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[RP] L'arrivée d'une délégation de français

L_aconit
[ Peu avant la frontière de Breizh, à la fin de Juillet. ]



Les chemins qui mènent au deuil sont réputés longs et difficiles.
A celui qu connait les pèlerinages, ces sentiers sont empruntés avec la résignation nécessaire qui fait grandir.

Grandir la foi. L'espoir. La résignation. Le cercle, dit-on, est vertueux.



Capitaine de mes sentiments
The only thing I want to believe
La seule chose à laquelle je veux croire
When I was three, and free to explore
Quand j'avais trois ans, et que j'étais libre d'explorer
I saw her face on the back of the door
J'ai vu son visage derrière la porte
Be my vest, be my fantasy
Sois ma veste, sois mon fantasme
I should have known better
J'aurais du mieux savoir
Nothing can be changed
Rien ne peut être changé
The past is still the past
Le passé reste le passé
The bridge to nowhere
Le pont qui mène à nulle part*


L'Ankou arrive. Il n'est plus temps des Regrets.

Le groupe qui entoure l'évêque, aussi bigarré que nombreux a pris la route en s'accordant peu de pauses. Le temps est compté. Il y a fort à parier que c'est ce qui les rend précisément plus savoureuses. Plus... Vivantes. On ne chérit le soleil brûlant que lorsque l'on en est privé des heures et des heures durant, dans le cahot d'un voyage . Au départ du Périgord, ils avaient fait halte de nuit dans des auberges, changeant les chevaux, s'accordant quelques ablutions et des repas chauds, un semblant d'intimité. Puis, progression se déroulant, les hameaux avaient laissé place à l'épaisseur de la campagne. La forêt et ses sentiers uniques avaient pris le pas sur les villes. Le Bretagne s'étendait au devant. Un souverain attendait son fils quelque part là bas.

Un muet, un oblat turbulent, une folle à lier, un nordique au long nez, un apprenti écuyer, un flegmatique Faune, un Archidéprimé, s'en allaient au côté d'un évêque qui profitait enfin de recouvrir sa garde robe passée, loin de sa soutane.

I should've wrote a letter
J'aurais dû écrire une lettre
Explaining what I feel, that empty feeling
Expliquant ce que je ressens, ce sentiment vide
Don't back down, concentrate on seeing
Ne recule pas, concentre-toi sur ta vue*


Le menton dans la main, ce fils trop religieux pour un tel Père, observait défiler le déroulé des paysages. Ciel changeant perçant parfois une éclaircie parsemait au grain de sa peau d'inégales ombres, inattendues incandescences. Faust refaisait le chemin à l'envers. Et chaque pas qui le rapprochait de Breizh, comme un compte à rebours inversé mettait à mal ses humeurs, les faisant parfois tressauter de la gaieté taquine à la plus silencieuse des expectations.

"Tu es une question à laquelle je n'ai pas encore de réponse." Gendry


Sur la route d'Oz, ils avaient rencontré d'autres singuliers pèlerins. Une mère au fils manchot. Un page à l'admiration envahissante. Des moments secrets volés à l'intimité d'un ruisseau. A l'arrière d'un coche. Au tronc mousseux d'un arbre. Le soir, le feu de camps les regardait faire une halte aux traits tirés. Ce moment où chacun savait alors qu'ils ne dormiraient pas tant qu'ils auraient pas retrouvé l'orée d'un lit. Puis les matins revenaient...

Une nasse où tournent en rond deux poissons. Des plis de chemin qu'une brise saline ébouriffe dans leur reliure détachée. Les cris d'une lutte enfantine, et peut être pas si innocente. Peut être pas. Doigts replient une lettre qui s'en va retrouver ses sœurs. Correspondances de voyages adoucissent la route, la dévient parfois, la bousculent de temps en temps.

Bientôt , ils arriveraient en Breizh.

Citation:
    De Perceval Aelis

    Je ne sais pas où commencer, tant il y a à coucher d'encre sur le papier.
    L'amour dites-vous ? Pour dire le vrai, les sentiments que vous m'inspirez sont irrépressiblement contradictoires et il m'est terriblement difficile de les interpréter avec justesse, vous suscitez chez moi une émotion si vive, si trouble que je ne puis avec certitude nommer ce qu'il m'arrive.
    Je vous le dit ainsi, tout dret, car je ne sais m'exprimer autrement.
    L'on peut aisément dire, par contre, que je vous porte une grande affection, et que celle-ci ne réclame rien en retour, je sais être raisonnable, rapport à votre condition et à la mienne, à mon Opinion et à la vôtre qui, si elle ne diffère de Dieu, diffère de la façon de l'appréhender.

    Vous dites que les liens s'usent, cela dépend comment l'on lie, et comment est fait le lien.
    Pour ma part, le lien rassemble, unie, relie, noue, ne le percevez pas comme une entrave à ma liberté, ni à la vôtre, je ne m'y abaisserai pas, voyez le simplement comme une jonction entre nos deux mondes.
    Et par vos lignes, j’apprends que ce lien pré-existait depuis longtemps, de par votre filiation et de par la mienne.

    Votre père, le grand Duc, votre nom jà aurait dû me titiller l'oreille, je le trouvais simplement commun pour un breton et de par votre physique si diamétralement opposé, j'ai peut-être voulu nier l'évidence.
    Il est celui par lequel la mort est arrivée en ma maison, s'il n'est le responsable, il en est au moins, l'instigateur involontaire. Par stupidité, par bravache, d'une simple provocation, il a tué ma mère en la défiant.
    Quelle ironie.

    Il est vrai, je suis loin de la Bretagne mais si vous croisez une petite ouvrière, de jaune et de noire rayée, toute à son ouvrage abandonnée, c'est que de par ma pensée, je serais là, un peu avec vous et avec elle, laissez un peu de votre peine s'en aller.
    A croire que Breizh est terre à chagrin, c'est à Vannes que j'ai laissé un peu d'Elle, cendre grise emportée au large par le vent, c'est à Vannes que de deuil j'ai tranché dans l'orgueil qui me ceignait de cuivre, c'est à Vannes qu'un être aimé a pris un bout de mon âme et est parti.

    De miel, me voilà salant, moi qui ne voulait être que votre indéfectible appui.
    Septembre me semble loin, je vous écrirai pour combler l'absence.
    Je laisse Dieu veiller sur vous.

    A vous, revient, mon indéfectible affection.
    Perceval



C'est vers Vannes, qu'ils s'avançaient.



* Sufjan Stevens, "Should Have Known Better"
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Archibald_ravier
C'est vers Vannes, qu'ils avançaient. Mais c'est vers Rieux qu'il était resté. Pour empêcher un puceau de sortir son chibre à une veillée mortuaire non loin de Rennes, parait-il.
Pour essayer de surveiller une brune folle à lier, peut être un peu, aussi.



Citation:


Archibald,

Ne m'en veuillez pas. Je pars ce soir. Ou demain.
Je prends la direction de l'Armagnac, Bretagne ne m'accorde aucun répit, il est trop difficile de rester ici.

Et... J'ai écrit une lettre à Théodrik. Je ne peux plus rester ainsi. Nicolas avait raison.
J'espère qu'il me pardonnera de l'avoir quitté, mais qu'il ouvrira aussi les yeux sur ce qu'il a fait et donc perdu.

Je vous embrasse,
Dôn.

Citation:



Marraine,

Ne parté pa san moi.

Archibald


Citation:


N'avez vous pas peur que Théodrik soit vexé de votre départ en ma compagnie ?
Pouvez vous partir dès ce soir ?

D.


Citation:


Non, demin.
Dormé avec moi ce soir. Je tiendré la bretagne loin de votre someil.

A


Que l'ami soit vexé, il le pensait. Mais peut être un peu aussi rassuré de savoir que quelqu'un veillait sur son épouse et son enfant à naître. Il l'espérait.
Et il espérait aussi que jamais il n'aurait vent de son dernier courrier.
Du reste, il était prêt. Il n'aurait vu de la Bretagne que des bois et des fourrés, il regrettait carrément l'océan, mais il était prêt. Ce soir, ils partiraient. A deux.
Salut la Bretagne, ce fut bref mais intense. Un peu trop intense pour deux âmes nues sous les embruns. Retournons au soleil. Retournons oublier. Retournous d'où nous venons, ou ailleurs, là bas, mais pas ici.
Partons.

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L_aconit
27 juillet.



murgé. Il s'était littéralement murgé la gueule juste avant de prendre la route pour Vivier sur mer. Et qui avait eu l'ingrate tache de le débarbouiller et de lui faire passer coûte que coûte sa tenue d'évêque, à cloche pied et sous la menace d'une nouvelle remontée d'estomac? Le page. Jorgen. Ah la scène n'était pas très digne, je vous l'assure, et le religieux était parti en faisant jurer à Jorgen de ne raconter cela à personne. Bien sûr, le page raconta tout à Alphonse dix minutes après.

Faust avait donc fait bonne figure à ce banquet donné par le Grand duc en l'honneur de.. De sa mort prochaine. Original n'est-ce pas? Les bretons ne faisaient jamais rien comme les autres. Inutile de préciser que Faust n'avait pas touché à une goutte d'alcool lors du rassemblement à Vivier sur mer, l'estomac encore trop retourné par ses frasques tout à fait inhabituelles. Le lendemain matin, lorsque comme prévu, il rejoint Alphonse dans son appartement Rennais, il ne le réveilla pas tels qu'ils l'avaient fantasmé lors de ces soirées où Faust s'était cru le roi du monde, comme si revenir d'un dîner funèbre pouvait vous laisser avoir la gaule ... Il ne se glissa pas au lit. Se contenta d'embrasser le front du Parisien et de s'en aller en laissant un mot de sa belle écriture déliée, naturellement appliquée. Besoin de s'isoler s'était imposé sans demander.

Citation:

À Alphonse tabouret

Muse. Retrouve moi sur la colline au clocher ce soir. La lune nous donne rendez vous . Ne m'attends pas cet après midi .

F.


Ce soir était l'éclipse de Lune. La dernière en date avait recouvert le ciel en 1406. Tous les religieux s’accordaient à dire que les éclipses rimaient avec apocalypse. Dans leurs descriptions effrayantes, les moines associent l'événement céleste à une descente aux enfers, dans les ténèbres. Une idée que peut-être, la lune dévorée ne reviendrait jamais .

Le reste de la journée qu'il passa loin de tout ne fut que plis et colères, tristesse écumante, questionnements existentiels et finalement , accalmie durable. On vint le trouver pour lui donner nouvelles du Page laissé derrière. Un bel adolescent de quinze ans aux hormones bouillonnantes que l'évêque avait préféré laisser sous la surveillance d'un Archibald plus en forme et mieux disposé que lui-même...


Citation:
De Gendry

Faust,


J'espère que tu vas mieux, par pitié ne me refait plus jamais cela.

Ici, c'est le calme plat, Archibald m'a demandé si je désirais l'accompagner et accompagner Dôn jusqu'en Armagnac. Je lui ai répondu que je te demanderai avant. Quel est ton avis ?

Mon rôle est de rester à tes côtés non ?


Prends soin de toi.


Jörgen.


* Accompagné de la lettre, un bouquet de fleur est joint, porté par le messager*



Quoi? Partir? Alors qu'ils venaient à peine d'arriver? Le montfort s'indigna, et il s'en fallut de peu qu'il ne jette le bouquet du haut d'une falaise. Ce gosse, tout attachant était-il, ne se rendait pas compte de la maladresse dont il faisait preuve. Par les mots, par ce présent . Par ses quinze ans.


Citation:
À Gendry

L'armagnac? L'endroit où un crétin vient toutes les deux semaines avec son armée montrer qu'il existe en poutrant des voyageurs et en assiégeant des villes? Et puis tu es mon page, ta place est auprès de moi, pas auprès de ma sœur qui fait son caprice pour aller retrouver son Isaure partie se marier sur un coup de tête. Je serai de retour mardi, si tu veux, si tu t'ennuies, tu peux m'attendre à Vannes? Dis à Archi qu'il aurait pu me prévenir...

Fais moi savoir où je te récupère.


Faust.



Citation:
De Gendry

Faust,

Mardi ? C'est si long...

Mais j'avais dis à Archibald que tu ne voudrais pas, que je devais rester à tes côtés, et il avait répondu que tu préférerais me voir surveiller et protéger ta sœur. Je suis heureux de ne pas m'être trompé.

Je passerai le message.

Mais mardi à Rieux ou à Vannes ?

Prends soin de toi.


Jörgen.






Citation:
À Gendry

mardi à Rieux. Je dois m'occuper des funérailles de mon père...

As tu envie de les suivre?

Il est bien tôt pour que tu partes sur les routes sans moi, tu viens à peine d'arriver... Je peux comprendre que Don et Archibald aient une sorte de pouvoir d'occupation, mais ...

A bientôt.

Faust.


Esprit s'était apaisé. Peut être que Jorgen s'ennuyait vraiment? Etait-ce raisonnable de le laisser attendre seul? Et Pourquoi Archibald ne lui avait-il rien dit bon sang de bonsoir? Avait-il vraiment troussé Dana à l'insu de tous? Doutes l'assaillirent. Une femme, une seule parmi ce groupe tout à fait masculin et tout partait de travers. Foutues femelles!



Citation:
De Gendry

Faust,


Les funérailles ? Toutes mes condoléances.. Tu as mon soutien, comme tu l'auras toujours.

J'ai seulement envie de les suivre pour ne pas être seul, mais je préfère largement ta compagnie, même si je les apprécies. Et puis les deux seuls qui me manquent sont Alphonse et toi.


Fais attention à toi,
Afffectueusement,

Jörgen.



Faust s'étendit au soleil. Le son des vagues, la mer qui s'écrasait en contrebas, narguait de ses embruns extraordinaires le clocher à flanc de falaise. Il était bien . Il aurait aimé tout laisser en bas, là bas, à Rieux, ailleurs, laisser Dana s'envoler puisqu'elle en avait toujours envie. Oublier qui il était. Oublier qui ils étaient tous. Il avait trébuché plus tôt sur un heaume royal abandonné là sans doute depuis des années lors d'une énième guerre entre la France et la Bretagne... Sa trouvaille fit guise d'oreiller. Il observa la course des mouettes et vaincu par une nuit blanche, s'endormit un peu.

Citation:
À Archibald_ravier

Archibald, tu pars. Tu pars avec ma soeur pendant que j'enterre mon père... Lâche ! Et ne crois pas emporter ma soeur aussi facilement!
....

Tu vas me manquer Archi... Bon courage avec Dana, tu feras attention à elle hein? Tu me le promets? Je vais récupérer mon page si tu le permets, il est trop tôt pour lui, ou trop tôt pour moi j'en sais rien pour le laisser battre la campagne pendant que j'ai besoin de quelqu'un pour me tenir les cheveux quand je vomis... Tu sais bien que je ne peux pas demander cela à Alphonse...

Tu vas me manquer.

Faust.



Spoiler:

27/07/1466 13:14 : Vous déterrez un Heaume des Gardes de Sa Majesté en creusant en X12-Y87. Venez jouer le Role Play de votre découverte sur le forum !

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Archibald_ravier
Les minutes sont longues, lorsque l'on peine à déchiffrer la peine que l'ami vous envoie au visage.
Celles d'Archibald lui semblèrent durer des heures. Au moins.
Il ne fait pas du tout dans la démesure.
Rédiger une réponse, trouver les mots juste, et décider de comment les écrire lui prit, réellement, une heure.
Et le coursier n'eut que ce temps là pour se restaurer avant de partir avec la réponse.

Citation:


Faust,

Ce n'ai pa moi qui par, c'est ta sœur. Je l'acompagne pour veillé sur ele, j'ai suposé que tu seré soulagé de ne pa avoir a t'inquiété de ça.
J'auré préféré resté pré de toi.
Je ne voi pa pourquoi tu ne peu pa conté sur qui tu aimes pour tes cheveu, quan on aime on peu tou voir de l'autr et surtou le pir, a mon avi.
Tu va me manqué ossi. J'ai pa tré envi de subir l'Armagnac et la joi d'Isaure et le malheur de ta sœur. Mai je préfère veyé sur elle et te savoir entre les main d'Alphonse pour surmonté ta peine et ton deuil que t'imposé l'inquiétude suplémentaire de ne pa savoir ou es ta soeur.
J'auré préféré gardé ton page avec moi, on aurai pas été trop de deux pour suporté Dana. Mais je sauré faire san lui, ne t'en fai pa.
Je t'écriré souvan, meme si j'aime pa sa.
Pren bien soin de toi.
Revené nou vite.

Archi

_________________
Gendry.
Le garçonnet avait vieillit, laissant place à l'adolescent devenant homme. Et quel adolescent.
Jörgen était un mélange de douceur, de timidité et de curiosité mais également de folie, d'imprudence et de jeunesse. Fougueux il l'était, imprudent, énormément, mais au moins, il vivait la fougue de la jeunesse.
Un soir banal en l'apparence l'avait vu entrer au service du jeune évêque. Le jouvenceau avait bien évidement accepté, appréciant depuis déjà un bon moment Faust Nicolas. Il lui vouait déjà une grande admiration qui ne fit qu'enfler au fur et à mesure des jours.

Il le suivit dès lors jusqu'en Bretagne, tenant son rôle de page aussi bien qu'il le pouvait, apprenant à découvrir les autres voyageurs, Archibald, celui qui pouvait le vexer en moins de deux mais qui amusait le gamin. La sœur de son maître, étonnant brin de femme, aussi bien chiante qu'attachante, à qui il s'attachait malgré ses difficultés envers la gente féminine et son caractère. Il y avait également Alphonse, celui qui répondait le plus à ses interrogations, le jeune homme l'admirait et l'appréciait hautement. Puis restait Theodrik qu'il n'avait presque pas vu, seulement un jour. Mais il s'était amusé avec le géant, il avait même pu lui mettre une droite, le gamin en était fier.

Ce voyage était également une aide aux questionnements du garçon, notamment sur ses goûts, les possibilités. Mais aussi une nouvelle approche des choses, Alphonse lui faisait parfois mettre des mots sur ce qu'il ressentait en toute sincérité.

C'était aussi, des peurs pour le jeune homme. Il était téméraire ou imprudent, probablement les deux,Faust lui avait dit. Mais il ne le faisait pas exprès. Émotif, un rien pouvait le faire rire ou pleurer. Et ce début de béguin qu'il ressentait ne faisait qu'accentuer ça. Et il paniquait.
Alphonse_tabouret
29 juillet, Rennes




Bretagne était une terre d’échardes. Cotes déchiquetées scindaient le fracas des écumes aux menhirs des terres, et jusque dans la rondeur des herbes, l’on sentait les arômes tranchés du sel embaumer plantes et terre.
Précédente visite était venue étouffer un deuil et actuelle témoigner d’un autre ; pays de bords de mer côtoyait les regrets, les fins de chemins et à ce jour de juillet, la contrariété étendue aux veines d’Alphonse. Immobile, épaule appuyée à l’encadrement béant d’une fenêtre, le parisien accusait la vue qu’offrait sa chambre d’un air austère.

Tout ici était morbide de beauté. Ciel azuré percé de nuages gris auraient pu lui plaire, promesses de pluie au sortir d’une journée écrasante de juillet auraient dû éveiller son nez, et le vertige des pierres étancher sa fascination des hauteurs, mais il était difficile de s’en abreuver depuis quelques jours déjà.
Faust était en miettes, fragments d’âme éparpillés au sol de Breizh sans qu’il ne puisse rien y faire. La seule chose qui semblait encore lui tirer quelques satisfactions étaient les insolences d’un jeune page et ces parenthèses bordées d’avant et d’après, où la chair réclamait pour noyer le chagrin ; à son torse, le poing rageusement abattu après un cri d’extase continuait de palpiter, pulsations sourdes de la seule plainte d’impuissance qu’avait bien voulu lui céder Montfort.

Jais se portèrent à la ligne d’horizon, quand sur le bureau, vélins achevaient de sécher avant de rejoindre leurs destinataires, et chacun d’eux, à sa façon, avait assis l’humeur maussade du jeune homme au reflet d’une senestre engourdie depuis les premières heures du matin.
Dôn pour commencer avait porté à son front une contrariété muette dès l’ouverture du pli et il s’était découvert incapable de s’en étonner ; l’on était déçu des gens que l’on respectait et fâché après ceux que l’on aimait. Montfort avait raison, il s’était attaché, jusqu’aux lubies qui les effrayaient tous, jusqu’aux mots qui leur semblaient abscons.
Bretonne au sourire fendu portait bien des qualités et pourtant, ne cessait de les refuser à qui elle aurait dû les dévouer lors du périple qui les avait lancés sur les routes. Quand Dôn avait-elle oublié que son frère enterrait son père, occulté qu’au-delà de l’évènement, Montfort à peine affilié, redevenait, et cette fois ci, à l’amertume du définitif, orphelin ?
Que ne voyait elle l’importance des ancres, aimées, haïes, lointaines ou présentes ? Qui mieux qu’elle savait ce que le deuil avait d’à ce point définitif qu’il emportait avec lui tout ce que l’on était avant ?
Quand comprendrait elle qu’elle était la dernière ?




Citation:
Enor,

Oh, mon triomphe, ma victoire.
Que puis-je bien faire quand vous êtes loin de moi ? Je n'avance qu'avec votre aide, vous guidez, dirigez mes pas. Vous balayez les obstacles se dressant devant moi. Et voilà que vous êtes chez elle, quand moi je n'y suis guère.

Je dois partir.
Fuir, encore.
Mais nous nous retrouverons, vous l'avez demandé. Soyez mon allié, mon soutien, mon secours. Et en août, à l'ombre de votre corps, à l'angle de votre bras, j'irai affronter ceux qui s'aiment et se sauvent.

Nombril.

Citation:

Nombril,



Vous partez, il n’y a donc plus personne pour me déterrer si d’aventure je venais à chuter aux coups de remblai de votre mère ; vous serez seule coupable désignée si elle venait maintenant à m’ensevelir.
J’avais votre équilibre en main, et vous l’assurance que je survive; qui saurait dire désormais lequel de nous deux est le plus en danger?

Vous me trouverez le 4 aout à votre bras, comme promis.

Enor.



"Je vais tuer ton page", avait-il simplement dit à Montfort en lui tendant la lettre que le garçon venait de lui envoyer.
Jorgen partageait ses nerfs d’une ambivalence ; garçon était d’agréable compagnie, il eut été difficile de lui nier cela, et avait écorné le flegme attentif de l’animal à force de surprises, car s’il possédait les revers de chacune de ses qualités, il y avait chez le jeune page une étincelle peu commune, l’aube d’un hayon que les jais continuaient de fixer sans pour autant l’emprunter malgré les invitations. Jorgen ne savait ni se taire, ni seulement comprendre le concept de frontières, et mensonges en étaient venus à cimenter le début de leur relation par nécessité ; l’on ne confiait pas ses secrets à quelqu’un incapable de garder les siens.
Chaque provocation s’était vue renvoyer au garçon, demi-mots et sous-entendus troublant les joues juvéniles jusqu’à lui faire tourner la tête, et s’il n’avait pas songé que le nordique aurait pu s’en trouver plus excité que mortifié, Tabouret n’aurait pas hésité à lui infliger cuisantes leçons en retour à ses nombreuses allusions, mais parce que Jorgen ne ressemblait à personne d’autre, que l’insolence avait toujours plu à Alphonse au point de la tocade, Fauve avait patiemment rétracté ses griffes.
Jusqu’à hier.


Citation:

Alphonse,

Voici même pas deux jours que vous êtes partis tous deux et vous me manquez.

Ici, tout est calme, hormis que Dôn veut partir pour assister au mariage, qu'Archibald va l'accompagner mais ne veut partir, et que j'ai rencontré Theodrik, qui s'est mangé mon poing.
Il m'y a poussé ! Il voulait, j'ai obéit, il a été étonné, mais maintenant ma main me fait souffrir.

Dôn est de plus en plus etonnante jour après jour, je me plais en sa compagnie, elle est une des rares femmes avec qui je pourrais converser des heures sans me lasser.

Archibald lui.. A malencontreusement apprit pour moi... J'aurais juré voir du rouge venir habiller ses joues, mais je n'en suis pas certain, tout comme je ne suis pas certain d'une maladresse de sa langue. J'ai eu si peur. Je vous entend déjà venir me parler de l'importance de mon silence et du mensonge sur ce sujet. Mais je vous promet que ce n'était pas voulu !

Je ne sais quoi penser.

Prenez soin de vous.

Jörgen.


Citation:

Jorgen


Aviez-vous si peur que je ne vous donne pas nouvelles autres que pour vos tâches que vous êtes allé vous confier à la première oreille venue pour trouver à me donner sujet de conversation ?

Quarante-huit heures vous ont suffi malgré mes mises en gardes. Que se passera-t-il si j’en viens à m’absenter une semaine ? Dois-je espérer que vous ne vous confierez qu’un soir sur deux ?
Soyez désolé, je suis marri, non point après vous, mais après moi d’avoir cru que vous comprendriez l’importance de taire vos penchants, en toutes circonstances. L’âme humaine est changeante, variable, et les amitiés soumises à bien des chemins de tempêtes. Vous ne pouvez pas savoir en une poignée de jours si votre ami d’aujourd’hui ne sera pas votre ennemi de demain.
Ce ne sont pas quelques coups qui vous attendent, Jorgen, selon qui entendra votre secret mais le bucher, car vous êtes aux yeux de la Sainte Eglise, définitivement un hérétique.

A ce sujet, Montfort a reçu ce matin un pli de l’Inquisition annonçant sa venue inopinée en Breizh. Elle semble arrêter sa délégation quelques jours à Rieux. J‘ignore le motif de leur visite, Monseigneur est assez soucieux pour que je ne l’ennuie plus à le solliciter sur des sujets qui ne me concernent pas, mais je vous enjoins à faire profil bas.
Je ne lui ai point dit que vous ne saviez pas tenir votre langue ; si l’Inquisition devait l’appeler pour quelques questions, je le veux aussi ignorant que possible. Montfort ne sait pas mentir et serait capable de se faire percer à jour en songeant vous couvrir.

J’eus définitivement préféré que vous mettiez votre queue sur la table plutôt que votre secret à l’oreille.

Je ne m’étonne pas que vous ayez fini par vous attacher à Dôn. Dame est charmante et cinglante comme un zeste de citron. Elle m’a de fait annoncé son départ prochain dans un courrier ce matin ; rien ne sert de la retenir, pas plus que mettre votre poing dans le visage de son époux. J’imagine néanmoins que si vous vous y êtes risqué malgré le profil, c’est que cela devait en valoir la peine. Vous trouverez ci joint écus pour aller acheter de l’arnica au médecin de Rieux. Massez-vous la main avec et évitez de demander à tout éphèbe croisé sur le pas de la porte de le faire pour vous. Si vous voulez vraiment me faire plaisir, demandez plutôt à une jeune fille de vous aider.
Quoiqu’il en soit, soignez-vous.

Je vous écrirai demain pour vous donner une date de retour.

Alphonse.

PS : Odeur du jour : Le feu.



Mensonge supplémentaire s’ajoutait à la liste et s’ornait cette fois ci d’un pari décidé entre les deux amants ; Inquisition inventée, Archibald averti, et enjeux sur la table s’apprêtaient à apprendre au garçon le prix des discrétions.
_________________
L_aconit



Nuit d'éclipse.

Full moon en toit du monde, deux corps se retrouvent comme le soleil retrouve la Luna. Doigts grattent la voûte céleste pour en déloger les constellations. L'instant ne se reproduira probablement pas. Hauts perchés sur la plus haute falaise où le clocher flirte avec le ciel de sa pointe de sel, Faust mêle l'écho de sa voix à celle d'Alphonse. N'est-ce pas la première fois qu'ils voyagent ensemble seuls? Si. Une première fois avec le muse vaut ce qu'elle vaut. Une infinité de petites joies pour enrayer les peines. Car le voyage n'est pas gai. Ils le savaient n'est-ce pas? Il le savaient. Les bleus engloutissent le spectacle fascinant et un peu effrayant aussi d'un astre qui semble se résorber , les doigts blancs viennent verser sur sa rondeur un trait d'encre noire , bras tendu. La nuit sera blanche. Le matin aussi.

Retrouvant avec lui les rigueurs de sa venue, Nicolas peine à garder la marmoréenne ligne de conduite qui convient aux gens inébranlables. Les nouvelles vont, viennent, aucun n'a décidé de le laisser en paix. Le Roi est mort, vive le Roi. Qu'il fait froid en juillet. Nicolas se retrouve écuyer, cinq ans plus tôt, à courir en se demandant qui il est. Le maitre est bon, mais son père, ne le réclamera-t-il jamais? Et ces secrets dont on l'entoure ont-ils une légitimité? Flaques d'eau dans la campagne de Sarno, les soldats avancent résignés. Deux orbes bleues cherchent l'image d'un Prince obstiné, sa seule ligne d'horizon. Poinçon dans la manche pour les jeux du soir, il est redevenu l'Aconit. Blanche tête des garnisons. Sbire d'un Prince en caparaçon.

Une petite main le réveille. Sursaut surprend jusqu'au messager. Haletant, montfort peine à se souvenir où il est. Est-ce Retz? Vésone? Ou les rives du Léthé? Ce n'est que Rennes. De nouvelles lettres. Nicolas paye le garçon et foule de quelques doigts les blés exsangues et mal couchés. La journée va être longue. Trop longue pour pleurer. Il épargnera cela aux autres. La Saudade* a assigné aux contours de son cœur son territoire. Le deuil le ballotte d'états asthéniques en regains d'énergies inespérés, à l'image de ce dernier sursaut qu'on les morts avant de s'en aller. Nicolas est un Fado** dont le ciel recueille les échos. Cris de jouissances ou d'impuissances résonnent aux lèvres qui n'ont plus envie de s'ouvrir. Dextre prend le relais.

Citation:

À Don

Prenez soin de vous et de salomon.
Je prierai pour vous à Dinan.

Faust.



Citation:

De Don.

C'est à moi de prier pour vous. Pour votre père.
Ne vous oubliez pas, Dinan est maudit.

D.


Citation:
De Kleze

objet: The boy has no name.

Tous dans l'un.

Rien de graveleux. Je vous rassure.

Une Grande personne m'a dit un jour au détour d'un chemin lors d'une chasse aux brigands qu'il ne fallait pas attendre pour dire les choses. Puissiez-vous vous en inspirer. Et si vous l'avez déjà fait, ce n'est de toute façon pas aux enfants de culpabiliser de l'absence d'un parent quand bien même l'excès d'empathie semble tout indiqué dans ces circonstances.

C'est là l'ébauche de réponse qui vous était destinée au lendemain de votre pli à mon égard. L'été sait se montrer chronophage, bien plus que l'on n'imagine parfois. Glouton qu'il est. Me pardonnez-vous ce délai ? Je ne sais si vous êtes toujours en Bretonnie ou si les morceaux de vie se sont éclaircis depuis. Je l'espère en tout cas.

Je vais attendre votre pardon avant de conter ma vie ou de poser quelques questions; mais sachez que j'ai l'ode promis pour votre anniversaire, je compte juste vous l'offrir en mains propres. C'est sûrement égoïste que de vouloir voir un trait ou deux de bonheur ou de contentement mais personne n'est parfait. Surtout pas moi.

N'oubliez pas, Nicolas, Faust et tous les autres;
L'on peut entendre l'eau au bord de toutes choses. *

Maurice.

[*Hammock - I could hear the water at the edge of all things]



Assis à son écritoire sur quelques nuits blanches, Nicolas reconnait la justesse de maurice. L'on peut entendre l'eau au bord de toutes choses. En voulait-il à Dana? Point. Il se soulageait de cette fuite allégeant le panier de ses préoccupations. Elle ne lui pardonnait pas de loger à Dinan, chez Lallie, il ne voulait pas en plus des siennes, s'encombrer des discordes des autres. Nouvelle missive se découvre. Le délié sec de la sombre fille à l'Ichtus dont il avait semble-t-il adouci quelques angles.


Citation:
De Perceval Aelis


Objet: de Vannes - Ouvrez-les.

Un simple caillou dans un papier et une épingle à cheveux en argent, le tout replié et retenu par le noir ruban du deuil, l'écriture y est reconnaissable par l'absence de courbes coquettes.
Austère jusque dans son délié.


Pour l'amour de vous, à votre deuil, vous me voyez unie.
Si le chagrin ou les ressentiments se font trop présents, mettez le caillou dans votre chausse, vous ne penserez plus qu'à cela et libéra votre conscience pour un temps. Juste assez pour soulager un coeur endolori par la perte.

Que je vous rassure.
Si votre père a péché par bravache, ma mère a péché d'orgueil.
Tant à lui, je lui en ai voulu de ne pas voir en la mine asthénique de ma mère un sévère avertissement, tant à elle pour ne point avoir tenu compte de l'avis de ses médecins qui lui préconisaient un repos total.
J'aurai dû mieux vous le dire, que si pugilat il y eut, c'est d'un coeur trop étriqué que la mort d'un coup me l'a volée.
Nous devions rentrer chez nous, et d'une halte malheureuse en Paris, Arlon ne l'a jamais revu vive.
Ce point aura-t-il vertu à ôter un poids à votre si belle âme ?

Mon billet sera court, vous avez mieux à faire que de me lire, vos responsabilités sont certainement grandes.
Si vous en avez l'occasion, glissez l'épingle dans le creux de sa main, elle appartenait à mon Elle, une manière de les rapprocher par delà la mort, une manière de lui accorder un pardon sans condition aucune, une manière de vous absoudre d'un crime dont vous vous étiez mis en tête à vous repentir.
Le crime n'y est pas, juste l'orgueil de deux têtes aussi dures que la pierre.
De toutes les manières, il est tant pour vous de vous réjouir, il est à Dieu maintenant, n'est-ce point la finalité de chacun ?

A l'Unique, je vous laisse en garde,
doux poison.

Perceval



Caillou glissé derechef dans sa chausse fera son office. Le courrier est laissé de côté pour la journée. Nicolas s'habille dans l'habit le plus strict et s'agenouille pour prier.




*Pensée pour ma famille , le terme « Sodade » est un mot de créole capverdien. Il vient de « saudade », qui est réputé comme l’un des mots portugais les plus difficiles à traduire. Le terme exprimerait une « tristesse empreinte de nostalgie, quand une personne se sent dépossédée de son passé ». La chanson parle d’une séparation entre deux êtres qui s’aiment. L’un est resté au Cap-Vert (São Nicolau, dans la chanson, est l’une des îles du Cap-Vert) et l’autre est parti pour São Tomé e Principe.

** Le fado est un genre musical portugais, constitué de chants populaires au thème mélancolique accompagné d'instruments à cordes pincées.

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Archibald_ravier
Il parait que si plus de cinq personnes sont au courant d'un complot, ce dernier est voué à l'échec.
Il semblerait que celui ci soit parti pour aboutir, donc.

Archibald, à contrecoeur, avait négocié sa participation. Mais loyauté et conscience d'une nécessaire leçon avaient fini par l'emporter, et son aval avait été donné.
Courriers échangés à la thématique limpide avaient été brulés jusqu'à la dernière virgule.
Le seul qui restait, esseulé, étalé sur ses affaires d'avant départ était celui du coupable.


Citation:


Archichou,

Alors ainsi tu viens ?

J'en suis heureux, un compagnon de bagarre !
Chose promise, chose dûe : Tes fesses vont me manquer.


Ramène toi vite,
Jörgen


Les cendres encore chaudes accueillirent ce dernier pli, donc chaque mot lui consumait les joues.
Incompréhension.
Réveil d'un émoi qu'il croyait confiné aux murs de Montauban, et d'un atelier de tailleur où son âme sœur apprenait son métier.
La mort dans l'âme, il reprit la plume et entreprit de répondre.


Citation:


Jörgen,
Je viens.
J'ai du brûler ton courié. Tu ne sais tenir ni ta langue, ni tes mots et tu met tou le monde en dangé.
Je me sui confessé ce matin et le curé m'a posé bocou de question, j'ai peur qu'il remonte jusqu'a toi. Je sui désolé.
J'auré du ne rien dire mai j'étai sou le secré de la confesion et le curé m'a tiré les verres du nez, il a bien vu que j'étai pa bien et j'ai du parler. Bocou tro.
Je t'ai mi en dangé. Mai si t'avé su la fermé j'auré rien eu à raconté au curé.
J'ai peur pour toi mintenan.
Brule se courié dé que tu l'a lu. Ne le montr a persone.
J'ariveré peu de ten apré le coursié de toute façon.
Archi


Puis le courrier fut soigneusement copié, une seconde fois, à la suite de quelques lignes qui partiraient avec le même coursier.


Citation:


Nicolas, et probablemen Alphonse,

Vou trouveré si dessou une copi du courié que j'envoi a Jörgen.
Je me sen minable. Nicolas tu me doi une confession, je te prévien.
J'ai brulé tou les courié, trop dageureux à trinbalé. Faite en otan si c'est pas déjà fé.
Merci.
A très vite.
PS : je pren la route avec Salomon et Brynjar, est-ce que vous pouvé me réservé une chambre dans l'auberge ou vou etes afin que je puisse boire des cou avec vou tout en jouan a la nounou pour Dana ?


Dés jetés, affaires rangées, coursier en route. Il suivrait quelques heures plus tard, et il ne pouvait même pas tromper l'attente avec une eau de vie, ou deux, ou trois, parce qu'il avait deux enfants à protéger sur les sentiers.
_________________
L_aconit
    L'affaire en question.

    Nicolas, évêque de son état, n'avait rien abandonné de ses pratiques secrètes et controversées lorsqu'il avait pris les ordres. En somme, garçon boutait toujours des garçons, ou plutôt un seul, le splendide Alphonse Tabouret.

    Archibald, épris d'un garçon dont seul l'évêque connaissait l'existence, et qu'il n'avait plus vu depuis des lustres, s'octroyait des passe temps conventionnels au bordel en tentant d'oublier ses vieux émois.

    Jorgen, page de l'évêque , petit con de quinze ans, imprudent au possible, semblait bien parti pour embrasser la même voie, et ne s'en cachait pas assez au gout de tous ces augustes messieurs qui l'entouraient...

    En somme, une belle brochette de fot-en-culs, mais les plus adorables et les plus chamarrés qui soit.

    Jorgen ignorait tout des penchants des trois autres. Archibald, Faust et Alphonse eux, savaient tout, et s'en faisaient les gardiens éprouvés. Et autant de vous dire qu'à vue de nez, is n'étaient pour ainsi dire... Pas sortis de la verge
    .



L'aconit : Tout secret n'est pas forcément dissolu... Sulfureux. Parfois un secret peut juste provoquer de la peine aux autres ou inspirer du dégout. De la pitié. Et parfois un secret tient le poids d'une vie ...

L' aconit hausse une épaule.
Alphonse tabouret le regarde.


L' aconit : Bref. Jorgen est bien tombé. Donnons lui leçon. Réfléchissons. Nous pouvons avec la complicité d'Archibald, lui faire peur.

Alphonse tabouret fait mine de suivre le changement d'humeur, de se plier au sujet que l'on a estimé clos unilatéralement; les émotions de Faust sont assez malmenées depuis quelques jours pour ne pas trouver répit quand elles le demandent.


Alphonse tabouret : Songes tu à quelque chose?
L'aconit : Pas encore. Peut être archibald peut-il l'avertir qu'il l'a dénoncé au curé du coin. que l'inquisition est en route pour venir le chercher... Qu'en étant mon page il n'est pas difficile trouver en Bretagne en ce moment..
Alphonse tabouret : Ah Dieu, tu y mets de suite les moyens. Que feras tu s'il récidive? Construire une croix au milieu de Saint Front en lui disant qu'on va le supplicier?

L'aconit rit

L'aconit : S'il récidive? Ce gosse serait fou à lier! J'aimerais qu'il vienne affolé nous dire qu'il s'est mis dans la panade... Et jouer l'évêque furieux et effrayé à la fois d'etre mis en porte à faux avec l'église. Par sa faute.

L'aconit sourit à cette pensée. Sadique.

Alphonse tabouret : Crois tu vraiment qu'il suffit d'une seule leçon à ce genre de caractère?

Alphonse tabouret masse museau brièvement pour y réfléchir.


L'aconit : Il en faut bien une première.. Non?
Alphonse tabouret : L'on peut dire que l'on sait que l'inquisition va venir , mais sans savoir pour qui encore.
L'aconit : Oh oui ! Que l'on a reçu une lettre!

L'aconit tout excité

Alphonse tabouret : Dans un second temps, l'informer de manière inquiète qu'elle vient pour un jeune garçon.

L' aconit se souvient que trop bien de l'effet de sa convocation à Rome.


Alphonse tabouret : Il faudra glisser que tu es convoqué, sans que l'on comprenne pourquoi.
L'aconit : Ajoutons à cela qu'il n'est pas baptisé. Cela peut m'être reproché.
Alphonse tabouret : S'il n'est toujours pas venu te voir à ce moment là, alors il te faudra user de quelques talents comédiens peut-être...
L'aconit : Oui. Je suis pour. Faisons cela ! Il faut prévenir archibald.
Alphonse tabouret : Il faut éviter tant que possible de le désigner comme personne recherchée mais décrire son profil à chaque question qu'il posera. Il doit croire que c'est lui sans qu'on ne le confirme jamais...
L'aconit : Oui. Oui c'est bien.

Ainsi la première lettre de ce traquenard partit vers l'Archi-embêté...



Citation:

Archibald.

Je sais par le biais d'Alphonse, qui a reçu une lettre de Jorgen, qu'il a révélé par bêtise à ta personne son penchant ... interdit. Alors voilà.

Je sais bien que tu ne parleras pas, afin de ne pas nous mettre, ni lui ni moi dans l'embarras, car oui, s'il te l'a dit, tu penses bien que je le savais depuis longtemps. C'est d'ailleurs pour cela que je l'ai pris à ma solde. Quand je l'ai rencontré il y a trois ans, il a eu l'audace de me dire qu'il préférait les garçons sans me connaitre, et j'ai trouvé cela ahurissant de naiveté et d'imprudence... Alors quand je l'ai recroisé, et que j'ai vu qu'il n'était pas encore pendu haut et court et que sa langue était toujours aussi pendue, elle, j'ai préféré lui éviter des ennuis. A mon service, je peux le surveiller de près et lui éviter des déconvenues... Ce gosse n'a personne et mérite mieux.

Alphonse et moi avons eu l'idée d'une leçon, dont tu serais l'acteur, pour qu'elle soit parfaite. Il te suffirait simplement d'écrire à Jorgen et de lui dire que tout cela t'a fait réfléchir, que tu ne peux pas garder cela pour toi et que tu en as informé l'église...


Nous de notre coté, ferons semblant d'avoir été contactés dans les jours qui viennent par la sainte inquisition, et qu'un cardinal inquisiteur se déplace en personne en Bretagne ... Pour une affaire urgente.

Nous finirons par lui dire la vérité, mais pas avant qu'il ait pleuré et eut quelques insomnies et tout avoué de sa bêtise.

En seras tu?

Inutile de te préciser que tout cela doit rester secret.

Faust.

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Archibald_ravier
Et Archi embêté, il le fut, après les longues minutes qu'il passa à déchiffrer ce courrier.
Les minutes s'étirèrent en heures, et le coursier patientait, pendant qu'il réfléchissait.


Citation:


Faust, et Alphonse car je gaje que tu lui fera lire ce courié,

cela me met teriblemen malalaise ce que vou proposé. Il n'a vrémen pas fai expres et il a juste dit qu'il aimait pa les femmes. Il auré précisé "je préfère les filles de mon age" je me seré douté de rien (enfin si ce n'es que sa propension a vouloir que sa soi toi qui le tartine d'ongent l'autre soir qui été louche mai bon sa passe encore).
Je trouve votre lesson cruel meme si j'en compren l'intéré.
Mais je lui est promi de rien dire a persone et votre stratégi me fé passé pour un gro traitre.
Estceque ca vou parétré plausible que genre j'ai été me confessé et que j'en ai parlé en confession et que le curé ait fé du zèle et cafté plus haut ? C'est plosible un curé qui ront le secré de la confession ?
J'aime bien ton paje, alor sil fau vrémen en passé par la tu sai que je le feré. Tu sai que tu peu tou me demandé.

Archi

PS : ta soeur et son mari se son réconcilié, on est toujour à Rieux mai il von peu être partir tou les deux en me laissant mon filleul. Ou pouré je vou rejoindre ?


Et "malalaise", il allait le rester longuement, trimballant sa culpabilité avec lui sur les chemins, en même temps que deux mouflets qui n'étaient pas les siens.
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Gendry.
Et le jeune homme qui n'était bien évident pas au courant de ce qu'il se tramait, chutait à cause du courrier d'Archibald.

La nuit fut passée au sommet d'un arbre, bouteille à la main, observant la ville et le ciel alors qu'il se questionnait. Il n'en dirait rien à personne, prenant sur lui et sombrant au fur et à mesure. Il ne savait comment réagir, et c'est dans l'alcool qu'il trouverait peut-être le réconfort. Quitte à mourir prochainement, autant vivre aujourd'hui.
Archibald lui avait dit de tenir sa langue, et pour une fois, il comptait le faire. Il comptait tenir, pour eux, mais également pour lui. Pourquoi les entraînerait-il dans sa chute ? Ce serait égoïste.

Et Jörgen ne voulait pas être égoïste.
L_aconit

Jorgen. Jorgen. Brebis du troupeau. Ce qui devait arriver, arriva donc.





Nicolas : aurais tu quelque chose à me dire?
Gendry. : Je suis déjà au courant.
Nicolas : Hé bien, les nouvelles vont vite..

Nicolas essuie un trait soucieux.

Gendry. : Voilà pourquoi je dois me taire
Nicolas : La Saint inquisition délègue un cardinal pour me rendre visite ... Vois tu, la dernière fois où j'ai eu droit à la convocation d'un cardinal inquisiteur, j'ai cru que j'allais mourir.

Gendry rassemble ses mains sous la table, crispé. Nicolas boit la coupe de gendry.

Gendry. : Eh ! C'est mon verre !
Nicolas : Ce n'est pas le genre de visite que l'on attend. Ce vin est une piquette en plus.

Nicolas grimace.

Gendry. : ça fait l'affaire..
Nicolas : Ces gens là.. sont tout à fait maitres dans l'art d'anéantir une personne. Ruiner sa réputation... Briser son lien avec Dieu

Nicolas s'accoude. Gendry lève les mains pour les plaquer sur ses oreilles, étouffant un sanglot.

Gendry. : Arrête.
Nicolas : J'ai bien peur qu'ils...

Nicolas le regarde. Figeant tout mouvement de deux yeux de glace. Gendry ferme les yeux, restant ainsi, pleurant doucement. Nicolas saisit d'autorité les mains sur les oreilles et les décolle avec force.

Nicolas : qu'as tu fait Jorgen?!

Gendry le repousse, poussant un cri.

Gendry. : J'ai dis ce que j'étais à Archibald ! Voilà ce que j'ai fais !

Nicolas se saisit de lui pour l'immobiliser dans un cri de rage.


Nicolas : Tu vas me mener au bucher ! Tu vas tous nous mener au bucher !

Gendry secoue la tête.

Gendry. : J'irais, c'est tout décidé! A la fin de la semaine
Nicolas : Oh oui tu iras ! Et moi avec ! Ils vont m'écarteler en place publique et me forcer à avouer je ne sais qu'elles horreurs !

Gendry secoue de nouveau la tête, sanglotant. Nicolas retient ses mains de le battre, emporté par la plaisanterie, qui finalement révèle la naïveté de l'adolescent.


Gendry. : Je vais aller ailleurs! Tu vas me renier. Et j'irais me dénoncer
Nicolas : Tu n'es même pas baptisé ! Ah dieu ! Que va-t-on dire de moi ?! Que mon page est un ... Un..!! Rha Jorgen !
Gendry. : Monstre.. Ou bien tu n'as qu'à me dénoncer, ainsi tu passeras pour le saint homme qui s'est rendu compte d'une horreur
Nicolas : Et Alphonse? Et Archi? As tu pensé à eux?! On va les interroger ! Te dénoncer? Te dénoncer?!

Nicolas le secoue avec colère.


Gendry. : Archibald s'est déjà confessé !
Nicolas : Me prends tu pour un pleutre?!!

Gendry sanglote de plus belle.

Gendry. : Mon choix est fait Faust, jeudi..à la première heure, j'irais à l'Eglise
Nicolas : Un sans couilles!? Un parjure?!

Nicolas continue, tandis que Gendry tente de le repousser.


Nicolas : Est-ce que c'est là toute l'opinion que tu as de moi?!
Gendry. : Non

Nicolas se laisse repousser mollement, dans un glapissement exaspéré.


Nicolas : Quand comprendras-tu... Que nous te protégerons jusqu'au péril... de nos vies? De nos vies, Jorgen...

Nicolas se prend le visage entre les mains. Respire doucement. Rassemble ses idées.


Gendry. : Je le sais ! Tu crois que j'ai envie de mourir ? Non ! Et pourtant je vais le faire !

Nicolas cherche le fuyard des yeux qui s'est défilé.


Nicolas : Viens ici !
Gendry. : Non !

Gendry grogne, s'asseyant à même le sol, Nicolas se lève et remarque tabouret qui a fait son apparition dans la pièce. Alphonse hausse sourcil; la cervelle de Jorgen aurait-elle enfin admis les possibilités de leur vilaine farce? Faust le désigne.


Nicolas : Il a.. Il a... Il est impossible !
Gendry. : J'irais quand même me dénoncer !

Nicolas pose la bouteille loin de lui et s'éloigne

Nicolas : Nous allons tous mourir . Torturés. Passés à la question . Voilà ce qui va arriver.

Gendry secoue la tête. Alphonse jais se posent sur Jorgen, assis au sol.

Gendry. : Je t'ai dis de me renier
Nicolas : Te renier.
Gendry. : Ou même de me dénoncer
Nicolas : Je ne suis pas un pleutre! Je ne renie pas mes serments. Jamais. Nous irons tous ensemble répondre de ce que j'imagine. Tous!

Nicolas ferme et définitif. Gendry secoue la tête.

Gendry. : Jeudi. Mon choix est fait

Nicolas regarde Alphonse.

Nicolas : Son choix est fait...
Alphonse : Votre choix importe peu Jorgen.
Nicolas : L'entendez-vous?
Alphonse : Vous ferez ce que Monseigneur vous ordonne . A défaut de sauver votre peau, sauvez au moins la sienne en lui obéissant.
Gendry. : Ah oui et quoi ? Je vais me retrouver marié ? ou bien curé ?

Gendry se redresse, chancelant, Nicolas l'observe d'un oeil noir.


Alphonse : Ce sera mieux que brulé.
Gendry. : Je préfère être brûlé
Alphonse : Cessez vos bravades.
Nicolas : et moi? Te soucies tu de moi...

Alphonse lui désigne un siège.

Alphonse : Asseyez vous.

Nicolas le regarde, démoralisé. Gendry tourne la tête vers le blond.


Nicolas : Que tu te jettes à l'église... ne changera rien. L'opprorbe sur moi...
Gendry. : Mais j'essaye bordel ! j'essaye ! Tu crois que je n'y ai pas pensé peut-être ? Que je n'ai pas passé ma nuit à y penser !

Nicolas léger coup de coude à Alphonse. Peut-être que la vilaine farce a assez duré...

Nicolas : Ce garçon a un souci avec le mot pardon.
Gendry. : Maintenant, même si vous m'y empêchez, je mourrais quand même. Les falaises sont suffisamment hautes . Le toit de l’église également

Alphonse avise Faust d'un coup d'oeil.

Nicolas : dix minutes sont passées Tabouret. Vous êtes bon pour encenser les rousses.
Alphonse : Il n'a pas pleuré. Nous étions d'accord pour n'enclencher le sablier qu'au premier pleur
Nicolas : Si... Un peu.

Gendry. les regarde, sourcils arqués

Alphonse : Je n'étais pas là.

Alphonse étire un sourire goguenard à Faust.


Nicolas : Ne soyez pas de mauvaise foi allons... Dieu sait où vous étiez.
Alphonse : Je crains que ça ne suffise pas à m'écorcher la gorge .

Archibald entre en trombe.


Archibald : tu ne dois PAS faire ça !
Alphonse : Ah, Archibald.

Nicolas tourne le nez vers Archibald . Archibald regarde Jôrgen en brandissant son dernier mot.

Nicolas : Il ne le fera pas....
Alphonse : Suis je le eul qu'il n'a pas prévenu de son suicide?
Nicolas : Je crois bien.

Gendry regarde l'arrivant, à moitié saoul, l'air de celui qui n'a pas dormi


Gendry. : Bien sûr que si je vais le faire!

Nicolas revient vers Gendry. Alphonse mine boudeuse s'esquisse aux lippes.


Nicolas : Jorgen...

Gendry se redresse, s'aidant de ce qu'il trouve.

Gendry. : Et de ce pas .
Nicolas : C'était une plaisanterie...

Nicolas le retient d'une main.

Archibald : très, très mauvaise.

Gendry accuse le coup.

Alphonse : Essentielle.
Nicolas : Très très nécessaire...

Archibald jette un regard noir vers Faust.

Archibald : aussi, oui
Gendry. : Une plaisanterie ? Une plaisanterie ?!

Archibald se sent au delà de merdeux.

Nicolas : Archibald n'était pas d'accord. Je précise.
Alphonse : Voilà ce qui se passe quand un secret s'évente, Jorgen.
Gendry. : Vous vous rendez compte que j'ai le brouillon de ce que j'allais écrire au curé sur moi ?

Nicolas l'avise d'un air grave, quoi que soulagé d'avoir si bien joué la comédie.


Gendry. : Réalisez vous que, accord ou non, j'aurais mis fin à mes jours ? Droit de vie ou de mort inclu
Alphonse : Réalisez vous que vous pourriez tous nous condamner en parlant trop?
Nicolas : Personne ne t'aurais laissé aller si loin. Tu t'en doutes.

Oui. Pas assez d'avoir fomenté la frousse de sa vie au page, Alphonse et Nicolas avaient passé un Pari. Alphonse se targuait de voir un Nicolas prendre Le jeune homme et le consoler moins de dix minutes après son sermon. Si Nicolas perdait, il devait reconnaître devant tous... Quoi? Quoi dejà? Ce qui était certain c'est que Désormais, Alphonse devrait reconnaître publiquement que le roux était la plus belle couleur qui soit...
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Archibald_ravier
Chaque année, 500 personnes meurent par noyade.
Le respect des consignes de sécurité et de la réglementation
sont donc indispensables pour que le nombre des accidents diminue
(20 000 par an).

Les noyés sont souvent de bons nageurs qui ont surestimé leurs capacités
ou n'ont pas tenu compte de la force des courants. La noyade est provoquée par
l’irruption d’eau dans les voies aériennes entraîne une privation d’oxygène, en
particulier, au niveau du cerveau et du cœur. En l’absence de traitement,
elle entraîne rapidement la mort.


___________


Quatrième jour d'août


On était passé tout près. Un bon nageur qui surestime ses capacités, c'était exactement cela. Et Jörgen s'était éloigné dans le noir, dans le courant. Sous le courant. Six personnes avaient du se porter à son secours, paniquant, stressant, ordonnant, gesticulant, ahanant, tirant, poussant, secouant, cognant et même soufflant. Merci Alphonse. Décidément.
Poulet sauvé, Archibald avait reçu ordre de l'emporter et de le coucher. Et de veiller sur lui toute la nuit, ou en tous cas, c'est cela qu'il avait compris.
C'est enroulé dans la pèlerine épiscopale qu'il transportait l'adolescent, grognant sous l'effort. Le chemin était long jusqu'aux portes de Dinan.

Archibald grommelle en marchant le plus vite possible :

T'es vraiment un petit con !

Jörgen, larve, toujours : J'ai mal Archi..

Je sais.
Merci.. Je suis con..Mais..J'ai..J'ai pas fais exprès.
Le petit respire, bruyamment
Tu fais chier.
Minutes s'étirent, et porte du château franchies, jusqu'à la chambre du noyé.
Pardonne moi..
La main nichée dans la toison masculine il ne bouge pas, de peur de rendre ça encore plus difficile, de toute manière, puceau est vidé de ses forces.

Peux tu tenir sur tes pieds, le temps que je t'aide à te déshabiller ?
Jorgen ?

Fatigué, Mère Poule dépose Petit Poulet, le maintenant contre lui dans la pèlerine épiscopale humide.

Oui.. Je crois..
Le poulet s'accroche à moitié à l'Archichou, l'envie de pleurer étant présente.

Archibald largue la pèlerine au sol, et soulève à nouveau Poulet nu comme un ver pour le déposer sur son lit, tirant sur les couvertures pour l'y border.
Ca va aller, maintenant. Mais tu nous a vraiment foutu la trouille, Jörgen.

Tu...Tu me laisse pas hein ? Je voulais pas..Je promet...
Jörgen, ou la petite larve, se laisse faire, frissonnant de froid.

Mince sourire apparait enfin, et l'archichou retire ses chausses et passe chemise par dessus tête, pour se glisser contre le page, bras déjà ouvert pour le recueillir contre lui. La peau d'ours, ça tient chaud.

Le jeune homme est un brin rassuré, se nichant contre Archibald, la tête sur le torse.
Merci..

T'aurais quand même pu trouver un autre moyen pour nous organiser une nuit à deux !
Rassuré, l'ironie revient. Même si la veille s'annonce longue.

Loupiot rit avant de tousser, se redressant.
J'aurais mieux choisi plutôt que ça..

Ouais.
La grande main du voleur va se perdre dans les boucles brunes, et un chaste baiser se dépose à la tempe.
Tu devrais essayer te de reposer un peu. Je veille.

Tu me quitte pas hein ? Promis..?
L'adolescent se niche contre lui à nouveau, réalise qu'il a faillit mourir et se met à sangloter.

Archibald ne dit rien, longuement, laissant les larmes laver la peur. Il se contente de refermer le bras sur le corps frêle, et attend, massant le crâne sous les boucles, du bout des doigts.

J'au..j'aurais pu mourir..Ou te..Te faire mourir avec moi..
Il sanglote, accroché au brun comme une moule à son rocher.

C'est vrai, oui.
Baiser à nouveau planté sur le front, il sourit.
Mais tu es en vie, et moi aussi. Il ne sert à rien de paniquer maintenant.
La main abandonne les boucles brunes pour aller cercler sur le dos.

Tu..Tu me diras qui je dois remercier surtout ?
Petit Poulet renifle, jouant dans la toison brune du bout des doigts.

Remercier ? C'est moi qui t'ai repêché, Poulet. Mais Dame Kasia m'a aidé à te sortir de l'eau, Tabouret a fait la fin du trajet. Nicolas a donné les consignes, la duchesse a été plus précise, et son mari t'a tapé dans le dos assez longtemps pour que tu recraches toute l'eau que tu contenais. Tout le monde a paniqué. Tout le monde a participé.

J'ai aucun souvenir de ça... Seulement toi et ta main en m'éveillant et un brouhaha..
Je les remercierais tous.. Ils m'ont sauvés...


Oui.
La main gauche cercle toujours, au creux du dos, tandis que la droite vient replacer quelques boucles rebelles derrière l'oreille.
Tu devrais essayer de dormir, maintenant, Poulet.

Les yeux se ferment il respire, doucement.
J'ai peur d'étouffer mais..Dis..On a toujours rendez-vous demain..hein ? J'irais pas dans l'eau...

Il étire un sourire, lui relève le menton du bout des doigts, onyx cherchant le vert.
Oui, si tu tiens debout. Dors, à présent.

Le vert s'accroche au noir, il esquisse un faible sourire, grondant.
Tu dors aussi ?
Je tiendrais...Je suis..Fort..


Je veille.
Il a eu bien trop peur de le perdre, d'être seul, encore. Ce soir il n'éteindra pas la chandelle. Conservera les apparences, craignant une visite épisco-médicale. Il gardera Jörgen au creux de son bras, mais il ne dormira pas. Incapable de fermer l'oeil, il comptera chaque souffle, chaque exhalaison. Comme autant de ponctuations.

Tu dois te reposer toi aussi...
Lorsqu'il s'endormira, Poulet noyé ne cauchemardera pas, rassuré par l'Ours. Le souffle sera aussi régulier que possible, le silence parfois brisé par la toux.
Je veux pas que..Tu te prive de sommeil..A cause de moi..

Je ne me prive pas. Dors.
Archibald ne fait qu'appliquer avec sérieux les ordres du médecin, après tout.

Jörgen ne tarda pas à s'endormir quelques minutes plus tard dans les bras d'Archibald, épuisé d'avoir du survivre et d'avoir cherché à respirer. Il était reconnaissant, conscient d'avoir foutu une peur bleue à tous et culpabilisant.Après tout, Mère Poule ne flippait peut-être pas pour rien, preuve en était cette soirée.
Comme prévu, la nuit fut calme, le pouls tout autant. La respiration un peu laborieuse au rythme lent lui arracha quelques toux, faisant sursauter le corps frêle. Il se réveilla une ou deux fois, en ayant l'impression d'étouffer rapidement rassuré par la présence de l'Archichou pour replonger dans des sommeils sans rêves.

Il ira mieux le lendemain.

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