Nuit bruisse et octobre étend ses derniers jours.
A Vésone, les bagages de Faust ont été chargés à la voiture que lon attellera dès Potron-Minet et Paris comme destination, dessine déjà à ses flancs les lancinantes distances ; depuis combien de temps ne sest-on pas quitté ?
Aux draps éventrés, tête bêche, lon a inversé les polarités, mondes renversés dun filigrane de soirée et lon a confié secrets la bouche pleine ; il reste çà et là, de discrets reliquats, les traces éphémères des mots tracés de nacre comme autant de sarments au brasier vif des chairs.
Citation:
Elle t'aime... Je ne sais pas si je suis choqué ou juste jaloux. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je ne sais plus.
F.
Citation:Ce quaime Perceval chez moi, cest lamour que tu me portes. Elle l'ignore seulement.
Là, jen crève, tu le sais, de ces curs qui soupirent pour toi et celui là Faust, est bâti du même bois que le mien. Quand il aime, il naime quun.
Perceval est ma rivale. Pas la tienne.
Là, je taime, naime que toi.
Toi
Moi.
Nous.
A.
Je nai pas envie que tu partes. Je voudrais rester.
Jai envie que tu viennes. Je voudrais taccompagner.
Présent assoit aux plumes frémissantes dun trouble encore palpitant les circonvolutions de ses élans dautomne et si la gorge sentrave, ce nest plus au pli des antipodiques colères mais au parfum des horizontales perspectives.
Depuis combien de temps na-t-on pas dormi seul ?Citation:Perceval est amoureuse de toi, je te le dis. Je lui ai posé la question, et sa réponse était trop hésitante et trop absconse pour ne pas me conforter dans ma conviction. Et cela crève les yeux. On ne répond pas " je crois que non" à ce genre de question. Je crois que cela me blesse. Qu'on t'aime passe encore, mais que ce soit elle... Je crois que je me suis fait des idées. Et que cette petite claque me remet les idées en place. J'ai été présomptueux de penser qu'elle pouvait s'amouracher de moi qui de toutes façon ne regarde que toi , ce n'est qu'une fille, et les filles devant toi ne font pas un pli, et puis, ce sont de vraies girouettes, c'est bien dans leur nature. Je déteste tant leur nature. Perceval ce soir n'avait rien d'un garçon. C'est une fille comme les autres, je l'ai vu de mes yeux. Elle t'aime je te dis. Range tes jolis mots, la vérité est là. Et tu le sais. Et moi, j'ai pris un seau d'eau sur la trogne. Si je m'étais attendu à ça...
Je suis jaloux de la façon dont elle te regarde parce que je me méfie des filles, elles ont toujours fini par emporter mes amants. Ansoald est parti se marier, et quand je suis rentré dans les ordres, Lestat a aussi pris épouse. Ses yeux sur toi, je ne les aime pas. Et ne tente pas de me rassurer, les autres aussi m'aimaient mais les femmes ont quelques pouvoirs que je ne m'expliquerai jamais.
Je suis jaloux qu'elle m'ait couché de tendres mots pour arriver ici et changer si brutalement. Nos conversations sont stériles, là où elle se trouble d'un seul mot de toi. mon égo en prend un coup, je n'ai pas de raison de te le cacher.
Citation:Je ne suis pas Lestat , encore moins Ansoald et je hais que tu my compares encore, comme je hais chacun deux de tavoir appris comme leçon que tu nétais pas Unique et Absolu, comme je crève quhier soir, tu sois allé chercher réconfort auprès de lui plutôt quauprès de moi.
De fait, Perceval nest pas un garçon, et cela, tu las toujours su.
Je suis jaloux delle depuis la première heure et aujourdhui que tu la déshabilles jusquau cru, cela ny a pas le gout que jespérais ; je navais pas compris quil était si important quelle taime aussi follement que je taime, quà ta façon, tu laimais aussi, que tu es déçu bien plus que froissé, et cela écrase chacun de mes os.
Sur la cuisse de Faust, le coude dAlphonse esquisse lombre serpentine dun angle arrondi et les doigts tracent dinfinies arabesques à la hanche quils frôlent ; langage de buée, Tabouret y plante des fleurs, des runes, et parfois, la pointe dun cur, peintre du dimanche, condamné de semaine.
Dos au sommier, Patrocle a le vertige, autant quà ces jours dété où, à lherbe du jardin, nez planté à de céruléennes teintes traversées dun unique nuage, lon se prend à penser que le sol est le ciel et que lon va tomber. A ses tempes, sétendent les heures à venir, les silences nouveaux, les solitudes anciennes.
Citation:Mais que dis-tu , fou ! Tu vois, je suis si fou aussi, de toi, Parce que je suis scindé en deux, te voulant libre d'être aimé sans pourtant réussir à n'autoriser personne à te regarder comme je peux te regarder, à te désirer comme je peux te désirer, elle, oui car c'est une Elle, ne sera jamais qu'une fille, et je l'ai compris, il n'y a aucun Trésor à trouver chez Perceval que je n'ai déjà au centuple chez toi, Liefde, mon Amour. Je suis fou de me recroqueviller pour deux yeux qui te dévisagent, mais ces deux yeux là, je les préfère sur moi , oui; là j'ai l'assurance pleine qu'ils seront occupés et n'atteindront jamais mon cur. Je suis orgueilleux, n'est-ce pas? Je t'Aime tellement, je m'en suis flagellé toute la nuit, assailli par la colère, par l'impuissance, j'ai envie de te prendre et de te mordre, de manger ta chair pour qu'elle n'appartienne qu'à moi, de frémir de me sentir la digérer jusqu'à en être repu. Qu'elle m'aime me rassurait, si elle n'aimait qu'un comme tu dis, ce serait une personne de moins sur cette terre que je n'aurais pas à détester de poser les yeux, l'envie, l'idée même, sur Toi. Tu es à moi, et libre à la fois, et je m'enorgueillis d'être le seul à te trouver beau, fascinant, monstrueusement unique et infiniment, de façon inaltérable, précieux comme une Géode. Du reste, moi je ne suis qu'un homme, un homme déguisé en curé, et la déception m'atteint oui, d'où qu'elle émane, j'attends toujours autant des autres ce que j'investis en eux. Tes os écrasés seront ma poudre de jour, et je veux bien m'en recouvrir le visage et le corps, les diluer dans le vin et les boire, moi aussi j'absorberai à ma façon, tes douleurs. Ne doute pas de mes sentiments, ils sont purs envers toi, et curieux envers les autres, mais rien deux, je dis rien, ne m'émeut comme tu m'émeus. Je suis comme un fou, quand on te parle, quand on t'admire, ta liberté je la voudrais pour moi, et libre, je te voudrais toujours. Anso? Ne te méprends pas, hier je suis allé lui dire au revoir, je n'avais pas même pris le temps de lui parler de Paris, à la veille du départ c'était bien la moindre des choses. Voilà longtemps que je ne me console plus sur ce qui m'a blessé, je sais au fond, bien que j'en doute souvent, que je mérite mieux que cela, c'est Toi que je veux. Toi. Toi. Tu m'obsèdes, et j'apprivoise le monstre en moi, par celui en toi. Je veux bien qu'un inconnu te désire, mais pas qu'une Perceval te veuilles. Qu'elle me regarde, qu'elle me désire, cela me laisse froid et me tranquillise, je voudrais arracher ses braies pour y voir une vérité toute fendue pourtant, mais ne te méprends pas, ce n'est que de la curiosité, la recherche de réponses, comme je passe mon temps à le faire pour tout. Je suis imparfait mais je t'aime, dans mes tripes, dans mon âme, j'ai gravé au silex ton prénom par-dessus de vieilles inscriptions, car c'est ainsi que la vie se passe, comme les livres, une page après l'autre, pour faire une histoire.
Viens m'embrasser ce soir, viens me voir avant que je parte. Viens me dire que tu m'aimes, et admirer mon teint poudré, ce sera la mode de demain.
Citation:Tes mots sont beaux, je les aime, les lis et les relis encore, les embrasse dune tempête, mexalte de leur encre, et si cela pouvait me les graver à lâme, je presserai chacun deux au-dessus dun verre pour les boire dune traite.
Mon Amour, jai ton prénom en bouche à chaque fois que je respire, tes bleus à mes noirs dès que je ferme paupières, et ton parfum
Ton parfum, Liefde, est un chèvrefeuille millénaire au tronc fait de nuds, de visages heureux, le tien, le mien, le nôtre , au pied duquel je menroule, me consume, renais à chaque effluve et dont la cime étire le ciel jusquà en crever lazur.
Là, regarde, regarde Mon Arbre, mon cur-géode y bat dune cadence, emmêlé aux racines. Cest ici que tu as poussé dune feuille il y a un an seulement, un an déjà, cest ici que tu grandiras encore, memportant avec toi, jusquà frôler comète dune grappe de fleurs
Je suis à toi. Tu es à moi.
Je suis toi. Tu es moi.
Même Cyclope, je te reconnaitrais.
Ma langue poissera la poudre, mes crocs y feront des dessins, mes doigts la rayeront de largeurs, mes mains létaleront sur moi, et ma queue y sera blanche.
Ce soir, évidemment. Rien ne saurait en être autrement.
Ton Amour
Dans quelques heures, lon ninversera pas seulement les pôles mais aussi les trames et Alphonse devine la silhouette oubliée des années passées patientant à lentrée, à cette porte qui fatalement souvrira pour prendre Nicolas.
Sur le muret, en bas de la fenêtre, Attente sifflote ; son heure viendra.
Coude se plie, et silhouette y trouve les relatives hauteurs de la contemplation ; la peau pâle de Faust cache ses sanglants trésors et seule la langue rose dune liane plus gourmande quune autre, déborde dune pointe effilée à sa taille. Lon y entendrait presque siffler le martinet.
Reste. Viens.
Viens. Reste.
Échos muets se télescopent dune imbécile supplique aux regards tentacules, et lon sourit, pauvrement, tristement, résolument ; égoïstes amours sont rattrapées du quotidien et fracturent, lézardent, lÉden cadencé des aortes liées du même chuchotement.Tu maimes.Le ton est doux autant que catégorique ; créature de raison, Alphonse énonce avec un aplomb souverain un fait dont il sémerveille pourtant chaque jour.
Faust sourit, creusant la fossette de son visage, accueillant sans mot dire le pouce muse dune ligne chaude à ses lèvres ; Chat sest étiré, a retrouvé le sens commun des racines et entrave le corps au poids du sien, côtes discrètement soulevées au ventre quil sapproprie dune étreinte.
Pulpe des doigts suit le tracé de la bouche et la tire dune douceur pour entrouvrir la bouche, y perdant les noirs dune épice à lémotion encore vive dy avoir joui dun cri étranglé de foutre.Tu maimes, répète-t-il plus bas, syllabes rehaussées de ces assurances arrogantes qui arrosent risée plutôt que ne lassèchent et les bouches sy mêlent pour y poser virgule.Tu bandes, répond la bouche blanche dune malice heureuse, main espiègle dessinant dun frémissement la ligne qui déborde à la cuisse.Toi aussi, rétorque Faune sans même y regarder, caprine couronne assurée au front échevelé.
Monstrueuses passions se consument de la lave jusquà la cristallisation, séprennent dirrésolues douceurs quand on ne les attend pas et résonnent dun rire; Cru se découvre un nouveau visage encore timide, celui des quiétudes ingénues, et bien que lon y dresse les queues, ce sont les doigts qui semmêlent dun premier amour.
Sur les murs de Vésone, kaléidoscope doctobre projette ses dernières images aux curs qui sempoignent dune imminence, et fragments assemblés dombres, réunis de couleurs, réfléchissent les courbes multiples dun conte partagé, nombrils sanguinolents._________________