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[RP] Le silence des maux

Perceval_aelis
" Nicolas,
Je me suis trop épanchée, veuillez excuser.
Samedi je serai à l'Ostal Dieu. Je prends route ce soir si je le peux.
Prenez soin. "

~ Lettre de Perceval - août ~



Ce sont ses derniers mots jetés sur le papier comme autant d'aiguilles piquant les doigts d'une apprentie couturière.
D'une lettre, une seule, elle a tout repris. Si elle l'avait pu, elle aurait pris chaque mots, chaque lettres qu'elle lui avait envoyé, comme si soudain l'excès de confiance dont Perceval l'avait gratifié, l'effrayait, lui faisait présager d'un tribut fort lourd à payer et dont elle n'était prête à s'acquitter.
Alors, la Montjoye a décidé de se taire, d'en revenir aux banalités rassurantes, ne point dépasser la limite d'une amitié morne, de dissimuler le tendre affect, complexe qui lui brûle l'épiderme à chacune de ses pensées pour lui, ne rien dire, celer ses angoisses, ses chagrins, ses douleurs.
Ainsi, tout serait sous contrôle.
Car sans contrôle, ne règne que le chaos.
Et le chaos, n'est pas envisageable pour elle.
Non. Nullement.


~ Samedi ~


Aux premières lueurs d'une aube à peine éclose, on sonne à l'Hostel Dieu, avec une certaine vigueur mais brièvement, la main ne s'est pas attardée longuement sur la cloche.
La jeune Montjoye attend patiemment qu'une nonne lui ouvre, offrant son visage bonace à la froidure d'un regard de glace.
Cela ne tarde guère, une jeune soeur aux joues piquées de rose et au sourire de bienheureuse vient s'enquérir de cette visite matinale, peut-être un peu surprise par le tôt de l'affaire, néanmoins l'oeil fiché sur l'étrange visiteur n'en reste pas moins d'une exquise douceur.


" C'Perceval, j'dois voir Faust Nicolas, j'vous prie. "

La voix est un peu grave, et dénote une certaine lassitude, tout comme son museau qui s'est affiné avec l'été et ses repas frugaux, et bien que le soleil y est semé des taches de son de fort jolie manière, le teint semble cireux, et garde encore les meurtrissures de ses derniers tours en lice, dont une lèvre fendue qui jà se résorbe légèrement.
Notre bestiole tente un sourire qui se décharne en un rictus contraint bien peu engageant, n'affectant pourtant guère l'humeur de la petite servante du Seigneur, qui la fait rentrer et la prévient que " monseigneur " serait peut-être occupé, et qu'elle n'était pas certaine de le trouver, l'heure étant au soin des résidents et aux arrivées nocturnes.

La Montjoye opine simplement, si on lui dit de revenir plus tard, assurément qu'elle ne reviendrait pas, le motif pour ne point le voir serait ainsi tout trouvé et lettre d'excuse peinte de la mauvaise foi qu'elle s'y était rendue, aurait la saveur exquise de la presque-verité.
Étrangement, même si l'idée de frauder la visite et d'en accuser le labeur du doyen, se montre séduisante, notre bestiole est curieuse, et se demande à quel point Nicolas avait forci -selon ses dires- aurait-il une petit bedaine à l'instar des moines à Tastevin qui promenaient fièrement leur proéminence ? S'était-il empâté et son visage au galbe encore un peu enfantin prenait l'apparence des joufflus chérubins ?
Puis disons le franchement, il n'y a pas que la curiosité de le voir, non bien plus que cela, une sourde envie de se perdre à nouveau dans tout le bleu de ses yeux.
Ce bleu si dangereux.

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L_aconit
Citation:


Je suis d'un ennui pathologique.



Avait-il écrit. Quelle ignominie. ëtre si jeune, mobiliser tant d'hormones, saisir tant de questions et se juger ennuyeux. Faust avait lu les dernière lignes avec un détachement immense, persuadé d'avoir saisit dans les premières ce qui était à saisir.

Citation:


Ne peux-je point être simplement je. Perceval.



S'il n'avait pas poursuivi la correspondance, c'était du fait de cette unique phrase. Courte. Concise. Et tout à fait pleine de promesse. Ainsi, brisant l'inaltérable litanie de ses questions du genre, Perceval donnait à Faust ce qu'il voulait. Un créature sans sexe, juste baptisée, qu'il pouvait genrer à loisir et comme il le voudrait. Perceval, Perceval... Si. Sois Perceval. Juste Perceval. Je te fais garçon, parce que les filles m'ennuient. Parce que garçons m'entourent, et m'entourent si bien. Garçons bercent mes journées, mes émois, garçons sont partout. Amis, Escorte, Enfants de choeur. C'est à mon coeur de garçon que Perceval fait écho, et ce chevalier aux mains délicates, ce compagnon des soirées sur la branche, des épopées au village voisin, ce frère qui m'a toujours manqué et qui me met le nez dans la paille en proclamant qu'une fois de plus, il a été plus habile que moi, m'écrit de son écriture sèche et droite, dénuée de tous les apparats des filles.
Citation:


Cela vous convient-il ? Suis-je assez d'un côté ou de l'autre à votre goût ?




Oui. Cela est convenant. Cela est arrangeant. Perceval a donné sans le savoir à Faust une détermination nouvelle, une aisance plénière où chacun de ses doutes trône sur un feu de paille. Quand il se passionne de visiter les forges de Passau, lui s'émerveille de visiter Chassenon. Perceval s'insurge d'être traité de coquette, et c'est plaisant jusque dans la gorge, où une voyelle satisfaite a fait son nid.

Citation:


Laissez-moi juste être Perceval avant que je ne me plie à mon devoir, c'est ma seule faveur, me l'accorderez-vous ?



De devoir, il ne sait rien. Devine à peine quelques classes d'armes, quelques obligations paternelles aussi ennuyeuses qu'incontournables. Perceval il en est convaincu n'est qu'un garçon qui arrondit ses angles, et quel père enverrait sa fille treizenaire guerroyer, quand bien même sa stature serait celle d'un adulte? La Pucelle d'Arlon n'est qu'un garçon, et s'il est manqué, qu'importe? Il n'en demeure pas moins doté de ses attributs. Des attributs qu'il finirait par voir, et qu'il apprivoiserait comme on joue avec son cadet à juger de leur honorabilité.

Citation:


je ne suis pas de celle qui évente les secrets, gardant les miens si enfouis qu'ils n'apparaissent qu'aux gens auxquels je veux bien les montrer



Convénient encore, lui qui en avait tant. Lui qui en parlait si peu. Quel meilleur compagnon d'arme, de jeu, de vie, que celui qui connait le poids des secrets? En tout point, Perceval lui plaisait. Pas de cet amour qu'on pourrait s'imaginer, non, pas de cette passion ardente qu'il partageait dejà à Paris. De la fascination la plus dévorante, et de l'envie. Faust enviait cette liberté, cette jeunesse brutale, cette dureté qu'émanait le grand roux aux airs de fille, passionné de fer et de lames, quand lui n'avait jamais que déçu son maitre, résigné à ne pas s'en faire un sbire et à ne le récompenser que par les lectures et les savoirs. Pas de faits d'armes, Faust à treize ans était ce frère que l'on oublie pour ne le voir qu'aux ouvrages plutôt qu'aux joutes.

Citation:


Excusez si la question vous froisse, mais quelles sont les choses que peuvent agiter un aiguillon dans l'esprit d'un prêtre ? Est-ce à voir avec le belliqueux du dard ?



Ah ! Si il savait ce qu'un dard de dix neuf ans pouvait penser de tout cela ! Perceval rougirait un peu. Ou dans ses rêves, aimerait ça.

Perdu à ses rêveries, il sursauta vivement à l'arrivée de la soeur, et balbutia quelques mots en se redressant et en refermant d'un geste sec son relié de Lettres.

- ... Faites entrer.
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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Perceval_aelis
Ni Elle, ni Lui.
Choisir un genre, c'est choisir sa cage.
On lui dit d'être une fille, elle se bat comme un homme.
On lui dit d'être mâle, elle brode des fleurs.
Perceval n'est que Perceval.



Elle attend, docile, qu'on vienne la réclamer, des rêves d'évasion déjà suspendus à ses pieds, elle possède jà les mots qu'elle étalera en divines excuses sous son austère écriture pour Nicolas.
Il serait plus aisé pour elle de quitter les lieux, de ne point s'exposer inutilement à cette tentation. Nicolas, elle l'aime, elle l'a toujours aimé même en ignorant son existence, et probablement que cette affection se trouve jà tant enracinée en son âme qu'elle ne pourra se défaire de ce sentiment.
Ce n'est pas là une tocade adolescente, ni une passion, juste une évidence et elle le sait, c'est ce qui l'effraie si violemment.
Rien à voir avec le sentiment qui l'a précédemment agitée en toute sincérité pour Gabriel, affection tissée au fil des courriers échangés, apprivoisée avec l'absence et l'attente, totalement différent de l'axiome émotionnelle qui la darde à chacune pensée blonde.

On la mande, sa carcasse s'ébranle, un peu mollement, l'esprit absent, absorbé, l'angoisse se fait légère pour l'heure, elle ne prend pas encore totalement possession de son corps.
Pas encore... Pas de suite.
La trouverait-il changée ?
Perceval semble grandie, peut-être n'est-ce que l'illusion que donne sa silhouette émaciée irrémédiablement habillée de ce noir huguenot, intense et profond. Ce qui est certain c'est que le cheveu a été raccourci et que sa dextre est légèrement abîmée par ses récents passages en lice, de ces passages, elle garde encore une démarche un peu raide, rien de bien alarmant en soi.

La porte est là, on lui dit d'entrer.
Apis hésite, la raison se fait rétive, s'agite car les sens sont jà hors de maîtrise, c'est comme la nuit quand une gueule d'ange se fait brandon de ses incendies intérieurs, brûlant les lieux qu'elle s'interdit de visiter et qui lui vrille au corps un appétit insatiable d'insomnie.
L'huis est poussé, refermé, les yeux humblement glissés au sol, elle redoute l'instant où ils croiseront les siens.
Inspiration.


" 'jour Nicolas. "

Le museau se relève, le regard n'a qu'une adresse où se loger, ce bleu, l'azurite d'une Aconit qui fond sur elle comme une lame de fond, l'emporte sans lui laisser la moindre chance de s'en échapper.
Tout simplement happée sans possibilité de rémission. Elle se noie, Perceval, elle boit la tasse.
A une toquante affolée, dolante dans sa poitrine en feu, elle peine à reprendre son souffle, elle est en apnée.
La jeune Montjoye s'avance au devant de lui, l'âme désarmée, à nu, le rouge faisant céder le pâle de ses joues, jusqu'à son front elle rougit d'un plaisir béant de pouvoir l'observer à sa guise.
Contre toute attente, elle s'agenouille lentement, le bleu de la fleur a fait plier l'acier, la douceur épiscopale a fait fléchir la terrible pucelle d'Arlon, et à ses pieds se réclame d'une faveur.


" J'veux voir vos pieds. J'vous prie. Voir, s'ils sont bien guéris. "

Parce que ça la tiraille depuis des semaines, qu'elle s'en mortifie intérieurement, que sa souffrance, elle l'a fait sienne et que par la lice, elle y a trouvé le doux compromis de s'infliger elle-même sa propre punition.
Dans son imagination, le pied reste nécrosé, gonflé, boursoufflé et si elle ne le voit pas de ses propres yeux, l'inquiétude persistera.
Bleu contre bleu, les deux billes s'élèvent, jusqu'à rejoindre celles de Nicolas, s'y étreindre dans un souffle raté et laisser les prémices d'un sourire timidement s'inviter.

Tu m'as manqué.


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L_aconit
Pas de bedaine monacale. Faust n'a pas bougé d'un iota à qui ne le déshabille pas. Les changements sont discrets, de l'évasé des côtes sous l'aisselle à l'épaisseur des cuisses sous la soutane. Les bleus se fixent sur un unique détail sapant l'habituelle primeur du roux de Perceval : La lèvre fendue. Est-ce l'oeil du médecin ou celui de Faust qui focalise, plus d'une seconde, sur cette plaie presque virile, aussi émouvante que l'a été sans doute son coquard à l'oeil Faune? Qui sait.

Il se lève pour aller la cueillir, l'accueillir, cette rousseur revenue à lui, et pourtant dans son élan, il étreint sa joie dans le sourire qui allait percer sa lèvre à lui, amorçant un:


Bon ...

Et déglutissant un peu, désarmé un en éteignant la chaloupe rose d'un:


... Jour.

Perceval. Qui, s'il n'avait pas été totalement pris au dépourvu en la voyant s'agenouiller à ses pieds aurait donné : "Bonjour Perceval ! Comment allez vous depuis la dernière fois ?" ...

Nez piqua une courbe à cet étrange spectacle, où Faust au chevet d'une rétivité toute neuve recroquevilla ses doigts de pieds dans ses spartiates, du moins, durant le laps de temps où les yeux de Perceval n'étaient pas occupés à les scruter minutieusement.


Je... Heu. Les, mes pieds?


LA zone érogène par excellence, les sacro saints pieds de Nicolas. Ses mains adamantines auraient même pu, voulu, prendre en coupe ces cheveux roux dans un geste tendre et plein d'assurance pour calmer l'inquiétude de l'Arlon, si elles n'avaient pas été lamentablement dépliées dans l'air, doigts écartés de stupeur.


Heum, non... Non je ne pense pas que...

Dit-il en secouant vivement la tête dans un sourire contrit.


Shhht Faust. Contente-toi de rougir plus encore qu'elle. Là... Voilà. Vous avez l'air fins maintenant, elle si près de ce que tu tentes d'apprivoiser soudainement, et dans cette position qui te rappelle bien les largesses d'Alphonse, toi les bleus fixés à cette lippe fendue qui bouge... Bouge... Bouge-t-elle?

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Perceval_aelis
... cette lippe fendue qui bouge...Bouge... Bouge-t-elle ?



Oui, elle bouge en pétales froissés, abîmés par une main bien peu délicate qui en a déchiré la soie pâle.
Cette dysharmonie dans le portrait bien au rebours de la dénaturer, lui confère étrangement l'allure excitante des mauvais garçons qui plaisent aux gourgandines et étouffent leurs mères d'un chagrin amer.
Ni labiales carnivores, ni lèvres voraces, juste une bouche sévère habituée aux prières, couronnée par deux yeux sauvages et crus, qui l'observent, animale.
Les vifs viennent de surprendre le regard de Nicolas.
Ambigu.

Un souffle.
Suspendu.

Humblement jetée à ses pieds sans autre désir que de s'assurer que le caillou n'a pas trop sournoisement entamé le derme, Perceval n'a ni l'expérience, ni les capacités nécessaires d'interpréter ce regard, elle ne peut comprendre l'évocation de son image à elle, pieusement à genoux autrement que comme elle se voit.

Elle est l'Absinthe, il se fait eau.
Trouble.

Ce désordre se fait écho sur sa peau, hérissée, grenue d'une chair de poule aussi soudaine qu'étonnante, comme si son corps, lui, avait su lire au delà d'un esprit hermétiquement pieu, le sibyllin message de son propre désir qui se noue au fond de sa tripe.
Une phrase s'extirpe avec mal, d'une voix sans teint, presque atone :


J'veux les voir. C'important.

Précise avec force et surtout bien inutilement, abaissant la paupière sur son regard, s'y dérobant.

J'n'y toucherai nullement !

Pourpre enflamme les joues.
Et du bout des lèvres, consent de quoi attiser l'intérêt du médecin.

Et j'vous laiss'rai voir mes plaies...


Mais laisser voir ce n'est pas toucher.
Laisser voir ce n'est pas soigner, ni apaiser, Nicolas.
Ce sont mes plaies, j'y tiens, elles me maintiennent vivantes.
Douleurs secrètes, salutaires, essentielles.


L'acier a certes ployé mais ne cédera point.
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L_aconit

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

___



Alors, sur cette promesse de ne pas y toucher, car tout ce qui sort de la bouche de preux Perceval est parole d'évangile, il consent à défaire ses spartiates et à déchausser ses pieds, se penchant, épis blonds frôlant le nez aux pites claires dans le mouvement.

Perceval a dit qu'il, qu'elle, le laisserait voir ses plaies. Le secret à portée d'yeux, le tenaillant besoin suspendu à un pied découvert, ça ne se refuse pas...

Avide, nouée un peu, la gorge déglutit lorsqu'il se redresse, exposant un blanc pied intact qui a depuis plus d'une semaine guéri.


Ce caillou dans la botte, sur les chemin de Bretagne... C'était tout de même une fameuse idée...


Dit-il d'un ton des plus reconnaissant. Là, bien niché contre sa voûte plantaire, la petite pierre avait fait oublier au jeune évêque la peine, supplantée par une douleur plus grande encore et bien plus palpable. Celle d'une plaie ouverte. Certes il avait choppé une sacré fièvre, et tout son entourage s'était offusqué de cette sombre histoire de caillou lorsqu'il fallut lui porter la soupe au lit mais... Tout de même...

Jamais l'on avait eu ce genre d'attention à son égard. Peut-être que s'ils s'étaient cotôyés plus tôt, Faust et Perceval auraient longés à deux les rives des rivières et lancé ces cailloux de l'amitié en ricochets de six, l'esprit tourné aux jeux et à la compétitive camaraderie... Pour l'heure, Faust avait fait des ricochets seuls. Et Perceval était à ses pieds. Etrange sentiment. Le rappel, avide lui aussi, est sans appel. Comme un enfant à qui l'on a promis la sucrerie après l'effort réclame.


A vous, maintenant.



S'il avait un peu plus d'audace, il glisserait...

Ses doigts...

Juste là....

Seconde se fige d'un souffle retenu, tandis que les doigts fins de Faust ont pris possession des tempes rousses pour les redresser vers lui et inciter sèche et anguleuse silhouette de Perceval à se relever...

On a tort de négliger le nombre de coups que peut faire le ricochet d'un coeur sur une étendue de petites pites rousses.


___

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (1870)

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Perceval_aelis
Je mentirais si je disais
que tu me laisses sans voix
en vérité tu rends ma
langue si défaillante qu'elle oublie
dans quelle langue parler.

- Rupi Kaur (Lait & Miel) -



Scrupuleusement, le pied passe sous l'oeil critique, de la voute aux orteils, de la pointe au talon, avec soin les bleus décryptent le moindre sillon, le moindre vallon afin de s'assurer que ceux-ci ne sont qu’inhérents à la nature même du peton.
La lippe reste close à sa remarque, tout juste un " hmmm " pour lui signifier qu'elle l'a entendu.
Car d'abord, il lui faut se rassasier de cette nudité nouvelle qu'elle découvre le ventre avide ainsi offerte à elle.

L'échine ploie lentement, elle se courbe légèrement pour mieux saisir les détails, n'y trouver aucun vice caché dans sa guérison, le cuivre glisse, suit le mouvement et laisse à découvert là, un endroit secret.
Au carrefour des épaules et de la chevelure, une nuque impudique se dévoile, fine, longiligne, la vertèbre saille délicatement de cette peau immaculée et apparaît enfin, un grain de beauté naturellement dissimulé sous les frondaisons automnaux, là tout en haut, près de l'Atlas.

A vous, maintenant.

Toute à sa contemplation, elle en avait presque oublié leur petit arrangement.
Surprise, le museau se redresse vivement, et les doigts fins, légers de Nicolas viennent la cueillir.
Là, dans son étonnement.

Il y a des rets, des nasses offrant une emprise bien plus forte que n'importe quelle cage fermant à double tours, que n'importe quel lien. N'y a-t-il pas dans ce bleu épiscopal si intense de ses yeux, quelques tendres pièges où se laisser prendre ?
L'Apis ne bouge pas, c'est à peine si elle effectue un simulacre de recul, tel l'animal effarouché qui craint cette main mais affectionne la caresse.
La fraicheur des doigts de Faust impriment une brûlure insistante à ses tempes battantes, une blessure qui devient lumière, et abysse de ténèbres, danger intangible de confusion.
Il est difficile d’apposer des mots sur ses émotions vives, des sensations crues, qui bouleversent l’équilibre établi dans la rigidité de ses relations aux autres de son espèce.


Ma lèvre tremble légèrement.
Mon dos se raidit.
Le souffle se fait court dans ma poitrine.
Moi qui n'ai peur de rien, j'ai peur d’accepter ton geste.
J'ai peur de voir où il m'emmène.


D'acier et de pétales, elle lie son regard au sien, et ce simple lien ténu fait taire les frayeurs souterraines qui se liguent douloureusement en son sein.
Paupière s'abaisse, une expiration se fait dense.


N'es-tu pas saint homme, Nicolas, pour apprivoiser ainsi l'enfant sauvage ?
De régner en maître et roi sur son coeur aux humeurs indociles.


Délicats contacts, à senestre, les doigts de la sèche se posent comme une approbation subtile sur ceux de l'Aconit.
Rien de plus, pour celle qui se nourrit de silence.
Perceval obéit.

Lentement, elle se redresse, longe l'étendue de sa haute silhouette.
Si proche, qu'elle peut en sentir la chaleur que dégage son corps, respirer les effluves intimes de sa bure, si près que son oeil capture les pulsations qui agitent sa carotide.
Vertigineux en est le désir de goûter son cou, de connaître la saveur de sa bouche.

Bouche sèche, gorge nouée, coeur en feu.

Notre bestiole s'écarte quelque peu, déleste ses épaules de sa cape qu'elle plie de sa rigueur habituelle pour la poser avec soin sur le bord d'un meuble.

Un bouton.
Deux boutons.
Trois boutons.
Quatre. La vérité à portée de main, là sous le pourpoint noir.

Les doigts délassent le col de sa chemise.
Inspiration.
Une chaînette d'argent finement ouvragée apparaît, profilée d'un poisson, sur un peau laiteuse.
Expiration & frissonnement.
La tête honteusement baissée, elle écarte les pans du tissu, rien d'impudique hormis l'hématome grossier, d'un violet vilain qui siège gonflé, enflé sur son sternum.
L'étoffe de lin glisse un peu sur l'épaule anguleuse, elle aussi, meurtrie, point de pics apparents, ni de voluptés en courbes graciles, à peine une ligne busquée qui se laisse imaginer par les plus audacieux, une convexité imperceptible qu'elle planque avec ses mains sérieusement agrippées sur sa chemise, la vertu furieusement chevillée à sa peau.

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L_aconit
Un grain de beauté posé là comme un caillou à soulever, comme le point de l'interrogation, la marque d'une terre dissimulant détails et reliefs tout à fait méconnus sous sa brume. Pied a retrouvé le sol, et Nicolas retrouve le sage équilibre du plancher des vaches, jauge d'un oeil de surveillant les hauteurs retrouvées de sa plante rousse. A-t-elle grandi? Il ne trouve pas. Pourtant il le vérifiera. Les bleus observent alors la résolution pudique et pleine des frimas que l'on suppose aux jeunes êtres encore purs. Et soudain une question s'impose, s'étonnant elle même de ne jamais avoir éclot plus sérieusement.

Perceval était Il vierge?

Les bleus cisaillent cette ossature à l'enrobage tout juste assez appétant pour une fille, plutôt séduisante pour un adolescent. Les lignes de ses clavicules se creusant et se remplissant au fil des mouvements. L'étoffe qui croit tant cacher et qui découvre bien plus. Prunelles soupèsent d'un oeil expert l'étendue des coups reçus, des bouquets de guèdes dont la peau s'est tapissée... Dit ainsi, on pourrait presque croire que Perceval est coquet. Et à la lecture des stigmates, plutôt que de s'en offusquer et de crier au saccage, Nicolas ne peut cacher l'évidence d'une foudroyante érection.

Tournez-vous.

Ordonne-t-il, d'un ton supposant que l'affaire est immédiate. Il ne voudrait pas qu'il le surprenne en si mauvaise position, tout comme il est surpris lui même par la réaction quasi immédiate de son propre corps. Vu d'ici, sous ses bleus, Perceval est le plus excitant des jeunes belliqueux. Il sent la sueur de l'entrainement et son silence gêné résonne des coups d'épées courtes sur les boucliers. Il a le goût de l'odeur imaginée, marqué et aromatique, puissant musc des papilles, et a la texture de la fine pellicule de poussière qui résulte des victoires. Perceval est en tout point le garçon de ses fantasmes les plus secrets, et s'il n'y a pas d'amour à ces affaires là, il s'en rassure. Coeur scindé en deux n'a jamais su battre.


... Que je m'occupe de votre dos.

Il est des phrases comme cela que l'on lance sans y percevoir les vérités, les langages muets, les demandes au cri du vif élan. Faust se hâte d'ouvrir quelques tiroirs mal poncés qui font butter un peu de leur résistance l'âme conquise et troublée de faiblesses. Il en sort un petit paquet de tissus et saisit un cruchon d'eau sur l'écritoire pour revenir saisir des bleus son bonheur à venir. Là. Les épaules de Perceval. La perspective où il n'a plus rien de si féminin. Un index frôle la peau sans oser encore la toucher. Curiosités en cascade viennent ranimer le geste qui finit par s'exaucer. Ils ont passé la frontière des mots et ont percé les secrets de l'épiderme... Est-ce ce qui les rend soudain si silencieux? Perceval n'aurait aucune idée de l'émoi qui frappe à l'huis de Nicolas, c'est évident. Il s'en offusquerait sans doute, et fuirait à toutes jambes si tel était le cas. N'est-ce pas? Quelques gouttes d'eau sont coulées sur les écorchures du bout des ongles, tandis qu'une pincée d'argile blanche vient les saupoudrer. D'un geste lent, il étale la pâte qui se forme naturellement de la pulpe des doigts, happé par l'envie d'y poser la main entière. Une à une, coupures sont recouvertes dans le dos, tandis que d'un timbre tari l'Aconit tend contre le bras le sac de poudre et quelques mots prononcés avec la fallacieuse sûreté des aînés. .


Appliquez sur les plaies de votre buste. Et nous irons vous mesurer. L'argile en couche si fine sèche quasi instantanément.

Là. Je ne verrai rien. J'imaginerai tout.


Il n'a pas songé une seconde que Perceval lui montre ses plaies sans les lui laisser soigner, à lui, médecin dans l'âme. Cataplasme fait homme. Comment en aurait-il pu être autrement? Entendre l'affamé sans le nourrir? Absurde. Et c'est d'une autorité qu'il n'aborde que dans son sacerdoce qu'il a fait l'impasse sur le langage muet de pudeur. Pour l'envie de dépasser une frontière pesante ou pour se cacher et se protéger de ses propres pulsions, qui saurait le dire?

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Perceval_aelis
" Nicolas est si bandant, qu'il fait même bander les filles.
& Perceval dans son noir habit huguenot, bande aussi. "



Lippe est pincée.
Contestations et orgueil ravalés d'un coup d'épaule qui se tourne, d'un dos qui dévoile ses pudeurs bleutées.
Notre bestiole serait bien marrie d'apprendre qu'elle trouble de ses angles le jeune clerc.
Elle, qui s'applique à ne point plaire, de son humeur taiseuse, de ses regards hermétiques, de ses cheveux qu'elle taille court afin de ne point s'en enorgueillir.
Lui, qui anéantit ses remparts, un à un.
Les glacis qu'elle a méticuleusement érigé afin de se préserver, volent en éclat.
Foulés par la grâce d'une fleur.
Oui, elle serait bien marrie de savoir un Nicolas à la trique naissante.

Aconit effleure.
Abeille expire longuement.
Tentative désespérée de reprendre pied.


"Fais taire tes doigts qui répandent les notes d'une musique secrète dont seul mon corps semble comprendre la partition."


Il la touche.
Tout le tissu érectile se froisse sous l'onde électrique, le moindre poil, le moindre centimètre de peau, hérissés d'un frisson, du haut du crâne jusqu'au bout des orteils, des minces auréoles roses de ses seins jusqu'au plus intime repli de son bouton.
La silhouette se tend presque instantanément, les reins creusés en maigres et vaines échappatoires.
Pourtant, elle ne proteste pas, elle ne cherche même pas à s'en soustraire.
Obéissance taiseuse.

Plaisir coupable, honteux désir qui la saisissent pantelante, dans son effroi frigide de vestale, de crainte, elle resserre ses bras contre sa poitrine.
Le soubresaut adolescent de pulsions sismiques vient agiter le petit con d'en bas.
A l'âge où certaines demoiselles connaissent sur le bout de leurs doigts les règles empiriques des délices solitaires, Perceval en ignore la moindre ligne, le moindre paragraphe.
Trop butée dans sa conduite vertueuse, trop terrifiée par les plaisirs qu'elle considère dévoyés.
Alors qu'elle exsude ce parfum troublant qui éclot sur son épiderme, preuve d'une certaine gêne, la seule question qui lui brûle les lèvres, c'est de savoir si l'on rougit aussi du dos.
Parce que là, le museau se fait l'écarlate d'un coquelicot.


Appliquez sur les plaies de votre buste. Et nous irons vous mesurer. L'argile en couche si fine sèche quasi instantanément.

Si elle l'avait pu, elle se serait retournée pour lui dire qu'elle n'en avait nul besoin, que son soin il pouvait se le carrer... mais les mots lui font défaut, sa langue se dérobe, il n'y qu'une sorte de syllabe désarticulée qui passe l'huis de son bec, qui ressemble à une approbation contrariée.
D’emplâtre à plâtrier, il n'y a qu'un geste et c'est sans la moindre élégances qu'elle s'exécute, brève et chiche en mouvements, elle tartine sommairement son buste, imposant au médecin, une épaule froidureuse.


" Jpeumrabiller ? "


Qu'elle dit en lui tendant le petit paquet d'argile, les yeux toujours baissés.
C'est qu'elle se sent friable sous ces bleus là, aussi fragile que les ailes d'une abeille.

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L_aconit
Concentré sur le dos où il termine son soin absent, Faust n'imagine pas les troubles intérieurs, les chavirements autrement plus étayés que ses petites manifestations érectiles...


Il ignore tout de ce qui fait une femme. De ses besoins. Il ignore qu'une femme - car oui, Perceval en est malgré ses petits raccourcis arrangeants - a besoin de contournements, d'approche subtile, de délicatesse, de caresses... Et de mots doux. Surtout des mots doux. Car chez elle cela va du coeur au sexe, là où chez lui, chez eux, ces hommes ignorants comme lui, tout va du sexe au coeur.
Il ignore tout des secrets corporels- architecturaux d'une envergure trop hasardeuse. Sa sacro-sainte queue, celle qui ravirait tous les autres garçons dans de puissantes invasions viriles en approches directes, dans d'intenses coups de boutoir extatiques allant frapper directement la cloche du coeur des hommes entre eux, ne stimulerait en rien le plaisir d'une femme. Les vertus, écrites par des hommes pour des hommes ne dissimuleraient-elles pas une peur du plaisir féminin, trop nébuleux, trop abscons, trop difficile à maîtriser?
Coeur blond aux ignorances tristement naives n'imagine en rien la beauté d'une femme qui prend son pied. Pas forcément propre sur elle, pas forcément coiffée, pas dans cette parfaite idée rassurante où rien ne dépasse jamais. L'aurait-il seulement effleurée d'une pensée qu'il se serait recroquevillé sur lui même, percevant l'animalité, effrayante, dont l'invention la plus vieille du monde le préserverait toujours: la religion. L'idée tenace que si la femme peut jouir comme une bête, elle sera punie là haut au ciel...

Mais comment naissent les hommes? Tous les hommes. Ils ne passent pas par le ventre d'une bête. Quelle idée! Une femme qui enfante, c'est propre, bien coiffé, élégant... ça ne crie pas comme un putois. Ce n'est pas à deux doigts de mourir . ça ne se dilate pas monstrueusement pour libérer l'enfant sanglant...
Pourtant une femme qui prend du plaisir ... c'est pareil. C'est dans son ventre. Dans ses tripes, et ça se dilate dans son tout corps.
Effleure-t-il seulement ces vérités qui percent les banalités ancrées au marteau de la procréation ? Forcément, vu d'ici, cinq à six minutes de friction, réflexe éjaculatoire, c'est terminé... Faust ne soupçonnerait pas que savoir accéder au plaisir, à l'extase d'une fille, d'une femme, la faire devenir déesse pour lui requiert de devenir un artiste. Et un artiste c'est fort, c'est costaud, ça n'a peur de rien, ça tient debout dans la tempête, ça chevauche des idées, ça étreint le monde et les constellations et ça part voyager dans l'univers et les étoiles, le grand Tout!

Rien à voir avec les simagrées des pauvres filles de joies au labeur, dont on assomme les garçons aux premiers émois, chez lesquels on les pousser à aller assouvir leurs pulsions qui débordent... Payées pour leur faire croire qu'elles peuvent prendre plaisir avec un sexe dans le leur. mais ça n'existe pas. Il ignore tout de cela, pourtant une femme ne peut pas prendre son pied avec juste le sexe de l'homme dans le sien. Aucune femme ! ça n'existe pas. L'orgasme du con, absurdité fabriquée par des hommes effrayés de ne pouvoir maîtriser, dont une catin fatiguée, au petit matin, quand dix bonhommes lui seront grimpés dessus à la chaîne ne vous parlera jamais... Car il faut bien survivre.

Et avec tant d'ignorance.

Il acquiesce d'un oui laconique à la demande de Perceval. L'idée qu'elle le voit dans l'expression d'un désir purement mécanique parce qu'elle est ce qu'il ne veut pas savoir, ce qu'il ne veut pas connaitre, ce qu'il ne saura jamais désirer, a engendré la peur, et la peur, ça finit toujours par faire débander. Ne reste que la douce effluve de la baie de laurier dans l'air, et des questions corrosives plus grandes encore qu'avant l'arrivée du géantin. Argile est récupérée et dos offert à l'intimité. Qu'il se rhabille. Un jour, il percerait d'un seul coup, d'un seul cri ses secrets. Un jour il découvrirait désarmé que s'il ne peut pas aimer les femmes, ce n'est pas qu'une question de nature. C'est aussi une question d'ignorance. D'ignorance millénaire.


Je vais chercher le carnet... Attendez-moi. Ôtez les chausses.

Fuite. C'est ça. Fuis, imbécile. Ignare. Puceau révélé. Il disparait quelques instants pour aller prendre son carnet de mesure et reprendre là où ils en étaient restés la dernière fois. Et Perceval n'aurait pas grandit. Pas un seul centimètre . Et Nicolas non plus, face à un dos tourné, une vérité que l'on ne regarde pas en face. Pas un seul centimètre.

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Perceval_aelis
" Tant pis, tant pis, tant pis
Nos yeux n'ont pas d’alibi
Inévitablement, deux âmes comme deux aimants
Tant pis, tant pis, tant pis
Le temps s'arrête, alchimie
Dépossédée, le cœur arrogant, foudroyé "

~ Claire Laffut - Mojo ~



Stoïque, l'épaule se rhabille, l'étoffe glisse, reprend ses droits sur la peau frissonnante, d'un mouvement, Perceval reboutonne son impudeur, bien heureuse d'en finir, d'échapper à la gêne que provoque la présence de Nicolas.
L'absence se fait pourtant vite froideur dans la pièce lorsque l'évêque quitte les lieux, comme si l'aura Aconit assourdissait d'une lumière brûlante les pauvres âmes l'approchant.

L'abeille se déchausse, bien qu'elle aurait préféré prendre la poudre d'escampette, puis roide, elle patiente, jà en place pour la mesure, le dos bien aligné contre le mur.
Docile enfant, ne bat pas d'un cil au retour de l'ecclésiastique, ni même ne déclot la lippe.
Il n'y a que sa respiration, et les tempes battantes qui semblent envahir l'espace qui se restreint à mesure où Nicolas ploie le genou, glisse le ruban mesureur à son pied, vient heurter une nouvelle fois son petit univers.
La théorie du big bang avant l'heure.

A-t-elle glisser ses longs doigts entre ses blonds épis, effleurant à peine le galbe d'une joue accidentellement ?
Elle ne le sait.
Sciemment ou inconsciemment, la pulpe de son index a rencontré le tendre de cette peau désirée et pourtant la main ne s'est point rétractée, elle a laissé faire suspendant juste un souffle.
Brûlure à ses joues, feu intérieur.

L'instant paraît à la fois court et interminable.
La mesure prise, les bottes remises, le cahier rempli, elle gonfle sa poitrine et d'une traite pour éviter que sa voix ne la trahisse de son trouble, pose sa demande.


Nicolas, j'aim'rai suivre l'cursus d'l'Hostel Dieu.
M'le permettez-vous ?

Les aciers viennent cueillir le bleu pervenché, d'un délicat revers de la paupière.
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L_aconit
Éclair éclair, tatoué sur la peau
J’ai des éclairs, des passages à niveau



Oui, Il, elle, l'avait effleuré, et d'un seul geste, si petit, si insignifiant peut-être, avait réveillé les pensées garçonnes. Eclair.


    Ah! Perceval! J'aimerais t'empoigner de force, là, sur tes hanches droites, te retourner contre ce mur, où ton corps ferait ce bruit sourd et précipité, planter mes dents contre ton épaule et te faire échapper un de ces petits cris de surprise, ou de bonheur, car tu aimerais ça j'en suis certain. Je rêve que tu aimes cela. Alors, dans la précipitation du besoin urgent, je découvrirai d'un seul geste tes reins, j'y découvrirai peut être des reliefs, des marques, que je ne regarderai pas. Je n'aurais qu'un besoin, pressant, inéluctable, presser toute cette envie contre toi et enfouir mon nez dans ton cou, y respirer tant la baie de laurier que j'y deviendrai arbre, aimer tant le bruissement des tissus relevés que j'y deviendrai buisson, à mes feuilles ta brise, à ton souffle, à ta rebuffade, je prendrai racine en toi. Tu serais le plus bel inconnu que j'aurais connu, et je t'apprendrai à aimer les Amours sylves.


Pourtant, il resta dans l'élan de sa fuite, chassant avec férocité toutes ces pensées indignes, ce n'est qu'une fois dans la pièce attenante et la porte refermée qu'il se plaqua dos contre un mur, cherchant le moyen le plus rapide de calmer ses idées. Les ordonner. Une main contre la soutane, empoignant l'indésirable manifestation.

    Tais toi. Tais toi. Esprit, éteins toi.




Elle est du tonnerre, électrocute, KO
Six pieds sous terre, froid comme un esquimau
Les courants d’air, les courants verticaux
Ça dégénère très vite en météo


Combien de minutes passèrent, à songer à tout ce qui pouvait refroidir cette âme sensible? Une, ou deux. Peut-être trois. Il fallait reparaître avec le carnet dans la plus imperméable des attitudes. C'est en Alphonse qu'il trouva son salut. Égrenant la honte de vouloir explorer ce Perceval qu'il jalouserait sans doute. Blesser Alphonse était une insupportable sortie de secours. Il n'eut pas grand mal à tiédir, jusqu'à reparaître, froid, précieux sésame à feuillets en main. Ratifiant quelques notes, il annonça , de dos, mécanique.




Éclair éclair, les yeux noirs pour un rien
De quoi j’ai l’air en astrophysicien ?
Les haches de guerre, les revers à deux mains
C’est délétère, je l’enterre, elle revient


Voilà. Vous avez grandi un peu. Rien d'anormal. Nous nous reverrons bientôt. Pour les études, oui. Bien sûr...

    Bien sûr. Tu peux. Tu me fera souffrir encore un peu, d'idées, d'envies, et je finirai bien par trouver une solution pour chasser ces démons. m'assouvir, ou fuir.




Tard dans la nuit
Quand il n’y a plus un chat, qu’il n’y a plus un bruit
Quand on n’y voit plus clair, qu’il n’y a plus un bruit
Je ne sais plus quoi faire quand brûlent ses pupilles
- Eclair Eclair - BB Brunes-

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(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
Perceval_aelis
" Il y a des êtres qui nous touchent plus que d'autres,
sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes,
ils portent en eux une partie de ce qui nous manque."

Wajdi Mouawad - Anima




Si on lui demandait, elle n'aurait su avec certitude expliquer pourquoi lui, et non un autre, a cette particularité de la toucher, là, au plus profond de son âme, cela va bien au delà d'une simple attraction physique, bien au delà d'un intérêt purement intellectuel, ou d'une tendresse amicale.
En sa proximité, elle se sent étrangement entière, comme si, la brisure de ce qu'elle est venait de retrouver le tout qu'elle avait quitté un millier d'années auparavant.
Il y a des choses inexplicables qui doivent le rester.
De ces secrets de l'univers qui ne faut surtout pas chercher à décortiquer.

De curiosité, notre bestiole a éveillé les pensées garçonnes de l'Aconit qu'elle ne peut concevoir ni même imaginer.
Perceval, elle, ni garçonne, ni garcelette, en pensées aseptisées, contrôlées, asexuées, ne sait saisir les débordements qu'exalte le jeune doyen.
Ne peut saisir le subtil de sa fuite.
Aurait-elle aimé se faire assaillir, mise face à son désir, d'une manière si crue, d'une si cuisante brutalité qu'elle en aurait du en accepter toutes les aspérités ?
Non, la jeune Montjoye est monstre d'habitudes, créatures de rituels, et tout ce qui y déroge se tisse d'angoisses incontrôlées.
Perceval ne s'approprie pas de force, elle s'apprivoise longuement.

Seule dans la pièce, elle s’attelle à remettre ses bottes, toute penchée à son occupation, elle ne perçoit que sa voix de son retour, finalement relève son museau, prunelles accrochées à ses épaules.
Stature verticale retrouvée, elle flaire juste l'anomalie dans la manière d'être de Nicolas, cette froidureuse attitude suscite des interrogations taiseuses.


Voilà. Vous avez grandi un peu. Rien d'anormal. Nous nous reverrons bientôt. Pour les études, oui. Bien sûr...

Bien.

Laconique pour l'Aconit.
Adieux ne sont guère plus loquaces, sourire s'effleure à peine sur l'austère mine.
Si l'Abeille avait su que leurs prochaines retrouvailles seraient teintées d'âpres jalousies incompréhensibles, si elle avait su que la présence féline générait une fêlure dans les affections tacites qui lui semblaient si parfaites entre une Fleur et une Apis, si elle avait su...
Notre petite géantine aurait balayé ses pudeurs, ses peurs, la crainte de l'autre et le désagréable que lui procurent les primes contacts, et se serait niché au creux de ses bras, là, où elle aurait déposé toute son âme.

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