désirant, Octave reproduit des gestes pour lesquels nulle leçon n'est nécessaire. Guidé par l'envie qu'il a de ne faire qu'un avec Elle, par l'envie qu'elle a de Lui, il devine, se trompe, s'excuse d'un baiser, et reprend son exploration du corps Isaurien.

Qu'elle est belle...

Un soupir marque l'approbation, un souffle le plaisir. Il n'y a plus de comte, plus d'Octave, plus de Beaupierre, plus de soldat. Rien qu'un jeune homme qui dans les bras de son amante, découvre la fièvre qui prend parfois, souvent, ceux qui s'aiment. Lorsque l'air vient à manquer, que la chaleur s'immisce, que la langueur laisse place à l'empressement, alors seulement, il manquera un baiser pour lui chuchoter, dans un murmure rauque de désir, qu'il l'aime. Toute. Et qu'il compte bien l'aimer ainsi toute la nuit.

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Isaure.beaumont
Les mots moururent à l'orée de ses lèvres, au baillon de la bouche aimée qui déjà reprenait l'ascension de son cou désormais offert. Le corps avait capitulé, soudainement docile sous les mains octaviennes, quand l'esprit résistait encore, refusant de céder tout à fait à la volupté de l'instant. Chahuté par la déferlante de son désir croissant, il se tourmentait des qu'en dira-t-on, des regards lourds de sous-entendus qui se poseraient sur elle, sur eux quand ils sortiraient des appartements. Elle se sentait épiée, et quand il l'emporta, avant même qu'il ne l'étende sur les draps toute à sa merci, elle les vit. Ils étaient là, ils regardaient tous. Leurs yeux semblaient les suivre d'un bout à l'autre de la pièce. Ce prélat à la mine austère ne semblait-il pas condamner leurs agissements ? Et cette femme au front trop grand, aux yeux trop rapprochés, ne rougissait-elle pas devant l'audace de leurs caresses. Et cet homme, là, qui posait et en imposait, revêtu de ses plus beaux atours, n'étirait-il pas un sourire concupiscent devant les courbes bientôt libérées ? Trop d'yeux, trop de portraits sur les murs pour les juger. Et sur les tapisseries, ne cessaient-ils pas leurs festivités pour les observer ? Goguenards, hilares, libidineux, outrés, horrifiés, envieux...

Elle ferma les yeux pour ne plus les voir, mais il lui semblait que leurs regards lui brulaient la peau. A moins que... Soulevant à peine les paupières, ce fut Son regard qu'elle croisa et alors toutes ses réticences fondirent, libérant son esprit et son coeur de leur carcan d'appréhension et de morale. Il n'y avait soudain plus que lui, plus que leurs coeurs enflammés, plus que leurs peaux échauffées. Et elle lui rendit alors coup pour coup: ce ne fut plus que salves de baisers, offensives de caresses brûlantes, tendre corps à corps.

Ce soir, Octave mènerait une bataille à nulle autre pareille. Une bataille où il n'y aurait ni vainqueur, ni perdant. Seulement deux coeurs amants, deux corps unis dans une même promesse.

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Octave.
Loin d'avoir compris l'ampleur de la bataille, il n'avait fait qu'en savourer l'auguste victoire, à l'aulne du corps d'Isaure, des caresses d'Isaure, des baisers d'Isaure, des soupirs d'Isaure...

Le soleil s'était couché sur une armistice...
De lauriers il n'y aurait pas pour le premier râle du mâle qui découvre les plaisirs de la chair. Mais il est têtu, il est fou d'Elle, et il est militaire. On n'abandonne pas au premier assaut resté sans capitulation totale, sans reddition accomplie et reconnue, et c'est ainsi, qu'après s'être repu de l'odeur du cou de sa belle, il avait repris le combat.

Une bataille d'une sorte qu'il n'avait jamais connue, troquant la férocité de la hargne contre la ferveur amoureuse, la course à l'ennemi contre un lent chemin de caresses et de découvertes, l'assaut final contre une chaude rencontre, le corps à corps quant à lui se faisait moins sauvage que passionné. Et les cris de victoire... les cris de victoire, transformés, magnifiés, résonnaient des deux côtés. Ni vainqueur ni vaincu...

La nuit s'était étirée, témoin timide de leurs balbutiements, de leurs hésitations, et finalement, de leur communion. Lorsqu'il s'endormait, heureux, baignant dans l'endorphine et l'odeur d'Isaure, il ne fallait pas attendre longtemps avant que la chaleur de son corps, sa présence à ses côtés, ses courbes qui se devinaient à travers le drap, ne le tirent de sa torpeur, ne l'attirent à Elle, toujours Elle. En serait-il jamais lassé ?

Au matin, ils avaient du rendre les armes. Epuisés. Echevelés. Moites.

Mais le premier rayon de soleil qui fraye son chemin à travers les rideaux n'aura jamais effleuré de sa lumière un homme plus heureux que ne l'est ce matin Octave de Beaupierre. Ecartant une mèche, doucement, il trouve l'oreille de sa fiancée.


Isaure...? mon aimée...? Il se redresse, sur un coude, l'embrassant du regard à défaut de fondre de nouveau sur elle, même si ce n'est pas l'envie qui manque. Nous devons parler...
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Isaure.beaumont
Nouvelle trève.

Alanguie près de son comte, elle laissait courir une main légère sur sa peau encore brulante, lente découverte du corps octavien, traçant d'imaginaires constellations d'un grain de beauté à un autre, pacourant le relief d'une cicatrice dont elle essayait de deviner l'histoire. Jamais géographie ne fut mieux apprise. Du bout des doigts, du bout des lèvres. De tous ses yeux, de tout son coeur. C'est qu'il était si beau, les yeux clos, son soldat au repos. Si beau qu'elle se refusait à la torpeur à laquelle il cédait chaque fois, si beau qu'elle sentait son sang bouilloner, son coeur s'emballer, son amour enfler. Et quand enfin, elle se laisait aller à l'oubli, tout contre lui, qu'elle fermait les yeux, à l'apogée de son bonheur, il revenait à l'assaut de son plaisir, sans qu'elle n'y oppose aucune résistance.

Les gestes timides, les caresses maladroites, les succès hésitants s'étaient faits plus savants, plus précis. La nuit avait vu la danse de leurs coeurs et de leurs corps se colorer d'une nouvelle assurance, les conduire à une félicité toujours mieux renouvelée, rendant toujours plus éclatante leur victoire partagée. Il n'y avait pas de chant de guerre, juste le tambour de leurs coeurs unis et la douce mélodie d'un plaisir partagé, d'un amour consacré. Et au creux de ses bras, au secret de son cou, elle s'était enfin endormie, ivre de bonheur, étourdie par sa chance.

Elle sentit son souffle chaud sur sa peau, avant même que le son de sa voix ne vienne ravir son oreille. Et avant même d'ouvrir les yeux, elle étira un sourire bienheureux: elle n'avait rien rêvé. Elle l'embrassa du regard, se redressant déjà pour venir cueillir un baiser sur ses lèvres mais interrompit son geste: parler ? L'ombre d'une inquiétude vint obscurcir son regard, fâner son sourire et affoler son coeur. Si elle avait oublié l'objet de sa convocation, le souvenir de sa désertion nocturne, de sa complicité avec une rousse qu'il avait trouvé ravissante s'imposa à elle.

Terminée la lune de miel. Envolée la magie de la nuit.

Elle se redressa, s'arrachant au cocon de leurs draps. Elle tenta d'un geste sec de défaire les draps pour s'en couvrir. Elle dut s'y reprendre à plusieurs reprises pour qu'enfin le tissu cède et qu'elle puisse s'enrouler dedans, tournant enfin le dos à Octave pour aller récupérer ses affaires.


- Parlez donc ! Parlez donc Octave ! Mais vous parlerez seul ! Je ne ferai que vous écouter et je partirai !

Parle à mon dos. Parce que je suis incapable de te regarder en face si je ne veux pas m'écrouler.
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Octave.
Mais... mais ? Mais ?! Mais ! Qu'est-ce qu'elle fiche ? Il avait attendu le baiser initié, en vain. La belle avait pris la mouche et s'était levée, fâchée, empêtrée dans un drap trop grand qui ne faisait que la paraitre ridiculement petite.

Pire, elle lui tournait le dos. Ce dos... s'il n'y avait les marques qui le zèbrent, quel dos il serait... La ligne gracile de sa colonne vertébrale, qui le guide de ce cou parfait à cette chute de reins hypnotique... Octave secoue la tête pour chasser les idées qui ne manquent pas de lui traverser l'esprit.

Il ne l'avait pas appelée, et elle n'était venue, pour la nuit qu'ils venaient de passer. L'imprévu n'avait fait que - délicieusement - repousser la conversation qu'ils devaient avoir. Et le Comte n'aurait jamais pensé que d'aborder ce sujet pouvait agacer ou énerver Isaure ainsi. Mais que lui passe-t-il encore par la tête ? Qu'avait-elle dit en arrivant déjà ? Le Beaupierre a beau fouiller sa mémoire, il est bien en peine de se le rappeler... Seuls avaient retenu son attention ses yeux, son regard, sa voix, sa taille....

Il s'égare encore et doit vraiment se concentrer pour en revenir au présent. A savoir lui, qui se redresse dans un lit sans drap, et elle debout qui lui tourne le dos, enroulée dans le drap manquant, qui fait la gueule.


ISAURE ! La voix du Comte tonne dans la chambre. Mais bon sang ! Qu'est ce qui vous prend ? Je vous l'ai écrit : il faut que nous parlions de Caia, de son histoire, notre histoire, celle dont nous devons combler les trous. Il se relève, et la rejoint. Avez-vous... Etes-vous...

Ai-je été si décevant ? Vous attendiez-vous à tellement mieux ? Y avez-vous été habituée ? Est-ce la raison de votre empressement soudain à me fuir ? Vous ne supportez plus de me voir ?

Enfin Isaure... Je croyais que... J'avais cru...

Que j'arriverai à finir une phrase, ce matin.
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Isaure.beaumont
La Beaumont s'était redressée à son nom, s'était crispée à la suite et s'était enfin retournée à l'aveu amorcé. Le Beaupierre avait ce don de provoquer chez elle un arc-en-ciel d'émotions, un ouragan de sentiments. Il était à la fois sa mesure et sa démesure, sa raison et sa déraison. Il sublimait ses qualités, déchaînait ses défauts. Il était son Pôle Nord et son Pôle Sud. Et là... Là... L'odieuse vérité s'apprêtait à jaillir d'entre ses lèvres, elle le savait. Elle était prête à venir lui percer le cœur, à faire éclater son éphémère bonheur. La voix tremblante d'une émotion mal contenue, les yeux brouillés par la menace d'une avalanche de larmes, elle haussa le ton, pour se mettre à la mesure du comte:

- Que croyiez-vous ? Qu'aviez-vous cru, Octave ?! Qu'il suffisait de m'étourdir de vos baisers ? Qu'il suffisait de m'enivrer de vos caresses ? De me troubler avec votre tendresse pour me faire oublier ? Vous espériez que jamais je ne sache ? Ou au contr...

Il n'avait suffit que de l'éclat d'une chevelure rousse et de l'envol d'une miette offensive pour réveiller au sein de coeur d'Isaure la sourde angoisse de voir l'êre aimé s'égarer de coeur, d'âme et de corps. Empêtrée dans ses propres peurs, elle était incapable d'entendre, de voir ou de sentir les inquiétudes de son fiancé.

- J'avais espéré.... Mais je suis sotte d'avoir cru... Je... vous n'êtes jamais rentré ! Je ne veux plus d'un Judas, ni d'un Dan ! Jamais plus ! Et arrêtez d'être si... si...

Il était là devant elle, cet Apollon de son coeur. Si beau, si fort, si désirable, si nu, si désemparé. Désemparé ?

- Cessez d'essayer d'attendrir mon coeur, d'adoucir ma colère. Je suis... je suis inflexible !

Elle acheva enfin:

- Puisqu'elle vous plaît tant, épousez-la donc ! Je ne veux pas être votre choix raisonnable !!
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Octave.
Mon choix raisonnable ? Isaure, vous êtes ma déraison.

Et de quel choix parlait-elle de toute façon ? Avait-elle entendu parler d'Arseline, depuis son arrivée à Saint Bertrand ? Que savait-elle exactement ? Lui avait-on raconté plus que ce qu'il s'était réellement passé, à savoir, rien ? Pourquoi le sujet ressortait-il maintenant ?

Je n'épouserai personne d'autre que vous ! Ni elle, ni une autre ! Il n'y a que vous, il n'y a toujours eu que vous, il n'y aura toujours que vous...

Comment peut-elle en douter encore, après tout ce qu'ils viennent de vivre, après ce mois de juillet, après cette nuit ? L'incompréhension finit par se lire sur les traits du Beaupierre, réveillant l'ancienne blessure isaurienne, titillant la plaie encore sensible de la mécompréhension qu'il existe entre eux sur leurs sentiments.

Et elle le sait.

Voilà qui devrait clore le chapitre Lisreux, du moins le croit-il, naïf qu'il est.

Dans une tentative d'avorter la pluie de larmes qui menace de faire fuir pour la journée le soleil radieux qui pourtant poignait à l'horizon, il l'enlace, doucement.


Isaure... Nous serons une famille. Et nous devons parler de Caia... Pouvez-vous me croire pour ce matin, et les suivants, et m'aider à construire notre histoire ?
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Isaure.beaumont
Dans le tulmute de ses émotions, dans la fièvre de sa passion, les mots s'emmêlaient dans sa tête, sa pensée était ralentie. Les paroles de son fiancé trouvaient écho dans son coeur, sans pour autant parvenir à la rassurer pleinement: n'avait-il pas passé la nuit dehors, loin d'elle et avec elle ? Leurs adieux avaient-ils été tendres ? Orageux ? Elle ne doutait pas de son amour, car là, contre son oreille, alors qu'il l'enlaçait, elle entendait la douce mécanique de son coeur, incapable de lui mentir. Mais ne le regretterait-il pas, plus tard ? Ne trébucherait-il pas un jour sur une miette de pain qu'elle lui enverrait ? Ne choirait-il pas alors dans ses bras, entre ses draps ? Ne se laisserait-il guider par sa chevelure flamboyante un soir de tempête conjugale ?

Le nez enfoui contre sa peau, elle se rassasiait de son odeur, essayant de garder les idées claires et hochant la tête à ses paroles. Oui, elle le croyait et le croirait. Oui, elle l'aiderait. Elle resta encore un instant contre lui, immobile et silencieuse. Elle tourna légèrement la tête pour déposer un baiser sur le torse viril en signe de paix retrouvée et sans s'éloigner de lui, tâchant de ne pas songer à ce corps nu contre lequel elle se trouvait, elle prit la parole:


- Cadix. J'ai vécu à Cadix quelques années. Il sera aisé de faire croire que j'y ai donné naissance à CaÏa, loin de vie française, pour ne pas éclabousser mon époux de mon déshonneur.

Elle se tendit contre lui, peu à l'aise avec l'idée de donner l'image d'une épouse infidèle.

- J'y ai vécu... sous une fausse identité: Aurore Beauchamp. Il y aurait quelques petits...

Elle songea à Hassan, devenu Carloman, qui lui, connaissait une vérité qu'elle comptait bien cacher à Octave. Elle n'était pas fière de son passé, et si elle l'avait avoué à Dan ou Archibald, elle se refusait à ce qu'Octave, si parfait, si vertueux, sache qui elle était vraiment: une vilaine pécheresse. Comment pourrait-il l'aimer alors, s'il savait tous ses péchés ?

- Il y aurait quelques petites mises au point à faire, mais ma vie andalouse est une belle couverture, non ? Je n'ai repris ma véritable identité qu'il y a un an et demi en revenant auprès de mon cousin, Aimbaud, après avoir appris la mort de Judas.
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Octave.
Il l'écoute, tachant de masquer sa surprise, la gardant contre lui, ne la laissant plus filer. Il a l'impression que dès qu'il la lâche, ses démons la reprennent. Il lui faudrait rester ainsi, peau contre peau, avec à peine un drap pour les séparer, pour maintenir entre eux la paix à laquelle il aspire.

Ainsi, elle a vécu en Espagne. Il l'ignorait. Qu'ignore-t-il encore sur celle qui partagera le reste de sa vie ? Sans l'interrompre, et sans aller chercher plus loin que ce qu'elle veut bien lui confier, il opine du chef. Se reculant légèrement, juste de quoi plonger son regard dans le sien, cherchant à déceler il ne sait quoi.


Bien... voilà donc pour sa naissance. Mais vous l'aurez compris lors de nos échanges avec les gens qui me connaissent, ici... Pourquoi ne la connaissions-nous pas ? pourquoi ne la connaissais-je pas ? Pourquoi ne l'avons-nous pas reconnue quand elle est arrivée près de nous, et comment l'avons nous reconnue ensuite ?

Car c'est bien là le noeud du problème. Ceux qui les ont connus avec Caia au printemps, et ceux qui savent qu'Octave n'a pas d'enfant. S'il veut convaincre ses proches, s'il veut convaincre la hérauderie, il lui faudra une histoire qui tient la route. Tout en posant ces questions à Isaure, et en laissant courir sa main le long du dos aimé, il réfléchit à des solutions...

Le plus simple serait le couvent, bien entendu. Mais cela n'explique pas comment nous ne l'avons pas reconnue... comment vous ne l'avez pas reconnue lorsqu'elle nous a rejoints...

Parce qu'après tout, il est plutot cohérent qu'Octave n'ait tout bonnement pas été averti par la mère que leur nuit de péché avait porté un fruit.
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Isaure.beaumont
Il sondait son âme. De crainte qu'il ne découvre tous ses honteux secrets, elle se déroba bien vite à son regard scrutateur en fermant les yeux. S'il lisait en elle, elle était persuadée qu'il renoncerait à tout et mettrait un terme à leurs fiançailles. N'en avait-elle déjà pas trop dit ?

Les yeux clos, toute à son écoute, elle tressaillit sous la surprise des caresses de son dos. Et si dans un premier réflexe elle s'abandonna contre lui, elle se tendit bien vite, se rappelant soudainement des marques qui le striaient. Les avait-il vues ? Les sentait-il, là, sous les cals de ses doigts ? Quand l'un portait les discrètes stigmates de guerres, l'autre arborait les honteuses empreintes d'un vice non assumé. Elle s'échappa de ses bras, remontant le drap sur son dos, s'en voilant tout le corps.


- Tout aurait été plus simple si vous aviez accepté que j'en fasse la fille de Judas et que vous vous soyez contenté de l'adopter.

Elle s'installa au bord du lit, lasse à l'avance de toute cette histoire.

- Bien. Donc. Tous ceux qui ont connu Judas comprendront aisément la nécessité de ma fuite en Andalousie. Il n'aurait jamais accepté l'arrondi d'un ventre qui ne soit pas de son fait. Son despotisme en aurait souffert et il ne l'aurait pas supporté.

Elle ferma les yeux pour se concentrer sur son histoire et sa cohérence.

- Vous pouvez donc imaginer sans mal qu'en prenant conscience des conséquences de mes égarements adultères, j'ai fui sans vous tenir informé de la situation. Qu'aurait-on pu faire alors ? Vous l'auriez provoqué en duel dans le but de le tuer et de réclamer ensuite ma main avant de revendiquer ce que mon ventre couvait ?

Elle ouvrit de nouveau les yeux sur lui, et si l'ombre de Judas ne s'était pas glissée entre eux, sans doute ce serait-elle laissée aller à de nouveaux égarements. Elle détourna le regard pour le fixer sur un de ces portraits qui avaient semblé les juger la veille, et qui semblait désormais dépourvu d'âme et d'animation.


- Quant aux événements du printemps, il est cohérent que je n'ai pas donné la véritable identité de Caïa tout de suite, ne voulant pas l'accabler d'une naissance irrégulière aux yeux et au su de tous. Je n'aurai cherché qu'à la protéger du scandale, mais à présent que vous m'avez demandé en mariage, elle peut retrouver sa place légitime, à nos côtés.
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Octave.
N'évoquez plus l'éventualité d'une paternité de cet homme. Caia mérite mieux. Vous méritez mieux.

Pas de menace, à peine une injonction. Mais lui aussi s'est tendu. Sous ses mains, il la sent s'échapper, et le drap qui s'en vient couvrir l'intégralité de son corps qu'il a tant aimé cette nuit, le blesse.

Il la regarde s'installer sur le bord du lit, de son lit... Et reste là, dans l'ombre d'un contre-jour, à tâcher de comprendre le raisonnement de la brune, à ne pas s'attarder sur les courbes qui se devinent sous ce drap qui les sépare, à retenir ce qu'à travers ses mots elle raconte de son histoire. Et réalise qu'il en connait si peu sur le passé d'Isaure que c'en est risible...

Il s'est tellement attaché à ce qu'elle est, à ce qu'elle représente pour lui, à tout ce qui fait d'elle la personne la plus importante à ses yeux désormais, qu'il en a oublié de s'intéresser à ce qu'elle était... avant.


Cela me parait... suffisant. Et plausible... Bien sur qu'il aurait provoqué un duel. Bien entendu, qu'il ne l'aurait pas laissée fuir. Qu'il aurait alors couru à elle, comme il l'avait fait lors de son ordination. Un instant, bercé par l'histoire, il s'imagine qu'elle est réelle. Il imagine ce qu'aurait été sa vie s'il avait vraiment connu et aimé Isaure il y a dix ans de cela... Il devine qu'il ne l'aurait pas laissée fuir, finalement... enceinte ou pas.

Après tout... les gens ne savent pas que jamais je ne vous aurais laissée m'échapper après avoir gouté à la douceur de votre amour, après vous avoir eue pour moi...

Il la rejoint au bord du lit. D'un geste doux, il libère une épaule. Puis l'autre.

Que croyez-vous soustraire à mon amour, ainsi ? Je vous aime toute, Isaure Beaumont Wagner.
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