Kateline
- *La fin ou un commencement?
Retour à l'auberge marseillaise où elle a pris ses quartiers avec un époux fantôme après un aller-retour à Aix pour participer à un tournoi d'archerie.
Elle-même est un fantôme.
La balade n'a pas vraiment changé quelque chose à ça et c'est dommage.
Retour à sa vie monacale, celle dont elle avait parlé à Sandrine maintes et maintes fois. Elle n'aurait cependant pas imaginé que ce serait avec un anneau au doigt et avec un polichinelle dans le tiroir .
C'est bien le cas pourtant.
Elle pourrait se morfondre et se plaindre, elle pourrait en vouloir à son époux ou à elle-même. Et pourtant elle n'en veut à personne.
Retour à la monotonie et à cet état de fatigue qui ne la quitte plus dorénavant. A croire que c'est bien un alien qui se trouve en son sein et la dévore de l'intérieur, puisant l'énergie et les ressources nécessaires à sa survie au détriment de la survie de son hôte.
Foutue grossesse.
Elle ne panique pas, malgré tout. Parce qu'il serait légitime de paniquer dans ces moments là. Seulement elle en a vu au cours de sa vie, des passages à vide et des moments de grâce, des coups du sort et des coups dans la gueule. Elle n'a pas peur, elle n'a plus peur, depuis longtemps.
Retour à ce ventre qui s'arrondit doucement, qui tiraille et l'handicape. Ce ventre qui cette nuit là commence par la lancer. Un petit rien qui la réveille. Le temps de se lever pour allumer une bougie, elle s'installe à une table où un parchemin, une plume et un encrier l'attendent... à défaut d'un mari dans son plumard. Elle ne se pose pas de question sur l'endroit où il se trouve car c'est sûrement pour veiller sur sa fille qu'il fait défaut à sa femme. La plume est saisie pour être trempée dans l'encre et déjà les mots se tracent les uns après les autres. Quelques mots d'amour et d'excuses qui s'entremêlent, sans vraiment prendre du sens, et déjà le parchemin est roulé et envoyé.
Retour aux douleurs qui maintenant ne sont plus tolérables. Elle s'écroule sur le sol pliée par les spasmes qui secouent ses entrailles. Elle pousse un cri déchirant le silence de l'auberge. La panique... non pas de panique... la douleur se lit dans son regard. Les ongles plantés dans le sol, une main qui tente d'attraper la chaise qui se trouve à côté d'elle. Elle tente de se relever, comme elle l'a toujours fait. Mais là tout de suite, elle n'y arrive pas. Un nouveau cri.
Du sang. Beaucoup de sang.
Retour soudain à un état "normal" après de très longues minutes à donner la vie. Ils sont là, ils sont nés et ils sont deux.
Elle est mère d'un petit garçon et d'une petite fille, en espérant que les faux jumeaux survivront à cette nuit...
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