Isaure.beaumont
Elle lécouta attentivement, hochant de temps à autre gravement la tête. Son regard ne quittait pas le faciès du jeune garçon, détaillant ses traits, guettant ses expressions comme si elle cherchait à y déceler un indice qui lui permettrait de le reconnaître de façon sûre, de pouvoir lui apporter cette réponse quil espérait tant.
Elle lécouta, compatissante, sans jamais linterrompre, peinant à retenir parfois une grimace de dégoût ou deffroi. Elle non plus navait pas connu ses parents, mais elle avait eu cette chance de grandir dans le confort et la sécurité des châteaux, le privilège de recevoir une éducation et le loisir de découvrir au travers de magnifiques portraits le visage de ce père quelle avait érigé sur un piédestal, quelle avait fantasmé en le parant des caractères et succès de ces grands hommes, dont les noms rimaient avec Eusaias et Sancte, quelle avait admirés et admirait encore.
Elle ne pouvait sempêcher de penser quelle avait bien eu plus de chance que le jeune Iban . Quoutre ses malheurs, elle avait échappé à un début de vie miséreuse, quand il avait baigné dans la fange. Et pourtant, à le regarder raconter son enfance, à lécouter et saisir les accents de sa voix, il lui sembla quil avait vécu une enfance plus pleine, plus heureuse et bien moins solitaire que la sienne. Lenfance du fils dIban semblait avoir été remplie daventures et de rires quand la sienne navait vibré que de rêves solitaires et dennui.
Et quand il eut terminé son récit, quand le silence entre eux se fit de nouveau, la Comtesse prit le temps de réfléchir aux mots quelle allait lui offrir, sans le lâcher des yeux, sans se départir de son air sérieux. Elle se pencha légèrement vers lui, au-dessus de la table, créant entre eux une atmosphère de confidence, mais avant que les mots aient pu franchir ses lèvres, le mouvement initié entraîna un déséquilibre de sa tour de papier et elle glissa avec. Elle disparut alors sous le bureau, sans pouvoir réagir, de la façon la plus ridicule qui soit, pour ne reparaître que quelques secondes plus tard, le teint échauffée par une honte cuisante et tâchant dagir comme si rien ne sétait passé. Son regard azur se posa sévèrement sur son jeune vis-à-vis, lui intimant par-là de ne pas en faire état.
- Hm. Je.. Donc.
Il lui fallut un peu de temps pour reprendre contenance. Elle se réinstalla, poussa sur le côté le fouillis de papier dun pied agacé et tira un peu plus le fauteuil vers la table.
- Et donc, vous pensez quIban Etxegorry est votre père Je crains cependant de devoir écorner lidée que vous vous en faites et vous dire quil nétait ni chevalier, ni noble. Sil est bien votre père, comme vous le croyez, apprenez alors quil était mercenaire mais que javais pour lui beaucoup destime. Il ma sauvée, alors que jétais en fâcheuse posture.
Elle ferma les yeux un instant, se laissant de nouveau entraîner dans ses lointains souvenirs, se perdant dans les méandres de sa mémoire, à la recherche dIban, de ses secrets, de ses traits. Elle se revit, jeune fille, insouciante avant que deux horribles bonhommes ne fondent sur elle. Puis elle le revit enfin, penchée sur elle, auréolé comme seuls les sauveurs savent lêtre. Alors elle rouvrit soudainement les yeux et fut frappée par la soudaine ressemblance des deux Iban. Le doute nétait plus permis.
- Vous lui ressemblez, vous savez ?
Elle se tut un instant, se colla dans le dossier moelleux et avant de poursuivre, elle fronça un court instant les sourcils.
- Je crois vous lavoir déjà dit, mais je suis redevable à votre père. Aussi je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider, aussi bien à vous élever quà faire la lumière sur votre père. Nous le retrouverons. Jai dailleurs écrit dès aujourdhui à de vieux amis qui lont également connu et qui pourront vous en parler bien mieux que moi. Peut-être sauront-ils nous dire où ils se trouvent désormais, car je refuse de croire quil est mort. Cet homme dont vous a parlé celle qui vous a recueilli nest pas votre père, lhistoire est erronée sur toute la ligne.
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Elle lécouta, compatissante, sans jamais linterrompre, peinant à retenir parfois une grimace de dégoût ou deffroi. Elle non plus navait pas connu ses parents, mais elle avait eu cette chance de grandir dans le confort et la sécurité des châteaux, le privilège de recevoir une éducation et le loisir de découvrir au travers de magnifiques portraits le visage de ce père quelle avait érigé sur un piédestal, quelle avait fantasmé en le parant des caractères et succès de ces grands hommes, dont les noms rimaient avec Eusaias et Sancte, quelle avait admirés et admirait encore.
Elle ne pouvait sempêcher de penser quelle avait bien eu plus de chance que le jeune Iban . Quoutre ses malheurs, elle avait échappé à un début de vie miséreuse, quand il avait baigné dans la fange. Et pourtant, à le regarder raconter son enfance, à lécouter et saisir les accents de sa voix, il lui sembla quil avait vécu une enfance plus pleine, plus heureuse et bien moins solitaire que la sienne. Lenfance du fils dIban semblait avoir été remplie daventures et de rires quand la sienne navait vibré que de rêves solitaires et dennui.
Et quand il eut terminé son récit, quand le silence entre eux se fit de nouveau, la Comtesse prit le temps de réfléchir aux mots quelle allait lui offrir, sans le lâcher des yeux, sans se départir de son air sérieux. Elle se pencha légèrement vers lui, au-dessus de la table, créant entre eux une atmosphère de confidence, mais avant que les mots aient pu franchir ses lèvres, le mouvement initié entraîna un déséquilibre de sa tour de papier et elle glissa avec. Elle disparut alors sous le bureau, sans pouvoir réagir, de la façon la plus ridicule qui soit, pour ne reparaître que quelques secondes plus tard, le teint échauffée par une honte cuisante et tâchant dagir comme si rien ne sétait passé. Son regard azur se posa sévèrement sur son jeune vis-à-vis, lui intimant par-là de ne pas en faire état.
- Hm. Je.. Donc.
Il lui fallut un peu de temps pour reprendre contenance. Elle se réinstalla, poussa sur le côté le fouillis de papier dun pied agacé et tira un peu plus le fauteuil vers la table.
- Et donc, vous pensez quIban Etxegorry est votre père Je crains cependant de devoir écorner lidée que vous vous en faites et vous dire quil nétait ni chevalier, ni noble. Sil est bien votre père, comme vous le croyez, apprenez alors quil était mercenaire mais que javais pour lui beaucoup destime. Il ma sauvée, alors que jétais en fâcheuse posture.
Elle ferma les yeux un instant, se laissant de nouveau entraîner dans ses lointains souvenirs, se perdant dans les méandres de sa mémoire, à la recherche dIban, de ses secrets, de ses traits. Elle se revit, jeune fille, insouciante avant que deux horribles bonhommes ne fondent sur elle. Puis elle le revit enfin, penchée sur elle, auréolé comme seuls les sauveurs savent lêtre. Alors elle rouvrit soudainement les yeux et fut frappée par la soudaine ressemblance des deux Iban. Le doute nétait plus permis.
- Vous lui ressemblez, vous savez ?
Elle se tut un instant, se colla dans le dossier moelleux et avant de poursuivre, elle fronça un court instant les sourcils.
- Je crois vous lavoir déjà dit, mais je suis redevable à votre père. Aussi je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider, aussi bien à vous élever quà faire la lumière sur votre père. Nous le retrouverons. Jai dailleurs écrit dès aujourdhui à de vieux amis qui lont également connu et qui pourront vous en parler bien mieux que moi. Peut-être sauront-ils nous dire où ils se trouvent désormais, car je refuse de croire quil est mort. Cet homme dont vous a parlé celle qui vous a recueilli nest pas votre père, lhistoire est erronée sur toute la ligne.
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