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[RP] L'écho de nos âmes.

Don.
Il devait être deux heures, cette nuit là, lorsque la décision fut prise.
Elle partirait, non sans avoir prévenu avant, mais surtout après avoir soigneusement rangé les affaires de son dernier né et de l'époux indigné. Il serait las et fatigué de voir qu'elle part, une nouvelle fois. Une dernière fois.
Pas de baisers, il n'y en a plus. Pas de caresses, elles ont disparues. Pas d'adieux, elle ne sait jamais les tenir. Simplement un linge posé là, et quelques fripes qu'elle se doit de plier. Un regard tendre vers l'enfant au sommeil lourd, un soupir indicible pour l'homme à qui elle voue tout. Tout sauf ses craintes, qu'il n'entend pas. Tout sauf ses pleurs, qu'elle retient. Un mot fut laissé, il savait, elle a seulement retardé son départ.


Citation:
Karantez,

Vous le saviez, et il le fallait.
Isaure me manque puissamment. Mon absence vous sera bien plus douce contrairement à ce qu'il en aurait été plus tôt. Ellya est là. Hel et votre neveu aussi. Vous venez d'apprendre que Madeleine est en vie. Vous ne pouvez pas être plus comblé, c'est le moment où jamais - pour moi - de partir.
J'ai dans le cœur, l'intime conviction que tout ira bien. Je vais quitter cette chambre, me munir d'une lanterne et descendre les escaliers. Une fois à l'étage inférieur, mes lèvres goûteront le lait tiré du soir. La nuit m'accueillera ensuite, et le frais sur mon visage me rappellera combien j'ai toujours aimé les soirs d'été même lorsqu'ils sont prêts à délivrer au bel automne, tous les secrets auxquels je tiens. La peur de l'obscurité me tiendra éveillée, et vivement enthousiaste, je quitterai Périgueux. Je quitterai la ville pour gagner la prochaine, et celle d'après. Le cœur en joie, les yeux embués d'avoir trop faim d'une vie perdue. J'irai retrouver les bras de mon amie, parce que les vôtres ne m'enlacent plus assez. Ce n'est pas un reproche, j'ai simplement besoin de plus, besoin d'un trop. N'y voyez là rien d'égoïste, et si Brynjar vous épuise, faites-le moi revenir. Vous voyez ? Rien n'est imposé, rien. Je ne fais que marcher jusqu'à ne plus penser. Il est bon d'échanger parfois avec le rien, ce rien tant recherché, ce flou qui ne se dissipe jamais.

Je vous aime,
Dana.



Les ténèbres mangent la silhouette bretonne, cavalière malheureuse parcourt déjà les routes la menant jusqu'à Elle. Jusqu'à son autre, sa siamoise. Sa sœur.
Un unique courrier était à l'origine de cette initiative dangereuse et bien que grosse d'une huitaine de mois, Dôn n'avait plus reculé. Choix fut fait, de mettre au monde l'enfant sur les chemins, sans tenir compte des remontrances de l'entourage instable. Jörgen fut la déception dernière, et pour ne plus en avoir, il fallait fuir, courir et s'élancer vers de nouveaux horizons. Peu importe ce que pourrait bien penser Nicolas, ou même les autres. La terrible était libre. Véritablement libre comme elle l'avait toujours été.

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Isaure.beaumont
Dôn. Te souviens-tu de nos premiers regards ? De leur réserve respectueuse tandis que nous sondions l'âme de l'autre ? Te souviens-tu de nos premiers sourires ? De leurs courbes douces et timides avant que nos âmes ne se reconnaissent enfin ? Te souviens-tu de nos premières ivresses ? De celles qui soulageaient nos cœurs le temps d’un instant et soulevaient nos rires ? Te souviens-tu de nos premiers projets heureux ? De l’espoir que nous y avions placé ? Te souviens-tu de nos premières fois ? De toutes nos premières fois ? Car je ne me rappelle plus si nous nous sommes offert le lamentable spectacle de nos premières larmes. J’arrive, Dôn. Je pleure, Dôn.

L’âme en peine, Isaure regardait droit devant elle au travers du brouillard de ses larmes. Octave occupait toutes ses pensées quand elle aurait voulu l’en écarter. Il s’invitait dans son esprit, charmait de nouveau son cœur et chaque fois qu’elle était tentée de le rejoindre, d’aller lui demander pardon, la silhouette un peu trop charmante, les traits un peu trop ravissants d’une Arseline se rappelaient à sa mémoire et la jalousie s’emparait de nouveau de sa raison, la menant toujours plus loin de lui, toujours plus près de son refuge : Dana.

Elle avait promis de ne jamais douter, de toujours se souvenir qu’il n’était pas tous les autres. Mais son omission avait réveillé ses craintes, avait ravivé ses certitudes. Il suivrait les traces d’un Judas, d’un Dan et finirait, comme eux, par la trahir. Comme tous les hommes. N’était-ce pas là leur essence ? Octave ne dérogerait pas à la règle, tôt ou tard.

Que faisaient-ils à cet instant précis ? Les images s’imposaient, terribles, douloureuses, vicieuses. Octave qui embrassait Arseline. Octave qui emportait Arseline jusqu’à leur lit conjugal. Octave qui … NON ! NON ! Assez… Elle ne voulait plus y penser. Elle ne voulait pas voir. Elle les maudissait.

Deux jours de voyage. Deux longues journées sans répit et sans nouvelle. Marmande ne devait être qu’une étape, qu’une courte halte avant de reprendre la route vers la Bretonne. Mais le Très-Haut, dans sa grande mansuétude avait guidé la Bretagne jusqu’à elle.

Deux âmes réunies. Entendez-vous l’écho de leurs retrouvailles ? La tête du breton, témoin involontaire, en bourdonnerait encore sans doute un long moment.

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Iwanig
Témoin involontaire ou victime collatérale.

L’âme en peine d’un sauveur anonyme d’août faisait vagabonder son corps sur les chemins plus ou moins hospitaliers de France, et, si l’on s’en tenait là, rien ne semblait différer d’avant cette nuit estivale et humide. Pourtant, tout avait basculé pour lui.

Le cœur léger et désinvolte, se contentant de peu pour être heureux, d’un peu d’eau fraîche et de verdure que prodiguait la nature, méprisant très largement les règles établies – sans pour autant totalement y contrevenir pour ne pas finir au bout d’une corde –, s’était alourdi, embrumé. Le
foeter bro s’était fait rattrapé par sa bretonnitude et ce penchant naturel qu’on les Armoricains pour la mélancolie. Il avait changé. Il ne parcourait plus les landes et les chemins pour vivre et ressentir pleinement sa liberté ; il le faisait pour fuir. Pour fuir ce qui lui coupait l’appétit. Pour fuir cette lueur aveuglant ses nuits au point de ne plus trouver le sommeil. Pour fuir ce sentiment nouveau qui justifiait que sa poitrine renferme un palpitant.

Quitter la proximité immédiate des lieux du drame, Périgueux, dans un premier temps. Puis s’éloigner des frontières du comté. Mais rien n’y faisait. Le mal perdurait dans la province suivante, puis dans celle encore après. De l’aube au crépuscule, de la brune à l’aurore, il pensait à elle, à cette nymphe pour laquelle il avait eu la folie d’aller défier l’Ankou et, pis, en sortir vainqueur. En apparence. Les Bretons disent que l’on ne peut pas se jouer d’
Oberour ar Marv, l’Ouvrier de la Mort, qui n’est ni bon, ni mauvais, juste un simple manutentionnaire consciencieux ; si Iwan avait pu sortir vainqueur de ce duel inégal, c’était que quelque chose ne tournait pas rond, il y avait une contrepartie à ce miracle. Cette compensation était ce mal qui le rongeait de l’intérieur. Pour un jeune homme en marge de la société doutant plus que sérieusement de l’existence d’un Très Haut très bon au dessus de nos têtes – bien qu’il ne l’exprimait jamais en public, cette fois pour éviter le bûcher -, cette superstition pouvait surprendre, mais le Breton n’est pas à une contradiction près. Ainsi donc, il marchait, il fuyait, vers nulle part.

Nulle part avait été désordonné et l’avait conduit, inopinément, à Marmande. Une journée entière à la mine, pour suer, pour frapper, pour expier, pour extirper des entrailles de la terre le minerai comme il aurait voulu retirer de ses tripes, de son âme, cette saloperie innommable qui l’habitait… Une paye honnêtement gagnée était venue remplir sa bourse, de quoi envisager de boire deux ou trois pintes, pour noyer son chagrin en attendant qu’un lapin ou un lièvre ne vienne se prendre dans les collets posés discrètement à l’orée du verger.

Une taverne ouverte, une personne présente, avec de la conversation de surcroît, l’idéal pour ne pas s’appesantir sur lui-même… Une comtesse. Ce n’était pas le choix premier pour oublier, mais passons. Passons à quoi, à des banalités, à ce choc des cultures entre cette noble dame qui attend une amie avec qui elle pourra évoquer ses malheurs d’avoir des domestiques incompétents ou de moquer une troisième un peu trop légère de la cuisse et lui, qui n’attend rien, ni ce soir là, ni jamais. Mais aussi grand soit le fossé entre eux, une conversation valait toujours mieux que d’être seul face à soi-même et ses tourments. Alors il était là… s’éclipsant juste le temps d’aller relever ses pièges étrangleurs où étaient venus se prendre deux beaux lapins et dont le braconnage aurait pu lui valoir la même punition à lui aussi.

Son forfait accompli, il s’en était retourné vers la taverne, y pénétrant sans précaution, oubliant que la Comtesse consort sortie de son château attendait quelqu’un, quelqu’une… Le hasard fait bien les choses. Ou pas. Le premier coup d’œil est le bon, il ne peut y avoir de doute là, contrairement à ce bordel luxueux, c’est bien Elle, la Lumineuse. Le cœur s’emballe, la poitrine est douloureuse. Ne rien laisser paraître. De toute façon, elle ne le voit même pas. Les deux femmes, ces deux sœurs, sont en liesse intérieure, dévorent les paroles l’une de l’autre, de plaisir ou de taquineries, faussement surjouées parfois. S’il n’avait pas été profondément abattu par l’ignorance dont la miraculée le frappait brutalement, il aurait trouvé la scène assurément touchante de voir deux êtres pouvoir témoigner d’autant d’amour – fut-il sororal – à se retrouver. Mais là, durant ces longues minutes où l’ingratitude avait succédé au mépris, il était abasourdi. Sonné, comme un boxeur après un violent uppercut, il avait joué au commis de cuisine dans la taverne déserté de toute autre âme qui vive. Incapable de réagir, éperdu d’amour et de terreur, Iwan s’était laissé convaincre de tenir le rôle de l’escorteur des deux aristocrates – bien que la seconde se défendait de faire encore partie de cette élite – jusqu’à Auch, pour retourner sur les terres de l’époux de la première… Toute cette fuite, depuis près d’un mois, pour en arriver là, pour faire bouclier si un bandit de grand chemin venait à vouloir profiter de deux femmes potentiellement riches et assurément jolies, même enceinte jusqu'au cou. Toutes ces lieues parcourues pour peut-être à nouveau jouer le sauveur, sans l’avoir jamais choisi.

Docile, ou abruti par cette présence hypnotique, il avait suivi le mouvement ou plus fréquemment ouvert celui-ci à pied, pour parer à toute mauvaise rencontre, et ils étaient arrivés à Auch, entier, à trois plus un, restait à savoir si l’être compté séparément était celui couvé par la brunette ou ce va-nu-pieds qui serait oublié dès le lendemain. Et en effet, le lendemain venu, les femmes avaient recouvré le confort d’un logis luxueux où un autre enfant – dont il ne savait si le nom choisi en taverne serait finalement retenu – viendrait-à naître, et Iwan, lui, s’était trouvé un étable propre pour tenter d’y trouver le sommeil. En vain, évidemment.

Seul l’alcool, son abus surtout, lui permettait encore de trouver quelques heures de sommeil rassérénantes. Il s’était donc trouvé une taverne – Le Paradis Auscitain est Auch – et y avait éclusé un moment. L’heure de la fermeture approchant et sentant le regard pesant de la taulière qui commençait à en avoir marre de le voir noyer sa bière de larmes, il lui demanda un bout de parchemin et de quoi écrire. Et l'esprit embrumé par les effluves éthyliques, il prit la plume.




Votre Grandeur,

Nous voici à Auch.

J’avais pour mission de vous accompagner jusqu’à Auch.


Vous voici toutes deux en sécurité. Je n’ai rien à faire ici.
Ma place n’est pas ici.
Je m'en vais bien avant l'heure.

Veillez sur Elle, surtout.

I.L.


Il acheva sa bière d’un trait, tachant de se convaincre que vivre libre, c’était vivre seul... Puis il fit un détour par l'entrée du château comtal où il dû soudoyer un garde pour que ses quelques lignes soient lues par sa destinataire. Puis il s'en retourna vers sa grange, d'où il partirait à l'aube. C'était décidé.


Spoiler:
Au générique : Baloo .
Renaud.

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Don.
Le réveil est brutal. Bien plus que l'endormissement qui fut pourtant difficile à atteindre.
Dans ce grand lit vide d'un époux à sa recherche, la silhouette douloureuse de la parturiente se soulève sans ménagement. Redressée, le cœur en peur, la jeune femme porte à son ventre en souffrance, une main vaine. Il n'y a là aucune dysenterie à venir, ni tout autre trouble digestif. Ce qui vient, c'est la vie. Ce qui vient, c'est la mort. Chaque naissance produisait chez cette mère désormais aguerrie, un véritable bonheur certes, mais la perte certaine d'un peu de son temps, d'un peu de son âme. Descendants venaient grappiller de leurs petites mains potelées, les dernières parcelles d'une jeunesse étiolée.
Celui-ci serait le dernier, foi de Dana. Plus aucun ne pourrait lui retirer ce qu'il lui reste de vivacité, si toutefois elle parvenait à survivre à cette ultime épreuve, cette dernière délivrance.

Forte de cette idée - celle de ne plus jamais enfanter - Dôn quitte sa couche pour venir embrasser le sol des vivants, abandonnant à regret celui des rêveurs de ce monde. Les pieds bien ancrés au plancher de cette chambre empruntée à la bonté d'une Isaure aimée, la carcasse se tord lors d'un un instant de douleur. Un instant dont la durée lui semble aussi longue qu'une nuit de plein hiver. Rude et glaciale. Cinq doigts se crispent sur la panse étirée par les spasmes indépendants et ravageurs du travail entamé.

Une fois libérée des entraves imposées par la venue prochaine de son dernier né, Kerdraon poursuit sa route jusqu'à la porte de la piaule désormais maudite par son cœur apeuré. La senestre se doit de quitter l'arrondi cocon servant de bouclier pour cet enfant à naître, afin de saisir la poignée de l'huis se trouvant face à elle. Aucun affolement n'est à signaler, Dana se contente simplement de prendre sur elle et de tourner avec précaution, le bouton lui permettant de terrasser l'obstacle donnant accès au couloir. Ce dernier atteint, la voix tente de se faire entendre. Faible son, pour une faible femme. Lamentation sourde, suivie de près par un gémissement plus poussé, prouvant à quel point la douleur est désormais vive.
Le front blanc se plisse, et ses lèvres sèches blanchissent nettement lorsqu'elle réalise ce qu'il est en train de se dérouler, ici, au sein même du château comtal.

Un pas, puis deux. La force quitte son corps.
Trois et quatre. Le sang s'écoule, elle voit rouge.
Cinq, Roykness s'effondre, tombe.

Un long silence précède une nouvelle rafale de plaintes lamentables. Et c'est là, pitoyablement échouée, que fébrile, Dôn déplace ses doigts jusqu'à son entrejambe. Le constat est sans appel, en plus de devoir écarter une chemise totalement détrempée, elle doit gérer l'effroi s'installant lorsque nouvelle découverte s'assimile à celle-ci.
Sommet d'un crâne brun, est déjà bien engagé, et si personne ne se déplace jusqu'à elle, c'est seule qu'elle devra affronter une rencontre prématurée avec ce visiteur trop pressé.

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Isaure.beaumont
A l’heure où les âmes en peine noyaient dans les flots d’alcool leurs amours impossibles, à l’heure où les âmes esseulées confiaient leur sommeil aux bons soins de Morphée à défaut de leur époux absent, d’autres âmes connaissaient la douceur de longues retrouvailles qui venaient froisser les draps de soie.

Une fois son époux vaincu par la fatigue, Isaure glissa lentement hors du lit, retenant sa respiration de peur de le réveiller. Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, comme chaque fois qu’ils s’aimaient. Et tenaillée par la faim, elle rejoignit les cuisines après avoir enfilé quelques affaires sur le dos. Elle fouilla les gardes manger, plongea un doigt gourmand dans plusieurs crèmes préparées d’avance et termina les restes d’une tarte aux poires et amandes. Enfin rassasiée, elle reprit la route inverse et rejoignait seulement le couloir qui donnait sur leurs appartements quand des bruits de pas la figèrent sur place. Les sens en alerte, les doigts crispés sur la poignée, elle attendit anxieuse, sans oser bouger, bougie tremblotante dans l’autre main. Le garde, au petit trot, trop occupé à étudier le pli qu’il comptait glisser sous la porte des appartements comtaux, ne l’avait pas encore vue et manqua de la percuter.


-AH ! OH ! Votre Grandeur ! Je… J’ai… un message pour vous.


Elle lâcha la poignée, s’empara du pli qu’il lui tendait tandis qu’elle calait dans la main libérée du garde sa chandelle. Elle ouvrit la lettre, la parcourut rapidement des yeux, fronça les sourcils et releva le nez vers le pauvre homme.

- Rattrapez cet homme. Tout de suite. Et dites-lui qu’il est hors de question qu’il quitte Auch sans m’avoir dit adieu de vive voix et sans que j’ai pu le remercier comme il se doit. Et assurez-vous qu’on lui trouve une chambre au-dessus des écuries. Je le recevrai demain après-midi. Filez. Maintenant !

Et le garde obtempéra pendant que la comtesse consort, épuisée, regagna le lit conjugal et s’endormit blottie contre l’être aimé. Iwan serait rattrapé et conduit dans les dépendances du château, où il se verrait contraint de patienter jusqu’au moment où Isaure aurait enfin du temps à lui consacrer.

Si Isaure avait pensé goûter au repos toute la matinée, celle-ci fut en réalité fort chargée avec la visite d’Agnès. Les heures passèrent, l’après-midi fut généreusement entamée sans qu’elle ne songe un instant au pauvre Iwan qui devait attendre l’heure de l’entrevue. Quand elle se souvint enfin de lui, elle le fit appeler et conduire jusqu’au bureau dans lequel il lui plaisait de recevoir. Elle était dans le couloir quand Iwan apparut. Congédiant le page qui l’avait guidé jusque-là, et avant de l’inviter à pénétrer dans les lieux comtaux, elle le gratifia d’un sourire chaleureux.

- Avez-vous pu vous reposer convenablement ?

La main posée sur la poignée, au moment où elle ouvrait la porte, des plaintes, des cris et des pas se firent entendre un peu plus loin dans le couloir. Suspendant le geste et se tournant inquiète vers l’origine des cris, elle vit une jeune servante courir vers elle, jupes relevées, l’air paniqué.

- Votre Grandeur, votre Grandeur ! Votre invitée… Du sang ! Du sang ! Tombée. Du sang !

Ni une, ni deux. Leurs regards n’eurent qu’à se croiser et déjà la Beaupierre entrainait le breton dans son sillage. Au détour du couloir, à même le sol gisait son amie, haletante.

- Grand dieu ! Dana ! Iwan aidez-moi à la relever ! Vous, là ! Allez dire à Anna de …de… Du linge, de l’eau. Et une matrone. Et… et... Vous, aidez-nous à la soulever et installez-la dans notre chambre. Je veux qu’elle soit bien ! Qu’on ferme toutes les fenêtres, qu’on les calfeutre. Qu’on apporte de fleurs, qu’on me fleurisse cette pièce, en entier ! Qu’on allume un feu !

Et déjà la Saint Peyrus ouvrait la marche jusqu’à cette chambre qui, après avoir été le théâtre d’étreintes passionnées, serait le témoin d’une naissance inopinée. Il était fort à parier que ce soir, le couple comtal ait à gagner d’autres appartements.

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Anna_rosalie
Joan Petit que dança
Joan Petit que dança
Per lo rei de França
Per lo rei de Fr...


Elle s'arrêta net de chanter lorsque la porte de la lingerie s'ouvrit à la volée. Occupée à recoudre, à petits points précis, la doublure d'une des capes d'Octave, elle n'avait rien entendu du chahut qui avait lieu quelques couloirs plus loin.

Eh bien ? demanda-t-elle à la servante hors d'haleine.
C'est l'amie de la Comtesse. Le bébé... Du linge, du feu, des fleurs ! Il faut tout ! Et la matrone, et...

La pauvre fille s'arrêta, un air godiche vissé au minois. Incrédule, Anna la contempla quelques secondes, avant de se décider à prendre les choses en main. Reposant la cape sur la malle dont elle l'avait tirée, elle se leva, et extrait d'un coffre une pile de draps immaculés.

Trouve Iban ou Pierre, et envoie-le chercher une matrone. Puis mène donc un broc d'eau tiède et une bassine, ceux qu'ils utilisent pour les toilettes du matin. Je vais voir de quoi il retourne.

Et comme l'autre était toujours en train de se noyer dans son verre d'eau, elle l'expédia d'un bref :

Allez fainéante !

Puis elle prit la route des appartements ducaux, et y parvint en assez peu de temps, mais sans courir non plus, ayant une certaine tranquillité paysanne chevillée au corps. De toute façon, la nature était à l'oeuvre : L'issue de cette journée reposait entre les mains du Très-Haut.

Je suis là, Madame. dit-elle en poussant l'huis.

Elle adressa un sourire tranquille à la parturiente, allongée dans le lit conjugal, et déposa sur le grand coffre posé au bout du lit les linges qu'elle avait apporté. Puis, se tournant à nouveau vers Isaure, demanda :


Que voulez-vous que je fasse ? Le feu ?

Il valait mieux demander : Isaure avait des priorités que la raison ignorait.
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Isaure.beaumont
Dans l’effervescence de la chambre comtale, Isaure semblait étrangement sereine. Elle ordonnait, gourmandait et dirigeait les opérations comme elle le ferait de nouveau quelques heures plus pour le banquet. Elle peinait à croire qu’à peine un an plus tôt, à tout juste quelques lieues de là, elles avaient donné naissance, ensemble, au parfait Brynjar. Si elles avaient troqué l’hostile campagne auscitaine contre le luxueux confort d’une chambre comtale, le tableau restait sensiblement le même : Dôn de nouveau sur le point de donner la vie, Isaure, les entrailles toujours aussi vide, l’assistant et Theodrik, bien malgré lui, toujours aussi absent. Dôn enfanterait donc dans ce lit où Isaure avait consacré avant l’heure son union, scellant un peu plus leurs destins, liant toujours plus leurs âmes.

- Bénigayte, enfin Iwan, allumez le feu, puis sortez. Anna, mettez-moi dehors toutes ces dindes qui ne servent à rien et demandez quelque chose pour aider Dana à supporter les douleurs. Ce sera encore long. Quand pensez-vous que la matrone arrivera ?


Elle était encore bien loin d’imaginer qu’il suffirait d’une ou deux poussées bretonnes pour que le cri du nouveau-né ne ricoche contre les murs et que son écho ne se propage dans tout le château. D’un geste tendre, la Beaupierre vint éponger le front de son amie, avant de s’installer à son chevet.

- Voulez-vous que je vous lise un passage en particulier ? Ou me laissez-vous le loisir de choisir pour vous ? Que pensez-vous de la Création ? Ce serait fort approprié, n’est-ce pas ?

Elle ouvrit le livre des vertus dont elle s’était équipée et commença à tourner les pages jusqu’au passage recherché. Elle lut les premières lignes mais fut bien vite interrompue. Alors elle sut.

- Anna ! Allez faire prévenir Iban et dites-lui d’emmener Artémis loin du château, trèèèès LOIN. Maintenant !

Simple précaution : si Brynjar lui avait coûté Brocéliande-Burgondae, il était hors de question que Deirdre Jalousie ne la prive de cette jument qui lui était si chère.

Que devait-elle faire déjà ? Qu’importe, elle improviserait. Et oubliant tout le reste, jusqu’à la présence du pauvre Iwan qui se retrouvait prisonnier d’une agitation toute féminine, elle se campa devant l’amie, là même où elle s’était tenue presqu’un an plus tôt, prête à accueillir cet enfant d’une autre qu’elle aimerait pourtant comme le sien.


- Foutremouille ! Mais... il est presque là !!!!
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Don.
Perles de sueur se transforment en rideau de pluie. La frange habituellement raide, habillée de mèches ordonnées était désormais une triste représentation d'une jungle à l'humidité chaude. Les pailles cramées se déforment en lianes moites, contre lesquelles quelques céphalés viennent s'inviter, battant en rythme avec la pulsation des tempes. Inondée, le visage de Dôn se déforme à chaque poussée qu'elle ne peut plus retenir. Que ce soit durant le transport de son corps, ou bien lovée au centre du lit comtal, elle pousse sans s'arrêter. La tête est passée, et c'est tout bonnement impossible de retenir l'envie d'expulser cette petite partie étrangère à sa personne propre.
Isaure semble s'adresser à elle, une fois les recommandations et ordres donnés et pourtant, la siamoise en souffrance n'entend pas, n'écoute pas. L'agitation la dépasse, et c'est dans un nouveau flou qu'elle s'enfonce, ne travaillant plus qu'avec sa patience et son désir d'en finir au plus vite.
La chose sera aisée car en quelques poussées, deux ou trois seulement, l'enfant glisse et tombe tête la première dans les draps du couple Beaupierre. Nouvel être sanguinolent se tortille doucement, dans des gestes anarchiques, en espérant sans doute que quelqu'un lui vienne en aide. Cette dernière ne lui viendra pas de sa mère, qui épuisée, laisse retomber son crâne au centre d'un oreiller moelleux.

Les paupières sont closes, et le cœur battant. Quelques nausées surviennent, mais habituée à l'épreuve tout juste vécue, Dana n'en dit rien et se contente de prendre sur elle.
Enfin, elle parvient à déceler ce qui l'entoure, ceux qui sont là. La proximité qui lui est chère est celle d'un parfum connu et aimé. Celui d'Isaure, l'être auquel elle tient plus qu'à sa propre vie et qui surpasse toutes celles qu'elle pourrait chérir encore. Les autres arômes s'imposent en douceur, évidemment en retrait par rapport à celui de sa sœur. Goût de fer vient voler aux abords de son nez, le sang est présent et c'est une odeur que la Kerdragonne a toujours apprécié. On peut ensuite déceler le fumet d'un homme des champs, d'un homme de mines. Iwan, à la peau aussi salée que ses exhalaisons. Il a sauvé sa vie, et au simple souvenir de sa peau contre la sienne, un sourire vient embrasser les lèvres timides car éprouvées de la jeune mère.
Entre ses murs, flotte le parfum d'Octave et s'il est difficile pour Maëlweg de déterminer - les yeux fermés - s'il est dans la pièce, savoir qu'il y a séjourné plus d'une nuit paraît évident pour ceux qui ont déjà pu l'humer de près. Ou très près.
Au reste, elle laisse les parfums insidieux, ceux qui ne font vibrer que les concernés, ou pleurer les nostalgiques. Au reste, elle laisse ses déboires silencieux, et ses protestations trop bruyantes. Au reste, elle laisse le plaisir de découvrir, de ressentir.

Aujourd'hui elle s'arrête là, et s'apaise d'un sourire.

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Anna_rosalie
Je ne sais pas, Madame.

Iwan fera le feu, donc. Elle en déduit qu'Iwan était le jeune homme présent aux côtés des deux femmes. S'il n'avait tenu qu'à elle, il aurait été flanqué dehors — une chambre d'accouchée n'est certainement pas la place d'un couillu — mais puisque Isaure était en charge, elle se garda bien d'intervenir. A la place, elle s'occupa à pousser toutes les autres domestiques hors de la pièce, mandant à l'oreille de l'une d'entre elles d'aller chercher une infusion de pavot qui était rangé dans un petit coffret, sous son lit. Elle la fabriquait elle-même, entre autres remèdes, talismans et philtres qu'elle donnait ou vendait à moindre coût aux femmes du village, autrefois. Ici, elle n'avait pas encore osé réinstaller son petit commerce, d'autant que ses possibilités d'approvisionnement étaient moins certaines maintenant qu'elle ne passait plus ses journées à vagabonder avec ses chèvres. Et comme la servante à l'eau revenait des cuisines, elle récupéra le bassin et l'aiguière, et l'envoya à la place quérir une paire de forces propres, il les faudrait bien pour couper le cordon ombilical.

Isaure continuait à pépier à tort et à travers. Il était à présent question de sa jument, ce à quoi elle répondit calmement :


Je l'ai déjà envoyé quérir la matrone. Et, anticipant sans doute la question suivante : Ou bien Pierre. L'un des deux.

Mais la comtesse était déjà passée à autre chose. C'est à dire, à l'intérieur des cuisses de son amie. Elle se mordit la lèvre pour bien se retenir de rire au juron qu'elle poussa, et se pencha par dessus son épaule pour mieux voir de quoi elle parlait.

En effet. Cela ne sera plus bien long. Vous devriez aller lui tenir la main. Je crois que la bonne matrone pourra repartir aussi vite qu'elle sera venue.

Et Dana ne la fit pas mentir. En moins d'un quart d'heure, l'affaire était pliée, et Anna réceptionnait au creux d'un drap un nourrisson violacé. Une ficelle pour clamper le cordon, et un coup de tranchant ; voilà, c'est fait. D'un être y en a maintenant un second, qui s'agite et bêle à s'en fendre les poumons.

Anna, elle, sourit.


En route, le têtard.

Puisque la mère ne réclamait rien, sinon peut-être un peu de tranquillité, elle avait décidé d'entraîner l'être-humain miniature dans sa seconde rencontre avec les éléments : Après l'air, qui lui avait brûlé les voies respiratoires, l'eau. Un bain qu'elle donne, tranquillement, en essayant de rendre le gnome vagissant un peu plus présentable. Cela fait, et après un séchage en bonne et due forme, elle entreprit de l'emmailloter dans les langes que la servante nunuche (qui ne l'était peut-être pas tant, finalement) avait pris soin d'apporter. Et enfin, s'en fut faire les présentations. C'est à dire, elle tenait simplement le paquet dans ses bras, à proximité d'Isaure et Dana. A elles de voir si elle voudraient le récupérer ou non, elle s'était toujours dit que les riches avaient une autre façon de voir la maternité.
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Iwanig
Comme il l’avait escompté, espéré, Iwan, après cette soirée longue et triste comme un jour sans pluie sur le Léon, s’était écroulé d’asthénie et d’ébriété, trouvant là le sommeil réparateur dont il avait cruellement besoin depuis que le venin avait commencé à agir en lui… Les premières lueurs du jour étaient cependant vite venues l’extirper à cette quiétude passagère.

Ses affaires furent ramassées à la hâte dans sa besace et, puisque son ventre sonnait creux après y avoir mis trop de liquide la veille, il se mit en route en mâchant un bout de pain pas encore totalement sec. Il quittait Auch, y laissant la seule raison qu’il avait de sourire tout autant que celle de souffrir. Il avait toujours eu conscience qu’en tant que paysan et plus encore de va-nu-pieds, il n’était rien ni personne et cela l’accommodait même souvent, mais, désormais, l’ignorance dont le frappait l’être vers lequel toutes ses pensées étaient tournées accablait son âme d’une mélancolie pesante. Voilà pourquoi il s’était mis en route, toujours sans destination.


- Hep ! Toi là-bas ! Le jeune breton ne connaissait que trop bien cette voix, tous les soldats avaient la même, le même air dédaigneux en s’adressant à lui parce qu’il n’avait pas l’allure d’un honnête gueux qui se confesse et pisse à heure fixe. Il s’arrêta net.
- C’est toi l’vagabond qu’est v’nu m’trouver hier soir pour un message pour la Comtesse. Il opina du chef, pour toute réponse, c’était un fait. Elle veut t’voir.
- C’est… c’est impossible. Je pars. Je quitte la ville.
- J’crois t’as pas compris l’étranger ! D’ailleurs t’viens d’où ?!
Le ton, déjà rude au début, devenait franchement désagréable.
- Bretagne. Chaque mot pouvait être de trop, alors il valait mieux les économiser et ainsi limiter les risques. Le garde leva les yeux au ciel, comme dégoûté de cette origine douteuse.
- Ben j’sais vraiment pas c’que tu lui as raconté ni c’qu’elle peut t’vouloir mais elle veut t’voir donc tu’m suis.
- Je crois vous avoir dit que c’était impossible. Je ne représente rien pour la Comtesse ni qui que ce soit, mon départ ne lui importe pas, je vous assure. Vous devez faire erreur.
Bien que poli, le foeter bro commençait à bouillir également, quand le soldat posa sa dextre sur son épaule sans ménagement pendant que la senestre se mit à tapoter ses joues en mimant des claques.
-Ecoute l’Breton, t’viens là et sans discutailler.

Obéissant, Iwan ne dit rien. Il cogna. Un coup direct, du droit, dans la gueule du soldat, qui, surpris, avait été sonné quelques instants, mais Auch était une capitale comtale et les soldats n’étaient pas rares. Trois qui faisaient une ronde non loin venaient d’assister à la scène et arrivèrent en hâte. Malgré un physique solide, le Trégorrois ne pouvait faire le poids: deux à le tenir, un à le dérouiller, avant que le premier ne vienne s’en donner à cœur joie à son tour, enragé après avoir été frappé. Quelques coups violents dans le ventre creux qui ne manqua pas de rendre le maigre bout de pain englouti, l’arcade gauche éclatée et probablement une côte ou deux d’abîmées. Voilà ce que la gentille attention de la Comtesse et l’entêtement qui le caractérisaient avait rapporté à Iwan, qui fut ramené sans ménagement vers le château dans un cachot humide, logique.

- Quand tu sortiras d’là, tu diras que t’as glissé en montant au d’ssus des écuries. Pigé ?! Il n’y avait rien à répondre. Il avait compris. Le visage à demi couvert du sang séché qui s'était répandue par sa plaie au dessus de l’œil, bandée avec une de ses deux uniques chemises et ses côtes cassées, il avait connu situation plus agréable, comme par exemple lorsqu’il avait pu profiter d’une pierre lui labourant le dos sur les bord d’une rivière périgourdine. Mais la douleur physique avait la vertu de prendre le pas sur les affres sentimentaux uniquement de l’ordre du psychique. Là il souffrait dans sa chair et cela l’empêchait de se morfondre. Epuisé et las, il s’endormit et c’est quasiment reposé qu’il fut réveillé l’après-midi par le geôlier qui, sachant où il était attendu, eu la bonté de lui passer une baquet pour se débarbouiller et de lui passer une chemise en état acceptable, histoire d’être présentable devant la Beaupierre... et surtout d'éviter que l'épouse du Comte ne vienne chercher à savoir ce qui s'était passé.

Cette dernière l’attendait sans trop qu’il sache pour quoi… Sans doute pour tromper son ennui quelques instants pendant que son mari – dont elle parlait presque autant que de sa sœur – était occupé à gérer l’Armagnac. Il aurait à dire au revoir poliment, peut-être même
kenavo avec l’accent qui va bien, pour l’exotisme, et il pourrait retourner dans les oubliettes de ses errances noueuses. S’il y avait pensé avant, il n’aurait pas été à grimacer au moment de répondre au sourire aimable d’Isaure… Celle-ci, dans la pénombre du couloir, ne remarqua pas son visage marqué et n’en eut pas le loisir ultérieurement.

Une urgence. L’improbable œuvre du destin ou d’une être ô combien cruel avait voulu qu’il soit là, quand la Lumineuse allait mettre au monde l’autre être qu’il avait sauvé lors de cette nuit estivale. Plus sonné par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux que par les coups des miliciens du petit matin, il suivait les instructions à retardement, sa compréhension du français redevenant lacunaire dans ses circonstances inédites. Aussi délicatement qu’un homme hagard le pouvait, il aida la Beaupierre – qui ne portait pas grand-chose à vrai dire – à mener la parturiente jusqu’à la chambre comtale. Si ses facultés cognitives n’avaient pas été altérées par tous les événements de la journée, il aurait sans doute profité du décor somptueux qu’offrait ce genre de pièce, qu’il n’avait jamais vu et qu’il ne reverrait jamais plus. Mais non, il ne savait plus vraiment où il était ni qui il était… Sa place n’était assurément pas ici.

Un homme assister à un accouchement était déjà improbable et, plus encore, inconvenant. Mais d’une femme qui n’était pas la sienne l’était encore bien davantage… Rien que de savoir où regarder était un dilemme. Fuir, déserter cette pièce, au plus vite, c’était là l’objectif. Quitter la ville devenait secondaire à cet instant. Bien entourée désormais, il s’approchait de la sortie en rasant les mûrs quand un ordre vint le faucher en plein envol.


- Bénigayte, enfin Iwan, allumez le feu, puis sortez.

Kaoc’h ! (1),pensa-t-il, mais aussitôt il comprit qu’il avait son bon de sortie. Faire le feu… et il pourrait quitter cette pièce débordant d’œstrogènes. Il se mit donc de suite à l’ouvrage alors que la libération du petit être venait de s’achever. Un silence pesant s’installa et chacun de ses mouvements pour démarrer le brasier semblait résonner plus que de raison. Fort heureusement, la servante blonde du couple comtal fut bien vite de retour avec l’enfant dont il ignorait si le nom évoqué quelques soirs plus tôt en taverne serait finalement retenu.

Perdu dans ce nouveau monde, sans doute affamée, la petite se mit à pleurer, à hurler. Accroupi face à son bois qui peinait à prendre feu, la partie gauche du visage douloureuse de contusions, le corps endolori, Iwan se mot pourtant à chanter, sans savoir d’où surgissait ce vestige d’enfance.


Luskell ma babig war gribell an dour,
Dispak da ouel a red.
Luskell bepred ’raok an avelioù flour,
Sent ouzh ar stur bepred.
(2)

Le feu prenait… que foutait-il encore là ?!

Spoiler:
Traduction :
(1) Merde !
(2) Berce, ma barque, sur la crête des vagues,
Déploie bien vite tes voiles,
Berce toujours sous la caresse du vent,
Sois docile toujours au gouvernail.

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