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[RP] A l'ombre d'un arbre, les langues se délient

Abasael
Le temps avait passé et Abasael n’était plus le petit paysan de Guyenne. Il déambulait dans les jardins du château, repensant à comment il était arrivé jusqu’ici et des dernières rencontres qu’il avait faites. Une de ces rencontres le marqua plus qu’une autre, une rencontre qui se fit au détour d’un courrier et du parfait hasard…

Car tout cela il le devait à une personne, Octave, qui en plus d’être comte était son ami. Le petit Abasael était devenu grand au contact de sa grandeur, de son charme et de ses ronflements. Il sourit à cette dernière pensée, sujet de controverse entre eux. Qui de l’un ou l’autre ronfle le plus et le plus fort ? Personne ne le dira.

Il trouva un banc à l’ombre d’un arbre centenaire, trouvant sa présence rassurante. Un page trainait par-là, peut être cherchait il lui aussi l’ombre salvatrice ?


Bonjour mon brave, pourriez-vous aller quérir le comte et lui dire que je suis ici s’il vous plait ? Merci.

Le page fut surpris par la politesse d’Abasael, lui qui prenait toujours le temps de remercier et de mettre les formes dans ses demandes. Il s’inclina et parti vers le château le laissant seul sur son banc.

Il y avait certains sujets qui ne se discutaient pas en taverne, même s’il ne comprenait pas encore la limite des sujets à discuter ou non. Ainsi, il avait sauté le pas et demander à Octave de le rejoindre afin d’être sûr de ne pas faire de bêtises cette fois-ci.

Il fallait qu’il parle à Octave de deux sujets qui commençaient à obséder ses pensées et qui avaient besoin de son accord et de ses conseils. Il appréhendait cette conversation, ce qui le fit avoir les mains moites pendant qu’un léger frisson lui parcourait l’échine.

Il essaye de se rassurer comme il peut, se disant que c’était le bon moment d’aborder ces sujets, qu’au pire Octave se moquera de lui et qu’il se monte le bourrichon pour rien. Octave sait qu’Abasael le suivrait jusqu’au bout du monde s’il le faut, et il espère secrètement qu’Octave ne voit pas ça comme une dévotion aveugle mais comme une amitié sincère, une amitié qui n’a pas besoin d’être prouvée. Abasael ne s’est toujours pas remis du coup du château et se sent toujours aussi gêné lorsqu’il déambule dans les couloirs. Enfin, maintenant un peu moins vu que sa fonction l’oblige à traverser lesdits couloirs.

Il avait même commencé à prendre des cours avec Ophélie afin de pouvoir défendre Octave si jamais une attaque se présentait. Est-ce une bonne chose ? Pour lui oui en tout cas. Pour Octave, peut-être moins, ses leçons du moment étant la furtivité à toutes épreuves. Le comte risquait de sursauter dans les jours à venir…
Octave.
Le page a trouvé Octave attablé dans ses appartements. Il lui devenait impossible de travailler dans son bureau au Conseil, la porte s'ouvrant constamment sur un conseiller avec un problème super urgent qui avait besoin d'une réponse immédiate. Le Beaupierre avait donc décidé que lorsqu'il aurait besoin de concentration, il resterait là.

Seule la vue que lui offrait la fenêtre devant laquelle se trouvait la table lui volait quelques minutes de temps à autres. Lorsqu'il relevait la tête, il se laissait régulièrement happer par le paysage qui s'offrait alors à lui... Les jardins en contrebas, dont les ouvriers du chateau prenait un soin qui confinait à l'obsession. Plus loin, la campagne, et la ville. Il avait fini par pouvoir identifier presque tous les toits d'Auch à force d'observation.


Votre Grandeur ?
....
Votre Grandeur ?!
...
VOTRE GRANDEUR ?
Hein ? Pardon ? Quoi ? Je... AH mais pas la peine de crier bon sang ! Je suis juste là !
Votre Grandeur, vous êtes attendu dans les jardins.
Ah. Oui.


Vrai. Il avait failli oublier. Encore. Un jour, Abasael finirait par lui en vouloir. Ce n'était pas la première fois qu'il demandait à Octave un entretien, mais ce dernier n'avait pas pris le temps jusqu'ici. Non pas qu'il ne souhaite pas accorder du temps à son porte parole, ou qu'il le considère comme un subalterne auquel il n'importe pas de consacrer quelques heures, mais le Beaupierre était ainsi : si on ne venait pas le chercher et qu'on ne lui rappelait pas constamment ses engagements, il se laissait happer par son travail, sa femme, et ses siestes et en oubliait le reste.

Le bon jour Abasael. Lance-t-il en rejoignant le jeune homme sur un banc. Très bon choix du blondinet, à l'ombre.

Que puis-je donc pour vous ?

Il se laisse choir aux côtés d'Abasael, dans une attitude à peu près tout sauf comtale. Peu lui importe d'avoir l'air noble et autoritaire, quand il se trouve aux côtés d'un ami. Aba avait été témoin, en quelques mois, de bien des scènes de vie du Beaupierre, et Octave ne pensait pas avoir besoin d'adopter une quelconque posture pour s'adresser à lui. Estime et respect étaient réciproques.

Après tout, le guyennois d'origine avait été quasiment parfait depuis son arrivée. Drôle, impertinent mais pas insolent, intelligent et prêt à apprendre, il n'y avait pas grand chose qui lui faisait peur, et c'était une qualité importante quand on gravitait autour d'Octave et des siens. Ça, et un certain sens de la répartie.


Je suis tout ouïe.
_________________
Abasael
Il releva la tête en entendant le comte arriver, c’est le risque lorsqu’on est perdu dans ses pensées, à se ronger le sang en essayant d’anticiper ce qu’il pourrait se passer. Il sourit à Sa Grandeur.

Bien le bon jour Octave, j’espère que je ne vous ai pas dérangé dans une sieste comtale ?

Abasael sans pique, ce n’est pas Abasael, surtout lorsqu’il s’agit d’Octave. La relation entre eux était comme cela, des petites joutes verbales cachant peut-être l’admiration que l’un a pour l’autre.

Eh bien, nous avons à parler je crois. Nous n’avons fait que repousser l’échéance et il me tarde de vous dire ce que j’ai sur le cœur.

Il rit en voyant Octave faire, le protocole n’ayant jamais été vraiment respecté lorsqu’ils étaient seul. Et puis, qu’est-ce qu’un page irait dire en les voyant ? Que deux amis parlent ?

Alors soyez attentif.

Il prend une longue inspiration pour essayer de se calmer, tant il est impatient et en même temps anxieux d’aborder le sujet. Il ne voulait pas décevoir Octave et il avait peur de sa réaction.

Je… Cela fait un petit moment que nous nous côtoyons et… Et je vous considère plus que comme un simple ami…

Ça y est, il est tout rouge. Il toussote avant qu’Octave pense qu’il veuille finir sur ses genoux.

Je ne suis pas en train de vous demander en mariage hein, juste que je vous considère comme quelqu’un de ma famille. Assez bizarre quand je sais que je n’en ai plus de famille…

La perte de ses parents a été pour lui un épisode douloureux, de ceux qui font changer un homme. Il a dû se battre pour s’en sortir et n’a pu quitter celui qui s’est occupé de lui que bien plus tard.
Il finit par regarder Octave, un sourire aux lèvres.


Est-ce que vous voulez être mon parrain ? Je sais que je vous l’ai déjà demandé en taverne mais… C’est plus Isaure qui a voulu vendre la mèche. Je voulais faire cela dans les formes.

Il soupire, soulagé que le premier poids soit sorti puis dans la même lancée, il expose son deuxième sujet.

Je voudrais aussi devenir noble afin de pouvoir protéger les gens sur mes terres et leurs éviter la guerre afin que personne n’ait à subir ce que j’ai subis. Je vous le demande à vous car vous êtes une personne que j’admire et en qui j’ai confiance… A force de déclarations, il va finir pas se poser des questions le Beaupierre.

Pouvez-vous me former à l’art des connivences, de la politique et de la noblesse s’il vous plait ? Cela serait un honneur de vous avoir comme professeur Octave.

Pfiou, cela fait un bien fou de vider son sac ! Abasael se redressa et reprit un peu d’assurance après ses aveux. Il voulait depuis longtemps le dire à Octave mais il n’a jamais eu le temps ou alors trouver le bon moment pour le faire. Il regarda un moment les jardins avant de reprendre.

Je sais que je n’ai pas grand-chose à offrir en échange à part mon amitié et mon honneur. J’espère que cela suffira…
Octave.
Se repaissant de l'ombre qui les protège d'un soleil un peu trop envahissant pour qui devait arborer un pourpoint de cuir en toute occasion, Octave écoute attentivement son intendant / valet / porte parole / ami (plusieurs réponses possibles).

Attentivement, mais avec un sourire en coin. Les circonvolutions du nouveau commingeois sont toujours amusantes pour Octave. Depuis qu'ils se connaissent, la différence entre l'assurance tranquille, limite shadokiene, du Beaupierre, et l'anxiété empressée d'Abasael était un des points d'orgue de leur relation. Ce dernier arrivait avec une question urgente, et Octave l'accueillait avec un sourire nonchalant et une solution simple.

Il ne remettait pas en doute le caractère capital et l'importance, aux yeux du porte parole, du problème soulevé, mais leurs échelles d'évaluation de la gravité d'une situation n'étaient tout bonnement pas les mêmes.

Ainsi, c'est sans aucune moquerie que le Beaupierre entreprend de répondre à Abasel, mais avec une pointe de malice qui ne manque pas de pétiller dans le regard et de s'entendre dans ses réponses.


Je suis toujours attentif. Sauf quand il ne l'est pas, bien sur. Et sachez Abasael que vous avez su gagner votre place au sein de la notre, de famille. Gagner les faveurs d'Isaure, voilà un exploit qu'il avait su réaliser.

Je serai donc votre parrain, il va de soi que je ne peux refuser l'honneur que vous me faites en me le demandant. Et pour une fois, il est sérieux en disant ça.

En revanche, pour votre seconde demande... Là, le Beaupierre est un peu plus ennuyé. Il scrute un instant Abasael, puis reporte son regard sur les jardins.

Voyez vous, je ne suis moi-même noble que depuis trois mois. Ma famille avait certes une certaine aisance financière, dont j'ai héritée, et nous comptons parmi nos membres des hauts nobles, mais j'aurais du mal à vous apprendre tous les rouages et codes, je ne les maitrise pas assez.

Octave est un militaire. Un homme riche, mais aux plaisirs simples. Un conciliateur qui aime manier l'épée. Mais il n'est pas un noble de salon, il ne s'emmerde généralement pas avec les prédicats, ne conçoit pas de dénigrer des gens intelligents parce qu'ils manquent de titres... En somme, il est un Comte de province, comme dirait l'autre.

Je ne sais pas non plus manier les connivences. Vous l'aurez remarqué peut-être, mais je manque parfois de... tact ? J'ai des idées, j'ai été élu sur cette base, et si j'aime prendre l'avis des autres, je décide souvent par moi-même. Je ne suis pas non plus un politicien... Je ne fais pas d'alliances, je ne mens pas, ne triche pas, ne me réunit pas dans des salons obscurs afin de mettre au point des stratégies pour contrer mes éventuels adversaires. Quand il dit ça, il a bien quelques noms qui lui viennent en tête, mais il n'enverrait pas Abasael dans leurs filets. Pas envie de perdre un ami au profit d'un sens de la dissimulation et du dénigrement.

Ophélie vous enseigne le combat... Je puis vous enseigner les joutes, le maniement de l'épée en duel, je puis vous enseigner certaines valeurs et le sens des responsabilités, quand vous avez à protéger des gens, des terres, y compris certains que cela ne vous dérangerait pas de voir blessés... mais sincèrement ?

Le Beaupierre repose son regard sur le visage d'Abasael.

S'agissant des valeurs, il me semble que vous en êtes déjà pourvu. Sinon, vous ne seriez pas un de nos proches.
_________________
Abasael
Il se pince discrètement afin de vérifier qu’il ne rêve pas en entendant les paroles d’Octave. Lui, une place dans sa famille ? Jamais il n’aurait cru ça possible et surtout pas dans le sienne. Ou alors peut être que si mais plus comme… domestique peut-être ?

Je… Octave… Dois-je vous appeler grand frère maintenant ? Il sourit et rougit un peu.

Il commence à faire chaud pour le petit Abasael, trop d’émotions d’un coup et peu d’endroit pour cacher cette joie qui ne cherche qu’à sortir.

Merci ! Merci Octave ! A la limite du surplus d’enthousiasme. Je suis heureux, vous ne pouvez pas savoir comment… Tout le jardin doit le savoir...

Il sourit à Octave, analysant ce qu’il lui dit. Il essaye de suivre son regard et de trouver ce qui capte son attention, sans succès.

A mes yeux, vous maitrisez tout cela à la perfection. J’ai eu le loisir de vous observer depuis un petit moment, et vous avez toujours le tact qu’il faut dans la résolution de nos crises politiques.

Il marque une pause, cherchant un peu ses mots pour exprimer sa pensée, ne voulant pas qu’Octave croit qu’il soit en train de lui passer la pommade.

Vous ne mentez pas et vous ne trichez pas, c’est ce que j’aime chez vous. Je sais que si je vous parle, vous ferez toujours preuve de sincérité et c’est votre marque de fabrique si je puis dire. Mais… Faut-il vraiment faire tout cela pour être un noble ?

Alliance secrète, cracher sur les autres, voilà des choses qui ne pourront jamais être faites par Abasael ayant un code moral un peu trop strict. Peut-être est-ce pour cela que certains nobles lui paraissent si distant lorsqu’il leurs parle ? Cachent-ils tous une partie sombre de leurs êtres qui ne se dévoile qu’à huit clos et dans des boudoirs ?

Si vous n’êtes noble que depuis trois mois alors vous connaissez mieux que personne la marche à suivre. Logique implacable quand tu nous tiens.

Il sourit à l’évocation d’Ophélie et des cours que pourrait lui dispenser Octave.

Vous savez, je soupçonne Ophélie de m’enseigner plus que le combat… Et ça sera un plaisir de recevoir votre enseignement.

Il se sent observé d’un coup, ce qui fait remonter la rougeur sur ses joues.

Si vous le dites Octave… Vous savez la tendance que j’ai à être peu sûr de moi et naïf et dans quelles galères cela m’a embarqué…
Octave.
Grand frère, faudrait peut être pas exagérer...

Il dit ça, mais au final, n'est ce pas un peu la relation qu'ils se sont construites ? Il faudrait y ajouter une pointe d'autorité et de hiérarchie, mais l'idée est un peu là.

Cependant, la joie du jeune blond est communicative. Rien que de voir le visage éclairé de son acolyte attire un sourire sur les lèvres d'Octave. Tant de bonheur en si peu de phrases. Il reste donc des plaisirs simples dont les bienheureux savent profiter, hors de la guerre, du massacre, de la gestion, des chiffres et de la politique. Bénis soient ceux qui n'ont pas eu besoin de s'y frotter pour se sentir vivre.


Vous avez déjà les qualités que vous m'attribuez. Seules vous manquent encore expérience et connaissances. Mais cela... vous les acquerrez par vous même. Je vous ai invité au Conseil et vous y faites un travail formidable. Vous apprenez vite, et si l'envie vous tient toujours, je puis vous expliquer d'autres rouages, d'autres postes, d'autres mondes.

Mais je ne serai pas un professeur... Si vous y tenez toujours, vous nous suivrez, vous vivrez, et vous apprendrez sur le tas, comme nous tous. Je ne doute pas que vous arriverez très vite là où vous voudrez bien aller.


Le Comte ne croit pas beaucoup aux cours magistraux. Lui n'a même n'a appris que sur la base des valeurs transmises par ses parents, ses officiers, ses amis ou en opposition à certains dont il désapprouvait le comportement. Il s'est aussi construit par rapport à Isaure,, à l'idée qu'elle avait de lui et de celui qu'elle épouserait.

Un oiseau vient se poser sur la branche qui les surplombe, et Octave esquive un geste pour le faire fuir. S'il se prenait une fiente sur le coin de la tronche maintenant, nul doute que son discours perdrait en intensité. Puis il se lève et invite Abasael à faire de même.


Si vous avez des questions... Je serai - presque - toujours là pour y répondre. Maintenant cher Porte Parole, je pense qu'on nous attend au Conseil. Prêt à apprendre encore un peu ?

Le Beaupierre sourit, amusé, avant de rejoindre la porte par laquelle il est sorti du chateau.

Au boulot !
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Abasael
Je disais cela pour vous embêter Octave voyons…

Il rit mais finalement, plus il y réfléchit et plus il se rend compte qu’il est un peu dans ce genre de relation. C’est bien lui qui lui passe des savons lorsqu’il fait des bêtises et qui est toujours là à le conseiller et le guider vers les bonnes choses. Il se peut que cela soit un sujet de conversation à venir, le temps que l’idée fasse son bout de chemin dans sa tête.

Il reprend son sérieux avec une pointe de rougissement bien sûr, il n’est vraiment pas habitué à recevoir des compliments.

Vous croyez ? C’est que je ne m’en rends pas spécialement compte vous savez… J’ai toujours peur de faire quelque chose de travers, de vous décevoir…

Il sourit, apprendre de nouvelles choses, voilà qui était intéressant !

Avec plaisir Octave ! Je suis toujours heureux d’apprendre de nouvelles choses, surtout si vous continuez à me conseiller comme il se doit. Je ne sais pas si je vous ai déjà remercié pour ce poste au conseil mais dans le doute : merci, merci de m’avoir fait confiance.

Je… Oui Octave, pas besoin que vous vous transformiez en professeur, restez comme vous êtes, cela me va très bien.

L’oiseau se fait chasser et Abasael se lève à la suite d’Octave. Il allait avoir matière à réfléchir pour les jours à venir et plusieurs questions à poser. Il sourit au comte puis le suivit vers la porte.

Il se peut que j’aie des questions… Même beaucoup… Bien évidemment, même si une sieste sous cet arbre ne m’aurait pas déplu.

La gueule d’ange rit de bon cœur avant de passer la porte sous un "Au boulot !" comtal.


-Fin-
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