Bloodwen
Tapie dans un fossé, je laissais passer un groupe de miliciens avant de poursuivre ma route. Quelques heures plus tôt, javais pris ma décision et déposé la jolie cape que Madame Jenifael dans son antichambre. Puis je métais faufilée dans le quartier de sa garde et emprunté un glaive. Depuis que javais trahis la confiance de Monsieur Ludry et quil ne voulait plus mapprendre, je ne parvenais plus à dormir, ni à manger. Je men voulais terriblement et savait quil ny avait aucun moyen de me faire pardonner. Je ne lavais pas fait volontairement bien sûr, mais jétais tellement impressionnable et incapable de mentir quil avait suffit de quelques questions bien posées pour me faire dire ce que jétais censée garder pour moi. Et, dans mon désir de défendre Monsieur Ludry dont on disait du mal, je navais fait que menfoncer dans mon erreur. Jétais la pire des idiotes et jétais irrécupérable. Je ne pouvais plus le regarder en face et avait compris quil ne voulait plus de moi. Aussi jétais partie. De toute façon, je ne manquerais à personne.
Une fois que la voie fut libre, je sortis de mon trou et regagnais la chaussée pour continuer mon chemin. Jignorais complètement vers où je me dirigeais, mais ce nétais pas la première fois que cela marrivait. Cest pour cela que javais pris larme. Je savais que je nétais pas loin de la grange où javais grandi, et javais peur de tomber sur mon père, sur Monsieur Gabriel ou sur Monsieur Eugène. Je voulais méloigner le plus possible du danger et de Monsieur Ludry. De toute façon, je naurais pas pu rester. Madame Neijin mavais fait de la peine en me menaçant, et javais ressenti une grande injustice quand Madame Jenifael mavait privé des lapins morts que Monsieur Ludry mavait donné.
Ma tare dissimulée sous ma capuche, jessayais de me faire la plus discrète possible et après une longue marche, japerçu les murailles dune ville. Il y avait bien un panneau sur le bord de la route, mais javais beau le regarder, je ne parvenais pas à le lire. Résignée, je passais donc la porte, prétextant au garde en faction qui mavait intercepté et senquérait des raisons de ma présence ici que jétais affreusement mutilée et que je cherchais mon papa. Contre toute attente, il me laissa passer sans regarder sous ma capuche.
Puis je me mis en quête dun abri pour me reposer un peu avant de reprendre la route. Javais le ventre vide mais je me sentais trop nauséeuse pour avaler quoi que ce soit. Je me contentais donc de boire à une fontaine. Il me fallut un certain temps pour trouver une maison vide. A vrai dire cétait plutôt une remise en ruine accolée à une maison. Mais cela mabritait des intempéries.
Recroquevillée sous la cape que Monsieur Ludry mavait donnée lorsquil mavait emmené loin du Manoir et de la cave de Monsieur Gabriel, je versais quelques larmes amères. Je ne métais jamais sentie autant en sécurité avec lui, depuis les premiers temps avec le Baron. Bien sûr il était dur et disait des choses désagréables, mais dans le même temps, il me semblait ne jamais avoir reçut autant dattention et daffection. Et il métait arrivée trop de choses horribles pour accorder à nouveau ma confiance à qui que ce soit. La solitude me pesait déjà et je me frappais la tête contre le mur de bois contre lequel jétais appuyée. Définitivement une idiote.
[*Pierre Reverdy, "le livre de mon bord (1948)]
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Une fois que la voie fut libre, je sortis de mon trou et regagnais la chaussée pour continuer mon chemin. Jignorais complètement vers où je me dirigeais, mais ce nétais pas la première fois que cela marrivait. Cest pour cela que javais pris larme. Je savais que je nétais pas loin de la grange où javais grandi, et javais peur de tomber sur mon père, sur Monsieur Gabriel ou sur Monsieur Eugène. Je voulais méloigner le plus possible du danger et de Monsieur Ludry. De toute façon, je naurais pas pu rester. Madame Neijin mavais fait de la peine en me menaçant, et javais ressenti une grande injustice quand Madame Jenifael mavait privé des lapins morts que Monsieur Ludry mavait donné.
Ma tare dissimulée sous ma capuche, jessayais de me faire la plus discrète possible et après une longue marche, japerçu les murailles dune ville. Il y avait bien un panneau sur le bord de la route, mais javais beau le regarder, je ne parvenais pas à le lire. Résignée, je passais donc la porte, prétextant au garde en faction qui mavait intercepté et senquérait des raisons de ma présence ici que jétais affreusement mutilée et que je cherchais mon papa. Contre toute attente, il me laissa passer sans regarder sous ma capuche.
Puis je me mis en quête dun abri pour me reposer un peu avant de reprendre la route. Javais le ventre vide mais je me sentais trop nauséeuse pour avaler quoi que ce soit. Je me contentais donc de boire à une fontaine. Il me fallut un certain temps pour trouver une maison vide. A vrai dire cétait plutôt une remise en ruine accolée à une maison. Mais cela mabritait des intempéries.
Recroquevillée sous la cape que Monsieur Ludry mavait donnée lorsquil mavait emmené loin du Manoir et de la cave de Monsieur Gabriel, je versais quelques larmes amères. Je ne métais jamais sentie autant en sécurité avec lui, depuis les premiers temps avec le Baron. Bien sûr il était dur et disait des choses désagréables, mais dans le même temps, il me semblait ne jamais avoir reçut autant dattention et daffection. Et il métait arrivée trop de choses horribles pour accorder à nouveau ma confiance à qui que ce soit. La solitude me pesait déjà et je me frappais la tête contre le mur de bois contre lequel jétais appuyée. Définitivement une idiote.
[*Pierre Reverdy, "le livre de mon bord (1948)]
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