Lallie_ap_maelweg
"Contrairement aux pièces se trouvant dans le corps de logis, le sol des chambres était fait de carreaux de terre-cuite, plus légers que les dalles de pierre et plus supportables pour la charpente.
Dans cette pièce percée d'une seule fenêtre, se trouvait un lit clos imposant, massif, dont le châlit cordé était en bois de hêtre. Au dessus était disposé une paillasse fraîche sur laquelle était ensuite déposée un materas entièrement garni de la meilleure laine. Sur cette couche déjà épaisse était ajouter un couste en plumes. Le tout était recouvert d'un drap de lin et pour maintenir la tête et la nuque, des chevets de plumes.
Comme indiqué, le lit était clos et de larges panneaux le fermait complètement pour conserver chaleur en hiver et en toute saison l'intimité. Aux pieds deux peaux de moutons évitaient un contact direct avec le froid des carreaux de terre cuite.
Au bout du lit se trouvait un banc de bois qui servait également de coffre pour y disposer le linge de corps.
Dans un coin de la pièce une large cheminée de pierre dont le manteau sculpté aux armes de la maîtresse des lieux, engloutissait pendant les pâles saisons des bûches entières dans sa fournaise ouverte. Près du feu un banc et un baquet pour la toilette étaient dissimulés derrière un paravent de bois entièrement peint d'oiseaux exotiques dans une végétation luxuriante.
Près de la fenêtre, un candélabre et un lettrin nécessaire à tout homme un temps soit peu instruit. Celui qui logerait ici devait y être à son aise. Tout le nécessaire à écrire, les plumes, l'encre et même la cire avaient été apportés afin qu'il ne manque de rien. Il ne serait pas permis que l'on puisse dire que Poudouvre ne sait pas recevoir, même ceux qui ne tiennent guère la place d'honneur dans son cur.
Les murs n'étaient pas dépouillés, l'un d'entre eux était d'ailleurs recouvert d'une large tapisserie narrant l'épopée de celui qu'au temps jadis on nomma "Beau Trouvé" et qui renonça à son glorieux destin pour l'amour immoral d'une femme, celle d'un autre chevalier, la Reine Guenièvre. Était-ce à dessin qu'elle lui avait attribué cette chambre ? Le nom d'Ansoald qui existait entre eux comme un mur invisible ne serait plus jamais évoqué, du moins par elle. Il avait ébruité son secret, celui de Nicolas et bien qu'elle se soit promis de ne jamais rien en dire, c'était peut-être là une manière inconsciente de le ramener à ce qu'elle n'ignorait plus et qu'elle n'osait plus que taire.
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