Athenais_
Revenu avec la pitance, Athénaïs s'installe non loin de Carmen et de sa mère. Son oncle arrive peu après, elle n'a pas le temps de mettre quelconque mets dans sa bouche qu'il questionne déjà sur les patates. La Princesse sourit en coin, s'amuse de sa demande, observe sa robe quand Alvira leur indique qu'elle la lui offre comme à toutes. Elle la remercie bien que pensant que ce cadeau n'en est pas vraiment un, ou plutôt de l'ordre du cadeau empoisonné. Pour autant, elle n'en dit mot. Acquiesce, écoute avant que le parfum ne se mette à embaumer la pièce. Si bien que ce qu'elle mange ne semble plus avoir de gout.
Là, au creux de cette pièce elle observe une scène de l'ordre du courant mais qui l'interpelle. Elle hausse un sourcil, se redresse légèrement appréhendant la situation pour finalement ne pas sinquiéter outre mesure. Quelques coupures n'ont jamais tués personne. La jeune Duranxie se laisse aller à ses songes avec cette sensation que tout ne va pas. D'abord ce silence qui plane par instant, puis l'attitude de sa mère qui lui apparait comme intriguant au fur et à mesure des secondes qui passent. Les céruléennes se rivent à l'étendue huileuse au sol comme si cette dernière pouvait lui donner une réponse.
Puis, tout bascule, Alvira vient et les enlace, son visage se retrouve collé contre la poitrine généreuse de sa Reyne de mère. Elle a l'impression de redevenir la petite fille que l'on câlinait le soir en riant à gorge déployée avant de la bercer avec tendresse dans un calme revenu après l'excitation des jeux. La pudeur est partagée, habituellement Athénaïs n'aurait pas souhaité exposer leur étreinte mais sa maternelle ne lui en laisse pas le choix. Elle la sent comme affolée, impérieuse dans cette demande corporelle alors elle y cède. Comme on le fait pour ceux qu'on aime, comme on le fait parce qu'on ne peut simplement pas se soustraire à la douceur de celle qui vous a porté, éduqué, préservé, endurcie. Comme on le fait parce que tout ceci alerte vos sens et votre conscience qu'il n'y a rien de normal dans l'odeur suave et la tension du moment. Comme on le fait pour profiter d'un trésor que l'on sait fragile. L'intuition se met en marche, elle s'embrase lorsque de nouveaux mots raisonnent et que le retrait s'opère. Le souffle sur son nez la renvoie à cet âge enfantin, elle le saisit, passe son index et son majeur sur le bout de son museau. Souffle de vie, d'amour, elle le sait. Le clou s'enfonce à l'ordre général. Que se passe-t-il ? Pourquoi ? Et pourquoi ainsi ? Si vite, si brutalement ?
Les iris azur cherchent les sombres de sa créatrice, les yeux ne sont plus les même, Athéna s'égare à détailler ce visage si familier source de son existence.
Rien ne va plus. Le temps leur est compté.
Tout s'enchaine, les cris, les larmes, les paroles de sa mère et cette rupture qui ne cesse de grandir. Elle cherche à comprendre, repose ses yeux au sol, entend les paroles de Carmen entre les sanglots qui la secouent. Stoïque elle est et demeure. Constance arrive et le flot de parole reprend, la jeune femme cherche à y faire barrage, elle ferme ses yeux et ses oreilles, luttant puis les ouvre par crainte de ne plus voir sa mère, jamais. L'intellect reprends le dessus. Elle va mourir. Là, dans l'instant ? Ce n'est pas possible ? Pas elle, pas comme ça, pas maintenant, pas après tout c...
Maman...
Les mots d'une adolescente qui retombe en enfance, qui espère et faiblit simplement au regard d'une vérité qu'elle réfute, pour laquelle elle s'oppose et qui malheureusement ne fait que s'imposer à elle. A son tour. A elle de lui dire ce qu'elle ressent, c'est oppressant, vital, important. Les mots d'amour s'envolent, la pudeur est mise au placard. Plus rien ne compte, plus rien sauf Alvira. Les mains rejoignent leurs jumelles, les caresses s'enchainent, les aveux se formulent comme autant de vux pieux. Elle espère, elle croit qu'elle l'entend, elle le veut.
Maman je t'aime, ne l'oublie jamais, tu m'entends ? Maman, tu entends. Oui tu entends, avec Lilye et mes frères, Béatrice et Francia on t'aime, on te rendra fière, on va grandir, on sera digne de toi.
Malgré le relâchement, malgré les derniers battements de ce coeur bien trop grand pour le monde, la petite fille éternelle qu'elle sera pour la Dame de Cur ne cesse de dessiner l'avenir avec les couleurs de demain. Celles qu'ils étaient censés partager, celles qu'ils peindront pour leur mère désormais. Dans les derniers instants, c'est chaque soupir qu'elle respire, chaque ligne de ce corps qu'elle apprend par coeur, chaque image qu'elle grave en elle. De cette mère qu'elle n'a plus qu'à retenir au devant de lendemain qui lui font peur. Elle ne la quitte pas des yeux, chaque seconde est mise à profit avant que la vie ne s'achève.
Et la vie s'achève..
Les aventures ne comptent plus, les épaules s'affaissent, les prunelles se perdent sur la chevelure ébène - qu'elle n'a pas cessé de caresser - avant qu'elles ne s'échouent sur la silhouette de son oncle, ses traits guettant l'assurance que ce qui se passe est bien réel. Les yeux s'emplissent d'une rivière de larme à mesure que le constat se fait. Par delà le nombre de personne présentes, Athénaïs se sent seule, irrémédiablement et infernalement seule. Elle déglutit péniblement, une boule de sanglot se forme au creux de son sophage qui remonte jusqu'à sa gorge faisant affluer sa salive. Elle essore ses paupières d'un revers de main. Elle comprends que rien de ce qu'on pourra lui dire ne changera cet état de fait. Carmen ne pourra rien y changer, ni ses baisers, ni le réconfort qu'elle tente de lui prodiguer. Égoïstement, elle ne comprend pas sa sur. Ne cherche pas à la rassurer, se détache de leur câlin à trois têtes, rejoint sa mère qui est transporté et étendue délicatement sur la banquette. L'image lui apparait comme impossible, elle la voit dormir, rêver peut-être. La Duranxie fille s'agenouille auprès d'Alvira. Prostrée.
En quelques instants, une Princesse n'est plus, une Enfant de France vient de naître.
Bientôt ce manteau de deuil sera endossé comme la peine des privilégiés dont elle vient d'intégrer les rangs.
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Là, au creux de cette pièce elle observe une scène de l'ordre du courant mais qui l'interpelle. Elle hausse un sourcil, se redresse légèrement appréhendant la situation pour finalement ne pas sinquiéter outre mesure. Quelques coupures n'ont jamais tués personne. La jeune Duranxie se laisse aller à ses songes avec cette sensation que tout ne va pas. D'abord ce silence qui plane par instant, puis l'attitude de sa mère qui lui apparait comme intriguant au fur et à mesure des secondes qui passent. Les céruléennes se rivent à l'étendue huileuse au sol comme si cette dernière pouvait lui donner une réponse.
Puis, tout bascule, Alvira vient et les enlace, son visage se retrouve collé contre la poitrine généreuse de sa Reyne de mère. Elle a l'impression de redevenir la petite fille que l'on câlinait le soir en riant à gorge déployée avant de la bercer avec tendresse dans un calme revenu après l'excitation des jeux. La pudeur est partagée, habituellement Athénaïs n'aurait pas souhaité exposer leur étreinte mais sa maternelle ne lui en laisse pas le choix. Elle la sent comme affolée, impérieuse dans cette demande corporelle alors elle y cède. Comme on le fait pour ceux qu'on aime, comme on le fait parce qu'on ne peut simplement pas se soustraire à la douceur de celle qui vous a porté, éduqué, préservé, endurcie. Comme on le fait parce que tout ceci alerte vos sens et votre conscience qu'il n'y a rien de normal dans l'odeur suave et la tension du moment. Comme on le fait pour profiter d'un trésor que l'on sait fragile. L'intuition se met en marche, elle s'embrase lorsque de nouveaux mots raisonnent et que le retrait s'opère. Le souffle sur son nez la renvoie à cet âge enfantin, elle le saisit, passe son index et son majeur sur le bout de son museau. Souffle de vie, d'amour, elle le sait. Le clou s'enfonce à l'ordre général. Que se passe-t-il ? Pourquoi ? Et pourquoi ainsi ? Si vite, si brutalement ?
Les iris azur cherchent les sombres de sa créatrice, les yeux ne sont plus les même, Athéna s'égare à détailler ce visage si familier source de son existence.
Rien ne va plus. Le temps leur est compté.
Tout s'enchaine, les cris, les larmes, les paroles de sa mère et cette rupture qui ne cesse de grandir. Elle cherche à comprendre, repose ses yeux au sol, entend les paroles de Carmen entre les sanglots qui la secouent. Stoïque elle est et demeure. Constance arrive et le flot de parole reprend, la jeune femme cherche à y faire barrage, elle ferme ses yeux et ses oreilles, luttant puis les ouvre par crainte de ne plus voir sa mère, jamais. L'intellect reprends le dessus. Elle va mourir. Là, dans l'instant ? Ce n'est pas possible ? Pas elle, pas comme ça, pas maintenant, pas après tout c...
Maman...
Les mots d'une adolescente qui retombe en enfance, qui espère et faiblit simplement au regard d'une vérité qu'elle réfute, pour laquelle elle s'oppose et qui malheureusement ne fait que s'imposer à elle. A son tour. A elle de lui dire ce qu'elle ressent, c'est oppressant, vital, important. Les mots d'amour s'envolent, la pudeur est mise au placard. Plus rien ne compte, plus rien sauf Alvira. Les mains rejoignent leurs jumelles, les caresses s'enchainent, les aveux se formulent comme autant de vux pieux. Elle espère, elle croit qu'elle l'entend, elle le veut.
Maman je t'aime, ne l'oublie jamais, tu m'entends ? Maman, tu entends. Oui tu entends, avec Lilye et mes frères, Béatrice et Francia on t'aime, on te rendra fière, on va grandir, on sera digne de toi.
Malgré le relâchement, malgré les derniers battements de ce coeur bien trop grand pour le monde, la petite fille éternelle qu'elle sera pour la Dame de Cur ne cesse de dessiner l'avenir avec les couleurs de demain. Celles qu'ils étaient censés partager, celles qu'ils peindront pour leur mère désormais. Dans les derniers instants, c'est chaque soupir qu'elle respire, chaque ligne de ce corps qu'elle apprend par coeur, chaque image qu'elle grave en elle. De cette mère qu'elle n'a plus qu'à retenir au devant de lendemain qui lui font peur. Elle ne la quitte pas des yeux, chaque seconde est mise à profit avant que la vie ne s'achève.
Et la vie s'achève..
Les aventures ne comptent plus, les épaules s'affaissent, les prunelles se perdent sur la chevelure ébène - qu'elle n'a pas cessé de caresser - avant qu'elles ne s'échouent sur la silhouette de son oncle, ses traits guettant l'assurance que ce qui se passe est bien réel. Les yeux s'emplissent d'une rivière de larme à mesure que le constat se fait. Par delà le nombre de personne présentes, Athénaïs se sent seule, irrémédiablement et infernalement seule. Elle déglutit péniblement, une boule de sanglot se forme au creux de son sophage qui remonte jusqu'à sa gorge faisant affluer sa salive. Elle essore ses paupières d'un revers de main. Elle comprends que rien de ce qu'on pourra lui dire ne changera cet état de fait. Carmen ne pourra rien y changer, ni ses baisers, ni le réconfort qu'elle tente de lui prodiguer. Égoïstement, elle ne comprend pas sa sur. Ne cherche pas à la rassurer, se détache de leur câlin à trois têtes, rejoint sa mère qui est transporté et étendue délicatement sur la banquette. L'image lui apparait comme impossible, elle la voit dormir, rêver peut-être. La Duranxie fille s'agenouille auprès d'Alvira. Prostrée.
En quelques instants, une Princesse n'est plus, une Enfant de France vient de naître.
Bientôt ce manteau de deuil sera endossé comme la peine des privilégiés dont elle vient d'intégrer les rangs.
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