Axelle
Le cur battait un peu trop fort. Oh, comme en cet instant, elle aurait pu chanter les louanges de cette peau trop brune, camouflant avec virtuosité des joues qui auraient pu trahir l'agitation qui bousculait son sang en rosissant traîtreusement. Si ce n'était pas une première, la manouche n'avait pourtant jamais eu l'inconscience de demander en mariage un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelque minutes et, sans doute, aurait-elle dû en avoir le vertige. Pourtant, plantée là, droite comme un I, rien ne semblait pouvoir la faire vaciller. Enfin, jusqu'à ce que le Renard ne s'approche pour relever son menton dans une habile demande de lui consacrer toute son attention.
Le verrait-elle pour la première fois de sa vie s'énerver ? La traiter d'idiote ? Lui remettre les idées d'une gifle bien sentie ? Par réflexe, la manouche rentra légèrement la tête dans les épaules, avant de cligner des yeux, surprise de le voir s'éloigner aussi vite, sans l'ombre d'une remontrance. Et si elle s'étonna de l'aveu offert à sa vue, ce ne fut que de n'avoir pas compris avant le lien unissant les deux hommes quand, pourtant, Sabaude lui avait parlé de l'habile cueilleur *. L'incompréhension qui s'était emparée d'elle de voir le Renard proposer un repreneur pour l'Aphrodite s'évanouit d'un coup. À qui d'autre pouvait-il faire assez confiance pour reprendre le fief d'Alphonse sans sourciller qu'à son amant ? A personne. Elle en fut soulagée. Rassurée, avant que la crainte de se voir traiter de tous les noms par d'Aunou ne chahute de nouveau son ventre. Mais incroyablement, nulle exclamation outragée, ni insurgée de ce trop d'audace. Non, mais un aveu poignant et sincère déposé là, piqué d'une aiguille de provocation à laquelle elle n'aurait pas manqué de répondre si les circonstances avaient été autres. Et enfin, elle sourit. D'un sourire clair et délicat, couvant ces deux hommes lui offrant leur confiance.
Mais il n'était pas temps de s'émouvoir davantage, d'Aunou, cet homme dont elle ne connaissait pas même le prénom, posait les premières pierres du contrat. Pourtant, avant même de répondre, se laissant de nouveau couler paresseusement sur la causeuse, laissa-t-elle filer doucement d'entre ses lèvres.
Prenez soin de lui.
Puis d'une illade taquine vers le Renard. Effectivement, ne crois pas pouvoir t'échapper si facilement, habile entremetteur que tu es. Même si je comprends que ce qui va suivre risque d'être bien ennuyeux, je te le concède.
La mine de nouveau sérieuse, les amandes noires filèrent vers celui qui semblait appelé à devenir un associé bien particulier. Je sais ce que que ce mariage impliquerait. Quel rôle il me faudrait tenir en public. Elle marqua une pause, cherchant comment organiser ses pensées. Puis, se penchant légèrement. Votre Grâce, je n'ai pas plus envie que vous que cette éventuelle union ait le visage d'une farce au regard du tout venant. Si tous dans cette pièce savons que ce mariage n'en serait pas véritablement un, je souhaite autant que vous qu'il paraisse crédible. Si ce projet se concrétise, vous ne souhaitez pas que je mène une vie tapageuse comme je ne souhaite pas non plus entendre les serpents siffler sur votre passage ou celui de Sabaude. Nous aurions tous à y perdre. Les apparences et les convenances, même si je m'en passerais fort bien, j'ai appris leur nécessité. Elle inspira profondément. Vous avez été plus que sincère avec moi, il me faut l'être à mon tour. Beaucoup d'hommes sont passés dans mon lit. Quelques femmes aussi. Il en passera d'autres, sans doute, même si mon sang s'assagit et que cela me convient fort bien. Mais, je ne goûte guère l'étalage de ces affaires, tant cela me semble vulgaire ou enfantin. Quant au divorce, en admettant même, chose fort peu probable, que mon cur ait limbécillité de vouloir cogner trop fort, je suis femme de parole. Si contrat il y a, je l'honorerai comme il se doit. Et de fait, il y a bien longtemps que je ne conjugue plus amour et mariage, cette combinaison étant le plus sûr moyen pour que l'un comme l'autre échouent lamentablement.
Elle marqua un pause, tordant son cou pour faire craquer ses vertèbres, petit tic qui semblait samplifier sous la fatigue ou un trop plein de sérieux. Vous souhaitez, réussir dans vos projets pour l'Aphrodite, sans quoi, vous ne seriez pas ici. Je souhaite de la même façon, réussir dans les miens, sans quoi, tout ceci n'aurait pas le moindre sens.
Et de se lever comme un diable sort de sa boite. Mais que tout ceci ne nous empêche pas de boire, à défaut de manger. Et reprendre son verre, avisant celui des deux hommes, en bonne hôtesse de maison, que parfois, elle savait-être. Hum, sachez aussi que je ne sais pas cuisiner, ni coudre, ni broder, du moins pas avec une aiguille, et qu'il ne sera pas question que je range vos affaires tant je suis bordélique !
Le verrait-elle pour la première fois de sa vie s'énerver ? La traiter d'idiote ? Lui remettre les idées d'une gifle bien sentie ? Par réflexe, la manouche rentra légèrement la tête dans les épaules, avant de cligner des yeux, surprise de le voir s'éloigner aussi vite, sans l'ombre d'une remontrance. Et si elle s'étonna de l'aveu offert à sa vue, ce ne fut que de n'avoir pas compris avant le lien unissant les deux hommes quand, pourtant, Sabaude lui avait parlé de l'habile cueilleur *. L'incompréhension qui s'était emparée d'elle de voir le Renard proposer un repreneur pour l'Aphrodite s'évanouit d'un coup. À qui d'autre pouvait-il faire assez confiance pour reprendre le fief d'Alphonse sans sourciller qu'à son amant ? A personne. Elle en fut soulagée. Rassurée, avant que la crainte de se voir traiter de tous les noms par d'Aunou ne chahute de nouveau son ventre. Mais incroyablement, nulle exclamation outragée, ni insurgée de ce trop d'audace. Non, mais un aveu poignant et sincère déposé là, piqué d'une aiguille de provocation à laquelle elle n'aurait pas manqué de répondre si les circonstances avaient été autres. Et enfin, elle sourit. D'un sourire clair et délicat, couvant ces deux hommes lui offrant leur confiance.
Mais il n'était pas temps de s'émouvoir davantage, d'Aunou, cet homme dont elle ne connaissait pas même le prénom, posait les premières pierres du contrat. Pourtant, avant même de répondre, se laissant de nouveau couler paresseusement sur la causeuse, laissa-t-elle filer doucement d'entre ses lèvres.
Prenez soin de lui.
Puis d'une illade taquine vers le Renard. Effectivement, ne crois pas pouvoir t'échapper si facilement, habile entremetteur que tu es. Même si je comprends que ce qui va suivre risque d'être bien ennuyeux, je te le concède.
La mine de nouveau sérieuse, les amandes noires filèrent vers celui qui semblait appelé à devenir un associé bien particulier. Je sais ce que que ce mariage impliquerait. Quel rôle il me faudrait tenir en public. Elle marqua une pause, cherchant comment organiser ses pensées. Puis, se penchant légèrement. Votre Grâce, je n'ai pas plus envie que vous que cette éventuelle union ait le visage d'une farce au regard du tout venant. Si tous dans cette pièce savons que ce mariage n'en serait pas véritablement un, je souhaite autant que vous qu'il paraisse crédible. Si ce projet se concrétise, vous ne souhaitez pas que je mène une vie tapageuse comme je ne souhaite pas non plus entendre les serpents siffler sur votre passage ou celui de Sabaude. Nous aurions tous à y perdre. Les apparences et les convenances, même si je m'en passerais fort bien, j'ai appris leur nécessité. Elle inspira profondément. Vous avez été plus que sincère avec moi, il me faut l'être à mon tour. Beaucoup d'hommes sont passés dans mon lit. Quelques femmes aussi. Il en passera d'autres, sans doute, même si mon sang s'assagit et que cela me convient fort bien. Mais, je ne goûte guère l'étalage de ces affaires, tant cela me semble vulgaire ou enfantin. Quant au divorce, en admettant même, chose fort peu probable, que mon cur ait limbécillité de vouloir cogner trop fort, je suis femme de parole. Si contrat il y a, je l'honorerai comme il se doit. Et de fait, il y a bien longtemps que je ne conjugue plus amour et mariage, cette combinaison étant le plus sûr moyen pour que l'un comme l'autre échouent lamentablement.
Elle marqua un pause, tordant son cou pour faire craquer ses vertèbres, petit tic qui semblait samplifier sous la fatigue ou un trop plein de sérieux. Vous souhaitez, réussir dans vos projets pour l'Aphrodite, sans quoi, vous ne seriez pas ici. Je souhaite de la même façon, réussir dans les miens, sans quoi, tout ceci n'aurait pas le moindre sens.
Et de se lever comme un diable sort de sa boite. Mais que tout ceci ne nous empêche pas de boire, à défaut de manger. Et reprendre son verre, avisant celui des deux hommes, en bonne hôtesse de maison, que parfois, elle savait-être. Hum, sachez aussi que je ne sais pas cuisiner, ni coudre, ni broder, du moins pas avec une aiguille, et qu'il ne sera pas question que je range vos affaires tant je suis bordélique !