Axelle
Tout était vide dans cette chambre anonyme perchée à l'étage de l'Aphrodite où elle avait trouvé refuge. Tout était vide et tout était blanc. Les murs, le plafond, les draps. Trop blanc malgré le voile de la nuit et, dès qu'elle tentait d'ouvrir les yeux, tout ce blanc s'y engouffrait, les déchirant furieusement, tambourinant son crâne malade avant de dévorer son ventre. En boule sur le lit en charpie de s'être trop tournée et retournée, la manouche gémissait en catimini, les yeux pleins de larmes comme une môme qui s'est cassée la figure. Mais ce n'était pas un genou qu'elle s'était écorchée, saloperie de Gascogne*.
Par assauts compulsifs, l'envie entêtante la prenait de planter ses ongles au plus profond de sa chair et de s'arracher le ventre pour que la douleur, enfin se taise, mais ne parvenait, tremblante, qu'à poser sa paume brûlante sur l'abjecte cicatrice. Il aurait été si simple, pourtant, d'appeler Lenu à s'en déchirer la gorge pour du lait de pavot, mais la manouche s'y refusait obstinément. Et très stupidement, sans doute. Elle refusait que l'Araignée sache son état, comme elle refusait que Sabaude, Volkmar, Alphonse et plus encore Justin ne le connaissent tant, des douleurs, elle refusait plus que toutes celle de leur inquiétude consumant leurs prunelles, de leurs bras se tendant à chacun de ses pas pour la protéger d'une chute. Non, tout cela, elle l'avait bien trop vu, le leur déjà bien trop imposé. Fierté imbécile, aussi, de ne plus supporter montrer la faiblesse de son corps. Et elle y parvenait. Douleur clémente dans sa cruauté d'être cyclique
En s'éveillant sous cette toile de tente de Gascogne, la gitane avait cru ne plus être vraiment femme, sans pourtant savoir si elle pouvait vraiment s'en affliger tant elle était mauvaise mère. Mais après quelques semaines, le cycle avait repris son battement, charriant avec lui, au métronome ponctuel et régulier de son corps, des crises la conduisant au bord de la folie. En ces moments, elle en venait même à haïr Lenu de lui avoir sauvé la vie. Puis comme elle était venue, la douleur se recroquevillait, lassant l'espoir toujours déçu que le mois suivant, elle se tairait.
Cette crise, de toutes, était certainement la pire, dévorant son ventre d'une brûlure renouvelée, brisant son dos de contractions féroces, au point qu'elle pensait crever là, dans cette chambre vide et trop blanche de l'étage de l'Aphrodite. Pourtant, elle restait là, son ver immonde la grignotant et elle hurla. De colère, de souffrance, de résignation.
Elle revoyait ce visage nonchalant aux yeux bleus plantés sur elle, cherchant à deviner les secrets sous sa robe. Elle se souvenait surtout de cette pipe, tombant au sol sous la pression sournoise de son pied. Cette pipe. Sa seule échappatoire malgré une fierté qu'il faudrait ravaler. Alors, comme elle put, elle se leva, s'appuyant aux murs, brisée en deux mais les sens à laffût malgré le carnage dans sa tête, pour s'assurer que personne ne foulait les couloirs interminables dans lesquels elle titubait. Chambre 12 ? Non, 13. L'effort pour se souvenir de ce détail grignota un peu plus ses forces alors, en appui sur un bras, elle respira longuement et enfin se redressa, presque droite, presque normale, si les boucles brunes n'avaient pas collé à son front et ouvrit la porte, sans frapper. Après tout, elle pouvait bien se dispenser de cette politesse quand l'homme l'avait fait avant elle. Et les yeux trop luisants, fouilla l'ombre de la chambrée, refoulant comme elle le pouvait l'évanouissement plantant des taches noires dans ses yeux.
Ludwig ?
[* Protagonistes concernés par le rp : Axelle, Lenu, Volkmar, Beatrix]
Par assauts compulsifs, l'envie entêtante la prenait de planter ses ongles au plus profond de sa chair et de s'arracher le ventre pour que la douleur, enfin se taise, mais ne parvenait, tremblante, qu'à poser sa paume brûlante sur l'abjecte cicatrice. Il aurait été si simple, pourtant, d'appeler Lenu à s'en déchirer la gorge pour du lait de pavot, mais la manouche s'y refusait obstinément. Et très stupidement, sans doute. Elle refusait que l'Araignée sache son état, comme elle refusait que Sabaude, Volkmar, Alphonse et plus encore Justin ne le connaissent tant, des douleurs, elle refusait plus que toutes celle de leur inquiétude consumant leurs prunelles, de leurs bras se tendant à chacun de ses pas pour la protéger d'une chute. Non, tout cela, elle l'avait bien trop vu, le leur déjà bien trop imposé. Fierté imbécile, aussi, de ne plus supporter montrer la faiblesse de son corps. Et elle y parvenait. Douleur clémente dans sa cruauté d'être cyclique
En s'éveillant sous cette toile de tente de Gascogne, la gitane avait cru ne plus être vraiment femme, sans pourtant savoir si elle pouvait vraiment s'en affliger tant elle était mauvaise mère. Mais après quelques semaines, le cycle avait repris son battement, charriant avec lui, au métronome ponctuel et régulier de son corps, des crises la conduisant au bord de la folie. En ces moments, elle en venait même à haïr Lenu de lui avoir sauvé la vie. Puis comme elle était venue, la douleur se recroquevillait, lassant l'espoir toujours déçu que le mois suivant, elle se tairait.
Cette crise, de toutes, était certainement la pire, dévorant son ventre d'une brûlure renouvelée, brisant son dos de contractions féroces, au point qu'elle pensait crever là, dans cette chambre vide et trop blanche de l'étage de l'Aphrodite. Pourtant, elle restait là, son ver immonde la grignotant et elle hurla. De colère, de souffrance, de résignation.
Elle revoyait ce visage nonchalant aux yeux bleus plantés sur elle, cherchant à deviner les secrets sous sa robe. Elle se souvenait surtout de cette pipe, tombant au sol sous la pression sournoise de son pied. Cette pipe. Sa seule échappatoire malgré une fierté qu'il faudrait ravaler. Alors, comme elle put, elle se leva, s'appuyant aux murs, brisée en deux mais les sens à laffût malgré le carnage dans sa tête, pour s'assurer que personne ne foulait les couloirs interminables dans lesquels elle titubait. Chambre 12 ? Non, 13. L'effort pour se souvenir de ce détail grignota un peu plus ses forces alors, en appui sur un bras, elle respira longuement et enfin se redressa, presque droite, presque normale, si les boucles brunes n'avaient pas collé à son front et ouvrit la porte, sans frapper. Après tout, elle pouvait bien se dispenser de cette politesse quand l'homme l'avait fait avant elle. Et les yeux trop luisants, fouilla l'ombre de la chambrée, refoulant comme elle le pouvait l'évanouissement plantant des taches noires dans ses yeux.
Ludwig ?
[* Protagonistes concernés par le rp : Axelle, Lenu, Volkmar, Beatrix]