Lenu Mais que s'est-il passé ? Le rituel solennel et bien huilé dont Lénù appréciait le cours se terminait. Du moins, le pensait-elle jusqu'à ce que Calico annonce le trempage de mollets des aspirants Ecuyers. Elle s'est sentie soulagée de ne point faire trempette entièrement, là tout de suite maintenant afin de laisser retomber un peu le soufflé de la surprise et de bien ressasser la cérémonie des Chevaliers. Se préparer mentalement quoi. A peine a t-elle eu le temps de glisser son mantel de fourrure de ses épaules -non sans frissonner- qu'une main étonnamment puissante la jette directement dans la Sémois. Là, elle pourra dire qu'elle a bu le bouillon ! Car si les Chevaliers devaient purifier leurs corps dans l'onde glaciale, elle, se retrouve purifiée extérieur-intérieur !
L'eau mordillait son corps de piques glacés jusqu'à ce qu'enfin elle se redresse et ressorte tant bien que mal en aidant sa consoeur de "pasdechancecesttombésurnous", abandonnant les bottes qui faisaient ventouses dans la vase de la berge. Et c'est sans classe, comme un chien mouillé, qu'elle recrache en toussant -honteusement- l'eau restée coincée dans sa gorge. Le corps se prend de tremblements, car il n'y a rien de plus terrible que d'être habillée et trempée sous un vent même léger. Les mains s'apposent sur ses cuisses tandis qu'elle reprend son souffle, ses esprits et non sa fierté qui elle est noyée dans la Sémois. Et d'une voix saccadée soufflant des lèvres pâles et tremblantes qu'elle s'adresse à Loyse alors qu'elle joint les gestes à la parole.
Ma chère... au diable pudeur et convenance... Si vous voulez vivre...déshabillez-vous et cachez-vous sous une couverture..
Pour l'heure, l'instant n'est pas à se dandiner à poil sur la berge, manquerait plus que cela, mais plutôt à éviter de choper un mal insidieux comme une bronchite ou une pneumonie. Les frusques sont abandonnées au profit d'une couverture de laine chaude, avec laquelle elle se frictionne comme elle peut tout en restant grelottante et digne -du moins un semblant de dignité ou ce qu'il en reste quand on a vu votre nudité- devant la Duchesse de Bouillon. Même pas un regard pour le fautif qui est plus que suspect mais plutôt coupable.