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[RP] La manouche devenue duchesse, épilogue.

Lenu
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal.





Ruelle en face de l'Aphrodite, avec Diego.



Battement de cils à peine perceptible alors que dans l'esprit où subsiste traces de drogue, la tempête fait rage. Les mots captés et assimilés.

Orbes sombres accrochés à ceux tout aussi profondément ténébreux, la dextre éloigne le précieux coffret à longueur de bras puis vient se poser à plat sur sa cuisse. A genoux elle est, devant un inconnu au visage se superposant avec celui d'Axelle. Profond silence, temps suspendu. Même si au loin elle capte le tintinnabule de cette clochette qui assurément l'avertie d'un éventuel danger. Ami ? Ennemi ? Doigts prêts à fuser à la dague empoisonnée nichée au fourreau à sa taille.

Le sourcil s'arque, l'Araignée calcule dans son esprit encore embrumé, langue amenée à humidifier les lèvres puis à venir claquer contre le palais avec légèreté. La tête s'incline à peine sur le côté tandis que le corps se délie lentement, Araignée se faisant couleuvre, corps sinuant non loin de celui qui la défie. Orbes animés d'un feu que ceux qui la connaissent peuvent comprendre, lèvres charnues dessinant un sourire alors qu'elles viennent narguer celles du Brun sans pour autant les frôler.


No. Seulement d'vant les bruns ténébreux.

Ce qui est moitié vrai. La vérité voudrait qu'elle mette cela au singulier. Et elle espère que le dit brun la surveille de la fenêtre, comprenant là un "assure mes arrières, Corleone." La main fine glisse sur la cuisse de l'homme, provocatrice l'Italienne, cherchant à le pousser dans ses retranchement, à découvrir qui il est, et accessoirement à lui faire ravaler sa moquerie et ce, sans sortir la moindre arme ni la moindre violence. Tintinnabule se faisant plus présent alors que les doigts découvrent la virilité au renflement des braies, serres se refermant soudainement. Elle le tient par les couilles, assez fermement pour lui donner une sueur sans pour autant lui arracher un cri de douleur. La senestre, elle, fouille, tâte le corps masculin, à la recherche d'une arme. L'esprit de Lénù tente de chasser un "idiote" soufflé de cette voix rauque qui la hante, lèvres frôlant celles du Brun, laissant au regard de la rue, la scène banale de l'ombre d'un couple contre un mur.

Ton nom.

Qui es-tu. Toi qui a sa peau. Toi qui a ce regard. Toi qui a ce sourire. Toi qui a son visage ancré au tien. Tes lèvres ont-elles le même goût sucré que les siennes ? Viens-tu me rappeler combien les regrets me rongent ?
_________________
Angele
La pie ne foutait pas grand chose, comme d'habitude, ou plutôt louvoyait-elle dans les couloirs du lupanar pour donner l'impression qu'elle s'activait. On lui avait demandé de devenir les oreilles de l'Aphrodite, ce qui lui donnait toute légitimité de traîner de ci, de là, esgourdes aux aguets et oreilles aux portes si besoin. Ceci tout en discrétion, bien sûr. Lorsque les cris du taulier se firent entendre dans tout le bâtiment, Angèle n'était pas loin de son bureau. Se fondant au milieu du décor et longeant les murs, se planquant quelquefois derrière une porte ou une tenture, elle vit le beau brun qui l'avait foutue dehors de la taule d'à côté à son arrivée passer l'huis pour y entrer. A pas de loups, la brune s'approcha pour écouter avec attention les paroles échangées, qui la laissèrent comme deux ronds de flan. La silhouette de la Rose passa non loin d'elle, et restant dans l'ombre, la pie attendit qu'elle se soit éclipsée vers sa chambre après avoir toqué à deux portes pour sortir de sa cachette.

Ses mirettes captèrent la sortie de Montparnasse, pas revu des mois, à poil et en forme matinale. Sur ses talons débarqua Lucas, et la petite réunion des galants de l'Aphrodite ne saurait se tenir sans qu'Angèle se pointe elle aussi, information fraîche en tête. Ainsi, la gitane qui l'avait cuisinée quelques mois auparavant au sujet des bouteilles disparues dans la cave semblait avoir passé l'arme à gauche. C'est du moins ce qui était à déduire des paroles émises par Justin quelques minutes auparavant. Filant le long du couloir, la brune venant de fêter ses dix-huit printemps et ayant pris toutes les formes adéquates pour faire une bonne putain passa à son tour la porte de la chambre de la Rose, l'ouvrant sans crier gare et avisant les trois déjà présents.


Tiens, un revenant ! Lâcha-t-elle à peine entrée à Montparnasse, s'approchant de lui et lui collant un coup de cul au passage. T'étais passé où, tu tronchais des vieilles nobles dans les campagnes ou quoi ?

La douceur à l'état pur, incarnée par une brune aux accents chantant de Marseille. Debout aux côtés de Monty, elle observa Lucas et la Rose avec attention, écoutant les dernières paroles qui s'envolaient dans la pièce. Bien sûr, ça causait déjà d'Axelle. Quel autre sujet pouvait donc délier les langues en cette journée si particulière ?

Bon... j'vois que vous êtes déjà au courant ! Parait que la taulière est morte. Et j'crois pas que le Duc l'ait butée ! Il chialait comme une gamine quand j'suis passée à côté de son bureau. Ou alors il cache bien son jeu mais bon... j'suis pas sûre qu'il aurait montré autant de faiblesse s'il venait pas de l'apprendre comme ça.

De son côté, la mort de la gitane ne lui faisait ni chaud, ni froid. Après tout, c'était Justin qui lui avait fait la proposition de rester, et s'il n'y avait eu qu'elle, sans doute que la pie aurait été mise dehors à coups de pied au derche. Sa place dans le lupanar était pour l'heure assurée, à moins que le patron ne décide de revendre. Là par contre, Angèle aurait tout intérêt à se tailler vite fait avant qu'on ne la colle dans un pieu pour amuser la galerie avec son cul.

Pourquoi vous voulez faire croire qu'elle est encore vivante ? A ce train là, tout Paris va savoir d'ici ce soir qu'elle a disparu.
Diego_casas
[Devant l'Aphrodite, dans une ruelle , avec Lenu]





Elle est fatigante, fatigante,
intelligente, négligente,
excitante, désespérante,
attirante, pas très galante,
souriante, affligeante...

fatigante-louise attaque


C'était quoi ce petit bout de bonne femme ? A l'approche des lèvres femelles, il n'avait pas bronché, se contentant de renifler son parfum de petite fille indocile, bienheureux d'échapper à la gifle qu'il pensait récolter. Mais il déchanta bien vite à la main se refermant sur ses bourses, serrant les mâchoires et la narine palpitante, seule trahison de la douleur que son corps accorderait à la donzelle sans doute en mal d'aventures rocambolesques. Ainsi donc, elle voulait jouer au plus con, soit, à ce jeu-là le Casas n'était pas mauvais, et pour cause.

Sans répondre à la question, il s'appropria brutalement les lèvres de l'arrogante, sans la moindre douceur, sans la moindre tendresse, et surtout sans la moindre hésitation, alors que sa senestre se refermait tout aussi brutalement sur le poignet tourmenteur pour y déverser toute la force de sa poigne jusqu'à la contraindre à lâcher sa prise. Sale garce. S'arrachant à cette bouche trop aventureuse, il tourna la tête pour cracher par terre, alors que le bras coupable était remonté entre eux, presque brandi pour désigner l'arme du crime.


Puis lentement, il revint loger l'ombre tranchante de son regard au creux de celui du serpent trop sûr de son venin. Pauvre petite imprudente.

Pas besoin de me brouiller les couilles pour avoir mon nom. Suffisait de me le demander. Il tordit son cou pour faire craquer ses vertèbres, bercé entre amusement et agacement.

Diego. Diego Casas.


Et sans laisser à sa prise le temps de réagir, enterrant loin sa culpabilité pour mieux savourer la flamme qui chancelait dans le regard face à lui, murmura, un léger sourire narquois accroché au coin droit de sa bouche.


Ma sœur n'aurait pas aimé ça, Gadgi *.

* fille non gitane
_________________
Lucas.
~~ Dans la chambre de Elle, assemblée plénière ~~


Plus de cent ans après que la révolution française aurait balayé les vestiges d’une monarchie archaïque, un tel rassemblement se serait appelé une réunion syndicale: Rose, Monty, Angèle, Lucas. Ne manquait plus que Ludwig et la petite sauterie aurait fait salle comble. Pardon? Oui, je sais, je sais: Angèle n’est point une galante, elle le crie assez haut et fort. Néanmoins, si vous avez vu les épisodes précédents et notamment le bal de réouverture, vous avez pu constater comme moi que la petite souris se débrouillait plutôt bien avec Evroult. Pas galante Soeur Angèle? Vraiment? Ben voyons! Il existe plusieurs formes de galanterie, même ici dans l’Antre d’Aphrodite ne croyez-vous pas? Avec tout ce monde, la discussion risquait de s’éterniser. Le bras lové autour de la taille de la florale se détacha de ses amarres, les doigts explorèrent le paysage épineux jusqu’au dernier moment, glissade marquée sur un taffetas joliment mis en valeur et l’ex-avocat vint prendre place dans le fauteuil faisait face au lit de la Rose sensuelle.[i]

[i]Les paroles de Monty firent hausser les sourcils du parisien, hérisser le poil de sa barbe. Se pouvait-il que le mauvais garçon connaisse si mal la façon d’avancer ses pions dans les sphères parisiennes? Ou qu’il manquât autant d’ambition? Qu’il soit maladroit? Ou…


- Aurais-tu peur Montparnasse? Peur que l’on vienne te chercher ici? Nous avons tous ici des choses à cacher et si toi, tu préfères ne pas avancer tes pions sur l’échiquier, moi je ferais en sorte de protéger cet établissement contre la décadence qui le menace, si tant est que la mort d’Axelle soit confirmée. Il faut s’alimenter de rumeurs certes mais ne jamais les prendre pour acquises.

L’Aphrodite serait-il vraiment en danger si la rumeur du « fantôme » Casas était lancée? Monty avait-il raison de croire que ceux qui ont tué Axelle viendraient finir leur travail s’ils apprenaient que la gitane était toujours en vie? A vrai dire le galant n’en savait rien. Il se rappelait cependant de certaines discussions du passé. Elles l’avaient lui-même laissé dubitatif mais force était de constater que jusqu’à présent, il n’avait aucune preuve qu’elles se soient montrées défaillantes.

- J’ai moi-même évoqué la sécurité d’Aphrodite dans le passé parce que tu imagines bien que celle-ci me préoccupe pour différentes raisons et l’on m’a presque ri au nez en me rappelant que les yeux d’Hadès veillaient sur nous et qu’il n’y avait pas meilleur service de sécurité dans le tout-Paris que celui-ci. A ce que je sache, les yeux n’ont pas été crevé par la mort présumée d’Axelle, n’est-ce pas?

Le blond dévisagea les traits de l’Androgyne. Qu’y avait-il derrière ces mots? De la peur? Réellement? Ou un volonté de mener la barque de Déesse vers son propre rivage? Ou une simple volonté de s’opposer à ce que lui, Lucas Dentraigues proposait? Pourquoi l’Ex-avocat avait-il l’impression que le badboy sortait ses ergots face à cette proposition? L’homme avait décidément bien trop à cacher pour être honnête. Enfin, honnête…Vous voyez quoi?

- Monty, ne t’a t-on jamais appris que si tu voulais quelque chose, il ne fallait pas laisser aller les choses, il fallait les diriger? Les rumeurs vont là où certains désirent qu’elles aillent. Es-tu incapable de les influencer? Je te pensais pourtant rempli de contacts. Je le suis, Rose l’est et je doute qu’Angèle soit en manque également. Que le duc n’ait pas tué Axelle, si tant est qu’Axelle soit vraiment morte ce dont, je le rappelle, nous n’avons aucune certitude à ce jour. Donc, si tant est que le duc ne l’ait pas tué cela ne sera que plus simple d’avoir son appui pour mener à bien nos desseins.

Les grisés se tournèrent alors vers l’angélique Angèle, soupçonnée jadis de charpardage et bien trop propre sur elle pour être honnête, la personne parfaite donc aux yeux d’un homme comme Lucas Dentraigues.

- N’est-ce pas Angèle?

Appuyant son discours sur les nouvelles apportées par Soeur Angèle, Lucas poursuivit en s’adressant cette fois à toute l’assemblée.

- Aunou n’a pas le charisme d’Axelle, c’est un fait et s’il était réellement amoureux de la Manouche, alors il doit être inquiet, dévasté, une vraie loque humaine. Il va se complaire dans l’alcool, le jeu, la luxure sans réellement gouter à tous les plaisirs que peuvent prodiguer ces trois activités. Il va mettre du temps avant de s’en remettre, de se faire à l’idée que son amante n’est plus, que ces étreintes fougueuses dont il avait la primeur ne sont plus que chose du passé. Aunou n’a pas l’intention de faire de l’Aphrodite un vulgaire bordel mais sa faiblesse pourrait y mener tout droit cette maison. Angèle vient de le dire: il montre déjà sa faiblesse…et si toi Monty, tu veux laisser la chienlit s’installer, ça n’est pas mon cas.

Lucas fronça les sourcils d’un air déterminé. En cet instant, c’était plus l’avocat dominateur, prêt à écraser tout ce qui se mettrait sur le chemin de son ambition qui parlait, un homme sans scrupule, un loup alpha comme l’avait appelé une certaine Elienore. La mort présumée d’Axelle Casas lui permettait de reprendre goût aux intrigues, aux manipulations, à l’ascension vers le pouvoir.

- Tant que certains croiront qu’Axelle est encore en vie, ils ne toucheront pas à Aphrodite mais laissez-moi vous dire que s’il y a une place à prendre vous verrez les charognards roder autour, n’attendant que de savoir comment ils se partageront la bête fragilisée.
_________________
.elle

~~Chambre d'Elle~~

    Spectatrice...
    Observatrice...
    Analyste...
    Lovée un court instant au creux des bras du maître galant voilà tout ce qu'elle était au demeurant pour l'instant, parce qu'elle ne voulait pas être plus non plus.
    L'arrivée d'Angèle aurait presque pu lui tirer un sourire si les deux coqs n'étaient encore à se tirer la bourre, même sur un sujet tel que la mort de la Casas et le grain que la jolie pie venait d'amener au moulin de Lucas n'allait pas arranger le débat entre les galants.
    Libérée de l'étreinte du Dentraigues, la rose s'approcha de sa coiffeuse, attrapant sa brosse à cheveux, caressant les brins soyeux qui en formaient le coiffant pour... lisser la chatoyance de la chevelure qu'elle venait de libérer de son pic.

    Geste décalé ? sans doute
    Moyen de se concentrer ? probablement
    Reprendre possession de l'endroit ? pas forcément
    Se recentrer et se contrôler ? absolument

    Assise, le regard félin se reflétant dans le miroir observait chaque protagoniste tour à tour, écoutant chaque propos, chaque vérité, chaque supposition, chaque folie... Quand Lucas l'impliqua ouvertement dans ses projets de fumisterie funeste, était-elle au final la seule à voir au delà de tout ce que ça impliquait pour l'Aphrodite, l'aspect humain de l'affaire.
    Angèle confirmait la tristesse du Duc, pas d'assassinat marital donc, Lucas pouvait imaginer son plan faisable mais les propos de Montparnasse tintèrent comme un avertissement à son oreille et elle connaissait suffisamment le galant pour savoir qu'il en fallait du costaud pour que l'androgyne fasse retentir la sonnette d'alarme.
    Longue inspiration prise après avoir laissé chacun balancer ses théories, la nacre de la brosse claqua sur le marbre de la coiffeuse, les iris herbacées se portant sur Lucas au travers du miroir s'exprimant d'une voix sans la moindre once d'un sentiment, quelconque, froide, détachée.
      Lucas avant de partir dans telles... duperies parisiennes tu dois avoir toutes les cartes en main, tu n'as pas le duc et Angèle vient de confirmer que tu n'auras sans doute qu'une loque et....

    Déportant son regard sur Montparnasse ajoute.
      ... m'est avis que ceux qui ne connaissaient pas la duchesse hors d'ici ignore tout de qui elle était vraiment.
      N'est-ce pas Monty ? Ce qui n'est pas ton cas... je me trompes ?

    Se décidant enfin à pivoter la tête pour les regarder tous, les amandes oculaires s'effilèrent encore davantage, donnant au faciès d'ordinaire relativement doux, une dureté et une intransigeance nouvelle.
      Alors reste à savoir si on se serre les coudes ou si on se tire dans les pattes ?

    Agacement d'une rose ? Plus que probable
    Faire sortir une autre facette florale ? Autant éviter
    Contenir tout ce qui bouillait en elle ? Nécessaire

_________________

Merci JDMonty
Montparnasse.
    Du côté des appartements des galants – Chambre d’Elle.


Ah la douce et raffinée Angèle… Elle lui avait presque manqué. Montparnasse lui adressa un sourire franc quand à sa remarque. Non il ne tronchait pas vieille, mais c’est vrai que cela aurait put être dans ces cordes…

Mais le temps n’était plus à la plaisanterie, et à peine eut il cesser de parler que Lucas monta sur ces grands chevaux. Décidément jamais ils ne trouveront un terrain d’entente ces deux là. Toujours appuyer contre le chambrant de la fenêtre Montparnasse l’écouta avec attention. En revanche il n’était pas sur que le blond est fait de même à son égard, voila que ces propos était bien déformer dans la bouche de celui qui aimait à se faire appeler Maitre.

Son empiternelle sourire de connard vissé sur le coin des lèvres, il le laissa aller jusqu'à bout. Il n’avait jamais dit qu’il était contre l’idée du blond, mais seulement qu’il était partager par celle-ci, n’y voyant la aucun réel intérêt pour l’établissement... et bien sur pour lui.
Pour dire vrai il avait du mal comprendre les motivations du blond.

Les paroles du Galant firent légèrement secouées la tête de Montparnasse de consternation. Cela allait bien plus difficile que prévue.
Etonnement au moment ou il allait répondre, la Rose pris la parole, et le sourire vicieux du brun s’étala un peu plus sur ces lèvres. Voila qu’elle n’adhérait pas bêtement aux idées saugrenue du Blond et Montparnasse apprécia que d’autant plus son intervention.
Enfin une personne sensé avec qui discuter, une personne qui n’était pas tellement absorbé par le son de sa propre voix qu’elle en oublié le sens de ces propos.

Montparnasse s’avança dans le centre de la chambre. Finit d’être le galant, Montparnasse laissa apparaitre son autre facette, celle qu’il portait à l’extérieur de ces murs. Une facette plus sombre et bien plus dangereuse.


- Lucas, je crois que l’heure n’est plus vraiment à nos chamailleries de cours d’école. Je n’ai pas peur non, de nous tous ici présent, je suis surement celui qui à le moins à perdre dans cette affaire. Mais je suis sans doute celui qui en a une vision la plus global. Comme je l’ai dit précédemment, mais je réitère mes mots qui ont été mal interprété, je suis partagé sur votre idée. Cela ne veut pas dire que je m’y oppose, mais seulement que le problème est bien plus complexe que vous semblez le mesurer.

Montparnasse passa une main dans ces cheveux en bataille avant de poursuivre.

- Ce que j’essaie de vous dire c’est que la mort d’Axelle dépasse les murs de l’Aphrodite. Et que ce n’est pas nous, pauvre Galant, qui pourront manipuler tout Paris. Je ne dis pas que cela n’est pas possible, seulement que si vous voulez protéger l’établissement alors les ficelles à tirer seront bien plus longue et complexe que celle d’un duc endeuillé...

Si nous partons sur la théorie qu’Axelle est belle est bien morte, ce auquel je porte à croire, vous avez raison sur un point Lucas. L’Hadès n’a plus d’œil. Mais l’Hadès n’a pas seulement des yeux, elle a aussi une tête, et des bras, et si la vision lui a été tronqué temporairement, la tête elle n’a pas été tranché. Et bien qu’affaiblit, tout me porte à croire qu’Hadès ne courbera pas l’échine si facilement.


Montparnasse regarda Rose un instant, semblant réfléchir à certaine donnée qu’il possède, faisant le tri entre celle qu’il peut communiquer, et celle qu’il préfèrait garder pour lui. Il faut dire qu'il n'avait guere l'habitude de travailler en équipe...

- Lucas dites moi, qu’elle est le réel intérêt pour l’Aphrodite de faire croire à que la Gitane soit à sa tête ? Ne pensez vous pas que l’Hadès à bien plus d’intérêt que l’Aphrodite dans tous cela ? La mort d’Axelle va faire trembler les murs Parisiens. La milice est affaiblit. Les rejetés politiques, les Canailles et autres Rats vont s’emparer de la nouvelle, et très vite de nouvelles alliances se formeront. Nous pourrons toujours faire croire qu’elle est en vie… Mais chaque mensonge, si bien tisser soit il finit par se déchirer un jour et l’autre, et l’établissement en sera entaché définitivement. Si votre idée peut-être intéressante sur le cours terme, elle mènera l’Aphrodite et la Cours Jussienne à sa perte tôt ou tard.

Il s’arrêta un instant et les regarda tous avant de poursuivre.

- En effet en dehors de ces murs Axelle n’étais pas qu’un simple Duchesse, elle était bien plus qu’elle ne semblait l’être. Un claquement de ces doigts et vous n’étiez plus rien. Nous ne jouons plus dans le bac à sable en cet instant, nous jouons dans la cours des grands. L’envers du décor de la royauté, et donc du pouvoir, là où toutes les intrigues se déroulent. Et nous ne pouvons nous permettre d’abattre nos cartes aussi simplement que vous semblez le pensez Lucas.

Sa disparition va créer une faille, un trou qu’il faudra combler, et nous aurons bien plus d’intérêt à affirmer la position de l’Aphrodite en comblant ce trou, qu’en manipulant des fantômes. Nous devons montrer que la Cours de la Jussienne sait s’unir. Que la Cours de la Jussienne est forte. Mais surtout qu'elle est indépendante et que ne tient pas sur les épaules d'une seule femme. Nous devons faire comprendre à tout Paris que c’est nous qui tirons les ficelles. Nous devons nous faire respecter, autant que nous faire craindre.

Mais pour cela nous devons sortir d’entre ces murs, nous devons creuser les pistes. Le savoir entraine le pouvoir, vous qui donnez des leçons sur comment diriger les choses mon chère Lucas, vous devriez le savoir. Pour l’instant nous n’avons qu’une rumeur, une rumeur glaner derriere des portes fermés. Ces portes il faut les ouvrir.


Le galant n’était plus, il ne restait que Montparnasse, celui qui commandait une partie des miracles d’une main ferme. Celui qui n’hésitez pas a s’associéer à des princes pour faire fléchir des Grands Prévôts. Non aucun d’eux ne savait qui était Montparnasse et une chose était sur, l’occasion qui se présentait était unique, elle était belle, somptueuse, divine, elle dépassé les murs de l’Aphrodite, les murs de la Jussienne et même les murs de Paris. Il était hors de question de gâcher cette chance par un manque de préparation.

- Nous ne devons pas nous précipiter. Je vais me rendre à l’Hadès, je vais voir ce qu’il s’y passe, j’emmènerais Ludwig avec moi, après tous, nous sommes tous dans la même barque.
Angèle, si tu le veux bien, tu as des affinités avec le pacte d’Orphée, prend le nouveau avec toi, et allez glaner des informations, taper dans les tas de sables si il le faut, mais la Cours doit agir ensemble.
Lucas, Rose, si êtes d'accord, essayez d’avoir une entrevue avec le Duc, ne lui laissait pas le temps de s’apitoyer sur son sort, tenter de savoir ce qu’il compte faire, utilisez sa faiblesse du moment pour savoir tous ce qu’il sait de la mort d’Axelle, qui d’autre que nous sommes au courant.
Voyez si la théorie de Lucas a de quoi tenir debout, à une chance de fonctionner et qu’elle bénéfice il y en a tirer.

Si cela vous convient à tous, je vous propose que l’on se rencontre de nouveau dans cette même chambre cette nuit et qu’on partage nos donnés. Une fois que nous aurons les informations nécessaires, nous pourrions décider quelles ficelles tirer, et à qui les faire tirer.


Regardant sa tenue Montparnasse se dit qu’il fallait d’abord qu’il prenne une douche et qu’il enfile des linges propres avant de se jeter dans la gueule du loup… Les yeux d’Hadès, là par contre il jouait gros, c’était quitte au double. Il n’était pas sur d’en ressortir vivant maintenant qu’Axelle ne le protéger plus, mais si tous ce dérouler comme il le pensait alors le reste des ficelles qu'il avait deja tendu se refermerait doucement sous le regard amusé du Galant.

Son regard passa de l’un à l’autre, attendant leur commentaire avant de disparaitre à nouveau.

_________________
Lucas.

~~ Dans la chambre de Elle, "damage-control" ~~



L’ambiance était lourde. Le plancher craquait sous le poids des galants, rompant subitement le silence pesant qui s’installait entre les répliques de chacun. Lucas avait le visage fermé, ses pensées s’obscurcissant au fur et à mesure que Monty présentait sa vision des choses. Même dehors, le brouhaha ambiant semblait respecter la funeste nouvelle qui étendait ses serres sur une Aphrodite privée de son âme, de son berger. Index et pouce joints, le Dentraigues étirait les poils de sa barbe qu’il traitait pourtant avec un grand soin d’habitude. Tic-Tac… Tic-Tac…Ambiance de veillée funèbre.

Et pendant ce temps, Monty parlait, parlait. L’ex-avocat ne l’avait jamais entendu faire une tirade aussi longue, se perdre ainsi dans les méandres d’une discussion dont lui seul savait où elle menait. Les mots ne s’accrochaient plus aux parois de l’esprit du Dentraigues. Monty était parti dans son univers, à des milles des préoccupations actuelles du galant. Lucas tourna lentement la tête vers la florale, le regard soucieux, les charbonneux emplis de points d’interrogation. « Oui Rose, tu as raison de te préoccuper. Axelle se comportait comme une princesse à la cour, cette cour qu’elle avait fondée. Elle s’était entourée d’un sérail où évoluaient son cercle d’intimes choyés, à qui elle offrait présents et attention, un groupe formant la crème au dessus du lait et détenant la vérité. Les autres n’étaient là que pour égayer leur quotidien. Elle était prête à se contredire, à tout écraser sur son passage quand quelque chose ou quelqu’un se dressait devant eux. En quelque sorte, elle était comme lui Lucas Dentraigues? La loyauté en plus? La loyauté est accessoire. C’est une faiblesse que certains ont en eux, comme une tare de naissance. Axelle l’avait-elle? Il parait. Et tu vois Rose, c’est ça dont l’Aphrodite a besoin. »

Lucas hocha la tête négativement aux paroles de Monty, celles que son esprit arrivait à capter. Il s’était adressé au galant et c’était le brigand qui lui répondait. C’était à se demander si Monty était vraiment un des leurs ou un pendard qui cherchait un moyen facile de se faire de l’argent et de satisfaire à ses besoins charnels. Après Rose, les prunelles du Dentraigues se posèrent ensuite sur Angèle: « Au final, c’est peut-être toi qui est la mieux nantie. Quel que soit l’avenir de l’Aphrodite, tu t’adapteras. Évoluer dans cette fange, parmi cette clientèle, ne te devrait pas t’embêter ». Le blond prit une profonde respiration, rompant le silence qui avait repris sa place après les paroles de Monty. Il tourna la tête vers l’orateur, le jaugea. Mesurer ses paroles servait-il à quelque chose?


- Montparnasse, tu es un fat!

Vouvoiement, tutoiement. Il y avait déjà eu quelques escarmouches entre les deux coqs dans le passé. Jamais Lucas n’avait jusqu’à présent accordé le vouvoiement au badboy et aujourd’hui, un pas en arrière avait été fait sur ce chemin.

- Je te parle de l’avenir de l’Aphrodite, et toi tu me ramènes des histoires crasseuses de pouilleux, de fripouilles des bas-fonds! Je t’ai expliqué mais tu ne comprends rien ou tu ne veux pas comprendre. Es-tu donc fini au purin?

Perte de contrôle. Le ton était monté crescendo et le visage de l’ex-avocat s’était durci. C’était inhabituel. En tout temps, Lucas gardait le contrôle de ses émotions. Il distillait ce qu’il voulait, quand il voulait. Le ton, les mots, lui échappaient, l’emmenaient sur une route qu’il désirait prendre mais masqué. Il n’aimait pas voyager à visage découvert quand ça n’en n’était pas la peine. La dernière phrase de sa tirade était éloquente de cette perte de contrôle. Cette phrase, ça n’était pas Lucas Dentraigues, ça n’était pas le Maître en possession de ses moyens, celui qui dirige le jeu là où il le voulait. C’était un Maître qui laissait parler son exaspération. C’était un Lucas Dentraigues immature, un gamin.

- Je viens de te dire que je ne crains pas pour la sécurité de l’Aphrodite et toi tu reviens sur ce sujet? Tu le fais exprès? Es-tu donc réellement un galant ou n’es-tu qu’un de ces pouilleux qui végète à la cour des Miracles?

Un instant, il eut /envie de se lever, d’affronter l’impétrant, de le toiser de près, regard contre regard, de lui planter l’index sur le front et de lui dire « y’a quoi dedans McFly? ». Il s’en abstint. Le Maître en lui tentait de contenir les débordements évidents et inhabituels de sa personne. Si les mots s’échappaient, les gestes en revanche furent contenus.

- Je te parle d’orientation, d’avenir de l’Aphrodite, de cette crainte que ce qu’on nomme « cerclé fermé » et qui s’adresse à une clientèle raffinée soit désormais appelée vulgairement « bordel », que galant soit remplacé par « catin », et que « séduire » devienne « baiser »! Au lieu d’accueillir les nobles de Paris et des provinces vassales, L’Aphrodite s’ouvrira aux forgerons, charpentiers, aux bourgeois en mal de sexe! C’est ça que tu veux Montparnasse? Je te parle de pourris comme Julot qui ne penseront qu’à ouvrir les cuisses de celles qui s’appelaient galantes il y a peu, d’hommes qui se croiront être le centre du monde et dont seul leur plaisir comptera. Je te parle d’endroit où les femmes valent moins qu’un jambon. Moi, je te le dis et le redis: c’est ça qui me préoccupe en ce moment. Ça et rien d’autre! Je ne crains pas pour la sécurité de l’Aphrodite, je me fous de la façon dont la Casas a été trucidé et par qui. Seul m’intéresse l’avenir de cet établissement!

Le ton était monté, le débit de paroles aussi. Pour ceux et celles qui connaissaient Lucas Dentraigues, cela devait paraître étrange.

- Tu peux aller chez Hadès avec n’importe quel pécot, je n’en n’ai cure mais ce n’est pas comme ça que tu nous aideras à ce que l’Aphrodite ne devienne pas une pâle copie du C4, ou un bouge comme celui que détiennent Théodora et Julot? Pourquoi crois-tu que Rose a été amenée à l’Aphrodite? Veux-tu qu’elle retrouve dans ces murs l’ambiance qu’elle a quitté quand je suis allé la chercher? Flav et les propriétaires avaient été claires dans leurs directives : se comporter de manière à changer l’image de marque de bordel qui venait de l’ancienne Aphrodite et qui n’était plus l’orientation de l’établissement. Flav a disparu, Axelle n’est plus et dans quelques jours Aunou ne sera plus qu’une loque qui se complaira dans l’alcool et qui aura des idées suicidaires malgré les prêches de l’église aristotélicienne! Alors, si tu penses qu’aller chez Hadès peut nous aider à éviter cette horreur, vas-y. Moi, je pense que…

Ce n’était plus une perte de contrôle, c’était une véritable logorrhée verbale. Lucas ne termina jamais sa phrase. Les dernières syllabes restèrent bloquées dans sa gorge. Le galant se leva brusquement de son fauteuil et se dirigea vers la porte, une colère noire mêlée d’inquiétude se faisant visible sur ses traits. La porte de la chambre d’Elle s’ouvrit…

- Fais ce que tu veux, je m’en moque!

… et se referma violemment en vibrant sur ses gonds derrière le galant.

_________________
Lenu
Ami, prend ma lanterne
Car j'ai perdu ma flamme
Mon amour est parti
Elle a jeté mon âme
Me laissant le coeur vide
Elle a fait des fertiles des averses arides

Elle avait les yeux noirs desquels on voit du bleu
Qu'on prend pour l'océan, dans lesquels on voit Dieu
Qui font toucher du bout des doigts les horizons
Et toujours à la fin on est seul au milieu...
Des vagues de sanglots et du sel dans la gorge
Et du sel sur la plaie de ce coeur tatoué
A son nom que l'on crie au fond des verres de vin
A se dire que la vie oui n'était qu'une putain
Ami, regarde moi j'ai le coeur qui renverse
La mémoire de ses yeux qui me colle à la peau
Et dans les bars du port je cherche magie noire
Pour délivrer mon corps du sort qu'on m'a jeté


Damien Saez. Putains, vous m’aurez plus.




Ruelle en face de l’Aphrodite, avec Diego.


Funambule. L’Italienne n’a certainement pas changé malgré les leçons. Elle aime cela, ballerine funèbre dansant sur un fil au-dessus des ténèbres. Chassant la peur, provoquant avec une minutie maladive, ainsi elle juge de ses adversaires, ainsi elle se sent en vie. Le feu elle aime cela, et l’Enfer où elle vit est bien plus brûlant que ce gitan. Fusion de prunelles sombres que ravagent les flammes de la colère et c’est Axelle qu’elle recherche en lui. Lui et sa gueule portant honteusement les traits de la Zingara. Elle aurait pu sourire à ce baiser sans passion, violent, primitif et presque punitif. Oui elle aurait pu mais l’amertume des lèvres la rend plus lucide, n’y retrouvant pas le goût de miel de sa Bella. Lénù semble vaincue, poignet étreint avec force la soumettant à relâcher les balloches. De concert avec lui et en direction opposée elle crache au sol, rejetant ce venin infâme auquel elle s’est abreuvée.

Maintenue le bras en l’air, les orbes devenues lames chuintantes à trop s’éprouver, les lippes violées d’un baiser s’étirent d’un sourire en coin empreint d’amusement. Le con. Il a l’air de la prendre pour une petite donzelle sans intérêt, lui, qui n’a rien senti durant l’étreinte du baiser, alors qu’elle palpait son corps et l’a délesté de la dague planquée et gardée en senestre au creux des reins Italiens. Tintinnabule toujours présent, il est dangereux et elle le sait. Tout comme l’était Axelle. Et ce putain de sourire qui la nargue, le même s’affichait lorsqu’elle faisait mouche et comme sa sœur, lui aussi venait de frapper son cœur de la lame des mots. Oh oui, la flamme chancelle dans son regard, colère devenant orage. Elle pourrait là, mettre en œuvre les leçons de Siegfried, lui exploser le nez, lui arracher ce sourire de ses dents, elle pourrait devenir furie et lui faire mal en exutoire de sa douleur à elle. Mais elle n’en fait rien, dévorant encore un peu le regard ténébreux comme si elle s’en nourrissait. Le sourcil s’arque aux dernières paroles et à son tour étire un sourire en coin.

Que crois-tu Casas. Elle se serait bien marré de voir son frangin se faire broyer les couilles par une donzelle hé.

Le sourire s’efface. Orage mordorant les prunelles noires. Doigts fins se crispant sur le manche de la dague gitane, prête à attaquer au moindre geste.

Que fais-tu ici ? Où étais-tu quand elle a disparu ?

Ouais Casas. Où étais-tu quand ta sœur avait besoin de toi ?
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Diego_casas
[Devant l'Aphrodite, dans une ruelle , avec Lenu]


Finalement, elle était amusante cette petite donzelle. Elle lui rappelait ces petits chiens hargneux qui aboyaient en trépignant, cherchant à mordre un molosse indifférent aux provocations. Mais parfois, le molosse s'agaçait et, d'un coup de crocs à la gorge de l'ennuyeux clébard, le réduisait à un implacable silence. Mais pour l'heure, le cadet, loin d'être molosse, s'amusait et, s'il parvint à retenir un rire devant l'agressivité du petit roquet, son regard, lui, éclaboussait la jeune fille d'hilarité. Oh, oui, comme elle l'amusait, habile qu'elle était à faire taire sa culpabilité avec ses gros sabots quand avec plus de finesse, elle aurait pu la titiller et la faire enfler jusqu'à le vaincre sans même batailler.


Il secoua lentement la tête d'un air dépité.


J'ai cru un instant qu'vous connaissiez ma sœur. Je me suis trompée. Si vous l'aviez vraiment connue, vous auriez su qu'elle avait pris de décision de nous quitter, pour se forger une nouvelle famille, loin de nous. Nouvelle famille au sein de laquelle elle devait vous accueillir si je me fie à votre hargne. Bref, vous posez donc pas les bonnes questions.


D'un coup, le regard gitan perdit tout son amusement, se teintant d'une lueur lugubre.

Pauvre idiote. J'étais là, avec elle. C'est moi qui la tenais quand la lame découpait son cou. Je porte encore les traces qu'elle m'a faites en se débattant. C'est moi qui l'est faite disparaître, jusqu'à vous interdire de veiller son corps. J'étais là, pauvre idiote. Et pas toi.*


Les question que vous devez vous poser est : et vous, où étiez-vous quand elle mourrait ? Si je n'ai rien à foutre ici, alors vous non plus, car vous arrivez bien trop tard.

Furtivement, il serra son poing, refrénant l'envie de la gifler avant de maquiller de nouveau son visage de nonchalance en pointant son menton vers le dos de la donzelle.

Sans rire, vous croyez vraiment que je me trimballe avec un seul couteau ?


*italique bleu: pensées. Gras bleu: paroles.

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.elle

~~Chambre d'Elle~~

    Coite...
    Oui c'était ça, pour ne pas dire abasourdie de ce qui venait de se jouer sous son regard de chat, on avait largement dépassé le contexte du combat de coq à ce stade, s'en était maintenant à la guerilla urbaine ouverte et clairement déclarée.
    Le portrait qui venait de se décrocher du mur pour tomber sur la console explosant le vase contenant les roses séchées en était la première victime, combien y'en aurait-il d'autres restait un mystère encore.
    S'il était une chose que la rose n'avait encore jamais vu jusqu'ici concernant Lucas s'était bien une perte de contrôle et celle qui venait de se produire laissant bris de verre et pétales sur le parquet était juste... magistrale.
      Ouch....

    Instant de stupeur passé, "Elle" passa son regard vers Angèle qui tout comme elle s'était tenue en retrait de l'altercation des galants, à dire vrai, l'épineuse en était à se demander ce qu'elle foutait dans cette galère, l'utopie d'une équipe s'entraidant s'éloignait de plus en plus de ses pensées, quand à ses désirs...
    Devrait-elle revenir au temps d'avant et reprendre les habitudes pré-aphrodite ? Cela semblaient se préciser à chaque minute qui s'écoulait dans cette chambre avec ce coup dur qui frappait l'établissement.
    Perdre la tête de l'hydre, de celle qui ne saurait repousser, et en aucune façon être remplacée... Voilà ce qui venait de se passer, la manouche avait une aura telle que personne ne lui avait jamais contesté son trône ici et que, même morte, sans doute personne n'aurait l'audace de le faire.
    Mais là...

    Longue inspiration en fermant les yeux et se comporter comme elle l'avait toujours fait, calmement, posément, presque regretter l'accès d'humeur un peu plus tôt qui avait possiblement mené à cette... à tout ça.
    Pourtant l'envie présente était tout autre, plutôt du domaine du hurlement et d'envoyer tout le monde chier joyeusement, oui elle en était à peu près là la "douce" rose, les épines à vif.
    Lent mouvement pour se lever en passant à proximité de Montparnasse puis d'Angèle se dirigeant vers la porte en évitant les débris de la fureur Dentraigues posant la main sur le bouton sans l'ouvrir.
      Je pense que... la discussion est... "close".
      Fais ce que tu as dit Monty, ça me semble le mieux de voir ce qui se passe autour, tu as raison.
      Préviens les autres, voyez avec Hadès et Orphée.
      Je vais... "Tenter"... de calmer Lucas...
      Si je n'y arrive pas j'irais voir le duc seule.

    Doigts fins faisant pivoter la poignée, le cliquetis de l'ouverture se fit entendre et les iris herbacées passèrent d'Angèle vers l'androgyne, regard se stoppant dans le sien, elle lui découvrait un visage déjà vu mais pas aussi déterminé, lirait-il ce qui se trouvait dans le sien ?
    La mort de la manouche faisait tomber certains masques, peut-être en étaient-ils qu'il vaudrait mieux voir rester ancré au visage de leur propriétaire.


_________________

Merci JDMonty
Lenu
Je vois la mauvaise lune s'élever.
Je vois des ennuis sur mon chemin.
Je vois des tremblements de terre et des éclairs.
Je vois des mauvais moments aujourd'hui.
J'entends des ouragans souffler.
Je sais que la fin approche.
Je crains les rivières débordantes.
J'entends les voix de la rage et de la ruine.
On dirait qu'on va passer un sale temps.
Dent pour dent, oeil pour oeil.


Mourning Ritual. Bad moon rising.


Ruelle en face de l’Aphrodite, avec Diego.

Colère

Confrontation paradoxale. Elle, rongée par la colère dévorant tout son être et lui, avec cet air moqueur, la provoquant. Il a cette même façon qu’Axelle de la décontenancer, chose rare, d’autant plus ces derniers temps. Est-ce les effets de la drogue encore présente en ses veines qui fait qu’elle ne peut se résigner pour l’heure à lui en mettre une ? Le velours des cils se plisse, statufiée à trop l’observer, elle encaisse la claque monumentale des mots filtrant des lèvres gitanes. Il a trouvé la faille, s’y engouffre et en élargit l’ouverture. Elle se trouve face à lui, comme foudroyée sur place sans effectuer le moindre geste, seules les prunelles sombres trahissent l’ouragan qu’il vient de déclencher en elle, puisant sa force à une multitude de questions dont les réponses lui viennent naturellement.

Imperceptible froncement de sourcils, imperceptible mouvement des lèvres qui s’entrouvrent en silence. Pensées faisant rage, voix s’entremêlant dans son esprit, et elle l’entend ce rire qu’elle aimait pourtant écouter, et elle l’entend cette voix rauque lui souffler combien elle était idiote. Et elle avait raison. Cruellement raison. Lénù s’était faite conquérante d’un Graal qu’elle n’a jamais détenu, juste à peine effleuré et cela lui suffisait. Elle ne demandait rien, n’exigeait rien. L’avoir à ses côtés, l’observer, croiser son regard, écouter l’intonation de sa voix, même supporter la noirceur d’un regard, parfois méfiant lui suffisait. L’Italienne qui préfère de loin donner la mort, avait sauvé la vie de la gitane, un soir à Labrit. Elle s’était battue pour qu’elle vive, la soignant, la veillant nuit et jour, domptant les boucles brunes, lavant ce corps désiré, le cédant à des bras aimants qui savaient l’aimer, eux. Elle n’a jamais su.

La mâchoire se crispe.

Le frangin venait de lui mettre en pleine trogne ce qui pour elle lui semblait sans importance. Elle ne connaissait pas Axelle. Rien de sa vie, rien de sa famille. Rien de ce qu’elle fut, autre que ce que Lénù vivait auprès d’elle. Peu encline à des discussions, l’Italienne posait peu de questions et se contentait de ce qu’on voulait bien lui donner. Et la gitane ne lui avait jamais rien cédé d’autre que parler de ses fils et de leurs pères, un peu. Lénù déglutit, sombrant dans le regard lugubre de Diego. Elle connaît ce genre de regard bien qu’elle soit loin d’imaginer que cette main qui détient puissamment son poignet gauche en faisait de même avec Axelle alors qu’on lui ôtait la vie.

La mâchoire se crispe.

Et c’est là que tout bascule. Paroles s’infiltrant en plein cœur tel un poison, main qui l’étreint jusqu’à le broyer douloureusement. Esprit répétant un « Tais-toi » inlassablement alors que le fiel s’écoule des lèvres du Casas. Où était-elle hein ? A parcourir les routes pour une vengeance qui n’était pas sienne et qu’Axelle dans sa dernière missive lui avait bien fait comprendre de ne pas continuer ce chemin-là. A mener, guider jusqu’en Italie pour que s’abatte un carreau mortel en plein cœur. Tout ce temps perdu loin d’elle pour quelques instants frustrants. A suivre un homme dans lequel elle s’est reconnue, à apprendre de lui, à comprendre que les limites sont faites pour être franchies. Et c’est ce que vient de faire le Casas, et ce, admirablement.

Elle ne l’écoute déjà plus, faisant fi de sa moquerie, lèvres murmurant plusieurs fois d’un ton glacial ce que l’esprit cri :
Tais-toi. On pourrait croire que si elle devait attaquer, elle profiterait du couteau pour le planter d’un geste vif en plein cœur. Elle aurait pu oui. Mais ce serait contre ses principes. Le plaisir vient de la souffrance. L’exutoire à toute cette colère ne sera que souffrance. Les doigts crispés lâchent le manche du couteau dont l’impact sourd au sol devient déclencheur d’une salve de coups de poings. Main libre assénant les impacts dans la trogne du Casas.

Tais- toi… tais-toi… tais-toi… Tais toi !Tais-toi !
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Bakhtan
Je ne veux pas de toi
Pas là, pas comme ça
Je ne daignerai pas
Te dire le pourquoi

A mon tour je n’me risquerai pas
A dire ce que je pense tout bas
Je ne veux pas de toi
Pas là, pas comme ca

Comme un clou qui en remplace un autre

Je sais que passent les histoires
Toi t'es parti sans me donner de raisons
Pour me laisser envie d'y croire

Je rêve encore d'un dernier verre
Je sais qu'au fond, j'aime pas déplaire
J'ai trop d'égo, je reste fière
Je passe, je quitte, je déserte

Je ne veux pas de toi
Pas là, pas comme ça,
Je ne daignerai pas
Te dire le pourquoi

A mon tour je n’me risquerai pas
A dire ce que je pense tout bas
Je ne veux pas de toi
Pas là, pas comme ca*


Les minutes passent et s'égrènent, Aunou caresse machinalement le dos de Messey. A la question de Sabaude qui demande: "Comment". Tandis qu'il regarde les débris de verres dans la cheminée.

Quel importance mon petit, il s'agit d'un destin brisé, gardez donc d'elle, une image intacte, celle qui vous réchauffera le cœur quand vous aurez besoin de vous la remémorer.

Justin se souvient alors de leur première entrevue à l'Aphrodite. Pieds nus, boucles hirsutes, d'emblée, elle lui avait plu...

Que convient-il de faire dans pareil cas maman?

Germaine n'étant pas loin, Justin relâche Sabaude, et leur indique de s'installer dans l'angle du bureau dans lequel, un coin salon est aménagé. La douairière, tandis qu'elle s'humecte les yeux, à son habitude, rebondit, trait de caractère commun de la mère et du fils qui dans l'adversité, toujours font face.

Quand est-ce que sa dépouille arrive? Il faut trouver un endroit un peu plus digne qu'ici pour que ses proches puissent venir lui rendre un dernier hommage. Il faut faire prévenir ses enfants.

Germaine se tournant vers Sabaude.

Vôtre Grace, pouvez-vous, vous en charger? Je pense que les deux garçons, sont avec leurs pères?

Justin se souvient de quelques conversations avec Axelle, il sait qu'elle a d'autres enfants mais n'est pas même en mesure de se souvenir d'un prénom, de la région, ou les filles sont supposées être.

Il n'y a pas qu'eux qu'il faudrait prévenir, mais je n'ai aucune idée de comment rentrer en contact avec ses proches. Il n'est pas prévu qu'une dépouille nous soit rendue.

Dans ce cas Justin, nous ne pourrons pas faire d'inhumation, je le crains...

Si, nous en ferons une, ce ne sera pas le premier cercueil vide qui sera enterré. Elle aura les obsèques qu’une duchesse est en droit d’avoir. Ou au pire, nous enterrons quelques pierres qui ne manquerons à personne...

Méditant un instant, Justin reprend.

L’inhumation aura lieu à Aunou, en Alençon, là, nos gens sont de confiance. Et personne ne viendra y faire de l’excès de zèle, il va falloir hâter les choses, plus vite la cérémonie aura eu lieu, plus vite, nous pourrons vaquer à nos occupations.



*Joyce Jonathan: "Je ne veux pas de toi"

En vert Germaine

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Diego_casas
[Devant l'Aphrodite, dans une ruelle , avec Lenu]





Qu'est ce que tu voulais que j'lui dise?
Toute la vérité, rien que la vérité?
Est-ce que tu voulais que j'lui dise,
Que ça ne f'ra qu'empirer?
Qu'il a pas fini de pleurer ?
Qu'la leçon n'est jamais apprise ?

Benabar - Qu'est ce que tu voulais que je lui dise 





Il le vit, niché là, au fond des prunelles sombres, le basculement. Celui-là même qu'il cherchait, pour qu'elle lui fiche la paix avec ses questions sans fin et cette arrogance assurée qui ne lui donnait qu'envie de lui foutre une beigne en pleine figure pour la faire taire. Pour lui faire comprendre qu'il était des recoins obscurs dans lesquels mieux ne valait pas s'engouffrer. Et qu'il en était un, de ces petits recoins sombres, qui malgré la culpabilité, malgré les remords, n'hésiterait pas à tuer pour sauver sa peau, tout coupable qu'il était. L’altruisme avait des limites. Et chez le Casas, elles étaient foutrement bien nettes et serrées.

Il le vit, le basculement, telle une vague menaçant de l'emporter dans son rouleau. Il l'avait vu. Il l'avait attendu. Il l'avait espéré. Nul autre moment n'aurait été mieux choisi pour se barrer et la laisser là, avec ses interrogations auxquelles elle ne trouverait pas de réponses. Du moins, pas celles qu'elle souhaitait entendre. Et pourtant il ne broncha pas, perché en haut de la dune pour attendre la foudre. Paratonnerre conscient de sa condition de piquet impuissant à offrir le soulagement. Tout juste bon à griffer encore.

Et la foudre tomba. Mais qu'aurait-il pu dire d'autre ?

Il ne chercha même pas à l'éviter, ne reculant qu'à peine la tête sous les coups pleuvant sur lui. Il en avait senti passer bien d'autres, et de foutrement plus forts que ceux d'une frêle donzelle à l'équilibre rendu précaire par un poignet immobilisé dans sa pogne. Et surtout, finalement, ces coups, il les méritait. Alors, il pouvait bien lui accorder cette revanche, même si sa lèvre saigna sous les poings furieux.

Il la laissa faire, quelques minutes, le temps qu'elle y perde ses forces. Le temps qu'elle s'épuise seule et, quand il en eu assez, car sa patience elle aussi avait des limites foutrement bien dessinées, sans lâcher le poignet, glissa sa main libre à la taille de la donzelle et la colla tout contre lui. Oh, il risquait bien de s'en prendre une, mais au point où il était, une de plus une de moins...

Il la serra un long moment, avec force, avant d'adoucir son emprise, sans pourtant lui permettre la fuite et, encore indifférent à sa lame oubliée au sol, murmura au lobe rond.


Je me tais. Je me tais. Pardon.

Encore fallait-il savoir de quoi il s'excusait, lui-même ne le sachant pas vraiment.
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Montparnasse.
    Du côté des appartements des galants – Chambre d’Elle.



La colère du blond avait amusé Montparnasse. Il était bien dommage que leur discution ai fini ainsi car après tout il voulait la même chose. Si Montparnasse était à l’Aphrodite c’était bien pour y fréquenter les nobles et le luxe, sinon il se serait vendu aux miracles, la d’où il venait. Fripouilles des bas fond. Le Maitre n’avait pas tort au moins sur ce point, mais Montparnasse n’était pas vraiment le genre de fripouille à subir son sort, non lui il était plutôt du genre torve à provoquer le destin, à provoquer, titiller, s’arrangeant pour se retrouver toujours du côté des gagnants, maniant ces mots et ces sourires au grès du vent. Il était de ceux à vous sourire le lundi pour vous poignarder le mardi, de ces êtres égoïste qui vendent leur loyauté aux plus offrant, et cela lui avait plutôt bien réussit jusque-là. S’il n’était qu’un Galant comme un autre Cours Jussienne, il s’était fait un nom à la Cours des Miracles. Il avait des pieds à terres dans chaque cours parisienne, pouvant traiter avec une lépreuse à Bissel, un matin, diriger son orphelinat dans l’après-midi et venir se vendre au plus offrant cours de la Jussienne la nuit. Cela lui permettait d’en savoir bien plus qu’il ne laissait paraître, et cela lui permettait d’afficher cette air supérieur qu’il avait pris dans la chambre de Elle quelques instant plus tôt.

Lucas n’avait pas tort dans ces propos, tout comme Montparnasse, leur deux avis avait le même but mais leur façon de l’exprimer différer, si Montparnasse se montrer prudent et fourbe c’est qu’il savait qu’Axelle n’était pas que ce qu’elle prétendait être. Tout comme lui elle avait accès à différentes cours, différentes sphère, et si elle s’était élevé parmi les grand, Montparnasse lui s’enfoncer dans la fange.
Mais que ce soit dans la lumière ou l’ombre leur envie de pouvoir et de contrôle était le même.

Ce n’était pas la rancœur naturel qui portait au Blond qui l’avait poussé à lui tenir tête, mais belle est bien sa conviction que la mort d’Axelle avait un rapport direct avec la milice, et que c’était la bas qu’il y trouverait les réponses.
Est ce que cela pourrait aider l’Aphrodite ? A vrai dire il n’en savait rien, mais il restait persuader qu’il y avait un lien entre tout ça.
La Rose lui confirma sa conviction avant de lui adresser un regard appuyer. Montparnasse se revêtit de nouveau de son masque de Galant et répondit par un sourire léger à la colère qu'il lisait dans ces yeux. Puis son regard se dirigea vers Angèle.

Il glissa un petit sourire à la jeune femme, suivait d’un commentaire tout a fait puérile et inutile.


- Je crois que j’ai fâché son Altesse la Blondasse…

Et c’est sous le petit rire moqueur qui s’échappa alors de ces lèvres que Montparnasse quitta la chambre de Elle pour rejoindre celle de Ludwig.
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Lenu
Quand tu étais ici autrefois
Je ne pouvais pas te regarder dans les yeux
Tu as l'air d’un ange
Ta beauté me fait pleurer
Tu flottes comme une plume,
Dans un monde merveilleux
Et je voudrais être spéciale,
Tu es tellement particulière
Mais je suis une merde, je suis une ratée
Qu'est-ce que je fous ici ?
Ma place n'est pas ici


In this moment. Creep.

Ruelle en face de l’Aphrodite, avec Diego.



Enragée.

A le frapper jusqu’à épuiser la force de son bras. Il ne lui aura pas fallu longtemps, plus petite, encombrée des chaines de ses doigts à son poignet gauche. Et elle s’en fiche. Elle a frappé autant qu’elle le pouvait, il a servi d’exutoire à tous les regrets en elle, à toute la culpabilité, à ce foutu sentiment d’abandon, à toutes ces putains d’émotions qu’elle s’applique à toujours annihiler de son être. Gardant seulement la colère, comme on couve un enfant. Et lui. Lui avec sa gueule de Casas. Avec ce sourire de Casas. Avec cette façon de pointer des mots les failles comme Elle le faisait. Lui qui est trop Elle sans être Elle. Lui, a volé cette colère jusqu’à se la prendre dans la trogne.

Etreinte.

Le corps Italien serré contre celui du Casas dont elle ressent la chaleur diffuse. La mâchoire se crispe prête à le frapper de nouveau alors que le murmure glissant à son oreille laisse la morsure d’un frisson dévaler le long de la colonne vertébrale. Les mots sonnent la sincérité et apaisent la colère comme un baume apposé sur une brûlure.

Puis… En elle, le Vide. Les prunelles sombres ourlées de perles salines glissent au regard gitan. Mise à nue de son âme là, devant lui, elle qui pleure si rarement et qui se refuse à lui offrir la moindre larme. Elle ravale l’amertume, orbes noirs scrutant les traces de son méfait, s’attardant à la lèvre fendue et sanguinolente. Le poing douloureux est porté à ses lèvres qu’elle souille du carmin du Casas puis les doigts se délient pour venir s’apposer au thorax de Diego. Imposer une limite aux corps, lui qui la détient prisonnière contre lui. La langue efface le nectar au goût métallique, le feu du regard perd de son intensité orageuse. La position des corps et des mains pourrait faire penser à une étrange Danse Macabre entre eux, tango sensuel et violent à la fois. Elle ouvre la paume de la main dont le poignet est enserré, en signe de paix. Le visage revêt le masque impavide, le corps est sage, les prunelles déterminées sondent le regard ténébreux.


Libère-moi… T’as besoin de soins.

Libère-moi. Ce corps ne t’appartient pas. Ta sœur serait fière de savoir combien j’ai changé. Je suis la femme d’un seul homme. Et ce n’est pas toi.*


* Pensées.
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