Axelle
[Dans une auberge d'Alençon]
Rendez-vous avait été pris. Le voyage avait duré plusieurs jours depuis son sud chantant les cigales. Le bain où elle s'était prélassée un long moment refroidissait lentement alors que d'une main distraite, elle coiffait la marée dégoulinante de ses boucles brunes gouttant au creux de ses reins nus, le regard dubitatif posé sur les tenues diverses étalées sur le lit. Étrangement, elle qui ne s'embarrassait jamais vraiment de réfléchir à ce qu'elle se mettrait sur le dos, restait aussi indécise qu'une gamine se préparant pour son premier rendez-vous galant.
Pourtant, malgré le mariage annoncé, il n'y avait rien de galant dans la rencontre à laquelle elle se préparait, mais une volonté farouche de ne pas tout louper sur un détail idiot. Oui, ce mariage, la Casas y tenait bien plus que les uns et les autres ne pouvaient l'imaginer. Une poignée ridicule de proches avait été mise dans la confidence de l'événement à venir. Si elle avait vu fleurir un sourire franc sur certains visages, d'autres avaient déversé des flots de mises en garde sur l'aléatoire d'épouser un inconnu, certains promettant jusqu'à leur absence. Pourtant, si ces promesses l'avaient terriblement attristée, aucun mot n'avait seulement pu souffler un petit vent de doute au creux de ses tempes brunes. La première impression avait été bonne, l'homme lui avait semblé droit et de parole. La gitane n'en demandait pas davantage. C'était même la seule chose qu'elle demandait dans ce contrat qui les lierait et, de la même façon qu'elle savait parfois se montrer implacable, ne se fiait qu'à son seul instinct, lui susurrant à l'oreille qu'elle s'engageait sur la bonne voie.
La franchise. Les masques seraient enfilés plus tard, pour les spectateurs de la comédie maritale qu'ils joueraient. Mais pas entre eux. D'une main vive, elle ramassa une tenue. L'heure était de découvrir son autre facette.
[Domaine d'Aunou le Faucon]
Perchée sur son frison aussi noir que le cuir masculin qui la ceinturait, les boucles lâchement ramassées dans sa nuque, elle observait d'un regard aiguisé le domaine s'étalant à son horizon. Vert. Sentant la sève. Dans lequel s'érigeait un château à la façade sévère. Si elle n'avait guère tenté d'imaginer à quoi ressembleraient le domaine, elle ne fut pas surprise en le découvrant tant il reflétait son propriétaire. Jusqu'au nom. Faucon, tant le visage de Justin était racé et fier, à l'image d'un oiseau de proie, une autorité naturelle glissant sur ses traits ciselés.
Alors, à l'heure dite, d'un claquement de langue sur le palais, les sabots de sa monture résonnèrent sur le pont enjambant le large fossé ceinturant la bâtisse de lourdes pierres. Et lorsque qu'une silhouette se découpa, l'écuyer de Bouillon, la pupille de yeux d'Hadès, sauta à terre dans le chuintement sec de ses bottes.
_________________
Rendez-vous avait été pris. Le voyage avait duré plusieurs jours depuis son sud chantant les cigales. Le bain où elle s'était prélassée un long moment refroidissait lentement alors que d'une main distraite, elle coiffait la marée dégoulinante de ses boucles brunes gouttant au creux de ses reins nus, le regard dubitatif posé sur les tenues diverses étalées sur le lit. Étrangement, elle qui ne s'embarrassait jamais vraiment de réfléchir à ce qu'elle se mettrait sur le dos, restait aussi indécise qu'une gamine se préparant pour son premier rendez-vous galant.
Pourtant, malgré le mariage annoncé, il n'y avait rien de galant dans la rencontre à laquelle elle se préparait, mais une volonté farouche de ne pas tout louper sur un détail idiot. Oui, ce mariage, la Casas y tenait bien plus que les uns et les autres ne pouvaient l'imaginer. Une poignée ridicule de proches avait été mise dans la confidence de l'événement à venir. Si elle avait vu fleurir un sourire franc sur certains visages, d'autres avaient déversé des flots de mises en garde sur l'aléatoire d'épouser un inconnu, certains promettant jusqu'à leur absence. Pourtant, si ces promesses l'avaient terriblement attristée, aucun mot n'avait seulement pu souffler un petit vent de doute au creux de ses tempes brunes. La première impression avait été bonne, l'homme lui avait semblé droit et de parole. La gitane n'en demandait pas davantage. C'était même la seule chose qu'elle demandait dans ce contrat qui les lierait et, de la même façon qu'elle savait parfois se montrer implacable, ne se fiait qu'à son seul instinct, lui susurrant à l'oreille qu'elle s'engageait sur la bonne voie.
La franchise. Les masques seraient enfilés plus tard, pour les spectateurs de la comédie maritale qu'ils joueraient. Mais pas entre eux. D'une main vive, elle ramassa une tenue. L'heure était de découvrir son autre facette.
[Domaine d'Aunou le Faucon]
Perchée sur son frison aussi noir que le cuir masculin qui la ceinturait, les boucles lâchement ramassées dans sa nuque, elle observait d'un regard aiguisé le domaine s'étalant à son horizon. Vert. Sentant la sève. Dans lequel s'érigeait un château à la façade sévère. Si elle n'avait guère tenté d'imaginer à quoi ressembleraient le domaine, elle ne fut pas surprise en le découvrant tant il reflétait son propriétaire. Jusqu'au nom. Faucon, tant le visage de Justin était racé et fier, à l'image d'un oiseau de proie, une autorité naturelle glissant sur ses traits ciselés.
Alors, à l'heure dite, d'un claquement de langue sur le palais, les sabots de sa monture résonnèrent sur le pont enjambant le large fossé ceinturant la bâtisse de lourdes pierres. Et lorsque qu'une silhouette se découpa, l'écuyer de Bouillon, la pupille de yeux d'Hadès, sauta à terre dans le chuintement sec de ses bottes.
_________________