Innommable
- Le crépuscule déjà faisait ployer le soleil sous un ciel teinté dorange. Les derniers rayons aveuglants se faufilaient juste dans cette artère de la Capitale où lanimation peu à peu se taisait. Cest sur cette toile de fond que se détachait une immense silhouette dont on ne pouvait deviner les traits. La lumière comme un halo autour de lhomme permettait tout juste de distinguer une lourde cape que seul un géant pouvait endosser sans la subir.
Le chemin était certain, il connaissait sa destination et ne prenait pas la peine de faire des détours, enjambant les objets faisant obstacle, bousculant ceux commettaient lerreur de ne pas sécarter. SI lun deux protester, lhomme sarrêtait brusquement, tournant la tête pour ancrer son regard dans celui du malheureux et lui adresser ce sourire carnassier si inquiétant dont il avait le secret.
Voilà des siècles quil navait plus remis les pieds dans cette ville. Plus personne ne devait se souvenir, beaucoup même devraient être morts ou portés disparus. Mais lobjet de sa visite nétait pas de joyeuses retrouvailles avec des vieilles connaissances. De toute évidence, cétait le genre de mondanités niaises quil laissait volontiers aux animaux de haute-cour grignoteurs de biscuits. Non, il était là pour des besoins autrement plus vitaux.
Des murmures parlaient dune jeune femme qui avait eu le mérite de piquer sa curiosité. On la disait parfois docile mais complètement cintrée. Enfin, on ne parlait pas delle en ces termes, mais cest limage quen avait gardé lhomme et il avait décidé dévaluer lui-même létendu des fêlures de linconnue.
Pour ce genre dindividu, chaque fêlure représente un point daccroche, une prise sur celle quil tient entre ses mains. Il fallait quil torde autant quil était tordu, quil brise autant quil était morcelé. Léchec nétait pas admis, les erreurs seraient punies. Était-ce une erreur que de saventurer jusquà létrangère ? Sûrement, mais la décision était prise.
Le pas vif et assuré résonnait régulièrement jusquà cesser complètement. Il était arrivé. Lentement, machinalement, il réajusta soigneusement ses gants avant de frapper à la porte avec autant de vigueur que la maréchaussée un matin de perquisition ! Non mais cest pour limage !
La porte souvrit sur une rousse trop pâle pour avoir un jour mis les pieds dans un champ. Il étira un sourire narquois, imposant sa présence chez elle dun pas suivi dun deuxième, la forçant à lui céder le passage tandis quil refermait la porte derrière lui dun geste du pied. Déjà, il avait saisi une bourse dont le tintement indiqué clairement quelle était pleine, bien trop pour simplement soffrir les services dune putain. Il la balança alors sur la table, posant ensuite son regard bleu gris sur la jeune femme.
- Rassure-toi, tu vas la mériter.
Le sourire était doux, la voix grave et le ton toujours aussi posé. Cest une main délicate qui se tendait vers le visage de Blanche, toujours gantée, cest le cuir ornant son index qui frôlait la joue allant jusquà suivre le trait de sa mâchoire, depuis loreille jusquau menton quil releva lentement.
- Tu dois la mériter.
Lhomme avait quelque peu vieillit, il devait être à laube de la quarantaine à en juger par les quelques touches grisonnantes dans sa barbe et sa longue tignasse toujours aussi soigneusement coiffée dun bandeau.
Titre : A genoux
Trad. :
Bien, quelque chose doit arriver
Ou nous serons à genoux
Tu le sens dans tes os
Le besoin de quelque chose de plus
Plus tu attends et plus
Ca te consume
Trad. :
Bien, quelque chose doit arriver
Ou nous serons à genoux
Tu le sens dans tes os
Le besoin de quelque chose de plus
Plus tu attends et plus
Ca te consume