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[RP] L'Ecuyer et le Moineau

Helie.
    Saint-Jean râle. Non mais, n'allez pas dire que c'est faux, ce serait hypocrite! Voilà seulement quelques jours qu'Hélie la connaissait et déjà il avait acquis la certitude qu'avec elle la litanie des plaintes jamais n'avait de fin. C'était un truc typiquement féminin ça, de trouver matière à se plaindre là où il n'y en a pas! Pourtant il avait l'impression lui, d'avoir été prévenant et bien comme il faut, un saint homme presque! En futur chevalier qui se respecte, le jeune Cosnac se faisait patron des causes désespérées, se rêvant le héros de ces dames comme dans les romans que lui lisait sa mère avant qu'il ne parte dans l'espoir même pas secret de devenir l'un de ces hommes qu'elle semblait tant admirer. Il faut dire que dans ses yeux à lui, les femmes étaient toutes de charmants petits objets fragiles et délicats qu'une haute stature virile se devait de protéger, et malheur à celle qui dérogerait à la règle en affichant un trop plein de virilité! Avec ses allures de moineau tombé du nid, la Marquise satisfaisait à l'idée qu'il se faisait d'une femme digne de ce nom. Et d'une cause désespérée. Là encore il ne faut pas se mentir, avec son teint blême et ses poignets trop fins il faudrait être aveugle pour ne pas comprendre la détresse qui l'habite, même si Cosnac n'en connaissait pas la cause. D'ailleurs cette cause il s'en fichait éperdument, la mission qu'il s'était donnée était autrement plus simple et plus complexe tout à la fois: il allait la faire manger. "Vous avez bien du courage", lui avait-on dit en apprenant ses projets, et c'est vrai que de courage il ne manquait pas. A seize ans d'ailleurs il ne s'agit pas de bravoure mais bien de témérité, car il ne se figure même pas les obstacles ni les conséquences de ses actes. Il décide et agit, tout simplement. Mais parce que malgré l'emportement il n'est pas avare de réflexion il avait tout de même décidé de s'attacher les conseils d'une alliée potentielle, écrivant une courte lettre mielleuse à Madeleine dont le charme ne l'avait pas laissé de marbre. Rentré chez lui dans sa chambre, à la lueur tremblotante d'une chandelle faisant danser des éclats d'or sur ses cheveux blonds, il étire son écriture pointue avec application.

    Citation:

    Petite mais délicieuse Pâtisserie Roussie,

    Figurez-vous qu'à ma grande surprise je me retrouve à promener à cheval un petit oiseau mal nourri aux pattes froides qui, de son propre aveu, a très envie de me gifler.
    J'escompte bien profiter de l'occasion pour gaver le moineau tel une oie, en l'appâtant de vin et de quelques mets savoureux!
    Auriez-vous quelques conseils à me fournir pour la préparation de cet appât?
    Un vin en particulier? Est-elle plutôt pâtisseries comme vous, ou bien préfère-t-elle mets plus délicats comme le faisan farci?
    Ne le niez pas: je suis votre meilleur atout icelieu pour la dissuader de faire son voyage. Alors soyez ma muse, délicate petite douceur sucrée, murmurez donc à mon oreille tous les secrets de votre amie en termes de repas, que je réussisse à lui faire passer une bonne promenade!

    Au plaisir de pouvoir contempler les délicats déliés de votre plume,

    Hélie de Cosnac



    Missive fut aussitôt confiée à un coursier car la demande était urgente, il devait emmener le Moineau picorer dès le lendemain matin. Puis la plume toucha à nouveau le vélin pour les instructions laissées à la principale intéressée. Et pour lui confirmer par là même qu'il était tout à fait sérieux dans son invitation et qu'elle n'avait pas intérêt à lui poser un lapin. Quiconque connaissait suffisamment le jeune Cosnac savait qu'il était parfaitement capable de mettre à exécution les menaces écrites ce soir-là sur le papier pour les avoir déjà fait subir à d'autres.

    Citation:

    Saint-Jean,
    Petit moineau malnutri aux pattes fraîches,

    Vile créature que vous êtes, vous avez profité de l'arrivée de ma soeur pour vous envoler sans un bruit!
    Néanmoins chose promise est dûe, et je vous emmène promener à cheval.
    Je viendrai vous chercher devant votre lieu de résidence demain matin à Tierce pour vous emmener dans les bois comme convenu.
    Soyez prête à l'heure, je suis ponctuel et risque de brailler votre nom devant votre porte sans relâche jusqu'à vous voir paraître si vous vous risquiez à me faire attendre.
    Et de grâce, je sais combien femmes sont promptes à surenchérir en jupons inutiles, mais tâchez d'avoir une tenue confortable pour l'équitation! Que nous réussissions à atteindre l'orée du bois avant que le vent ne fasse gonfler vos jupons et chuter, brindille que vous êtes...

    Votre guide d'un jour,
    Hélie de Cosnac



    Avec la sensation du devoir accompli il étouffa alors un bâillement avant d'aller se coucher. Cette nuit il dormirait dans le sommeil du juste, d'un ronflement sonore comme s'il l'eut fait exprès pour emmerder sa jumelle dans la chambre d'à côté.

    Le lendemain matin il était levé à l'aube. S'il n'était pas matinal autrefois, ces trois années avaient changé la donne, les premières heures de la matinée étant le moment propice à l'entrainement aux armes. Une habitude qu'il n'avait pas perdu et continuait de pratiquer. Alors qu'il s'affalait sur une chaise à table pour prendre une collation avant de descendre faire quelques passes d'armes, il eut la surprise de voir déposée près de son verre une missive qu'il décacheta bien vite pour prendre connaissance du contenu en mordant dans une tranche de pain.


    Citation:

    Cosnac,

    Vous qui m'appelez moineau, vous pourriez avoir la décence de supposer que des simples femmes je n'ai pas les travers. Manquer de ponctualité, porter des tenues trop féminines ? Jamais.

    Prière de ne pas hurler aux portes d'Aixe ceci dit. Je vous rappelle que les Zolen et moi-même avons des enfants en bas âge et que nos cadettes dorment le matin.

    LJ

    PS : de ce que vous m'avez dit, j'ai l'impression que c'est moi qui vais vous guider plutôt que l'inverse.



    Il mâcha, perplexe. Il s'était effectivement attendu à ce que l'épouse Josselinière soit ponctuelle vu l'apparente rigidité dont elle faisait preuve, beaucoup moins à ce qu'elle porte tenue sobre. Mais maintenant qu'il y pensait, voilà qu'il se l'imaginait parfaitement en robe de nonne, ce qui lui arracha un sourire de bon matin. Lettre fut froissée sans ménagement avant d'être enfoncée dans une poche tandis que tartine entre les dents il quittait la table pour aller s’entraîner.

    Quelques minutes avant Tierce, soit dans le milieu de la matinée donc, Hélie était fin prêt juché sur son destrier. Il sentait bon le propre, il avait la chevelure parfaitement peignée-décoiffée, le pourpoint parfaitement ajusté si ce n'est les premiers boutons du col laissés volontairement ouverts, et le cheval noir reflétait la lumière tant il était bien brossé. S'approchant de la demeure de son invitée du jour il s'arrêta en chemin pour demander à l'un des paysans du coin la direction du bois le plus proche. Il ne s'agirait pas d'avoir l'air idiot comme la dernière fois, lorsqu'il avait oublié sa bourse au moment de jouer aux cartes avec elle! Une fois l'information trouvée il reprit sa route jusqu'à atteindre les portes. Une fois n'est pas coutume il fit preuve de savoir-vivre au lieu de jouer au con et s'annonça sans hauts cris. Il observa la bâtisse en attendant, pensif, les sourcils légèrement froncés. C'est qu'il était tellement étonné hier qu'elle accepte que depuis il ne savait se défaire de cette idée qu'elle allait lui faire faux bond....Mais une chose était certaine: si elle ne venait pas, il était bien décidé à beugler comme un damné pour faire part de son mécontentement!

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Lu.
Hélie de Cosnac, du haut de ses seize ans et avec ses airs de garnement toujours sur le point de faire une bêtise, plaisait à la marquise de Nemours en ce qu’il se fichait totalement d’elle. Evidemment, ils avaient parlé quelques fois, et le garçon avait fini par l’inviter à aller se promener avec lui, mais leur relation était parfaitement superficielle, vide de tout attachement et de profonds sentiments. L’aspirant chevalier ne l’aimait pas. Quel soulagement ! Quelle légèreté ! Pour elle qui depuis trop longtemps maintenant vivait sous les oeillades inquiètes d’amis désemparés face au désespoir profond qui l’habitait, la compagnie de ce jeune premier qui ne savait rien d’elle et la regardait sans pitié avait quelque chose d’assurément rafraîchissant.

A l’heure de le retrouver pourtant, elle se prit à hésiter. Se tordant les doigts, torturant ses articulations trop délicates, elle trouva dix raisons d’annuler. Elle avait à faire, elle ne pouvait pas. Les comptes de la quinzaine pour Decize, la charité à porter aux orphelins du Père Vianney, le tri dans les vêtements des enfants… L’angoisse lui tordit le ventre, un vertige la prit. Loin du cadre trop stricte de sa vie, de l’éthique insensée qu’elle s’imposait, de ses exigences excessives, elle perdait pied. Pour chaque plaisir ressenti, pour chaque instant où elle oubliait de souffrir, la culpabilité la saisissait. A ses oreilles, petite voix vicieuse murmurait. Elle n’était pas quelqu’un de bien, pas une belle personne. De quel droit osait-elle connaître le répit ?

Tremblant un peu, elle rajusta son col qui montait haut sur son cou, cachant sa poitrine décharnée, ses clavicules trop saillantes. Dans ce mouvement, elle croisa son reflet. Son corps sans chair, sec et cassant, avait perdu toute douceur, se faisant image de la douleur, de la violence. Lâche, elle se détourna vivement de cette dérangeante image et sortit dans la cour du château. Là, un palefrenier l’attendait, tenant par les rênes la jument à la robe isabelle qu’elle était supposée monter. Et pire, le chevalier en devenir était déjà présent.


- Ah, Cosnac. Bonjour, fit-elle, distante, lissant d’une main le draps vert, précieux mais solide, d’une jupe qu’elle avait l’habitude de porter pour aller à la chasse. Je vais devoir annuler, j’ai à faire. Pieu mensonge. Le Très-Haut ne le retiendrait sûrement pas contre elle. Vous allez vous en sortir, tout seul dans les bois, ou bien dois-je envoyer une patrouille à votre recherche dans trois ou quatre heures ?


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Helie
    La pitié ne faisait effectivement pas partie du pack Cosnac fils, bien qu'il soit un grand sensible dans le fond. L'entrainement qu'il avait reçu avait forgé son caractère tout autant que son corps, et une solide carapace protégeait désormais sa relative fragilité, laissant dire à la plupart de ceux qui le rencontraient qu'il était une brute insensible. Surtout les femmes avec lesquelles il manquait de tact, ce qui ne l'empêchait curieusement pas d'avoir du succès auprès de la gente féminine. Bien qu'il n'y comprenne rien aux humeurs et complexes féminins, instinctivement il avait compris que ce que les autres lui reprochaient était justement ce qui avait convenu à Saint-Jean, et ça lui convenait lui-même parfaitement bien! Il était bon de pouvoir être naturel sans avoir à surveiller gestes et paroles, sans craindre de blesser son interlocutrice! Celle qu'il appelait "moineau" semblait être recouverte d'une coque de pierre ou de glace, si bien que les réflexions rudes et parfois misogynes du jeune homme ne faisaient que rebondir. Et pourtant...Elle semblait redemander quelques passes d'armes encore. C'est que l'affrontement a toujours ce je ne sais quoi de grisant, une certaine montée d'adrénaline qui rend vivant et qu'Hélie avait toujours adoré. Et cela, il pouvait lui fournir! Alors que consoler et se lamenter...ça n'était clairement pas dans ses cordes et sa sœur en faisait régulièrement les frais.

    Arrivé dans la cour donc, il patientait. Patienter non plus n'était pas son fort et bien vite il mit pied à terre, pianotant des doigts sur sa selle. Encore cette désagréable impression...Ça le taraudait. Elle va te faire faux bond. Elle va se défiler. C'était sûrement ce qui le rendait aussi nerveux à l'heure actuelle, sa tension en était même presque palpable. Cosnac ne tenait pas en place. Comme un taureau dans l'arène il tournait en rond, les bras croisés dans le dos, piétinant le sol en ruminant.
    Enfin un grincement d'huis se fit entendre et il releva vivement la tête en se redressant, tournant le regard dans sa direction. Les yeux d'acier la détaillèrent de haut en bas, semblant juger que la tenue était convenable puisqu'il ne trouva aucune réflexion à faire à haute voix. Pourtant il songea en lui-même que la pruderie excessive qui ressortait de l'ensemble n'était pas bien loin de la tenue de nonne qu'il avait imaginé plus tôt dans la matinée. Ca lui arracha un nouveau sourire et il en avait presque retrouvé sa bonne humeur jusqu'à ce qu'il jette un oeil à son visage. Aux mains fébriles.
    Elle va se défiler, voilà ce qu'il en ressortait encore.
    Ou bien était-ce encore son imagination qui lui jouait des tours?
    Il fronça légèrement les sourcils, lui jetant un regard perplexe alors qu'elle ouvrait la bouche. C'est là qu'il l'entendit, l'odieux mensonge! La lâcheté faite femme! Ah, traîtresse! Ah, lâcheuse! Ainsi elle comptait bien l'abandonner là! C'était mal le connaitre! Il plissa les yeux sur elle et la pointa de son index, tempêtant sur un ton qui ne souffrait pas la contradiction:



    "Saint-Jean, hors de question que je sois venu pour rien! Vous allez monter sur ce cheval ou je vous hisse sur le mien, de gré ou de force!"


    Sauf que voilà, au fur et à mesure qu'il y pensait, il commençait à se dire qu'effectivement ce ne serait pas une mauvaise idée. Lui laisser son propre cheval lui laisserait certainement l'occasion de lui fausser compagnie sitôt qu'elle verrait l'opportunité se présenter. C'est ainsi qu'il passa directement de la menace à l'action, attrapant vivement la petite taille de guêpe pour hisser son cul à l'avant de sa propre selle, en amazone.


    "Et tenez-vous tranquille avec ça!" menaça-t-il en lui pointant à nouveau son index sous le nez avant de se hisser lui-même sur la selle du destrier sombre d'un bond leste.


    Pas -trop- mufle pour autant, il attrapa délicatement un poignet pour remettre dans une main fine les rênes de son cheval, lui soufflant d'un ton d'ours mal léché:


    "Vous serez au moins sûre que je ne me perdrai pas!"


    Il talonna le cheval hâtivement. C'est que d'un coup il craignait de s'en prendre une. Ou que les gardes l'arrêtent. Voilà, Cosnac réalise après coup qu'il est dans la merde. Tout comme le fait qu'il n'avait plus nulle part où poser les mains. Alors il enroule un bras autour de la taille de la Marquise pour l'empêcher de glisser, et il pose une main désœuvrée sur sa propre cuisse. Voilà voilà...
    Gêne.


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