Tancrède freine des quatre fers. Sa maitresse le lui ordonné, elle s'exécute. C'est ça ou pas d'avoine. On obéit et c'est tout.
L'endroit est beau, brut et sauvage. De drôles d'oiseaux en bordure de marécage, perchés sur des pattes à l'aspect si fragile qu'on s'attend à les voir choir. Certains, téméraires, n'en utilisent qu'une seule. Etonnant. Mais le plus surprenant reste leur couleur, rose. Marco n'a jamais vu ça auparavant.
Surprise. Quel est donc cet oiseau ?
Quelques temps auparavant, la jeune femme a décidé de prendre l'air, du bon air de la Provence. Après tout elle ne connait pas le coin, Yara a besoin de se défouler les pattes, Et la petite dernière, la Renarde, manifeste des besoins de
hummm
reproduction ?
Marco ne se sent pas le droit de la garder contre son gré. Pas qu'elle comprenne bien, c'est une humaine. Pas bien imprégnée de la sagesse de la nature mais assez proche quand même de ses compagnons à quatre pattes pour - au moins déceler chez eux ce qui va ou pas.
Le cur gros bien sûr, la brune décide de s'éloigner de la ville pour rendre sa liberté à sa rousse amie.
C'est le matin même qu'elle a pris sa décision, après deux ou trois jours à ne pas vraiment savoir comment réagir au comportement pour le moins étrange de La Goupil.
Et puis, lentement une sorte de .. comparaison idiote avait germé dans son esprit :
- Renarde, tu l'as été Marco. Toi, tu as pu décider, envisager ta vie, voir plus loin que le bout de ton nez mais elle ?
Ne sois pas égoiste, à quoi ça sert de parader avec elle à tes côtés alors que ses aspirations ne sont que
procréer ? Rends- lui sa liberté, c'est ce qu'elle veut.
Observe Marco, sois pas con.
La réflexion avait fait son chemin. C'est pourquoi ce jour, elle avait réuni sa fratrie animale, prenant la première route à dos de Tancrède, au gré des chemins, par çi, par là. Seul Rahan, son faucon est resté à la maison, elle ne le maîtrise pas encore suffisament pour prendre le risque. Faudrait qu'elle trouve un maître Fauconnier qui accepterait de les former.
Apprentissage d'une entente cordiale.
Tancrède freine donc des quatre fers.
A quelques encolures, de dos, une femme assise en tailleur semble se recueillir devant ..
Là Marco doit se dresser sur le dos de Tancrède, elle ne distingue que partiellement ce qui fait face à la femme aux cheveux d'argent. Une statue ?
Marco saute, abandonne le licol. Elle sait que sa jument ne s'enfuira pas.
Elle chuchote, à l'attention de Yara.
Reste avec elle, ne fais pas de bruit.
La Renarde hésite un instant.
La brune la carresse une dernière fois.
Il est temps, va.
Dans ses yeux, des larmes. C'est Marco qui est triste, pas la bête. Sans un regard, cette dernière s'en va d'un pas tranquille, sûre de sa décision, certainement.
Fais attention à toi
Les mots s'envolent, soufflés.
Marco tourne la tête, se concentre de nouveau sur la statue. Intriguée. Elle s'approche, à pas qu'elle veut discrêt et reconnaît Zeze, matriarche des Gitans.
Sans façon aucune, sans réfléchir, elle prend place, s'assoit légèrement en retrait pour ne pas déranger.
Cette statue et ce lieu l'intriguent et déjà, mille questions viennent tocquer à son esprit curieux.