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[RP] Recoller les morceaux

Kheldar
Quelques semaines déjà qu'il avait rejoint Bouillon. Il n'avait pas connu de guerres en son sein, pourtant, il arborait maints bandages recouvrant son corps déjà malmené par le poids des guerres et des duels. Un corps qui ne lui avait jamais fait défaut mais qui avait du encaisser plus que de raison lors de son dernier duel face au Marquis Aimbaud. C'était la première fois qu'il perdait son sang froid, qu'il se jetait sur un homme presque sans se garder pour lui infliger douleur et souffrance.

Ici à Bouillon, il n'avait pas dissimulé la raison de ses blessures, elles étaient dû à son plus récent affrontement, voilà ce qu'il avait fait savoir, mais à Axelle, il n'avait encore rien dit.
Un comble puisqu'elle était sa plus chère amie, mais il lui était apparut avec certitude que le Marquis était à l'origine des tourments au sein desquels la gitane avait évoluée quelques temps. S'il avait laissé son adversaire à demi mort et une Marquise en souffrance, il avait laissé le combat lui échapper, et en payait toujours le prix.

Trainant la patte dans les couloirs de la caserne, il ne savait comment réagirait Axelle en apprenant la nouvelle, et pour une fois, il espérait presque ne pas la croiser. C'est à dire qu'il avait tout de même sa petite idée sur la question, ce qui expliquait pourquoi il n'était pas particulièrement pressé d'être confronté à la lanceuse de couteaux.


Foutue cicatrisation... ça me démange!

Grognant dans sa barbe épaisse tout en progressant vers la salle d'armes où il souhaitait ne pas être dérangé, il grattait frénétiquement son épaule fraîchement recousue à travers sa cotte de mailles. La salle d'armes, un lieu que la gitane fréquentait rarement lorsqu'il n'y était pas lui même. LA vilaine avait parfois besoin d'une motivation pour s'entraîner, et le colosse ne s'était jamais fait prier pour ôter sa chemise lors de ses entraînements.

Saleté d'porte... vas tu t'ouvrir? Faudra huiler tout ça...

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Sancte
« Faut-il que je charge un de mes écuyers de s'occuper de ça, Lablanche ? Laissez, je vais l'ouvrir. J'appréhende de trop l'idée qu'en l'identifiant comme une saleté vous réserviez le même sort à cette porte qu'au marquis de Nemours, tel que cela a été rapporté dans les local news. »

Un marquis auquel lui-même n'avait pas su river son clou, c'est dire à quelle hauteur d'estime il plaçait la performance d'Eddard, sans pouvoir toutefois s'empêcher de vouer une admiration muette au marquis empâté pour son endurance, son courage, et son abnégation au combat. On avait beau toujours prévenir Eddard des risques qu'il prenait, c'était comme jeter de l'eau à la mer, car l'homme désirait se battre plus que tout, motivé par on ne sait quelle injonction arbitraire de se mesurer contre les autres mâles de son espèce, réduit à être les pièces d'un jeu duquel il serait au centre de l'échiquier. Mais le néo-Capitaine de Bouillon, qui à côté du géant avait parfois l'air d'un lilliputien trapu, avait renoncé à l'idée de lui tirer l'oreille pour le punir de ses provocations en lice répétée, d'autant que pour se faire, il devrait certainement a minima grimper sur un escabeau, ce qui ne serait définitivement pas à son avantage dans une symbolique d'exercice d'autorité. Contre les frasques d'Eddard, donc il avait placé ses principes sous chemisette, considérant que ce tempérament était à l'image du champion qu'il était et qu'avec une sœur qui se nomme Exaltation, on finit rarement au Monastère. Ainsi ouvrit-il donc la porte d'une légère bourrade de l'épaule et s'écarta pour laisser Eddard entrer.

« Si ça vous démange, c'est bon signe. La cicatrisation s'opère. Si certaines de vos plaies s'ouvrent, je peux toutefois vous faire un cataplasme, car laisser traîner une vilaine blessure en longueur c'est la meilleure assurance que de se retrouver foutu. Le mien est rustique en sa composition, mais fiable en ses effets, je puis vous l'assurer. »
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Kheldar
Trop occupé à ruminer ses pensées et à se plaindre à voix haute, il n'avait pas entendu le Prince et fraîchement nommé Capitaine, arriver à son tour devant la salle d'armes. Les nouvelles allaient vite, par ici, mais cela n'avait rien d'étonnant.

Bonjour Capitaine, fit le colosse en inclinant brièvement la tête en guise de salutations.

Mmh le Marquis avait suffisamment d'épaisseur pour retarder l'inéluctable, il a rendu coup pour coup.

En vérité c'était autant sa faute que celle du Marquis, se jeter sur un homme sans se garder, sous le coup d'une fureur incontrôlée, avait été une bien piètre tactique de sa part, si tactique il y avait eu.

La porte s'ouvrit sans protestation sous le coup d'épaule du Prince qu'Eddard remercia à nouveau d'un signe de tête.


Grand merci pour vos conseils, mais si l'on en croit bien d'autres rumeurs, une bonne douzaines de mains féminines se sont affairées à panser mes plaies et m'apporter des soins experts.

Autre sujet d'amusement pour le colosse, il suffisait parfois qu'il s'endorme en taverne en compagnie d'une inconnue pour être aussitôt réveillé par des crieurs Guyennois sous couvert de pseudonymes et de sources très fiables pour se voir affublé d'une maîtresse supplémentaire.


Dites... si vous voyez votre vassale... pourriez vous ne pas lui signaler que je me planque dans la salle d'armes?
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Axelle
La manouche n'était pas adepte des salles d'armes, sauf, sauf si on lui filait une nouvelle arme entre les mains. Et la miséricorde gravée de son corbeau avait suffisamment fait briller ses yeux pour qu'elle aille y suer plusieurs heures durant, frappant l'air à bout de bras dans des chorégraphies aussi cadencées et précises. Elle s'était battue contre le vent jusqu'à s'éreinter et finir en petit paquet bien ficelé, recroquevillée dans un coin de la salle, le nez dans les genoux. Somme toute aurait-elle fini cadavre à ronfler comme une bienheureuse si des voix bien connues ne lui avaient fait remonter le museau. Se relevant courbaturée, des mots échangés, elle n'avait entendu que la fin. Mais laissant là la miséricorde, elle avança toute en désordre de quelques pas vers le massif duo, un petit sourire ironique au coin de la bouche.

Et pourquoi devrais-tu te planquer de moi ? Ça fait déjà plusieurs jours que ta carcasse abandonne mon horizon. J'aime pas ça.
Et s'étirant en faisant craquer ses vertèbres, d'un regard interrogatif vers Clichy. Il s'est encore fait mettre une raclée par une donzelle en lice, ou bien Calico lui a déjà donné quelques leçons ?
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Kheldar
Et merde...

Se composant un visage plus avenant au moment de se tourner vers la gitane, il joua la carte de la surprise pour tenter de gagner suffisamment de temps dans le but de trouver l'excuse la plus plausible. C'était pas gagné... Autant il pouvait être bon comédien, autant ses comédies n'échappaient pas à la gitane avec laquelle il avait l'habitude de les composer.
Ensemble ils avaient pu toucher à tout les rôles en mission. les amants, le père et la fille, une ancienne amante revancharde, l'époux brutal et la femme soumise, la noble dame arrogante et son garde du corps... Bref, ils connaissaient leurs méthodes respectives et savaient composer avec leurs mensonges.


Toi? Dans une salle d'armes? Et bien... ah je vois, tu voulais essayer le nouveau jouer qu'on nous a filé.

Sans s'interrompre pour ne pas la laisser changer si aisément de sujet il reprit, un sourire égrillard aux lèvres.

Un bon bain ne te ferait pas de mal après tout cet exercice, tu commences à répandre sous le vent une odeur désagréable...


P'tetre qu'en la blessant dans son amour propre il pourrait éviter une bagarre. Enfin...
au point où il en était.

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Sancte
« Mince, et évidemment, il fallait que ça tombe sur moi ... »

Eddard était un vieux loup de mer renommé. En revanche, niveau discrétion, c'est pas tout à fait ça. À l'arrivée de la gitane, il se sentit de trop, et comprit que l'heure était venue d'aller se faire une purée de pois cassés.

« Une odeur désagréable ? Hmmm, eh bien, vous savez quoi, je crois que je vais filer en cuisine et je reviendrais dans la salle d'armes pour quelques exercices au chant des "Seagal" ... un peu plus tard. Portez-vous bien d'ici là, soyez sages. »

Et ouste !
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Axelle
Sourcils froncés, la manouche observa Clichy se carapater en vitesse comme si un piège en haute mer menaçait de s'ouvrir sous ses pieds. Bon soit, elle ne sentait certainement pas la rose après la séance d’entraînement infligée, mais une chose était certaine, il fallait bien plus au capitaine et au colosse qu'un fumet de sueur pour les indisposer. Surtout Eddard qui aimait à passer son temps dans les relents des salles d'armes. Que manigançaient-ils tous les deux ? Ah, pour sur, si ça puait, c'était bien plus du parfum de la manigance que des effluves colorées de ses aisselles, et c'est bien ce qui lui fit plisser furtivement le museau.

Abandonnant la silhouette princière s'éloignant, les mirettes noires revirent se poser sur les larges épaules lui faisant barrage avant de dégouliner sur l'écharpe, le regard pétillant d'un vilain tour à la manière fourbe en élevant la main vers le bras blessé, sourire revanchard accroché au coin de la bouche.


Un bain. Avec plaisir si tu t'y glisses avec moi pour me frotter le dos ! La main claqua sur l'épaule avant que les doigts ambrés ne s’enfoncent bien profondément dans les chairs démises. Malheureusement pour moi, je pourrais toujours me rincer l’œil, mais je crains que tu ne puisses pas franchement m'accorder ce petit plaisir. Et relâchant le bras, pour s'en retourner dans la salle d'armes. Pour rechigner à ce point à me répondre, jusqu'à vouloir te cacher, dois-je en conclure que c'est une fillette qui t'as foutu une raclée ?

Et maintenant, mon cher Eddard, que vaut ma maigre coquetterie féminine face à ta fière virilité d'homme ?
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Kheldar
Mince, voilà que son possible soutien venait de se carapater, laissant l'estropié affronter seul la gitane. Merci mon Prince!

Serrant les dents lorsque la claque asséné réveilla une douleur pourtant déjà éveillée en permanence, il ne put empêcher un grognement de franchir la barrière de ses lèvres. Ledit grognement se mua en plainte lorsque la très très vilaine fille poussa le vice en pressant la blessure de ses doigts.

Ah bordel!



Tout en provocation et allusion graveleuse dont elle avait le secret, la gitane s'éloigna. Qu’espérait il au fond? Lui dissimuler une information qu'elle apprendrait sans doute d'ici quelques jours, sinon quelques heures par la bouche d'un autre ne lui apporterait que des ennuis supplémentaires, si ennuis il y avait. Il avait beau bien la connaître, il n'était jamais sûr de rien lorsqu'il s'agissait du passé de sa plus chère amie.

Laissant muette sa réponse à la provocation et à l'invitation à prendre un bon en sa compagnie, il poussa un soupire funèbre, puis décida de se mettre à table.

Bon bon... J'ai affronté et vaincu un dénommé Aimbaud... Marquis de son état il y a peu. Le duel fut acharné et s'il a terminé à demi mort, j'ai récolté mon lot de blessures.
Observant la gitane qui lui tournait le dos, il attendit une réaction de sa part, plutôt tendu il était suffisamment honnête pour s'avouer qu'il n'aurait pas l'avantage dans cet état si elle déchaînait sa fureur ou son trop plein d'émotions sur lui.
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Axelle
La démarche nonchalante, bien qu'un peu rigide sous les muscles sournoisement guettés par les courbatures, la manouche, la bouche sèche mais vilainement ravie de son petit coup, fila jusqu'à la table de bois rêche pour empoigner l'anse de la lourde cruche d'eau en terre cuite. Avec une certaine lenteur, elle commença à se servir à boire quand Eddard, lui, commençait à passer aux aveux. Et somme toute, aurait-elle mieux fait de s'abstenir de vouloir en savoir davantage.

L'eau déborda du verre, sans qu'elle ne réagisse, et elle, dont le visage avait la tare d'être trop sombre, pâlit brutalement, comme si tout son sang, d'un coup, la quittait.

Aimbaud. Marquis de son état. À demi mort. Dans le bourdonnement de ses oreilles, les mots tournaient et retournaient en boucle, vénéneux et abrasifs. Malgré les maux et les mots, la manouche avait fait une promesse et tant bien que mal s'y accrochait. Ne rien dire. Ne pas avouer l'existence d'Arnoul et encore moins le nom de son père. Son père. À demi mort. Des mains de cet ami, si cher. Le silence semblait s'étirer quand enfin, entendant l'eau goutter sur le plancher elle remonta la cruche, les doigts serrés sur l'anse à lui en faire mal.

Ce qu'elle avait bien pu avouer au colosse sous l'emprise de l'alcool, la gitane ne le savait plus vraiment. Avait-elle laissé tomber ce nom au milieu de quelques lourds aveux ? Eddard lui jouait-il la comédie, ou ne savait-il vraiment pas qu'il avait combattu contre son ancien amant ? Contre le père de son fils ? Contre cet homme qu'elle avait aimé avec déraison pour récolter l'injure qui aujourd'hui, dictait certains de ses choix, et pas des moindres ? Tourbillon d’interrogations, quand pourtant une seule question franchit ses lèvres, la voix trop éraillée. Les syllabes trop dures.


Lui as-tu parlé de moi ?

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Kheldar
Touché. Le silence était plus éloquent qu'un discours, et s'il ne savait si c'était pour le meilleur ou pour le pire, il ne regrettait rien. Il avait certes agit comme une jeune chien un peu trop fougueux, mais cela partait d'un bon sentiment.
Sans se soucier d'un éventuel péril, il combla la distance le séparant de la manouche.

Autant jouer cartes sur tables, ils avaient toujours agit ainsi.

J'ai des yeux, Axelle, et tu me sais loin d'être idiot. Je ne l'ai pas reconnu de suite, car il était plus mince à l'époque... mais je sais qu'il te rendait visite. Cela ne me regardait pas aussi ne vous ais je jamais dérangé, si tu avais voulu me parler de lui tu l'aurais fait après tout. Mais je sais aussi que tes tourments coïncidaient étrangement avec la fin de ses visites.
J'en ai déduit beaucoup de choses, et nous étions face à face lorsque la lumière s'est faite
.

Il s'interrompit quelques secondes, puis comme la gitane ne réagissait pas encore, suspendue à ses lèvres, il poursuivit.

Je me suis jeté sur lui en lui hurlant à la face de se rappeler ton nom. Toute la lice en fut témoin malheureusement, mais à cet instant je haïssais cet homme pour les tourments dont j'ai déduit qu'il était la cause. J'ai... perdu mon sang froid.

Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et le colosse attendait. S'il prenait des coups, il les accepterait, il n'y avait personne aux alentours, c'était maintenant ou jamais.

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Axelle
La carafe ne fit presque aucun bruit alors qu'elle était reposée, comme si un seul bruit de trop avait le pouvoir de tout faire imploser en mille morceaux. Pourtant, à l'ombre des tempes brunes, au fil des mots du colosse, tout se brisait en une gerbe écarlate, dévastant des années de silence forcé, mettant à sac des semaines à sauver les apparences, piétinant des heures à se rassurer avec les maigres moyens du bord.

Dans sa nuque encore trempée de sueur, la respiration d'Eddard semblait ricocher comme un vent acide. Pourtant, sans chercher à la fuir, la paume de ses mains se déposa sur le bois de la table avec un calme trop bruyant pour ne pas être alarmant, refusant de le regarder, de crainte de lire ce que ces prunelles grises pourraient révéler de contrition.

J'espérais encore qu'un jour, il me respecte. Qu'un jour, il regrette ce qu'il m'a fait. Ce qu'il a fait à son fils. Tu as tout pris.
Siffla-telle entre ses lèvres vipérines.

Ô combien le geste eu tout de surprenant dans la glu qui semblait avoir figé jusqu'aux murs taiseux. La main brune, vive et implacable, balaya d'un revers carafe et verre qui se fracassèrent au sol en une nuée d'éclats aussi coupants que son regard baissé. Aussi sourdement et froide que sa voix dénuée de toute charité.


Il fallait le tuer. Il fallait le tuer, pour que jamais il ne puisse me reprocher autre chose que cette peau brune qu'il aimait pourtant tant baiser. Il fallait le tuer. Les doigts manouches se crispèrent, griffant le bois malgré les échardes se plantant dans sa chair. Tu as tout pris. Tu as cassé le peu qu'il me restait d'espoir. En me donnant tant. En me donnant ce que personne ne m'a jamais donné et ne me donnera jamais. La voix jusqu'à présent inflexible de froidure se brisa sur les derniers mots et lentement, enfin, elle se retourna, relevant vers le colosse un visage ravagé dont les yeux brillaient comme rarement sans pourtant que l'on ne put y lire la moindre lueur tant trop se bagarraient. Les mains ambrées semblant alors si petites se déplièrent vers l'imposant torse, sans pourtant le toucher.

Alors, je ne sais pas. Je ne sais pas si je dois t'embrasser ou t'arracher les yeux... Dis moi ce que je dois faire.
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Kheldar
Eddard et la finesse dans pareils moments, ça faisait au moins trois et demi. Oh il pouvait y mettre les formes s'il ne souhaitait pas se mettre la personne à dos, mais avec une amie si chère, on y allait pas par quatre chemin. Elle refusait de le regarder, il ne l'y força pas, la laissant se démener avec le conflit intérieur aux allures de tempêtes qui semblait l'assaillir. Elle parlerait bien sûr. C'était maintenant qu'il fallait prendre des gants.

Il ne réagit pas d'avantage lorsque dans un murmure, elle laissa échapper ses regrets. Il ne savait si elle lui faisait part des tout premiers griefs qui l'animaient envers lui, ou si...

CRAC!


Dans un bruit de vaisselle fracassée, la carafe s'éparpilla sur le sol, terrassée par la violence des sentiments manouches. Eddard manqua sursauter, et la suite le laissa à nouveau sans voix. Il s'attendait à une réaction bien sûr, mais là, ce qu'elle avait accumulé depuis tant d'années s'évacuait. Point besoin de long discours, de lui conter son histoire, elle se devinait aisément par ces quelques aveux.

Cette fois, il n'hésita pas et prit les devants, recouvrant les fines mains de ses larges phalanges, plongeant son regard dans le sien.

C'est un sacré fardeau et des espoirs perdus, Axelle. Ils l'étaient bien avant que je ne vienne m'en mêler avec mon épée et mon indiscrétion. Et malgré ma peine de te voir plus vulnérable encore que lorsque tu étais recouverte de sang, gisante au beau milieu d'une clairière, je ne puis me considérer comme navré. Ce que je vois c'est que malgré tout le temps tu espérais quelque chose de lui, cela s'appelle un fardeau, un fardeau dont j'aime à penser qu'il peut être soulagé, ici maintenant.

"Veux tu m'épouser?" Hein quoi? Mais non bougre d'idiot ça n'a rien à foutre là!

Sans sourire, il libéra les petites mains de gitane pour encadrer son visage des siennes. Collant son front contre le sien, et contrairement à leurs habitudes qui ne laissaient de place qu'à la provocation, il déposa un baiser furtif à la commissure, terriblement proche de ses lèvres.
En mission ils avaient déjà joué pareille comédie, à un tout autre niveau d'ailleurs, mais c'était la première fois qu'il le faisait réellement. Reculant son visage que nulle autre émotion qu'un regard amical n'illuminait, il fronça les sourcils en découvrant le sang sur les mains d'Axelle.

En poussant un grognement, il déchira un large pan de sa cape, tira la gourde de sa ceinture pour humilier le tissu et récupéra sur emprise sur les poignets de la jeune femme pour la bander.


T'es pire que moi hein, casser des meubles c'est une chose, mais à part des échardes si on se ballade sans gants on ne risque pas grand chose, mais casser de la carafe en verre à mains nues c'est complètement stupide! Et r'garde moi ça... tu m'en as mit sur mon cuir noir, ça part pas si facilement tu sais?


Continuant son oeuvre pour nettoyer les mains ensanglantées de la gitane, il ne cessait de la tancer comme un vieillard avec sa bonne femme.
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Axelle
S'il y a un homme, juste un seul
Qui donnerait sa vie pour sauver la tienne
C'est dur à admettre
C'est dur à admettre, mais c'est sûrement moi.

It's probably me, Eric Clapton/Sting




Il parlait, reprenant ce ton badin de chamaillerie coutumière comme pour évacuer trop de tension en se réfugiant dans une normalité bienfaisante, mais elle n'écoutait pas. Le visage relevé vers celui penché du colosse, elle ne faisait que le regarder, les yeux grands ouverts comme l'aurait fait une gamine découvrant la tendresse bourrue d'un grand frère si pleine et forte que la hargne, la colère, la rébellion, désentravèrent son crane de manouche, coulèrent le long de son dos, serpentèrent autour de ses jambes pour se répandre en flaque à ses pieds menus.


Ce n'était pas la première fois, pourtant, qu'assidu, il avait démontré son attention dévouée. Déjà, il l'avait portée, pour la soustraire à l'herbe ensanglantée d'une prairie, pour bander ses plaies de sa chemise et soulager son visage tuméfié. Déjà, sans même qu'elle n'ait à lui lancer le moindre regard, il avait fait taire un sergent du guet trop arrogant, devinant que le prévôt de Paris qu'elle était alors se trouvait dans une situation trop délicate pour lui permettre de le faire elle-même. Déjà, alors qu'elle quittait le plaid pour voler de ses propres ailes, il l'avait suivi, fidèle à ce qu'il avait annoncé, dans une aventure qui n'avait rien de gagné. De tout cela, la manouche ne lui parlait jamais, mais n'en oubliait pas une miette, ne remerciant qu'en offrant en retour la même loyauté. La même fidélité. Le même attachement coriace enflant inlassablement jour après jour. Bien camouflé sous leurs jeux bariolés et pourtant aveuglant de sincérité. Elle le regardait, étudiant la ligne des sourcils un brin froncés, la courbe mouvante de la lèvre paumée dans la barbe, les paupières fragiles baissées sur leur ouvrage. Et son cœur tambourinait tout ce qu'il savait. Non pas d'une chimère amoureuse, de celles qui s'envolent au premier coup de vent, non. D'un élan fougueux qui n'avait plus de nom tant, l'amitié, à force d'être utilisé à tort et à travers, perdait inéluctablement son sens.

D'un murmure, à peine, pour que, hors Eddard, pas même les murs ne puissent l'entendre, la voix rauque de la manouche glissa lentement de ses lèvres, où le baiser, trop proche de la faute, brûlait encore sa peau.

Ne refais plus jamais ça, s'il te plaît. Je ne supporterai pas de te perdre. Supplique qu'elle savait pourtant inutile quand rien, jamais, ne pourrait être assez fort pour parvenir à priver le colosse du sable de la lice. Aussi, sans lui laisser le temps de répondre, elle poursuivit d'un ton à peine plus haut. Et ne m'embrasse plus, tu piques !

Ah ! Le pieux mensonge quand de la barbe, elle n'avait que faire. Mais si Eddard savait et devinait beaucoup d'elle, il était un moment de sa vie qu'il ne connaissait pas et certainement ne connaîtrait jamais. Bien des années avant, de la même façon, la main abîmée d'une colère et d'une tristesse toute semblable, c'est entre les mains d'un Chat qu'elle avait été bandée. Mais le Chat avait soigné bien davantage dans cette chambre de Champagne, la réparant à coups de baisers sauvages et habiles, de désir et de jouissance éclatante, lui apprenant que l'oubli et l'abandon était le remède le plus implacable à tous les maux. Et cette leçon apprise au bout des doigts du Chat, la manouche l'avait tant retenue qu'elle n'avait alors plus cessé d'user des draps inconnus.


Mais en cet instant, ce n'était pas Alphonse qui se tenait face à elle et au creux de son crane de romanichelle, tout éclatait, se déchirait, pour laisser naître, sans cri, sans douleur, un ordre nouveau. Pourtant, retirant avec lenteur ses mains de l'emprise de celle du colosse, la manouche savait que cette nuit, encore une fois, personne ne la trouverait, jusqu'au matin où, un homme sans nom, se glisserait hors d'une chambre anonyme plein de son parfum de gitane impénitente.

Et puis quelle idée aussi de porter du cuir par cette chaleur.
Ouais, à Bouillon, la chaleur était toute relative, mais bon, fallait bien reprendre les bonnes habitudes.
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Kheldar
Nul besoin de s'étendre sur leurs liens. Ils ne se quittaient plus depuis la Prévôté de Paris, et pas parce qu'il s'était improvisé protecteur de la gitane, il avait simplement trouvé là une amie de valeur, de celle qu'on ne compte même pas sur les doigts d'une main. Il n'était pas son garde du corps, pas plus qu'elle était sa maîtresse ou sa protégée, ils étaient juste complémentaires et formaient le binôme le plus adéquat possible. A quoi bon séparer une bonne équipe, surtout quand il n'y avait pas d'histoires de coucheries pour l'affaiblir? Alors il réparait les morceaux, dans les prés obscurs après un rendez vous galant raté, et la gitane traînait avec ses petits bras et toute la force de sa volonté et de son attachement, sa grande carcasse sur un champs de bataille où il aurait pu périr.
Bouillon, ce n'était même pas une idée commune, comme quoi, le destin s'acharnait à les réunir, sans doute pour suivre avec attention ce petit duo dont les aventures à la fois pittoresques et romanesques méritaient d'être observées.


Moi au moins j'me trimbale pas à poil! Le cuir, ça reste le cuir... ça traverse les âges, les époques, et les modes! Et en plus ça tient chaud!


Il n'était plus la peine de s'étendre sur le sujet précédent, il avait suffit d'une minute pour se dire à mots couverts ce qu'il savaient déjà depuis longtemps.


Tu as vu notre Capitaine? Il s'est fait la malle, sans doute voulait s'épargner la peine d'esquiver les jets de couteaux et de meubles!

Un rictus accueillit sa tirade. Tout homme avisé se serait fait la malle en sentant venir la dispute. Quand deux fermiers en venaient aux mains, ça pouvait éventuellement se terminer avec un nez cassé et une flopée d'insultes, mais quand deux combattants se querellaient cela occasionnait parfois des dommages collatéraux, plus ou moins importants selon le potentiel destructeur des protagonistes.
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Axelle
Si elle était encore fébrile, elle n'en montra rien. Si le besoin de savoir l'entendue des blessures du Marquis frappait son crâne, elle n'en demanda rien. Ce n'était pas à elle de s'inquiéter. Ce n'était plus à elle. Et aussi difficile soit la leçon, elle devait l'apprendre. Et, en ce jour, la désintoxication montait encore d'une marche. Marches que petit à petit, elle gravissait sans enthousiasme, mais avec volonté, comme une vieillarde accrochée à la rampe d'un escalier trop raide. Eddard le devinerait peut-être, mais n'en dirait rien et c'était très bien ainsi.

S'autorisant encore quelques menues secondes d'absence relative avant d'éclairer son visage d'un sourire railleur.


Justement, tu ne te trimballes pas à poil, c'est bien là tout le problème ! Et laissant ses lèvres s'étirer davantage sur ses crocs de lait pour l'occasion, tapota le bras de son complice de la paume de sa main en guise de pardon, prenant bien soin cette fois de ne pas s'aventurer à toucher le membre blessé. Puis, laissant son regard aussi fautif que déconfit errer sur les débris éclatés au sol. Va falloir qu'on se trouve un larbin... Je remets un peu d'ordre, faudrait pas que je prenne un avertissement à peine arrivée. Le capitaine doit se remplir la panse, hors de question de le laisser se bâfrer sans nous ! Suis les fumets de boustifaille, je vous rejoins vite.
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