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[RP] La griffe du Lynx

Isaure.beaumont
Elle l’écouta attentivement, hochant de temps à autre gravement la tête. Son regard ne quittait pas le faciès du jeune garçon, détaillant ses traits, guettant ses expressions comme si elle cherchait à y déceler un indice qui lui permettrait de le reconnaître de façon sûre, de pouvoir lui apporter cette réponse qu’il espérait tant.

Elle l’écouta, compatissante, sans jamais l’interrompre, peinant à retenir parfois une grimace de dégoût ou d’effroi. Elle non plus n’avait pas connu ses parents, mais elle avait eu cette chance de grandir dans le confort et la sécurité des châteaux, le privilège de recevoir une éducation et le loisir de découvrir au travers de magnifiques portraits le visage de ce père qu’elle avait érigé sur un piédestal, qu’elle avait fantasmé en le parant des caractères et succès de ces grands hommes, dont les noms rimaient avec Eusaias et Sancte, qu’elle avait admirés et admirait encore.

Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait bien eu plus de chance que le jeune Iban . Qu’outre ses malheurs, elle avait échappé à un début de vie miséreuse, quand il avait baigné dans la fange. Et pourtant, à le regarder raconter son enfance, à l’écouter et saisir les accents de sa voix, il lui sembla qu’il avait vécu une enfance plus pleine, plus heureuse et bien moins solitaire que la sienne. L’enfance du fils d’Iban semblait avoir été remplie d’aventures et de rires quand la sienne n’avait vibré que de rêves solitaires et d’ennui.

Et quand il eut terminé son récit, quand le silence entre eux se fit de nouveau, la Comtesse prit le temps de réfléchir aux mots qu’elle allait lui offrir, sans le lâcher des yeux, sans se départir de son air sérieux. Elle se pencha légèrement vers lui, au-dessus de la table, créant entre eux une atmosphère de confidence, mais avant que les mots aient pu franchir ses lèvres, le mouvement initié entraîna un déséquilibre de sa tour de papier et elle glissa avec. Elle disparut alors sous le bureau, sans pouvoir réagir, de la façon la plus ridicule qui soit, pour ne reparaître que quelques secondes plus tard, le teint échauffée par une honte cuisante et tâchant d’agir comme si rien ne s’était passé. Son regard azur se posa sévèrement sur son jeune vis-à-vis, lui intimant par-là de ne pas en faire état.

- Hm. Je.. Donc.

Il lui fallut un peu de temps pour reprendre contenance. Elle se réinstalla, poussa sur le côté le fouillis de papier d’un pied agacé et tira un peu plus le fauteuil vers la table.

- Et donc, vous pensez qu’Iban Etxegorry est votre père… Je crains cependant de devoir écorner l’idée que vous vous en faites et vous dire qu’il n’était ni chevalier, ni noble. S’il est bien votre père, comme vous le croyez, apprenez alors qu’il était mercenaire mais que j’avais pour lui beaucoup d’estime. Il m’a sauvée, alors que j’étais en fâcheuse posture.

Elle ferma les yeux un instant, se laissant de nouveau entraîner dans ses lointains souvenirs, se perdant dans les méandres de sa mémoire, à la recherche d’Iban, de ses secrets, de ses traits. Elle se revit, jeune fille, insouciante avant que deux horribles bonhommes ne fondent sur elle. Puis elle le revit enfin, penchée sur elle, auréolé comme seuls les sauveurs savent l’être. Alors elle rouvrit soudainement les yeux et fut frappée par la soudaine ressemblance des deux Iban. Le doute n’était plus permis.

- Vous lui ressemblez, vous savez ?

Elle se tut un instant, se colla dans le dossier moelleux et avant de poursuivre, elle fronça un court instant les sourcils.

- Je crois vous l’avoir déjà dit, mais je suis redevable à votre père. Aussi je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider, aussi bien à vous élever qu’à faire la lumière sur votre père. Nous le retrouverons. J’ai d’ailleurs écrit dès aujourd’hui à de vieux amis qui l’ont également connu et qui pourront vous en parler bien mieux que moi. Peut-être sauront-ils nous dire où ils se trouvent désormais, car je refuse de croire qu’il est mort. Cet homme dont vous a parlé celle qui vous a recueilli n’est pas votre père, l’histoire est erronée sur toute la ligne.

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Iban_etxegorri
Lorsque la Comtesse disparut derrière son bureau. Iban pouffa de rire avant de se reprendre aussitôt et de retrouver son sérieux. La scène avait néanmoins eu le don d'alléger l'esprit du garçon, tout crispé qu'il était après ses amères confidences. Elle s'apprêtait à lui en dire plus sur son passé. Cela, pensait-il, déferait peut-être certains des noeuds endurcis et serrés qui alourdissaient sa jeune âme.

Un mercenaire.

En lieu en place de réconfort, ce fut une gifle qu'il reçut. Au fil de mots de la comtesse, le tableau magnifique qu'il s'était peint de son père se décomposait à toute allure. Quinze années d'un ouvrage précis et minutieux, les teintes vives de son regard bienveillant, celles sévères de son front glorieux, son bras sûr et courtois, sa stature de maître d'arme et de serviteur de l'Eglise, ses exploits, ses batailles : tout était gâté. Ne restait plus que l'ombre confuse d'un mercenaire dont il ne connaissait plus rien. Si la pièce avait été moins obscure, la comtesse aurait vu la pourpre monter dans l'instant sur le visage défait du jeune homme. Prostré dans un cinglant dépit, il la fixait du regard.

Il lui ressemblait. Grand bien lui fasse ! Il ressemblait à ce père dont la mémoire lui ôtait tout espoir de chevalerie. La comtesse poursuivit mais Iban ne l'écoutait plus. Il broyait en serrant les dents la déception et la colère que lui inspiraient ces révélations. Il ne revint à ses esprits que lorsqu'elle évoqua la possibilité que son père soit encore en vie.

Espoir inattendu. Que de confusion dans le coeur de l'orphelin. C'en fut trop. Il fallait qu'il s'en aille avant que son coeur ne déborde. Il ne savait que dire. Hurler ou s'enfuir. Il vacilla.


- Puis-je disposer, Madame ? Je... J'ai besoin de repos. marmonna-t-il en baissant la tête.
Anna_rosalie
Revenons à notre petite servante.

Elle avait abandonné séance tenante les affaires d'Iban aux bons soins d'une autre domestique — quelle tristesse, vraiment ! — pour accourir aux soins d'Isaure qui la réclamait. Il fallut donc nourrir et attifer la dame de céans ; l'affaire n'était pas mince quand on connaissait l'animal, et Anna était persuadée de n'avoir encore aperçu que la partie émergée de l'iceberg. Et puis elle s'en fut à son rendez-vous avec le sémillant Iban. Pendant ce temps là, la Cadoret eut, quant à elle, la joie de faire disparaître de la chambre conjugale toute trace de la folle nuit qui y avait eu lieu quelques heures auparavant. Les activités nocturnes du comte et de la comtesse forçaient d'ailleurs le personnel à changer bien trop souvent les draps, ce qui n'était au goût ni des femmes de chambre, ni des lavandières, ni des lingères. Elle, cela l'amusait plus qu'autre chose. Et en donnant quelques claques bien senties sur les coussins de plumes, elle s'imaginait, sourire aux lèvres, se rouler dans un tel plumard avec un quelconque amant, ce serait certes beaucoup plus commode que les matelas de paille et les tapis de mousse qu'elle avait connu jusqu'à présent.

La suite du plan ? Une fois qu'elle eut terminé son rangement, le tout était de ne pas repasser par les alentours des cuisines. Histoire que quelqu'un ne trouve pas la bonne idée de lui assigner une nouvelle tache ingrate, elle préférait encore s'isoler à l'étage des domestiques avec quelques chemises à repriser. Ses pas la menèrent donc vers la lingerie, son repère, elle aimait particulièrement s'y ménager quelques heures calmes de travaux d'aiguille loin de l'agitation du reste de la mesnie. Sauf qu'en y allant, elle passa devant la chambre d'Iban. Quel mal y aurait-il à faire une pause et à l'attendre ? C'est que cette histoire d'entretien privé avec Isaure avait titillé la curiosité de sa servante, qui n'avait d'ailleurs pas besoin de tant pour mettre en route ses antennes de commère. Mais si elle entendait, elle se gardait toujours bien de répéter.

Bon, sauf en cas de force majeure. Par exemple, les fois où Isaure se jetait seule en pleine nuit sur les routes.

La porte de la chambre du garde n'était pas verrouillée, et le désordre ambiant indiquait qu'il s'était préparé en grande hâte. Ou qu'il était complètement bordélique. Elle sourit, et enjamba un tas de linge non identifié, pour venir poser ses fesses sur le pageot. Deux minutes s'écoulèrent. Puis cinq. Et comme elle commençait à bailler, elle se dit que ce serait vraiment dommage de ne pas en profiter. Et ni une ni deux, avec une remarquable et complète absence de gêne, elle s'allongea, et s'endormit presque aussitôt.

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Iban_etxegorri
A la sortie de son entrevue avec la Comtesse, Iban erra un peu dans les couloirs. Il ne savait que penser ou que faire. Un garde vint lui apporter un message du Comte. Il avait rendez-vous le lendemain à l'aube dans la cour du château avec ce dernier. Le jeune homme, l'esprit ailleurs, enfouit l'information au moment où on lui la donnait. Son esprit baignait dans une étrange torpeur. Son crâne brulait. Assommé par la confusion, il se décida finalement à remonter dans sa chambre en silence. Il croisa au passage la servante craintive qu'il avait effrayé en descendant, mais elle ne le reconnut pas et il n'avait de toute façon plus le coeur à la facétie. Arrivant devant la porte de son antre, il ne se rendit même pas compte qu'elle était entre-ouverte. Il entra, referma la porte derrière lui et tomba accroupi, adossé contre cette dernière. Sans un mot, il tira sa dague de son fourreau et se mit à gratter nerveusement de sa lame le plancher déjà abîmé par les ans. Le raclement était doux, régulier, implacable. Des larmes montèrent à ses pupilles bleues qu'il essuya d'un revers de poignet avant qu'elle ne dévalent. Que penserait Anna si elle le voyait pleurer comme une péronnelle? Il renifla, rangea sa navaja et se remit debout. Ses jambes étaient toutes engourdies et un besoin soudain de sommeil lui tomba sur les épaules. La journée avait à peine commencé, qu'il espérait déjà qu'elle touche à sa fin. Il s'approcha du lit et s'arrêta net.

Une apparition tout droit sortie d'un conte occupait déjà sa couche. Une belle à la chambre dormant. Blonde comme les blés. Calme comme un soir d'été. Iban s'assit discrètement sur le rebord du lit et contempla un moment la belle endormie. Il ne connaissait pour lors les femmes qu'à travers la générosité et l'indulgence de sa mère d'adoption, des baisers volés à des filles enlaidies par la misère et la vulgarité, et la lubricité de quelques passes dans les bordels crasseux de la capitale. Cette femme-là était différente. Elle était ravissante et vive. Elle était vertueuse. Dans l'obscurité et le chaos présents de son âme, seule Anna, sa beauté et la perspective de pouvoir les conquérir offraient au jeune homme un chemin à suivre. Il étendit la main pour caresser la joue de la jeune femme. Que ne donnerait-il pour poser ses lèvres sur celles si pures de cette jouvencelle? Il n'était point temps cependant de jouer au prince au risque de rompre le charme. Briser un si beau sommeil eut été criminel.

Elle frissonna. Dans le plus grand silence, Iban se leva, ramassa la couverture qui était sur le sol et en couvrit avec le plus grand soin le corps de la jeune femme.

Puis, saisissant son arc, il jeta un dernier regard au délicieux tableau et s'en fut sur la pointe des pieds.
Akelarre
Le soir venu

La soirée battait son plein dans la taverne des Trois Ours. Plaisants et ivrognes y étaient si nombreux qu'on était bien en peine de pouvoir en sortir sans se frayer un passage à grands coups d'épaules au milieu des assoiffés, le tout dans un vacarme à réveiller les morts. L'air étouffant puait la sueur, l'urine et la fermentation des gobelets et des estomacs. A l'opposé du comptoir, dans un recoin un peu plus calme, un borgne à la carrure de boeuf ruminait en silence en observant la masse grouillante de ses congénères.

"Qu'as-tu mon beau ? Tu n'apprécies pas la fête ? Chagrin d'amour ou mauvaises affaires?" lui lança une serveuse qui s'était approchée de lui. Elle était grande et fière. Son teint hâlé et ses bijoux sonores ne laissaient aucun doute quant à son appartenance à une troupe de gitans. Il ne l'avait jamais vu dans cet établissement. Sans doute était-elle de passage avec sa clique et cherchait à gagner trois sous.

"Ni l'un ni l'autre, mignonne. La journée fut longue et je suis fourbu. Mais peut-être que tu sauras me rendre un peu de ma vigueur." répondit-il en lui flanquant crûment sa main au postérieur, "Il paraît que les femmes de ta sorte connaissent des merveilles venues d'orient. Qu'en dis-tu, l'Egyptienne?"

Elle attrapa son poignet et le rabattit sèchement sur la table.

"Je connais pas ce genre de magie-là mon grand, en tout cas pas ce soir et pas avec toi." dit-elle en un mélange de fermeté et d'ironie. Elle approcha son visage de son oreille comme pour lui faire une confidence."Par contre, pour deux sols, j'ai le don de te prédire bien des choses sur ce que le sort te réserve."

L'escogriffe partit d'un grand rire.

"Ha ! ha ! Je connais vos tours de passe-passe minables et vos balivernes à vous autres ! Ne perd pas ton temps, va !"

Elle insista : " Tu as tort, mon grand. Laisse-moi essayer, et tu pourras me payer ensuite, si tu ne me crois pas."

Le borgne opina du chef. Après tout, c'était l'occasion de garder la donzelle dans le coin, et de tenter une nouvelle approche un peu plus tard qui s'avérerait peut-être plus réussie. Il lui tendit sa main.

"Vas-y, raconte moi tout."

Elle se saisit de la paume tendue et en scruta intensément les lignes.

"Tu as supprimé un homme il y a dix ans" lui dit-elle en relevant les yeux.

"J'en ai tué beaucoup depuis vingt ! Si c'est là tout ce que tu peux deviner..." rétorqua-t-il goguenard. Elle baissa de nouveaux les yeux sans lui prêter attention.

" Celui-là n'est pas comme les autres. Tu as perdu nombre de tes compères ce soir-là. Brun, fier, la cape vermeil, des griffes de Lynx" murmura-t-elle. Le borgne retira aussitôt sa main comme si elle l'avait brûlée.

"Comment sais-tu ?! Diable de femme ! Qui te l'a dit?" lui lança-t-il avec surprise et colère.

"Personne. C'est écrit dans les lignes. Attends, laisse-moi voir." dit-elle calmement en reprenant la main du mercenaire. "Il est vivant."

"Impossible. J'ai vérifié moi même l'état de son cadavre. Une dague dans le coeur et une chute de quatre étages. Ca n'était pas vraiment la peine, mais le chef a insisté." marmonna le borgne, qui se laissait absorber peu à peu par la performance de la magicienne. " Il ne peut être en vie, que vois-tu?"

La voix de cette dernière se fit plus grave et plus tranchée.

"C'est son fils. Il est jeune, mais possède le talent et la cruauté de son père. Il est ici, à Auch. Tout rempli d'un désir brûlant de vengeance. Il connaîtra bientôt les noms des assassins. S'il les apprend, ils sont condamnés."

Le borgne se leva d'un bond de son siège.

"Arrête-toi !" hurla-t-il en la repoussant. Son front dégoulinait de sueur. Le grand gaillard ramassa son barda et se pressa vers la sortie aussi effrayé que s'il avait eu une apparition d'outre-tombe.

Le regardant s'enfuir, la serveuse se leva calmement. Il avait oublié sa bourse. Elle la ramassa et se dirigea vers l'escalier qui menait aux chambres, un sourire aux lèvres. Il était décidément bien facile de berner les hommes de guerre. Le crime appelle le crime.

Arrivé en haut, elle entra dans sa chambre et en ferma la porte à double tour. Plus aucune trace de la gitane. Sa peau était à présent de la blancheur d'un linge et de longs cheveux noirs et lisses la couvraient jusqu'à la taille. Lentement, elle ouvrit le coffre qui pourrissait dans un coin de la chambre, et en tira une petite statuette grossièrement taillée dans du bois de hêtre. Elle l'observa un instant et la dépoussiéra avant de se diriger vers la cheminée. Le feu mourant jetait dans la pièce ses ombres inquiétantes. Elle posa la nouvelle statuette sur le mantel à côté des deux autres.

Son oeil de serpent brilla d'une lueur de satisfaction.

Ils étaient de nouveau là tous les trois : le Lynx, la Louve et la petite Lionne.*


le début de l'histoire, c'est par ici...
Isaure.beaumont
Il avait demandé à se retirer. Si elle fut étonnée de voir l’entretien se clore si rapidement quand elle avait pensé échanger encore un instant avec lui, elle n’en montra rien et hocha simplement la tête, l’autorisant à quitter les lieux. Quand la porte se fut refermée sur le jeune garçon, les yeux rivés dessus et encore toute à ses pensées, elle demeura seule de longues minutes, silencieuse et immobile. Ce fut un éclat de voix dans le couloir, deux domestiques qui se tançaient, qui la ramena à la réalité. La luminosité avait baissé et alors qu’elle s’apprêtait à quitter à son tour la pièce, elle se souvint des papiers qui recouvraient le parquet. Disparaissant sous le bureau, elle entreprit de tout rassembler en un tas qu’elle reposerait sur le plateau de travail. C’est ainsi donc, à genoux, sous la table de travail, marmonnant toute seule, que son époux la trouva. Elle vit ses pieds avant de l’entendre, se heurta la tête en voulant se redresser, marmotta quelques explications quant à son activité présente et le tas de feuillets retrouva de nouveau le sol. Il ne serait pas dit que, dans ce bureau, le couple comtal ne prenait pas au sérieux tous ses devoirs, même conjugaux.

[Quelques jours plus tard]

Fait rare pour être souligné, la comtesse s’était levée la première. Elle s’était extraite avec une extrême précaution du lit, soulevant doucement le bras de son époux avant de le reposer sur l’oreiller qu’elle avait glissé à sa place. Elle s’autorisa à le regarder dormir quelques minutes, le cœur gonflé d’amour et après s’être penchée doucement sur lui pour déposer un léger baiser sur la tempe de l’endormi, elle quitta la chambre à pas de loup. Anna vint l’aider à revêtir sa tenue de cavalière et à coiffer ses cheveux de sorte de ne pas être gênée dans sa cavalcade. Et tandis que la jeune gouvernante prenait le chemin des cuisines desquelles elle devait rapporter à sa maîtresse le repas à emporter, la comtesse prenait, elle, la direction des écuries où elle retrouva bien vite Iban affairé à préparer les bêtes. Artémis avait été soigneusement pansée, et le jeune garçon la harnachait consciencieusement.

- Le bonjour à vous, Iban.

La Beaupierre le rejoignit dans la stalle, posant une main douce sur la croupe lustrée de sa monture.

- Laissez, je vais terminer. J’aime ce moment de préparation et votre monture attend que vous la prépariez avec le même soin.

Elle lui offrit un sourire et déjà venait flatter l’encolure de la jument qui, amicalement, était venue poser son museau contre sa hanche pour chercher une caresse. Elle termina donc de la harnacher et était occupée à tresser la crinière sombre d’Artémis quand Anna parut.

- Ah, notre repas ! Iban. Préparez une troisième monture rapidement. Anna nous accompagnera.

Ce n’était pas prévu, mais la vue de la jeune silhouette hésitante à l’entrée des écuries lui rappela que la frêle Anna n’était pas à l’aise avec la gent équine et qu’il serait bon qu’elle s’y habitue rapidement en vue du long voyage et des goûts de ses maîtres en matière de transport.

- Approchez mon enfant, approchez, n’ayez pas peur. Il vous faudra savoir tenir en selle, par tous les temps, par toutes les allures.
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Anna_rosalie
La journée démarrait pourtant sur un bon pied. Madame avait décidé d'aller monter à cheval, ce qui assurait à Anna une relative tranquillité jusqu'au soir. L'emploi du temps était déjà fait : Une fois qu'Isaure serait expédiée en balade, elle irait au marché acheter de quoi nourrir Octave et le reste de la mesnie, elle avait pensé à faire du boeuf à la sauce cameline, accompagné de quelques légumes, et en dessert, de la compote pomme-coing, et quelques figues rôties. Et après le repas, sans doute pourrait-elle emmener Caïa en promenade ramasser quelques fleurs et feuilles, elle avait décidé de lui faire faire un herbier. Hélas, trois fois hélas, aucun de ces beaux projets ne verrait jamais le jour.

L'agneau qui se jette dans la gueule du loup. L'innocence sacrifiée à l'abattoir.

Elle vint à l'écurie, tenant serré dans un torchon du pain, un talon de jambon, des figues et du raisin, lesquels devraient constituer le déjeuner d'Isaure et Iban, ainsi qu'une bouteille de vin qui agrémenterait le tout. Notons qu'au passage, la coquette Anna avait pris soin de glisser dans le peigne qui maintenait ses cheveux trois petits brins de lavande, et de se pincer les joues pour les faire paraître plus roses — c'est que, Dieu sait pourquoi, elle avait envie de paraître à son avantage.

Malheureusement toute la joliesse du monde n'aurait pu lui éviter ce qui allait se produire. Isaure s'était mis une idée en tête. Et quand cela se produisait, même le Tout-Puissant n'aurait pu l'en déloger. Anna se glaça à peine entrée dans l'écurie. Approcher... Elle en avait de bonnes ! Elle n'avait pas du tout envie d'approcher. Les chevaux, c'était bien de loin. Pour les autres. Pour les garçons et les grandes dames qui allaient à la chasse. Qu'irait-elle faire sur le dos d'un canasson, elle ? Pincement ou pas, le sang avait quitté ses joues. Elle avait toujours en tête ce vieux souvenir d'enfance, un voyageur inconnu traversant le village au grand galop, un seul pied à l'étrier, traîné derrière son cheval, crâne ensanglanté heurtant chaque pierre du chemin.

Elle frissonna, et lutta contre le vent de panique qui s'installait dans ses entrailles, alors qu'elle s'approchait précautionneusement, pieds nus enjambant quelques cadeaux déposés au sol par les hôtes de ces lieux. Pouvait-elle vraiment avouer ses peurs ? Connaissant la Beaupierre, elle savait que cette dernière n'en aurait cure, et même, pour la vacciner, serait capable de l'installer en selle et de coller une bonne claque sur le cul de la bourrique. Elle garda donc les yeux rivés au sol, suivant la technique éprouvée du "profil bas" qu'elle s'appliquait à mettre en oeuvre au quotidien.

Et murmura, pour elle-même :


Allez. C'est juste une grosse chèvre.
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Beaumont
http://staticsforum.lesroyaumes.com/images/avatars/7111246355b86548d5ebfc.jpg

Réveillé par les premières lueurs du jour, Iban ouvrit la fenêtre de sa mansarde et observa la campagne environnante. Délaissant sa robe de nuit, le ciel s'étirait de tout son long, presque limpide. Auch somnolait encore, imperturbable malgré l'appel lancinant de quelques cloches lointaines. Le jeune homme se rendit en toute hâte aux écuries pour préparer les chevaux. La comtesse avait décidé qu'elle irait faire un tour en forêt et la perspective de ce jour d'école buissonnière n'était pour déplaire à Iban qui venait de subir une rude semaine d'entrainement. Enjoué par l'approche de cette escapade inespérée, le jeune homme se mit à panser vigoureusement la cavale de la comtesse pour qu'elle soit prête au départ.


Sa grandeur ne tarda pas à faire son apparition. Elle semblait dans un de ces bons jours. La promenade s'annonçait sur les meilleurs auspices. Lorsqu'elle lui annonça la venue d'Anna, plus rien ne pouvait plus combler encore les espérances du jeune homme. Il laissa la comtesse terminer l'ouvrage qu'il avait entamé et prépara sa monture. S'il était encore piètre cavalier, n'ayant commencer à apprendre l'art équestre que depuis quelques jours, Iban s'en sortait plutôt bien lorsqu'il était juché sur un canasson. Son agilité et la patience dont il savait faire preuve dés lors qu'il s'agissait d'amadouer les animaux, étaient de précieux atouts.


Une fois son cheval préparé, il noua les rênes à une poutre pour éviter que l'animal ne s'en aille vadrouiller et se dirigea vers Anna qui était arrivé avec les victuailles et semblait bien en peine.



"N'ayez crainte", lui souffla-t-il, "Votre jument est une brave bête. Cachez-lui vos craintes et elle se montrera docile."


Tout en essayant de rassurer sa belle, il s'employa à harnacher le coursier, en vérifiant bien que tout soit serré et placé comme il faut. Lorsqu'il eut terminé, il tendit sa main à Anna.


"Allons, prenez confiance. Vous allez devenir une bien fière cavalière."


Et les yeux toujours plongés dans ceux de la blonde demoiselle, il demanda en haussant la voix :


"Où donc souhaitez-vous que nous nous rendions, votre grandeur? Du côté de Montégut ou vers le bois de Touget?"
Beaumont


Réveillé par les premières lueurs du jour, Iban ouvrit la fenêtre de sa mansarde et observa la campagne environnante. Délaissant sa robe de nuit, le ciel s'étirait de tout son long, presque limpide. Auch somnolait encore, imperturbable malgré l'appel lancinant de quelques cloches lointaines. Le jeune homme se rendit en toute hâte aux écuries pour préparer les chevaux. La comtesse avait décidé qu'elle irait faire un tour en forêt et la perspective de ce jour d'école buissonnière n'était pour déplaire à Iban qui venait de subir une rude semaine d'entrainement. Enjoué par l'approche de cette escapade inespérée, le jeune homme se mit à panser vigoureusement la cavale de la comtesse pour qu'elle soit prête au départ.


Sa grandeur ne tarda pas à faire son apparition. Elle semblait dans un de ces bons jours. La promenade s'annonçait sur les meilleurs auspices. Lorsqu'elle lui annonça la venue d'Anna, plus rien ne pouvait plus combler encore les espérances du jeune homme. Il laissa la comtesse terminer l'ouvrage qu'il avait entamé et prépara sa monture. S'il était encore piètre cavalier, n'ayant commencer à apprendre l'art équestre que depuis quelques jours, Iban s'en sortait plutôt bien lorsqu'il était juché sur un canasson. Son agilité et la patience dont il savait faire preuve dés lors qu'il s'agissait d'amadouer les animaux, étaient de précieux atouts.


Une fois son cheval préparé, il noua les rênes à une poutre pour éviter que l'animal ne s'en aille vadrouiller et se dirigea vers Anna qui était arrivé avec les victuailles et semblait bien en peine.



"N'ayez crainte", lui souffla-t-il, "Votre jument est une brave bête. Cachez-lui vos craintes et elle se montrera docile."


Tout en essayant de rassurer sa belle, il s'employa à harnacher le coursier, en vérifiant bien que tout soit serré et placé comme il faut. Lorsqu'il eut terminé, il tendit sa main à Anna.


"Allons, prenez confiance. Vous allez devenir une bien fière cavalière."


Et les yeux toujours plongés dans ceux de la blonde demoiselle, il demanda en haussant la voix :


"Où donc souhaitez-vous que nous nous rendions, votre grandeur? Du côté de Montégut ou vers le bois de Touget?"


Posté pour JD Iban
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