Don.
Théodrik est mort.
C'est un fait. Si dans cette contrée et les voisines, il est possible de revenir à la vie, pour lui c'est terminé.
Théodrik est mort, capout, crevé, décédé. Il va pourrir, disparaître, s'évaporer, se décomposer et irrémédiablement s'éloigner. Que ce soit sous terre, en poussière, ou dans l'air. Il ne reviendra jamais. Fini les regards indiscrets, les attentes aux bras croisés contre le branlant d'une porte, ses longs doigts, curieux, insidieux et vicieux sous ses jupons. Plus de rictus indélicats, de baisers sur le front, de rires aux éclats. Adieu, Dum, Faen et les ragoûts de Rennes. Finnebiff, soster et surtout... Dukke. Jeg elsker deg, Dukke.
Là, assise devant cette table bancale, Dôn écrase l'extrémité de sa plume contre un vélin vierge. Elle vient d'écrire à Alphonse, elle répondra bientôt à Archibald. Mais sa senestre doit avant tout contacter Isaure. Dans leur paume saigne la même cicatrice, d'un sang terni par la mort d'un frère, d'un ami, d'un mari. Son amour ne lui a rien épargné, mais lui donne la force de sauver celle dont le pacte fut l'idée.
Citation:
Dûn sauvage,
Est-ce ainsi que vous me remerciez de mon hospitalité ? En mettant les voiles vers dautres contrées sans me faire vos adieux ? Quai-je donc fait pour mériter votre silencieux départ ? Vous me privez de votre adorable de nez et de mes parfaits filleuls qui ont tous fait le choix de naître sous le mien. Ne voyez-vous pas comme nous sommes liées ? Alors pourquoi vous enfuir chaque fois loin de moi ? Que vous ai-je fait pour que vous me dédaigniez ainsi, tous deux ?
Car votre époux ne mépargne pas plus que vous. Vous me négligez, lun autant que lautre. Cette privation est injuste quand jespérais tant de votre compagnie. Ne pouvez-vous pas accepter de me consacrer, rien quune fois au moins, un temps exclusif ? Theodrik na daigné se montrer quune seule fois, et voilà que vous repartez déjà, sans un mot. Quai-je donc fait pour déplaire autant au couple Nærbøfj-Røykkness ? Vous me punissez depuis de longs mois quand je ne demande quà vous aimer.
Où êtes-vous ? Que faites-vous ? Me donnerez-vous de vos nouvelles ? Maimerez-vous juste assez pour ne pas me laisser dans un silence polaire ?
Dôn, Theodrik, de grâce, ne me condamnez pas au silence. Ne me reléguez pas à loubli. Aimez-moi comme je vous aime. Ne sentez vous pas, le sang qui bat à votre gorge ? Cest mon appel désespéré. Cessez de me tourner le dos.
Que le Très-Haut vous garde
Isaure
Est-ce ainsi que vous me remerciez de mon hospitalité ? En mettant les voiles vers dautres contrées sans me faire vos adieux ? Quai-je donc fait pour mériter votre silencieux départ ? Vous me privez de votre adorable de nez et de mes parfaits filleuls qui ont tous fait le choix de naître sous le mien. Ne voyez-vous pas comme nous sommes liées ? Alors pourquoi vous enfuir chaque fois loin de moi ? Que vous ai-je fait pour que vous me dédaigniez ainsi, tous deux ?
Car votre époux ne mépargne pas plus que vous. Vous me négligez, lun autant que lautre. Cette privation est injuste quand jespérais tant de votre compagnie. Ne pouvez-vous pas accepter de me consacrer, rien quune fois au moins, un temps exclusif ? Theodrik na daigné se montrer quune seule fois, et voilà que vous repartez déjà, sans un mot. Quai-je donc fait pour déplaire autant au couple Nærbøfj-Røykkness ? Vous me punissez depuis de longs mois quand je ne demande quà vous aimer.
Où êtes-vous ? Que faites-vous ? Me donnerez-vous de vos nouvelles ? Maimerez-vous juste assez pour ne pas me laisser dans un silence polaire ?
Dôn, Theodrik, de grâce, ne me condamnez pas au silence. Ne me reléguez pas à loubli. Aimez-moi comme je vous aime. Ne sentez vous pas, le sang qui bat à votre gorge ? Cest mon appel désespéré. Cessez de me tourner le dos.
Que le Très-Haut vous garde
Isaure
Citation:
Mon amie,
J'étais en colère. Terriblement. Mais j'ai compris. J'ai compris, vous vouliez peut-être me faire comprendre que l'amour prime avant tout, que j'avais cette doctrine en tête bien avant vous, qu'il fut pour moi difficile de ne pas la tenir. Ma mère le disait déjà il y a plus de deux ans, désormais et je ne pouvais lui accorder raison sans en avoir mal au ventre. Cette fois, c'est à vous de me donner un ulcère, de me tordre les viscères. Théodrik fut tout, quand vous ne fûtes que beaucoup. Octave est désormais celui qui nous sépare. Je ne peux vous en vouloir, c'est ainsi, c'est la vie. Votre famille n'est plus la mienne, et je dois l'accepter.
Je pars, Isaure, pour que vous alliez bien. Pour que vous n'ayez pas à subir ma déchéance, mes tracas. Nous n'avons plus les mêmes amis, ni la même vie, ouvrez donc les yeux et constatez. Vous êtes entourée de serviteurs, de bonnes et surtout de bons sentiments. Moi, tout ce que j'ai à vous offrir est la déception de me voir repartir. Oui, je pars et sans me retourner, car j'ai découvert que vous étiez heureuse. Le bonheur est à vos bras, mais ne vous en faites pas pour moi, j'ai dans le cur et la paume, tous les souvenirs heureux de notre passé.
Nous reviendrons. Théodrik a sa main dans la mienne, et nous allons avancer. Je vous promet de ne plus vous imposer nos disputes et nos mines défaites. Sa plaie contre la mienne, nous n'oublierons jamais la votre. Nous sommes liés tous les trois, et cela restera vrai, à jamais. Da viken.
Nous sommes actuellement sur le chemin de retour, Théodrik a juré qu'il serait heureux d'être consort et je m'en vais donc lui prouver qu'il a fait le bon choix en épousant une femme de loi, une femme de droit. J'ai bon espoir de redevenir comtesse et de lui offrir un château. Nous y élèverons nos enfants. Nous jurons de vous apporter toutes les nouvelles que vous désirez. Il s'excuse d'ailleurs de vous délaisser au profit de Madeleine et Lucie, tout comme je vous présente les miennes pour ne pas savoir me fondre dans votre décor.
Demain, tout ira bien.
Théodrikkement vôtre,
Dôn.
J'étais en colère. Terriblement. Mais j'ai compris. J'ai compris, vous vouliez peut-être me faire comprendre que l'amour prime avant tout, que j'avais cette doctrine en tête bien avant vous, qu'il fut pour moi difficile de ne pas la tenir. Ma mère le disait déjà il y a plus de deux ans, désormais et je ne pouvais lui accorder raison sans en avoir mal au ventre. Cette fois, c'est à vous de me donner un ulcère, de me tordre les viscères. Théodrik fut tout, quand vous ne fûtes que beaucoup. Octave est désormais celui qui nous sépare. Je ne peux vous en vouloir, c'est ainsi, c'est la vie. Votre famille n'est plus la mienne, et je dois l'accepter.
Je pars, Isaure, pour que vous alliez bien. Pour que vous n'ayez pas à subir ma déchéance, mes tracas. Nous n'avons plus les mêmes amis, ni la même vie, ouvrez donc les yeux et constatez. Vous êtes entourée de serviteurs, de bonnes et surtout de bons sentiments. Moi, tout ce que j'ai à vous offrir est la déception de me voir repartir. Oui, je pars et sans me retourner, car j'ai découvert que vous étiez heureuse. Le bonheur est à vos bras, mais ne vous en faites pas pour moi, j'ai dans le cur et la paume, tous les souvenirs heureux de notre passé.
Nous reviendrons. Théodrik a sa main dans la mienne, et nous allons avancer. Je vous promet de ne plus vous imposer nos disputes et nos mines défaites. Sa plaie contre la mienne, nous n'oublierons jamais la votre. Nous sommes liés tous les trois, et cela restera vrai, à jamais. Da viken.
Nous sommes actuellement sur le chemin de retour, Théodrik a juré qu'il serait heureux d'être consort et je m'en vais donc lui prouver qu'il a fait le bon choix en épousant une femme de loi, une femme de droit. J'ai bon espoir de redevenir comtesse et de lui offrir un château. Nous y élèverons nos enfants. Nous jurons de vous apporter toutes les nouvelles que vous désirez. Il s'excuse d'ailleurs de vous délaisser au profit de Madeleine et Lucie, tout comme je vous présente les miennes pour ne pas savoir me fondre dans votre décor.
Demain, tout ira bien.
Théodrikkement vôtre,
Dôn.
Le vice était allé jusqu'à rédiger une lettre faussée par les pleurs à venir. Mais jamais elle ne fut envoyée, l'idée germait d'aller plus loin, les actes n'y parvenaient pas encore.
Citation:
Chère Isaure,
Je ne suis pas un bon frère, ni un meilleur ami. Mais j'espère que votre époux va prendre soin de vous, ou il entendra parler de mon poing.
Ne nous plongez pas dans l'oubli, nous reviendrons.
Prenez soin de vous,
Ne m'en veuillez plus.
Fraternellement vôtre,
T.
Je ne suis pas un bon frère, ni un meilleur ami. Mais j'espère que votre époux va prendre soin de vous, ou il entendra parler de mon poing.
Ne nous plongez pas dans l'oubli, nous reviendrons.
Prenez soin de vous,
Ne m'en veuillez plus.
Fraternellement vôtre,
T.
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