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[RP] La manouche devenue duchesse, épilogue.

Bakhtan
Paris ne devait qu'être une étape dans leur périple, une parmi tant d'autres. Justin s'installe derrière le bureau de l'Aphrodite. Quelques lettres sont en suspens. Il lui faut donner suite. Des lettres de créances, des broutilles jusqu'à cette onde de choc, il lui semble que le sol se dérobe sous ses pieds.



Salutations,

Par la présente, me revient la triste charge de vous annoncer le décès d'Axelle den Valk-Casas.

En effet, après enquête, deux témoins de toute confiance affirment sans doute permis avoir vu un homme jeter sa dépouille dans les eaux de la Seine.

Puisse-t-elle néanmoins y trouver le repos.

Respectueusement,

Le Cerbère des Yeux d'Hadès.


Le duc D'Aunou est comme sonné, il venait de se servir un verre d'Elyxir qu'il renverse sur la missive. Par réflexe, il prend la bouteille et boit au goulot. Comment cela est-il arrivé, pour qui, pourquoi? Après une deuxième rasade, il se lève et hurle dans le couloir après Germaine et Sabaude. Deux prénoms qui sont criés à lui en faire mal aux cordes vocales, à faire trembler les murs et la quiétude habituelle de l'Aphrodite.

Claquant la porte, il retourne derrière son bureau. Et vide d'une traite le restant de la bouteille qui finit dans la cheminée se brisant contre le mur de l'âtre.

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Sabaude
Sous les toits et entre les murs de l’Aphrodite qui avait accueilli leur retour de voyage en digne première étape de charmes, l’Orage venait de gronder. Par les vents, qu’il craignait ces tonalités pour tout ce qu’elles pouvaient contenir de mauvaises nouvelles. Le duc était-il à nouveau souffrant, et désemparé devant un retour de la glairette? Avait-il épluché ses livres de comptes et découvert des irrégularités ? Un galant avait-il demandé après son petit Prince ? Avait-il la hampe ou la rosette douloureuse ? Des habits trop ajustés après les excès du voyage ? Bon sang qu’il le préférait à susurrer à son oreille.

Surpris par cet appel peu commun entre deux déambulations de la maison de jeux à l’hôtel particulier, évitant soigneusement de tomber nez à nez avec un galant ou une galante depuis qu’ils avaient passés la porte de l’établissement parisien , Sabaude courut presque dans les couloirs et aurait percuté Germaine de plein fouet s’il n’avait eu de bons réflexes.

Sur un coup d'oeil entendu il laissa la vieille femme mener les derniers pas, mais lui ouvrit galamment la porte qui dévoila une pièce où s’était joué un mouvement d’humeur . Quittant des yeux les bris de verres qui jonchaient le sol devant la cheminée vide de tout feu, il décida de laisser le sien éteint et porta un regard inquiet sur son amant.


Justin ? Interrogea-t-il simplement d’une voix calme en refermant la porte du bureau.
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Bakhtan
Justin de se lever d'un bon de son fauteuil et de le renverser, de se retrouver en trois enjambées nez à nez avec Sabaude et de l'étreindre.

Comment lui dire… Quelles sont les mots idéaux, qui ne laisseront pas trop de maux ni de séquelles.

Aussi il l'étreint juste très fort, inquiet de lui faire de la peine, il en oublie la peine que lui a, si le marriage était au départ juste un accord de bon procédé, ce duo improbable, c'est pour lui vite muté en un couple sans doute trop parfait, l'un et l'autre s'acceptant avec leurs défauts comme leurs qualités.


Il va falloir être fort mon petit.

Justin d'avoir la voix qui se brise malgré lui, lui qui se veut inébranlable, solide comme un roc, s'en veut de ce moment de faiblesse.

Axelle a disparue depuis quelques jours, et j'ai reçu un pli m'annonçant qu'elle n'est plus. Même plusieurs plis. Aucun n'augure rien de bon malheureusement, le doute n'est pas possible.


Avisant Germaine, il ouvre les bras en signe d'impuissance, elle a entendu la nouvelle. Il n'a aucune idée de ce qu'il convient de faire. L'inhumation n'étant pas possible.
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Sabaude
Habitué à ce que le Flamand soit peu démonstratif, Sabaude ne s’était pas attendu à un tel accueil. Bien sagement debout à côté de Germaine depuis leur entrée dans la pièce, la chute du fauteuil le fit sursauter, le laissant proie sans défense d’une étreinte aussi soudaine qu’elle lui coupa le souffle.
Dans le cocon des bras puissants il pouvait sentir son rythme cardiaque augmenter en même temps que son inquiétude qui fit un pic lorsque Justin lui demanda d’être fort. Son amant usait toujours du « mon petit » à dessein, avait-il fini par comprendre, ce qui ne manqua pas d’affoler un peu plus son palpitant.
Qu’allait-il lui apprendre ? Qu’il était condamné ? Que… Axelle !
Sabaude reteint sa respiration, figé, sous le choc, incapable d’autres mouvements que celui de refermer sa main sur la poitrine de Justin et de serrer l’étoffe sous ses doigts comme un garde-corps.
Il ouvrit la bouche mais seul un son étouffé s’échappa de sa gorge nouée. Il aurait voulu avoir les idées claires, être capable de refuser une information qui n’avait pour support que le papier.
Une autre tentative pour exprimer ses pensées confuses se solda aussi par un échec, et les mots moururent contre l’émail de ses dents serrées, sa mâchoire crispée par la tristesse qui venait de le frapper de plein fouet, pourtant si illégitime quand il n’avait sous les yeux aucune preuve. Les yeux embués, il posa une joue contre l’épaule de son amant qu’il n’aurait pu lâcher sous aucun prétexte à ce moment-là. Il se blottit un peu plus, tournant son visage pour le soustraire aux regards. Il ne pleurait jamais, non, pas lui. Il battit des paupières pour prévenir toute incartade de larmes frondeuses.


Comment… ? Parvint-il enfin à articuler.
_________________
.elle

~~Ailleurs dans l'Aphrodite~~

    Pérégrinations dans la cour de la Jussienne, toujours accompagné du mastodonte de Lucas dès qu'elle quittait l'Aphrodite, la rose aimait à sortir au jour, à voir parfois les regards de certains de ses nobles clients se détourner d'elle en étant au bras de leur légitime épouse.
    Qu'il était distrayant de constater que le pouvoir n'était finalement pas forcément aux puissants quand leurs envies primales prenaient le dessus le temps d'une envolée sensuelle.
    C'était déjà la troisième fois que le brouhaha des rues évoquaient le fait qu'Axelle n'avait pas été vu depuis quelques temps ici ou ailleurs et la troisieme fois qu'un mioche venait lui poser la question et qu'elle faisait la même réponse.
      B'jour m'dame z'auriez pas vu une manouche toute belle qu's'appelle Dame Axelle
      Non...

    Rien n'avait filtré à l'Aphrodite mais la chose commençait à l'intriguer et s'adressant à son protecteur, Elle interrogea d'une voix posée.
      L'avez-vous vu la duchesse ? C'est étonnant quand même que personne ne l'ai aperçu.
      Ah mais y se dit même qu'elle serait morte Dame Rose
      Pardon ?

    Impensable...
    Inimaginable...
    Impossible...

    Comment telle nouvelle n'aurait-elle pas été diffusé au sein même de l'Aphrodite, tout ceci n'était que fabulation de concurrents aigris qui cherchaient à ombrager la réputation de l'établissement.
    La duchesse morte... comme ci cela se pouvait...

    Déposée en retour de sa promenade au grand salon, la florale avait pris temps d'annoter un nom supplémentaire sur la liste des personnes attendues pour un rendez-vous "Werner Von Stauffenberg" avant de détacher l'attache de sa cape et d'entamer la montée vers l'escalier quand un hurlement raisonna dans tout l'édifice manquant la faire vaciller dans les marches.
    Le regard émeraude écarquillé vit alors débouler Germaine, qui lui passa devant comme si le feu la prenait ou que le sans nom lui courrait à lui piquer les fesses de sa fourche.
    Tout juste arrivée sur l'étage, la porte de la direction se ferma sur la cuisinière et un homme brun, entraperçut à l'ouverture mais sans le connaître.

    Tout ça était étrange, d'où beuglait-on ainsi et qui ? Le duc ? mais pourquoi donc ? Et si...
    Se faire souris et espionner ? Pas de ses habitudes...

    Attendre il n'était pas d'autres réels choix, même si sans qu'elle s'en rende compte ses pas l'avaient menés à quelques mètres du bureau de la direction et captant quelques bribes de discussion.
    "Axelle" "disparue" "malheureusement" "aucun" "doute" "possible"
    Lèvres pincées, rester ou partir, non risquer de se faire prendre alors qu'elle ne voulait pas entendre mais en tout cas une chose était certaine maintenant la duchesse avait disparue.
    Tournant talons direction de sa chambre fut prise, froissement des étoffes de jupons glissant sur le sol, poing droit serré toquant à deux portes au passage, celles d'un blond et d'un brun, florale entrant chez elle en laissant porte ouverte.

_________________

Merci JDMonty
Montparnasse.
    Du côté des appartements des galants


L’androgyne avait disparut durant de longs mois, sans donner de nouvelle à personne. Certain le croyait mort, du moins l’espérait il sincèrement. Son retour à l’Aphrodite c’était fait en toute discrétion, le brun avait simplement rejoins sa chambre et s’était endormie dans son lit durant de très longue heure sans donner aucune explication à personne.

Physiquement, il n’avait pas les coutumières traces de coups qui ornait habituellement sa belle gueule efféminée quand il revenait de ces escapades nocturnes. De l’extérieur on aurait put croire que rien n’était arrivé aux jeune galant, mais pourtant loins des coups physique qu’il prenait habituellement, c’est un grand coup psychologique qu’il avait ramassé.
Son retour n’avait de raison que son attrait non dissimuler pour les plaisirs de la chaire dont il s’était privé tous ce temps.
Plaisir qu’il comptait bien prendre de nouveau avec une jolie noble ne mal d’amour, ou un jeune garçon souhaitant découvrir les attraits de l’autre rive…

Il avait décidé d’un commun accord avec lui-même de ne pas aller
s’excuser de son absence auprès de la direction, décrétant que s’ils avaient quelque chose à lui dire, ils savaient à présent ou le trouver. De plus toutes minutes gagnés sur les explications à fournir étaient bonne à prendre.

C’est donc dans cette phase de repos récupérateur que l’Androgyne se trouvait quand il entendit gueuler dans les couloires. Sa tête émergea un instant des coussins. Le calme et la discrétion était les mots d’ordre de l’établissement et cette agitation matinal était inhabituel. Néanmoins il ne décida pas de se lever pour autant. S’enroulant dans son drap il se tourna de l’autre coté, posa un oreiller sur sa tignasse ébouriffer et allongea son bras par-dessus pour maintenir le tous.

Mais son repos ne fut que de courte durée car des coups se firent entendre à sa porte. Il grimaça. Son retour nocturne avait été moins discret qu’il ne le pensait puisque déjà on venait le querir. Il grommela légèrement et, dans un élan égoïste il se demanda si l’agitation matinale avait un rapport avec son retour inexpliqué. Ne préférant pas se mettre dans une position plus fâcheuse qu’il ne l’était déjà le jeune galant alla ouvrir la porte dans la tenue dans laquelle il se trouvait actuellement. C'est-à-dire en tenue d'Adam.

A l'ouverture de la porte il n'y avait personne. Et aprés avoir fait quelque pas dans le couloir il remarqua que la porte d'Elle était resté ouverte.
S’attendant à trouver face à lui voir une Axelle furax qu’il est rompu leur engagement ou un Flavien agacé des frasques répété du jeune galant, sa curiosité fut piquer au vif.
Ses cheveux droit sur le crane, sa gaule matinal dressé elle aussi, Montparnasse, perdu entre rêve et réalité ne se soucia pour une fois pas des convenances et se gratta un instant l’aine scéptique avant de retourner dans sa chambre pour enfiler une paire de braies pour couvrir un peu sa nudité.

Il se rendit d'un pas vif chez la demoiselle qu'il gratifia en guise d'ouverture de conversation d'un direct :


- Qu’est ce qui ce passe ? Pourquoi tu me réveille aussi tôt ?

Que l’ont pourrait traduire par un :

- Bonjour jolie Coeur, je suis content de revoir depuis ce temps… comment va tu ?

_________________
Lenu
Fini La Musique

Réveille-toi
Sèche tes larmes,
Aujourd'hui nous nous enfuyons, nous nous enfuyons,
Fais tes bagages et habille-toi,
Avant que tout l'enfer ne se déchaine
Respire, continue à respirer, ne perds pas ton calme,
Respire, continue à respirer
Je ne peux pas faire ça tout seul
Chante nous une chanson, une chanson pour nous réchauffer,
Il fait si froid, tellement froid...

Radiohead Exit Music.




Quelque part en Italie...



Une missive. Une simple missive et tout bascule.


Citation:
Salutations,

Par la présente, me revient la triste charge de vous annoncer le décès d'Axelle den Valk-Casas.

En effet, après enquête, deux témoins de toute confiance affirment sans doute permis avoir vu un homme jeter sa dépouille dans les eaux de la Seine.

Puisse-t-elle néanmoins y trouver le repos.

Respectueusement,

Le Cerbère des Yeux d'Hadès.


Mensonge.
Axelle ne peut être morte et encore moins nourrir les poissons des eaux puantes de la Seine.

Mensonge.
Si tel est le cas, son époux m'aurait contactée.

Mensonge.

Voilà les mots qui lui sont venus à l'esprit. Mots qu'elle a écrit au fameux Cerbère.

Du haut de son cheval, à l'écart du reste de la troupe, elle surplombe une ville, les prunelles sombres scrutent l'horizon. Le soleil éclatant d'Italie semble bien sombre tout à coup.

La voix rauque résonne encore dans sa tête "idiote". Limoges, était-ce en mai ? Ou bien en juin ? Lénù ne sait plus, ressassant inlassablement leur dispute. "Idiote" avait lancé la manouche, certainement blessée que leur route se sépare à cause d'un homme qu'Axelle pensait être un nouvel amant de l'Italienne. "Idiote". Les paupières se closent un instant, les poumons inspirent l'air chargé de parfums d'été. Putain que l'Italie c'est moche sans toi.... J'en renierais presque mon pays si cela pouvait te faire revenir, foutue Gitane. Ni toi ni moi n'avons refoulé notre fierté à prendre des nouvelles de l'autre...

Aux côtés du Corleone et de la Reyne Sombre la chasse à l'homme prend un goût d'amertume. Durant deux jours elle s'isole, elle picole, elle fume l'opium jusqu'à ce qu'elle s'écroule dans un monde emplit de souvenirs d'Elle. Celle dont elle avait goûté les lèvres sucrées, celle qui avait attisé le désir, celle qui la rendait folle sans s'offrir et qu'elle a voulu posséder mille fois. Il a fallu les mots de Gabriele pour la faire réagir... Il a fallu, pour la première fois depuis le massacre du couvent, qu'elle déverse les larmes brûlantes au creux du cou du Corleone. Et elle la maudit la Gitane, oui maudit d'avoir crevé son âme en mourant. De laisser ce trou béant dans sa poitrine, ce goût d'inachevé comme un chef-d'oeuvre à peine naissant sous le pinceau d'un peintre mort. Et elle la maudit de lui arracher une dernière promesse, celle de revenir à Paris, quitte à cravacher jour et nuit.

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Diego.casas
Son cul était moelleux, blanc et lisse comme du lait. Il s'en dégagea pourtant, dans un mouvement d'humeur, rembarrant d'un grognement abrupt les minauderies de la catin qui refusait d'être payée. Idiote de croire aux paroles sucrées du cadet lui promettant la lune. De la lune, seule la sienne importait, et pour l'heure, sa seule volonté était de sauver les maigres écus qui traînaient encore dans ses poches.

D'un geste vif, il enfonça son chapeau sur ses yeux et sortit de la chambrée puant le renfermé et le foutre sur un bref.
Ouais, ouais, à ce soir, s'tu veux.

La porte claqua et il dévala les escaliers, impatient de respirer l'air extérieur. Bien que fétide, bien que saturé de chaleur moite, tout était préférable à l'exiguïté de quatre murs l'enfermant comme une prison moisie. Illusion. Quoiqu'il tente, son crâne était emprisonné de culpabilité. Pourtant, il avait fait ce qu'il fallait. Et de cela, il était assez certain pour ne rien regretter.

Arrivé enfin dans la rue encombrée, il releva le visage et inspira de longues bouffées d'air.

Il avait leur gueule. Il avait sa gueule. La gueule, chez les Casas, était une histoire de famille à laquelle il n'échappait pas. Tatoué à l'encre noire de ses yeux ombrés de cils trop longs. A ses boucles de corbeau s'échinant à vouloir rendre plus doux ses traits anguleux. Planté à l'avarice de son sourire rayant de blanc sa peau sombre de gitan. Et l'oreille, fine.


La rumeur avait fait son office, la mort de sa sœur serpentait sournoisement dans les rues de la capitale. Dans quelques jours, le perpétuel murmure s'emparerait d'une autre nouvelle à dépecer en un cirque sans fin. Mais pour l'heure, les esprits occupés à mille conjectures lui offraient le plus sûr des refuges. Et à l'ombre de son chapeau rappé, il se gonflait d'un certain orgueil d'être à présent le seul détenteur des plus intimes rouages de la vérité.


Il longeait les murs gris, sans les voir. Il n'y avait de toutes façons rien à y voir, juste à entendre. Avec la mort d'Axelle mourrait la vengeance si longtemps méditée et attendue et, avec elles, Rodrigo s'éteignait, n'acceptant comme seule compagne que sa poisseuse bouteille de gnôle sans cesse à moitié vide. Comme si sa vie n'avait soudain plus le moindre sens. Et cela faisait son affaire, au cadet, qui, profitant de l'ivresse fraternelle, avait tiré sa révérence, récoltant même un inespéré « C'est-ça, casse-toi » en guise de sésame d'une indépendance neuve.

Pour la première fois depuis ce jour rouge, ses pas franchirent les portes de la Jussienne, sans presque même qu'il y pense, se nichant au coin d'une ruelle pour remonter son regard noir vers l'auguste bâtiment devant lequel il avait si souvent fait le planton, sous les yeux d'une Axelle trop occupée à courir derrière sa vie, et sans doute trop sûre d'elle pour voir les ombres funestes qui suivaient chacun de ses pas. Finalement, elle était la seule fautive, se répétait-il, plus pour se donner bonne conscience que par conviction. Pas plus convaincu que de savoir ce qu'il pouvait bien foutre là. Se tailler lui aussi une belle part du gâteau ? Provoquer la revanche ? Ou simplement, rayer de son crâne cette culpabilité qui lui rongeait les os ?



Lucas.

~~ A l’étage de l’Aphrodite, couloir des galants ~~


S’il avait encore été le talentueux et féroce avocat du passé, cela aurait été le genre d’information à laquelle il se serait intéressé. Il aurait contacté ses connaissances, leur aurait demandé d’en savoir plus et de lui faire rapport. Quand une personne bien en vue du tout-Paris disparaissait, il y avait là sans aucun doute matière à s’enrichir pour un homme comme Lucas Dentraigues. Qui? Pourquoi? Axelle Casas Était-elle vraiment morte ou avait-elle organisé sa disparition pour d’obscures raisons? Après tout une jolie brune au corps bien proportionné ayant épousé un noble (et de facto ayant accès au pouvoir, à la richesse) était une mine d’idées pour un écrivain en manque d’inspiration. Des possibilités? Des explications? Il y en avait des milliers, et chacune se subdivisait en un nombre exponentiel de variantes: tuée par un amant, par un noble éconduit ou ridiculisé. Enlevée par des reîtres qui désiraient rançon, disparue par amour d’un homme plus jeune et plus fougueux que le duc d’Aunou ou encore tuée par celui-ci lors d’un accès de folie, par la passion qu’il ressentait pour son épouse. Vous en voulez d’autres? Axelle Casas était l’espionne attitrée de sa Majesté Alvira de la Duranxie, une sorte de Milady comme seul Alexandre Dumas pourrait l’imaginer d’ici quelques centaines d’années et tuée par les services secrets de l’Empire. Ou bien encore morte après avoir consommé des substances actives puissantes, enlevée par une société secrète. Que sais-je encore? Prophète céleste ramené à lui par le Très-Haut après avoir accompli sa mission, tueuse à gages ayant accidentellement rencontré la lame de son épée, participation à un suicide collectif au nom du Dieu solaire, suicide pour être déshonorée après la découverte de son implication dans la secte MCLXVII où les hommes étaient transformés en esclaves sexuels, ou enfin pour terminer: rencontre sauvage et bestiale avec un sanglier en rut qui l’encorna et la piétina alors que « Dans le pavillon de chasse, vous plûtes au roi ».

Seulement voilà, Lucas n’était plus avocat, certains de ses contacts se tenaient loin de lui depuis sa descente aux enfers et ce qui captait son attention actuellement c’était le fait de savoir si les écus investis dans le plan de Flav allaient fructifier ou s’ils devaient être mis dans la colonne des pertes. Les rumeurs à propos d’Axelle? Il ne les avait pas entendus. Depuis l’entrevue qu’il avait eu avec le couple ducal, il savait qu’il n’était pas dans les bonnes grâces de la jolie gitane et le fait de ne pas l’avoir vus depuis plusieurs semaines n’était pas en soi surprenant.

Le cri de la cuisinière trouva un galant assis à son bureau dans sa chambre, inspiré par une correspondance libertine qu’il entretenait avec l’une des membres de l’Aphrodite désirant garder un peu de discrétion en regard d’un mari jaloux et peu actif au lit. La tête blond se releva du vélin, la main se figea, l’oreille se dressa, aux aguets: sans doute un faisan trop cuit, une sauce qui n’a pas le liant espéré ou des blancs d’oeufs qui ne veulent manifestement pas monter en neige. Lucas n’avait cure de ces aléas domestiques qui parsemaient la vie de l’Aphrodite. Il n’était pas là pour régler ce genre de détails même si cela nuisait à sa concentration et perturbait son talent littéraire qu’il couchait sur tant de vélins.

Toquer à sa porte sans entrer? Sans se présenter? Sans même rester derrière le temps qu’il aille ouvrir? Voilà qui était singulier. Qui pouvait bien jouer à ce genre de jeu et le mettre ainsi en rogne? Monty? Tiens! Il était revenu celui-là? Il en avait assez de chasser la gueuse en province alors il revenait à Paris là où il était plus facile d’obtenir ce qu’il cherchait? Lucas n’était pas toujours d’un naturel très compréhensif mais quand on perturbait sa correspondance avec des futilités, il l’était moins encore.


- Monty, tu devrais passer une chemise…et prendre une douche! Ça te ferait du bien tu sais! Ambre est parfumeuse et elle a le nez sensible.

Ambre de Monmouth, parfumeuse à la Lyre d’Eurydice: était-ce pour ce mauvais garçon que la jolie bourgeoise blonde avait disparu? Pour s’adonner sans retenue jours et nuits aux plaisirs de la chair dans les bras de l’androgyne? Par dessus l’épaule du brun, le regard du parisien se porta vers Elle. La florale semblait préoccupée.

- Rose? Quelque chose ne va pas ou c’est la vue du…

Les mirettes de Lucas se détournèrent un instant de l’épineuse, détaillant Monty de haut en bas d’un air circonspect.

-… « mobilier » qui te cause du tracas?

Mobilier : adjectif. Qui se rapporte aux biens meubles.
Meuble: adjectif : 1- Qui peut se déplacer. 2- Qui est facile à travailler.

Oui: suffisant et pédant le Dentraigues? Il y a des jours comme ça où un rien vous met de mauvaise humeur… comme par exemple quand on oublie un faisan dans le four pendant que l’on rédige une lettre libertine.

_________________
Lenu
Je me suis fait du mal bien plus que tu n'aurais pu m'en faire
Je me suis mis des chaînes que n'aurait pas forgé ta haine
Je me suis ouvert les veines sur le fil de ton silence, j'en ai mis partout
J'étais bien plus fou que ce que tu croyais
Mais bien moins, de combien t'en avais peur
Pour un regard je me suis crevé un oeil
Arraché les dents pour un sourire
J'ai écartelé ma voix, pour un mot de toi, pour un mot de toi
J'ai laissé pousser ce houx, dans mon coeur
Où sont enterrées tant de jolies fleurs
J'ai creusé ce gouffre dans ma poitrine
Où sont enterrées tant de victimes
J'ai massacré mes amis
Ouvert la porte à mes ennemis
Et j'ai fait du bien, à des vilains
Qui m'ont tous chié dans la main
J'ai pénétré la bataille, avec juste ma bite et mon couteau, mais je n'ai rien gagné
A ne pas vouloir tout perdre


Mano Solo. Je me suis fait du mal.


Et je t'ai perdue..


Ruelle en face de l'Aphrodite.


Des jours à cravacher, à chevaucher à brides abattues vers Paris, laissant derrière eux l'Italie, la mort sans saveur d'un Rouquin, la fuite d'une Reyne Sombre et un petit détour dans le Dauphiné. De retour dans la chambre qu'elle loue depuis sa première venue à Paris puisque l'Italienne avait refusé d'être logée à l'Aphrodite. Les orbes sombres fixent une fissure dans le plafond, s'y perd l'esprit éthéré par l'opium, les lèvres charnues entrouvertes échappent les dernières volutes d'une bouffée prise quelques secondes plus tôt. Le corps détendu, bras ballant dans le vide, main dont les doigts laissent glisser la pipe au sol.

Lénù se fait du mal afin d'effacer la souffrance, le manque de celle perdue. Celle qu'elle aurait pu appeler son Autre, celle dont le miroir lui renvoie le même reflet et pourtant si différentes l'une et l'autre. La voix rauque semble murmurer en écho contre les murs de la chambre.

Battement de cils.

Combien de fois Axelle dans ses reproches lui a avoué qu'elle se revoyait au même âge ? Combien de fois lui a t-elle soufflé qu'elle prenait le mauvais chemin, qu'elle se mentait à elle-même ? Combien de fois l'avait-elle traitée d'idiote ? Elle ne compte plus. Plus rien de compte à cet instant. Et l'Araignée, comme elle aimait l'appeler, donnerait tout pour que revienne sa Bella. Les regrets la ronge, tout autant que la drogue et l'alcool qu'elle inflige à son corps pour s'approcher d'elle au plus près, frôler cette camarde qui lui a enlevé une partie d'elle si précieuse.

Battement de cils.

Enfin le regard noir se dessine sur le plafond lézardé, comme le pinceau de la Manouche en pleine inspiration. Le nez apparaît, puis l'ovale et les boucles ébènes. S'achève le chef-d'oeuvre, pinceau ourlant les lèvres. Ces lèvres... dont elle a pu apprécier la saveur et la douceur d'un baiser ainsi que l'amertume des mots lancés dans la colère comme des couteaux, armes de prédilection de la Gitane.

Battement de cils.

Combien de temps a t-elle observé ce visage ? Peu à peu, la drogue s'efface de ses veines. Peu à peu le visage s'efface sous une main invisible. Lénù déglutit, bouche à la recherche de salive, doigts mouvant peu à peu, main glissant en un geste d'une infinie lenteur jusqu'à sa gorge, pulpe venant cueillir d'une caresse le touché de la cicatrice à sa gorge qu 'Axelle aurait mieux fait d'ouvrir.

Lénù, enfin, se redresse. Les prunelles sombres se posent sur le corps endormi près d'elle, glissent en une caresse puis se détournent. Elle se lève et s'habille en silence. Il lui faut aller à l'Aphrodite, même si IL lui a promis d'être là pour la soutenir. Il saura où elle se trouve s'il désire la rejoindre. Lénù prend une bouteille de Chianti, l'ouvre pour en boire une gorgée, la ferme et la glisse dans sa besace, puis elle caresse du bout des doigts un petit coffret de bois avant de le prendre. L'Araignée sait se faire ombre discrète, sortant de la chambre sans éveiller son amant.

Quelques pas. Un battement de cils. Le choc.

Etait-ce l'ivresse des sens ? Etait-ce l'attention trop portée à ses sombres pensées ? Sortant de la ruelle où elle habite, elle n'avait pas remarqué l'ombre à son coin. Ombre qu'elle percute de l'épaule si douloureusement qu'elle en échappe le coffret des mains. Et les prunelles dépitées s'abaissent sur le coffret béant, contenu déversé au sol qu'elle tente de récupérer avec ses mains. Le minois se relève sur l'ombre, passablement énervée, les lèvres échappant un
"bordel !" puis reste figée.

Battement de cils.

Statufiée. Orbes sombres détaillant l'ombre, lèvres entrouvertes bien incapables de sortir le moindre son. Ce regard...cette couleur de peau...ces boucles brunes.... Qui es-tu ?


Edit pour balisage
_________________
Diego.casas
[Devant l'Aphrodite, dans une ruelle , avec Lenu]


Combien de personnes avait-il vu s'engouffrer dans cette massive bâtisse ? Par une porte ou par l'autre ? Beaucoup. De tous âges, de toutes conditions. Masquées ou le visage lumineux relevé vers le ciel. Mais finalement la véritable question n'était pas là. Celle qui le turlupinait depuis longtemps était plutôt : « où étaient ceux qu'il n'avait jamais vu ressortir ? » Que se cachait-il derrière cette riche façade ? Les portes d'un enfer dans lequel les plus aventureux se perdaient, aspirés par un tourbillon de démons entravant bras et jambes pour aspirer les substances vitales et s'en gaver jusqu'à la nausée ? Un jour, peut-être, il s'aventurerait lui aussi entre ces murs, mais pour l'heure il se signa furtivement et cracha par terre, conjurant ainsi le mauvais sort qui semblait planer comme un oiseau de mauvais augure au-dessus du toit pentu fendant le ciel lourd comme une lame noire.

Il fallut bien le choc d'une étourdie sur son flanc pour le tirer de ses pensées hantées et, plus agacé de constater la faille de son attention quand la prudence aurait dû être de mise que du coup reçu, sa senestre fila vivement dans son dos pour se refermer sur le manche d'ébène de la lame glissée dans sa ceinture.

A ses pieds, une femme raclait le sol comme si elle avait voulu ramasser de la poudre d'or, pourtant, les yeux sombres et dubitatifs du cadet avaient beau fouiller eux aussi le sol sale, il ne voyait rien d'autre que terre et poussière. Il haussa les épaules, préférant laisser son regard empoigner la nuque de la femme telle une serre se refermant sur sa proie, s'autorisant en toute impunité à toiser le dos offert jusqu'à laisser un sourire rayer de blanc sa trogne en s'accrochant à la chute de rein prometteuse. Rayure qui s'évanouit aussitôt née quand elle remonta la tête.


« bordel ! »

Voleur de vie. Voleur de visages. Celui-ci lui était connu, chapardé à une existence qui n'était pas la sienne. Mais où, comment, pourquoi, le cadet n'aurait su le dire tant toutes ces têtes s'entremêlaient dans la sienne. Rodrigo aurait pu le situer sans la moindre hésitation, mais lui avait toujours préféré remplir ses longues heures de guet de pensées décousues. Et surtout, il n'avait jamais rangé aucune femme dans la section « dangereux » tant il lui semblait si simple de les amadouer d'un mot, ou même, d'un sourire. Ces femmes qui n'avaient de cesse de courir après le prince charmant ou, plus encore, derrière le mauvais garçon à fleur de peau qui les entraîneraient dans son tourbillon exalté.

Quoi qu'il en fut, sa gueule de Casas intriguait la donzelle. C'était gravé sur chacun de ses jolis traits. S'évanouir dans l'ombre serait pire que tout, ce serait comme signer son crime. Il n'avait alors pas d'autre choix que d'assumer son indigne étourderie. Alors il pencha la tête, détaillant sans vergogne le visage figé relevé vers lui, et d'une voix gutturale, doucement réchauffée par les vestiges traînant d'un accent du sud, lâcha moqueur.


Vous vous mettez toujours si facilement à genoux d'vant un homme ?
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Montparnasse.
    Du côté des appartements des galants – Chambre d’Elle.


A peine eut-il pénétré dans la chambre de la Rose - et non dans la Rose - que très vite le blond vient lui tenir compagnie. L’eau avait coulé sous les ponts depuis la dernière fois qu’ils s’étaient croisé mais il rester toujours entre eux cette rivalité, ce jeux silencieux de qui a la plus de grosse. Combat de coq dans une arène de poule, malgré la présence d’autre mâle, le blond avait sa préférence quand il s’agissait d’ouvrir les hostilités.
Cette fois, devancé par celui-ci Montparnasse sourit en coin amusé par la bassesse de l’attaque.


- Je suis bien aise que vous vous intéressiez de si près à mon hygiène, peut être pourriez-vous aller me faire couler un bain, pendant que je prends soin de vos favorites ?

La remarque sur la parfumeuse l’amusa, le blond n’avait-il toujours pas digéré que cette dernier apprécie la compagnie de l’Androgyne, ou est-ce la complicité qu’il avait avec la Rose qui le gêner ? Quoi qu’il en soit Montparnasse sentait qu’il était une épine dans les bottes du maître, et ce rôle lui allait parfaitement. Le blond interrogea à son tour la Rose pour connaître la raison de leur réveille matinal, en profitant bien sûr pour glisser une seconde remarque au brun le détaillant de bas en haut. Remarque qui décrocha chez l’Androgyne un rire courtois.
S’avançant vers le Maitre il lui tapota légèrement le ventre en ajoutant.


- Vous devriez levez le pied sur les banquets Maitre, ou il vous faudra commander un autre ensemble de costume si vous voulez continuer à plaire.

Il lui adressa un petit clin d’œil moqueur avant de s’approcher d’Elle, et de lui glisser un baiser sur la joue en laissant ces doigts parcourir sa taille, avant de s’allonger sur son lit, faisant comprendre au blond qu’il était autant chez lui ici que dans ces propres appartement, attendant que la brune ne desserre les lèvres qu’elle avait fort désirable pour leur expliquer la raison de cette agitation.
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.elle

~~Chambre d'Elle~~

    Il avait l'oeil et le bon son partenaire d'affaires, entre autre, quand à ce quelque chose qui n'allait pas , mais pour le reste...
    Comment la rose avait-elle pu omettre le combat de coq auquel se livrait ces deux là dès qu'ils étaient ensemble, si pas plus en sa présence.

    Etait-ce le moment ? non
    L'ignorait-il ? oui
    Pourquoi ? des pies jacassantes

    Les laissant au jeu de je t'aime moi non plus des deux galants, la florale avait agrippé avec douceur le bras du Dentraigues une fois Monty vautré sur son lit pour l'attirer dans la chambre et fermer la porte derrière elle.
    Ci-fait pétales labiaux vinrent en effleurer d'autres dans un baiser furtif traduisant son anxiété... En d'autres circonstances le bonjour eut été plus suave, plus sensuel, potentiellement charnel et luxurieux, mais l'esprit de la galante était encore sur ce qu'elle avait entendu.
    Pas même la nonchalance qu'elle aimait tant chez le brun ne lui tira un sourire lorsqu'il prit possession de sa couche comme un nabab dans son harem.
      On a un soucis...
      La git... duches... Axelle a disparu
      Ca fait quelques jours que j'entend ça à droite à gauche mais là j'ai surpris une discussion du duc avec la cuisinière et y'a pas de doute possible.
      Ca va même jusqu'à dire qu'elle serait morte.

    Regardant tour à tour, blond et brun, le regard herbacé avait de quoi trahir sa crainte de voir l'Aphrodite fermer avec cette nouvelle, oui, la disparition en soi était... regrettable mais que deviendrait l'endroit où ell vivait.
    Si Monty semblait avoir d'autres point d'ancrage ou Lucas les moyens d'en avoir un, la florale quand à elle...
    Retourner à la rue n'était pas de ses prérogatives, ni chez Julot, contactez Gygy ? Il eut fallu que la rose sache même ce qu'il était advenu de la jolie rousse, tout juste avait-elle appris qu'elle avait quitté les lieux... par hasard...
    Mais pour l'heure, les questions nécessitaient réponses qu'elle ne possédait clairement pas, l'échine se secouant d'un frisson à l'idée de devoir reprendre la vie d'une catin sans envergure hors d'un lieu aussi luxueux que celui-ci.

    Chercher un soutien ? assurément
    Auprès de Lucas ? évidemment
    Auprès de Monty ? aussi oui
    Et si tout finissait ? ne pas y penser
    Où si tout commençait ? ne pas y penser

    Long soupir, trop d'informations ou pas assez, trop d'inconnues dans l'équation, trop de pourquoi et de si, avenir incertain et la main droite d'une florale se glisse sur sa nuque pour la masser de la tension qu'elle sent s'accumuler.

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Merci JDMonty
Lucas.
~~ Dans la chambre de Elle ~~


Ils n’étaient pas du même monde. Monty était le coq d’un village, Lucas était celui d’un Paris des beaux-quartiers. Monty prenait les coups, Lucas en donnait. Même si ceux de l’ex-avocat étaient moins physiques, ils étaient tout aussi visibles. La mauvaise humeur du Dentraigues avait touché sa cible. La verve du « Bad Boy » était là pour en témoigner. Ce fut un sourire amusé que le parnasse eut en guise de réponse à sa réparti: les deux hommes étaient forts différents, les dames qui requerraient leurs sévices ne cherchaient pas la même chose. Choisir entre Monty et Lucas, c’était un peu comme choisir de vivre à la plage ou à la Montagne. Vous voyez ce que je veux dire? Certaines étaient plus aisément attirées par le côté « Mauvais garçon » de Monty, d’autres par la rigueur masculine d’un Lucas.

- N’essaie pas Monty: je ne changerais pas mes habitudes alimentaires pour te plaire. Je te l’ai déjà dit et te le redirai encore: les hommes, c’est non et ça le restera.

Et voilà! Il avait craqué. Il s’était promis de ne pas répliquer. Il avait fait un effort, il avait pris sur lui-même et il avait fini par céder. Lucas et sa propension à toujours vouloir avoir le dessus, Lucas et son besoin de maîtrise de la situation, il fallait que ça transparaisse. C’était plus fort que lui. Le baiser de Rose rappela le galant à l’ordre. Il avait une saveur différente: de l’inquiétude, un soupçon de déstabilisation, une pointe de doute. Manifestement, la florale n’était d’humeur à badiner ou à observer deux mâles marquer leur territoire par une joute verbale. Quelque chose n’allait pas. Le questionnement du parisien n’allait alors pas tarder à obtenir réponse: la duchesse? Disparue? Morte? La phrase de Rose poussa un levier dans l’esprit du Dentraigues et la roue du moulin à pensées de l’ex-avocat se mit à tourner : raisons, causes, conséquences. S’il fallait s’attendre à tout dans un Paris bondé d’arrogants, de prétentieux et d’ambitieux - et en bon parisien le Dentraigues faisait partie des trois catégories - , la nouvelle prit le galant de court. Ses sourcils se froncèrent ses lèvres se plissèrent. Même s’il n’était pas en odeur de sainteté auprès de la gitane, la mort de la Casas ne serait une bonne nouvelle pour personne. De un parce qu’il était évident que l’Aphrodite tournait autour de la brune, tant par le choix des membres que par ceux des employés. A de rares exceptions comme Elle, Monty, lui-même et peut-être Angèle, la palais d’Aphrodite était entièrement conçu par Axelle, pour Axelle. Gysèle, Ludwig, la blonde galante dont il avait oublié le nom, tous étaient venus pour elle, recruté par elle parce que membres de son cercle intime. Et il en allait de même des membres du cercle privée:Axelle avait puisé parmi ses connaissances pour offrir ce petit bijou à ses amis proches. Si la disparition de la manouche était confirmée, le coeur de la Déesse venait d’être arraché et on lui demandait de continuer à vivre. Aphrodite devait continuer à vivre, il ne pouvait en être autrement.

- Hum…Si ce que tu dis se confirme Rose, je crains effectivement que les jours de cet établissement ne soient comptés ou pire…qu’il se transforme en vulgaire maison close, succursale d’un C4 pour la cour des Miracles.

La vérité n’est pas la vérité. Cette phrase sans queue ni tête était pourtant ce qui s’insinuait insidieusement dans l’esprit tortueux du galant. L’Aphrodite, il en avait encore besoin. Revenir aux affaires aujourd’hui était prématuré. Ses ennemis étaient toujours voraces et malgré ses nuits occupées, la galant estimait qu’il n’avait pas encore suffisamment d’appuis parmi celles qu’il fréquentait ici pour espérer un retour en force sur le devant de la scène parisienne.

- Si vous voulez mon avis, le duc aurait tout intérêt à faire planer le doute, faire vivre le fantôme de son épouse: non, Axelle Casas d’Aunou n’est pas morte ou envolée. Elle est bien présente à ses côtés. Elle se montre peu. Pourquoi? A lui de trouver une raison.

Si cela se confirmait, et pour éviter les impacts trop importants, Lucas ne leur proposait rien de moins que de monter une légende de toute pièce, celle de la gitane aux pieds nus devenue Reyne du Tout-Paris. Le fait que le corps n’ait pas été retrouvé, si mort il y avait, était une aubaine. Et si Axelle avait disparu de son plein gré? Il lui faudrait alors confirmer qu’elle était vivante pour s’opposer à ce plan. Le point faible? L’enlèvement…mais ça se tenait. Axelle Casas devait vivre et tout le monde devait en être convaincu. La tâche n’était pas aisée mais vices et mensonges était un domaine dans lequel Lucas Dentraigues se sentait à l’aise.

- Évidemment si le duc s’est débarrassé d’elle pour en épouser une autre, nous risquons fort de ne pas avoir son appui pour ce projet…Et cela pourrait aussi faire de lui un suspect dans cette affaire.

Et donc si le duc était soupçonné du meurtre de sa maitresse et épouse, il trouverait peut-être un intérêt à ce que tous pensent qu’Axelle était encore en vie. Non, la mort de la gitane n’arrangeait personne, pas même son meurtrier. Et si finalement la lame d’Hadès réapparaissait, eh bien personne n’en serait étonnée. Garder Axelle en vie et s’arranger pour faire croire qu’elle hantait toujours les couloirs de l’Aphrodite était une idée plaisante qui réglait bien des soucis. Hanter? Oui. Hanter. Il n’y avait pas mot plus adéquat en pareille situation. Le galant passe ses bras autour de la taille de sa galante, souffla baiser sur sa nuque et s’adressa à ses deux comparses, recherchant leur acquiescement.

- Qu’en pensez-vous? Le mieux est de convaincre le duc d’être de notre côté. Qui pourrait s’en charger? Rose? Ou…toi Monty?

Cela n’était pas venu à ses oreilles mais…Et si après tout d’Aunou avait un penchant pour l’autre rive?

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Montparnasse.
    Du côté des appartements des galants – Chambre d’Elle.


Si la nouvelle avait l’air d’inquiéter le Blond et la Rose, Montparnasse au contraire lui ne put s’empêcher de sourire. Ce n’est pas qu’il n’appréciait pas la Gitane, au contraire il éprouvait pour elle un grand respect qui frôler parfois l’admiration, mais la Gitane était la seul de l’Aphrodite à connaître les manigance du Galant à l’extérieur de ces mûrs. Du moins une partie de celle-ci. Et loin de fermer les yeux sur sa mauvaise conduite, elle avait passé avec lui un accord… un accord qui devait caduque si la belle était morte. Et cela arrangeait bien les affaires du Brun.
Axelle n’était plus, Flavien avait disparu. Les seuls qui pouvaient ne serait-ce que contrôler un peu Montparnasse était évincer. Cela était bien. Surtout pour les affaires.

Écoutant d’une oreille les paroles de Lucas, Montparnasse se leva du lit de la Rosse et se dirigea vers la fenêtre qu’il ouvrit en grand. Se penchant par celle-ci pour observer les va et vient des passants dans la rue, il vit enfin ce qu’il cherchait.


- Hé gamin ! Que dit tu de te faire quelques pièces ? Ramène moi les derniers papiers Parisiens veux-tu ?

Mettant la main dans sa poche il sortit une pièce qu’il lança au môme. Celui-ci ravi de sa fortune courut dans les ruelles chercher ce que le brun lui avait demandé.
Montparnasse voulait savoir ce qui avait fuité de cette incident, l’idée du Blond, bien qu’il la trouve stupide, ne pouvait fonctionner que si la mort de la Calasse ne s’affichait pas déjà en gros titre dans la ville.

Il referma la fenêtre et s’appuya dessus, croisant ses bras sur son torse nu, et regarda un instant Lucas.


- Vous pensez vraiment que le Duc transformerait l’Aphrodite en vulgaire bordel ? Vous voilà avec un bien piètre opinion de lui. Le Duc à une réputation à maintenir, je ne pense pas qu’il laisse l’Aphrodite redevenir ce qu’elle a été dans le passé. Et si il n’a pas toujours était visible de nous, je reste à penser qu’il tire également une partie des ficelles de l'établissement dans l’ombre.

Il regarda longuement le Blond, l’heure n’était plus à leur combat de coq habituelle. Que le Duc est tué la Gitane, il n’y croyait pas une seconde. La belle était mêlé a des affaires bien louche en dehors de l’Aphrodite, Montparnasse avait eu le droit à un petit aperçut de sa puissance hors de ces murs, et elle avait bien d’autre raison plus probable d’être assassiné qu’une maison close pour richissime noble de bonne famille.

- Je ne crois pas que le Duc ne l’ai fait assassiné. Axelle avait bien plus de pouvoir à l’extérieur de ces murs qu’entre eux. Je suis partagé sur ton idée de faire croire qu’elle est encore en vie. Ceux qui ont voulu sa mort ne doivent pas être des enfants de cœur pour avoir réussi à l’atteindre. Faire croire que la Gitane ai survécue les ferait venir entre nos murs. Et je ne suis pas sûr que les froufrous de la Rose ou vos parfums Messire Lucas ne viennent à bout de ce genre d’individu.

Il se tut un instant, réfléchissant à la suite. Montparnasse avait tout intérêt à ce que l’établissement reste intact. Non pas qu’il est besoin de ces revenues de Galant pour vivre, ces magouilles à l’extérieur lui rapporter bien plus, mais cela lui permettrait d’entrer en contact avec facilité et discrétion avec quelques uns de ces clients les plus prestigieux et fortunée. Et en bon faiseurs de puzzle qu’il était, il avait besoin de jouer avec toutes les pièces de l’échiquier qu’il commandait pour pouvoir gagner. La mort d’Axelle soulageait le Galant d’une sacré épine. Il n’était plus épié dans ces geste et surtout les yeux d’Hadès n’était braquer sur sa nuque, cela signifiait une nouvelle liberté retrouvé.
Un sourire fugace se dessina sur ces lèvres et il préféra ne rien ajouter à la discussion pour le moment, laissant germer cette idée qui petit à petit tisser une toile dans son esprit malsains.

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