Arthur_
Le vieux il courrait. Mais genre, quel que chose de bien. Fini les douleurs dans les jambes, fini le dos coincé, fini cette envie de pisser qui commençait doucement à arriver. Le tonneau, c'est comme s'il avait fusionné avec son corps, ils ne font plus qu'un. Arthur pousse sur ses grandes jambes pour accélérer et s'assure d'un contrôle impeccable de ses mouvements. Personne n'en croit ses yeux mais il remonte bien la file des participants, avec une certain aisance. Dans l'assistance, des villageois mentionne même la notion de "touché par la grâce divine". C'est tout bonnement splendide. Il s'envole vers la victoire.. Enfin vers la deuxième place, parce que les deux autres sont déjà bien devant lui. Il sourit largement pendant cette fin de course, il sent que quelque chose de beau est en train de se passer. Pas un regard pour les autres, Arthur est bien trop occupé par la course. C'est qu'il prend du plaisir quand même le papy. Il a toujours apprécié la compétition, mais en plus de gagner, alors là, c'était le paradis avant l'heure.
Il vit ses précédentes ralentir fortement, sans bien comprendre, avant que l'inclinaison du terrain ne lui donne la réponse. Ca montait sec par ici, il avait jamais fait attention Arthur. Bon c'était pas le moment d'abandonner de toute façon. Il pousse encore sur les jambes, donne littéralement tout ce qui lui reste. L'en peut plus le vieux. Il transpire comme après dix heures à la mine, alors qu'en plus, il en vient de la mine. Il doit se concentrer pour ne pas sentir l'ensemble des contractions musculaires, qu'on pourrait qualifier de crampes sans se tromper. La ligne est toute proche. Il peut presque la toucher du bout des doigts. Il siffle entre ses dents :
Le vieux Arthur va finir cte course avant les autres gamins, allez mon vieux, encore un peu, cpour la bonne cause
Sa respiration est hachée et il manque clairement de tomber plusieurs fois dans les derniers mètres, se rattrapant de justesse. Autour de lui le monde se brouille, il n'a plus qu'une seule chose en tête : finir cte course. Il sent des concurrents se bousculer derrière lui. La course s'emballe. Personne ne veut être dernier. Cependant le vieux se laissera pas avoir. Il court encore comme un lièvre fuyant un prédateur. Il court comme lors d'une charge militaire. Il lui semble avoir passé la ligne, mais pour en être certain il continue de courir, parce que les autres ont pas l'air de s'arrêter.