Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] D'un besoin de vérité aux contrariétés

Martin.cv
Le temps passe, les journées se succèdent les unes après les autres. Laissant mon âme en paix. Mon esprit au repos ne voulant plus penser à ce qui a pu être dit, fait ou non. L'esprit se protège d'un malheur qui me détruira lentement à ne pas en douter. La fin de Juillet arrive, que je le veuille ou non il aurait du être annonciateur d'un bonheur. Mais pour cela, il aurait fallu que ce bonheur soit réel. Il aurait fallu pour cela que mon cœur ne se brise pas sous la douleur tandis que les mots glissaient sous mes yeux. Pour cela, le destin aurait du m'épargner.

Voilà pourquoi le cerveau est bien fait. Il occulte des passages. Il fait en sorte que le corps puisse avancer malgré la peine. Le cerveau décide que cette douleur trop grande restera au tréfonds de l'esprit le temps qu'il faudra pour que ce dernier soit prêt. Mais peut on être prêt à cela ? Peut on être prêt à assumer ses choix et ses décisions ?

Assurément, je ne le suis pas. Tout en moi réfute l'idée qu'elle ait pu se faire poignarder. Tout mon corps rejette l'idée qu'elle ait pu être enceinte. Le mensonge semble alors la meilleure des solutions. Le mensonge semble être la seule solution possible pour ne pas sombrer comme il en était question au départ. Pourtant, au fond de moi, pas si loin de la surface et du réel, une question me taraude. Et si c'était vrai ?

Et si, tout ce qu'elle avait écrit était vrai ?

Mes proches évitaient le sujet. On ne parlait pas non plus de Mélusine. Pourquoi est elle partie. Pourquoi me déteste elle. Tous évitent le sujet épineux de craint de voir sortir colère et amertume. Sauf ce soir. Ce soir, lors d'une conversation banale, la Noire a refait surface dans mes paroles. Elle imprègne mon âme plus que je ne pourrais jamais le reconnaître et le seul fait d'évoquer cette part de mon histoire m’amène à là. Juste dire : "J'avais une maîtresse" m'amène à ne plus savoir quoi croire. Un flot d'émotions a glissé en moi et même si je tente de garder la tête haute, le sourire est plus fade. J'avais évoqué cette grossesse mais je n'avais pas pu affirmer quoi que ce soit. La seule parade avait été de botter en touche.

Pourtant, au fond de moi le doute persiste. Le mécanisme de défense faiblit. Je dois savoir. Je ne peux plus rester dans le déni. Il est temps d'affronter la réalité.


Citation:
Tigist,

Pardonne moi Tu dois être bien surprise de voir une lettre avec le sceau de Couserans t'arriver. Je n'ose imaginer tous les sentiments qui viennent en toi à ce moment car je ne peux mettre le doigt sur ce que je ressens tandis que je t'écris. Je ne sais comment tu vas. Si tu es vivante ou morte. Tu devais même te demander si moi je l'étais même si je ne doute pas qu'au fond tu dois t'en moquer. Au vu de mon silence.

Pourtant, je t'écris Tigist. Car j'ai besoin de savoir. Je te supplie J'ai besoin que tu me dises la vérité. J'ai besoin de comprendre pour avancer. Le doute qui me broie l'estomac ne peut pas durer plus longtemps. Le doute qui glisse dans mes veines tel un poison doit avoir son remède. Alors s'il te plait, dis moi tout ce qui c'est passé. Dis moi si oui ou non tu attendais nos enfants. Dis moi si oui ou non on a voulu te tuer ?

Ne m'épargne pas et aide moi à comprendre,





La lettre est relue, le nez se plisse et c'est le cœur battant que je paie celui qui aura pour mission de retrouver la noire.
_________________
Tigist


    Les nouvelles vont bon train dans les tavernes.
    La Noire veut dépecer Renart et s'en faire un mantel, et Renart veut étriper la Noire et faire taire l'ombre. Voilà ce qu'on dit dans la rue et tout le monde le sait, et ni l'un ni l'autre ne s'en cache puisque chacun d'eux veut trouver l'autre pour l'abattre en premier non sans lui faire payer le prix du sang qu'il a versé. Pas n'importe quel sang, celui des enfants.
    Ses enfants. Pas ceux de Martin. Martin a perdu tout droit de les appeler ses enfants le jour où son courrier est arrivé et qu'il l'a agoni de mépris en la traitant de menteuse.

    Pourtant, un courrier arrive par un messager et le scel est reconnu, avant même d'être cassé, elle fulmine, avant même que la cire éclate dans un bruit sec, son cœur s'est déjà asséché prêt à encaisser. Les injures ? Les menaces ? Elle connaît. Elle en a fait les frais pendant des mois, pour les beaux yeux d'un armagnacais, pour la vie de ses aînés.

    Les mots sont lus, les ratures déchiffrées, et le sang bat dans les tempes de l'éthiopienne qui entre dans la première taverne venue pour y passer sa rage à coups de bouteilles. Sans compter sur la présence de Kelhyos à qui elle raconte l'histoire, qui fronce un sourcil à l'entendre avouer sa traîtrise, avouer enfin à voix haute que si les jumeaux qu'elle portait sont morts, la responsable n'est autre qu'elle-même. Judicael tenait la lame ce soir-là mais c'est elle qui avait guidé sa main des mois auparavant. Pour un comte et un sauf-conduit.

    La rage envers un homme, envers plusieurs hommes, c'est ce qui guide Tigist depuis ce fameux soir.


    « Y-a-t-il une personne que tu aimes, profondément, plus que ta vie même ? [….]Tu comprendras sûrement ce que ce que cela fait d'avoir l'impression que l'on t'arrache le coeur de la poitrine pour le lacérer avant de l'y replacer. Et tu chercheras n'importe quoi pour soulager cette douleur. N'importe quoi. »

    Parce que tu as mal, Tigist en vérité. Tu es en colère parce que te réfugier derrière le Destin implacable ne suffit plus à endiguer cette douleur qui emprisonne ton esprit. Tu voudrais la faire taire, et quoi de mieux pour cela que de faire taire à jamais ceux qui l'ont causé ?

    Ca ne marche pas comme ça.. Et pourtant quand la soirée sera finie, qu'elle retournera au camp, les mots à la lueur du feu de bois seront notés sur un papier vierge puisqu'elle a déchiré jusqu'au plus petit bout de la lettre de Martin.


    Citation:
    Martin,

    En dépit de tous les efforts de certains pour me voir disparaître, je suis toujours vivante. Quant aux émotions qui m'étreignent, qu'en sais-tu, toi ? Que sais-tu des émotions ? Tu es fait de la même matière que tes montagnes, dures et froides et je me suis leurrée de croire que tu pouvais aimer autant que tu me mentais en le prétendant.

    J'ai eu envie de te laisser à tes doutes, car tu les méritais. J'ai eu envie de te faire souffrir autant que j'ai souffert, mais après tout, qui suis-je pour retenir la vérité ? On a voulu me tuer, et pour cela, Judicael a planté sa lame là où cela ferait le plus mal dans le ventre qui portait mes enfants, Martin. Et il a fait cela pour me punir de les avoir offerts en pâture à ta justice. Cet homme a pris mes fils avant même que je ne les serre sur mon cœur pour me faire payer l'affront de t'avoir aidé à sauver ce comté si cher à ton cœur qui t'a retenu loin de moi quand je manquais de mourir. Tu vois ? La boucle est bouclée, tu n'as plus rien d'autre que l'Armagnac à défendre, comme tu l'as toujours fait.

    Mais nous nous reverrons Martin. Ce n'est pas une promesse, c'est une certitude, mon alliance, mon avenir et celui de mes enfants n'ont plus rien à faire entre tes mains, tu ne mérites pas cette confiance que je t'ai cédé.

    Dieu ait pitié de ton âme, toi qui a abandonné ton sang.

    Tigist.


    La vengeance d'une mère ne se prend pas à la légère.

_________________
Martin.cv
La lettre est lue, le souffle me manque, mes genoux rencontre la pierre de ma chambre. Seul à Clarens, je manque d'air, la douleur qui glisse en moi est insupportable. Pourquoi ai je voulu savoir ? Pourquoi ce doute est il venu déranger cette quiétude que m'avait offert le déni. Ne peut il pas revenir ? J'aimerais tellement oublier de nouveau. J'aimerais que plus rien ne puisse m'atteindre. La douleur qui suit ces mots m'est pénible. Bien trop pénible. Mes enfants... J'avais perdu mes enfants. J'allais être père. J'aurais du être père. Les larmes silencieuses glissent sur mes joues. La colère gronde au fond de moi.

Tel un volcan endormi, le tout se réveil et l'éruption ne se fait pas attendre. Déjà je suis debout, déjà tout vol dans ma chambre. Les vases se retrouvent projetés contre les murs, les tapisseries arrachées d'un mouvement rageur. Les rideaux au sols sont piétinés sans état d'âmes. Personne n'ose entrer, les cris que je pousse suffisent à retenir le plus téméraire des servants. Eux qui ne me voient jamais doivent me penser posséder.

Lorsque je quitterais la pièce, on ne trouvera derrière moi que le chaos. Le mobilier sera à changer, les tapisseries bonnes à brûler, le massacre est total. L'élan de colère a été assouvi et c'est fermé que je m'en vais à la première taverne du coin boire. Boire pour oublier, il n'y a que ça. Je ne suis plus au conseil, je n'ai donc plus le travail pour me réfugier. Je n'ai plus rien. Juste un trou béant au fond de ma poitrine.

Ce ne sera que bien des heures plus tard que je rentrerais au petit Castel seigneurial. Ivre à ne pas en douter. Les idées pas claires, l'envie de répondre bien présente et j'attrape le premier Servant qui passe pour demander ou du moins exiger qu'il écrive pour moi. Le pauvre homme ne sachant ni lire ni écrire se retrouver incendier sous ma colère. J'hurle que je me débrouillerais comme toujours seul. Que je n'ai de toute façon besoin de personne. Alors je me retrouve à mon bureau, un verre d'armagnac non loin que je bois cul sec avant d'en servir un autre. Toujours en pestant contre cette bande d'incapable. Toujours à hurlant vers ma porte close combien ils sont inutiles.

La plume rencontre l'encre pour finir par épouser dans une écriture quasi illisible le vélin.


Citation:
Tigist,

Ta lettre a tué une part de moi. Je suis anéanti. Je ne me pardonnerais jamais.

Viens reprendre ton alliance, elle est tienne.





Que dire de plus, handicapé dans les sentiments je ne sais quoi dire. Avouer mes faiblesses, avouer mes erreurs m'est pénible. Je ne sais pas comment agir avec les gens. Je ne sais pas m'exprimer. Je suis un incapable, le pire enfoiré que la terre aura pu porté. Alors mon verre rejoint ma main et je me laisse aller dans mon siège, l'âme en peine. J'ai tout perdu. Le constat est là.
_________________
Tigist


    Assise à l’écart du bourg où ils se sont arrêtés, une éthiopienne se pique les doigts sur le cuir qui recouvre le fourreau d’une épée courbe. Le soleil tape dans le ciel, et elle n’a pas jugé bon de s’abriter tout à fait à l’ombre, du revers de la main, elle repousse les tresses qui se collent à la sueur du front pour considérer son travail en le reculant un peu.
    Cela fait bientôt une semaine qu’elle est dessus, et pour sûr, si elle n’avait pas tué le Nerra, il serait fier de cet ouvrage.
    Les sangles sont saisies et passées dans les fentes prévues à cet effet, le harnachement est glissé sur elle, trop lâche parce que Kelhyos et elle n’ont certainement pas la même taille. Les deux épées courbes sont rangées dans les fourreaux croisés dans le dos.

    Elle en est là, Tigist. A se demander si cet homme mérite l’intérêt qu’elle lui porte, si à jouer avec le feu, elle ne risque pas de se brûler encore une fois, et en garde-fou, l’émeraude d’un italien lui revient en tête et la fait sourire. Il est des desseins du Destin que les hommes ne peuvent pas comprendre.

    Une branche sèche craque, et l’épée est sortie vivement du fourreau pour faire face à celui qui s’approche sur le chemin, le coursier lève les mains, angoissé, un pli dans l’une d’elles. L’éthiopienne range l’épée dans le fourreau et en profite pour sortir une pièce qu’elle tend en échange du courrier, rejetant l’air ahuri du bonhomme en lui tournant le dos pour retourner sur son rocher.
    De nouveau, Martin lui écrit et cette fois, la colère prend plus de temps à venir, car au fond d’elle, Tigist reste la même. Elle l’imagine sans mal incapable de gérer cette peine qu’ils se sont infligés à deux, dévastant tout autour de lui, blessant ceux qui voudraient l’apaiser.
    Et Tigist, loin de vouloir apaiser cette colère, se frotte la nuque avant de s’étirer, posant le courrier à même le sol.

    Martin l’avait toujours cru manipulatrice, chaque dispute entre eux s’était faite l’écho des sombres insinuations du Duranxie. Tigist, qui chaque nuit, dans la couche du comte endormi, l’avait regardé dormir avec tendresse, qui à chacun de ses réveils, avait répondu avec ferveur aux assauts de l’adolescent, qui chaque fois avait démenti ses accusations lui opposant une vérité difficile à accepter pour le jeune homme méfiant, cette fois, comptait bien lui donner raison pour atteindre son but.

    Les armes sont saisies, le matériel rangé dans le pan de cuir qu’elle replie avant de l’accrocher vaguement dans son dos, et l’éthiopienne regagne le bourg et son relais de poste pour rédiger un courrier qui repartira dans la foulée vers l’Armagnac.


    Citation:
    Martin,

    Je ne pourrai pas te pardonner, ni oublier. Je n’y arriverai pas.
    Mais toi, tu pourras sûrement te regarder comme un homme avec le temps, quand tu seras marié et que ton épouse t’aura donné des enfants.
    Si tu ne sais plus quoi faire, regarde les étoiles, la réponse est dedans. Tu es noble, tu as des moyens et des hommes. Conduis-toi comme un père, tes fils le méritaient.

    JUDICAEL


    Dieu guide ton esprit et ta main.

    Tigist.


    Et c’est ainsi qu’une femme sage et aimante se transforme en l’objet de perdition d’un homme qu’elle a chéri autant qu’elle peut à présent le haïr. Quand l’encre ne suffit plus, on fait appel au sang.

_________________
Tigist


    Et puisqu'il est question de contrariétés..
    Elle a bu plus que de raison ce jour, pourquoi ? Parce qu'elle est tombée sur une dépêche de l'AAP et qu'une question a tourné et retourné et encore une fois.

    Il lui faut l'écrire sur le papier et titubante, la noire l'a fait et pire encore, l'a posté.


    Citation:
    Martin,

    Si je devenais reine de France, me jurerais-tu allégeance ?

    T.


    Putain, Tigist ? Tu t'es vue quand t'as bu ?

_________________
Martin.cv
La lettre est lue et les sourcils se haussent bien haut. A l'odeur de vin qui imprègne le vélin, à la vue des tâches qui décorent avec brio le tout je comprends parfaitement l'humeur du jour de la Noire. Moi même je vis dans cette humeur, je me noie dans l'alcool pour ne pas sombrer dans le chaos de mon tourment. Autre chose me tient et m'empêche de sombrer. Arseline. Je ne peux le nier, si je sombre, elle sombre. Je me retrouve à être son pilier et elle le mien. Sans elle, je serais là à me morfondre. Là je suis debout, alcoolisé mais debout et prêt à assouvir mes envies.

Citation:
Tigist,

Avant de prêter allégeance, je dois mériter ta confiance.
Que serait un suzerain qui n'a pas confiance en son vassal ? Rien.

Alors n'espère rien de moi pour l'instant,

Martin

_________________
Tigist
    « I have these lucid dreams where I can't move a thing 
    Thinking of you in my bed 
    You were my everything 
    Thoughts of a wedding ring 
    Now I'm just better off dead »

    Lucid Dreams – Juice WLRD
    Je fais ces rêves lucides dans lesquels je ne peux même pas bouger 
    À penser à toi dans mon lit 
    Tu étais mon monde 
    Des rêves de bague au doigt 
    Maintenant il vaut mieux que je meure



    Deux jours qu'elle fuit la compagnie des autres, qu'elle les suit mais en les devançant ou en retrait. La fatigue, l'alcool, tout cela aide à faire remonter à la surface la pourriture qui remplit son âme. Et à l'écart du campement, l'ambre se pose sur Fribourg qui a subi une guerre rangée entre troupes de mercenaires. Douce allégorie de son état d'esprit.

    Tigist ne sourit plus, elle a fouillé la ville de fond en comble et n'a vu aucune trace des jumeaux. Ce temps perdu pour rien, ce temps loin d'eux pour rien. Les larmes menacent de s'amonceler tout à fait, l'éthiopienne déglutit et prend une profonde inspiration.
    Les cris de Gabriele, la colère de Martin, la haine d'Eikorc, les larmes de Neijin, toutes ces émotions la submergent. Elle voudrait pouvoir comme eux laisser libre court aux tourments de son âme mais une main invisible la retient.

    Les larmes disparaissent et l'air est expulsé.
    Tigist si tu pleures, tu meurs.

    Mais là, au fond d'elle, il y a cette tranquillité qu'elle avait connu sur les remparts de St Giron qui lui manque. Juste la tranquillité, la force sereine des montagnes l'environnant qui n'est pas sans lui rappeler celle du Haut Couserans.


    Citation:
    Martin,

    Il ne me revient pas de juger tes manquements. C'est entre Dieu et toi.
    Nous sommes à Fribourg et ils n'y sont pas. Tout ce chemin parcouru pour rien.
    Si tu as encore des relations capables de savoir où se trouvent des brigands reconnus, arrange-toi pour les trouver et me le dire. Je suis patiente mais je dois retrouver mes enfants, eux, sont vivants.

    Puisse Dieu t'épargner et t'inspirer.

    T.


    « You gave me a heart that was full of mistakes 
    I gave you my heart and you made heart break »

    Lucid Dreams – Juice WLRD
    Tu m’as donné un cœur qui n’était qu’un ramassis d’erreurs 
    Je t’ai donné mon cœur, et tu l’as brisé 




_________________
Martin.cv
La colère me prend à la lecture de la lettre. Comment ose t'elle abandonner quand jusqu’ici elle m'a accusé de tous les mots et de tous ses maux ?! Le verre qui était à l'origine dans ma main va se fracasser contre la pierre de la cheminée. Un cri de rage retenti dans la pièce et mon poing s'écrase sur le bois du bureau.

    Qu'elle chienne....


Tel le poison, la colère prend possession de moi. Mes doigts viennent appuyer l'estomac pour retenir les aigreurs qui menacent de me faire rendre mon repas. Un haut le corps me prend, la bile amer envahit ma bouche. Je ferme les yeux pour faire passer cet instant douloureux. J'inspire longuement puis j'expire lentement. Je recommence l'opération plusieurs fois et enfin quand la colère laisse place à une rage sourde je prends de quoi répondre.

Citation:
Tigist,

Tu m'as accusé d'avoir abandonné nos fils. Tu m'as accusé de ne pas avoir su être présent mais toi ? Qu'as tu fait pour eux ? N'est ce pas par ta faute qu'ils sont morts ? Ne t'avais je pas demandé de ne pas rester en Anjou ? Ne t'avais pas prévu une escorte que tu as refusé par la suite ? Pour quoi au juste ?

M'accuser. Me haïr. C'est trop simple, regarde toi. Regarde ce que tu as fait à nos enfants. Tu les as tué. Tu es la seule et unique responsable.

Tu m'as accusé de ne rien faire pour venger mes fils mais toi que fais tu aujourd'hui ? Tu rentres. Tu abandonnes. Tu laisses nos enfants dans l'oubli. Il est terminé le temps où je suis le seul responsable. Il est fini le temps où tu peux m'accuser de tous tes malheurs.

Si nos enfants sont morts, ce n'est que par ta faute. Tu n'as pas protégé la vie que tu portais alors oui va protéger tes rejetons qui sont encore en vie. Va protéger ces Corleones.

Martin.

_________________
Tigist


    Depuis des heures, elle suit la piste. Elle a vu sur les branches les toupets fauves accrochés en guise d'étendard. Pas si malin que cela le fuyard qui laisse derrière lui son empreinte à même la forêt. Il y a un statut quo dans la futaie, plus un bruit, ni les oiseaux, ni les rongeurs n'osent pointer le bout de leur nez et l'Ombre avance, se faufile jusqu'à la clairière, jusqu'à le voir. Grand, efflanqué, roux et le soleil qui filtre à travers les branches, donne plus d'éclat encore à ce roux qui flamboie avant que le carreau ne fuse dans la trachée sans préavis.

    Le cerf chancelle, tente un dernier brame et s'effondre à moitié sur ses pattes avant tandis que l'éthiopienne le rejoint. Il n'y a que les soldats pour s'imaginer que la mort vient avec son apanage de gloire. Il n'y a pas de champ d'honneur et de dignité. On se prend un coup là où ça fait mal, on souffre et on agonise lentement.
    Point.

    Le couteau de chasse est extirpé de la botte et vient s'enfoncer dans la cage thoracique de l'animal, une fois.


    Pour quoi au juste ?Pour lui. Pour son amour-propre, pour que l'or du Nerra éponge la dette de cette femme dont il s'était entiché. Pour pouvoir regarder les autres nobles sans honte parce qu'il hébergeait une ancienne mercenaire qui avait participé à la prise de plusieurs mairies.

    Sans bruit, l'arme replonge plus profondément encore. Il n'y a pas de sourire sur la face noire, elle ne prend aucun plaisir à tuer.


    Tu les as tué. Tu es la seule et unique responsable.  N'est-ce pas elle qui a baissé sa garde pour apaiser la souffrance du Goupil avant que celui-ci n'attaque et ne la prive de ses fils ? Si. Son amour, son trop grand amour, celui qui est cause de tous ses tourments. L'amour est responsable.

    C'est de l'acharnement, Tigist. Arrête donc, la bête est morte déjà. Pourtant, la lame remonte pour mieux s'abattre.


    Tu n'as pas protégé la vie que tu portais alors oui va protéger tes rejetons qui sont encore en vie. Mais pas Makeda, pas Maria, pas eux si petits, si délicats qu'elle n'a même pas vu, qu'elle n'a même pas tenu. Eux qui ont été brûlés sans qu'elle puisse même savoir si leur peau était dorée ou si leurs yeux avaient la couleur du brouillard comme leur père.

    Ce n'est pas un cerf sous ses mains, c'est un taureau, qu'elle tue encore et encore, en espérant faire taire la douleur dans sa poitrine. Mais Tigist, ouvre les yeux, ce n'est pas Martin.
    L'abyssinienne tombe à genoux, dans l'herbe souillée du sang de l'animal, et les bras passent autour de l'encolure. On pourrait la croire affligée de ce spectacle, pleurant sur la dépouille du roi de la forêt, tant ses épaules tremblent par saccades mais Tigist ne sanglote pas, elle se consume, elle contient le brasier dans son âme.

    Plus tard, elle rentrera au campement, couverte de sang, tirant derrière elle les rênes de son étalon, ce cheval brave et fidèle venu des élevages de Clarens, et à leur suite, le corps lacéré du cerf qu'elle n'a pas pris la peine de vider ou de dépecer.
    Plus tard, elle répondra, laconique.
    Plus tard, elle se rendra dans un village pour acheter une robe rouge. Sa robe de deuil.

    Et après, elle reprendra la piste car ce n'est pas un cerf qu'elle chasse, et que le Kebero, ce foutu loup rouge d'Ethiopie, se fout bien de parcourir en tout sens le royaume de France, tant qu'il peut planter ses dents dans la gorge du Renard.

    Prends garde Taureau que ton tour ne vienne pas.


    Citation:
    Martin,

    Tu as raison. C'est ma faute.
    Je n'aurais pas du te rencontrer et t'aimer.
    Tu es mon plus grand regret.

    T.

_________________
Martin.cv
Après que la lettre fut partie, j'avais ressenti un sentiment de soulagement. J'avais besoin de lui faire mal comme ses mots avaient pu me blesser. J'avais ce besoin d'être odieux avec elle comme si cela pouvait soulager le mal qui me ronge. Tout ce que je veux, c'est sentir comment elle souffre sous mes mots. Si il y a un domaine ou j'excelle, c'est blesser et m'acharner sur ma victime et malheureusement pour elle, la colère que je lui porte est grande. Combien de fois avais je voulu la faire revenir en Comminges ? Combien de fois avait elle repoussé son départ invoquant moult excuses ?

Alors oui, je la tenais pour responsable. Il était plus simple de lui rejeter la faute que d'en vouloir à un homme que je ne connais pas. Un homme responsable de mes malheurs. Non Tigist était la seule a avoir failli à mes yeux. La seule qui avait tué mes fils. Des fils que j'avais aimés dès que j'avais appris leurs existences.

Quand la réponse me fur portée, le sourire se fait en coin. Un rire s'échappe du fond de ma gorge. Combien de fois l'avais je accusé de manipulation ? De me mentir ? Mais là à cet instant, je suis certain d'une chose. Elle ment. Elle m'a aimé autant que je l'ai aimé. Elle m'a désiré autant que j'ai voulu la posséder. Elle la noire si différente des autres femmes. Elle qui a su apporté le calme dans ma demeure.


Citation:
Tigist,

Au moins je suis certain d'une chose maintenant. Tu m'as aimé comme j'ai pu t'aimer.
Tu n'es pas un regret mais une déception.

Martin

_________________
Tigist


    Elle a débusqué sur le chemin un coursier italien qui allait voir de la famille en France. Pire que les rats, ils se reproduisent si vite et colonisent tout de telle façon que ça aurait été une hérésie que celui-ci n'ait pas de famille dans le coin.

    Un courrier, les rênes d'un cheval.


    Citation:
    Martin,

    Reprends-le. Je n'en ai pas besoin où je vais et je ne veux pas qu'il parte avec moi.
    Il m'a bien servi, je lui ai fait confiance et il ne m'a jamais déçu. Honore-le.
    Je ne lui ai jamais donné de nom jusqu'à présent, je crois qu'il en a mérité un. Edele.

    Dieu te garde.

    T.


    Au loin, il y a une ville italienne et à ses portes plusieurs armées. Quand le coursier repart et que l'animal se retourne interrogateur avant de le suivre, l'ambre se pose sur l'agitation en contrebas des montagnes, une expiration lui échappe, à moitié coincée dans la gorge.

    A l'aube de la mort, tout part. Les rancoeurs, les colères, les tristesses, tout.
    Gabriele ne lui avait-il pas dit qu'il voulait revoir sa femme, celle d'avant, celle qui était présente.
    Il n'y a pas de larmes, il n'y a pas plus de sourire. Il n'y a plus rien.
    Gabriele veut sa femme ? Qu'on la lui rende. Tigist est de retour avec cette absence d'émotions qui la compose.


    « Moi, je voulais juste .. Mourir. »

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)