L_aconit
[ Peu avant la frontière de Breizh, à la fin de Juillet. ]
Les chemins qui mènent au deuil sont réputés longs et difficiles.
A celui qu connait les pèlerinages, ces sentiers sont empruntés avec la résignation nécessaire qui fait grandir.
Grandir la foi. L'espoir. La résignation. Le cercle, dit-on, est vertueux.
Capitaine de mes sentiments
The only thing I want to believe
La seule chose à laquelle je veux croire
When I was three, and free to explore
Quand j'avais trois ans, et que j'étais libre d'explorer
I saw her face on the back of the door
J'ai vu son visage derrière la porte
Be my vest, be my fantasy
Sois ma veste, sois mon fantasme
I should have known better
J'aurais du mieux savoir
Nothing can be changed
Rien ne peut être changé
The past is still the past
Le passé reste le passé
The bridge to nowhere
Le pont qui mène à nulle part*
Les chemins qui mènent au deuil sont réputés longs et difficiles.
A celui qu connait les pèlerinages, ces sentiers sont empruntés avec la résignation nécessaire qui fait grandir.
Grandir la foi. L'espoir. La résignation. Le cercle, dit-on, est vertueux.
Capitaine de mes sentiments
The only thing I want to believe
La seule chose à laquelle je veux croire
When I was three, and free to explore
Quand j'avais trois ans, et que j'étais libre d'explorer
I saw her face on the back of the door
J'ai vu son visage derrière la porte
Be my vest, be my fantasy
Sois ma veste, sois mon fantasme
I should have known better
J'aurais du mieux savoir
Nothing can be changed
Rien ne peut être changé
The past is still the past
Le passé reste le passé
The bridge to nowhere
Le pont qui mène à nulle part*
L'Ankou arrive. Il n'est plus temps des Regrets.
Le groupe qui entoure l'évêque, aussi bigarré que nombreux a pris la route en s'accordant peu de pauses. Le temps est compté. Il y a fort à parier que c'est ce qui les rend précisément plus savoureuses. Plus... Vivantes. On ne chérit le soleil brûlant que lorsque l'on en est privé des heures et des heures durant, dans le cahot d'un voyage . Au départ du Périgord, ils avaient fait halte de nuit dans des auberges, changeant les chevaux, s'accordant quelques ablutions et des repas chauds, un semblant d'intimité. Puis, progression se déroulant, les hameaux avaient laissé place à l'épaisseur de la campagne. La forêt et ses sentiers uniques avaient pris le pas sur les villes. Le Bretagne s'étendait au devant. Un souverain attendait son fils quelque part là bas.
Un muet, un oblat turbulent, une folle à lier, un nordique au long nez, un apprenti écuyer, un flegmatique Faune, un Archidéprimé, s'en allaient au côté d'un évêque qui profitait enfin de recouvrir sa garde robe passée, loin de sa soutane.
I should've wrote a letter
J'aurais dû écrire une lettre
Explaining what I feel, that empty feeling
Expliquant ce que je ressens, ce sentiment vide
Don't back down, concentrate on seeing
Ne recule pas, concentre-toi sur ta vue*
J'aurais dû écrire une lettre
Explaining what I feel, that empty feeling
Expliquant ce que je ressens, ce sentiment vide
Don't back down, concentrate on seeing
Ne recule pas, concentre-toi sur ta vue*
Le menton dans la main, ce fils trop religieux pour un tel Père, observait défiler le déroulé des paysages. Ciel changeant perçant parfois une éclaircie parsemait au grain de sa peau d'inégales ombres, inattendues incandescences. Faust refaisait le chemin à l'envers. Et chaque pas qui le rapprochait de Breizh, comme un compte à rebours inversé mettait à mal ses humeurs, les faisant parfois tressauter de la gaieté taquine à la plus silencieuse des expectations.
"Tu es une question à laquelle je n'ai pas encore de réponse." Gendry
Sur la route d'Oz, ils avaient rencontré d'autres singuliers pèlerins. Une mère au fils manchot. Un page à l'admiration envahissante. Des moments secrets volés à l'intimité d'un ruisseau. A l'arrière d'un coche. Au tronc mousseux d'un arbre. Le soir, le feu de camps les regardait faire une halte aux traits tirés. Ce moment où chacun savait alors qu'ils ne dormiraient pas tant qu'ils auraient pas retrouvé l'orée d'un lit. Puis les matins revenaient...
Une nasse où tournent en rond deux poissons. Des plis de chemin qu'une brise saline ébouriffe dans leur reliure détachée. Les cris d'une lutte enfantine, et peut être pas si innocente. Peut être pas. Doigts replient une lettre qui s'en va retrouver ses surs. Correspondances de voyages adoucissent la route, la dévient parfois, la bousculent de temps en temps.
Bientôt , ils arriveraient en Breizh.
Citation:
- De Perceval Aelis
Je ne sais pas où commencer, tant il y a à coucher d'encre sur le papier.
L'amour dites-vous ? Pour dire le vrai, les sentiments que vous m'inspirez sont irrépressiblement contradictoires et il m'est terriblement difficile de les interpréter avec justesse, vous suscitez chez moi une émotion si vive, si trouble que je ne puis avec certitude nommer ce qu'il m'arrive.
Je vous le dit ainsi, tout dret, car je ne sais m'exprimer autrement.
L'on peut aisément dire, par contre, que je vous porte une grande affection, et que celle-ci ne réclame rien en retour, je sais être raisonnable, rapport à votre condition et à la mienne, à mon Opinion et à la vôtre qui, si elle ne diffère de Dieu, diffère de la façon de l'appréhender.
Vous dites que les liens s'usent, cela dépend comment l'on lie, et comment est fait le lien.
Pour ma part, le lien rassemble, unie, relie, noue, ne le percevez pas comme une entrave à ma liberté, ni à la vôtre, je ne m'y abaisserai pas, voyez le simplement comme une jonction entre nos deux mondes.
Et par vos lignes, japprends que ce lien pré-existait depuis longtemps, de par votre filiation et de par la mienne.
Votre père, le grand Duc, votre nom jà aurait dû me titiller l'oreille, je le trouvais simplement commun pour un breton et de par votre physique si diamétralement opposé, j'ai peut-être voulu nier l'évidence.
Il est celui par lequel la mort est arrivée en ma maison, s'il n'est le responsable, il en est au moins, l'instigateur involontaire. Par stupidité, par bravache, d'une simple provocation, il a tué ma mère en la défiant.
Quelle ironie.
Il est vrai, je suis loin de la Bretagne mais si vous croisez une petite ouvrière, de jaune et de noire rayée, toute à son ouvrage abandonnée, c'est que de par ma pensée, je serais là, un peu avec vous et avec elle, laissez un peu de votre peine s'en aller.
A croire que Breizh est terre à chagrin, c'est à Vannes que j'ai laissé un peu d'Elle, cendre grise emportée au large par le vent, c'est à Vannes que de deuil j'ai tranché dans l'orgueil qui me ceignait de cuivre, c'est à Vannes qu'un être aimé a pris un bout de mon âme et est parti.
De miel, me voilà salant, moi qui ne voulait être que votre indéfectible appui.
Septembre me semble loin, je vous écrirai pour combler l'absence.
Je laisse Dieu veiller sur vous.
A vous, revient, mon indéfectible affection.
Perceval
C'est vers Vannes, qu'ils s'avançaient.
* Sufjan Stevens, "Should Have Known Better"
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil