[* Lhomme est un animal domestique, cest pourquoi il est à ce point corrompu.]
*Obligée de se terrer dans un bouge infâme non loin de la ville qui n'avait plus vu âme qui vive depuis belle lurette, à survivre avec des rats et sans la moindre bouteille de vin pour désaltérer son gosier, pas même la plus infâme vinasse du royaume, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Blessée dans son amour-propre par ces deux pauvres gamins et ce vieux con, elle sent la colère et la haine former une boule au creux de son ventre et y prendre de plus en plus de place, prêtes à sortir pour la venger de cet affront qu'elle a dû essuyer.
Depuis les conneries de l'Artiste il y a quelques années, les choses étaient allées de mal en pis, mais jamais la Flamboyante n'aurait cru quiconque disant qu'elle perdrait un jour face à un gamin ne sachant même pas tenir correctement sa lame, et encore moins qu'elle se retrouverait devenue l'ombre d'elle-même, crasseuse, négligée et planquée dans un trou à rats indigne de la sarlatane qui menait les bas-quartiers de la petite ville périgourdine au doigt et à lil.
Son air lubrique et ses lèvres rubicondes appelant aux baisers s'étaient transformés en un regard de haine et une bouche pincée dans une grimace colérique. Elle ruminait depuis des jours, des semaines même, se contentant de menues razzias dans les fermes environnantes pour éviter de ne se nourrir que de rats. Mais le moment était venu, il était l'heure de se venger plutôt que de rester là à laisser ces péquenots vivre leur petite vie tranquille.*
Vous vous êtes joués de la Flamboyante ... Vous et votre petite catin le paierez ... et vous le paierez cher !
*La nuit tombée, l'ombre de la Rosa partit vers la ville, entrant sans hésiter dans plusieurs maisonnettes sur le chemin pour trouver de quoi remplacer ses vêtements puant la mort et un bout d'savon, de quoi retrouver sa splendeur habituelle dans un corset ajusté et une paire de braies propres sur une hygiène lui ressemblant bien plus. Après tout, elle ne pouvait pas s'occuper de la catin, du vieux pervers et du gamin chanceux si elle ne se sentait pas elle-même.
Arrivée plus en ville, elle n'eut aucun mal à dénicher une maison abandonnée pour l'été par un voyageur quelconque pour surveiller les quelques habitants de cette ville si pathétique. Un seul pauvre crétin semblant faire le guet, une véritable rigolade pour l'éviter et se glisser dans les lieux. Comme les sarlatans lui manquaient ! Ils auraient pu mettre cette ville à leur botte si facilement !
Cette découverte lui donnait une furieuse envie de se mettre quelqu'un sous la dent... peut-être l'un des deux gamins bruns ferait-il l'affaire ? Le papy était trop vieux sans aucun doute, elle voulait un premier choix, pas une vieille carne ! En attendant, planquée sous les combles à regarder au dehors, la vue sur la taverne municipale et la maison des tourtereaux, elle se mit à son aise et laissa glisser ses mains... ça vaudrait toujours mieux qu'un rien.*
Georg Christoph Lichtenberg