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[RP] " Le Parfum "

Athenais_
Revenu avec la pitance, Athénaïs s'installe non loin de Carmen et de sa mère. Son oncle arrive peu après, elle n'a pas le temps de mettre quelconque mets dans sa bouche qu'il questionne déjà sur les patates. La Princesse sourit en coin, s'amuse de sa demande, observe sa robe quand Alvira leur indique qu'elle la lui offre comme à toutes. Elle la remercie bien que pensant que ce cadeau n'en est pas vraiment un, ou plutôt de l'ordre du cadeau empoisonné. Pour autant, elle n'en dit mot. Acquiesce, écoute avant que le parfum ne se mette à embaumer la pièce. Si bien que ce qu'elle mange ne semble plus avoir de gout.

Là, au creux de cette pièce elle observe une scène de l'ordre du courant mais qui l'interpelle. Elle hausse un sourcil, se redresse légèrement appréhendant la situation pour finalement ne pas s’inquiéter outre mesure. Quelques coupures n'ont jamais tués personne. La jeune Duranxie se laisse aller à ses songes avec cette sensation que tout ne va pas. D'abord ce silence qui plane par instant, puis l'attitude de sa mère qui lui apparait comme intriguant au fur et à mesure des secondes qui passent. Les céruléennes se rivent à l'étendue huileuse au sol comme si cette dernière pouvait lui donner une réponse.

Puis, tout bascule, Alvira vient et les enlace, son visage se retrouve collé contre la poitrine généreuse de sa Reyne de mère. Elle a l'impression de redevenir la petite fille que l'on câlinait le soir en riant à gorge déployée avant de la bercer avec tendresse dans un calme revenu après l'excitation des jeux. La pudeur est partagée, habituellement Athénaïs n'aurait pas souhaité exposer leur étreinte mais sa maternelle ne lui en laisse pas le choix. Elle la sent comme affolée, impérieuse dans cette demande corporelle alors elle y cède. Comme on le fait pour ceux qu'on aime, comme on le fait parce qu'on ne peut simplement pas se soustraire à la douceur de celle qui vous a porté, éduqué, préservé, endurcie. Comme on le fait parce que tout ceci alerte vos sens et votre conscience qu'il n'y a rien de normal dans l'odeur suave et la tension du moment. Comme on le fait pour profiter d'un trésor que l'on sait fragile. L'intuition se met en marche, elle s'embrase lorsque de nouveaux mots raisonnent et que le retrait s'opère. Le souffle sur son nez la renvoie à cet âge enfantin, elle le saisit, passe son index et son majeur sur le bout de son museau. Souffle de vie, d'amour, elle le sait. Le clou s'enfonce à l'ordre général. Que se passe-t-il ? Pourquoi ? Et pourquoi ainsi ? Si vite, si brutalement ?

Les iris azur cherchent les sombres de sa créatrice, les yeux ne sont plus les même, Athéna s'égare à détailler ce visage si familier source de son existence.

Rien ne va plus. Le temps leur est compté.

Tout s'enchaine, les cris, les larmes, les paroles de sa mère et cette rupture qui ne cesse de grandir. Elle cherche à comprendre, repose ses yeux au sol, entend les paroles de Carmen entre les sanglots qui la secouent. Stoïque elle est et demeure. Constance arrive et le flot de parole reprend, la jeune femme cherche à y faire barrage, elle ferme ses yeux et ses oreilles, luttant puis les ouvre par crainte de ne plus voir sa mère, jamais. L'intellect reprends le dessus. Elle va mourir. Là, dans l'instant ? Ce n'est pas possible ? Pas elle, pas comme ça, pas maintenant, pas après tout c...


Maman...

Les mots d'une adolescente qui retombe en enfance, qui espère et faiblit simplement au regard d'une vérité qu'elle réfute, pour laquelle elle s'oppose et qui malheureusement ne fait que s'imposer à elle. A son tour. A elle de lui dire ce qu'elle ressent, c'est oppressant, vital, important. Les mots d'amour s'envolent, la pudeur est mise au placard. Plus rien ne compte, plus rien sauf Alvira. Les mains rejoignent leurs jumelles, les caresses s'enchainent, les aveux se formulent comme autant de vœux pieux. Elle espère, elle croit qu'elle l'entend, elle le veut.

Maman je t'aime, ne l'oublie jamais, tu m'entends ? Maman, tu entends. Oui tu entends, avec Lilye et mes frères, Béatrice et Francia on t'aime, on te rendra fière, on va grandir, on sera digne de toi.

Malgré le relâchement, malgré les derniers battements de ce coeur bien trop grand pour le monde, la petite fille éternelle qu'elle sera pour la Dame de Cœur ne cesse de dessiner l'avenir avec les couleurs de demain. Celles qu'ils étaient censés partager, celles qu'ils peindront pour leur mère désormais. Dans les derniers instants, c'est chaque soupir qu'elle respire, chaque ligne de ce corps qu'elle apprend par coeur, chaque image qu'elle grave en elle. De cette mère qu'elle n'a plus qu'à retenir au devant de lendemain qui lui font peur. Elle ne la quitte pas des yeux, chaque seconde est mise à profit avant que la vie ne s'achève.

Et la vie s'achève..

Les aventures ne comptent plus, les épaules s'affaissent, les prunelles se perdent sur la chevelure ébène - qu'elle n'a pas cessé de caresser - avant qu'elles ne s'échouent sur la silhouette de son oncle, ses traits guettant l'assurance que ce qui se passe est bien réel. Les yeux s'emplissent d'une rivière de larme à mesure que le constat se fait. Par delà le nombre de personne présentes, Athénaïs se sent seule, irrémédiablement et infernalement seule. Elle déglutit péniblement, une boule de sanglot se forme au creux de son œsophage qui remonte jusqu'à sa gorge faisant affluer sa salive. Elle essore ses paupières d'un revers de main. Elle comprends que rien de ce qu'on pourra lui dire ne changera cet état de fait. Carmen ne pourra rien y changer, ni ses baisers, ni le réconfort qu'elle tente de lui prodiguer. Égoïstement, elle ne comprend pas sa sœur. Ne cherche pas à la rassurer, se détache de leur câlin à trois têtes, rejoint sa mère qui est transporté et étendue délicatement sur la banquette. L'image lui apparait comme impossible, elle la voit dormir, rêver peut-être. La Duranxie fille s'agenouille auprès d'Alvira. Prostrée.

En quelques instants, une Princesse n'est plus, une Enfant de France vient de naître.
Bientôt ce manteau de deuil sera endossé comme la peine des privilégiés dont elle vient d'intégrer les rangs.

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Arioce
Inévitable.

La douce odeur de parfum embaumait la pièce. Cette si délicieuse odeur qui annonce la Mort. Les histoires racontent que l’on sent venir la Mort, que la trainée de la Faucheuse n’est que putréfaction et puanteur. Ils se trompent. L’odeur de la Mort est agréable au nez et ravi tout le monde.
Le temps passe, un verre en main, mes pupilles allant des uns aux autres, appréciant l’instant présent. Lilye qui se joue de moi, Carmen qui a su deviné le pourquoi de ma présence. Ce beau monde dans la royale simplicité à échanger, rire, sourire… profiter ?

Le drame inévitable. Un délicieux arôme qui s’empare peu à peu de tout son corps. Une dernière expiration…
Les yeux posés sur elle. Ne l'ai-je pas déjà gravé dans ma mémoire, lorsque, secret, nos feux se mêlaient ? N’ai-je pas déjà fait mon deuil, bien avant que son cœur ne cesse de battre ? Vais-je de nouveau être en grande peine, abattu, larmoyant, blessé de la séparation ? Vais-je boire pour saouler ma tristesse, comme il fut le cas il y a quelques mois ?
Je me remémore les bons moments passés ensemble. Hume sereinement son Parfum. Souris.
Contemplatif, je serais.

Et eux…
Ne savaient-ils pas que cela aller indubitablement arriver ? N’étaient-ils pas préparés ? Ont-ils oubliés la Malédiction ? Ont-ils omis de graver chaque bel instant à ses côtés ? Pensaient ils qu’elle serait l’exception ?
Elle n’est pas la première et ne sera pas la dernière. Tel est le cycle des souverains. L’épée de Damoclès suspendue au-dessus du trône.

Je fige mon regard sur la scène. Puis, mon talon se lève et je marche en direction de la porte. Je la referme sans bruit derrière moi et patiente dans le couloir. Je me prépare déjà à ce qui va suivre. Enquête, poursuite, coupable… Représailles.
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Adrian.de.silly
Il y a des jours comme ça, où mon tempérament d'ordinaire si calme et mesuré ressent le besoin de prendre de l'ampleur. Ces jours-là, je deviens ce que ma nourrice appelle turbulent. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais il y a le mot bulle dedans, et j'aime bien les bulles, elles me font rêver. Alors en plus, comme souvent je m'imagine voler dans une bulle de savon au-dessus de tout le monde, ben ça me convient très bien d'être de temps en temps tur-bulle-ent.

Et pourtant, ce matin, je suis très heureux. Eh oui : Maman est venue près de moi, et on a joué. On a joué au chevalier, je lui ai montré que je savais la défendre contre les dragons ! Elle a beaucoup ri ce matin, et j'aime bien entendre son rire, à Maman : ça veut dire qu'elle est heureuse, et puis ça sonne comme une douce mélodie joyeuse au creux de mon oreille.
Elle m'a aussi serré contre elle, on a fait des câlins comme seule une Maman sait faire à son enfant, elle m'a murmuré des mots que seule une femme peut dire à son fils, et j'aime bien aussi sentir sa peau contre la mienne et ses lèvres m'embrasser de partout : ça veut dire qu'elle m'aime bien !
Je crois que même si je n'ai dû lui dire qu'une fois ou deux - la dernière fois étant lors de son mariage - ce matin, je me sens tellement bien auprès d'elle que je n'hésite pas à lui dire, alors que j'enfouis mon nez dans son cou :


- « Je t'aime, Maman ! »

Elle me chuchote qu'elle aussi, et elle me fait basculer au sol en me couvrant toujours plus de baisers. Ça fait glop-glop-glop comme un poisson et ça me fait hurler de rire.
D'une voix qu'elle voudrait certainement terrifiante mais dans laquelle transperce tout l'amour qu'elle me porte, elle me menace :


Hum grrr je te mange ! Je mange mon petit garçon !

Je ris encore plus fort et je me tortille dans tous les sens comme pour lui échapper. Pourtant, je finis par refermer mes bras sur elle, et la serre fort fort fort contre moi. Je voudrais que cet instant dure pour toujours, pour toujours-toujours-toujours, mais Maman finit par se relever et me relever par la même occasion, avant de me murmurer qu'on se reverra plus tard. J'ai une moue un peu déçue, mais elle passe son index sur mon nez et me demande de compter le nombre de carrelages dans tout le Louvre. Elle a bien senti que j'étais un peu agité, et c'est son truc à elle pour me permettre de m'occuper un peu. Je sais que je pourrais dire n'importe quel chiffre, elle me fera son si joli sourire et me dira qu'elle est fière de moi. Alors j'essaie quand même de compter un peu, pour ne pas trop inventer, et puis ça passe le temps en attendant qu'elle revienne auprès de moi, ou moi vers elle.

Je la regarde partir, puis je quitte la pièce, et je m'attelle consciencieusement à ma tâche. Je suis sérieux moi !

Et puis, en fin de journée, je fatigue un peu, alors je me dirige vers les appartements de Maman, sourire aux lèvres, déjà content de savoir qu'elle va me prendre sur ses genoux et m'embrasser.
Mais arrivé là, je me rends compte qu'il y a beaucoup de monde. J'arrête de trottiner et m'approche, vaguement inquiet, d'Alexandre, que je salue les sourcils un peu froncés.
Mes yeux voient Maman, bien sûr, puis reconnaissent 'Naïs, puis Lilye tenue par Carmen, et puis Raimbaut, et ils ne font que survoler les autres puisqu'ils reviennent aussitôt à Maman, étendue là. Je m'avance fièrement, pensant qu'elle a simplement fermé les yeux ; après tout, c'est normal, une Reyne c'est souvent fatigué !


- « Trente-deux mille cinq cent cinquante-sept ! » que je lance fièrement. Mais Maman ne tourne même pas la tête vers moi. Je fais alors, un peu déçu, quelques pas de plus vers ma sœur à qui je tire la manche. « 'Naïs, pourquoi Maman elle dort déjà alors qu'il est tôt ? » Elle me prend contre elle, me serre fort, un peu comme Maman l'a fait ce matin, et pose un baiser sur ma tempe. Je ne comprends pas trop, mais je me laisse faire. Et puis elle me murmure que Maman n'est plus. Mes yeux noirs se posent sur le doux visage de Maman et j'attends qu'elle ouvre ses paupières. - « Mais... Il y a trente-deux mille cinq cent cinquante-sept carrelages... Elle m'avait d-dit d-de les compter... »

Ma réaction me dépasse, ainsi que la situation. C'est vous dire si je suis perdu... Alors, instinctivement, je tends mes petits doigts vers la main de Maman pour l'attraper. Tu vas te réveiller, hein, dis, Maman ? J'avais promis que je te protégerais, dis-moi que je n'ai pas failli à ma mission alors même qu'elle n'a pas encore commencé !
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Raimbaut_dmda
    L'officier se fit congédier par la reine, et si il fut surpris de la façon de faire, il n'était toutefois assez pas impulsif pour s'outrer ou dire quoi que ce soit. Toutefois, il n'eut pas l'occasion de faire quelque chose, dans un sens ou l'autre, car après ces instants d'agitation vivace advint le calme silencieux de la mort.

    Il y eut, pour le Premier Maitre d'Hotel, l'inévitable instant à se demander si l'empoisonnement provenait des cuisines. Qu'est ce qui aurait pu ainsi se soustraire à la sécurité des cuisines ?

    Mais déjà Carmen et d'autres relayaient la chose : c'était le parfum, les coupures à la main, une combinaison de détails qui aboutissaient à l'Achèvement.

    Alvira expira, et divers sentiments envahirent la pièce : révolte, déni, chagrin. Raimbaut y resta impérméable, non pas qu'il était dénué de tout cela, mais parce qu'il intellectualisait bien trop les événements pour se laisser submerger. C'était le temps du deuil de la famille royale, et n'en faisant pas partie, et ne pouvant être d'aucune utilité sur l'instant présent, il sortit de la pièce à son tour, comme l'avait fait Arioce. Il aurait pu, pourtant, consoler Lilye, mais convint qu'il apporterait son soutien plus tard, quand elle aurait besoin de lui.

    Dans le couloir, il ne dit mot, se contentant de digérer la succession des événements, alors que tout s'agitait à nouveau : médecin, gardes et famille.

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Anaon


       Giuseppe était un homme comme un autre. Ni tout blanc, ni tout noir. Chacun avait son Ombre refoulée quelque part en soi, cachée, loin des yeux de sa propre Moralité.


    You say that you wanna go
       Tu dis que tu veux t'en aller
    To a land that's far away
       Dans un pays lointain


       Elle, elle était une femme comme une autre. Ni trop blanche, ni toute noire. Et elle en assumait l’Ombre aux yeux même de son Immoralité.


    How are we supposed to get there
       Comment sommes-nous censés y arriver
    With the way that we're living today?
       Avec la façon dont nous vivons aujourd'hui?


       Alvira de la Duranxie et Giuseppe Lovisone. L’un est un talentueux artisan du cuir, Maistre Gantier hors pair, avant-garde d’un savoir-faire italien rarement égalée dans l’art du raffinement. Nez d'exception et bon parfumeur, homme taciturne et tempétueux, dévoré de passion pour sa profession, au point de lui céder quelques parts de son âme quand, pour la pérennité de sa vocation, il se faisait faiseur de poisons.
       L’autre est une Reyne, vibrante et rayonnante ; couronnée d’une terrible force vivre. Souveraine joyeuse, dispensant d’une main ses singularités quand de l’autre elle abattait l’intransigeance de son autorité. Troublante de familiarité et de proximité, véritable tête du peuple, issue de sa glaise et de son sein : Inébranlable née de la boue, élevée au-dessus des plus hautes tours. Bravant la Sainte Eglise, quand de folie elle n’a eu que le grain qui ajoutait le piquant de sa vie.
       Tous deux riches à leurs manières, éclatants d’une réussite entière qui attisait les convoitises.
       Tous deux aux noms couchés en ligne sépia sur un contrat.


    You talk lots about God
       Tu parles beaucoup de Dieu
    Freedom comes from the call
       La liberté vient de l'appel


       Dans la chambre assombrie par le ciel couvert, baignée par le seul halo de la fenêtre distillant sa lumière sélène, elle entend le son feutré des pas ayant pénétrés son cénacle. Le bleu sombre de ses yeux, leur hadal insondable, la ride du lion marquant son front d’une éternelle réflexion, scellent son expression d’une dérangeante détermination. La Roide, la Vouivre. L’Ophide, la Balafrée… Ophélie, Anne, Ana, Catherine, Déa... Anaon. Autant d'appellations comme des costumes façonnés de mensonge. Dans le pli qu’elle tient entre ses mains, elle s’est revêtue de l’évoquante Béatrice. Béatrice aux douces robes et au nez façonné pour le Parfum ; Béatrice qui avait su titiller la passion du parfumeur par la simple démonstration de ses nombreuses compositions. Royale Béatrice, égorgée dans son coche sur une route de Paris.
       Giuseppe parfois faisait ses senteurs, parfois les achetaient, préférant toujours se vouer aux cuirs plutôt qu’à ses flacons. Comment refuser alors le chef-d’oeuvre qu'elle lui proposait ? Savoir faire de Murano, exotisme prisé de la lointaine Orient. Et pour assurer ses arrières, un second parfum fait de la plus pure des essences venues des roseraies Damascènes. Il avait été simple de les vanter comme elle l’avait fait pour tant d’autres, simple de le convaincre de porter son talent devant la cour. Et pousser par le destin, c’est la Cour elle-même qui était venue à lui…
       Anarkia.
       Pauvre Lovisone, trop sensible à la flatterie...


    But that's not what this bitch wants
       Mais ce n'est pas ce que cette salope veut
    Not what I want at all
       Ce n'est pas ce que je veux du tout


       L’esclave Maure vient s’arrêter près d’elle, portant entre les bras un coffre de fer à l’allure spartiate solidement fermé. L’oeil en accroche le reflet argenté dans la fenêtre. Roscelin Pelletier n’avait pas été touché que par la fortune : il était aussi habité par une incommensurable cupidité. Riche d’une prospère affaire de fourrures, il s’était mis à convoiter la boutique de Giuseppe, convaincu qu’avoir la matière première et la finalité ne ferait qu’accroître sa prospérité. Mais Pelletier était bien trop sot pour comprendre l’étendue du talent du Maistre Gantier. Sans lui, la ganterie ne pouvait que péricliter. Vouivre, pourtant, s’était exécuté.
       Alors ? Pour qui sonne le glas ? Pour qui la Mort s’est faite ?


    I want money, power, and glory
       Je veux l'argent, le pouvoir et la gloire
    I want money, and all your power, all your glory
       Je veux l'argent, et tout ton pouvoir, et toute ta gloire


       Lentement, le moraillon est descellé et la main soulève la coupole métallique pour en révéler le secret viscéral. Dans le reflet du mica qu’elle n’a toujours pas quitté des yeux, elle voit apparaître les entrailles du coffre éclatants sur le verre un moirage fauve et aurifère. Flouées, quelques teintes colorées percent çà et là dans le tableau mordoré. Tout est dit...


    Hallelujah! I wanna take you for all that you got
       Alléluia! Je veux te prendre tout ce que tu as
    Hallelujah! I'm gonna take them for all that they got
       Alléluia! Je vais leur prendre tout ce qu'ils ont


       Les paupières s’abaissent. Une profonde inspiration lui gonfle le poumon.
       Ainsi soit-il…
       Dans le coffre, les prémices d’une fortune à en faire envier Crésus lui-même. Trop, pour un simple Maistre Gantier. Les grands orbes bleus s’ouvrent à nouveau pour regarder par-delà le carreau. Le piège de l’opportunité s’est refermé. Ainsi est tombé la tête couronnée. Comment cela s’est-il passé ? Une écorchure aux doigts aura ouvert la porte à son enfer ? L’a-t-elle versé dans son bain ou mille et une possibilités se seraient offertes à son dessein mortel ? Sa simple peau fragile aura-t-elle cédé ? Une éraflure sur le rebord du verre bien trop effilé…
       En contrebas, dans l’étendue clôt du jardin, les longues corolles des digitales frémissent au vent, les hautes tiges pruinées de la ciguë se tordent, les inflorescences prunes des belladones chancellent... L’aconit, aux clochettes animées d’un long balancement n’aura fait aucun cadeau. Le genévrier sabine, à l’essence des plus toxiques n’aura pas été plus indulgent. Ainsi a trépassé celle que la France avait sacrée.


    The sun also rises on those who fail the call
       Le soleil se lève aussi sur ceux qui manquent l'appel
    My life, it comprises of losses and wins and fails and falls
       Ma vie, elle comprend des pertes et des gains et des échecs et des chutes


       Régicide.
       Le mot éclos à son esprit. Régicide pour la prospérité de sa famille.
       Lentement, les doigts broient le pli envoyé par Giuseppe. Ce fut l’attentat de l’élégance, celui de la patience. Résultante d’une longue manigance, fomenté sur une presque coïncidence : l'espérance de l’opportunité. La sicaire, bientôt quarantenaire connue d’instinct et de rumeurs, à qui l’on n’avait jamais pu imputer aucun crime, venait de commettre l’ultime outrage. Le pavé de Paris a pullulé de nouveaux noms, de nouveaux visages, quand elle, dans le secret de sa mare revenait à sa vie criminelle sous le couvert d’une discrétion nobiliaire. Ophide en ce jour sans doute ne pourra jamais mieux porter ce nom. Caressant pensivement de l’index ganté la gemme rouge coiffant le chaton de sa large bague d’argent, elle est comme la Vouivre à l’escarboucle de rubis dispensant son plus foudroyant venin.


    I want money, power, and glory
       Je veux l'argent, le pouvoir et la gloire
    I want money, and all your power, all your glory
       Je veux l'argent, et tout ton pouvoir, et toute ta gloire


       Régicide.
       Le prix de son infamie disparaît derrière le fer qui se referme. Tout n’est pas terminé. Enfin, elle se détourne de la fenêtre, tournant sa silhouette drapée d’un voile corbeau vers l’esclave qu’elle ne regarde pas. Les yeux plongés en elle-même, de sa voix calme et monocorde, elle commande. Vouivre insaisissable doit clôturer le dernier acte à la discrétion de ses coulisses. Que des marionnettes de cette histoire, on ne voit plus aucun fil.


       _ Sir jyb l’ya Lambert, Hasni n’staf’r ouhad l’youmin.
          Fais venir Lambert. Je dois m’absenter pour quelques jours.



    Hallelujah! I wanna take you for all that you got
       Alléluia! Je veux te prendre tout ce que tu as
    Hallelujah! I'm gonna take them for all that they got
       Alléluia! Je vais leur prendre tout ce qu'ils ont


       Paris se drapera de noir, quand l’on trouvera l’atelier abandonné par Giuseppe.
       Paris se fera désespoir, quand on trouvera pendu le pauvre Pelletier.
       Coupables désignés, complices supposés, plantes séchées et poisons mal dissimulés sembleront le pouver. Les lettres que l'on pourra trouver, au contenu sibyllin d’un meurtre commandité, pourront tout avouer. L’un aura-t-il assassiné l’autre avant de prendre la fuite avec l’entier salaire ? Qui est celui ou ceux qui auront pu commanditer l’assassinat d’une Reyne ?


    Dope and diamonds
       De la dope et des diamants
    Dope and diamonds
       De la dope et des diamants
    Diamonds
       Des diamants
    That's all that I want man
       C'est tout ce que je veux, mec


       Le nom de l’Anaon, on ne le trouvera pas, mais Justice, un jour, peut-être reprendra ses droits.
       Pour l’heure : c’est le trépas des Roy.
       Reyne et mère, toi que je ne connais pas, ne m’en veut pas : pour me faire expier de tous mes crimes, il faudra bien me faire pendre cent fois.
       Sans doute jamais plus je ne saurai vivre sous les bonnes Lois et je ne sais combien de temps encore je vais danser sous les gibets, avant, qu’un jour, on ne l’apprête pour moi...


       Et pourtant…
    God know I tried…
       Dieu sait que j’essaie…



Musique : “Money, Power, Glory “ par Lana del Rey.
“ God know I tried “ par Lana del Rey, paroles et traductions ici.
Traduit du Marocain de manière phonétique. Si quelqu’un sait correctement l’écrire, je suis preneuse !



| © Images Avatar & Signature : Mehmet Turgut & Luis Pacho |

A       N       A       O       N
Carmen_esmee.

    Le nez enfoui dans la chevelure de la Châtaigne les émeraudes étudient les présents, les entrants et les sortants, Wayllander entre, elle lit sa surprise et sa peine sur ses traits, elle clôt les yeux par mimétisme et serre un peu plus Lilye contre elle, elle prie pour les survivants.. Quand elle les ouvre à nouveau, elle remarque Alexandre qui s'avance en battnt des bras, l'odeur est encore présente, sans doute, Carmen s'y est habituée. Elle le fixe pour qu'il puisse lire dans son regard, qu'il n'est pas à Le prononcer.. Non.

    Les carmines malmenées par des morsures répétées pour taire sa douleur se plante sur le front de Lilye, elle pose ses mains sur ses joues, et s'écarte doucement,
    "Il va falloir que tu sois forte..."
    Perdre une mère, elle savait, elle connaissait la douleur, par deux fois.. Une amie chère ce jour, le sort s'acharne sur les femmes de l'entourage de la Serna, peut-être qu'elle est la cause ? Elle y croit.. Mais ce n'est pas pour cela que Lilye et ses frères et sœurs devront être forts... Non c'est pour le ballet à venir, le ballet des hypocrites, elle a honte d'en connaître une belle brochette.. Un autre baiser sur la joue de sa filleule cette fois.


      "Tu veux que je te raccompagne à tes appartements ? Tu veux peut-être.. Rester ? Oui évidemment.."

    Comment Lilye pourrait trouver le sommeil après cela, un regard pour Constance, peut-être leur donnera t-elle quelques potions sédatives pour les y aider... Elle conduit doucement Lilye au chevet de sa mère pour qu'avec sa sœur, elles puissent se recueillir pour le salut de la Reyne-Mère. Un garçon fait son entrée, elle reconnait le jeune homme, fils de Silly, dont il n'a que les cheveux pour l'heure, elle étouffe un hoquet lorsqu'elle le voit découvrir sa mère... Pauvre garçon dont la culpabilité se lit sur son triste et confus minois, elle s'approche, effleure les crânes des deux Silly enlacés, elle se penche et y dépose de doux baisers.

      "Je ne serai pas longue."

    Promesse d'un retour pour les chérir comme leur mère l'aurait sans doute voulu, elle se signe une dernière fois en offrant un regard à Alvira et à son frère, David. Sa main trouve celle de son petit frère, elle s'y accroche comme une bouée dans la tempête.

      "Dios, le ciel soit loué, il t'a guidé jusqu'ici."

    Loin s'en faut, si elle savait combien de couloirs et de pièce son frère avait visité avant d'en venir là, elle aurait su que le Très Haut ne voulait pas que de jeune enfants comme Adrian et Alexandre soient témoins de l'agonie d'Alvira. Elle se penche et le serre contre elle,

      "Ramène-moi à la maison, je dois rentrer, vite.. Pour revenir à temps pour.. Eux."

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En deuil de sa Reyne, Alvira
Alexandre_serna
Sans trop comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux ou s'était déroulé, Alexandre instinctivement se bougea quand des adultes commençaient à bouger vers lui.
Son regard coula vers l'Orsenac, il esquissa un simple geste, il savait qu'être médecin signifiait vouloir soigner, vouloir guérir et le plus grand drame et la plus grande difficulté résidait dans l'apprentissage de la mort et que…
Malheureusement parfois ils ne pouvaient rien faire, son bras se tendit et sa main tremblante effleura l'épaule de Constance comme pour lui envoyer le soutien d'un confrère médecin, un confrère médecin qui ne comprenait pas tout de la situation, mais qui voyait le désarroi et la peine d'une consœur, il n'y avait rien à dire, aucun mot ne pouvait franchir ses lèvres.
Il se recula, presque bousculé par Arioce qui sortait sans le voir, il semblait déterminer à faire quelque chose, mais quoi ?
Que s'était-il passé dans cette pièce ?
Qu'est-ce qui avait été mangé.
Soudain, un regard, Alexandre tourne la tête et voit le jeune Adrian, jeune…
De deux ou trois années de moins que lui, il tenta un sourire qui se transforma plutôt en grimace avec un haussement d'épaule signifiant qu'il ne savait pas grand chose, étant arrivé à peine quelques instants avant lui.

Plus mesuré, le petit garçon semblait plus mesuré que lui.
Le jour où Alexandre avait appris le décès de sa mère de la bouche de Carmen, il lui avait hurlé dessus et l'avait traité de menteuse, il avait cassé de la vaisselle et donner des coups de poings contre une pauvre porte de bois.
Aujourd'hui, c'était différent, il se sentait vide, si vide comme une coquille sans son escargot.

Il observe et finalement son esprit comprend, les têtes autour de lui l'aide à comprendre, le regard de Carmen.
Ce regard qui le fit reculer d'un pas et butter contre quelque chose, un mur.
C'était exactement, trait pour trait, le même regard que pour le décès de Maman.
C'était exactement le même.
Pareil.. Similaire.

Intérieurement, il hurlait sa rage, un terrible et tonitruant "non", restait bloqué dans sa gorge, il avait envie de frapper, de lui donner des claques !
Pourquoi ?
Parce qu'il savait ce qu'elle allait faire endurer à ses proches, il savait que le départ d'une matriarche dans une famille faisait des dégâts, il savait ce qui incomberait à Athé, la même chose que Timothée mais en pire.
Il leva les yeux au ciel et se signa, même si il repoussa l'EA en ce moment, la foi était quelque chose de terriblement personnelle et il se signa.


Puisse le KER accueillir comme il se doit Alvi.
Puisse le KER empêcher Athénais de devenir muette.
Puisse le KER empêcher les vautours, rapaces et autres chattemites d'approcher.
Puisse le KER empêcher Carmen de sombrer dans la Prune.
Puisse le KER...


Qu'est-ce qu'était le "KER" ?
Tout simplement, la maison en breton...
Et bien plus pour les Serna : Korydwen-Eldarwenn-Rick.
Le panthéon Serna pour veiller au grain.
Le panthéon des ancêtres.
Priant comme ordinairement, en silence, il ne vit pas Carmen approcher, puisqu'il observait le plafond.
Ce n'est que sa voix qui brisa les contemplations du Serna qui le ramena à la réalité.


Je suis avec mon escorte, ils t'accompagneront, je reste ici enfin...
Pas ici, ici, mais à Paris.


Pourquoi ?
Il ne savait pas lui-même, mais il voulait rester ici, il y avait une petite auberge dans laquelle il séjournait tout cela naturellement aux frais de Timothée qui ne le savait pas encore, mais qui l'apprendrait prochainement.


Gauvin Dabert , Enguerrand Dalexandre et Clovis Taillefer vont te raccompagner, avec la formation triangle, un devant et un de chaque côté.
Tu verras, ils sont gentils et ils sont vraiment bons pour défendre.
Je dois préparer votre arrivée ici, en réservant dans cette auberge pour Timothée et toi.


Il avait chuchoté, tout cela à Carmen.
Il prendrait une chambre pour Timothée, une pour Carmen, pas besoin pour Origan, dans une lettre il avait dit qu'il n'avait plus de marraine, alors pas la peine de le convier, surtout pour avoir la tête de six pieds de long et puis quand on n'aime plus une personne on ne vient pas, non ?
Il s'était serré contre elle et lui envoya de la force.


Je t'accompagne jusqu'à eux.

Il tendit son bras à Carmen et attendit, tout en essayant d'envoyer du courage à la tribu de la Duranxie, mais c'était bien difficile.

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Serna un jour, Serna toujours.
Carmen_esmee.


    La tête dodeline comme une breloque posée sur l'essieu d'un coche, elle écoute, elle assimile les informations qu'Alexandre lui offre, son frère est d'une aide précieuse, elle glisse son bras autour de ses épaules, pour finalement prendre le bras qu'il lui tend, elle s'appuie légèrement sur lui, se sentant soudain fébrile. Alexandre accompagnera sa sœur jusqu'au carrosse de cette dernière, arrangera les détails avec l'escorte tandis qu'elle se glissait à l’intérieur. A la fenêtre, elle se penche et s'adresse à son jeune frère.

      "Merci."


    La silhouette disparue, elle s'allongea sur la banquette et pria encore, pour celle qui fut et qui sera toujours dans leurs cœurs.

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En deuil de sa Reyne, Alvira
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