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[RP] De vous à moi, d'Aunou le Faucon.

Axelle
[Dans une auberge d'Alençon]

Rendez-vous avait été pris. Le voyage avait duré plusieurs jours depuis son sud chantant les cigales. Le bain où elle s'était prélassée un long moment refroidissait lentement alors que d'une main distraite, elle coiffait la marée dégoulinante de ses boucles brunes gouttant au creux de ses reins nus, le regard dubitatif posé sur les tenues diverses étalées sur le lit. Étrangement, elle qui ne s'embarrassait jamais vraiment de réfléchir à ce qu'elle se mettrait sur le dos, restait aussi indécise qu'une gamine se préparant pour son premier rendez-vous galant.

Pourtant, malgré le mariage annoncé, il n'y avait rien de galant dans la rencontre à laquelle elle se préparait, mais une volonté farouche de ne pas tout louper sur un détail idiot. Oui, ce mariage, la Casas y tenait bien plus que les uns et les autres ne pouvaient l'imaginer. Une poignée ridicule de proches avait été mise dans la confidence de l'événement à venir. Si elle avait vu fleurir un sourire franc sur certains visages, d'autres avaient déversé des flots de mises en garde sur l'aléatoire d'épouser un inconnu, certains promettant jusqu'à leur absence. Pourtant, si ces promesses l'avaient terriblement attristée, aucun mot n'avait seulement pu souffler un petit vent de doute au creux de ses tempes brunes. La première impression avait été bonne, l'homme lui avait semblé droit et de parole. La gitane n'en demandait pas davantage. C'était même la seule chose qu'elle demandait dans ce contrat qui les lierait et, de la même façon qu'elle savait parfois se montrer implacable, ne se fiait qu'à son seul instinct, lui susurrant à l'oreille qu'elle s'engageait sur la bonne voie.

La franchise. Les masques seraient enfilés plus tard, pour les spectateurs de la comédie maritale qu'ils joueraient. Mais pas entre eux. D'une main vive, elle ramassa une tenue. L'heure était de découvrir son autre facette.


[Domaine d'Aunou le Faucon]

Perchée sur son frison aussi noir que le cuir masculin qui la ceinturait, les boucles lâchement ramassées dans sa nuque, elle observait d'un regard aiguisé le domaine s'étalant à son horizon. Vert. Sentant la sève. Dans lequel s'érigeait un château à la façade sévère. Si elle n'avait guère tenté d'imaginer à quoi ressembleraient le domaine, elle ne fut pas surprise en le découvrant tant il reflétait son propriétaire. Jusqu'au nom. Faucon, tant le visage de Justin était racé et fier, à l'image d'un oiseau de proie, une autorité naturelle glissant sur ses traits ciselés.

Alors, à l'heure dite, d'un claquement de langue sur le palais, les sabots de sa monture résonnèrent sur le pont enjambant le large fossé ceinturant la bâtisse de lourdes pierres. Et lorsque qu'une silhouette se découpa, l'écuyer de Bouillon, la pupille de yeux d'Hadès, sauta à terre dans le chuintement sec de ses bottes.

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Germaine
[Domaine D'Aunou le Faucon]



Justin, l'avait fait conviée dans son bureau. Ce qui laissait à présager que quelque chose se tramait. Pour la gestion du domaine, pour une question d'intendance, ou encore pour un déplacement, il va en cuisine, lui confie ses projets et la vieille organise toute la logistique qu'un déplacement ou une de ses demandes engendre.

C'est donc interloquée qu'elle se rend dans le bureau de Justin, dans son regard pétille la malice qui la caractérise et si elle meurt d'envie de lui poser plusieurs questions et de le sermonner, elle s'abstient.

Elle n'a pas le temps de se poser dans un fauteuil en face de lui qu'il lui annonce sans lever les yeux du parchemin qu'il est en train de lire qu'il va se marier.

Ils se connaissent bien les deux, et Justin devance toutes ses questions sans qu'elle ai à les lui poser. Il joue aussi sur les cordes sensibles. Il lui dit qu'il va enfin se conformer aux souhaits de sa mère en prenant épouse en sachant très bien qu'elle n'osera jamais s'opposé aux souhaits de cette dernière.

Il la rassure, en lui disant que la futur Duchesse a des biens et qu'elle ne résidera pas permanence à Aunou, une manière de la rassurer sur le fait qu'elle ne sera pas détrônée sur ses prérogatives.

L'entrevue a surtout pour objectif de lui annoncer la première visite de la promise et ce le jour même. Sa seule consigne étant de ne rien ébruité pour l'heure. De l'accueillir comme un hôte de marque.

La Germaine en est un peu sonnée de cette confidence, elle s'attendait à tout, mais pas à ça.

Elle n'ose pas lui demander d'où elle vient, ou ils se sont rencontrés, il a directement abordé le fait qu'elle avait des biens, ce qui est pour la flamande le meilleur argument qui soit pour faire une alliance. Elle devra rendre des comtes à la mère de Justin, elle le sait, ce qu'elle sait c'est que la partie pécuniaire ne suffira pas, pour s'afficher à la cour de madame la Comtesse, il faudra que la promise ai de l'allure.

Quand elle prend enfin congé de Justin, elle s'éloigne soucieuse, file donner ses directives qu'on prépare une chambre pour la potentielle futur duchesse des lieux, elle ne sait pas si ce mariage aura lieu, car Justin n'en est pas à ses premières fiançailles, la différence notable étant pour elle la suivante, il n'a pas une seule seconde parler de sentiments, mais bien d'union et de biens..

Elle qui est initiée à l'art des plantes, et assez superstitieuse, elle en vient à se demander, si son protégé malgré toutes les précautions qu'elle prend, n'aurai pas été envoûté.

Son bonnet sur la tête pour sortir des murs, elle va se poster près du petit pont levis qui relie le domaine au reste du Domaine Royale.

Plus d'une heure c'est écoulée, quand enfin un cheval arrive et que la gitane en bondit presque nez à nez avec la vieille qui s'avance que devant d'elle.
Axelle
Si la Casas ne se ramassait plus d'acrobatiques gadins, elle n'était toujours pas très douée avec les canassons. Et si elle ne les fuyait plus comme c'était le cas quelque temps encore auparavant - et ce heureusement vu les heures qu'elle passait perchée sur leurs dos - elle n'était pas encore très habile pour les amadouer quand, finalement, c'était plutôt à eux de l'apprivoiser. Mais ces bestiaux, certainement un peu idiots, peinaient souvent à le comprendre. Cependant, le frison élevé dans les écuries royales était dressé à la perfection. Et combien la manouche en fut soulagée quand, à peine un pied au sol, elle se retrouva face à une vielle femme sans devoir batailler avec ses rênes. Bon, soit, le sabot en mal de galop grattait le sol, mais rien qui ne soit insurmontable, une caresse sur le chanfrein et la bête était calmée.

Le regard noir observa un instant la vieille femme. Si beaucoup pouvaient grimacer face à la vieillesse, la manouche, bien que s'étant promis de ne pas faire de vieux os et faisait tout pour être fauchée en plein vol avant que rhumatismes et autres joies des vieux jours ne la rattrapent, n'en faisait pas partie. Un père tyrannique. Une mère transparente. S'il y avait eu une figure aimante dans son enfance, c'était bien celle de Rosa. Sa grand-mère. Rosa qui puait la lavande rance mais qui sentait si bon tant ce parfum était rassurant. Rosa qui lui filait des pêches en douce. Rosa qui feignait d'être sénile pour fuir la cruauté de son fils, mais dont le regard brillait dès qu'il couvait sa petite fille, paumée entre tous ses noirauds de frères.

Une chose était certaine, la vieille se tenant devant elle n'avait rien de sénile. Ni feint ni réel. Si elle sentait les plantes, elle ne puait pas la lavande. Pourtant la manouche, nostalgique certainement, ne put qu'étirer un large sourire de gamine. Jusqu'à soudain se souvenir qu'elle n'était pas à Arles. Qu'il n'y avait pas de figuier tout tordu sur lequel grimper. Que sa grand-mère s'était éteinte il y avait belle lurette sans même qu'elle ne puisse lui tenir la main lorsqu'elle avait rendu son dernier soupir. Mais qu'elle était à Aunou le Faucon, prête à s'unir avec un inconnu. Et surtout, en l'instant, face à une femme dont elle ne savait foutrement rien. Ni qui elle était et encore moins, le rôle qu'elle pouvait tenir. Aussi, rengainant son sourire lui barrant trop la figure, travailla à le rendre plus distingué en hochant la tête. Si elle rangeait le sourire trop clair, devait-elle dégainer en échange titres et fonctions ? Elle jugea que non et se présenta sobrement.


Axelle Casas. Enchantée. Si la zingara avait horreur de ce genre de formule toute faite et n'arrondissait ses lèvre pour le dire que forcée par certaines circonstances, il glissa avec facilité de sa bouche. Même si elle s'en mordrait peut-être les doigts, pour l'heure, elle le pensait. J'espère ne pas être en retard, mais j'avoue avoir flâné un peu en route, charmée par ces terres verdoyantes. Oui, un brin de flatterie ne ferrait pas de mal. Et si la façade du château les couvant de son ombre austère l'intimidait, la verte campagne n'avait pu effectivement que lui plaire.
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Germaine


La vieille flamande ne peut s'empêcher de regarder de pieds en cape la brune qui vient de poser les pieds sur le domaine d'Aunou. Justin ne lui avait pas fait de description, elle n'était pas parvenue à se l'imaginer non plus tracassée par cette arrivée à laquelle, elle ne s'attendait pas.

Si, à vrai dire, elle se l'était imaginée, laide, elle ne sait pas pourquoi, mais cette vision, lui avait traverser l'esprit. Et avec du recul, elle se trouve un peu bête, les trois femmes qui ont compté pour son protégé, était toutes les trois fort différentes, mais plus belle les unes que les autres à leur manière. La belle et intrépide Maella à la peau claire, la douce Eulalie, aussi brune que la première était rousse, sans oublier Maryah, la belle bridée.

Ce qu'il manquait dans le quatuor des dames, déboule à ses pieds. Une gitane, les trois précédentes ne manquait pas de caractère, celle-ci semble au premier regard encore plus sauvageonne que les dernières. Justin ne pourra jamais faire les choses comme tout le monde, elle le sait pourtant.

Elle dégage quelque chose c'est indéniable et de la voir sur un cheval ne 'étonne qu'à moitié notre bonne vieille.


Axelle Casas. Enchantée.

-Ca ne sonne pas très flamand, ni très françois tout ça.
-Augustin, slapper! Kom hier voor de paard van de duchess.*


J'espère ne pas être en retard, mais j'avoue avoir flâné un peu en route, charmée par ces terres verdoyantes.

On s'y fait, c'est un peu dans la nature humaine que de se faire à tout. Mais ça ne vaut pas les paysages de Flandres ici. Je suis Germaine, Justin aura du vous parler de moi!

C'est une certitude pour elle. Pas vraiment une question, Justin ne peut pas ne pas avoir parler d'elle à sa futur femme.

Vous allez restée combien de jours parmi nous? Vous voyagez seule? Ou sont vos malles? Vous aimez les carbonades? J'ai fais préparé pour vous une chambre, vous pourrez y prendre vos aises et peut-être vous rafraichir de votre randonnée?


Elle scrute derrière la Casas, voir si de ses gens la suive. Et prend l'ombre qui arrive peu à peu à leurs hauteurs pour celle d'Augustin, le valet d'écurie.

*Augustin, fainéant, vient ici, pour le cheval de la duchesse.
Axelle
Aux remarques sur son patronyme, la manouche étira un sourire matois. Si souvent on lui demandait d'où elle venait du fait de sa peau brune, si souvent cela l'agaçait tant jamais elle n'avait mis un pied en dehors des frontières françaises, elle n'avait encore jamais eu le moindre commentaire concernant son nom. Enfin, pas celui-ci, car alors qu'elle s’appelait Tabouret, les taquineries ou furtifs petits sourires moqueurs n'avaient pas manqué. Casas. Sans vraiment y prêter attention, elle se le répétait en ronde, jusqu'à ce qu'étrangement, il lui paraisse étranger. Elle le trouva beau. Et il était vrai qu'il ne faisait pas vraiment franchouillard. Il sentait le sud à plein nez et ça lui plaisait. D'ailleurs, s'il y avait quelque chose dans ce projet de mariage qui l'ennuyait, c'était de devoir encore l'abandonner. Comme les deux autres fois. Et il fallait l'avouer, Monmouth sonnait bien moins bien à son oreille difficile. Ne restait plus qu'à espèrer que ce changement soit le plus lourd tribut qu'elle ait à payer dans cette union. Car somme toute, c'était bien futile, surtout quand le nom du domaine était si beau et l'initiale, un A.

La langue étrange dont usait parfois Alphonse roula, gutturale dans la vieille bouche. Et ce fut avec surprise qu'elle remarqua en comprendre quelques mots. Aux exclamations qui suivirent, la manouche hocha vaguement de la tête. D'accord ou non. Vrai ou faux. Quelque chose murmurait à l'oreille sombre qu'il valait mieux prendre Germaine dans le sens du poil.

Mais à la flopée de questions s'abattant sur elle comme une giboulée de printemps, elle arrondit la bouche ne sachant pas par laquelle commencer à répondre. Les remettant dans l'ordre dans sa caboche, ce qui en bonne bordélique qu'elle était n'était pas chose aisée, les mirettes noires un brin embarrassées elle tenta d'organiser au mieux ses réponses.


Je ne sais pas combien de temps je reste. J'ai pris chambre dans le bourg à côté, mes affaires y sont, arrivées avec mes gens quelques heures avant moi. Je préfère voyager seule que dans les jacasseries des donzelles ponctuées des grognements incessants des hommes chargés de la sécurité de mes biens, tout aussi agacés que moi de les entendre babiller. Bon, à trois questions elle avait répondu. Pas trop mal. Si j'aime les carbonades ? Je ne sais pas... Ça, ça devait être un truc à manger. Si tel n'était pas le cas, elle aurait l'air ridicule. Mais celui-ci ne tuant pas. Je n'ai jamais goûté, et je veux bien... La phrase resta en suspens alors que dans l'ombre approchant, un léger sourire fendit le visage ambré. Je vous remercie pour votre parfait accueil.
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Bakhtan
Ce n'est pas le valet Augustin qui arrive dans le dos de Germaine, mais Justin! Et ce dernier qui écoute l'échange entre les deux femmes, n'en perd pas une miette. Il détaille la futur duchesse des lieux, et la trouve pas mal du tout, mais chasse toutes pensées que l'Eglise qualifierait d'impure de son esprit.

De la voir arriver à cheval et non pas en calèche est un atout dans la complicité à venir entre les deux, du moins, il l'espère.

Il s'adresse à Germaine, ce qui fait sursauté cette dernière, et dans sa langue natale car il ne voudrait pas que les deux maitresses de maison à venir partent du mauvais pieds.


-Afscheid kalf, koe, varken, kroost ... Wat is er gebeurd met je mooie manieren!*

Sans attendre la réponse de la vieille, qui sera il le sait piquée dans son égo, il s'avance vers Axelle, de sa dextre, il attrape la sienne qui tient toujours les rennes et lui fait un baise main qui a pour but de montrer une sorte de familiarité encore inexistante entre eux certes, mais pour le paraître et aussi pour insister sur la déférence qu'il compte imposée d'emblée vis à vis d'elle à ses gens.

Certes le mariage a très vite été envisagé entre eux, mais il est hors de question que les apparences ne soit pas irréprochable.


-J'ai cru comprendre que tu as fais bon voyage? J'aime le côté vert et luxuriant de cette région, puis cette bâtisse même si Germaine la trouve dénuée de charme, tu réaliseras bien vite au passage que tout ce qui ne vient pas des Flandres, est touché d'ostracisme par Notre gouvernante. Mais parfois, elle revoit sa copie. Il me semble la voir plus souvent qu'à son tour à ce sujet astiqué un ensemble comtois, qu'elle ne savait pas souffrir quand je résidais en Franche Comté.

Lâchant sa main, pour flatter l'encolure de sa monture et lui prendre les rennes. Il lui fait un clin d'œil complice. Sans calcul de sa part, il se comporte comme si il accueillait une vieille amie, hors la veille, il se posait quelques questions encore, mais il est comme ça, tant qu'il n'est pas contrarié, il est bonne pâte.

Il se dirige vers les écuries, supputant que les deux femmes vont lui emboîter le pas. C'est qu'il a l'habitude de mener son monde et qu'il s'attend à ce qu'il en soit comme ça.


-J'enverrai quelqu'un faire suivre tes gens et tes malles, nous serions ravi de vous accueillir ici quelques jours. Je pense que notre ami commun, devrait également faire son apparition d'ici un jour ou deux, si jamais tu crains t'ennuyer ici.

C'est que l'Alençon n'est pas grand, mais le domaine est un peu isolé dans son écrin de verdure de l'agitation des villes et il tente de lui être le plus agréable possible. Voyant d'ailleurs que les carbonnades n'éveillent rien chez elle, il précise.

-Si tu aimes la viande, si tu aimes la bière d'abbaye, des Flandres bien entendu, tu devrais aimer les carbonnades. Mais Germaine, je ne pense pas que ce soit un plat indiqué en cette belle saison! Fais-nous quelque chose de plus léger, après un voyage, je doute qu'Axelle ai envie de s'en mettre plein la pense. Un petit waterzoi sera parfait!

Afin de lui épargner le premier soir les carbonnades, il opte pour un de ses plats favoris, de la sorte, Germaine ne pourra pas le lui refuser.

-Voyagez seule, je ne suis pas certain que ce soit une excellente idée, mais voyager à l'écart de vos biens, en est par contre une! Voyager en convois, est le meilleur moyen d'attirer les bandits de grands chemins.

Pas d'Augustin dans les écuries, aussi Justin bouchonne lui même le cheval d'Axelle, jette son harnachement sur une cloison des boxes. Il se dirige vers ses andalouses et son cheval arabe, leurs donne à tous une carotte en guise de friandises. Reprend ensuite la parole.


-Veux-tu te rafraichir, découvrir les appartements que j'ai pensé que tu aimerais, prendre une collation ou encore visiter les lieux?

Il toise Germaine qu'elle ne dise mot, voulant qu'Axelle choisissent parmi les différentes options sans être influencée.

*Adieu veau, vache, cochon, couvée... Qu'est-il advenu de tes belles manières! Partie de dicton issue de la fable "Perette et le pot au lait" de J. De La Fontaine et traduction du néerlandais.

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Axelle
Pas le temps de chercher quelques sonorités connues dans les mots qui pimentèrent l'arrivée de Justin, que sa dextre fut prise et embrassé avec courtoisie. La manouche doutait un jour pouvoir s'y faire, bien que cela n'eut rien de désagréable. Bien au contraire. Sauf qu'elle ne savait pas comment y réagir. Sans doute ne rien faire de plus. Mais Justin aussi sec coupa court à l'embarras qu'elle aurait pu ressentir d'un « tu » qui éclaira furtivement son visage d'un sourire en coin. S'il voulait la mettre à l'aise, il avait réussi son pari. Petit « tu » qui troquait le protocole qu'elle avait craint en une simplicité bien plus à son goût.

Amusée, elle écouta les petites manies de Germaine, claquant son pas à celui promis, plissant les yeux en pénétrant dans l'écurie pour s'habituer à l'obscurité, les narines palpitantes à l'odeur du foin propre. Si elle était fière de son frison, les bêtes qu'elle découvrit, plus fines, étaient magnifiques et, d'un geste improbable, elle se pencha vers l'une d'elle pour frotter le crin soyeux entre les deux oreilles.


Je serai ravie de voir notre cher ami, même si, elle détourna son attention des yeux noirs et luisants du cheval arabe pour le poser sur le maître des lieux. Je n'ai aucune peur de m'ennuyer. Laissant retomber sa main, elle le regarda faire un long moment avant de reprendre. J'aime voyager seule, même si ce n'est guère prudent. Elle leva une épaule désinvolte, une lueur mutine dans le regard. Mais si j'étais prudente, je ne serai certainement pas ici. Ne crois-tu pas ? Sans lui laisser le temps de répondre, quand elle n'attendait pas de réponse, elle s'avança vers les andalouses, le regard captivé par les muscles roulant paresseusement sous les robes grises.

Quand j'étais gamine, un môme c'est fait broyer le genou sous la ruade d'un cheval. Je n'ai jamais oublié ses cris. Plus jamais il n'a pu jouer à l'épervier. Depuis ce jour, même si je suis bien obligée de prendre sur moi, je reste sur mes gardes. Et ne suis pas bien à l'aise. Ça m'ennuie. Crois-tu que tu pourrais m'apprendre à les connaître mieux pour ne plus les craindre ? Savoir bien m'en occuper ? Et remontant le museau vers Alpha. Je n'ai aucun souci avec celui-ci, il a été parfaitement dressé et est doux comme un agneau. Revenant cueillir le regard sombre de Justin, elle esquissa un sourire. Je suis très curieuse de découvrir ce que tu penses deviner de mes goûts, mais le soleil est encore haut, que penses-tu d'en profiter pour me faire visiter ces terres verdoyantes ? Et le sourire de s'élargir, plein de défi. On pourrait commencer par une course. J'ai très envie de voir si tes chevaux sont aussi rapides qu'ils en ont l'air !

Sa perle noire n'avait certainement que peu de chances de l'emporter face à l'arabe, mais joueuse, elle ne pouvait s'empêcher de l'être.
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Bakhtan
Il lui sourit en toute simplicité à l'évocation de leur ami et de leur entremetteur. Puis éclate de rire, de son rire franc et presque coutumier qui le caractérise.

Je me suis assez ennuyé dans des Conseils et des campagnes politiques stériles pour faire en sorte que mes invités ne s'ennuient pas. Du moins, je l'espère.

Il la connaît très peu, mais pour l'heure, elle éveille son intérêt, elle a de l'esprit et n'hésite pas à le défier d'une certaine manière, du moins c'est comme ça qu'il perçoit sa tirade sur la prudence. Mais que serais la vie sans quelques imprudences, voilà ce qu'il se dit. Même si par le biais de son éducation, il est inconcevable qu'une femme, ne voyage pas sous escorte. Il l'écoute ensuite raconté un des faits marquant de son enfance sur les chevaux.

Je comprends tes craintes, il est paradoxale que dans mon enfance, on ne cessait de me raconter des tristes expériences de ce genre, sans qu'il ne m'en ai jamais été donné de voir. Une enfance dorée en sommes.


Ne jamais lancer Justin sur le domaine des chevaux, mais il va tenter de faire simple.

Il faut savoir leur parler, il faut se comporter avec eux, comme lorsque l'on est sur un champs de bataille, ne jamais leur montrer de peur ou de crainte. Il faut savoir s'imposer d'emblée, ils sentent le danger, ont besoin d'être rassuré, un peu comme...

Il ne finit pas sa phrase, il en oublierait presque qu'il est avec une femme justement, le cavalier aux manières pas toujours très correctes. Il flatte l'encolure d'Alpha.

Ca c'est pour le premier contact, il faut les mettre en confiance, ensuite à force de randonnée, une complicité se crée, du moins avec les meilleurs d'entre eux.

Le double sens de ses dire est équivoque et n'appelle pas spécifiquement à la réponse.

Je crains qu'il n'a aucune chance le bougre. Et je serais un bien piètre hôte si je ne vous laissais pas gagner! On peut laisser votre monture se reposer et je vous prête une de mes filles.
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Axelle
Se connaître. S'apprendre. Un peu. Déjà. Voir si c'était vraiment possible. Tel était l'objet de cette visite. Aussi, de cet homme couvé par ses mirettes sombres, la manouche ne loupait pas une miette, vibrant doucement alors que son rire résonnait entre les murs de l'écurie. Clair et franc, sans fausseté. Ça lui plaisait. Oui, elle n'aurait pu dire le contraire. Et son regard roula au plafond de compréhension quand il mentionna les conseils et autres campagnes politiques. Il en avait déjà fait mention à l'Aphrodite. La gitane, si elle ne savait pas les détails de l'histoire, devinait sans mal combien les mesquineries et autre coups tordus pouvaient être aussi lassants que décourageant. Le Duc s'offrait une nouvelle vie et elle avait bien l'intention de lui faciliter la tâche. D'ailleurs, cette phrase laissée en suspens lui arracha un coin de sourire. Beaucoup se disait, sans vraiment être dit et aucun des deux n'était dupe.

Elle grimaça un peu alors qu'il lui proposait de monter une jument inconnue. Son regard glissa alors sur les crinières courbées jusqu'à s’arrêter sur l'une d'elle, qui se tenait un peu en retrait des autres.


Une enfance dorée. J'aimerai assez que tu me racontes, un jour. La main brune s'étira doucement vers les naseaux de la bête pour se reculer aussi vite alors que la jument secoua paresseusement la tête. Je ne peux pas vraiment en dire autant, mais finalement, je ne suis pas certaine que j'aurai préféré en avoir une autre. J'sais pas. La main à nouveau s'étira, se posant cette fois entre les oreilles de l'animal pour la flatter, de gestes lents et doux.

Et sans abandonner la tête équine, tourna la sienne vers Justin, la penchant doucement en soufflant une boucle brune s'invitant devant ses yeux. Ne me laisse jamais gagner volontairement. Ni pour une course, ni pour rien. Je le sens et me sens redevable. Et alors, je deviens affreusement stupide, maladroite et embarrassée. Puis arrachant son regard du visage mâle pour jauger la bête ployant l'encolure en s'offrant à la caresse.

Celle-ci ?Oui, celle-ci.

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Bakhtan
Je ne regarde pas souvent en arrière. Je ne peux nier cependant avoir manqué de quoi que ce soit, comme tout enfant bien né dans une bonne maison. De notre enfance, nous ne pouvons pas réellement choisir, c'est un fait, par la suite, au moins, notre destin nous appartiens à tous.

Même si pour ma part, d'une enfance dorée, j'ai basculé presque dans la clandestinité, je te raconterai cela à l'occasion, que tu ne sois pas démunie face à de mauvaises langues, car comme toute famille, il y a quelques squelettes dans les placards, mais je te rassure, rien de bien méchant.


[i]Il la regarde faire un choix de monture intuitivement. Et l'équidé en face d'elle semblant ne rien trouver à redire, il valide le choix.


J'aime à taquiner et embarrasser les gens, ne me tente surtout pas!

Il rit à son habitude, et va chercher une scelle. La jument qu'elle choisit à quelques années de plus que Madrid et Séville, elle provient du même élevage, il la montait beaucoup auparavant avant de faire ses dernières acquisitions, elle n'a que peu de chance de battre Madrid.

Tu es certaine de vouloir remonter directement? Pas de pause? Isis est une bonne jument, je la monte moins, ça lui fera du bien de sortir un peu, si elle te convient, elle te sera attitrée ici.

Entre nous, j'espère que nous pourrons toujours nous dire que nous ne sommes pas redevable l'un envers l'autre, je ne sais comment formuler cela, j'espère que nous deviendrons complice, il ne faut pas que nous nous sentions contraint, nous devons surtout nous sentir libre... Je crois que c'est le mot.


Il s'empresse de sceller Isis, ne pensant plus qu'il lui a demandé si elle voulait une pause ou nom, le flamand jamais bien loin qui sommeil en lui, espère avoir trouver les mots justes pour expliquer ce sentiment que lui a inspiré leur conversation.



[/i]
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Axelle
Un sourire diffus planant au coin des lèvres, la dextre flattant l'encolure de la jument, le regard manouche couvait cet homme occupé à sceller le canasson qui recevrait son auguste cul, l'esprit et brin songeur face au naturel de ce premier tête à tête. Les mariages, la manouche connaissait. Par deux fois déjà, son annulaire s'était vu orné d'un anneau. Le premier mariage avait été dicté par l'amour passionné d'un Ours jaloux et possessif et d'une gitane indépendante et aventureuse. Malgré les sentiments, trop forts certainement, cette union n'avait été que souffrance pour l'un comme pour l'autre. La main de l'un laissée à l'implacable caresse du feu, celle l'autre brisée contre un mur. Mariage qui jamais n'avait été enregistré dans les épais registres de Rome, comme si le Très Haut, clairvoyant pour une fois, ne croyant pas à ce mariage, avait guidé le cureton de service vers l'étourderie. Si aux yeux de beaucoup son mariage avec Alphonse avait semblé paisible, mené par l'amitié profonde et l'amour partagé pour un enfant, rien pourtant n'avait été vraiment simple tant les interdits brodaient chacun des pas des deux époux. Interdits pour servir liberté. Absurdité sans nom à bien y réfléchir.

Malgré ces loupés retentissants, à l'ombre de cette étable, tout paraissait simple, presque facile. Avec son rire, ses mots sans détours, Justin la rassurait et, cette complicité qu'il proposait, la zingara la sentait déjà poindre. Mariage de pur intérêt qui pourtant, prenait un malin plaisir à réunir deux êtres qui semblaient partager bien des valeurs et des souhaits. Et si les soupirs extatiques et les mots tendres étaient exclus du tableau se peignant doucement, d'épaules sûres sur lesquelles se reposer semblaient s'esquisser au fil des minutes. Sans rien forcer. Sans rien calculer, empiétant même sur la méfiance que la gitane s'imposait. Prudente, parfois.


Un sourire doux, le regard limpide et serein, elle hocha simplement la tête aux paroles du promis, s'aventurant sur un sincère.
Je l'espère aussi. De tout cœur. Puis fermant cette parenthèse qui ne devait pas se prolonger encore, alluma une lueur espiègle au creux de son regard sombre. Si je ne souhaite pas que tu me laisses gagner, sans rien avoir contre le fait que tu me taquines, bien au contraire, je m'autorise à tricher. Avoua-t-elle et saisissant les longes de la monture pour amorcer quelques pas vers l'extérieur. Nous aurons bien le temps de faire des pauses. Plus tard. Puis tournant la tête, glissant un regard taquin à Justin à travers une boucle rebelle. Et comme j'aimerais que tu me racontes beaucoup, je pense que notre cher ami commun va devoir me céder un peu plus que le dimanche... Crois-tu qu'il accepterai le mercredi après midi ?
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Bakhtan
Il l'espère aussi de tout cœur, et préfère tout comme elle sans arrière pensée passer à des sujets plus légers. Alors qu'il pensait l'aider à monter en scelle, voilà qu'elle s'avance avec Isis. Il lui emboîte le pas, fait signe à un palefrenier de lui préparé son cheval et de lui amené dés que possible Madrid.

De toutes façons, je ne sais pas faire sans taquiner mon monde, surtout quand je constate que je fais mouche, beaucoup me trouvent d'ailleurs insupportable, enfin par chance pas tout le monde! Si jamais tu t'es renseignée sur ton futur époux, on aura du te le dire...

Regardant distraitement la prairie à l'herbe un peu folle en ce mois d'août qui entoure le château, il se remémore quelques instants de son passé, et si son visage se ferme, à l'évocation de leur ami commun, il se déride et sourit.

Je lui ai proposé d'aller faire les boutiques avec vous pour me trouver une tenue adaptée pour le mariage. Je ne sais plus comment nous y sommes arriver... Il n'avait pas l'air content et encore moins quand je lui ai interdit de me jouer un vilain tour. Il m'a fait porté une tenue recouverte de lapins lors d'une cérémonie d'hommage. Mais je n'étais pas en reste, lui s'est retrouvé tout en fleurs.

Il rit à ce souvenir.

Nous pourrions faire les tailleurs à trois, car ne t'imagine pas que je n'ai pas envie de chercher une tenue pour le jour J, mais ce n'est pas ma tasse de thé. Et ma fois, vous serez sous peu ici chez vous, tout comme il l'est et à sas habitudes, nous trouverons les nôtres, et ce en fonction de tes aller et venues.

Je ne suis pas aussi rustre qu'on le dit, je suis et grâce à Germaine, aux petits soins avec mes hôtes, invités et proches dont tu seras bientôt. Que dis-je dont tu fais déjà partie. Je suis en confiance avec toi et j'ai l'impression de te connaître depuis toujours.


C'est vraiment l'impression qu'il a à son contact. Il cueille un coquelicot.

Tu permets?

Et sans attendre sa réponse, il le lui glisse par dessus l'oreille dans sa chevelure. Il n'a pas l'habitude qu'on lui résiste, lui tienne tête et ne se formalise pas des convenances, il est du genre à répondre à ses impulsions, et si il semble paraître manquer de manière, dans ses gestes, aucune arrière pensée ne se tapit tant que son vis à vis ne montre des signes de gênes.

Le rouge est vraiment ta couleur.

Tandis qu'il voit le palefrenier avancer vers eux avec sa monture. Il attrape les brides d'Isis et tire fermement vers le bas sur le mord, pour que l'animal s'immobilise.

As-tu besoin d'aide pour monter en scelle? Je ne t'ai pas vu arriver en amazone, il me semble?
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Axelle
En arrivant-devant les murailles du domaine, une pointe d'appréhension l'avait saisie. Pas de doute confrontée à la décision qu'elle avait prise de s'unir à cet homme mais, face à l'austère bâtisse, elle avait craint trop de froidure en ces lieux pour la fille du sud qu'elle était. Et pourtant, de quelques mots, elle avait déjà un canasson attitré- pauvre bête, priez pour elle- et était acceptée sans que le moindre grain de sable ne s'invite inopinément dans la mécanique pourtant montée à la va vite. Longes en main, elle écoutait, prenant note de la place du Renard dans la maisonnée, sans s'en étonner et encore moins s'en rembrunir d'une quelconque façon. Bien au contraire lorsque qu'elle avait souvent regretté de ne pouvoir voir le Goupil aussi souvent qu'elle l'aurait souhaité. Au fond de son crâne, les images de soirée partagées s'esquissaient avec une netteté pleine et il fallut bien une fleur glissée dans ses cheveux pour la tirer de ces plaisantes pensées.

Les fleurs dans les cheveux, le romantisme à deux balles, la manouche n'y goûtait guère. Elle trouvait même cela souvent d'un ridicule plein. Pourtant, ce fut un sourire qui accueillit le coquelicot à la tige si fragile. Parce que ce geste n'avait, aux yeux manouches, rien d'anodin. D'Aunou l'acceptait telle qu'elle était, Coquelicot, ainsi qu'elle avait été de longues années auprès d'un Chat. Sans vouloir la changer d'un pouce. Alors le sourire s'élargit encore, lui barrant la figure d'une large virgule blanche.

Je ne te trouve pas rustre. Pas le moins du monde. Tu dis ce que tu penses et fais ce que que tu dis. C'est comme cela que je te vois. Elle plissa doucement les sourcils en secouant la tête, pas trop fort, pour ne pas brusquer la fleur si fragile. Et je ne crois pas me tromper. Elle s'approcha, se hissant sur la pointe des pieds pour murmurer à l'oreille nobiliaire. Et j'aime ça. Se reculant d'un pas, pour chasser l’ambiguïté qui aurait pu naître de l'aveu, elle poursuivit d'une voix tranquille. Les tailleurs à trois. Un long soupir glissa de ses lèvres. À vrai dire, c'est pas du tout ma tasse de thé non plus, je peux même dire que je déteste et, s'il ne tenait qu'à moi, nous pourrions nous marier dans nos tenues d'aujourd'hui. D'un haussement d'épaules elle conclut. Alors profitons de cette belle journée avant le calvaire qui nous attend. D'ailleurs, il risque de nous falloir un sacré bon argument pour convaincre notre cher ami de nous accompagner m'est d'avis. Et d'éviter de finir en fleur ou en lapin le jour J, lâcha-t-elle dans un rire bon enfant. Vrai que des plumes iraient bien au Faucon que tu es, mais tout de même...

Si les mots avaient glissé de sa bouche sans accroc, à la dernière question, elle laissa quelques instants flotter. Monter seule sur un cheval ne lui posait aucun souci, contrairement à rester en scelle si la monture s'emballait un peu trop. La réponse était donc toute trouvée. Il lui suffisait de sauter sur le dos de l'animal sans même avoir besoin d'ouvrir la bouche, dans un petit sourire de « eh, tu me prends pour quoi ?». Or elle n'en fit rien et tout au contraire, tendit la main sur un simple. Oui. S'il te plaît.

Geste symbolique à m'en pas douter, enracinant un peu plus cette union qui ne se contenterait finalement pas d'être de pur intérêt, mais nourrie d'une confiance qui s'installant, laisserait les faiblesses s'afficher et l'aide acceptée sans grognement ou éraflure à une fierté manouche souvent mal placée. Pour la course qui s'annonçait, les cartes seraient redistribuées, encore. Pour leur plus grand plaisir, certainement.
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