Isaure.beaumont
Un pas en avant, trois en arrière. Nétait-ce pas ce qui caractérisait le mieux Isaure ? Elle se donnait pour mieux se dérober, elle sabandonnait pour se refuser ensuite. Elle soufflait le chaud un instant et le froid la seconde suivante. Elle bouillonnait de passion avant de se renfermer dans son armure de glace. Elle laissait peu à peu le doute et la peur entraver son bonheur, ternir sa joie.
Elle avait mis de la distance entre eux, suffisamment pour garder les idées claires, suffisamment pour protéger ses secrets. Et tandis quensemble ils ébauchaient un passé qui aurait pu être le leur, elle se laissait happer par leur histoire, celle quils serviraient à tous. Comment se seraient-ils aimés, dix ans plus tôt ? Le goût de ses lèvres aurait-il eu la même saveur ? Lardeur de ses étreintes aurait-elle été aussi étourdissante ? Elle ne lavait pas vu approcher. Elle ne prit conscience de sa présence que lorsquil dénuda une à une ses épaules, tout doucement. Relevant les yeux vers lui, et comme si un fil invisible lattirait toujours vers lui, il lui semblait que leurs visages, que leurs corps se rapprochaient, irrémédiablement.
- Tout ce qui pourrait vous déplaire, Octave de Beaupierre.
Vous ne maimez pas toute, Octave. Vous ne maimez pas toute puisque vous ignorez tant de choses de moi, de mon passé et de mes actes. Vous naimez quune infime partie de ce que je suis, de ce que jai été, mais vous pourriez honnir tout le reste, tout ce qui me rend trouble et sale.
Quelle ironie ! Isaure avait très tôt dressé le portrait de lhomme idéal et elle avait recherché cet homme-là, malgré elle, dans chacun de ses amants, sans jamais ly retrouver totalement. Elle avait fermé les yeux sur leurs imperfections aux premières heures, puis avait tenté de les façonner tels quelle les voulait. Tous, sans exception. En vain. Jusquà ce quOctave croise sa route. Il avait endossé dès la première heure le rôle du protecteur. De bonne naissance, il était non seulement cultivé mais aussi intelligent. Il savait manier à la perfection lépée et était un homme de courage et dambition. Bon cavalier, il navait pas à rougir devant elle, grande amatrice déquitation. Enfin et surtout, ils semblaient partager les mêmes valeurs, en tous points, et des idéaux communs puisquils avaient combattu autrefois sous la même bannière. Il était aussi vertueux quelle lavait rêvé. Mais alors, en quoi était-ce un problème aujourdhui ? Si elle avait été jusque-là toujours plus vertueuse que ces hommes qui lavaient étreinte, désirée et peut-être même aimée, elle était aujourdhui avilie et se sentait indigne de lui.
IL ny avait rien à changer chez Octave. Tout était bon en lui, tout était parfait. IL était tel quelle lavait espéré. Elle aimait tout de lui. De sa susceptibilité à sa bienveillance. De son sourire à son air boudeur. De ses cris à ses murmures. Sa silhouette noble et fière, son corps modelé par lexercice, le goût de sa peau, le parfum de son cou, la douceur de sa barbe, la beauté de ses traits, léclat de ses yeux, la ligne de son nez, lardeur de ses baisers, lempressement de ses mains, limpatience de ses étreintes. Tout, tout, tout. Jusquà cette petite folie qui le poussait à laimer elle, quand il aurait pu embrasser le monde. Combien étaient-elles à rêver de létreinte de ses bras ? Combien étaient-elles à fantasmer des noces octaviennes ?
Et elle tendait vers lui, irrésistiblement. Parce quelle laimait, parce quelle le désirait et quil était là, à portée de cur, à portée de lèvres. Elle aurait pu laccueillir à nouveau, linviter à se fondre en elle, encore. Pour ne faire quun, toujours. Mais il lui semblait si pur, si parfait soudainement quelle brida son désir et se contenta de le baiser à lorée des lèvres.
- Vous rappelez-vous mavoir croisée sur le campement, lors de la fronde?
Que lui avait-elle inspiré, alors ? Elle essayait dimaginer ladolescent quil avait été, le jeune soldat quil était devenu. Trop obnubilée à lépoque par les titres, les beaux blasons et les beaux noms, elle navait jamais lorgné sur les jeunes soldats et dans la foule des visages anonymes, elle essayait de retrouver le jeune Octave. Séloignant du comte, laissant glisser le drap, elle entreprit de se revêtir, et tournant juste la tête vers lui elle ajouta :
- Je ne me rappelle pas de vous, Octave, je ne me rappelle pas de vous et jaimerais pourtant le pouvoir. Pourquoi ne nous sommes-nous pas aimés plus tôt ?
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Elle avait mis de la distance entre eux, suffisamment pour garder les idées claires, suffisamment pour protéger ses secrets. Et tandis quensemble ils ébauchaient un passé qui aurait pu être le leur, elle se laissait happer par leur histoire, celle quils serviraient à tous. Comment se seraient-ils aimés, dix ans plus tôt ? Le goût de ses lèvres aurait-il eu la même saveur ? Lardeur de ses étreintes aurait-elle été aussi étourdissante ? Elle ne lavait pas vu approcher. Elle ne prit conscience de sa présence que lorsquil dénuda une à une ses épaules, tout doucement. Relevant les yeux vers lui, et comme si un fil invisible lattirait toujours vers lui, il lui semblait que leurs visages, que leurs corps se rapprochaient, irrémédiablement.
- Tout ce qui pourrait vous déplaire, Octave de Beaupierre.
Vous ne maimez pas toute, Octave. Vous ne maimez pas toute puisque vous ignorez tant de choses de moi, de mon passé et de mes actes. Vous naimez quune infime partie de ce que je suis, de ce que jai été, mais vous pourriez honnir tout le reste, tout ce qui me rend trouble et sale.
Quelle ironie ! Isaure avait très tôt dressé le portrait de lhomme idéal et elle avait recherché cet homme-là, malgré elle, dans chacun de ses amants, sans jamais ly retrouver totalement. Elle avait fermé les yeux sur leurs imperfections aux premières heures, puis avait tenté de les façonner tels quelle les voulait. Tous, sans exception. En vain. Jusquà ce quOctave croise sa route. Il avait endossé dès la première heure le rôle du protecteur. De bonne naissance, il était non seulement cultivé mais aussi intelligent. Il savait manier à la perfection lépée et était un homme de courage et dambition. Bon cavalier, il navait pas à rougir devant elle, grande amatrice déquitation. Enfin et surtout, ils semblaient partager les mêmes valeurs, en tous points, et des idéaux communs puisquils avaient combattu autrefois sous la même bannière. Il était aussi vertueux quelle lavait rêvé. Mais alors, en quoi était-ce un problème aujourdhui ? Si elle avait été jusque-là toujours plus vertueuse que ces hommes qui lavaient étreinte, désirée et peut-être même aimée, elle était aujourdhui avilie et se sentait indigne de lui.
IL ny avait rien à changer chez Octave. Tout était bon en lui, tout était parfait. IL était tel quelle lavait espéré. Elle aimait tout de lui. De sa susceptibilité à sa bienveillance. De son sourire à son air boudeur. De ses cris à ses murmures. Sa silhouette noble et fière, son corps modelé par lexercice, le goût de sa peau, le parfum de son cou, la douceur de sa barbe, la beauté de ses traits, léclat de ses yeux, la ligne de son nez, lardeur de ses baisers, lempressement de ses mains, limpatience de ses étreintes. Tout, tout, tout. Jusquà cette petite folie qui le poussait à laimer elle, quand il aurait pu embrasser le monde. Combien étaient-elles à rêver de létreinte de ses bras ? Combien étaient-elles à fantasmer des noces octaviennes ?
Et elle tendait vers lui, irrésistiblement. Parce quelle laimait, parce quelle le désirait et quil était là, à portée de cur, à portée de lèvres. Elle aurait pu laccueillir à nouveau, linviter à se fondre en elle, encore. Pour ne faire quun, toujours. Mais il lui semblait si pur, si parfait soudainement quelle brida son désir et se contenta de le baiser à lorée des lèvres.
- Vous rappelez-vous mavoir croisée sur le campement, lors de la fronde?
Que lui avait-elle inspiré, alors ? Elle essayait dimaginer ladolescent quil avait été, le jeune soldat quil était devenu. Trop obnubilée à lépoque par les titres, les beaux blasons et les beaux noms, elle navait jamais lorgné sur les jeunes soldats et dans la foule des visages anonymes, elle essayait de retrouver le jeune Octave. Séloignant du comte, laissant glisser le drap, elle entreprit de se revêtir, et tournant juste la tête vers lui elle ajouta :
- Je ne me rappelle pas de vous, Octave, je ne me rappelle pas de vous et jaimerais pourtant le pouvoir. Pourquoi ne nous sommes-nous pas aimés plus tôt ?
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